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Isandro d'Espagne
HUMAIN - PRINCE

inventaire

Inventaire : Ceci est votre inventaire. Un objet autorisé pour le début de l'aventure.
Situation maritale : Fiançailles en pourparler
Histoire : ●●●
Ses liens : ●●●
Pièces : 2242
DC : Nainmaury

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Isandro d'Espagne
Inventaire : Ceci est votre inventaire. Un objet autorisé pour le début de l'aventure.
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DC : Nainmaury
Dim 19 Sep - 21:42
Voilà un peu moins d’un mois que le prince Isandro a mis un pied à la Cour de France. Autant de temps qu’il savoure comme du pain béni. Cette Cour n’a rien à envier aux dorures de Madrid mais tout y est à la fois… si semblable et si différent. Il y retrouve des marques bien évidentes, celle d’un catholicisme parfaitement ancré et d’une étiquette complexe à respecter ainsi que le faste de ceux qui veulent marquer les esprits, être bien vus et sous-entendre « tout va bien, la couronne de France se porte on ne peut mieux ». Est-ce bien vrai ? Il n’est pas nécessairement là pour en juger, même si les rumeurs des dignitaires espagnols croisés à Nantes en disent longs.

Dans l’immédiat, outre sa présence en tant qu’émissaire et pacificateur des intérêts commerciaux, il veut simplement profiter. Profiter de l’instant présent, de cette cour bien plus cosmopolite que ne l’est celle de son père et du sentiment de liberté – tout relatif – qui l’habite. Il laisse son rire retentir à loisir dans les couloirs du Palais royal et se prête à tous les jeux. Même sous le regard plein de jugement de nombre de nobles qu’il a pu croiser jusque-là. C’est mal connaitre Isandro, fils de Felipe II, que de croire qu’il se laissera écraser par ça. Il en faudra plus, bien plus, pour arriver à entacher sa bonhommie et ce rôle d’invité charmant qu’il joue à la perfection. Qu’il ne fait pas que jouer, d’ailleurs.

C’est justement en cheminant d’un pas distrait dans l’un des salons qu’il a aperçu… Non, ça ne peut... Attablé à une table, en pleine conversation, un homme blond à la posture fière et noble. Sans qu’il ne sache pourquoi, il a semblé à Isandro l’avoir déjà vu. Un fantôme ? Il s'est penché auprès d’un des courtisans qu’on lui a mis dans les pattes depuis son arrivée. Plusieurs sont chargés de lui faire visiter les lieux, lui tenir compagnie mais également le surveiller… et s’en cachent assez mal. Cela dit, il ne leur en tient pas rigueur, à situation inverse, un prince français aurait son lot « d’accompagnateurs », dirons-nous, dans les couloirs et les jardins de l’Escurial.

« Qui est cet homme ?» a-t-il demandé en pointant de sa main gantée l’homme en question, qu’il observait de dos, désormais.

« Il s’agit du nouveau Duc de Bourgogne, votre Altesse. Souhaitez-vous être présentés ?
- Non. Le mot a fusé malgré lui et il s'est repris avec un sourire. Non non, j’attendrais le moment opportun. »

La Bourgogne, voilà qui sonne comme une coïncidence un peu trop énorme. Il a bien connu le précédent Duc, pourtant, et n’a pas souvenir d’avoir eu connaissance d’un quelconque héritier. Si la Bourgogne et la couronne d’Espagne ont des liens de cousinages, ceux-ci s’éloignent de génération en génération et il n’est pas étonnant que le prince n’ait pas été informé mais cela l’intrigue tout de même. La Bourgogne. Un soupçon de nostalgie s’installe en lui et ne le quittera pas de la soirée, ce jour-là. Il faut dire que tout à toujours été prétexte à distraction, pour lui, et un visage familier en plein Paris, alors qu’il y met les pieds pour la première fois, c’est surprenant.

Les jours suivants, hasard ou non, il s’emploie à parcourir le même salon et n’aperçoit qu’une seule fois l’homme en question. Sans l’approcher, sans trop s’appesantir, il l’observe à la dérobée tout en discutant avec Dieu sait quelle marquise. C'est à sa manière de refuser la proposition d’un serviteur qui va lui servir du vin qu’Isandro s'est senti projeté plusieurs années en arrière. Est-ce donc Lui, ce fantôme ?

Ça ne peut pas… Comment ?

Puisque ce visage l’obséde déjà trop, il lui faut mettre les choses au clair. Il obtient d’un serviteur l’endroit où loge ce « Duc de Bourgogne ». Lorsque le soir s'impose sans qu'aucune fête ne soit particulièrement prévue, les « mouches » qui lui tournent autour retournent d’où elles viennent. Accompagné de son homme de confiance – Diego (à la fois serviteur et garde du corps) – il prend donc la direction des appartements en question. Diego se dissimule dans l’ombre et Isandro, cape brodée d’or sur les épaules (celle qui fait tant jaser certains courtisans), frappe à la porte. Tout simplement.

Si son imagination ne lui joue pas des tours, s’il ne se trompe pas, il mérite quelques explications. Et si ce n’est pas « Lui », il trouvera de quoi rebondir pour prétexter une entrevue aussi tardive. N’a-t-on pas le droit de s’enquérir de la santé de ses cousins (aussi inconnus soient-ils) ?

Au serviteur qui ouvre, il indique : « Bonsoir. Je désire m’entretenir avec le Duc. C’est important. » Son accent heurte quelque peu le dernier mot et l’homme devant lui l’invite à patienter, sans chercher à en savoir plus.



juillet 1590

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Lun 20 Sep - 22:00
Fantasma del pasado
- De grâce, arrêtez donc de bégayer quand vous vous adresser à moi. Mes yeux ont la couleur de la glace, mais pas le pouvoir de faire de vous un bloc de neige.

Le Duc passa un main dans ses cheveux pour repousser ses bouclettes d’or, avec agacement. Il savait pertinemment qu’il n’était pas agréable avec ses domestiques, mais ne pouvaient-ils pas faire l’effort de s’habituer à son caractère ? Ne sont-ils pas des professionnels qualifiés pour tout entendre sans broncher ?

- Pardonnez-moi… Je veux dire… Un visiteur souhaite vous voir.

- Un visiteur ? Et a-t-il décliné son identité ?

Il arqua un sourcil. Ce n’était plus une heure décente pour se pointer chez le Duc de Bourgogne, sans invitation, de surcroît. Un horrible frisson lui parcourra l’échine alors qu’il imaginait l’insupportable tête du ménestrel. Est-ce qu’il allait, encore, se pointer chez lui et décider d’élire domicile un temps ? Cette fois-ci, il ne pourrait pas trouver de raison de rester, Guillaume lui donnerait de l’argent et l’enverrait paître…

- Non, néanmoins au vu de son accent et de ses couleurs, je dirai qu’il est un prince étranger.

Mais qu’est-ce que j’en ai à faire de tes déductions.

- Intéressant. La prochaine fois, songez à demander le nom de mes visiteurs, autrement vous pourriez vite chercher quelqu’un d’autre à servir.

Est-ce qu’il était de bonne humeur ? Certainement pas. Le domestique se confondait déjà en excuses, mais le Duc frappa du poing et cela suffit à invoquer le calme. Et se doutant de ce qu’allait lui demander son maître, il quitta la pièce pour préparer des rafraîchissements qu’il apporterait en silence, dans quelques minutes.

Exaspéré d’avance, il poussa un long soupir devant son miroir en époussetant ses vêtements. Titi n’avait rien d’un prince et « ses couleurs » n’évoquaient rien d’exotique. Il voyait très bien ce que voulait dire son domestique : cet individu avait la peau hâlée. C’étaient de maigres informations, cela ne lui en disait pas davantage sur la personne avec qui il allait devoir converser ce soir, par égard pour son déplacement, dans cette chaleur insoutenable…

Je suppose que c’est mieux que d’avoir Titi affalé sur mon canapé.

On s’encourage comme on le peut. Il quitta le bureau dans lequel il se trouva et traversa les différentes pièces pour arriver devant les portes fermées du salon dans lequel attendait son mystérieux visiteur. Un domestique lui ouvrit la porte et lorsqu’il entra, il n’avait toujours pas plus d’indice sur l’identité de cet homme : il se trouvait de dos. Sa crinière brune et son manteau d’or ne lui disaient absolument rien. Ainsi, sûr de lui il s’avança et brisa le silence :

- Bonsoir, vous avez demandé Guillaume de Bourgogne, le voici.

Il tourna autour de cet homme et aperçu enfin son visage.

Il avait envie de mourir.

Merde, il y a donc pire que Titi chez moi.

La petite voix d’Édouard commença à chuchoter. Il voulait hurler, mais il avait peur que Guillaume perde le contrôle, alors il se contenta de répéter inlassablement le même prénom tout bas : Laurent, Laurent, Laurent...

En proie à la surprise, mais ne désirant rien laisser transparaître, le Duc serra les poings et sa mâchoire se crispa tellement que cela en devenait presque douloureux. Pendant ce qui lui sembla être une éternité, les deux hommes se toisaient. Guillaume voulait reculer, mettre le plus de distance entre lui et le Prince, mais ne serait-ce pas se montrer faible ? Ne serait-ce pas s’admettre vaincu ?

Je n’ai pas fait tout ça pour que l’on débarque chez moi et que l’on menace de tout détruire. Je suis Guillaume de Bourgogne.

La tension dans son corps ne parvenait pas à s’évacuer malgré ses tentatives de faire taire Édouard. Ce dernier évoquait certains souvenirs et les sensations lui revinrent à l’esprit. Son corps ne pouvait pas se détendre. C’était une époque qu’il avait oublié, tout du moins il le pensait. Il avait fait tant de chemin depuis, pourquoi quelqu’un devrait lui rappeler à quel point il s’est souillé pour en arriver ici ?

