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L'humain a toujours su se construire des royaumes et composer plus ou moins bien avec les élites voisines. Mais ces hommes et ces femmes n'étaient pas les seuls à fouler cette terre de leurs pieds éphémères. Perdus entre le prestige de la noblesse et la vie froide de la paysannerie, nombres de vies se sont tissées les unes aux autres pendants des siècles, jusqu'à ce que les Rois et les Reines finissent par lutter concrètement contre les engeances qu'étaient les vampires et les lycanthropes. Toujours dans la discrétion la plus totale, bien entendu.

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Mer 4 Aoû - 19:22
Dans l'antre du menteur
Les couverts n’étaient pas correctement alignés. Cela se voyait comme le nez au milieu du visage. C’était perfectible. Plutôt que de gronder et grogner auprès de ceux qui avaient dressé la table pour accueillir le Chevalier De Bayard autour d’un repas, il prit une grande inspiration et s’adressa à ses servants de la manière la plus neutre possible :

- Je pense que l’on peut apporter plus de soin à la table, pas vous ?

Et finalement, son ton était suffisamment tranchant pour que la question ne soit pas ignorée. Déjà on s’affairait à vérifier que le résultat serait parfait, au goût du Duc de Bourgogne et de ses soucis de maniaqueries. Il s’assit sur une chaise, croisa les jambes et observa les petites mains s’agiter. Parfois des verres s’entrechoquaient et les dos se courbaient, attendant un éventuel pic du Duc. Mais il était silencieux, calme, trop calme. Et lorsque l’on travaillait pour lui, même si cela ne faisait pas longtemps, on comprenait bien vite que ce genre de comportement de sa part cachait quelque chose. En l’occurrence, une crise existentielle, un besoin de rassurer son ego surdimensionné. Pour autant, il ne laissa rien transparaître ici, si bien qu’il se contenta de quitter la pièce lorsqu’il estima que la table ferait bonne impression, sans le moindre commentaire ou compliment. Autant dire que travailler pour un Duc pareil, ce n’était pas une sinécure.

D’ici une bonne heure, le Chevalier De Bayard ferait son apparition chez le tout nouveau Duc de Bourgogne. Cela lui laissait donc du temps pour se regarder dans son miroir sur pied, se trouver beau, s’assurer que ses vêtements couvrent le plus possible son corps, répéter sans cesse qui il n’est plus et qui il est devenu. Et puis, peut-être, si l’envie l’en prenait, il relirait la réponse du Chevalier. Ce dernier avait honoré son propre courrier d’une réponse positive à son invitation à venir déjeuner et rencontrer Guillaume à son domaine, à Dijon. Que c’était fastidieux d’être un bon Duc et de nouer des alliances. Que c’était épuisant de déchiffrer les écritures des précédents Ducs pour connaître ses vassaux, ceux sur qui il devrait pouvoir compter pour asseoir son pouvoir. C’était chronophage. Pire encore, tant de socialisation, c’était une vraie torture. Au final, il ne savait pas grand-chose de ce Chevalier, seulement que sa famille avait par le passé conclue une amitié avec la Bourgogne. Non pas que le manque d’informations lui porterait préjudice, après tout, ses mensonges étaient bien rodés. En cas de doutes du Chevalier, il saurait comment se retourner. Il se sentait confiant, comme toujours, prêt à séduire une personne de plus pour voler un peu plus de pouvoir encore.

Tout de même, quelle idée de faire venir un inconnu chez lui. Ce serait éreintant et puis, il n’avait aucune idée du personnage avec qui il aurait affaire. Et depuis la visite de son cher faussaire, disons que Guillaume a été quelque peu troublé : il a besoin d’argent, de plus, toujours, du pouvoir, beaucoup de pouvoir. Mais cela ne doit pas se savoir. Cela ne doit surtout pas se voir ! Il est si grand, si ambitieux, ses efforts payeront. Subjugué par son reflet dans le miroir, sans un sourire, même pour lui-même, il s’imagina avec une couronne sur la tête et le manteau d’un roi enroulant ses épaules. Son reflet, imaginaire certes, lui plaisait d’avantage que la réalité. Pour cette dernière, il avait fait déjà tant de chemin, inventé tant de secrets, trompé tant de personnes. Il n’était pas au bout de ses peines. Mais que son reflet lui plaisait…

On toqua à la porte et annonça l’avenue imminente du Chevalier. Une aura glaciale l’entoura et l’illusion de la souveraineté disparue du miroir. Il ne voyait plus que Guillaume. Mais cela était bien mieux que de voir ce gamin sans le sou qu’il était autrefois. Il leva le menton, fière de lui et de son avancée et quitta presque avec regret son image dans le miroir. Il tira sur les manches de sa veste, ainsi que sur celles de sa chemise, afin que les dentelles dépassent et recouvrent le début de ses mains. Il faisait très chaud, comme les jours précédents, mais il était tout simplement hors de question de bouleverser ses habitudes vestimentaires, quand bien la chaleur était accablante et il se sentait déjà sale. L’idée de prendre le soleil lui absolument insupportable. Et plus il couvrait sa peau, moins il risquait d’entrer en contact direct avec un autre humain. Un acte tout bonnement répugnant. Aujourd’hui encore, sa tenue n’avait rien de décontracté et son port de tête était stricte. Il n’avait pas échangé un seul mot avec ses domestiques tandis qu’il se déplaçait dans sa demeure pour en rejoindre l’entrée. L’expression sur son visage était antipathique au possible, ce qui n’encouragea personne à briser la glace.

Et pendant plusieurs minutes il attendit sur le pas de la porte. Pas à l’extérieur, au risque que son visage si pâle prenne des couleurs, ou que la lumière incommode ses yeux d’un bleu très clair. Enfin le Chevalier et sa monture firent leur apparition. Il attendit que la jument s'arrête et que son cavalier pose le pied à terre pour se racler la gorge et échauffer sa voix.

Tu es Guillaume de Bourgogne et un jour tu seras le Roi de France.

Il avait le don de se motiver, si bien que l’expression sur son visage, sans devenir pour autant solaire, devint plus chaleureuse et qu’un petit sourire s’installa.

Tiens quelques heures, sois celui que tout le monde espère et ce soir tu pourras être toi-même à la tombée de la nuit, quand plus personne ne te regardera.

Avec cet air enjoué, terriblement faux, il parcouru la distance qui le séparait de son invité. Le soleil était assommant, c’était épouvantable.

- Soyez le bienvenue dans mon humble demeure, Chevalier de Bayard ! Il me tarde de faire votre connaissance, vous m’honorez de votre présence.

D’un geste de la main, il lui indiqua l’entrée de la demeure du Duc de Bourgogne. Pitié, qu’il se dépêche, la chaleur était suffocante. L’effort global était surhumain, mais Guillaume s’en sortait tout de même parfaitement, comme toujours.
Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

inventaire

Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915
Mer 25 Aoû - 12:04










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_ Tu iras.

Les De Bayard ont écrit quelques pages de la Chevalerie. Pas au travers de leurs mots, non : c’est à coups d’épées et de sang versé qu’ils ont su conter leurs défaites, leurs victoires, les guerres qu’ils ont menées. Certains s’amusent à dire que les blessures qu’ils ont reçues les ont privés d’éloquence, qu’ils piétinent les mots et souillent la Noblesse de leur rusticité. Depuis combien de générations les De Bayard se sont reclus derrière leurs montagnes ? Seule la nature a su recueillir entre ses bras rocheux ces esprits marqués par la guerre. Loin des champs de bataille, c’est au sein des prés que les plus jeunes s’épanouissent. Loin des charniers, ce sont dans les forêts que les plus âgés viennent s’égarer. C’est au plus haut des sommets qu’ils cherchent la présence de Dieu – et non plus dans les viscères des hérétiques.

Sauvages, murmure-t-on sur leur passage ; sauvages, derrière leurs traits austères marqués par les armes, leur allure renfermée, les grognements qu’ils laissent échapper. Sauvages, quand ils manient les mots avec maladresse et précaution : ils savent que les mots sont des armes terribles. Capables de relever un homme comme ils peuvent le briser. Certaines paroles sont plus redoutables qu’une masse d’armes, broyant les crânes, déchirant les chairs et écrasant les organes. Bien que leur nom ait marqué l’Histoire comme une cicatrice, un trophée que l’on affiche, aucun d’entre eux n’a su rédiger ces lignes de sa propre main : ce sont d’autres qui les ont vantés. Ont rappelé leurs sacrifices.

C’est d’une main hésitante qu’Aimable a écrit sa réponse au courrier : ce ne fut que quelques mots, alignés sur une page bien trop vide. L’écriture est simple, étrangement adroite pour un homme peu habile avec les mots : rigueur et élégance s’expriment au travers des boucles dessinées.

Les mots d’Ulric résonnent encore, dans sa tête, lorsqu’il grimpe sur Doucette pour la conduire sur les chemins. Tu iras. Ulric est le moins prolixe de leur nombreuse fratrie. Le peu de mots qu’il a prononcé… Ont ébranlé tant d’armées. Ulric. L’Ours Gris. Un homme capable de porter un cheval au travers de ses épaules solides, aux bras plus épais que des troncs, aux mains qui ont déjà écrasé des têtes à la seule pression de ses doigts. Un homme dont le corps a supporté tant d’assauts qu’on le dit invincible et que le temps parvient pourtant à toucher, grisonnant ses cheveux, sa barbe, rouillant ses articulations, ravivant les vieilles blessures.

Tu iras. Ils ont saisi son cœur et l’ont serré. C’est à Aimable d’assurer l’avenir. C’est à Aimable de représenter leur famille. Alors qu’Ulric est encore en vie… ! Que doit-il comprendre de ces mots ? Ulric se sent-il faiblir ? Se sent-il vieillir ? Ces questions rôdent, nécrophages et carnassières. Leur haleine rappelle le cadavre de Baptiste, leur frère aîné, décédé si récemment, si brutalement. Elles sont avides, avides de chairs, boursoufflées, putréfiées, rongées par la peur et l’inquiétude, par cette douleur lancinante qu’il refuse d’écouter. Ses mains se raffermissent sur les rênes de sa jument : elle s’ébroue et piaffe, inquiète.

Sent-elle la Mort, elle aussi ?

Sa tête s’emplit de silence, aux aguets. Un mouvement attire son attention. La Voix s’extirpe des ombres et reprend, d’une voix grave et lancinante, faite d’os brisés et d’ongles plantés dans le plancher.  

La Mort ? Qui crrraint la Mort ? Ce n’est qu’un passage.

Aimable baisse les yeux. Un passage ?

Un passage.

Qu’en sait-elle, cette Voix ?

Elle SAIT. Elle SAIT ! Beaucoup de choses. La Mort, elle l’a déjà vue, elle l’a déjà vécue.

Le cœur d’Aimable s’accélère légèrement. La peur est là. La curiosité, aussi. Il est rare que la Voix parle d’elle-même. Plus encore… Qu’Elle… le rassure. Et pourtant, ce n’est pas la première fois.

Elle est revenue. Elle est revenue d’entre les morts. Dans de nouveaux CoRrps. Celui-là. Celui qu’ils occupent. Elle n’en a jamais gardé si longtemps.

Le silence revient. Il l’interroge, la Voix ne
répond pas. Alors Aimable n’insiste pas : d’un coup de talons, il pousse Doucette à accélérer le pas. Bien que le ciel soit lourd, au dessus de sa tête, une part en lui… Lui semble plus légère.

