Ses parents l'ont connu espiègle, joyeuse, rieuse et un peu coquette.
Sa calice la connut comme une sœur, une jumelle, une confidente.
Son père adoptif l'a connu craintive, méfiante, têtue et parfois mordante. Il l'a vu grandir en une jeune femme forte (tête) , indépendante et agile mais un peu impulsive.
Certains l'ont connu aventureuse, curieuse et amicale.
D'autres, moins chanceux, l'ont vu déchaînée, enragée et sadique, enragée et vengeresse.
Peu l'ont vu loyale, consciencieuse et franche.
Beaucoup l'ont vu désinvolte, solitaire et taciturne, implacable en affaire.
Mais personne ne l'a encore jamais vu vulnérable, émotive, indécise ou même résignée.

Des nombreuses vies qu'elle avait croisées, qui aura connu la véritable Stanislava ?




Stanislava avait oublié, comme beaucoup, les premières années de sa vie, sûrement les plus douces.
Elle n'avait pas oublié cette nuit où tout était parti en fumée.
Elle avait oublié le visage de ses parents.
Elle avait oublié le sourire de sa calice.
Elle n'oubliait pas la voix grave qui lui ordonnait de se tenir droite, de se concentrer, de ne jamais tourner le dos à l'ennemi.
Elle n'avait pas oublié ce petit pincement au cœur qu'elle eu quand leurs chemins se séparèrent quand elle fut assez grande pour se débrouiller.
Elle avait oublié la moitié des noms qu'elle avait donné à ses cheveux durant ses longs voyages solitaires.
Elle avait oublié l'odeur pestilentielle et putride des arènes, le visage de la moitié des gens qu'elle avait tué.
Elle n'avait pas oublié le désespoir et la résignation d'un sang mêlé.
Elle avait oublié comme elle avait fait, mais elle n'oubliera pas qu'elle était ressorti de l'arène couverte de sang de la tête au pied.
Elle s'était rappelé que sa calice, son amie, avait été dans l'arène, qu'elle s'appelait Malinka Braginsky et qu'elle avait été transformée en vampire.
Elle n'oubliera jamais son regard suppliant, ni sa tête rouler au sol apres qu'elle l'eut supplié de la tuer.
Elle n'oubliera pas les contrées lointaines, les voyages en mer, la forêt de bambous, les nuits passées à la belle étoile, les musiques orientales, l'odeur des épices.
Elle avait oublié ce qu'elle avait mangé en arrivant en France après plusieurs décennies.
Elle n'avait pas oublié sa rencontre bien cocasse avec un Roi à la chevelure d'or.
Elle n'oubliera jamais ses quelques années passées à ses côtés, à le protéger.
Elle avait oublié pourquoi elle le faisait.
Elle n'avait pas oublié ce même pincement au cœur qu'elle eu quand elle du partir, parce qu'il vieillissait, et pas elle.
Elle avait oublié comment elle s'était retrouvée embarquée dans la guerre souterraine alors qu'elle n'avait rien demandé mais elle n'avait pas oublié les nombreuses fois où elle ressortait de ses batailles couvertes de sang.
Elle n'oubliait pas la guerre, sa cicatrice a l'œil gauche le lui rappelait chaque jour.
Elle avait oublié quand elle avait décidé de passer de brune à rousse.
Elle n'avait pas oublié qu'il était humain mais elle avait juré le voir en la voyant pour la première fois.
Elle avait presque oublié la sensation agréable d'un nouvelle uniforme, devnouveaux vêtements, sur sa peau.
Stanislava n'avait pas oublié le plan du château mais elle faisait exprès de se perdre parfois, au début, pour ne pas éveiller les soupçons.

En près de 700 ans d'existence, elle aurait aimé s'oublier, mais son corps refusait d'oublier son instinct de survie.