Il ne parvint pas à articuler le moindre mot. Ses lèvres semblaient sceller par la surprise et le dégoût transparaissait dans son regard. Le dégoût qu’il ressentait envers lui-même…

Tu t’es vendu Laurent, tu te souviens ?
Isandro d'Espagne
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Lun 20 Sep - 23:07
L’examen du salon dans lequel Isandro est invité à patienter ne lui apprend rien de particulier sur son hôte. C’est une salle assez peu décorée sans véritable signe ostentatoire. Rien qui ne crie la grande richesse. Rien qui ne surjoue non plus. Un tableau de paysage, probablement bourguignon, attire son regard. Des souvenirs de sa campagne en Bourgogne auprès de l’ancien Duc lui reviennent en mémoire. Un bruit de pas l’interrompt assez vite et une porte s’ouvre, dans son dos. Comme pour prendre le temps d’accommoder ses pensées, Isandro ne se retourne pas tout de suite, prenant le temps d’ancrer dans son esprit le ciel du tableau. Derrière lui, une voix solennelle s'éleve et des pas, encore.

A-t-il donc à faire à un impatient ? Il semblerait. La voix seule ne suffit pas. L’homme arrive à son encontre et lui fait face désormais. Proche de lui, Isandro n’a plus le moindre doute. L’autre doit le comprendre aussi, car en une petite seconde le visage blond passe d’une forme de politesse agacée à une crispation sourde. C’est furtif mais le prince a le temps de déceler la surprise, aussi. Celle de la douche froide. C’est autant de signes clairs – si tant est qu’il en avait encore besoin.

Il a déjà croisé cet homme. En un autre temps, en un autre lieu et sous un autre nom. A la tension palpable de son vis-à-vis Isandro répond par sourire amusé.

« Laurent ? » Il n’a aucune idée du comment ni du pourquoi mais il a rencontré celui qui lui fait face dans une maison close. Il a partagé son lit plus d’une fois, fasciné par ses bouclettes blondes, cette dualité qu’il voyait entre les actions de son corps et le bleu de ses yeux… comment aurait-il pu l’oublier ?

« Est-ce donc chose commune, en France, de trouver des Ducs dans los burdeles ? » Le mot passe plus facilement dans sa langue natale. Il ponctue cela dans un rire. « C’est que je me demande bien, maintenant, avec combien de Duchesses et de Marquis j’ai pu partager la couche ! » Il s’en amuse et se penche vers le visage du blond. C’est à son tour de lui tourner autour, puisque l’autre semble figé.

« Duc de Bourgogne, alors ? Voilà qui est inattendu. » Inattendu, le mot est faible. Dans un mouvement il fait claquer sa cape d’or et s’éloigne, comme un chat s’amuserait d’une souris.

« Cela fait de nous des cousins, semble-t-il. Rappelle-moi donc de quelle lignée ? » Le tutoiement prend place très naturellement dans la bouche d’Isandro. Difficile de savoir si c’est là preuve d’irrespect ou en mémoire du temps passé ensemble, à discuter de tout et de rien dans les draps de ce bordel à Dijon.


juillet 1590

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Mar 21 Sep - 19:46
Fantasma del pasado
Il refusait d’admettre bêtement qu’il s’était vendu. Il avait utilisé son corps pour parvenir à ses fins. C’était une tournure de phrase qui, sans aller jusqu’à lui plaire, sonnait déjà mieux à ses oreilles. Il voulait faire taire cet idiot et faible d'Édouard qui commençait à rire. Il fallait l’ignorer, autrement, comment garder le contrôle ? Que serait-il capable de faire s’il se sentait soudainement démuni face au Prince ? Inutile d’y songer. Il ne fléchirait pas. Jamais. Il avait assez courbé l’échine, assez séduit, assez accepté bien des demandes de la part de ses clients. Maintenant qu’il était Duc, il comptait bien inverser la tendance. Quand bien même il gardait le silence, Guillaume leva le menton, fière de sa personne. Dans son regard brilla l’éclat étincelant de son ego que personne ne semblait capable de briser.

Laurent, Laurent, Laurent…

Il se souvenait donc de ce prénom. Ce n’était pas le sien, pas plus qu’Édouard. Il s’appelait Guillaume, dorénavant. Laurent était un fantôme de son passé. Une beauté froide, qui n’ouvrait la bouche qu’après avoir vu son argent. Et il ne se contentait pas de quelques pièces, mais plutôt d’une bourse pleine et acceptait les présents onéreux. C’était ainsi que Laurent avait partagé la couche du Prince a de multiples reprises, répondant à ses désirs. Laurent lui avait servi de réceptacle pour ses pulsions les plus bestiales, mais pas seulement. Il avait également dompté le Prince espagnol, à sa demande. Et lorsque leurs affaires étaient terminées, mais que l’aube n’arrivait pas encore, ils avaient pris pour habitude de discuter. Laurent lui racontait des bribes de vies qui n’étaient pas les siennes et le Prince lui parlait de l’Espagne.

Oublie Laurent, tu es Guillaume !

Le Prince lui tournait autour, s’étonnant des coutumes de la France. Le Duc se serait bien passé de son ironie et de son rire. Il n’avait pas changé, étonnamment. Cela faisait plusieurs années, pourtant le Prince était toujours le même dans sa démarche, son attitude, son aura. Est-ce que Guillaume ressemblait toujours à Laurent ? Il est vrai que de tous les personnages qu’il a joué, il est celui qui lui correspondait le plus… A un détail près : aujourd’hui, Guillaume ne parviendrait sans doute plus à quitter son corps durant un ébat, pour ne pas le vivre et l’oublier au plus vite. Cela fait des années qu’il n’a pas eu à s’abaisser à se vendre, il ne veut plus, ne peut plus...

Un peu comme Titi, le Prince le tutoyait. La différence étant qu’il n’avait jamais ne serait-ce que caresser le ménestrel, mais que le Prince, lui, connaissait chaque parcelle de son corps et inversement. Alors ce « tu » l’atteignit d’une façon bien différente. Il ne ressentait pas la même colère qu’envers son faussaire. Isandro ne lui provoquait pas simple pulsion de meurtre. Il y avait un parfum d’intimité soudainement retrouvé. C’était… dérangeant.

C’est parce que tu es Laurent.

- Qu’est-ce que tu me veux Isandro ? Lança-t-il en ignorant la petit voix dans sa tête.

A quand remontait la dernière fois qu’il avait tutoyé quelqu’un ? A quand remontait la dernière fois qu’il avait fait preuve d’autant de franchise dans ses paroles ? Ses pupilles de glace ne quittaient pas le sourire narquois de l’espagnol. Prince ou pas prince, tous les deux s’étaient dévorés au lit, à quoi bon faire mine de le vouvoyer quand le Prince lui-même lui avait demandé de gémir son prénom ? A quoi bon jouer le jeu des mondanités et autres ronds de jambes, quand parfois entre eux il n’y avait que sueur et violence ?

- Si tu es venu menacer tout ce que j’ai construit, ne crois pas que je te laisserai partir sans me battre. Laurent n’est plus, tu parles d'un fantôme. Je suis le Duc de Bourgogne dorénavant.
Isandro d'Espagne
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Mer 22 Sep - 0:00
En arrivant en ce lieu Isandro n’avait pas de plan préétabli ni de grandes certitudes. Il attendait de voir et maintenant qu’il a vu, il attendait d’entendre. Alors il attend et il joue. Ce n’est pas n’importe qui qu’il a en face de lui. C’est une peau de lait et des gestes qui peuvent être parfois langoureux et parfois agités. C’est un homme comme il n’en avait jamais croisé auparavant dans un bordel, à l’époque. Un homme qui semblait avoir beaucoup à dire, à faire, en perpétuel combat avec lui-même. Ses gestes faisaient, sa voix cajolait mais ses yeux… il arrivait à ses yeux de crier ce que le reste ne disait pas. Une froideur qui en aurait fait fuir plus d’un et qui fascinait le prince. Tout à sa curiosité d’alors, Isandro s'est retenu de trop creuser. Au début, il prenait ce qu’il y avait à prendre. C’est petit à petit que les langues se sont déliées et qu’il en est venu, de son côté, à ramener des présents pour son « favori ». Pendant cette période le gérant de la maison close en question a fini par comprendre qu’il était inutile de chercher à lui présenter d’autres « jouets ». Il avait trouvé son préféré.

Et aujourd’hui, chose improbable, il le retrouve. Il ne s’attendait à aucune réaction en particulier et n’est pas spécialement surpris des mots qui claquent avec froideur dans la bouche de son interlocuteur. S’il est d’un naturel optimiste, il ne l’est pas au point de croire que chacune de ses actions sera bien perçue.

Il continue d’observer l’autre homme qui se crispe toujours plus. Ce tutoiement qui s’installe le ramène plusieurs années en arrière. C’est lui qui avait réclamé, à l’époque, que Laurent cesse les formalités. Nu comme un ver il n’est plus question de titre. S’il est fusillé du regard le prince ne s’en offusque pas. Il trouve cela même sacrément amusant, comme si, à nouveau, il devait briser la coque de glace qui recouvrait l’autre homme. Ce dernier reprend la parole, agacé et sur la défense. C’est à croire qu’il cherche à se convaincre lui-même.

« N’ai-je pas le droit d’être étonné et content de te revoir, rizo ?» Ce surnom qu’il n’avait que pour lui. « Après ce jour-là, je n’aurais jamais cru… » Son séjour en Bourgogne arrivant à son terme il était retourné le voir une dernière fois et lui avait offert en ultime cadeau une broche en or comme les courtisans en portent à la Cour de Madrid. Signe de raffinement et de richesse. L’a-t-il encore ? Isandro ne demandera pas.

Il se contente de s’approcher et sa main gantée se lève au niveau du visage devant lui. Il a un soupçon d’hésitation et, avec douceur, prend une mèche de boucle blonde entre ses doigts, sans toucher sa peau, simplement ses cheveux.

« Eres tú... es una locura.(1) » Il a un temps d’arrêt, ses yeux verts rivés dans ceux qui le fixent et abaisse finalement son bras. « Pour moi, tu resteras Laurent. » Il l’affirme sans une once d’hésitation. Le français peut lui dire ce qu’il veut, cela n’y changera rien.

« Tu me connais bien mal cependant, si tu crois que je suis là pour te menacer. Je voulais… je voulais savoir si j’avais rêvé. Mais tu n’es pas un rêve. » Il lui faut un instant pour sortir de ce doux souvenir. « C’est quand même amusant ce que tu me dis. Tu n’avais rien d’un Duc, alors. Et… tu ne m’as pas répondu. N’est-ce pas Dieu par la main du Roi qui détermine quelle lignée mérite d’être bénie et de recevoir un titre ? Pourquoi parles-tu de ce que tu as « construit », cousin ? »

S’il n’est pas d’un naturel méfiant Isandro aime quand même avoir certaines informations en sa possession. Dans le cas présent il serait on ne peut plus ravi de savoir comment un futur Duc en vient à œuvrer dans une maison de passe.


juillet 1590

(1) C’est bien toi… c’est fou.

