Dim 19 Sep - 0:35
Pour beaucoup il est le Prince d’or (el príncipe dorado). Difficile pour autant de savoir si cela est dû à ses tenues systématiquement agrémentées d’une touche dorée, à ses sourires éclatants et son tempérament solaire, ou à l’argent qu’il dépense partout où il va. Ce qui est certain c’est qu’Isandro d’Espagne est apprécié de son peuple. Mieux encore, cela semble être assez naturel chez lui.
Il ne force pas grand-chose, il aime sa vie telle qu’elle est – qui pourrait s’en plaindre ? – et transmet facilement ce regard positif qu’il porte à ce qui l’entoure. Certes, la richesse dans laquelle il a toujours grandi n’y est pas étrangère. Quand on a de la chance, pourquoi ne pas en profiter ? Cette opulence désinvolte le rend parfois… égoïste ou crispant aux yeux de certains. Il faut dire que ce luxe lui parait tellement évident. Dépenser à outrance, profiter pleinement des plaisirs qui s’offrent à lui et tout considérer avec une légèreté horripilante, voilà qui le résume bien.
Éloigné de son peuple par sa situation géographique et ses préoccupations, il est souvent considéré comme un pion immature, simple babiole d’apparat que son père a déplacé sans mal, comme on le ferait sur un plateau d’échecs. Relégué dans un coin, là où il ne fera pas d’ombre au grand Felipe II, Isandro s’est parfaitement accommodé à esta vida francesa et peut-être est-il plus alerte sur ce qui se passe autour de lui qu’il le laisse entendre. Il n’a pas particulièrement d’ambition pour autant, pas envie de faire la guerre à tout ce qui bouge ni massacrer des peuplades indigènes pour en récolter les richesses. Il n’ira pas à l’encontre non plus, sincèrement pas mécontent de ne pas avoir à trop se salir les mains jusque-là. Le statut quo lui convient, même s’il sait se faire leader d’hommes en suivant les directives de son père.
Ce n’est pas qu’il refuse d’ouvrir pleinement les yeux sur certaines considérations, mais si d’autres le font très bien à sa place, pourquoi se fatiguer ? Il observe, il complimente ou décrie, toujours avec un large sourire qui permet difficilement de mesurer à quel point il apprécie ou dénigre ce qui a pu se faire. Si son humeur est en berne ou qu’il a une raison d’être agacé, cela ne dure guère longtemps. Une bonne bouteille, des sucreries ou des courbes agréables le remettront bien vite sur pied.
Quand il se doit de faire honneur à ses fonctions autrement qu’en représentation, il peut être curieusement impliqué et appliqué. Ses décisions sont le plus souvent guidées par son instinct, vous dira-t-il, bien que cela est très certainement faux. S’il est frivole, il n’est pas idiot. Il refuse simplement de gaspiller son énergie dans des réunions interminables et ses remarques allant – volontairement ? – à contre-pied de ce qui se dit ou se fait ont souvent le mérite de « remuer » les choses.
Son quotidien est comme un vaste terrain de jeu. Isandro n’est autrement plus heureux que lors des soirées mondaines à saluer et danser en tous sens, dans les tournois d’archer où il excelle ou bien lorsqu’il se permet des escapades par-ci par-là dans les villes où il se trouve, l’amenant généralement dans une auberge ou entre les mains des meilleures filles (et fils) de joie. Libertin, il charme sans mal avec ses grands éclats de rire, son accent prononcé et la générosité dont il peut faire preuve, sur un simple coup de tête.
En plus de sa langue natale parle portugais, français, allemand et italien. Adore danser, est de toutes les festivités et ne refuse jamais une invitation. A une très bonne mémoire des visages et sait parfaitement garder les secrets des autres. Quand il se trouve une obsesión (de toute sorte : être vivant, gâteau, musique ou activité), il n’en démord pas. Il faut souvent pas mal de temps pour que cela lui passe. C’est ainsi que pendant bien deux mois, chaque jour, il ressassa certains Sonnets pour Hélène de Pierre de Ronsard, qu’il avait entendu mis en musique en se promenant dans les rues de Dijon et paya bien trop généreusement le ménestrel en question pour qu’il vienne chaque week-end les lui chanter.
