Un petit ange, diront les uns.
Il ne survivra pas bien longtemps, parjurent les autres.

Basile est un petit agneau livré à la meute carnivore qu’est la célèbre cour de France. A bien y regarder, et malgré son jeune âge, il y a matière à se demander les raisons de sa présence entre ces illustres murs.

Sa condition de prince, dusse-t-il être en partie de sang germanique, est naturellement l’explication légitime à cette question.
Pour autant, il ne transpire de lui rien de bien royal, rien de majestueux.

Basile est un garçon calme et discret ; trop sans doute. On entend assez rarement le son de sa voix en public. De nature timide, il n’a guère le courage de prendre la parole devant une assemblée quelconque. Ceci dit, on ne le verra pour autant jamais fuir par peur, par angoisse. Et Dieu seul sait à quel point elle s’immisce si aisément en lui lorsque la foule de rapaces aux serres de rubis et d’or s’emparent de lui comme d’un vulgaire morceau de chair à dépecer.

Le prince est souvent assimilé à une proie facile, à un être faible ; il est assez chétif pour ses 12 ans, bien qu’il soit un peu plus grand que ses pairs du même âge. On lui prête aisément une réputation d’enfant malade en raison de sa peau trop claire, et de sa manie à s’emmitoufler dans des couvertures pour rester au chaud. Basile n’y prête pas attention, comme il le lui a été conseillé de faire.

Basile est également bon ; dans ses gestes, ses paroles, ses sourires. Il se soucie énormément du monde qui l’entoure. Très pieux, comme son père a pu l’être avant lui, il va se confesser régulièrement. Là encore, pour tout et pour rien. Au grand amusement de certains. Basile a une crainte immense que les portes du paradis lui restent fermées en cas de faux pas.

Et il compte tout aussi bien garantir sa place aux côtés du Seigneur ainsi que celles de sa sœur aînée et de sa très chère et tendre mère. Il voue pour sa mère un amour inconditionnel, et presque tout autant pour sa sœur. Pour elles, il serait capable de tout.

Mais même si l’amour de sa famille l’enveloppe dans un doux réconfort, il souffre énormément de sa solitude. Sa sœur ayant de grands rêves de liberté, et sa mère ayant bien assez de responsabilités, il n’a guère plus d’autres contacts. Rien qui ne s’apparente à de l’amitié pure et simple. Il envie énormément les quelques écuyers de son âge qu’il voit depuis ses fenêtres et qui semblent s’amuser. Il rêve d’un ami à qui il pourrait confier ses secrets, à qui il pourrait se confier, et à qui il pourrait confier sa vie les yeux fermés.

Il ne s’exprime pour autant jamais sur le sujet.

Il n’a aucune connaissance du monde tel qu’il l’est réellement.
Les vampires, les loups-garous, les sorcières… Ce ne sont que des monstres présents dans les livres qu’il lisait en étant enfant.
S’il savait…

Trivia

Il aimerait faire des câlins à sa mère tout le temps • il a une profonde admiration pour sa sœur • il n’aime pas trop les entraînements avec le maître d’armes • il préfère passer son temps à la bibliothèque • ou à l’église • il aime le gibier • il n’a jamais mis les pieds hors du château • il rougit facilement • c’est un Verseau • mais il peut pas utiliser l’Exécution de l’Aurore • il a un bon feeling avec les oiseaux en général • il a un faible pour la tarte aux pommes avec un peu de cannelle • et une tasse de chocolat chaud • il aime être utile et aider son prochain • il est assez instinctif et spontané malgré sa timidité • il n’est pas encore engagé maritalement parlant, mais compte tenu de son âge, ça ne saurait tarder • il regrette de ne pas avoir d’amis • bien qu’il ne soit pas très doué au maniement des armes, il rêve assez souvent du courage de ses aïeuls et caresse, quelque part, l’espoir de leur faire honneur.




Le jour de sa naissance, les nuages saupoudraient de la neige sur tout Brandebourg. Il y avait un froid mordant. Basile ne se souvient évidemment pas de sa naissance, mais il sait toutefois qu’elle s’est déroulée sans encombre.

Son père était bien plus vieux que sa mère, mais la différence d’âge ne l’a jamais troublé. Il s’agissait de son père, et de sa mère. Il n’avait pas besoin de savoir autre chose. Il aimait l’un comme l’autre.

Son père, fort comme un bœuf, sage et tendre, à ses yeux d’enfant. Sa mère, belle et courageuse, douce et aimante, à son cœur enfantin.
Sans compter ses demi-frères, tous plus grands et plus forts. Des héros aux milles batailles, dans son imagination débordante. Et sa sœur, sa précieuse Eulalie. Une princesse dans une tour, un courant d’air déplaçant des milliers de petites fleurs et cet air entraînant, inspirant.

Basile a une imagination débordante. Il rêve de chevaucher avec son père sur des hectares et des hectares. De partir à l’aventure sur un grand bateau -les adultes parlent de navire- et de trouver les trésors des pirates. Il s’enivre des contes qu’on lui lit avant de dormir, boit les récits de son père.

Il court dans les couloirs, fait mine de servir d’un bâton comme d’une épée. Il se cache jusque sous les jupons de sa mère pour échapper aux chatouilles de son père. Il grimpe dans les arbres pour aller chercher un fruit ou une fleur pour Eulalie. Il est intrépide, ne semblant présenter aucune limite à son énergie.

Jusqu’au jour où, trop impétueux, il tombe de l’étalon de son père sur lequel il était monté sans autorisation. C’est l’un de ses demi-frères qui le ramasse et le conduit en lieu sûr. Plus de peur que de mal, la jambe cassée, rien de plus. Rien que les médecins ne puissent guérir, même si on lui commande de rester au calme pendant de longues semaines. Un ordre bien difficile à suivre. Autant que les remontrances de son père et l’inquiétude de sa mère.

Bien que son os se soit ressoudé avec le temps, il en conservera des séquelles pendant de longues années, si ce n’est pour toujours. Aujourd’hui encore, une légère claudication se remarque dans sa démarche.

L’espièglerie dont il faisait preuve par-delà les frontières françaises, il y a quelques années, s’est évaporée.
La mort de son tendre père puis l’annonce de leur retour forcé en France ont eu raison de cette candeur. Si les choses n’étaient pas assez claires, arrivé à la cour de France, on lui fit rapidement comprendre le rôle qu’il se devait de tenir.

Il est prince de France. Et la cour est une fosse aux lions.
Certains veulent que sa sœur monte sur le trône, parce qu’elle est l’aînée. D’autres insistent pour que ce soit lui qui succède à leur mère, parce que c’est un garçon. Parce qu’il représente le sexe fort. Lui, du haut de ses douze ans, il ne comprend pas. Ou, tout du moins, il ne saisit pas la raison pour laquelle les gens pensent ainsi. Peut-être qu’un jour il comprendra…

Lui, ça ne le dérange pas que sa sœur accède au trône. Il n’y voit aucun inconvénient.
Mais elle est tellement désireuse de liberté qu’il ignore s’il ne devrait pas prendre sa place. Pour lui offrir ce qu’elle désire. Mais il a beau avoir étudié et étudier encore tous les préceptes possibles, des maths en passant par le français, la philosophie et la politique, Basile ignore ce dont il est capable.

Et provoquer une lutte intestinale dans sa propre famille serait la dernière chose dont il souhaite.