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Ven 24 Sep - 22:00
Fantasma del pasado
Dans l’esprit du Duc, le Prince n’était pas venu pour parler du bon temps qu’ils avaient partagé, ni pour proposer une folle nuit dans son lit. Sa présence était forcément associée à des menaces, des envies de ruiner tout ses efforts, du chantage… Personne n’aime Guillaume et personne ne vient le voir innocemment. Tout du moins, c’est ainsi qu’il perçoit le reste du monde, tant il est seul.

Isandro semblait en proie à une sorte de nostalgie et son regard était bien différent du Duc. Plus chaleureux. Tout comme l’attitude que dégageait son corps. Il n’avait aucune difficulté à réduire la distance entre eux deux, alors que Guillaume comptait sur elle pour garder un semblant de défense. Sa main s’approcha et effleura sa peau, bien qu’elle ne la toucha guère, puis s’empara de l’une de ses boucles. Les prunelles de glace firent l’aller-retour entre sa main et le visage de l’espagnol. Ce geste était naturel pour lui. Après tout, il avait toujours eu cette étrange fascination pour sa chevelure d’or. Il aimait y glisser ses doigts pour en définir ses boucles avec douceur, ou encore tout simplement agripper ses cheveux dans des instants plus féroces.

Un frisson d’horreur lui parcourut l’échine. Aujourd’hui, il ne voulait plus vendre son corps, il en le supportait plus…

- Ne me touche pas. Dit-il froidement, la mâchoire crispée.

Néanmoins ses mots ne trouvèrent aucun écho et se perdirent, remplacés par la remarque en espagnole d’Isandro dont il ne comprit pas le sens. La suite, par contre, résonna de manière très désagréable en lui et il lui fallut lutter pour ne pas lui hurler l’identité qu’il avait adopté pour de bon. A force de se répéter Duc de Bourgogne, quelqu’un finirait par lui dire que personne ne le croyait…

Lorsqu’il délaissa ses cheveux, Guillaume se sentit obliger de passer sa main pour les remettre en place. Ce geste le rassurait, le contrôle rassurait. Il fit de nouveau deux pas en arrière pour retrouver un semblant de distance entre eux deux. C’était trop d’un coup pour lui. Trop invasif.

- Maintenant que tu m’as vu, es-tu satisfait, Iso ? Demanda-t-il amèrement, reprenant le petit surnom qu’il lui avait donné, autrefois, dans une autre vie.

Et il revenait sur le sujet d’un cousinage et de son titre de Duc qu’il lui aurait caché… Que lui raconter ? Un mensonge ? Il n’y aurait qu’un imbécile pour y croire, aussi bon manipulateur soit-il. Isandro l’avait connu dans une maison close, il savait bien qu’il n’y était pas pour le simple plaisir de gagner de belles sommes d’argent et de repartir avec des cadeaux. Laurent lui avait fait part de son envie de changement, de son ambition d’un destin plus grand, sans entrer pour autant dans les détails, n’étant pas encore sûr de devenir un jour Guillaume.

Fallait-il jouer carte sur table ? L’avantage de tout lui déballer maintenant, c’était qu’il n’aurait plus rien pour le cuisiner plus tard. Au pire, il savait où se trouvait Mercy, sa dague de qualité, achetée pour ce genre de situations menaçantes… Même si le sang tâche et le répugne… Il n’aurait peut-être pas besoin de venir à de telles extrémités ? Selon ses dires, il n’était là que pour le voir et non pour le menacer… Guillaume voulait plutôt parier sur l’effet de surprise et lui couper l’herbe sous le pied. Alors, prenant une attitude très détendue, trop détendue, il fit signe à Isandro de s’asseoir en face de lui. Une fois son fessier sur le fauteuil, il décida de tout lui dire, d’un traite…

- Je ne suis pas né Duc, pas plus que je suis né avec le prénom Laurent. J’ai vendu ma bouche et mes fesses à d’autres que toi pour amasser de l’argent. J’ai écouté des secrets, j’ai colporté des mensonges, j’ai émis des menaces, pour avoir suffisamment d’atouts dans ma manche. Je ne t’apprends rien si je te dis que la peste et la famine ont fait des ravages, que des sièges étaient vides et que je suis un opportuniste comme on n’en voit pas souvent. Il suffit de savoir à qui s’adresser quand on veut feindre d’être quelqu’un. La France est en déroute totale, et voilà que le Laurent que tu as connu est devenu Guillaume. Tu es satisfait ? Tu connais une bonne partie de mes petites magouilles.

Il songea à Mercy, plantée dans sa gorge, faisant saigner sa peau hâlée, faisant soupirer ses cordes vocales… Mais il n’était pas là pour le menacer… N’est-ce pas ?

- Tu dois être ravi de ne pas avoir couché avec un cousin éloigné, Iso ?
Isandro d'Espagne
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Sam 25 Sep - 9:52
Iso. En entendant ce surnom d’un ancien temps le prince a un sourire doux. Avec cet homme c’est toute la nostalgie de leur rencontre et des moments qui ont suivi qui lui viennent en mémoire. La sensualité, la fougue et tout le reste. Les échanges inattendus, la soif de faire quelque chose de sa vie, devenir quelqu’un. Ce à quoi Isandro répondait alors « Mais tu es quelqu’un, tu es mon rizo ». Cela provoquait une vive et délicieuse colère chez le blond. Le prince s’en délectait avec plaisir.

Il ne l’a pas particulièrement cru, alors. Des femmes et hommes de joie qui s’imaginent une vie toute autre il en a croisé beaucoup et même s’il ne peut que leur souhaiter de trouver l’opportunité qui les fera voler de leurs propres ailes, il ne s’est jamais interrogé sur leur devenir. Égoïste. Avec sa bonne naissance et sa vie brodée d’or, il ne s’est jamais mis à leur place. Laurent l’interroge et Isandro ne répond guère. Le fait de le retrouver réveille des sentiments confus chez l’espagnol. Il ne peut pas nier une forme de gourmandise, comme le souvenir d’un plat qui a su ravir les papilles en un temps et qui nous est présenté à nouveau. L’issue peut être un nouveau délice ou, plus probable, une légère déception. Si le cuisinier a changé, si les ingrédients ne sont plus tout à fait les mêmes, le souvenir surpasse alors la réalité, sur l’instant. Quand on garde un rêve en mémoire le vivre ensuite a rarement la même saveur.

Quand bien même. Isandro se nourrit des rêves autant que des mets les plus divers. L’homme devant lui est le rappel incarné de tout ce qu’il avait aimé lors de son précédent séjour en France et qui lui a tant manqué depuis. Il prendra toujours le risque d’être déçu plutôt que se détourner de ce qui lui fait envie. De ce qu’il désire. Il est ainsi, Isandro d’Espagne. Dans l’immédiat il est agréablement surpris mais il en faudra plus, beaucoup plus, pour qu’il soit satisfait. Alors il ne dit rien et regarde fixement le blond qui a préféré se reculer. Intérieurement, l’espagnol est aux anges. L’autre peut se reculer autant qu’il le souhaite, s’il l’a retrouvé Isandro compte bien le garder aussi longtemps que possible dans son champ de vision. Cette homme est une pépite comme il en a rarement croisé jusque-là.

Une beauté froide que les bons mots ou les bons gestes peuvent échauffer et dont la rage de vaincre n’a que peu de limite. Le prince l’avait entendu dans ses mots dans leur chambre à Dijon et désormais, il n’a guère le choix que de le constater. Il se demandait bien ce que ce dernier aurait à répondre à sa question. Il y a un léger temps d’arrêt où Laurent semble chercher ses mots. Il l’invite même à s’asseoir, ce que l’espagnol fait sans hésiter. Il ne dira jamais non à passer du temps avec lui.

La voix s’élève d’un coup et chaque mot est plus surprenant que le précédent. Les yeux d’Isandro s’arrondissent mais jamais il ne détourne le regard de ce visage qui se veut fermé mais se trahit légèrement avec une lueur de défi dans les yeux. L’espagnol écoute, assimile. C’est… fou. Jamais il ne se serait attendu à pareille réponse, ni pareille histoire. Quand l’autre achève, il ne dit rien. Il enregistre tout ce qui lui a été dit et ce qu’il doit en conclure.

« Tu n’aurais probablement pas été le premier, ni le seul. » Quand on est fils d’une grande lignée de dirigeants européens, il est commun de s’unir entre lignées semblables, ce qui ne laisse qu’un choix limité. Alors oui, sans avoir véritablement vérifié, il ne serait pas surpris qu’une ou plusieurs cousines éloignées aient partagé son lit.

Si cela se voulait léger, il laisse sa voix mourir et attend, prenant la mesure de ce qui lui a été dit. Le regard fixé au sol, désormais, il secoue la tête. « Je savais que tu étais une perle rare, rizo, mais là…. » Il relève les yeux. « Je pourrais te faire tuer sur le champ, tu sais. » Il pourrait, oui. L’usurpation est sévèrement punie. Que dire alors d’une manipulation allant jusqu’à s’approprier un titre de Duc ?! Comment est-ce possible, d’ailleurs ? Cela semble tellement… invraisemblable. Les nobles sont si fiers de leurs titres, de tout ce qui peut leur être donné par la couronne, par Dieu. Imaginer un homme de rien s’élever aussi haut. « Si ce que tu me dis est vrai, c’est un véritable exploit. »

Comment cela pourrait être faux, cependant ? Il connaît la cartographie de cette peau si proche de lui, de ce faciès froid aux yeux de tous mais qui peut être bouillonnant dans l’intimité. Il n’ira pas prétendre le connaître par cœur, seulement… il le connaît comme peu d’autres peuvent le prétendre. Une question s’élève en lui. « Pourquoi me dis-tu tout cela ? Tu me fais à ce point confiance ? » Cette perspective touche étonnement le prince – pourtant loin du compte.