De grandes teintures rouges à travers lesquelles le soleil parvenait à percer, une odeur d’agrumes et d’épices rapportées des Indes et… du bruit. Tout le temps du bruit. C’est ce dont se souvient Isandro lorsqu’il songe à son enfance à Madrid.
Second fils de Felipe II, sa vie s’annonçait paisible. Le Roi ne se dégageait que peu de temps pour véritablement s’intéresser à sa progéniture et cela n’a jamais particulièrement froissé Isandro. C’était normal. Son père étant Roi d’Espagne et du Portugal, il avait toujours à faire. Toujours mieux à faire. C’est ce qu’on n’avait de cesse de lui rappeler tandis que le Roi passait son temps avec les membres de son Conseil ou errait dans les couloirs de l’Escurial. La Reine, à l’inverse, par sa prévenance et celle de ses dames de compagnie faisait en sorte d’avoir des mots bienveillants pour ses jeunes enfants et particulièrement pour sa fille, Rosalía, l’aînée de la fratrie.
La première « cassure » dans le cocon doré d’Isandro intervint en 1572. Du haut de ses sept ans, il assista, impuissant, à l’isolement de sa sœur Rosalía. Le ballet des plus grands physiciens du royaume avait quelque chose d’étouffant et d’angoissant pour l’enfant qu’il était. En quelques mois, elle mourut de la vérole.
Les princes recevaient alors une éducation catholique et princière complète. Certes, le deuxième prince n’était pas l’enfant le plus studieux ou le plus à l’écoute qui soit mais avec de bons arguments on parvenait toujours à le faire travailler un minimum. Son frère aîné et lui n’ont d’ailleurs pas manqué de précepteurs : l’étiquette, l’équitation, la danse, la musique et les langues ont rapidement su retenir son attention.
Il fut également formé au maniement des armes et à la stratégie militaire. Les épées avaient quelque chose d’élégant et mais l’arc – moins noble, il est vrai mais nettement plus amusant – fut comme une évidence pour lui, au grand désarroi de ses instructeurs. L’arc (et ses déclinaisons) est pour un soldat et non un prince.Il n’en avait cure et défiait qui le voulait à viser des cibles toujours plus éloignées.
La mort de son frère aîné fut soudaine et lourde en conséquence pour Isandro. Lors d’une battue traditionnelle (montería) Esteban fit une très mauvaise chute et tomba sur la tête. Il ne s’en releva pas et décéda le lendemain. Alors âgé de dix ans, Isandro ne réalisait guère ce que cela signifiait pour lui : il était devenu l’héritier du trône d’Espagne. Rien qui ne presse, pour autant, Felipe II se voyait en expansionniste intouchable et éternel derrière les murs de son vaste bureau.
Affaiblie par la mort de ses aînés, la Reine María Cinta ne chercha pas à combattre la pneumonie qui eut raison d’elle, un peu moins d’un an après la mort d’Esteban. Isandro resta à son chevet jusqu’à son dernier souffle. La bulle d’enfance dans laquelle il avait été préservé, celle qui lui avait permis de grandir à l’abri de certaines violences et autres jalousies éclata belle et bien. Il n’avait plus ni sœur, ni frère aîné, ni mère. Seuls restaient son père et, heureusement, Domingo, son jeune frère né cinq ans après lui.
