Violet enfila ses jupes et sera bien son corset. Elle trouvait ces choses gênantes, et elle se demandait pourquoi les femmes en portaient, mais peut-elle commencer à s'y faire. Si c'était le prix pour rester dans l'anonymat et se fondre dans la foule, elle était prête à le payer. Une fois habillée, Violet s'empara de ses bottes de voyages usées et de son baluchon remplis d'affaires et de vivres pour les trois jours de voyage qui l'attendaient.
En sortant de sa petite maison, Violet se retourna une dernière fois, elle était plutôt réticente à quitter sa demeure pour la capitale, mais elle avait besoin d'herbes à cultiver. Avec sa vue qui s'aggravait de jour en jour, elle ne pourrait bientôt plus aller dans la forêt aussi profondément qu'avant pour récupérer les plantes. Un jardin serait donc parfait.
Violet rabattit la capuche de sa cape et s'engagea sur le chemin de pierres. Elle ne pouvait pas voir très loin devant elle a cause du flou qui lui barrait la vue, sa vue de loin était terrible, mais en s'approchant elle arrivait mieux à distinguer ce qui l'entourait, ses yeux n'étaient pas encore devenus totalement inutiles après tout. Pour le reste de son voyage elle fit du stop, et s'arrêta devant les panneaux pour être sure de ne pas s'égarer.
Au bout de trois jours de voyage plutôt calme, Violet distingua au loin une silhouette, celle de la ville. Une fois proche, elle put entendre les gens parler, bouger et se bousculer. Avant d'entrer, elle prit une grande inspiration pour se détendre, elle détestait les endroits bondés comme ceux-là. Mais quand il fallait y aller!
Tant bien que mal, la jeune femme se faufila à travers la capitale, en évitant d'approcher de trop prêt les habitants de la ville et surtout les rares hommes de Dieux qu'elle pouvait voir dans la rue.
Sans trop se poser de questions, Violet se dirigea vers le quartier marchand, c'est surement là-bas qu'elle trouverait son bonheur. Mais malheureusement avec sa vue qui lui faisait défaut, elle se perdit vite. La jeune femme du se résoudre à demander à un passant. Elle lui demanda d'une voix douce et avec un accent Italien notable, ou se trouvait l'apothicaire. Avec l'aide de l'inconnu Violet réussi a trouvé la boutique,. Avant d'entrer elle remercia l'inconnu d'un signe de tête.
En poussant la porte de la bâtisse, une cloche se fit entendre, surement pour prévenir le gérant qu'un client était entré. A l'intérieur elle retira sa capuche et se dirigea vers ce qu'il lui semblait être le comptoir. Mais il n'y avait personne. Violet n'eut pas le temps de se poser des question lorsqu'elle vit une silhouette se déplacer, elle était grande, voir immense, mais sans oublier la raison de sa venue, elle se tourna vers, ce qu'elle supposait être un homme, pour lui demander :
- Bonjour, vous devez être le gérant. Je cherche les pousses de certaines plantes, on m'a dit que je trouverais mon bonheur ici.
Se lever le matin, se tirer hors du lit à force de grognement, trouver ses habits pour les enfiler, et se déplacer lentement, progresser jusqu’à la porte d’entrée pour commencer définitivement la journée en permettant à une horde d’étrangers d’envahir son espace personnel. Tel était les composants des journées d’Eliandre. Heureusement ladite horde d’étrangers n’était pas si imposante que ça et il le savait. Quelques aller et venues au cours de la journée qui serai suffisante pour l’ennuyer au cours d’une préparation mais rien d’autre. Les gens, étrangement, ne s’attardaient pas chez lui.
Que faisait-il en dehors alors ? Actuellement, il se trouvait devant ses armoires, ses doigts passant doucement sur les surfaces en bois sur lesquelles il avait fait des entailles pour pouvoir se repérer. Rien d’extraordinaire mais suffisant pour qu’il se décide soudainement à en ouvrir un, glisser ses doigts dans l’ouverture pour retirer quelques feuilles et refermer le tiroir sans un bruit. Installé à son comptoir après être passé sous les couronnes de plantes attachées ci et là pour sécher, il était en train de trier les quelques feuilles qu’il avait récupéré lorsqu’un tintement bien connu ne le fasse hausser un sourcil.
- Lui-même, grogna-t-il lorsqu’on le « reconnu » comme propriétaire.
Il ne daigna pas lever la tête ni s’arrêter dans son ouvrage, tandis qu’il entendait clairement la porte se refermer derrière le client qui venait de rentrer, à peigne daigna-t-il se redresser, histoire de.