« Comment te nommes-tu, alors ? Ton vrai prénom. »


juillet 1590

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Sam 25 Sep - 10:25
Fantasma del pasado
Peut-être troublé parce qu’il venait de découvrir, Isandro lui répondit avec légèreté au sujet des coucheries de famille. Puis le masque amusé sur son visage disparut, laissant place à la surprise non dissimulée mais également, peut-être, à un peu d’horreur. Guillaume était un exploit, un trophée qu’un prostitué avait réussi à obtenir par la simple force de sa volonté et de son ambition. Il y avait de quoi en dérouter plus d’un. S’il était capable de devenir Duc, le Prince pouvait aisément s’imaginer le voir plus haut encore. Et quand bien même Guillaume avait horreur de ce sobriquet « rizo », l’entendre parler de perle rare lui arracha un demi-sourire. Il savait le séduire, après tout. Vanter ses talents et ses mérites, c’était toucher l’une des rares parties de son cœur et de son ego pouvant réagir.

- Je sais. Dit-il, avec beaucoup d’assurance et même de l’arrogance. Cette même arrogance qui lui avait valu d’être détesté par d’autres autour de lui.

Passée la surprise, Isandro réalisa l’horreur et les crimes de Guillaume. Sans particulièrement essayer de le menacer, mais en énonçant simplement les faits, le Prince espagnol fit perdre ce semblant de sourire au grand menteur en face de lui.

- Je sais. Répéta-t-il, cette fois-ci très agacé de l’admettre.

Isandro, tout comme Titi, avait le pouvoir de faire couper cette jolie tête blonde pleine de bouclettes. Mais rapidement, le Prince parla d’exploits, ce qui était déjà plus satisfaisant à entendre, bien que le Duc ne soit plus d’humeur pour l’arrogance et montrer son contentement. Il était difficile de faire tomber ce masque de marbre et bien plus aisé de l’encourager à le conserver.

Un peu naïvement, ou alors encore sous les effets de leurs retrouvailles, Isandro lui parla de confiance. Aussitôt la voix dans la tête du Duc éclata d’un rire franc et lui fallut se faire violence pour ne pas réellement se moquer.

Guillaume n’a confiance qu’en Guillaume. Guillaume n’aime que Guillaume. Qu’il est mignon. S’il savait combien je voudrais le planter avec Mercy, là tout de suite. Ce serait si bon, avouer ce qu’ils nomment des pêchés chez l’Église, pour finalement le tuer...

- Je ne te fais pas confiance. Je m’imagine en ce moment-même te tuer pour avoir la paix.

Sa franchise et son ton cinglant étaient déconcertant pour qui n’en a pas l’habitude, mais pour le Prince, qui l’avait connu intimement, c’était presque prévisible. Le Duc fit mine d’enlever une petite miette sur son pantalon, comme si tout cela n’avait pas la moindre importance. Au contraire, il n’avait pas eu le choix en lui révélant une bonne partie de ses crimes, comme avec Titi.  Le Prince l’avait repéré, s’était pointé chez lui, l’avait acculé dans ses retranchements. Il faut savoir faire des sacrifices. Et au fond, Guillaume s’était préparé à devoir partager ses secrets, quand bien même il en avait horreur et se doutait que cela pourrait précipiter sa chute vertigineuse… Qui sait, peut-être trouveront ils un genre d’accord pour conserver le silence d’Isandro ? Ah mais non, c’est vrai, il n’est pas là pour le menacer… selon ses dires.

- Je me nomme Guillaume. Le passé est mort et je n’ai pas envie de le raviver.

Il entendait suffisamment la voix d’Édouard commenter ses faits et gestes, ses échecs, ses moments de doute. Inutile de lui donner plus d’importance alors qu’il n’avait pour seul souhait que de le faire mourir. De toute façon, quoi qu’il lui révèle, il se doutait que dès que l’occasion se présenterait, il l’appellerait Laurent ou rizo, alors il valait mieux ne pas l'encourager avec d'autres petits noms. Un plaisir que d’être ainsi projeté dans un passé honteux de prostitution…

- Alors, que vas-tu faire de toutes ces informations ? Vas-tu me dénoncer et venir voir ma pendaison ou ma décapitation ? Comptes-tu gâcher mes magnifiques bouclettes, Iso ?
Isandro d'Espagne
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Isandro d'Espagne
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Dim 26 Sep - 10:22
C’est à croire que Dieu tient absolument à mettre cet homme sur sa route, afin qu’il soit sans cesse subjugué. À la différence de bien des personnes qui ont partagé sa couche, cet individu à multiples facettes parvient toujours à titiller sa curiosité. Il n’est pas un être flasque et fade, comme on en trouve souvent parmi les nobles nullement sortis de leur cocon. De ceux qui pensent que l’on ne vit autrement mieux qu’entouré des mêmes quatre murs, à parler à des gens qui ne sont qu’une copie de soi. Isandro est loin, bien loin de ces considérations. Il aime son cocon doré – comment le nier ? - mais il apprécie tout autant sortir de son carcan pour aller au contact de gens que l’on refuserait de mettre sur son chemin. Alors il va les chercher de lui-même et n’hésite guère à bousculer bien des règles pour cela.

C’est ainsi qu’il en est venu à rencontrer Laurent. Alors il ne regrette aucunement. Il est également de ceux qui font tout pour obtenir ce qu’ils désirent. A partir du moment où il a eu une once de doute à propos de cet homme blond croisé dans les salons, il était inconcevable pour lui de ne pas en avoir le cœur net. Vouloir tout, tout de suite. Voilà probablement l’une de ses fâcheuses habitudes. Maintenant qu’il a obtenu une confirmation inespérée, il est certain qu’il profitera autant que possible de ces retrouvailles.

Il a beau rappeler que s’il le souhaite il peut faire couper la tête à cet imposteur en un simple claquement de doigts, comment le pourrait-il ? Cet intrigant a une ambition sans faille qu’il a su concrétiser. Il a saisi les bonnes opportunités au bon moment, manquant certainement d’être dévoilé et tué à plusieurs reprises.  Une pensée païenne et révoltante traverse l’esprit du prince. S’il a su en arriver là, en quoi serait-il moins bon que le précédent propriétaire du duché, après tout ? Laisser impunie ce genre de méthodes c’est remettre en cause des siècles d’héritage monarchique. C’est laisser les hommes se faire leur propre justice et prendre ce qui n’est pas censé leur appartenir. Et pourtant… si Laurent est parvenu jusque-là, au bout de cette entreprise insensée, comment croire que Dieu ne l’y a pas aidé ? Isandro est confus mais tout autant admiratif. Sincèrement admiratif.

La blond a vraisemblablement conscience de la situation dans laquelle il se trouve et du risque qu’il prend à ainsi se dévoiler. C’est cette réalité qui remue l’espagnol plus qu’elle ne le devrait. A ses côtés le duc se crispe et admet vouloir le tuer. Ses yeux verts rivés dans ceux de son interlocuteur, Isandro secoue la tête.

« Tu ne le feras pas. Pas plus que j’en intenterai à ta vie. » Il n’y a pas d’hésitation dans les paroles du prince. « En vérité, je me moque bien de savoir que tu es un usurpateur. Cela prouve à quel point l’administration française est défaillante… Je crois même que si tu es parvenu jusque-là, Dieu ne doit pas y être étranger. » Quelle autre explication, après tout, pour le fils du Roi que l’on nomme le « Roi catholique » ? S’il s’en dégage de bien des manières et fait grincer les dents des représentants de l’Église, Isandro a sa propre façon de considérer son culte et la place d’une entité toute puissante veillant et dictant le destin des hommes. « Je ne me mettrais pas sur ta route, si cela peut te rassurer et t’éviter des rêves sanglants. Tuer un prince d’Espagne te ferait chuter tout aussi vite que tu es monté. »

Naïvement, il espère que Laurent – ou qui sait quel est son véritable prénom – n’aspire pas sincèrement à lui ôter la vie. Un peu déçu de ne pas parvenir à en apprendre plus sur la personne qui se cache derrière tant de miroirs, Isandro acquiesce de la tête. Si le duc veut oublier… « D’une certaine façon je me dis que tes mensonges sont peut-être la meilleure chose qui me soit arrivée depuis un moment. C’est ce qui te met sur ma route et me permet de te revoir. » Moi, moi, moi… ah, Isandro.

La froideur qui s’est à nouveau imposée sur le visage du blond rappelle au prince combien cet homme a dû se battre et combien il tient à protéger ardemment ce qu’il a su construire. Sur la défensive, pourquoi accepterait-il le retour d’un fantôme de son passé aussi facilement ? « Il peut être mort pour toi, mais de mon côté, je le chéris avec plaisir…. Guillaume. » S’il veut bien lui concéder cette nouvelle identité, il ne balaiera pas tout le reste. « Je n’oublierais pas. »

Un peu inconsciemment, son regard se voile quand il s’agit de détailler le duc assis tout proche. Un souvenir langoureux et ardent, des émotions ancrées en lui – en eux ? - quand il revoit ce corps, ce visage. Il ne cherche pas à cacher l’air passionné qui est le sien en cet instant et les mots de Guillaume - Dios, qué será difícil! - attisent cette flamme.

« J’empêcherais quiconque essaie d’attenter à tes bouclettes, rizo» Cela se veut léger mais n’est pas complètement faux. « Ne vois pas en moi un ennemi. A quoi cela te servirait ? Je peux mettre à mal tes aspirations. Je ne le ferai pas, je te le dis. C’est la parole d’un prince que je te donne. » Il lui tend sa main gantée, et relève ses yeux sur lui. « Ne te détourne pas des mains que l’on te tend, Duc de Bourgogne. Tu en auras besoin. »

Il parle d’expérience. « Dis-moi plutôt… comment se porte la Bourgogne, alors ? Et Dijon ? » Il a une tendresse particulière pour cette ville qu’il prononcera à jamais mal (quelque chose comme ‘diyonne’).



juillet 1590

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Dim 26 Sep - 14:58
Fantasma del pasado
Il n’y avait pas la moindre trace de doute lorsqu’Isandro affirma que Guillaume ne le tuerait pas, pas plus que lui-même n’attenterait à sa vie. Et aussi troublant que cela puisse paraître, le Duc arrivait à le croire. Néanmoins, il ne voulait pas lui faire confiance. Ou bien alors il ne le pouvait pas, car il était son pire ennemi et se mettait sans cesse des bâtons dans les roues en s’isolant ? Qui sait, qui sait…

Il était sceptique, troublé, la situation lui échappait. Lui qui pensait simplement couper l’herbe sous le pied du Prince et aviser ensuite. L’espagnol n’avait pas dit son dernier mot. C’était un genre de surenchère, comme lorsqu’ils partageaient la même couche : à celui qui aura le dernier mot. C’était souvent du passif agressif, qui démontrerait sa grandeur, sa supériorité. Et ici, en avouant qu’il ne chercherait pas à trahir ses secrets, Isandro prenait le dessus. C’est pour cela que c’était déroutant. Car, Guillaume voulant toujours tout contrôler, désirait également se trouver au sommet de la pyramide. Et parce qu’il ne souvenait pas de la dernière fois ou quelqu’un lui avait voulu du bon… Finalement, c’était lui qui se trouvait bien bête et muet.