Le voyage dure plusieurs jours, semaines, où Aimable s’arrête aux auberges. Peu avant son arrivée au domaine, Aimable troque ses vêtements pour son uniforme d’Instructeur. Il enfile un linge de chemise, possédant une encolure qu’il préfère refermer soigneusement sur son torse. Un peu surpris, il fait rouler ses épaules. Il se sent plus à l’étroit, dans ses vêtements. A dire vrai… Depuis qu’il a vu May… Il a l’impression que son corps n’est plus ce qu’il était. Se serait-il renforcé ? Dubitatif, Aimable soupire et enfile par-dessus un pourpoint en tissu plus épais. Il est uni, d’un gris délavé qui rappelle l’intensité de ses yeux. Les épaulettes dessinent ses épaules carrées, le col est droit, austère, esquissant ses mâchoires bien dessinées. Les manches sont fendues, boutonnées aux poignets, laissant apercevoir sa chemise en dessous. Il n’est pas à l’aise dans cette tenue de belle présentation, mais il se doit d’avoir belle allure pour cette discussion. Son pantalon est plus simple, recouvrant ses jambes, alors qu’il conserve ses bottes d’apparat. Il enfile, sur ses épaules, une cape longue et accroche, à son épaule, son bouclier. D’un bleu sur lequel se dresse un cerf d’argent. A sa taille, son épée, dont il effleure tendrement le pommeau. Son autre main, quant à elle, retrouve la croix qu’il garde autour de son cou. Une prière.
La tenue est sobre, pratique mais reste pour autant d’une certaine noblesse. Il espère qu’il ne va pas pleuvoir le reste du trajet et Dieu, bienveillant, concède d’épargner son chemin d’autres obstacles. Il ne lui faut que quelques heures pour franchir l’entrée du domaine et s’approcher de la demeure… Tiens. N’est-ce pas le Duc de Bourgogne ?

Aimable a déjà croisé Philippe, par le passé. Et quelques secondes lui sont nécessaires pour se rappeler sa disparition. A qui va-t-il faire affaire, à présent ? Son cœur s’accélère et il ravale instinctivement sa salive. Il se sent… tremblant mais en réponse, ses muscles se contractent pour contenir ses frémissements. D’une main ferme, il invite Doucette à ralentir l’allure. Docilement, sa jument obéit : malicieuse, la voilà qui marche avec fierté en redressant les oreilles, intéressée. Son geste redonne un peu de consistance au chevalier. Un sourire lui échappe, éclat qu’il dissimule rapidement sous ses traits marqués.

Aimable n’est pas grand. Et pourtant, lorsqu’il pose pied à terre, il se contente d’une enjambée pour rejoindre le Duc.

Sa tenue dévoile une silhouette étrangement longiligne : une délicatesse rompue par la présence d’une musculature certaine. Sa physionomie exprime une harmonie étrange et dérangeante, ses bras paraissent solides, terminés par des mains longues – pourtant courtaudes ? Les doigts allongés sont épaissis par une corne épaisse, les paumes sont recouvertes de cuir. Son pas est chaloupé, une balance trahissant un poids certain pourtant imperceptible : sa taille est carrée, ne présentant pas de ventre bedonnant, seulement une musculature qui sert… de structure, maintenant reliés ses épaules carrées, ses hanches étroites. Il n’a qu’une trentaine d’années et pourtant, ses cheveux bruns sont méchés de gris.

Il est loin d’avoir la finesse ou la beauté du Duc, loin de là. Son front, ses lèvres, le coin de ses yeux, sont déjà gravés d’histoires que seules ses mains peuvent conter. La souffrance, les combats, la peur et l’inquiétude ont creusé si avidement sa peau, à moins que ce ne soit la Voix qui l’ait rongé de l’intérieur : les rides sont bien présentes. Vallées de montagnes faites d’os saillants, pommettes et arcades sourcilières, d’un nez autrefois droit et maintes fois cassé. Ses sourcils broussailleux surmontent l’obscurité : tapis au creux de ses orbites, luisent une lueur céleste. L’acier d’un ciel perlé se mêle au bleu d’une mer déchaînée. Au sein de ce combat dantesque, une ombre gît, une pupille qu’Aimable dissimule d’un battement de paupières quand il s’incline.  

C’est avec la souplesse de l’habitude que sa nuque se courbe, suivie, plus péniblement, par le reste de son dos. Chaque vertèbre semble se déplier, alors que pour conserver son équilibre, Aimable place l’un de ses pieds en arrière. Son poing se referme et s’appose sur son cœur, avant qu’il ne se redresse.

Il fait partie de ces hommes que l’on ne remarque pas. De ces types marqués, qui marchent, la tête courbée, dans les ombres de la cité. Et pourtant, ceux qui saisissent sa présence peinent à l’ignorer. Comme une tâche de sang sur un parquet. Comme un mouvement, dans une forêt immobile et silencieuse. Il y a quelque chose chez lui.

Et face au sourire chaleureux de l’homme, l’aura d’Aimable tranche par sa différence.

Dieu seul sait à quel point l’obscurité n’est pourtant pas si lointaine de l’homme en face de lui…

Aimable détaille, attentivement, le Duc : pour autant, ses yeux ne rejoignent jamais ceux de son interlocuteur. Il observe son allure, enjouée et pleine de vie. Une fougue contenue par une volonté d’acier, lorsqu’il avance avec une assurance quelque peu déroutante pour un homme de sa corpulence – enfin, son charisme l’emporte sur sa silhouette fine. Elle lui paraît si fragile. Ses bras sont peu volumineux, dotés d’une grâce aérienne, terminés de mains délicates. Sa peau est claire. D’une pâleur lui rappelant la délicatesse d’une porcelaine. Il aperçoit ses yeux bleus, éclats de ciel. Son sourire… Adressé du coin des lèvres.

Timidité ? Austérité ? Est-il simplement réservé ? Ses gestes et le ton de sa voix sont plus expressifs que ses lèvres.

Par politesse, Aimable esquisse un sourire.


_ Monsieur De Bourgogne, je vous remercie pour cette invitation. Y répondre fut un grand honneur.


Ses yeux reviennent sur Doucette, qu’il est inquiet de laisser derrière. Heureusement, un serviteur s’avance pour la récupérer : Aimable effleure son encolure une dernière fois avant d’engager le pas au Duc, les mains croisées dans le dos. Il se tient droit. Militaire. Ses yeux se dirigent droit devant lui.

Que nous veut-IL ? Que sent-IL ?

La Voix est curieuse, Aimable la contient.


_ … J’ai rencontré votre cousin il y a de cela quelques mois. Avez-vous eu quelconques informations à son sujet ?  
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Ven 27 Aoû - 22:09
Dans l'antre du menteur
Ce n’était pas comme s’il avait trouvé un quelconque portrait de son invité, alors il n’y avait aucune déception à le découvrir. Le physique du Chevalier était passable au goût du Duc qui ne trouvait plaisant que son propre reflet. L’homme était assurément plus âgé que lui. Visiblement, la vie n’avait pas toujours été un cadeau et son visage paraissait marqué d’une certaine lassitude. Il semblait gauche dans certains de ses mouvements, fatigué par son voyage ou tout simplement mal à l’aise. Quant à ses cheveux, et bien, il sauta aux yeux de Guillaume qu’ils étaient déjà parsemés de poivre. Un détail que le Duc trouvait répugnant : il n’apprécie que la jeunesse, la fougue, la beauté, l’esthétique… Cet homme provoquait en lui une vague de rejet, mais il ne fallait pas s’arrêter à cette pauvre touffe de cheveux gris. Il fallait entretenir la chaleur dans ce sourire hypocrite.

L’homme semblait bien porter son prénom : il s’exprimait bien, avec politesse à son égard. L’entendre l’appeler Monsieur de Bourgogne était un petit bonheur pour ses oreilles. Il a eu tant d’identités créées ou volées par le passé, celle-ci est bien évidemment sa favorite. Entendre les autres tomber dans le panneau provoque toujours en lui cette petite pointe d’excitation et de réussite. Son sourire était presque franc lorsque le Chevalier lui parla de l’honneur de répondre à son invitation.

Évidemment, me côtoyer est un honneur pour tous.

Son invité semblait inquiet du sort de sa monture et il lui jeta une œillade, alors même qu’un garçon d’écurie, sur le qui-vive, attendant la venue du Chevalier, s’avançait pour en prendre soin. Il baissa la tête face à Aimable et déjà il conduisait la jument vers une stèle pour lui retirer son équipement et lui proposer un rafraîchissement bien mérité.

- Ne vous inquiétez pas pour votre cheval, nous nous en occuperons bien. Venez donc vous rafraîchir également.

Il voulait le presser d’aller plus vite, son canasson n’allait pas mourir non plus. Guillaume, quant à lui, souffrait de cette chaleur et n’avait aucune envie de la supporter plus longtemps. A vrai dire, il se fichait du sort de son invité, par contre lui ne cracherait pas sur un verre d’eau bien fraîche pour oublier ces quelques minutes en plein soleil d’été. Fort heureusement, sachant sa monture entre de bonnes mains, le Chevalier suivit le mouvement initié par le Duc. Et ils n’avaient pas passé le seuil de l’entrée de la demeure, que le grisonnant attaqua fort. D’autres que Guillaume auraient senti un trouble dans les battements de leur cœur, auraient eu un voile de sueur sur le front, les mains tremblantes, le regard fuyant ou encore des paroles hésitantes. Mais contrairement à ce genre de personnes, le Duc n’avait aucunement peur dès le début de leur conversation de faire un faux pas ou encore de se piéger tout seul avec ses mensonges. A la place, il était vexé que ce Chevalier parle de son prétendu cousin, avant même d’essayer d’apprendre à le connaître lui, le nouveau Duc de Bourgogne.

L’acteur perdit de sa superbe, comme lorsque l’on évoque un sujet douloureux, un drame familiale. Sa pupille était tout d’un coup moins excitée de rencontrer le Chevalier dont il aurait tant entendu parler. Son sourire s’effaça pour laisser place à un air dépité, presque ému de parler de cette terrible affaire non résolue. Mais cela suffisait, il ne fallait pas en faire davantage, au risque que ses réactions ne soient pas celles attendues d’un homme de son rang, qu’elles soient grotesques. Sans regarder son invité dans les yeux, il débuta sa pièce de théâtre :

- Vous me voyez désolé de vous apprendre que je ne sais rien de plus au sujet de sa disparition. Nous avons remué ciel et terre pour le retrouver. Malheureusement, ses domestiques et lui se sont tout simplement évanouis dans la nature.

Maintenant à l’abri du soleil, retrouvant la fraîcheur de l’enceinte des murs, le blond pivota vers le grisonnant. Ils venaient tout juste de se rencontrer, alors poser une main sur son épaule serait un geste bien trop familier. Et puis, il n’avait aucune envie d’initier le moindre contact physique. Il se contenta donc, l’air grave, de feindre de la compassion à l’égard du Chevalier.

- Nous n’abandonnerons pas nos recherches tant que nous n’aurons pas de réponse à nos questions… Soyez certain que je vous ferai parvenir la moindre nouvelle de lui.