Dans ses vastes projets de conquête de l’Europe, Felipe II ne prit guère le temps de s’attrister et se remaria rapidement avec Eleanor, Reine d’Angleterre, en 1576. De leur union naquirent deux princesses qu’Isandro n’eut pas vraiment le loisir de les connaître puisqu’à quatorze ans il effectua un voyage de plusieurs mois au Portugal, terres de sa défunte mère, pour parfaire son instruction de prince héritier et prendre la pleine mesure du commerce maritime à Porto et Lisbonne. Il intégra le Conseil de son père à dix-sept ans et obtint de ce dernier la charge honorifique du duché d’Aveiro.
Son père semblait n’accorder que peu de crédit aux interventions d’Isandro au sein du gouvernement. Le prince n’avait cependant pas besoin de sa reconnaissance pour se faire sa propre réputation. En déplacement à Séville, une missive le somma de retourner à Madrid se préparer pour un voyage en France. Il devait y rejoindre le Duc de Bourgogne, lointain cousin par alliance. La perspective réjouit fortement Isandro. S’il était conscient du climat tendu entre la France et l’Espagne, il était aussi extrêmement curieux de découvrir les attraits de cette grande puissance voisine. Il y était missionné dans un rôle bien précis : celui de chef d’armée, accompagné d’un contingent de plusieurs centaines d’hommes, afin de faire pression sur le Saint-Empire germanique dont la proximité menaçait les terres de Bourgogne. En 1584, le Duc d’alors était un homme amer qui voyait d’un mauvais œil les mouvements germaniques à quelques kilomètres de sa frontière. Puisque la couronne restait muette à ses demandes – disait-il – autant compter sur ses cousins les plus puissants. Isandro n’était pas dupe, un accord avec son père avait dû être trouvé dont il n’avait pas encore tout le détail. Le trajet jusqu’à Dijon ne fut pas sans encombre mais le prince héritier l’oublia vite une fois sur place, séduit par les charmes de la France. Tous ses charmes. Ce qui devait être assez rapide nécessita finalement de longs pourparlers qui s’étendirent sur environ dix mois. Ses connaissances stratégiques et son talent de diplomate furent mis à rude épreuve mais il ne perdit qu’assez peu d’hommes. Lorsqu’il rentra finalement en Espagne, ses actions en France furent félicitées et sa position au sein du Conseil s’en retrouva renforcée.
Son père avait encore bien des projets pour lui, parmi lesquels un mariage avec une princesse italienne. Les fiançailles mirent du temps à être scellées et, entre temps, l’épidémie de peste gagna en ampleur et devint une vague de Mort qui emporta bien des vies sur son passage. Domingo, son jeune frère, fut l’une d’entre elles et son décès marqua un nouveau coup dur pour Isandro. L’emprise catholique et la chape de plomb sous laquelle il vivait quand il était de passage à l’Escurial le forçaient à rester digne, parfaitement digne, alors qu’il n’en pensait pas moins. Pourquoi vivait-il, lui, quand tous les autres mourraient ? Tous les autres et même celle qui fut sa femme à pleine plus d'une année : la princesse Claudia. Elle mourut quelques semaines après son accouchement, en 1587, après lui avoir donné un fils, Tobias. Ce fut à la fois un grand accablement et une grande joie pour Isandro, qui appréhenda à tous petits pas cet être qui lui paraissait si fragile. Il alla vivre quelques mois dans sa demeure d'Aveiro où il prit un peu de temps pour faire son deuil et se faire à l'idée qu'il avait désormais un fils. Un fils, dont la venue au monde enchanta le Roi Felipe II qui demanda à ce que Tobias ait une éducation stricte auprès des jésuites et décida assez vite de ses nourrices et de ceux qui s'occuperaient de lui, sans qu'Isandro n'ait son mot à dire.
Certains l'appelait « El príncipe afortunado » (le prince chanceux), le survivant et… même s'il commençait à le croire, se voir enlever ce jeune fils qu'il commençait à peine à appréhender fut une tristesse enfouie. Tobias était sa réussite, sa progéniture, enfin quelque chose qu'il ne devait pas à son père mais ce dernier parvint tout de même à mettre sa main dessus. Essayer de fuir le poids des responsabilités en des mœurs légères l’aida à se reconstruire et à faire face à cette période.