Il n’avait même pas envie de rire quand il évoqua la possibilité que Dieu soit avec lui, qu’Il lui permettait d’usurper ainsi la France. D’ordinaire, il aurait ri intérieurement, mais ici, le trouble était bien trop grand pour cela. Il se perdit même dans la contemplation du visage d’Isandro : des traits masculins mais élégants, une chevelure soyeuse et entretenue, des yeux rieurs, charmeurs, bordés de longs cils, une bouche très souvent fendue d’un sourire, une peau qu’il savait douce et sans imperfection…

Qu’est-ce que tu fais ?

Quelques battements de cils et le Duc se raccrocha à la réalité. Il divaguait. C’était l’effet que l’un des meilleurs aspects de son passé pouvait provoquer sur lui.

Un bon aspect, Laurent, vraiment ?

Pour se persuader du contraire, il songea aux souillures, aux souffrances, aux envies de mourir, aux moments où il s’évadait de son corps pour protéger son âme des actes qu’il avait commis. Laurent l’avait fait souffrir, il ne devait pas trouver le moindre aspect positif à cette vie passée…

Mais le Prince le flattait, lui partageait son contentement de pouvoir le revoir grâce à ses mensonges. Les prunelles de glace du Duc ne parvenaient plus à le regarder. Il ne voulait pas l’entendre, pourtant, aucune voix de son passé ne chercha à l’aider en couvrant de moqueries les paroles du Prince. Tous étaient alertes et attentifs aux sons charmeurs qui sortaient de sa bouche. Guillaume implorait presque intérieurement Édouard de rire le plus fort possible, mais le petit Édouard sans le sou n’exauça pas son souhait.

Il le chérit.

Inutile de lui répéter ce qu’il avait fort bien entendu. Ses paupières étaient lourdes, ses yeux épuisés, sa tête le lançait. Il avait envie de se frotter le visage, pour se redonner un bon coup d’énergie et passer à autre chose. Il se priva de ce geste, pensant que cela montrerait sa faiblesse. Et comme si cela ne suffisait pas, Iso en rajouta une couche. Et cette couche, Guillaume en était le responsable. A vouloir être cinglant, à vouloir le percuter avec ses mots, il armait son adversaire pour mieux le troubler. C’en était trop, il poussa un soupir après une grande inspiration.

Le Duc observa cette main recouverte d’un gant. Cette main, ne serait-ce pas ce qu’il a toujours voulu avoir, mais n’a jamais pu effleurer ? Un allié, un vrai, connaissant ses secrets mais ne cherchant pas à le faire chanter, à lui extorquer de l’argent… Il avait parfaitement raison, mais l’admettre lui demandait un effort surhumain, qu’il n’était pas prêt à relever… Guillaume avait besoin d’Isandro. Alors, après plusieurs secondes d’hésitation, il accepta de serrer cette main gantée. Le contact, bien que le tissus sépare leurs mains, provoqua des petits frissons sur tout son corps. Agacé, il ne put s’empêcher d’être fidèle à lui-même :

- Entendu, mais je ne te fais pas confiance.

Et il relâcha sa main sans cesser de l’observer d’un air orgueilleux.

Cela ne prendra pas. Lui dit en riant Laurent. Il te connaît.

- La Bourgogne se porte comme le reste de la France : c’est un bordel sans nom. Et Dijon, ma foi, reste Dijon. Répondit-il, visiblement agacé par ce qu’il venait d’entendre de cette voix intérieure.
Isandro d'Espagne
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Isandro d'Espagne
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Mer 29 Sep - 0:31
Isandro n’a pas pour projet de se faire des ennemis. Il s’en fera probablement, oui, par sa naissance ou son attitude désinvolte, mais quand il peut l’éviter, il évite. Il ne veut pas que ce « Guillaume de Bourgogne » compte parmi ses ennemis. Il ne le souhaitait pas à l’origine, par les lointains liens de cousinage qui le lie à ce duché et il le souhaite d’autant moins depuis qu’il connait l’identité – ou l’une des identités – de celui qui occupe désormais le titre de Duc de cette région. Non, il aimerait pouvoir s’en faire un allié. Mieux, en éternel optimiste qu’il est, un ami. Ce qui s’annonce tâche ardue mais pas impossible. Rien n’est impossible pour Isandro d’Espagne.

Il soutient le bleu de ces yeux qui le détaillent par à-coups. Il n’y va pas par quatre chemin et reste fidèle à lui-même. Que Guillaume entende ce qu’il a à lui dire et les conseils qu’il peut lui donner. Car c’est ainsi qu’il le voit et sa main tendue en est la concrétisation. Le blond a un temps d’hésitation, le regard maintenant posé sur cette main dans l’attente. Isandro ne se départit pas de son sourire et attend. Il ne doute pas vraiment… Dans sa folle entreprise, cet homme ne peut pas rester éternellement seul. Ce serait suicidaire que de le croire. Avec l’appui d’un prince, fusse-t-il espagnol, il pourra gagner en réputation et en soutien. Il serait naïf de croire que personne ne veut approcher le prince d’Espagne dans la Cour de France. Les relations ne sont pas au beau fixe mais derrière lui c’est toutes les richesses de la péninsule ibérique et de la route des Amériques qui s’entassent, n’attendant qu’à être exportées partout en Europe. Beaucoup en ont conscience.

La main du Duc serre enfin la sienne et le sourire d’Isandro redouble d’éclat.

« ¡Es un trato! (1) » souffle-t-il, ravi. Il a un regard autour d’eux. S’ils se trouvaient dans ses appartements, il n’aurait pas hésité à déboucher une bouteille pour fêter ça. S’ils se trouvaient dans ses appartements… ses pensées auraient rapidement dévié vers des actes bien moins diplomatiques (et chastes) qu’un accord de ce genre. Mais ne soyons pas dupes, à chaque regard inquisiteur qu’il pose sur l’autre homme, une petite voix enfouie en lui se rappelle et imagine. Ils ne sont pas dans ses appartements et il faudra bien plus que de simples retrouvailles pour que cela se fasse.

« J’ose croire que je finirais par la gagner, ta confiance. Nul défi n’est trop grand s’il s’agit de toi, rizo. » Il secoue la tête et une mèche retombe sur ses yeux, qu’il s’empresse de relever. Il est un charmeur maladif, lui avait lancé sa défunte femme. Il s’était abstenu de la corriger alors, pour lui préciser que son charme ne devient obsession que si ce qu’il désire lui résiste. Laurent ne lui a pas résisté, alors. Il ne le pouvait pas. Guillaume, lui… c’est une autre histoire. Il est le souvenir d’étreintes passionnées, d’un corps qui jouait une parfaite partition sous ses doigts et d’une âme qui se détestait de faire ça. Guillaume, c’est un fruit qu’il a déjà croqué mais qui s’est dissimulé sur une autre écorce. C’est une odeur qu’il connait et un goût qu’il ne demande qu’à goûter à nouveau. C’est un défi comme il les aime et duquel il ne se détournera pas, n’en déplaise au concerné.

D’autant plus en sachant que ces retrouvailles peuvent être écourtées à tout moment, selon les lubies de son père ou les traités qu’il est censé négocier avec la couronne. Jusque-là, on le fait mariner et il ne s’en plaint pas. Profiter des plaisirs parisiens lui convient très bien. L’évocation de Dijon, toutefois, se fait naturellement. C’est une ville bien différente de le capitale française et pourtant, elle a un « quelque chose » d’agréable et de typique. Le Duc lui répond du bout des lèvres et Isandro se met à rire, tout en laissant sa nuque reposer dans l’un des angles du fauteuil.

« Un bordel, dis-tu ? J’ose croire que tu l’as fait exprès ! » S’il s’agit d’un lapsus, voilà qui le fait rire. « La couronne se porte donc si mal ? La jeune Reine m’a paru pleine de bonne volonté. Même si j’imagine que le poids doit être énorme sur ses épaules. » Un poids dont il a parfaitement conscience, lui qui sera également amené à gouverner si son père décède un jour. Parfois, vu l’énergie du Roi et sa manière de gérer son Empire, il se demande si cela arrivera véritablement. Il n’est pas pressé, il sait les contraintes que cela lui imposera. Il n’aura pas cette « fragile » liberté qu’il possède aujourd’hui.

« J’imagine que les… ¿cómo se dice? (2) » Il cherche le mot qui lui échappe et fait comme s’il battait des ailes, avec ses mains. « Buitre ? Ah euh, vautours ! Les vautours doivent voler nombreux autour de votre Reine. »


juillet 1590

(1) C'est un accord !
(2) Comment ça se dit ?
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Mer 29 Sep - 10:05
Fantasma del pasado
Après cet accord passé, tout deux devaient ressentir la même satisfaction, bien que Guillaume ne l’admettrait pas. Isandro, lui, affichait un sourire on ne peut plus resplendissant. Mais le Duc, non, il ne voulait pas montrer la moindre trace de contentement. Le contrôle était tel, qu’il n’était pas certain de trouver la force de se réjouir, une fois seul, enfermé dans les quatre coins de sa chambre, pour ne serait-ce que sourire à l’idée d’avoir un allié. Car c’était ce qui lui manquait cruellement : quelqu’un sur qui se reposer, quelqu’un avec qui il n’aurait pas besoin de jouer un rôle, quelqu’un qui supporterait son caractère parfois ignoble, quelqu’un qui ne vendrait pas sa tête en échange d’une coquette somme d’argent. Un… arriverait-il à formuler ce mot dans son esprit ? Un… ami. Pouvait-il en avoir un ?