Et il planta son regard dans le sien. Les deux hommes avaient en commun un trait de leur visage : leurs cernes. Certainement pas pour les mêmes raisons, ne menant pas du tout le même genre de vie.  Guillaume était tout simplement un insomniaque chronique depuis son adolescence. Il aimait prétendre qu’il se faisait bien du souci quant à son cousin et au duché de Bourgogne et que cela expliquait sa fatigue, son air souvent las et parfois même ses comportements désagréables. Les cernes du Chevalier, elles, allaient de paire avec les signes du temps qui commençaient déjà à ravager l’homme. Tout du moins, c’est ce que s’imaginait Guillaume. Ce dernier décida de mettre fin à ce moment de fausses émotions pour emmener son invité dans le salon où la table avait été dressée après divers essais de la part des domestiques.

- Vous devez être exténué par votre voyage. Conversons assis à table et rassasiez-vous, nous aurons tout le temps de nous plonger dans le passé, mais également vers l’avenir.

A l’aide d’une main, il lui désigna sa place et attendit qu’il s’asseye pour faire de même. Les deux hommes étaient face à face, à une distance respectable selon Guillaume. Assez éloignés pour ne pas risquer un postillon lors d’une bouchée mal avalée, pas trop pour ne pas avoir besoin de brailler pour s’entendre. Il était tout de même assez près pour que sa bonne vue se focalise sur cette fichue mèche grisonnante et disgracieuse…

Concentre-toi Guillaume.
L'Oeil
ENTITE SUPERIEURE

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Inventaire : De quoi vous faire trembler.
Situation maritale : Marié.e au mystère.
Pièces : 3019

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L'Oeil
Inventaire : De quoi vous faire trembler.
Situation maritale : Marié.e au mystère.
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Sam 28 Aoû - 13:32
Intervention PNJ
Pour pimenter la partie


Soudain, la Voix s'exalte, tire sur les chaînes que veut lui appliquer Aimable. "AaAaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAh ! Il SENT ! Il sent... IL SeNT COMME EUUUUUUX! Shaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa-RAAAAAAAAAAAAAAAH ! L'ODEUR DU v Am PiRe eEST SUR LUI ! DEVORES LEeeeeeEEEEEEEEEEEEEE !"
Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

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Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915
Ven 10 Sep - 10:33










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Les mots sont des armes terribles.

Il faut se méfier de leurs tranchants. De leur capacité à blesser, bien plus durement, plus profondément, que ne le ferait l’acier. Voyant l’homme frémir, Aimable regrette ses paroles : elles ont eu l’effet d’un bélier.

Le Chevalier sait qu’il est toujours pénible d’évoquer la disparition d’un proche. C’est comme frotter du sel sur une plaie infectée. La douleur est vive, mais nécessaire, à ses yeux, pour purger la peine et les regrets. Ses mains se croisent dans le dos alors qu’il incline humblement la nuque en un geste de respect.



_ Je vois. Je suis désolé de l’entendre
, glisse-t-il. Devrait-il aider pour les recherches ? Il y a pensé mais ignore tout de l’homme. Il a servi son père avant lui, lors des tensions avec la famille de Croy et le Duc de Normandie. Suite à la disparition de l’ancien Duc de Bourgogne, Philippe avait souhaité aborder les termesde leur alliance et s’assurer de leur loyauté… En tant que Chevaliers, les De Bayard devaient rallier la bannière d’un Seigneur. Et Aimable ne se fait guère d’illusion sur les raisons de l’invitation. Les négociations devront reprendre à zéro : avant d’offrir sa vie à un homme, Aimable souhaite le connaître. Si son sang doit couler, il sera versé pour des causes qu’il considérera justes.

L’homme s’arrête dans l’ombre et, surpris, Aimable l’imite, gardant une distance d’un bon mètre entre eux. Pour une des rares fois de sa vie, le Chevalier reste dans la lumière : un rayon de soleil s’évade au sein de ses prunelles claires. Il s’étonne de voir que le Duc privilégie la pénombre. D’habitude, c’est là où est sa place.

L’air grave de l’homme l’invite à hocher de nouveau la tête, en un geste de reconnaissance. Ses yeux profitent de l’instant pour étudier prudemment les traits de son interlocuteur. Leurs yeux s’effleurent seulement. Farouche, Aimable dévie le regard lorsque le Duc cherche à s’en saisir. Ses prunelles se réfugient dans les cernes qu’il discerne, s’évadent le long de son nez droit, de ses lèvres si délicatement ourlées. Il se dégage de cet homme un charme saisissant. Sa seule présence attire l’attention, bien qu’il soit seul, il occupe tout l’espace. Par la vivacité de son regard, par son corps qui se meut avec grâce et assurance, en mouvements parfois amples et aériens, d’autres fois, mesurés et maîtrisés. Ses traits évoquent une beauté androgyne et angélique, éthérée et désincarnée par sa peau immaculée, ses grands yeux bordés de longs cils, sa bouche généreuse.

Aimable se sent si rustre, en comparaison. Avec ses membres lourds, ses traits taillés à la serpe, cette force brute qu’il dissimule sous ses tenues. Ses cheveux grisonnants et ses rides attestent d’une faiblesse que seul le Chevalier possède – mais témoignent de la force de la Bête. Elle n’a jamais vécu si vieille ! Gorgée d’expérience, de sang et nourrie de cauchemars, elle grandit de jour en jour au fond de ses chairs. Elle est sans cesse présente dans son esprit, apprenant au travers des yeux du Chevalier comment un Homme doit se comporter. Tapie sous son écorce humaine, à attendre le meilleur moment pour bondir, voilà qu’elle surgit de son esprit.

Elle dévoile ses crocs, mais ne le mord pas encore. Il sent ses griffes cliqueter sur ses os comme sur un vulgaire plancher. Il sent ! IL SENT ! VAMPIRE !
Le Chevalier s’habitue à sa présence. D’une main ferme, il la retient par le collet mais flatte son encolure.

Le vampire ? Quel vampire ? Connait-elle cette odeur ? L’ont-ils déjà senti ? Interroge-t-il. L’écouter l’apaise, parfois. Depuis sa visite à May, Aimable a ressenti un changement, logé au creux de ses os. La Bête ne lui fait plus si mal. Sa musculature s’est développée. Il se sent plus solide, plus résistant, plus endurant.

La douleur est moins présente, mais la Voix est toujours là. Il essaye de ne plus tellement s’opposer à elle, de trouver, ensemble, des points sur lesquels se battre ensemble. Repérer les créatures, pour protéger. Chasser ces MONSTRES ! Pour défendre l’humanité. Le Chevalier et la Voix parviendraient presque à s’entendre et un jour, Aimable espère qu’ils pourront sceller une véritable alliance.

Son visage s’assombrit légèrement. Ce n’est qu’un battement de paupières, avant que l’obscurité ne se rétracte. Guillaume n’a probablement perçu qu’un froncement de sourcils, un plissement d’yeux, une tension qui s’efface d’un battement de cœur. Si l’on s’interroge, Aimable se contentera d’excuses toutes trouvées – vieilles blessures de guerre.

Les vampires sont si nombreux dans la sphère politique de France. Comme les loups garous. Ses mâchoires raffermissent leur étreinte. Que veulent ces créatures ? Que cherchent-elles ? Rongent-elles les racines du pouvoir ou manient-elles les fils de la politique humaine ? La proximité de Guillaume avec de telles créatures est l’occasion d’en savoir plus, d’essayer de comprendre leurs intentions, de savoir qui il a pu côtoyer.

La faim s’éveille, elle tiraille son ventre. Il est affamé, alors qu’il suit Guillaume jusqu’à la table, attendant son signe pour s’assoir. Sa tête grouille de questions, alors que le Chevalier essaye tant bien que mal de réunir les informations qu’il possède – pendant que la Bête tourne dans sa cage, déchirant les pages qu’il rassemble. Le Maréc-VAMPIRE ! Le ColLOUUUp. Aimable retient un soupir. Il réfléchira plus tard.

Concentrons-nous sur l’homme en face de nous, indique le Chevalier. Aux aguets, l’Ouroboros redresse la tête et gronde de plaisir, son corps se tend d’impatience, désirant au plus vite… TRAQUER.

Depuis plusieurs minutes, Aimable est resté silencieux. Du pur bonheur, pour un homme qui aime s’entendre parler. Il n’est pas de nature loquace – au contraire de la Voix dont le crâne effleure les barreaux de sa cage. Il la sent se mouvoir en lui. Il frotte sa nuque en fermant les yeux, jusqu’à lâcher un soupir quand une vertèbre émet un craquement lugubre – la Voix rit.



_ La route fut longue, pour venir jusqu’ici. Heureusement, vos terres renferment de nombreuses auberges accueillantes et à prix abordable,
constate finalement Aimable. Il ignore comment lancer et maintenir une conversation… mais les bons conseils de Côme, l’un de ses frères, lui reviennent. Il est toujours appréciable d’aborder des sujets communs avec son interlocuteur – mais Aimable ne se voit pas commenter les cernes de l’homme. Alors autant discuter de la terre sur laquelle ils se trouvent – ça, c’est un point commun qui ne fâche personne n’est-ce pas ?
VAMPIRE ! Exige la Voix, Pas encore, apaise le Chevalier.


_ Suis-je le premier Chevalier à venir vous rencontrer ou d’autres m’ont précédé ?
Commence-t-il à interroger. La Voix gronde – pas CHEVALIERS, VAMPIRES ! Las, Aimable attend patiemment à ce qu’on lui serve un verre d’eau pour en boire une gorgée.

Les créatures se tapissent sous des identités humaines et occupent des positions de pouvoir, explique-t-il à la Voix.

Agacée, elle gratte ses os de ses griffes.

MENSONGES ! Il suffit d’arracher leur peau pour les VOIR TELS QU’ILS SONT !

Ces MONSTRES aux visages d’HOMMES !


Nous sommes comme eux, pense Aimable. Tristement. Fatalement.

Et c’est POURQUOI nous sommes ceux qui devons les CHASSER ! LES TUER ! LES DEVORER !  

Qu’est-il ? Se demande le Chevalier en détaillant l’homme en face de lui, Qu’est-il ? Ange déchu ? La proie d’un vampire ?

Il n’est NI LOUP NI MORT ! Aboie la Voix, mais IL SENT ! LE VAMPIRE !

Devrions-nous le protéger ? L’aider ?

LE DEVORER !

Aimable se retient de masser ses paupières. Les intentions de la Voix sont toujours destructrices et chaotiques. Mais sont-elles toujours dénuées de bon sens ?

Certains hommes sont pires que les monstres qu’ils chassent.

Aimable en est la parfaite incarnation.

Et cette pensée blesse le Chevalier au plus profond de son être. Certains mots, certains maux… Blessent bien plus que l’acier.

Songeusement, Aimable extirpe, doucement, la croix d’argent qu’il garde autour de son cou. Reliée à des chaînes de cottes de maille, le collier est lourd, mais la croix l’est plus encore. Aussi grande que sa paume, chaque extrémité se termine d’une pointe acérée. Aimable referme tendrement ses doigts autour de l’argent et son pouce parcourt la surface usée de la croix.
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Dim 19 Sep - 17:51
Dans l'antre du menteur
Son invité s’était comme enfermé dans le mutisme. Non pas que les paroles vaines telles que des échanges sur la pluie et le beau temps soit sa passion, mais tout de même. Guillaume voyait déjà d’un mauvais œil ce Chevalier a la mèche grisonnante, mais si en plus il était ennuyeux, dans quel pétrin s’était-il embourbé en l’invitant pour paraître tel un coq ? De grâce, qu’il devienne un peu plus loquace !