Mais la réalité se rappela assez vite à lui. Le Roi, tout occupé à développer le commerce avec les Amériques avait à nouveau besoin de lui en France. Puisque son précédent voyage là-bas avait été une réussite, il décida d’en faire un émissaire envoyé pour pacifier – autant que possible – les relations commerciales entre la France et l’Espagne. Nombre de familles espagnoles et portugaises étaient parties s’installer sur les côtes atlantiques de l’hexagone ce qui privilégiait certaines exportations. Seulement les frictions grandissaient au sein des ports entre les Français et les sujets du Roi d’Espagne (les marchands, les dignitaires partis faire du commerce mais aussi les pirates de la péninsule ibérique, plus difficiles à cadrer). Il était attendu de lui qu’il visite les villes concernées et œuvre dans le sens d’un traité commercial de grande ampleur, profitable à l’Espagne.
Il entreprit donc un long voyage, longeant les côtes françaises jusqu’aux terres bretonnes. Il apprit d'ailleurs, entre temps, que son père réfléchissait à lui trouver une future épouse.
Après avoir discuté avec les différents dignitaires et les familles marchandes espagnoles, il y a un mois il a pris la direction de la Cour de France où il était attendu. A son arrivée, tout comme partout dans l’hexagone, il fit face à des attitudes plus que mitigées. Il n’en était pas déstabilisé pour autant et s’amusa à charmer comme il avait l’habitude de le faire, non sans rappeler d’une voix douce que si la France avait des ambitions concernant le Nouveau Monde, elle avait tout intérêt à ne pas froisser les dignitaires espagnols.
(Il lui sembla aussi y retrouver... un visage.)
Cela mis à part, il espérait également qu’outre sa présence en tant qu’émissaire, il pourrait parfaitement profiter des plaisirs de la Cour de France, dont on lui avait vanté bien des mérites.
Isandro d'Espagne
el príncipe dorado
Sexe : Masculin
Date & lieu de naissance : 15 mai 1564 à Madrid (Espagne)
Âge : 26 ans
Race : Humain
Groupe : Haute-noblesse
Fonction : Prince héritier de la couronne d'Espagne
Condition sociale : Très riche
Feat : Claude von Riegan (Fire Emblem)
Date & lieu de naissance : 15 mai 1564 à Madrid (Espagne)
Âge : 26 ans
Race : Humain
Groupe : Haute-noblesse
Fonction : Prince héritier de la couronne d'Espagne
Condition sociale : Très riche
Feat : Claude von Riegan (Fire Emblem)
Caractère
Pour beaucoup il est le Prince d’or (el príncipe dorado). Difficile pour autant de savoir si cela est dû à ses tenues systématiquement agrémentées d’une touche dorée, à ses sourires éclatants et son tempérament solaire, ou à l’argent qu’il dépense partout où il va. Ce qui est certain c’est qu’Isandro d’Espagne est apprécié de son peuple. Mieux encore, cela semble être assez naturel chez lui.
Il ne force pas grand-chose, il aime sa vie telle qu’elle est – qui pourrait s’en plaindre ? – et transmet facilement ce regard positif qu’il porte à ce qui l’entoure. Certes, la richesse dans laquelle il a toujours grandi n’y est pas étrangère. Quand on a de la chance, pourquoi ne pas en profiter ? Cette opulence désinvolte le rend parfois… égoïste ou crispant aux yeux de certains. Il faut dire que ce luxe lui parait tellement évident. Dépenser à outrance, profiter pleinement des plaisirs qui s’offrent à lui et tout considérer avec une légèreté horripilante, voilà qui le résume bien.