Tu n’as pas besoin d’ami, tu as Guillaume.

Qui avait parlé ? Guillaume ? Laurent ? Édouard ? Un autre ? Tous à la fois ? Il chassa cette idée de son esprit rapidement. C’était ce dont il s’était persuadé durant toutes ces années, mais le Duc était éreinté par cette solitude. Il le savaient, ils le savaient. L’admettre, ce serait être faible, céder face à des maux, des émotions, tout ce dont il a horreur, tout ce contre quoi il a toujours luter. Il décida de revenir au présent, à Isandro, qui acceptait de relever le défi. Le Duc lâcha un soupir, à la fois épuisé d’avance de savoir que le Prince espagnol chercherait à gagner ses faveurs, à la fois dépité pour lui et son engouement qui perdrait sans doute rapidement de son éclat face au bloc de glace. Son entreprise ne serait pas aisée, réussirait-il à briser les remparts de Guillaume pour toucher cette infime partie de son cœur qu’il a emprisonné ?

Le rire d’Iso était franc, éclatant, si bien qu’il surprit le Duc. Qu’avait-il dit de si drôle pour le rendre hilare ? Un lapsus ? Il fallait bien avouer que cela était assez amusant et que l’expression de son allié permit à son propre visage de se dérider un peu. Marquez ce jour sur un calendrier : Guillaume souriait.

- Ce n’était pas voulu, je reconnais que c’est… cocasse.

La conversation dévia sur la couronne et Sa Majesté. Du peu que Guillaume avait pu voir d’elle, c’était un genre de girouette, manipulée par ses proches. Il n’irait pas jusqu’à dire que ces derniers étaient plein de mauvaises attentions, loin de là. Néanmoins, la Reine semblait couvée, protégée, surprotégée. Et il y avait également des intrigants autour d’elle, tirant les ficelles dans l’ombre, ou carrément à la lumière. Il songea aussitôt à Madame de Constantinople et ses magouilles pour que finalement le Duc danse avec la Reine, durant le bal d’Augustine. Un grand moment d’ennui, de froid et de silence. Fort heureusement, la souveraine était revenue à la raison et avait fait un genre de mea-culpa. D’ailleurs, Guillaume comptait bien profiter de cette après-midi promise dans la forêt de  Saint-Cloud avec la souveraine de France pour tirer ses propres ficelles…

- La Reine est… Comment ne pas paraître trop méchant avec celle qui portait la couronne qu’il désirait épouser ? Enfin il me semble qu’elle est perdue dans son rôle. Nommée souveraine alors que personne ne l’avait vu venir, j’ai l’impression qu’on l’empêche souvent de s’exprimer. Par peur qu’elle fasse une bêtise, ou par peur que son avis ne plaise pas, je n’en sais rien. Ses proches sont toujours au petit soin pour elle, notamment ses cousins d’Orléans. Et puis elle est clairement entourée de personne attirée par son trône. Sa remarque le renvoya à ses propres intentions, ce qui le fit sourire. Il faut qu’elle s’entoure de personnes à peu près saines d’esprit et qui ne soient pas uniquement de sa famille, autrement, je ne vois pas comment la France pourrait bien se porter.

Fallait-il partager avec son allié ses intentions concernant la couronne et notamment la chancellerie ? Ou devait-il garder quelques secrets ? Guillaume opta pour la seconde option, mais au fond de lui, une petite voix s’amusa de la situation : il savait fort bien qu’Iso devinerait que ses ambitions ne s’arrêteraient pas au Duché de Bourgogne. Si cette pensée l’amusa, elle l’agaça également, car il avait horreur d’être un livre ouvert, accessible à tous. Il avait horreur d’imaginer que son nouvel allié, le connaisse intimement si bien, pour commencer à s’insinuer dans ses rêves. Alors, le Duc espéra qu’il ne fasse pas tout de suite le moindre lien, pour conserver un peu de mystère...
Isandro d'Espagne
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Mer 29 Sep - 20:52
Ce qui est certain c’est qu’Isandro est plus enthousiaste à l’idée de leur accord que Guillaume. L’espagnol est tout sourire quand le blond parait… crispé. Heureusement le prince peut compter sur son rire communicatif et un lapsus inattendu pour alléger un peu l’ambiance. C’est déjà ça. Le moindre frémissement des lèvres de ce « nouveau Laurent » est une petite victoire et il ne rate rien de ce très faible sourire qui ponctue le visage du Duc.

Naturellement leur échange en vient à parler de l’état de la couronne de France. Etant tous les deux à la Cour de Paris – pour des raisons bien différentes, il va de soi – ils ont chacun pu approcher la Reine. De ce qu’il a pu voir, celle-ci n’est pas du genre à s’isoler dans son coin et sans pour autant se donner en spectacle elle ne refuse pas les entrevues. Ou peut-être n’est-ce pas forcément elle qui les accepte, s’il comprend ce que lui dit l’autre homme. Isandro n’a pas encore bien décrypté comment fonctionne le sommet de la France et les personnes qui gravitent autour de la souveraine. Il a identifié son plus proche conseiller (c’est ce qu’il en a compris, du moins) en la personne du Duc d’Orléans, ainsi qu’une femme influente… la Constantinople, lui a-t-on soufflé, sans qu’ils n’échangent autre chose que des formalités. Se redressant dans son fauteuil, Isandro écoute sans détourner les yeux. Il ne veut pas perdre une miette de ce visage qui a si bien vieilli. Ce fantôme de Laurent a gagné en maturité et en détermination, semble-t-il. Il n’en a pas conscience mais ce qu’il dit ne cache rien de son ressenti sur les proches de la Reine.

Un fin sourire naît sur les lèvres du brun en écho de celui du Duc. « Une personne comme toi, j’imagine ? C’est une question faussement naïve. C’est donc pour ça que je te trouve ici, Monsieur le Duc de Bourgogne ? Tu as pour projet de sauver la France ? » Il dit cela sur un ton ironique tellement cela lui parait… gros. Même pour un homme qui, il y a six ans, se vendait dans une maison de passe de Dijon. Il l’avait compris follement ambitieux, alors. Aujourd’hui, il comprend qu’il avait raison de l’être et constate le long chemin qu’il a parcouru… mais la couronne, devenir une personne de confiance de la Reine, ce n’est pas rien. « Où s’arrête ton ambition, Guillaume ? Tu crois réellement que quelqu’un toi pourrait conseiller la Reine de France ? »

Cela sort naturellement, sans qu’il ne réalise la dureté de telles paroles. C’est que lorsqu’on est né avec une cuillère doré dans la bouche, qu’on n'a baigné qu’auprès d’hommes à la tête de régions et d’empires, on se fait une idée assez nette de qui « peut » se lancer dans un tel projet. Quelqu’un comme son père dont l’appétit d’expansion n’a aucune limite. S’imaginer Laurent semblable à son paternel passe assez mal. « Je sais que tu as bien des ressources… murmure-t-il avec un regard qui balaie le corps du blond de haut en bas, seulement, qu’est-ce qui te rend plus capable et « sain d’esprit » que tous ces gens dont tu parles ? La Bourgogne ne te suffit pas ? »

Cet homme est donc un bruitre. Isandro ne sait même pas pourquoi il se sent bêtement surpris. Ce Guillaume est un loup. Un loup de glace qui voit loin, bien plus loin que ceux qui l’entourent et se projette toujours au-delà, en avant. Non, ce n’est pas ça qui déçoit le prince. Il ne saurait l’expliquer. De ce qu’il a vu de la Reine de France, c’est une femme qui essaie d’écouter tout le monde, de contenter tout le monde, sans forcément remarquer l’influence des gens qui se pressent à ses pieds. A son échelle Isandro sait ce que c’est d’être ainsi manipulé et oppressé par des gens qui se prétendent tous de bonne volonté.

Ce Guillaume, est-il de bonne volonté ? Isandro a un soupir et se penche finalement en avant. Il lève légèrement sa main, ses prunelles vertes toujours plongées dans le bleu océan, comme attendant un refus. Si Guillaume se crispe il ne s’éloigne pas et Isandro tapote de l’index sur la tempe gauche de l’autre homme. Si elle est ancienne, leur proximité d’alors n’est pas complètement gommée. Tactile comme il est, Isandro ne peut pas s’en empêcher. C’est sa façon à lui de tester les limites.

« Dis-moi ce qui bouillonne là-dedans. Je suis ton allié, maintenant. » C’est d’ailleurs ça le plus fou. Quoique le blond lui réponde, Isandro sait que c’est déjà trop tard. Son corps répondra pour lui et lui dira oui.


juillet 1590

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Mer 29 Sep - 23:07
Fantasma del pasado
Évidemment, Isandro avait flairé l’entourloupe. Avec son petit sourire narquois, il demanda au Duc si son projet était de sauver la France. Qui a dit qu’il s’inquiétait pour elle ? Certes, il a bien conscience qu’après guerres, famines, maladies, la nation est au bord de l’implosion et que le choix d’une souveraine anciennement mariée au Saint Empire Germanique n’est probablement pas le meilleur choix… Mais pour autant, désire-t-il sauver la France ? Cette question, il ne se l’était pas réellement posée, tant il était toujours obnubilé par la couronne et le trône allant de paire avec. Néanmoins, un grand rôle de sauveur, pour un ambitieux comme lui, est-ce que ce n’était pas terriblement excitant ?

Le petit air d’Isandro changea et ses paroles, à l’image de celles qu’avaient pu prononcer Guillaume, lui firent l’effet d’une violente gifle. Le dédain dans le choix de ses mots étaient absolument piquant. Toute trace de sourire ou d’humour disparut alors de l’expression du Duc, qui retrouva refuge dans ses retranchements. Ses pupilles, sous le coup de la colère, rétrécirent et le bleu de ses yeux était frappant. Son corps, qui avait peiné à décrisper, se tendit aussitôt. Sa mâchoire se resserra si fort que cela en devenait douloureux. Il n’acceptait pas qu’on le rabaisse, pas chez lui, pas après tout ce qu’il a fait pour en arriver là…

- Mon ambition n’a pas de limite. Avait-il articulé avec difficulté et surtout beaucoup d’amertume dans la voix.