Le Duc l’observait, alors que sa main cherchait sa coupe avec lenteur pour se désaltérer. Il faisait si chaud, sa petit escapade qui n’avait pas duré plus de deux minutes au soleil avait été une épreuve. Bien heureusement, l’un de ses domestiques n’avait pas fait l’erreur de remplir son gobelet de vin ou d’alcool. Son eau était rafraîchissante, tandis que le Chevalier, lui, trouverait un bon vin de Bourgogne, de qualité et avec du caractère, dans son propre verre. Il fit rouler sur sa langue son breuvage frais avant de l’avaler. Et, alors qu’il s’apprêtait à lui demander s’il se portait bien, le De Bayard se mit à masser sa nuque et qu’un craquement se fit entendre.

A deux doigts de vomir.

Ce craquement, cela venait de lui, n’est-ce pas ? Ce ne sont ni les meubles ni les murs qui travaillent. Jamais il n’a pu les entendre ainsi se manifester. Et pourtant, il en a passé des nuits à fixer le plafond de sa chambre, prisonnier de son insomnie, à écouter le silence d’un domaine endormi. Ainsi donc persuadé que le Chevalier est l’auteur de ce bruit répugnant, le Duc doit se forcer à ne pas retrousser ses lèvres de dégoût.

Et voilà qu’il lui parlait des auberges de Bourgogne… Ce qui faillit arracher un petit rire au Duc, qui en avait fréquenté quelques unes, mais surtout des maisons un peu plus luxueuses…

- Paraît-il que nous sommes riches en auberges et autres maisons closes… Dit-il d’un air pensif, faisant tourner l’eau dans son gobelet avant de le reposer.

Ah, enfin ! Le Chevalier s’intéressait à lui et lui posait des questions ! C’est qu’il savait se faire désirer ! Guillaume voulait être le sujet principal de conversation, après tout, il l’avait surtout invité dans ce but : se montrer, se faire connaître. Bon, la question n’était pas très intéressante, mais au moins, cela lui donnait l’occasion de parler de lui.

- J’ai reçu quelques vassaux, car comme à vous, j’ai envoyé des missives et autres invitations afin de connaître ceux qui se trouvent en Bourgogne.

Le Duc détacha son regard de celui de son invité et il fit un signe presque imperceptible au domestique présent pour faire le service, de s’approcher du Chevalier en lui présentant les différents mets, afin qu’il garnisse selon son bon vouloir son assiette jusqu’ici vide.

- J’ai également reçu quelques visiteurs.

Bien qu’il luttait pour ne pas imaginer son insupportable petite tête brune, son esprit fut assaillit par l’image de Titi envahissant sa demeure en pleine nuit. Ce fichu ménestrel était venu réclamer de l’argent. Rien d’étonnant, Guillaume lui devait toujours une somme conséquente. Mais que ne ferait-il pas pour réussir à définitivement se débarrasser de ce bougre de fardeau ! Et par définitivement, il voulait bien évidemment dire pas simplement en épongeant sa dette…

Les prunelles de glace retrouvèrent le visage du Chevalier. Ce dernier tenait entre ses doigts disgracieux une croix, de taille plutôt conséquente, jusqu’ici cachée sous ses habits. Ne croyant pas en Dieu, Guillaume ne comprit pas l’intérêt de ce geste, mais il se garda bien de faire une remarque en ce sens.

- Vous ne vous sentez pas en sécurité chez moi Messire ? J’en suis navré, cela explique sans doute vos moments de silence. Mais n’ayez crainte, je ne vous ai pas invité armé de mauvaises intentions. Vous serez libre de partir dès que vous le désirerez. Je ne cherche qu’à rencontrer les vassaux et autres alliés de la Bourgogne. J’ai vécu dans l’ombre avant d’arriver ici, je ne connais que des noms et point les visages associés.
Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

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Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
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Mar 21 Sep - 16:53










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Maisons closes ?

Cette mention attire spontanément le regard du Chevalier. Un homme pieux et fidèle à son mariage ne peut que rester de marbre voire être gêné d’entendre une telle nouvelle. Sa main finit par relâcher sa croix, comme à contrecœur, alors qu’il s’étonne de voir le repas servi sans un bénédicité.
Cet homme ignore-t-il les préceptes de Dieu ? S’interroge le Chevalier. L’Ouroboros, lui, répond qu’il ne voit qu’une raison de plus de le dévorer.


_ Vassaux et visiteurs. De qui s’agit-il ?


Un esprit pragmatique comme celui d’Aimable ne peut se satisfaire de réponses évasives. Qui est le vampire parmi ces visiteurs ? Le connaît-il, l’aVoonsNous déjJA vUS ? Certains d’entre eux sont proches de la Reine, s’agit-il des mêmes qui côtoient le Duc de Bourgogne ? Que veulent-ils ? Diriger la politique ? Nuire aux Hommes ? Une vie d’éternité doit être source d’un ennui terrible, s’engager dans de telles positions de pouvoir ne peut que les ravir. Considèrent-ils ainsi leur ascendant sur l’Humanité ?

Des plats leur sont apportés et Aimable accepte de se servir. Cependant, il n’y touchera pas tant qu’il n’a pas récité la prière pour remercier le Seigneur de sa générosité. Ses yeux reviennent songeusement effleurer les lèvres du Duc, s’évadent vers ses mains, le Duc est un homme discret dont les gestes pourraient presque échapper à son regard attentif. Pourquoi un tel contrôle ? Est-il inquiet ? De quoi a-t-il peur ? De lui ? Non… Non, il sait reconnaître la peur lorsqu’il en est l’origine.

Craint-il les vampires, lui aussi ? Est-il en danger ? Est-ce pour cela qui lui a demandé de venir, pour assurer ses arrières ? S’il avait été mordu, s’il avait été menacé… Peut-être est-ce pour cela qu’il n’a pas pensé à ce réflexe que toute personne croyante se doit d’avoir. Il ne fait pas tant attention à ce qu’il se sert, se contente de pommes de terres, quelques légumes, un peu de viande – de quoi apaiser sa faim continuelle.

La question de l’homme l’arrache de ses pensées. Etonné, il manque presque d’unir ses yeux à ceux de Guillaume, il se retient de le faire mais hésite à s’abandonner à cette tentation. Fouiller ses yeux de glace, assez pour les percer et voir ce qu’il s’y cache. La manifestation vive de l’Ouroboros le contraint à résister à ce désir viscéral. Guillaume est un homme d’une beauté quelque peu désarçonnant pour Aimable. Il est accoutumé à des traits plus rustiques, abîmés par la guerre, les soucis, la souffrance. A des cicatrices, des faciès taillés à la serpe ou écrasés sous des coups, à des mains abîmées par le travail, à des regards brisés. Comment est le sien ? Que se tapit sous ses cils ? Le regard d’une victime, d’un prisonnier, d’un prédateur ? Comme si tout pouvait se savoir d’un regard, et comme si le monde était assez simple pour le restreindre à ces 3 catégories. Aimable lui-même appartient aux 3. A cette pensée, il abandonne l’idée d’étudier ses yeux, aussi beaux soient-ils.

Un silence accompagne les paroles de Guillaume, avant qu’Aimable ne finisse par tourner les yeux vers les portes de la pièce, les fenêtres, ses yeux reviennent se fixer sur le torse de Guillaume. Comme pour y percevoir les battements de son cœur.


_ Je suis inquiet.


Il avoue. D’une voix étrangement ferme et assurée, totalement opposée au sens des mots qu’il vient de prononcer. C’est une résignation étrange, celle d’un homme rompu par la peur, habitué à la subir et l’affronter, chaque seconde de son existence. Ses yeux montent, prudemment, le long de la gorge de l’homme, discernent sa pomme d’Adam – ECRASONS LA ! Rugit l’Ouroboros. Les secondes passent si lentement, si vite à la fois, alors que toute son – leur – attention se braque sur Guillaume.

Peut-être l’homme sent-il cette pression. Etrange. Comme si Aimable était plus proche, plus grand, bien qu’il n’ait pas bougé, bien qu’il ne le fixe pas droit dans les yeux – cette pression, c’est celle de ses yeux qui s’approchent des siens. Ses prunelles effleurent les lèvres de Guillaume. Remontent lentement, lentement, lentement, jusqu’à son nez. Le temps en suspens.

Le regard qui s’échange est vif. C’est une gifle, un baiser volé, c’est puissant, ça serre le cœur, ça l’emballe, quand leurs yeux se croisent, mais déjà, Aimable s’est rétracté, ça n’a duré qu’une milliseconde, il n’a pas même eu le temps de battre des paupières.

Sous son aspect si rustre, si timide, se tapit bien des choses indéfinissables. La chaleur d’un soleil d’été à l’orée du crépuscule, fait d’ombres et de lumières, de sang, de vie et de mort mêlés. C’est une brutalité sauvage, écrasante, domptée d’une humanité tendre, une vulnérabilité terrible et une force écrasante. Une fragilité masquant une puissance toujours prête à éclater, contenue par cette simple barrière de chair.

Ce n’est pas seulement le regard d’un homme qui a souffert, ce n’est pas le regard d’un homme ne voyant que le monde tel qu’il est, c’est le regard d’un homme qui a vu bien des horreurs et des miracles. Sa main retrouve instinctivement la croix autour de son cou alors qu’il repense aux paroles de  l’homme. Peut-être que leur échange de regard n’a pas même ébranlé Guillaume, peut-être n’a-t-il rien remarqué, mais Aimable… Sent une part en lui s’agiter.


_  … La disparition de l’ancien Duc, votre avènement et la venue de visiteurs me préoccupent. Avant celle de votre prédécesseur, il y a eu la disparition d’un autre Duc, que l’on a retrouvé. Des attaques ont été portées à l’encontre de la princesse. Il y a eu un attentat, mené dans les baraques militaires, dont j’ai été témoin. Vous rejoignez un monde où l’ordre est menacé. Par un danger que l’on n’a su ni identifier, ni arrêter.


Aimable parle d’une voix lente, prenant le temps de prononcer chaque mot. Il ne se prononce pas tellement sur son ressenti : inutile d’infliger à Guillaume ses inquiétudes. Du temps sera nécessaire pour gagner sa confiance et pour l’instant, il ne se sent pas prêt à se confier au Duc – pour autant… voilà qu’il s’inquiète pour lui.

L’Ouroboros se moque de lui, naïf, imbécile, chevalier servant, chien rampant, crache-t-il avec tout son mépris.

Le Chevalier ne répond pas : il a fait serment. De protéger. Celles et ceux dans le besoin.


_ … Je m’inquiète pour votre sécurité. Votre invitation me semblait justifiée par ce contexte de tensions, notamment la nécessité d’assurer votre protection. Vous êtes en recherche d’alliés… Prenez garde à celles et ceux que vous recevrez en ces lieux. Ces personnes à qui vous offrirez votre protection ou ne serait-ce que votre confiance. En tant que Chevalier, il est de mon devoir de vous protéger. Et pour se faire, il me semble… primordial de vous avertir des dangers que vous pourrez encourir. Gardez trace des visites que vous recevez, qu’elles soient celles de badauds ou de personnalités plus importantes.