Éloigné de son peuple par sa situation géographique et ses préoccupations, il est souvent considéré comme un pion immature, simple babiole d’apparat que son père a déplacé sans mal, comme on le ferait sur un plateau d’échecs. Relégué dans un coin, là où il ne fera pas d’ombre au grand Felipe II, Isandro s’est parfaitement accommodé à esta vida francesa et peut-être est-il plus alerte sur ce qui se passe autour de lui qu’il le laisse entendre. Il n’a pas particulièrement d’ambition pour autant, pas envie de faire la guerre à tout ce qui bouge ni massacrer des peuplades indigènes pour en récolter les richesses. Il n’ira pas à l’encontre non plus, sincèrement pas mécontent de ne pas avoir à trop se salir les mains jusque-là. Le statut quo lui convient, même s’il sait se faire leader d’hommes en suivant les directives de son père.
Ce n’est pas qu’il refuse d’ouvrir pleinement les yeux sur certaines considérations, mais si d’autres le font très bien à sa place, pourquoi se fatiguer ? Il observe, il complimente ou décrie, toujours avec un large sourire qui permet difficilement de mesurer à quel point il apprécie ou dénigre ce qui a pu se faire. Si son humeur est en berne ou qu’il a une raison d’être agacé, cela ne dure guère longtemps. Une bonne bouteille, des sucreries ou des courbes agréables le remettront bien vite sur pied.
Quand il se doit de faire honneur à ses fonctions autrement qu’en représentation, il peut être curieusement impliqué et appliqué. Ses décisions sont le plus souvent guidées par son instinct, vous dira-t-il, bien que cela est très certainement faux. S’il est frivole, il n’est pas idiot. Il refuse simplement de gaspiller son énergie dans des réunions interminables et ses remarques allant – volontairement ? – à contre-pied de ce qui se dit ou se fait ont souvent le mérite de « remuer » les choses.
Son quotidien est comme un vaste terrain de jeu. Isandro n’est autrement plus heureux que lors des soirées mondaines à saluer et danser en tous sens, dans les tournois d’archer où il excelle ou bien lorsqu’il se permet des escapades par-ci par-là dans les villes où il se trouve, l’amenant généralement dans une auberge ou entre les mains des meilleures filles (et fils) de joie. Libertin, il charme sans mal avec ses grands éclats de rire, son accent prononcé et la générosité dont il peut faire preuve, sur un simple coup de tête.
En plus de sa langue natale parle portugais, français, allemand et italien. Adore danser, est de toutes les festivités et ne refuse jamais une invitation. A une très bonne mémoire des visages et sait parfaitement garder les secrets des autres. Quand il se trouve une obsesión (de toute sorte : être vivant, gâteau, musique ou activité), il n’en démord pas. Il faut souvent pas mal de temps pour que cela lui passe. C’est ainsi que pendant bien deux mois, chaque jour, il ressassa certains Sonnets pour Hélène de Pierre de Ronsard, qu’il avait entendu mis en musique en se promenant dans les rues de Dijon et paya bien trop généreusement le ménestrel en question pour qu’il vienne chaque week-end les lui chanter.
Histoire
De grandes teintures rouges à travers lesquelles le soleil parvenait à percer, une odeur d’agrumes et d’épices rapportées des Indes et… du bruit. Tout le temps du bruit. C’est ce dont se souvient Isandro lorsqu’il songe à son enfance à Madrid.
Second fils de Felipe II, sa vie s’annonçait paisible. Le Roi ne se dégageait que peu de temps pour véritablement s’intéresser à sa progéniture et cela n’a jamais particulièrement froissé Isandro. C’était normal. Son père étant Roi d’Espagne et du Portugal, il avait toujours à faire. Toujours mieux à faire. C’est ce qu’on n’avait de cesse de lui rappeler tandis que le Roi passait son temps avec les membres de son Conseil ou errait dans les couloirs de l’Escurial. La Reine, à l’inverse, par sa prévenance et celle de ses dames de compagnie faisait en sorte d’avoir des mots bienveillants pour ses jeunes enfants et particulièrement pour sa fille, Rosalía, l’aînée de la fratrie.