Dans son dos, il sentit la présence du petit Édouard, à la rue, affamé et perdu. Il s’était penché vers lui pour lui chuchoter ce que Guillaume refusait toujours d’entendre, car ses mots avaient une si grande part de vrai…

Tu n’es rien qu’un enfant sans nom et sans sou. Pour qui te prends-tu ?

Il voulait s’arracher les oreilles, mais il savait que cela ne résoudrait pas le problème. Peu importe combien il se mutilerait, la voix serait toujours là, prête à rebondir sur les propos des autres, prête à lui rappeler la fragilité de ses plans, prête à le rabaisser… Édouard lui faisait du mal autant qu’il le motivait à tout détruire sur son passage, pour mieux reconstruire. Comme il était fatigué. C’en était trop pour lui. Cette soirée vampirisait son énergie. Tout de même, il refusait de paraître faible, ainsi il puisait, encore et encore, dans ses dernières forces, pour que l’on garde à l’esprit l’image d’un homme plein de ressources, ambitieux et intelligent, qui n’a peur de rien et surtout pas de la difficulté.

Isandro reprenait ses propres mots pour l’interroger sur ses ambitions. Non, la Bourgogne ne serait jamais suffisante. Quand on a connu la faim, la mort, la violence, les manipulations, la prostitution, on veut prendre sa revanche sur ce monde et aller haut, toujours plus haut. Était-ce si difficile à comprendre ? Était-ce si difficile d’imaginer combien cette colère, cette haine, sont un moteur pour lui, une énergie bourdonnante pour nourrir ses rêves ? Est-ce qu’Iso finirait par comprendre qu’il ne s’agit pas seulement d’ambition, mais de vengeance ?

De fatigue, de déception, ou qu’importe de quoi, le Prince espagnol poussa un soupir. Et puis, de nouveau, il réduisit la distance entre eux deux. Par un contact de la main, il envahit l’espace vital de Guillaume, qui tressaillit en sentant son gant toucher sa tempe. Son corps étant de glace et de marbre, il ne trouva pas l’énergie pour le repousser. Il se pétrifia au contact de ce doigt qui tapotait sa tempe, comme pour s’introduire dans son esprit. Ses prunelles de glace se plongèrent dans celles en émeraude. Qu’espérait-il y trouver ? La force de le repousser ? L’énergie pour devenir menaçant et lui montrer de quoi il était capable ? Isandro attendait des réponses, mais Guillaume n’avait plus envie de lui répondre. Pas ce soir. Allié ou non, le jeu était terminé.

- Mon allié ? Ou mon juge ? Demanda-t-il, la voix rauque.

Le contact entre leurs yeux ne se rompit pas. Guillaume cherchait lui aussi à entrer dans l’esprit du Prince, à comprendre ses intentions, à déceler s’il lui avait mentit, si réellement il ne rapporterait pas tous ses secrets à la couronne. Il ne trouva pourtant aucune réponse à ses interrogations, pas plus qu’il n’admira son propre reflet dans ses iris. Fatigué, sans repousser la main du Prince, le Duc pressa ses doigts sur ses paupières, avant de lâcher de quoi satisfaire un minimum Son Altesse.

- Je ne veux pas replonger dans l’une de mes vies passées. Tu es un Prince, tu es riche, tu as tout ce que tu désires et plus encore. Tu ne sais pas ce que j’ai vécu.
Isandro d'Espagne
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Isandro d'Espagne
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Mar 5 Oct - 23:02
La réaction de Guillaume ne surprend en aucun cas Isandro. Il s’y attendait. Si devenir Duc de Bourgogne était l’unique objectif du blond, il ne serait sans doute pas ici mais bel et bien dans sa demeure, à agir pour le bien de son duché. Difficile en l’état de savoir ce qu’il en est de la Bourgogne. L’autre homme vise plus haut, plus grand, et sans limite, dit-il. Même s’il pouvait l’anticiper, un éclat d’excitation naît dans les pupilles de l’espagnol. Parie-t-il sur le bon « cheval » en la personne de Guillaume ? Il n’en a pas la moindre idée. Il a la simple conviction que quoiqu’il en coût ce dernier fera tout ce qu’il peut pour aller loin, toujours plus loin. Cette perspective titille la curiosité du prince qui espère pouvoir être témoin, autant que possible, de ce qui se passera alors.

Si le blond n’a pas apprécié ses mots, Isandro ne s’en souci guère, déjà impatient à l’idée de ce qui peut se tramer chez son interlocuteur, lui qui a un avis si arrêté sur ceux qui gravitent autour de la Reine. Par quels moyens compte-t-il s’y prendre pour véritablement l’approcher ? Pour retenir son attention et éventuellement devenir « quelqu’un », auprès d’elle ? Après le souvenir c’est maintenant une fascination pour le futur qui prend place chez l’espagnol, en un combo inaltérable. Tout chez cet homme parvient à le mettre sur le qui-vive, à vouloir le suivre comme son ombre les yeux grands ouverts et se délecter de ce qu’il se passera. Peu importe quoi. Et si Isandro peut jouer les bonnes fées et souffler un peu de magie sur son parcours pour l’aider à aller dans telle ou telle direction, il ne s’en privera pas. Ô que non.

Alors il se permet des gestes sans se soucier nécessairement des réactions qu’il peut provoquer. Il a ce besoin indécent de toucher, d’imposer sa marque d’une façon ou d’une autre, et dans le cas présent de s’assurer qu’il y a toujours un soupçon de proximité entre eux. C’est plus fort que lui, c’est un besoin. Il n’est pas face à n’importe quel petit Duc de France. Il est face à « son » Duc. Celui qu’il a connu quand il était encore loin de l’être. Celui dont il sait beaucoup, faute de tout savoir. Celui qui n’hésite pas à le défier, d’ailleurs, quand d’autres se contenteraient de baisser les yeux et de subir. C’est ça aussi qui attise la flamme.

« Ton allié, je te dis. » Faute de pouvoir prétendre être son ami, pour le moment. Mais c’est bien là une idée que le prince a déjà en tête. Il veut garder cet homme dans son champ de vision, quoiqu’il en coûte. « Te juger ne m’apporterait rien. Mes conseils sont des cadeaux que je t’offre, entends-les ou non, c’est comme tu le souhaites. »

La fatigue est facilement visible sur le visage de Guillaume dont les paupières semblent lourdes. Est-ce sa simple présence qui le fatigue ? L’idée n’effleure même pas l’esprit de l’espagnol. Les mots qui sont prononcés alors s’incrustent dans l’esprit d’Isandro qui n’en retient que ce qu’il veut.

« Je ne te demande pas de replonger dans ton passé… » Quoique. « Mais toi comme moi ne pouvons nier combien nous nous connaissons. » Décidé à jouer avec le feu, le prince profite de ce léger moment de faiblesse de la part du Duc pour laisser son index glisser sur sa joue. Sa voix n’est alors plus qu’un souffle. « S’il était question de ce que je désire… » Nous n’en serions déjà plus à simplement nous parler. Il ne le dit pas mais son regard voilé trahit sans mal ses pensées. Le désir est l’un des grands moteurs de sa vie et il vit mal de se voir refuser certaines choses, en général. Sa phrase est morte dans un souffle et ses yeux survolent maintenant les lèvres du blond. Son doigt suit très rapidement après un bref regard, comme un défi là encore. Et d’un geste vif, son index se pose sur ces lèvres fines qu’il a bien connu, en un autre temps. C’est furtif, le temps d’une inspiration et finalement Isandro se recule, prestement.

Comme s’il acceptait de mettre fin à la torture qu’il inflige à l’autre homme. Il n’est pas ignorant du fait qu’en s’imposant ainsi il vient comme un rappel d’une vie que Laurent voudrait oublier et enfouir. L’élégance serait de ne pas en profiter, oui, mais le désir – fameux désir – est plus fort. Il consent toutefois à ne pas en abuser plus et affirme : « Je te demanderais bien de me raconter, alors. Seulement je sais que tu n’en diras rien. »

Reculé à nouveau dans son fauteuil, il s’étire les bras et lance, avec nonchalance : « Pour le reste, si tu veux réellement approcher la couronne, encore faudrait-il revoir ton sens de l’hospitalité, cher Duc ! Est-ce ainsi que l’on reçoit un prince ? J’ai vu des abbayes jésuites bien plus accueillantes. Ni vin, ni sucrerie… parmi tes multiples facettes, serais-tu également moine ? » Un sourire nait à nouveau tandis que ses yeux pétillent à l'idée de sa prochaine phrase : « Et si je réclamais à dormir ici pour m’éviter les dangers d’un retour au Palais en pleine nuit, quelle serait seulement ta réaction, mon hôte ? »


juillet 1590

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Sam 9 Oct - 21:03
Fantasma del pasado
Le Prince lui faisait cadeau de ses conseils, c’était fort aimable de sa part et généreux… Il se retint amèrement de lui envoyer dans les dents qu’il n’y avait pas de cadeaux en ce monde, que tout était fait dans un but : se servir soi-même. Lorsqu’Iso offrait à Laurent des présents, par la suite il espérait bien passer une nuit des plus endiablées avec lui. Mais Guillaume passa sur ce sujet. Si Isandro était là en tant qu’allié, il faudrait bien finir par le croire. Bien assez tôt il saura s’il lui a menti ou non. Accorder sa confiance lui paraissait insurmontable, y parviendrait-il un jour ? Un tel lâché prise serait… extraordinaire de sa part.

C’était assez désagréable d’entendre dans sa bouche une vérité : tous les deux se connaissaient. Ils ne s’étaient pas fréquentés des années comme deux amis, certes. Mais le lien qu’ils avaient eu par le passé, si intime et même parfois plaisant, ils ne pouvait nier qu’ils se connaissent. Il sentit ses doigts se crisper sur ses paupières, alors que la main du prince espagnol glissait sur sa joue. Son ton et les mots qu’ils employèrent le firent frissonner. Très probablement d’effroi, impossible qu’il puisse ressentir autre chose dans ce corps et ce cœur de glace.

