Ven 5 Mar - 16:26
Il sort de la bibliothèque, satisfait d’avoir rapporté l’épais ouvrage qu’il avait emprunté quelques jours plus tôt. Il se félicite de l’avoir terminé et d’en avoir compris l’essentiel. Bien entendu, cela ne traitait guère de politique ou d’économie. C’était un simple conte pour enfants qui l’aidait à s’endormir et à habiller ses rêves la nuit.
Il fallait au moins ça pour tenter de vaincre les derniers spectres hantant ses songes depuis l’attaque d’Eulalie. Heureusement pour lui, savoir Scar dissimulé quelque part, à veiller sur lui, l’a grandement soulagé.
Il redresse le nez devant lui, constatant qu’il y a pas mal d’agitation à cette heure de la journée. Basile est toujours curieux de la vie au palais. Il aime observer les servants et les chevaliers ; il en apprend beaucoup sans avoir à déranger qui que ce soit.
Son regard se balade sur les personnes qu’il aperçoit à proximité. Ses yeux dorés finissent par s’attarder sur une figure en particulier. Et pas n’importe laquelle. Antoine de Berr, représentant de la Sainte Eglise. Un haut dignitaire aux yeux de l’enfant qui, déjà, s’émerveille de cet illustre personnage sans pour autant le connaître officiellement.
Basile l’observe un long moment, n’osant ni l’approcher ni ne sachant comment l’aborder. Comparé à sa mère, le prince n’a pas autant d’importance. Ou, tout du moins, à cet âge, il ne pèse pas bien lourd dans la balance, à son humble avis. Il ne comprend même pas encore le sens de tous les préceptes qu’il apprend de la Bible pendant la messe.
Mais le jeune prince est, pourtant, déjà bien assez grand pour comprendre qu’il est important d’entretenir ses relations. Et Basile serait bien aise de converser avec des représentants de l’Eglise. Très croyant, il serait ravi de compter un ecclésiastique parmi ses relations et personnes de confiance. Enfin, dès l’instant où l’on véhicule la parole de Dieu à ses petites oreilles, Basile ne peut qu’avoir confiance.
Il prend finalement son courage à deux mains pour s’avancer vers l’adulte. Et plus il se rapproche, plus il lève la tête. Par tous les saints, pourquoi est-il si grand ? Le sera-t-il aussi un jour ? Au moins autant que lui, il l’espère. Toujours est-il que cette différence de taille entre eux, de plus de trente centimètres, ne fait qu’accroître la timidité du jeune prince. Et pourtant, il sait bien que c’est bien naturel ; il n’a que douze ans. La majorité des personnes du palais sont fatalement plus grandes que lui. Pourquoi donc se focaliser sur ce détail précisément aujourd’hui ?
Il déglutit, s’arrêtant à un petit mètre du jeune homme. Et il ignore tout bonnement quelle est la bonne manière de saluer un représentant du pontife. Sa bouche s’entrouvre, ses joues s’empourprent, le voilà temporairement muet. D’habitude, les membres du clergé qu’il rencontre ne sont ni plus ni moins que le curé procédant à la messe, ou à celui le recevant en confession dans ses quartiers privés.
Et cet Antoine de Berr, est-il un prêtre ? Un évêque ? Quelle est la différence entre lui et le grand Cardinal ? Ah, il ne sait pas, et il en a bien honte. C’est quand ses prunelles rencontrent les siennes qu’il semble être libéré de ce léger blocage. Il porte une main à son cœur, inclinant légèrement l’échine pour le saluer avec tout le respect qu’il mérite et qu’il inspire au jeune prince.
« J-je vous salue, Monsieur. » Il se redresse bien vite en entendant le petit toussotement d’un de ses gardes à quelques pas. Peut-être s’est-il réellement trompé sur la manière de saluer son interlocuteur ? A moins que ce ne soit qu’une coïncidence. « C’est un honneur pour moi de vous rencontrer ! » Doit-il se présenter, ou connaît-il son identité ? Trop de questions qui se bousculent dans son esprit enfantin. « Je suis Basile de France, dauphin de la couronne. Accepteriez-vous de faire quelques pas à mes côtés ? »
Il a tellement de questions à poser, d’interrogations restées sans réponse. Basile est très curieux, très gourmand de connaissances en tout genre. Et s’il peut avoir quelques informations sur comment bien agir et se comporter afin de satisfaire Dieu, il n’est que plus impatient d’apprendre et d’appliquer.
« Êtes-vous en attente d'une audience avec Mère ? »
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