La première « cassure » dans le cocon doré d’Isandro intervint en 1572. Du haut de ses sept ans, il assista, impuissant, à l’isolement de sa sœur Rosalía. Le ballet des plus grands physiciens du royaume avait quelque chose d’étouffant et d’angoissant pour l’enfant qu’il était. En quelques mois, elle mourut de la vérole.
Les princes recevaient alors une éducation catholique et princière complète. Certes, le deuxième prince n’était pas l’enfant le plus studieux ou le plus à l’écoute qui soit mais avec de bons arguments on parvenait toujours à le faire travailler un minimum. Son frère aîné et lui n’ont d’ailleurs pas manqué de précepteurs : l’étiquette, l’équitation, la danse, la musique et les langues ont rapidement su retenir son attention.
Il fut également formé au maniement des armes et à la stratégie militaire. Les épées avaient quelque chose d’élégant et mais l’arc – moins noble, il est vrai mais nettement plus amusant – fut comme une évidence pour lui, au grand désarroi de ses instructeurs. L’arc (et ses déclinaisons) est pour un soldat et non un prince.Il n’en avait cure et défiait qui le voulait à viser des cibles toujours plus éloignées.
La mort de son frère aîné fut soudaine et lourde en conséquence pour Isandro. Lors d’une battue traditionnelle (montería) Esteban fit une très mauvaise chute et tomba sur la tête. Il ne s’en releva pas et décéda le lendemain. Alors âgé de dix ans, Isandro ne réalisait guère ce que cela signifiait pour lui : il était devenu l’héritier du trône d’Espagne. Rien qui ne presse, pour autant, Felipe II se voyait en expansionniste intouchable et éternel derrière les murs de son vaste bureau.
Affaiblie par la mort de ses aînés, la Reine María Cinta ne chercha pas à combattre la pneumonie qui eut raison d’elle, un peu moins d’un an après la mort d’Esteban. Isandro resta à son chevet jusqu’à son dernier souffle. La bulle d’enfance dans laquelle il avait été préservé, celle qui lui avait permis de grandir à l’abri de certaines violences et autres jalousies éclata belle et bien. Il n’avait plus ni sœur, ni frère aîné, ni mère. Seuls restaient son père et, heureusement, Domingo, son jeune frère né cinq ans après lui.
Dans ses vastes projets de conquête de l’Europe, Felipe II ne prit guère le temps de s’attrister et se remaria rapidement avec Eleanor, Reine d’Angleterre, en 1576. De leur union naquirent deux princesses qu’Isandro n’eut pas vraiment le loisir de les connaître puisqu’à quatorze ans il effectua un voyage de plusieurs mois au Portugal, terres de sa défunte mère, pour parfaire son instruction de prince héritier et prendre la pleine mesure du commerce maritime à Porto et Lisbonne. Il intégra le Conseil de son père à dix-sept ans et obtint de ce dernier la charge honorifique du duché d’Aveiro.
Son père semblait n’accorder que peu de crédit aux interventions d’Isandro au sein du gouvernement. Le prince n’avait cependant pas besoin de sa reconnaissance pour se faire sa propre réputation. En déplacement à Séville, une missive le somma de retourner à Madrid se préparer pour un voyage en France. Il devait y rejoindre le Duc de Bourgogne, lointain cousin par alliance. La perspective réjouit fortement Isandro. S’il était conscient du climat tendu entre la France et l’Espagne, il était aussi extrêmement curieux de découvrir les attraits de cette grande puissance voisine. Il y était missionné dans un rôle bien précis : celui de chef d’armée, accompagné d’un contingent de plusieurs centaines d’hommes, afin de faire pression sur le Saint-Empire germanique dont la proximité menaçait les terres de Bourgogne. En 1584, le Duc d’alors était un homme amer qui voyait d’un mauvais œil les mouvements germaniques à quelques kilomètres de sa frontière. Puisque la couronne restait muette à ses demandes – disait-il – autant compter sur ses cousins les plus puissants. Isandro n’était pas dupe, un accord avec son père avait dû être trouvé dont il n’avait pas encore tout le détail. Le trajet jusqu’à Dijon ne fut pas sans encombre mais le prince héritier l’oublia vite une fois sur place, séduit par les charmes de la France. Tous ses charmes. Ce qui devait être assez rapide nécessita finalement de longs pourparlers qui s’étendirent sur environ dix mois. Ses connaissances stratégiques et son talent de diplomate furent mis à rude épreuve mais il ne perdit qu’assez peu d’hommes. Lorsqu’il rentra finalement en Espagne, ses actions en France furent félicitées et sa position au sein du Conseil s’en retrouva renforcée.