La disparition de son prédécesseur n’est pas fait du simple hasard…  Il n’ose pas le lui avouer, mais peut-être serait-il la prochaine victime ? A moins qu’il ne soit celui qui ait perpétré le crime. A cette pensée, l’Ouroboros gronde, alors que le Chevalier serre le poing.

Aimable n’a encore touché ni au verre, ni au repas. Il finit par reprendre.


_  Avant de nous sustenter, pouvons-nous réciter le bénédicité ?


Les Vampires craignent la Croix – craignent-ils les prières ? Une part en lui espère que si l’homme récite avec lui ce texte sacré, ils seront un tant soit peu protégés. Une autre part… Espère que l’homme n’y parvienne pas. Qu’il atteste de son manque de foi – ou son incapacité à dédier son âme à Dieu.

Hérétique,


Qu’une Raison de plus pour le Dévorer.

Car il suffit de mots pour blesser – il suffit de mots pour protéger – il suffit de mots pour déclencher une guerre – il suffit de mots pour tuer – il suffit de mots pour épargner.

La puissance des mots est effrayante. Capable de condamner un homme comme de l’expier.
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Dim 26 Sep - 12:56
Dans l'antre du menteur
Pourquoi demander plus de précisions ? Ne peut-il pas se satisfaire de cette réponse, certes évasive ? N’a-t-il pas le droit à sa part de petits secrets ? Guillaume n’estimait pas avoir besoin de donner des noms. Après tout, il était le Duc ici, c’était lui qui prendrait les décisions finales. Un peu renfrogné, il décida de ne pas répondre, tout simplement, balayant alors sa question, comme si elle était tombée dans l’oreille d’un sourd.

Il l’observa se servir, sans vraiment prêter attention à ce qu’il choisissait de mettre dans son assiette. Malgré tous ses efforts pour l’ignorer, la petite mèche grise semblait briller parmi sa touffe brune. C’était désagréable et lorsque quelque chose de ce genre attirait l’attention de Guillaume, c’était fichu, il ne voyait plus que ça. Mais fort heureusement, il ne resta pas longtemps captivé dessus. Une fois qu’il estima avoir rempli son assiette, le Chevalier laissa le loisir au serviteur de s’approcher de son maître. Un morceau de viande, des légumes, un peu de jus pour arroser le tout. Guillaume n’avait jamais un gros appétit, il était vide rassasié. L’habitude d’avoir souvent le ventre criant famine, peut-être. Une constitution très mince, avec juste ce qu’il faut de muscle pour ne pas faire pitié, peut-être. Et puis surtout, il n’était pas là pour se goinfrer et que le jus coule le long de son menton. Il fit signe au domestique de reposer les plats et de les laisser, pour le moment.

Le Chevalier était inquiet. Première nouvelle. Néanmoins, le Duc ne voyait pas pourquoi, si bien qu’il posa un regard curieux sur le visage fuyant de son invité.

- Inquiet ? Répéta-t-il, pour l’encourager à développer sa pensée.

L’homme osait à peine le regarder, pourtant, bien que son visage soit peu amical, Guillaume n’avait rien de menaçant au moment où il jugea nécessaire de fuir ses prunelles. Trop de charisme, peut-être. Pauvre de lui, il ne supportait pas l’éclat brillant de son aura, c’était compréhensible.

Puis il développa enfin son propos, évoquant la disparition de son prétendu cousin, celle d’un autre Duc, l’attaque qu’avait subit la princesse de France et même un attentat. C’est qu’il s’était passé moult événements dans un court laps de temps ! Pour autant, est-ce que cela inquiétait Guillaume ? Nenni. Il se pensait invincible, après tout. Et puis maintenant muni de son excellente dague Mercy, il saurait se défendre en cas de menace. Il avait donc envie de rouler des yeux au ciel, se sentant peu lié à tous ces événements. La France est grande, certes des bandits doivent se cacher en Bourgogne, mais de là à parler de danger non identifié…

Puis il lui rappela qu’il devait faire attention dans sa recherche d’alliés, de bien jauger ceux qu’ils invitaient et de ne pas accorder sa confiance trop facilement. C’était difficile de ne pas rire, pourtant son masque demeura le même : impassible. En qui Guillaume avait prétendu avoir confiance ? Il n’a confiance qu’en lui-même. Mais fort heureusement, le Chevalier rappela son devoir et sa protection liés à son statut. Il supposait qu’il fallait le remercier pour son beau discours et ses beaux conseils, alors…

- Merci pour votre sollicitude, Messire. Ne vous inquiétez pas outre mesure pour moi, je ne suis pas seul. Mensonge, je me considère toujours seul même entouré. Et comme vous l’avez si bien dit, je garde toujours une trace de mes rencontres, sait-on jamais, mais il semble que cela est tout simplement du bon sens.

Le Chevalier couva la table du regard, avant de demander à ce qu’ils récitent le bénédicité avant de toucher à la nourriture. Ah oui, c’est vrai, en France on croit en Dieu. Dommage que ce ne soit pas le cas de Guillaume qui depuis bien longtemps à cesser de penser qu’Il existait, tout simplement. Néanmoins, s’il l’avouait, il serait traité d’hérétique et ce serait la déchéance. Feignant donc un intérêt soudain, il joignit ses mains et dans un sourire pseudo sincère, il accepta sa requête :

- Seigneur, bénissez la nourriture que nous allons prendre. Que ta grâce se répande en nos cœurs. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit…

Ri-si-ble.
Aimable E. De Bayard
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Aimable E. De Bayard
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Jeu 30 Sep - 10:16










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Seule la prière de Guillaume l’apaise : les mots bénis soulagent ses maux.

Les mains unies autour de sa croix, Aimable baisse docilement la tête et ses yeux se referment.


_ Bénissez-nous, Seigneur, bénissez ce repas, ceux qui l’ont préparé et procurez du pain à ceux qui n’en ont pas
, murmure le Chevalier.

La Voix se tait, le temps de la prière. Pour Elle, le défilement de ces syllabes n’est que les prémisses d’un repas. Tant et si bien qu’il Lui arrive de penser à ces mots avant de refermer ses crocs sur sa proie. Aimable finit par reposer ses mains pour commencer son repas dans un discret soupir.

Il a la désagréable sensation que ses préventions ont passé bien au dessus de la tête de l’homme. Qu’il n’a accordé qu’une attention polie aux dangers qu’il lui a mentionnés : il lui apparaît si sûr de lui. Ce n’est pas seulement de la bravoure, non, est-ce de l’inconscience, de la négligence, de l’assurance ?

A côtoyer la Haute Noblesse, Aimable réalise qu’ils sont nombreux à dissimuler leurs émotions sous un masque austère. Qu’est-il, par rapport à eux ? A s’inquiéter du monde, des ombres, à craindre des loups et des morts que seul lui peut voir. Est-il fou ? Est-il faible ? Les réponses données par Guillaume le renvoient à l’inutilité de ses paroles, au peu d’impact qu’il a sur le monde.

Aimable sent son cœur se serrer. Les mots sont une arme qu’il ne sait pas manier : aucun coup n’a porté ses fruits. Il ne voulait pas le blesser, non. Il ne cherchait pas à l’effrayer. Mais à l’avertir. Il espérait qu’il serait davantage sur ses gardes, qu’il l’interrogerait, qu’il parlerait ! Mais non. Comme bien d’autres, son interlocuteur se contente d’une politesse écœurante, d’une hypocrisie qui se colle à son palais et l’étouffe comme du miel épais. C’est doux, à entendre, ces remerciements, ça ferait presque du bien, s’il n’y avait pas ce mépris aigre qui trahissait la terrible réalité : il se retrouve confronté à sa sottise. Sa stupidité. Sa naïveté. Celle de croire qu’il pourrait réussir à convaincre un homme à la prudence – un homme qui n’a peur de rien, pas même la Mort qui rôde autour de lui.

Elle a laissé Son odeurRR sur son coRrrps, Elle l’a marRQqué, il empeste le CADAVRE
, lui rappelle la Voix.

Aimable reste silencieux et à dire vrai, ressent même une certaine tristesse. Envers lui-même. Envers l’autre, en face de lui.
Lorsqu’il se promenait, enfant, il aimait marcher à la suite des papillons. Certains d’entre eux étaient particulièrement magnifiques : leurs ailes d’un jaune clair rappelant celui de l’aube, quand le soleil échauffait à peine l’air gorgé de rosée. Un jour, il a suivi l’un d’entre eux jusqu’à rejoindre la partie la plus sombre de la forêt. C’est entre deux branches que le papillon s’est soudain figé.
Prisonnier d’une toile d’araignée. L’enfant s’est figé. Le papillon, saisi de spasmes, s’est agité. Désespéramment. Alors que l’araignée s’est extirpée du tronc. Elle s’est avancée. Avancée alors que sa victime s’agitait, battant vainement de ses ailes déjà abîmées. L’enfant n’a pas hésité : il a bondi en avant. Ses mains se sont refermées sur l’ange, qu’il a arraché de cette toile démoniaque. Il s’est vivement reculé et a ouvert les mains, offrant le ciel au papillon pour qu’il puisse s’envoler. Il ne l’a pas fait. Il est resté au creux de ses paumes. Le corps écrasé. Broyé par ses propres mains. Il avait voulu le sauver. Il l’avait tué.

Le souvenir saute devant ses yeux, quelques secondes sont nécessaires pour s’en extirper. La douleur de son cœur s’étire jusqu’à son ventre, une aigreur qui le mord à pleins crocs. Que devait-il faire ? Le laisser prisonnier de cette toile, sous la surveillance lointaine d’une araignée à longs crocs ? Devait-il intervenir ? Comme s’il pouvait changer quelque chose. Le destin est tracé d’avance.
Un homme comme lui ira à sa perte. Aimable le sait. Il devrait l’y laisser. Il devrait l’y abandonner. L’homme s’est amusé de ses mises en garde, il paraît imperturbable du haut de son rang. Au dessus des bordels qu’il mentionne, à sourire face aux dangers que d’autres ont couru. Qu’il aille à sa perte.

Mais une part en lui… Une part en lui refuse de lâcher prise. Quelle est cette pulsion ? Il pense au papillon mort entre ses mains. Veut-il le tuer ? S’angoisse le Chevalier. La Bête, Elle, gronde de satisfaction à cette idée. Le papillon mort entre leurs mains. Ses magnifiques ailes broyées, le jaune cendré recouvrant sa peau, il voulait le sauver, il l’a… Nous avons abrégé ses souffrances, susurre sensuellement la Bête. C’en est obscène, le Chevalier s’en horrifie, il chasse au loin cette idée, il ne veut pas ! Il aimerait l’aider.
Il n’a pris aucun plaisir à tuer. Il s’est senti… tellement coupable. Désolé. De voir que ses mains ne parvenaient qu’à blesser – sont-ce vraiment les mots qui font mal ? Sont-ce les armes qui blessent ? Non, ce sont les esprits qui les animent. Et sa tête renferme deux esprits, l’un dédiant sa vie à la protection, l’autre, à la destruction.

Peut-être peuvent-ils s’allier ?... Tuer le vampire et protéger l’homme.  Au lieu de saisir le papillon, ça aurait dû être l’araignée qu’ils auraient écrasée.


