Dim 21 Mar - 16:26
Ses jambes lui faisaient encore mal. Son père s’était réellement déchainé, cette fois-ci. Ni ses supplications ni ses excuses pour être une fille si misérable n’avaient réussies à apaiser l’ire de son géniteur.
Il s’en était retourne à la demeure des Bellevallée, en ville et Françoise serait laissée seule dans les appartements des nobles pendant plusieurs jours. Ses domestiques pour toute compagnie familiale, sans doute.
Lorsque la jeune fille parvint à s’extirper du lit ce matin-là, les miroirs de sa chambre lui firent montre des ecchymoses qui parsemaient son derme laiteux. Elle était laide. Si laide. Quelques larmes roulèrent sur ses joues alors que sa domestique attitrée, d’une douceur sans pareille, lui passait ses vêtements du jour. Elle se fit coiffer et habiller avant de passer à table pour prendre un petit déjeuner, mais le cœur n’y était pas. Aujourd’hui, Françoise ne rayonnait pas.
Ses yeux étaient creux et malgré le maquillage ont devinaient les cernes sous ses pupilles sombres. Quel spectacle déplorable. Elle espérait que son père ne reviendrait pas la voir de sitôt, ce serait là un sujet pour lequel il pourrait se mettre en colère. Encore.
Pourtant, lorsque l’on toqua à la porte, c’est un mélange de crainte et de curiosité qui piqua les sens de Françoise. Elle se leva en dépit de ses membres douloureux et osa demander à travers le bois de la porte. « Qui est-ce ? »
Dim 21 Mar - 18:36
Lorsqu’elle entendit la voix d’un jeune homme, Françoise fut d’abord soulagée de comprendre qu’il ne s’agissait pas de son père. Mais alors que le nom était délivré, elle sentit une peur lui broyer les entrailles. « M-Marquis de Sercey ?! »
Déjà l’une des domestiques ouvrait la porte, mais Françoise la fit claquer fermement de tout son poids, effrayée par l’idée de croiser le regard de cet homme. « Que… Que me voulez-vous ?! Cela ne vous a donc pas suffit de m’humilier une première fois ?! Vous voulez contempler votre œuvre, c’est ça ?! »
Elle s’en voulut, mais ne put contenir les sanglots dans sa voix. Pourquoi ne pouvait-elle pas être la fille dont tout le monde rêvait ? Pourquoi fallait-il toujours que tout parte en décrépitude autour d’elle ?
Jeu 25 Mar - 11:38
Françoise savait, par son père notamment, que les nobles, hommes comme femmes étaient prêts à tout pour s’approprier une bonne réputation et les avantages que cela apportait, pour sûr. S’il fallait écraser son voisin pour y parvenir, eh bien certains n’hésitaient pas à le faire. Pourtant, elle aurait voulu croire que c’était là une poignée d’individus seulement, des exceptions. Pas une majorité.
Visiblement, elle se trompait. Ses jambes le lui rappelaient avec irradiations de douleurs.
Mais aux mots du Marquis, Françoise se mit à douter, un peu. Et si… Et si tout cela n’avait été qu’un horrible malentendu, oui ? Peut-être qu’elle aurait une chance de retrouver les grâces de son père ! Peut-être même… Peut-être même qu’elle pourrait espérer ne plus se faire battre pour tout ce mois à venir.
Alors, timidement, elle ouvrit un peu la porte pour y jeter un coup d’œil. Le marquis était là, magnifique dans son habit solennel. Françoise sentit son cœur se serrer. « Vous… Vous promettez que vous êtes là seulement pour mettre un terme à ce malentendu ? Que vous ne rirez pas de moi ? »
Le doute. Jusqu’au bout des ongles.
Dim 28 Mar - 0:26
Il lui apparut honnête. En dépit de l’insistance de son père à ce sujet, Françoise avait la sensation que la marquis ne lui voulait pas le moindre mal. Alors, refermant la porte pour ôter la chainette supposée empêcher l’accès à cet appartement, elle congédia rapidement les trois domestiques présents ici afin qu’ils aillent s’occuper du linge de la maison, un peu plus loin.
Enfin après quelques secondes, Françoise se recoiffa comme elle le pu – et ce n’eut aucune retombée positive – par reflexe et ouvrit la porte au de Sercey, détournant prestement le regard en espérant qu’il ne remarquerait pas les poches sous ses yeux. Malgré le maquillage, elle n’avait pas eu le temps de s’apprêter correctement et immédiatement, la liste de ses défauts s’allongeait dans sa tête de seconde en seconde.
« A-Asseyez-vous ici je vous prie. » dit-elle en désignant un canapé aux motifs turquoise. Françoise se dirigea ensuite vers le secrétaire et, la main tremblante, s’empara de la lettre froissée. Hésitante tout d’abord, elle finit par revenir vers Gabriel, les épaules prises de tressautements. Elle lui tendit l’enveloppe, qu’elle n’osa pas ouvrir et ramena ses mains contre sa poitrine, anxieuse. Comme si lui aussi pouvait être prit de fureur. Contre elle.
Dim 28 Mar - 0:28
Vos yeux se pose sur le papier délicat et vous pouvez y lire.