Très lentement, il dégagea ses paupières de ses doigts, ce qui lui permis de rouvrir les yeux et de découvrir de nouveau le visage d’Isandro, plus proche du sien. Même un Saint aurait imaginé sans peine ce qui pouvait bien se tramer dans cette tête. Cela eu le don de perturber le Duc qui se sentit pétrifié sur place. Il n’espérait tout de même pas avoir Laurent en face de lui ? Qu’est-ce qu’il espérait provoquer en lui en passant, très brièvement un doigt sur ses lèvres et en les dévorant du regard ? L’instinct de son corps fut d’entrouvrir très légèrement ses lèvres, alors même que ses sourcils se fronçaient. Une vraie dualité sur son visage, un manque de contrôle qui eut le don de le contrarier. Iso était le pire.

Le prince finit par le délivrer de cet instant de torture avant de finalement critiquer son hospitalité et sa façon de recevoir des personnalités royales. Il voulut lui rétorquer que dans de meilleures conditions, et notamment s’il ne s’était pas invité chez lui sans le prévenir un soir, il aurait pu sortir le tapis rouge à moumoute pour son bon plaisir. Mais Isandro avait la langue bien pendu et il ne lui laissa pas en placer une. Ou alors, Guillaume était encore trop secoué pour répondre du tac au tac.

Il te perturbe, Laurent.

Mais qu’elles se taisent ces fichues voix ! C’en était trop pour ce soir, il ne parvenait plus à les supporter avec leurs pensées parasites, leurs jugements, leurs ricanements. Attendez, vient-il de le traiter de moine ? Est-ce que ce n’était pas carrément drôle lorsque l’on sait à quel point ils ont péché tous les deux ? Ou alors, il faisait référence au Guillaume présent : plus austère, fatigué, qui continue de ne pas toucher à la moindre goutte d’alcool… ?

- T’es sacrément gonf…

Le Duc n’eut pas le temps de terminer sa phrase, déjà le prince espagnol enchaînait. Semblait-il qu’il avait une idée derrière la tête. Son petit air narquois lui donna presque envie de l’étrangler tant il poussait sa chance. Et plutôt que de se contenter de l’envoyer balader, il continua sur son même ton, bien que cela n’eut pas vraiment le même effet que dans la bouche du prince.

- Ma réaction ? Et bien, vois-tu vu l’heure je ne demanderai même pas à l’un de mes domestiques de te préparer une chambre d’invité à la hauteur de ton rang. Que dirais-tu de la chambre du Duc ? Et puis, la cerise sur le gâteau, puisque tu ne dois songer qu’à ça, tu pourrais peut-être passer la nuit à me prendre comme bon te semble ?

Il fallait bien que son venin sorte à un moment ou à un autre. Il se connaissaient, alors Iso devait s’attendre à un coup de ce genre de la part de son Laur… Guillaume, n’est-ce pas ? Tout de même, ne voulant pas lui laisser l’opportunité de trop avancer dans ce petit jeu, le Duc de releva de son fauteuil pour creuser une nouvelle distance entre eux. Lui-même ne savait pas jusqu’où il irait, simplement pour lui clouer le bec. C’était un jeu dangereux, beaucoup trop dangereux pour lui. Il n’en avait plus l’habitude. Son épuisement était visible, mais un quelque chose d’autre semblait s’être réveillé en lui. Un éclat, que personne n’avait vu depuis des années. Le défi et l’excitation qu’il impliquait.

- Un prince ne se déplace certainement pas tout seul, ton homme de main doit t’attendre pour rentrer, Isandro.
Isandro d'Espagne
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Isandro d'Espagne
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Mar 12 Oct - 0:53
Maintenant qu’il a retrouvé cet homme, Isandro pourrait rester longtemps ainsi à se délecter de sa simple présence et s’amuser, par de simples gestes, à raviver une flamme qu’il aurait cru éteinte. Si les années sont passées, le désir, lui, est toujours là. C’est savoureux d’en jouer et de chercher à lire dans le corps et les mots de l’autre ses réactions. Tout chez Isandro incarne une époque que Laurent essaie de cacher. Pourtant, c’est plus fort que lui, l’espagnol ne saurait se taire et se réfréner. À quoi bon ? Le blond peut faire ce qu’il veut, le prince en sait beaucoup sur lui. Ce savoir remonte à bien des années, certes, mais il est si intime qu’il demeurera à toujours une faiblesse pour une âme aussi dure que la sienne. Ce Guillaume est de ceux qui mettent leur ambition au-delà de toutes choses. De ceux qui se bâtissent et se construisent en franchissant les obstacles, aussi difficiles soient-ils, et en se refermant sur eux-mêmes.

En débarquant ainsi Isandro vient malmener tout ça. S’il n’en a qu’en partie conscience, il ne s’en prive pas pour autant. C’est distrayant et passionnant à la fois. L’homme devant lui réserve bien des surprises que l’espagnol est prêt à découvrir. C’est en cela, d’ailleurs, qu’il fera un très bon allié. Il est curieux de voir ce que Guillaume saura accomplir si on l’y aide un peu. Peut-être qu’il lui donnera tort ? Peut-être qu’en suivant ses aspirations il montera aussi haut qu’il le souhaite ? La perspective parait des plus incongrues mais Isandro ne sera pas celui qui lui brisera les ailes.

Alors il profite autant qu’il le peut des soubresauts que le blond ne parvient pas à réprimer. Il y a ses lèvres qui s’entrouvrent légèrement tandis que ses sourcils se froncent. A lui seul son visage trahit toutes les émotions contraires qui le traversent et c’est à ça qu’Isandro comprend que son rizo n’a pas complètement disparu. Il est là, quelque part, bien loin sous la carapace du Duc de Bourgogne. Il est là et rien que de le constater le prince grave en lui ce défi : celui de creuser petit à petit cette étincelle, et voir jusqu’où il arrive.

C’est pour ça qu’il y va de ses petits commentaires sur son accueil et pousse même jusqu’à l’idée de dormir ici. La question n’était pas réellement sérieuse et la réponse… ne l’est pas non plus. Le vulgaire lui rappelle Laurent qui ne se gênait pas, par moment, à faire entendre en des mots crus le fond de sa pensée. « Voilà qui est bien tentant, mon cher. Pourquoi mentir ? Ce serait donc ainsi que tu pallierais ton manque d’hospitalité ? Cela marcherait, tu t’en doutes. » Isandro répond d’une voix de velours et ne se retient aucunement de détailler des yeux le corps du Duc qui vient de se lever.

Tous les deux savent que ce soir n’est que le début. Tant que les frontières avec l’Espagne sont fermées, tant que les accords et autres traités commerciaux ne sont pas définis, Isandro a prévu de rester un moment en France. D’autant plus, comme le lui annoncé le Ministre Perez, s’il est attendu qu’il épouse une Française. « Mais ce serait trop facile. Laurent n’est plus et je ne suis pas là pour profiter d’un fantôme. Je préfère prendre le temps qu’il faut pour découvrir ce Guillaume qui me semble lui aussi plein de surprises… » Fait-il d’un ton enjôleur. La perspective d’une nouvelle cible n’est pas déplaisante.

Mais bien entendu le Duc sonne la fin de la première manche et Isandro s’y attendait. A la mention de son homme de main, le regard du prince se pose instantanément vers la porte depuis laquelle il a été amené jusqu’ici. Au-delà, devant l’entrée de ces appartements, son Chevalier doit certainement l’attendre, en effet. Diego est au service de la couronne d’Espagne depuis plusieurs décennies, maintenant. Plus âgé qu’Isandro d’une bonne dizaine d’années, il est consciencieux et de confiance, ce qui est rare en ce bas monde.

« Diego est du genre patient. » Il s’étire à nouveau les bras et précise : « Le Chevalier d’Almendra. » Il se relève enfin, dans un bond. « Je te le présenterai, un jour. Je suis sûr que tu l’adoreras. » Ce n’est même pas une question. Diego est du genre efficace, à préférer s’exprimer en espagnol autant que possible. Il voit beaucoup mais parle peu. Son français est purement utilitaire, lui permettant d’obtenir ce qu’il veut quand il le veut. Pour autant, c’est par sa lame, son charisme et son autorité qu’il parvient à intimider les autres. Isandro l’apprécie et sait qu’il peut compter sur lui en toutes circonstances. D’autant que sous son apparent mutisme l’homme sait être de bon conseil lorsque le prince lui demande son avis (ce qui arrive souvent).

« J’espère que tu travailleras également ta manière de me congédier, rizo. Je pourrais m’offusquer pour moins que ça. » Il fait quelque pas en direction du blond et plonge ses yeux dans les siens. « Sin embargo (1) Ta fatigue ne ment pas, alors je vais partir, oui. » Il dit cela tout en prenant encore le temps de bien détailler ce visage qu’il ne se serait pas attendu à retrouver sur sa route. Il veut l’ancrer dans son esprit pour ne rien en oublier.

Puis il lisse d’un geste distrait sa tunique et jette un coup d’œil circulaire sur la pièce. « Je reviendrais. Pour Laurent, pour Guillaume, peu m’importe. Je t’ai retrouvé, ce n’est pas pour te perdre aussi vite. Et puis, nous sommes alliés, maintenant, ne l’oublie pas. »

Il fait un pas vers le Duc qui s’est positionné bien trop loin de lui et lui tend la main. « Et la prochaine fois, fais-moi plaisir, fais en sorte d’avoir de ces… pasteles euh... pas… pastisseries que vous faites si bien, ici. » La poignée de main est ferme, sincère.

Quand il se recule, Isandro prend la direction de l’entrée de la pièce et ajoute : « Duerme bien, mi fantasma. (2) » N’allez pas croire qu’il ne sait rien de la proximité de ce mot avec un autre, fort approprié lui aussi. « Et à bientôt, Guillaume. » Fait-il dans un salut final, avec un sourire qui s’entend dans sa prononciation.

Il est raccompagné à la porte d’entrée du logement par un serviteur. Une fois dehors, le Chevalier d’Almendra vient à son niveau et l’interroge du regard.

« Fue una hermosa velada, Diego. ¡París me agrada un poco más cada día!
- Me alegra saberlo, Alteza.
- Y ahora, volvemos. (3) »



juillet 1590

(1) Néanmoins...
(2) Dors bien, mon fantôme.
(3) « C'était une belle soirée, Diego. Paris me plait chaque jour un peu plus !
- Je suis ravi de l'apprendre, votre Altesse.
- Et maintenant, rentrons. »
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