_... Merci de m’avoir écouté
, finit par répondre Aimable. Ecouté, pas entendu. L’homme s’est contenté de le laisser parler. Il ne se dit pas seul – mais à qui pense-t-il ? L’araignée rôde-t-elle dans l’obscurité ? Il ne la ressent pas. Il ne sent que l’odeur sur la peau de l’homme en face de lui. Les liens d’une toile qui maintiennent ses ailes.

Un ange déchu. Un homme qu’il libérera de ses chaînes. Il traquera l’araignée.

Guillaume ne semble guère décidé à l’aider – tant pis, Aimable ne sait pas comment gagner sa confiance. Personne ne lui fait confiance. Lui-même ne se fait pas confiance.

Ses mots sont rares, car il n’est pas sûr de l’esprit qui les manie. Car ce monde est différent du sien. Dans son univers, tout est cauchemars, tout est mensonge et pourtant, d’une vérité terrible et écrasante. Elle est si douloureuse, si insoutenable, qu’il peine à la regarder en face – le papillon écrasé entre ses mains.

Où sont ses repères ? Où sont ses alliés, ses ennemis ? Quand, dans son esprit, son pire ennemi est aussi le meilleur ami qu’il ait eu – Elle vit ce qu’Il vit, Elle comprend et l’entend, Elle répond, toujours. Pas toujours de la manière la plus adaptée – à moins que ce ne soit les attentes du Chevalier qui ne correspondent pas à ce que la réalité puisse lui offrir.

Le monde n’est pas simple, il est fait de faux semblants, d’arrogance,  d’une solitude que bien des Hommes ne cherchent pas à combler. Alors que lui cherche à tous prix à s’entourer – à ne plus être seul avec Elle et tout ce qu’Elle implique. Le Monde est rempli de Monstres et la Bête reconnaît ses comparses sous leur masque de chair – ils cohabitent avec les Hommes, et certains Hommes sont tout aussi inhumains qu’eux. Où sont les frontières entre l’Homme et la Bête ?

Il  ne comprend pas ce monde, alors qu’il est à son image. Où est sa place ?

Ses mots n’ont pas d’importance, alors il garde le silence, il les laisse tourner dans sa tête sans avoir quelqu’un d’autre avec qui les échanger. La Bête n’ajoute qu’un peu de chaos à cette réflexion qui lui fait perdre pieds. Il ne sait plus tellement ce qu’il doit faire ou ce qu’on attend de lui – est-ce lui qu’on a traîné dans une toile, pour le capturer ? Que lui veut l’Homme en face de lui ? L’étudier ? Que veut-il lui demander ? Une alliance ? Alors pourquoi refuse-t-il de lui faire confiance ? Pourquoi refuse-t-il à lui répondre ?

Le monde n’est pas si simple – une alliance ne révèle pas la confiance. Ce n’est pas une promesse. Ce n’est qu’un arrangement, qu’aucun d’eux n’est contraint de suivre en réalité – tout dépend de la confiance que l’un est prêt à placer en l’autre. S’il accordait de l’attention à leur collaboration, il aurait accordé davantage d’importance à sa mise en garde… Non ?

Aimable a terminé son assiette, déjà, il a mangé avec lenteur et pourtant, il n’en a rien laissé.

Si nous Sommes le Papillon, nous ARRACHERONS LA TOILE

Aimable l’ignore. Il réfléchit, toujours. L’homme l’a invité, dans quel but ? Pour le connaître ? Pourtant, il ne semble rien vouloir savoir et veille à conserver une certaine distance entre eux. Que cache-t-il, derrière sa clarté ? Quelles ombres se tapissent, sous ce masque fait de lumière, cette peau immaculée cernée de boucles d’or ? Quelle putréfaction se tapit sous ce linceul blafard, sous cette couronne d’aube – où se tapit l’araignée, où sont attachés les fils de la toile ? Autour de ses poignets ? De son cœur, à moins que ses lèvres ne soient scellées ?

Il a l’impression de s’être déjà ridiculisé. Peut-être n’aurait-il pas dû parler de toutes ces choses… peut-être qu’il aurait dû se taire et laisser l’homme dans l’ignorance. Parfois, certains papillons apprécient les toiles qui les retiennent – leur existence n’a toujours été tenue que par un fil. Est-il en suspend ? A ne voir que la hauteur d’où il se trouve, cette toute puissance, au point de ne plus voir le danger qui rôde, la terrible fragilité qu’a son corps ?

Oh il serait facile de le briser.

L’intervention parasite de la Voix le dérange, elle fait écho à l’étrange attirance qu’il ressent pour cet homme, il ravale ça au fond de ses viscères. Il ne comprend pas sa tension.


_... Vous souhaitiez parler d’avenir ?
Relance-t-il, finalement, pour s’occuper l’esprit. Parler, pour ne plus l’écouter Elle ni ses étranges désirs. Parler, pour ne plus entendre ses doutes, ses discours qui martèlent le Chevalier, lui faisant perdre force et assurance alors que la Bête, elle, se renforce sous la peur qu’Elle lui insuffle – un poison qui ronge ses veines, sa tête, la conviction de n’avoir aucune valeurs, de n’avoir qu’à se taire. Disparaître.

S’éteindre, plutôt que prendre le risque de détruire ce qu’il veut protéger.

Mais que veut-il défendre ? Sa personne ? Ou celle de l’homme en face de lui ? S’il le pouvait, ce serait les deux qu’il sauverait.  

Naïf, se moque l’Ouroboros, Quelle PLACe Donner à L’ANGE déchu et au DéMon en Espoir de RedemptION ?

Comme s'il était possible de sauver deux âmes condamnées !
Rit la Voix.

N'est-ce point pour cela que les miracles existent ? Répond le Chevalier, N'est-ce point pour réaliser l'impossible ?

Car tu CROis que ton DIEU vous SAUVERA

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Mer 6 Oct - 20:07
Dans l'antre du menteur
Il laissa tout le loisir au Chevalier d’ajouter ce qu’il désirait à ce bénédicité. S’il n’y avait que cela pour lui faire plaisir et le mettre en confiance, soit. Guillaume s’en fichait, Dieu l’avait abandonné depuis fort longtemps, il se présentait parfois à des événements religieux seulement pour son image de bon croyant, mais en réalité, il ne m’était aucune ferveur dans ses prières. Il n’en croyait pas un mot et personne ne pourrait changer cela, quand bien même le petit Jésus ferait son apparition au milieu de son salon.

La prière terminée, De Bayard n’attaqua pas son assiette aussitôt. N’ayant lui même pas vraiment d’appétit, le Duc voulut faire mine de politesse en attendant que son invité prenne le premier sa fourchette. Alors les voilà à se regarder, dans le vague. Sa mèche grisonnante polluant son champ de vision, plus qu’autre chose. Quant au Chevalier, il était pensif, un peu lointain. Finalement, en revenant à l’instant présent, il le remercia de l’avoir écouté. Et Guillaume se contenta de légèrement incliner la tête.

Chacun toucha à son écuelle avec plus ou moins d’appétit. Le Duc chipota autour de sa viande, qu’il trouvait trop grasse. Seuls les légumes trouvèrent quelques faveurs, mais il les mastiqua avec lenteur. Par habitude, ou par punition, il mangeait peu, très peu. Le minimum pour le tenir envie. Souvent son ventre le tiraillait, le brûlait, le retenait éveillé. Néanmoins, il n’arrivait pas à manger, c’était presque une souffrance. Et plus les années passaient, pire c’était. Il avait toujours été mince, mais maintenant qu’il était vêtu de vêtements de noble, sa silhouette était très marqué, car il n’avait pas le loisir de la cacher sous d’autres vêtements plus amples. Est-ce qu’il avait conscience de tout cela ? Certaines voix, oui. Son reflet n’était pas toujours le même dans le miroir. Parfois il remarquait la maigreur de son buste, ses clavicules saillantes, sa peau manquant d’éclat. D’autres fois, il se trouvait simplement beau, un dieu grec dans toute sa splendeur…

Le Chevalier avait tout mangé, à grande vitesse. Tandis que le Duc regardait avec dégoût la viande au milieu de son assiette, il rendit les armes. Ce midi il avait mangé des légumes, son estomac s’en contenterait. D’un regard, il intima au serviteur présent d’apporter de nouveau le plat au Chevalier afin qu’il se resserve selon son bon vouloir. Et bien évidemment, il ne mettrait pas dans l’embarras le Duc en venant ensuite faire de même près de lui. Était-ce bien nécessaire de souligner son appétit de moineau alors même que son assiette était à peine picorée ?

L’avenir, l’avenir. C’était surtout de ça dont il voulait parler, oui. Pas de Philippe, pas de son propre passé, pas des mensonges qu’il servirait à tous lorsqu’on l’interrogerait sur son éducation, son enfance, où il a vécu, pourquoi dans l’ombre de son cousin… Avant de lui répondre, Guillaume se rinça le gosier avec un grande verre d’eau fraîche. Puis il plongea ses iris glacées dans celles de son invité.

- Comme je vous l’ai dit, je ne suis pas seul. J’estime, grâce à mes prédécesseurs et les liens qu’ils ont forgé, que la Bourgogne et moi-même avons le privilège d’être entourés d’hommes et de femmes honnêtes, désirants agir d’une même main.

C’est ça, c’est ça, brosse lui un peu sa mèche grise mal peignée.

- J’ai vécu dans l’ombre de mon cousin, pour diverses raisons. J’ai été tenu éloigné des affaires du Duché de Bourgogne, puisque ma nomination en tant que Duc était peu probable, même dans mon propre esprit. Je ne connais donc pas l’identité de tous ceux sur qui la Bourgogne peut compter en temps de paix, comme de guerre. Néanmoins, au fur et à mesure des jours qui passent, j’ai la chance de pouvoir m’instruire dans les écrits de mes prédécesseurs. Il me semble que les De Bayard ont autrefois été proche de la Bourgogne ? Et bien, je n’irai pas par quatre chemins… Puis-je toujours compter sur cette alliance ? Accepteriez-vous d’être mon allié, mon ami, afin que je sois plus serein pour gérer la Bourgogne et servir Sa Majesté ?

Mon ami… Je n’ai pas d’ami.
Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

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Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
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Mar 12 Oct - 14:46










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Les prunelles incisives du Duc traquent les siennes.

Par habitude, Aimable baisse les prunelles. Plongé dans ses pensées, il se contente d’effleurer la croix d’argent à son cou.

Guillaume n’a pas confiance. Il n’a peut-être pas de vrais alliés à lui présenter. Il ne se dit pas seul et pourtant, il n’a aucun nom à donner. Pourtant, les noms sont les étendards d’alliance, ils témoignent de la puissance d’une famille ou de son importance. De ses liens avec les autres, de ses commerces, des terres et du nombre d’armées qu’ils peuvent posséder. Depuis le début de leur conversation, aucune information pertinente n’a su filtrer des lèvres scellées de l’homme. La menace vampirique rôde, toujours, dans les alentours, sans cesse rappelée par l’Ouroboros.
Aimable garde les yeux mi-clos et c’est à son tour de laisser le silence prendre ses aises. Ulric n’a jamais souhaité s’encombrer d’alliances, toutes ces conversations avec la Haute Noblesse, il laissait Baptiste s’en charger. Et qu’est-ce que Baptiste lui avait appris ? A se méfier des paniers où glisser sa main. Plus encore quand leur intérieur est dissimulé.

C’est au tour d’Aimable de boire une gorgée de son verre, avant de le reposer dans un soupir.