Outre la teneur affreuse de ces mots, vous vous rendez compte rapidement que quelque chose ne va pas. Car c’est bien votre écriture et votre sceau qui se trouve là. Le Marquis de Bellevallée n’a pas pu inventer cette missive. Elle lui est parvenue. Mais alors, quoi ?
???
Vos yeux se pose sur le papier délicat et vous pouvez y lire.
« Marquis de Bellevallée,
Bien que votre proposition me flatte, sachez que je ne souhaite prendre épouse qu’une personne digne d’un talent particulier et d’une beauté qui le soit tout autant. Ce que votre fille ne possède en aucun cas.
Merci donc de ne plus me proposer pareil affront, si je l’ai bien pris cette fois-ci, ce ne serait pas le cas la prochaine fois.
Mes hommages,
Gabriel de Sercey. »
Outre la teneur affreuse de ces mots, vous vous rendez compte rapidement que quelque chose ne va pas. Car c’est bien votre écriture et votre sceau qui se trouve là. Le Marquis de Bellevallée n’a pas pu inventer cette missive. Elle lui est parvenue. Mais alors, quoi ?
Lun 29 Mar - 23:49
Elle entend ce que vous avez à dire, oui. Mais Françoise est lumière éteinte, papillon bridé par une épingle invisible qui lui traverserait malgré tout le corps. Et cette épingle n’est autre que l’ambition autoritaire de son père.
Elle se déplace avec une lenteur fantomatique jusqu’à la cheminée où brûle une première bûche, mise là moins d’un quart d’heure avant par les domestiques. « Marquis de Sercey… » Elle inspire, mais sa respiration est difficile. Beaucoup d’émotions à gérer et surtout, elle a l’impression d’être nue devant Gabriel, vulnérable. Elle déteste ce sentiment qui lui rappelle tant sa petitesse devant l’ire de son père. « J’ai bien prit acte de vos excuses et de vos explications, toutefois… » Elle se retourne à moitié vers lui, sans pour autant le regarder dans les yeux.
Elle a toujours peur.
« Toutefois, je pense que vous comprendrez que j’ai tout de même du mal à vous croire. » Il était facile de commettre un crime puis de se faire passer pour la victime. Ignace le faisait toujours. Il n’y avait bien que Melchior pour la défendre. Melchior qui lui manque tant depuis que son père l’a envoyé en Espagne.
Elle se retourne vers le foyer ardent, attendant comme si cela pouvait changer quoi que ce soit à sa situation. « Mon père a agi sous le coup de la colère, voilà tout. » Une lionne défendra toujours sa famille, n’est-ce pas ? Même les crocs du patriarche autour de la gorge.
Etranglée.
Mer 31 Mar - 13:57
Françoise semblait réceptive aux excuses de Gabriel, même si elle ne savait pas exactement si elle devait les accepter ou non. Au moins elle avait dissipé l’apparent malentendu, il ne lui restait plus qu’à résister à la suite des événements.
La proposition du Marquis ne fait que la pousser davantage dans ses retranchements. Des lors, les yeux noirs de la jeune femme, abîmes insondables, se plante sur la silhouette de Gabriel. Elle semble si vulnérable devant sa droite stature et pourtant… Pourtant c’est bien son regard qui donne le change. Elle le sait. Melchior le lui disait souvent.
« Marquis de Sercey, si vous me le permettez, je trouve cette proposition déplacée. » Déjà elle détourne encore son regard. « Je ne me mettrais pas à un niveau honorable si je cédais à ce genre de pulsion. » La violence la révulse. « Si vous tenez absolument à me rendre service, revenez ici voir mon père lorsqu’il sera de retour. »
Mar 6 Avr - 23:31
@Gabriel de Sercey
Il était insistant et Françoise ne peut que laisser échapper bien malgré elle un soupir fatigué. La journée venait à peine de commencer que déjà, elle avait envie de se recoucher. Pourtant elle ne le pouvait pas, il lui fallait faire front, face face. Pour ne pas décevoir son père une fois de plus.
Que pouvait-elle lui répondre ? Elle avait déjà beaucoup pris sur elle pour le laisser entrer chez elle et chaque minute passée en compagnie du marquis la rendait plus vulnérable encore. Au moins viendrait-il essayer de dissiper ce malentendu auprès de son père. Quant à savoir si ce dernier accepterait d’écouter ces justifications… Françoise l’ignorait. Et elle n’avait pas envie d’y plonger maintenant ses réflexions.
« Je suis navrée mais pour le moment, je ne vois pas ce que je pourrais désirer de vous, sinon votre amitié, peut-être. » Et encore, elle n’y croyait même plus.
@Gabriel de Sercey
Dim 25 Avr - 16:51
C’est un sursaut, à peine perceptible, qui se dessine dans le regard incertain de Françoise lorsque le marquis parle une nouvelle fois. « Oui… Il est vrai. » Une amitié factice pourrait être remplacée par une réelle, alors même que tout à commencer sur un apparent malentendu ? La rousse aimerait y croire, mais son cœur se fait sourd à cette éventualité.
Un hochement de tête. « Soyez prudent sur le chemin du retour de chez vous, Marquis de Sercey. » Elle ordonne d’un geste de la main, fatiguée, que l’on raccompagne le jeune homme à la porte. Ce n’est qu’une fois la pièce de bois fermement close qu’elle s’autorise à s’affaler devant la cheminée pour pleurer, encore.
Tiens, elle en était donc encore capable ?