Il s’autorisa un léger reniflement, vaguement méprisant quant à cette description plus que vague qui lui fut donnée. Ses doigts arrêtèrent de glisser contre le rebord des feuilles tandis qu’il se laissait en arrière contre le dossier de son fauteuil, son dos protestant mollement contre le fait d’être courbé 90% du temps.
- Probablement, je suppose.
Pour autant, il savait, se doutait, que si la demoiselle venait spécifiquement chez lui, c’était qu’il recherchait des graines spécifiques. Si elle lui sortait le nom d’une plante commune, il n’était pas vraiment sûr de bien le prendre. Encore moins si on lui demandait des légumes.
- Vous voulez quoi ? Le nom de la plante je veux dire, ronchonna-t-il.
Il ne se leva pas, pas tout de suite, pas avant de savoir.
@Violet
Bien sur que l'homme voulait savoir quelles genres de plantes elle recherchait. Grognant mentalement a la pensée de devoir parler, Violet lui répondit tout de même.
- Je voudrais des graines d'Oxalis, de Clintonie boréale, de Savoyane, de Trille Rouge, de Sabot de la vierge, de Salsepareille, de Gaulthérie couchée, de Gaillet accrocheur, de Verveine, et d'Impatiente du cap. Une dizaine de chaque... s'il vous plait.
Elle s'approcha ensuite de l'homme, pour lui tendre un morceaux de papier, ou était inscrit tout ce qu'elle voulait au cas ou il oublierait l'une des plantes qu'elle avait demandée. Alors que Violet s'approchait du vendeur, et que sa vu devenait plus nette, elle se pencha et remarqua le regard de l'homme. Complètement vide. Elle avait l'impression de voir ses propres yeux lorsqu'elle se regardait dans une glace. Elle plissa les yeux, et sortirent de sa bouche des mots qu'elle ne pu retenir :
- Vous êtes aveugle n'est-ce pas ?
Violet n'aimez pas les gens, c'était un fait bien connu des villageois qui vivaient dans le village non loin de sa maison. Mais a l'instant, elle ne se sentait pas différente de n'importe quelle personne, car l'homme devant elle ne pouvait pas la voir, ni la juger sur son apparence. De plus il pouvait comprendre ce que cela faisait de perdre la vue. Et dans un sens Violet se sentait en sécurité? Quelle ironie, se sentir en sécurité, si loin de chez elle.
- Je suis désolé j'ai surement été rude. Si vous avez besoin que je vous répète ma demande vous n'avez qu'a demander.
D'habitude elle ne se serait pas excusée, mais elle se sentait étrangement coupable, surement car l'homme lui rappelait elle même. ce n'était pas par pitié qu'elle s'excusait, mais par compréhension.
L’herboriste hausse un sourcil devant la soudaine liste de plantes qui lui fut donnée. Lentement, il releva une main pour venir gratter sa joue, pas certain d’apprécier que la majorité de ses plantes avaient une utilisation culinaire plutôt que médicinal. Est-ce qu’il avait une tronche de marchand de légumes ou de plantes à mettre dans le potage ? Il eut la décence de rester silencieux sur ce point cependant. Il reconnaissait que certains noms pouvaient indiquer que la personne avait autre chose en tête qu’une soupe… il devait aussi reconnaître que certains noms étaient... Exotiques.
- Z’êtes perspicace… fit-il, dans un cynisme évident, le visage toujours aussi neutre, lorsque sa cécité fut évoquée.
Il farfouilla un instant, tirant des petits sacs d’un tiroir. Il se redressa finalement totalement, quittant son siège pour retourner vers les armoires présentes dans le fond de la pièce. Les doigts retournèrent effleurer doucement les surfaces en bois et les divers tiroirs, commençant à en ouvrir certains, farfouillant un temps à l’intérieur pour en tirer les graines demandées. A chaque tiroir une plante, à chaque plante un sachet comportant les précieuses semences. C’était ainsi.
- Oxalis, Salsepareille, Gailler, Verveine et Gaultherie venant tout droit de son pays d’origine, énuméra-t-il tandis qu’autant de petits sachets trouvaient leur place sur le bureau entre client et vendeur.
Il réfléchit un instant, cherchant dans sa mémoire les quelques plantes qu’il n’avait pas apportée. Il ne pensait pas en oublier mais il savait qu’il se ferait rappeler à l’ordre si nécessaire.
- Le reste ne sont pas de plantes que l’on trouve facilement, voire pas du tout. Je n’ai pas Clintonie, ni de Trille rouge. Je n’en connais pas les vertus thérapeutiques, s’ils en ont.
Il réfléchit un peu plus, le silence étant quelque chose de rassurant en une sorte. Certains noms n’étaient pas communs et il devait farfouiller un peu plus dans sa mémoire pour retrouver les connaissances associées et pouvoir donc réagir en conséquence.