_ En quoi votre nomination était peu probable ?


Les histoires d’héritages sont toujours complexes. Et étrangement, parmi les plus hautes catégories de la société, elles n’en sont que plus obscures. Les racines des plus grands arbres s’enfoncent profondément dans la terre – dans les cadavres de bien des secrets enfouis. L’Ouroboros s’agite, dans l’ombre, quand s’extirpent ses doutes. Méfiant, Aimable repose songeusement ses doigts sur la croix qu’il effleure. Cet homme… Se serait-il débarrassé de son cousin pour le remplacer ? Est-ce qu’un vampire est mêlé à l’histoire ?

Certains seraient capables de s’amuser avec les fils du destin. Ces immortels… Rongeant la société mortelle de leurs crocs avides, n’iraient-ils donc pas, à leur guise, éliminer un homme pour en mettre un autre à leur place ? Leur longue existence dévouée à la préservation d’une société à leur image. D’un monde rongé par ces créatures infernales. Et il a parfois la sensation d’être le ver qui ronge la pomme de l’intérieur. Il participe à ce fonctionnement vicié, poussé par cette rage viscérale, cette Voix qui veut DEVORER tous ces MONSTRES. Un frisson s’arrache malgré lui, son pouce effleure l’un des pics acérés de sa croix.


_ Les alliances ne s’héritent pas comme l’on hérite d’un titre. Elles sont le gage d’une famille envers une autre, un signe de confiance et d’entraides. Elles sont une promesse.


Et bien des personnes haut placées ne sont pas même capables de respecter leurs promesses. Aimable fait partie de ces misérables. Il ne parvient pas toujours à protéger ceux qu’il aimerait défendre. Son cœur se serre à cette pensée. Ses yeux effleurent les lèvres de Guillaume, avant qu’il ne reprenne de sa voix lasse et ferme à la fois.


_ Qu’est-ce que le Duc de Bourgogne peut offrir en échange de notre sang et de notre acier ? Qui d’autres vous a porté allégeance ? Vos alliés importent dans notre alliance.


Aimable se redresse légèrement sur son siège. Il se sent… étrangement… plus assuré. L’homme lui demande de l’aide. L’homme n’a pas d’alliés. Ou ceux sur lesquels il peut compter ne sont pas même cité. Est-il réellement en position d’infériorité ? Les De Bayard n’ont plus l’importance d’autrefois. Ils n’ont plus la richesse. Ils n’ont plus la puissance militaire, plus après que leur famille ait été balayée par les guerres. Leur chair a servi de terreau pour bien des Nobles comme le Duché de Bourgogne. Alors que veut le Duc ? Leur protection ? Leurs épées ? Les De Bayard sont connus pour être de redoutables guerriers. Aimable est l’un des derniers à pouvoir prétendre au titre de Chevalier. Mais il sait qu’après lui… Il y aurait Richard. Isabeau. Qu’accepter une alliance, c’est les lier, eux aussi, au Duc. Les contraindre à côtoyer ce monde dont les racines sont rongées par des morts – toujours errants. Toujours vivants.

Cette menace est un fantôme éthéré. Il sent sa présence sans le trouver. Le vampire est là, et il n’est pas seul, il s’accompagne d’une aura faite de dangers et de secrets. Le Duc a fait le choix de les enterrer, probablement pour sa sécurité. Sait-il que la terre n’est plus une gardienne digne de confiance ? Les Enfers sont plein, ils débordent, tellement que les créatures surgissent de toutes parts, que les manigances grouillent sous les blasons. Mensonges, vices, ce n’est plus dans la Haute Noblesse qu’on trouve l’honneur qui la qualifiait. Aimable est à leur image et malgré son désir de purger la société de ce mal, il y participe. Y penser lui arrache un discret soupir.


_ Nous n’avons pas de terres, ni de richesses à vous partager. Mais nous pouvons vous offrir notre bravoure et notre épée. C’est ce pourquoi je m’interroge sur les raisons de votre invitation. De quoi… Ou de qui souhaitez-vous vous protéger ?
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Jeu 14 Oct - 10:00
Dans l'antre du menteur
Sûrement peu satisfait des informations que concédait le Duc de Bourgogne à lui donner, le Chevalier de Bayard l’interrogea sur sa nomination au Duché, qu’il avait lui-même qualifiée de peu probable. Il voulait des miettes de son histoire montée de toutes pièces, soit, il en aurait.

- Vous n’êtes pas sans savoir que mon cousin était jeune et que la vie lui promettait en toute logique des héritiers. Néanmoins, l’Histoire nous aura appris qu’il faut savoir être prudent. Feu son père, le Duc Henri de Bourgogne, voyant l’ombre de la peste ravager la France, a préféré assurer une certaine sécurité au Duché. Quand bien même Philippe, lui, était en bonne santé, aucun mariage ne se profilait encore pour lui. Ainsi, avant son propre décès, il écrivit une lettre pour me désigner comme héritier de la Bourgogne, en cas de disparition de son fils, à la condition bien sûr qu’il n’ait pas encore fondé sa famille. Son père, ce grand homme, a été visionnaire si vous voulez mon avis, car à mon grand désarroi, la peste emporta mes deux cousines, laissant alors Philippe seul à la régence. Et la suite et bien nous la connaissons tous : point d’héritier et sa mystérieuse disparition. Je refuse de parler de décès, j’ai toujours l’espoir que nous apprenions une « bonne nouvelle » en le retrouvant. Mais quel menteur… Ainsi vous comprendrez qu’il semblait pour beaucoup improbable que je sois nommé Duc. Non seulement tous avaient espoir que mon cousin assure lui-même un héritier au Duché, mais en plus, je n’ai pas spécialement été élevé avec la prétention de devenir Duc. J’étais très souvent malade enfant, je n’ai pas reçu d’éducation à l’art de la guerre et de l’épée, j’étais assez mauvais élève et ne retenait rien des leçons de mes précepteurs et je vivais à l’écart de toute cette vie de politique, de cour. Lorsque l’on m’a annoncé la disparition de Philippe, non seulement j’étais peiné, mais également accablé par le fardeau que je devais endosser. Je savais, évidemment, qu’il existait une infime possibilité que je sois à la place du Duc de Bourgogne, mais de là à penser que cela se réaliserait…

Le Chevalier lui avait montré une facette protectrice de sa personnalité. Avec son récit, inventé de toute pièce et assuré par bien des documents de son cher faussaire, lui ferait-il pitié ? Lui inspirerait-il de la sympathie et du soutien ? Bien évidemment, Guillaume n’avait pas voulu verser dans le mélodramatique, ainsi point de larme (il ne pleurait jamais, de toute façon), point de trémolo dans la voix. Un récit concis, allant droit au but, avec juste ce qu’il fallait comme notes d’espoirs pour montrer qu’il désirait revoir son cousin et n’avait jamais espéré devenir Duc.

Devait-il voir un sermon dans les paroles de son invité, à ainsi lui « apprendre » que les alliances ne  sont pas un héritage, mais une preuve de confiance et une promesse ? Le Duc avait horreur qu’on essaye de l’instruire, que l’on se pense supérieur pour lui faire des cours de politique. Ce qu’il voulait, c’était suffisamment séduire la personne en face d’elle pour qu’elle cède à ses demandes, capricieuses, légitimes, simple ou plus difficiles. Tant que l’on allait dans son sens, tout allait bien. Mais que l’on essaye de le dominer sous couvert d’éducation et de bon sens, c’était horripilant. Néanmoins, il n’avait d’autres choix que d’écouter son invité, sans montrer son mécontentement, faisant preuve de patience.

Il voulait des noms, des promesses, des échanges. Et bien soit. Cela faisait partie de toute négociation après tout, il s’y était préparé. Chaque partie doit voir ses intérêts dans un échange de ce type. Quand bien même, Guillaume voulait toujours tout en sa faveur et que les autres se contentent de lui, dans toute sa splendeur.

- Je comprends que ma parole ne vous suffit pas, Messire. Et bien puisque vous voulez des noms, ma toute première réponse me vint tout droit du Marquis de Montluçat. Il m’assura de son allégeance sans peine, avant de me parler d’une étrange affaire de kidnapping au sujet de sa fille. Il faudrait que je puisse me dégager du temps pour lui envoyer mon aide, mais là n’est pas le propos. Le baron de Préssigny n’a pas tardé non plus à m’envoyer son soutien, m’assurant suivre la Bourgogne par tradition et par bon souvenir de mon cousin, dont il était un fervent soutien… Peut-être voulez-vous voir ces lettres Messire et vous assurez que je ne suis pas un menteur ?

Puisque le Chevalier était franc, autant l’être également. Et ainsi faire l’effet d’un miroir à ses propos, en se désignant menteur comme pourraient le sous-entendre certaines de ses questions, il espérait le déstabiliser. Il ne lui laissa pas le temps de répondre, désirant l’abreuver d’un flot d’informations, afin d’avoir la paix espérée.

- Je peux vous citer d’autres noms, si cela peut vous rassurer. Et je peux également vous dire que certaines de mes missives me sont revenues après un certain temps. Mon sceau encore intact, les destinataires ayant disparus notamment à cause de la peste. Même ici, l’administration est à revoir. J’espère avoir le temps de rapidement recenser les seigneurs encore de ce monde afin d’apporter à Sa Majesté des informations précises au sujet de la Bourgogne.

Maintenant, vint le temps des promesses et des échanges. Fort heureusement, Guillaume avait quelques arguments cachés dans ses manches, ayant eu l’occasion d’en apprendre plus sur les De Bayard.

- Je peux vous proposer un soutien et une amitié sincère. Je ne vous demande pas de verser du sang pour la Bourgogne car je ne cherche pas la guerre. Simplement, j’aimerais savoir qu’en ces terres, il y a des hommes et des femmes sur qui je peux m’appuyer, à qui je peux souffler mes doutes et obtenir des conseils en échange, une amitié tout simplement. Je pourrai vous fournir en armes et équipements, en vin si c’est votre boisson favorite. Nous en avons du très bon sur les terres de Bourgogne et je ne serai pas peu fière de vous en réserver. J’ai également appris que votre sœur est abbesse. Corrigez-moi si je me trompe ? Si cela n’est pas une erreur de ma part, je pourrai investir des fonds pour l’aider dans sa cause. La foi et la propagation de sa lumière me tiennent à cœur.

Mais quel menteur ! Riait la voix d’Édouard.

Puis, plissant les yeux, il décida de répondre à son ultime question. Cela n’était pas totalement étrange de la part du Chevalier de vouloir connaître ce qui pouvait bien l’effrayer. Néanmoins son insistance, avec ses propos précédents, c’était tout de même curieux.

- J’ai peur de la guerre, de la maladie, des épidémies, de la famine, du jour où Sa Majesté réouvrira les frontières avec les autres pays… Je souhaite naturellement me protéger de tout cela, comme vous, je présume.
Aimable E. De Bayard
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Aimable E. De Bayard
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Ven 19 Nov - 11:48









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Aimable écoute.