- Pour les autres, je peux vous en proposer des alternatives. Des Renoncules pour votre Savoyane, de l’Aneth pour le Sabot d’la Vierge.
Equivalent en therme de soin et, parce qu’il était quand même quelqu’un d’une extrême gentillesse, ça pouvait aussi être utilisé en salade. Sa bonté le perdra. Peut être que les excuses en étaient l’origine.
- J’ai aussi de l’impatience, mais pas exactement cette variété. A vous de décider.
Non il ne voulait pas de pitié, pas plus qu’il ne portait d’importance réelle à la personne en face de lui. Il savait que certaines plantes n’étaient pas non plus destinées à soigner, certains fruits étant toxiques, mais à moins d’être directement interrogé à ce sujet… Enfin bref.
@Violet
Violet regarda l'homme s'affairer avec dextérité malgré sa cécité. Il lui apporta bientôt plusieurs sacs emplis de graines. La jeune femme vérifia tout de même si les graines étaient bien les bonnes au fur et a mesure ou l'homme énoncer le nom des graines qu'elle le lui avait demander. Mais il manquer tout de même certaines graines, alors qu'elle allait demander a l'homme si il n'en avait pas, ce dernier lui parla justement des dits graines manquantes.
- Je vois, la trille rouge je m'en sert pour des concoctions et des tisanes pour aider les problèmes, je dirais... de femme de mes clientes, cela réduit la douleur. Pour ce qui en est de clintonie boréale, elle est très efficace en onguent pour soigner les brulures et les piqures d'insectes. Donc si part hasard vous avez des plantes avec les même vertus cela m'arrangerais, sinon ce n'est pas bien grave j'en trouverais bien en foret.
Pour ces autres plantes le vendeurs lui proposa des alternatives car il n'avait pas la variété demandé, pas que cela gêne particulièrement Violet, tant que les plantes avaient les même effets tout allait bien.
- Cela ne me gêne pas, je vais les prendre. Pour ce qui est de l'impatiente, ce n'est pas grave a la place je pourrais plutôt avoir Impatiens balsamina, c'est une plante importé d'Inde dont les propriété médicinales permettent de calmer les douleurs de rhumatismes et soigner les inflation. Si vous en avez pas ce n'est pas grave j'ai surement assez de plante pour ce que je veux en faire.
Violet attendit que le vendeur place ses dernières graines avant de sortir sa bourse. Cette dernière était pleine grâce au achats récent de May, il avait bien fait de garder cet argent pour les plantes.
- Combien je vous dois?
Demanda Violet après la vérification des graines.
Ha. Il devait reconnaître qu’il s’était fourvoyé pour le coup. Visiblement la personne qu’il avait en face de lui (et c’était d’autant plus perturbant pour lui qu’il n’arrivait pas à déterminer si c’était une voix féminine ou masculine) s’y connaissait assez pour demander des fleurs dans un but bien précis, qui n’avait rien de culinaire. Haaa on dirait bien que pour une fois il avait laissé ses mauvaises habitudes et ses préjugés sortir le pire qu’il pouvait offrir. Ne commencez pas à la question sur ce que pouvait être le meilleur, je vous prie.
- Laissez-moi réfléchir… fit-il plus doucement, tandis qu’il cherchait dans sa mémoire
Ce n’était pas quelque chose qu’on lui demandait souvent. Les femmes étaient plutôt prudes à ce sujet mais il ne les blâmait pas pour le coup. Il savait que peu de gens appréciait de parler de ça, et il préférait s’amuser des tentatives plus ou moins maladroites pour lui faire comprendre ce qu’elle désirait… Quand elles osaient venir ici pour ça et quand elle ne repartait pas avant qu’il ait totalement compris.
- J’ai de l’achillée ptarmique ou des décoctions pour le premier cas… Quant à la seconde, de l’huile d’amande douce fera l’affaire. Sauf si vous me parlez de brûlures plus importantes, et là… des cataplasmes de Parisette ou de la Mésembrianhtème.
Le vendeur se détourna un instant pour récupérer les plantes nommées plus tôt qu’il ajouta à celles déjà présentes sur le comptoir.
- J’aimerais vous donner ce que vous voulez, malheureusement les plantes ont tendance à ne pas supporter les voyages aussi longs ou à ne pas apprécier des terres différentes de leurs origines. Avez-vous eu l’occasion d’étudier des plantes étrangères ?
Heureusement que la France était un beau pays, pas mal fourni elle aussi en plantes curatives. Des équivalents furent posés, et un prix global donné pour toutes ces plantes. Il ne poserait pas plus de question mais son humeur était définitivement meilleure maintenant qu’il avait une vague idée des utilisations. Comme quoi, il ne lui en fallait pas tant que ça, en fin de compte.
@Violet