A son habitude. Les mains reposées sur la table, jointes entre elles, les épaules légèrement voûtées, ses yeux suivent songeusement les cicatrices qui parcourent ses mains. Porteuses d’histoire, elles aussi. Car certaines d’entre elles ne peuvent s’expliquer par les mots – elles ne peuvent que se vivre.
Le récit de son interlocuteur est d’une précision chirurgicale. Il ne semble guère y avoir d’ombres sur cette succession et il s’étonne de n’entendre aucune peine, aucune inquiétude, dans sa voix. A croire qu’il attendait cette succession. Guillaume rappelle la mystérieuse disparition de l’ancien Duc de Bourgogne et Aimable détourne légèrement les prunelles. L’ombre du vampire rôde toujours, dans sa conscience – elle a suscité l’intérêt de la Voix, qui retrousse ses babines.

Méfiance, susurre-t-elle, Méfiance.

Aimable ne sait rien de ces créatures. Ni de leurs capacités, ni de leurs liens avec leur possible calice. Tout ce qu’il sait, c’est qu’elles sont mortes et qu’elles vivent. Qu’elles ont des yeux d’un rouge, d’un rouge comme le sang dont elles se nourrissent. Instinctivement, ses yeux s’éloignent vers les ombres de la pièce. Pourtant, il sait qu’il n’y a rien. Il sait qu’il n’y a qu’eux.

Mais cette odeur imperceptible reste prisonnière de son crâne. Il sent, sans sentir, cette fragrance glacée incarnée sur sa peau, la présence éthérée du vampire.

Improbable qu’il soit nommé Duc, hein ? Cette disparition était bien arrangeante. Comment se fait-il qu’Henri de Bourgogne ait opté pour lui ? A ce qu’il dit, il était souffrant, enfant. Il n’avait reçu aucune éducation à l’art de la guerre et vivait à l’écart de la cour. Comment Henri avait pu le choisir ? N’y avait-il pas d’autres prétendants ?

S’il n’y avait pas eu la Voix, Guillaume aurait su attiser la compassion du Chevalier. Aimable lui aurait assuré son soutien, qu’il veillerait à ce que son règne se déroule pour le mieux. Mais l’Ouroboros est là. L’Ouroboros crie Vampire, une nouvelle fois, et Aimable pense à tous ces morts qui hantent les rangs de la Haute Noblesse. Est-ce une Cour… Ou un cimetière ? Guillaume se fait-il manipuler ? Est-il un serviteur ou n’a-t-il pas conscience des liens qui l’unissent au monstre ?

Aimable tourne ses prunelles vers son interlocuteur à la mention du Marquis de Montluçat. Se déplacerait-il pour retrouver sa fille ? Etonnant. Les Ducs ont tendance à envoyer leur Chevalier, mais peut-être se contenterait-il d’assurer son soutien, de manière physique, à son allié. A la proposition de Guillaume, Aimable répond d’un mouvement de tête négatif, élevant les doigts pour signifier son refus.


_  Je vous crois.


Sur ces réponses en tous cas. La présence de noms vrais, existants, attestent de la véracité de ses propos. Guillaume ne se risquerait pas à mêler des personnes de la Haute Noblesse, sachant que le Chevalier aurait l’opportunité de les rencontrer et d’en discuter avec eux.

Plus l’homme déblatère, plus les réponses du Chevalier s’écourtent. En temps. En mots. Mais non pas en attention. Son esprit dissèque les informations, se débarrasse de celles qui ne l’intéressent guère, la Voix le mord ou referme ses mâchoires sur des mots qui suscitent son attention. Ce Marquis, ce Baron, sont-ils les vampires ? Peut-être. A vérifier.

Quand Guillaume mentionne d’autres disparitions, Aimable se retient de sourire. Toutes ces morts ne sont-elles pas pour arranger le jeune Duc ? Les lettres revenues intactes ne servent-elles pas à le disculper de quelconque accusation ? Enfin. Ce n’est pas à un homme comme lui de mener l’enquête. Et pourtant… Il se sent responsable.

Avoir connu Philippe. Avoir notion de ce vampire qui rôde. Il se sent impliqué. Le visage du Chevalier reste grave et attentif, aucune émotion ne trouble le sérieux de ses traits. Côtoyer Aimable, c’est s’habituer à ce qu’il ait toujours le poids du monde sur le dos.

Aux mentions d’un soutien et d’une amitié sincères, il baisse plus encore les yeux. Comme penaud ou intimidé. En réalité… Il se sent coupable de douter de lui. Il pense à son accueil chaleureux, à ses réponses bien construites, au repas qu’il lui a off – VAMPIRE ! Martèle la Voix. Il en a la migraine et retient une grimace.

A la mention de sa sœur, ses – leurs yeux – se plantent quelques secondes dans les prunelles de Guillaume. Ses épaules se sont déjà redressées. L’homme est alerté. Comme un fauve prêt à bondir. Pourtant, en un battement de paupières, il retrouve l’apparence qu’il a toujours eue.


_ Ma sœur… Oui. Elle est abbesse.


Peu de personnes ont osé émettre un avis négatif sur la De Bayard, pas en présence d’Aimable ou de son frère. Il espère que Guillaume ne s’avisera pas à s’égarer sur ce chemin périlleux – celui de sa sœur qui a refusé son mariage pour se dédier à Dieu. Aucun des frères n’a protesté ou ne s’est opposé à son choix. Au contraire.

La perte de Gwendoline reste une plaie bien assez profonde pour eux tous.


_ Devons-nous craindre une guerre ? Et que craignez-vous des terres étrangères aux nôtres ?


Aimable demande, d’une voix plus lente cette fois. Ces syllabes, il les a prononcées avec lassitude mais aussi, une inquiétude. La conscience d’un danger qui n’est pas des plus éloignés. Les Humains devraient-ils s’unir contre les engeances démoniaques ?

Quant à ouvrir les frontières de la France, Aimable n’est pas inquiet. Il a côtoyé @June Van Heil, un jeune homme au courage et à la volonté exemplaires. Bien qu’il soit de Suède, il n’en reste pas moins un garçon admirable. Sa route a aussi croisé celle d’@Aydos Habsbourg, pour lequel il n’en retire qu’une neutralité pataude et bienveillante. Il y a aussi @Calla… La cousine de son meilleur ami. Non. Les terres étrangères ne lui font pas peur.


_ J’entends ce que vous avez à nous offrir et vous en suis reconnaissant. Je transmettrai votre proposition à ma sœur, @Hildegard C. De Bayard, ainsi qu’au reste de ma fratrie : cette décision n’implique pas seulement moi, mais le reste des miens.


Dont ses enfants. A cette pensée, sa main s’élève vers la croix qu’il garde autour de son cou. Devait-il parler de Marie ? De son orphelinat ? Hildegard lui transmettrait probablement des fonds, si le Duc respectait sa parole.

Devait-il accepter une alliance ? Il lui était difficile de donner sa confiance, plus encore car cette union pouvait grandement bénéficier à sa famille... Ou lui nuire. Etait-ce l'occasion de traquer le vampire que côtoyait Guillaume, ou celle de s'écarter de lui ?
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Ven 19 Nov - 23:17
Dans l'antre du menteur
Trois petits mots. Il le croyait. Guillaume restait tout de même sceptique vu le nombre de questions que le Chevalier lui avait posé. Pour se rassurer ? Pour le piéger ? Pour comprendre ? Qu’importe. Le Duc resterait méfiant avec cet étrange bonhomme à la mèche grisonnante. Il semblait souffrir d’absences, de pensées absorbantes, d’une grande imagination, de questions intempestives… Heureusement que Guillaume avait besoin d’asseoir son pouvoir, autrement il n’aurait pas fait davantage d’effort avec cet homme. Il se contenterait pour le moment de ses paroles et les lui jetterait au visage s’il redevenait suspicieux et intrusif.

- Nous devons nous préparer à toutes les éventualités : une guerre contre une autre nation, une guerre civile, la famine, une épidémie, la paix... Nous ne savons pas de quoi est fait demain, alors se préparer au pire c’est mieux l’affronter.

Il avait l’impression de parler comme un précepteur à un enfant. Le Chevalier devait pourtant se préparer à être mobilisé pour la France en cas de conflit ? Enfin, le Duc ne lui apprenait tout de même pas la vie ?

- Si Sa Majesté ouvre progressivement les frontières avec tous les pays nous entourant, au vue de la position du Duché de Bourgogne, je m’imagine subir des allers et venus incessants de population et tout ce que cela peut entraîner.

La simple évocation du sujet le désespérait et il n’avait pas franchement envie d’en dire davantage. La position de la Bourgogne était propice aux envahisseurs, notamment. Il aurait horreur de voir ses terres envahies, le théâtre de guerres, prise d’assauts par des sauvages étrangers. L’air très fermé du Duc sur le sujet devrait permettre au Chevalier de comprendre qu’il ne souhaitait pas davantage s’étendre sur le propos.

Le repas continua et le balais des domestiques apportèrent le fromage puis le dessert, servant en premier le Chevalier, comme l’avait exigé le Duc. Ce dernier se servit une poire qu’il éplucha avec lenteur, écoutant son invité lui confirmer la position d’abbesse de sa sœur. Guillaume n’avait aucun avis à ce propos. Une femme qui se dévoue à Dieu à autant d’intérêt à ses yeux qu’un homme empruntant cette même voie : aucun. Mais pour le jeu de la politique et de la bonne réputation, il ferait mine d’y être sensible, de partager un peu de ses richesses pour la bonne cause et peut-être que cela le rendra un peu plus appréciable aux yeux de certains.

Le Duc acquiesça lorsqu’Aimable lui promis de transmettre sa proposition à sa sœur. Peut-être qu’un jour l’abbesse lui enverrait une missive pour prendre contact et lui faire part des projets en lien avec sa foi. Il faudrait faire preuve d’un faux intérêt pour la religion et allonger l’argent, mais si cela peut lui permettre d’avoir en partie l’Église dans sa poche et de grappiller des bons commentaires à son égard, voire même que cela remonte aux oreilles de Victoire de France…

- Évidemment, prenez le temps de la réflexion et discutez-en avec vos proches. Je ne voudrais pas que vous pensiez que je vous mets un couteau sous la gorge ou qu’un décompte est en cours. Vous me donnerez votre réponse en temps voulu et si elle est négative, je suis tout à fait apte à entendre que votre famille ne désire pas s’allier avec moi.

Il était apte à l’entendre, mais certainement pas à ignorer sa rancœur. Enfin, il se gardait bien de le lui dire, lui laissant l’illusion du choix et du libre arbitre. Pour le rassurer, il lui adressa un petit sourire. Rien de trop franc pour ne pas paraître hypocrite.

Le repas était arrivé à son terme et le Duc proposa à son invité un énième rafraîchissement, selon son désir. D’autres mots furent échangés, mais il semblait que l’essentiel avait déjà été dit, discuté, commenté. A vrai dire, Guillaume avait bien trop vu cette vilaine mèche grisonnante et espérait que son invité ressentirait le besoin de penser à tête reposée à toute leur conversation, à réfléchir à cette alliance et donc à quitter les lieux. Après tout, il le lui avait dit, sa porte n’était pas verrouillée, il avait l’occasion de partir dès qu’il le désirait. Car Guillaume n’était pas du genre à séquestrer ses invités, d’autant plus qu’en principe, il ne parvenait à les supporter qu’un temps donné. Et sa tolérance à la présence d’un étranger dans sa demeure commençait à dangereusement s’estomper. Fort heureusement pour lui, le Chevalier fut capable de lire l’atmosphère ambiante et de prendre la poudre d’escampette, juste à temps, pour ne pas avoir affaire à un Guillaume plus désagréable que d’habitude.
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