Son père avait encore bien des projets pour lui, parmi lesquels un mariage avec une princesse italienne. Les fiançailles mirent du temps à être scellées et, entre temps, l’épidémie de peste gagna en ampleur et devint une vague de Mort qui emporta bien des vies sur son passage. Domingo, son jeune frère, fut l’une d’entre elles et son décès marqua un nouveau coup dur pour Isandro. L’emprise catholique et la chape de plomb sous laquelle il vivait quand il était de passage à l’Escurial le forçaient à rester digne, parfaitement digne, alors qu’il n’en pensait pas moins. Pourquoi vivait-il, lui, quand tous les autres mourraient ? Tous les autres et même celle qui fut sa femme à pleine plus d'une année : la princesse Claudia. Elle mourut quelques semaines après son accouchement, en 1587, après lui avoir donné un fils, Tobias. Ce fut à la fois un grand accablement et une grande joie pour Isandro, qui appréhenda à tous petits pas cet être qui lui paraissait si fragile. Il alla vivre quelques mois dans sa demeure d'Aveiro où il prit un peu de temps pour faire son deuil et se faire à l'idée qu'il avait désormais un fils. Un fils, dont la venue au monde enchanta le Roi Felipe II qui demanda à ce que Tobias ait une éducation stricte auprès des jésuites et décida assez vite de ses nourrices et de ceux qui s'occuperaient de lui, sans qu'Isandro n'ait son mot à dire.
Certains l'appelait « El príncipe afortunado » (le prince chanceux), le survivant et… même s'il commençait à le croire, se voir enlever ce jeune fils qu'il commençait à peine à appréhender fut une tristesse enfouie. Tobias était sa réussite, sa progéniture, enfin quelque chose qu'il ne devait pas à son père mais ce dernier parvint tout de même à mettre sa main dessus. Essayer de fuir le poids des responsabilités en des mœurs légères l’aida à se reconstruire et à faire face à cette période.
Mais la réalité se rappela assez vite à lui. Le Roi, tout occupé à développer le commerce avec les Amériques avait à nouveau besoin de lui en France. Puisque son précédent voyage là-bas avait été une réussite, il décida d’en faire un émissaire envoyé pour pacifier – autant que possible – les relations commerciales entre la France et l’Espagne. Nombre de familles espagnoles et portugaises étaient parties s’installer sur les côtes atlantiques de l’hexagone ce qui privilégiait certaines exportations. Seulement les frictions grandissaient au sein des ports entre les Français et les sujets du Roi d’Espagne (les marchands, les dignitaires partis faire du commerce mais aussi les pirates de la péninsule ibérique, plus difficiles à cadrer). Il était attendu de lui qu’il visite les villes concernées et œuvre dans le sens d’un traité commercial de grande ampleur, profitable à l’Espagne.
Il entreprit donc un long voyage, longeant les côtes françaises jusqu’aux terres bretonnes. Il apprit d'ailleurs, entre temps, que son père réfléchissait à lui trouver une future épouse.
Après avoir discuté avec les différents dignitaires et les familles marchandes espagnoles, il y a un mois il a pris la direction de la Cour de France où il était attendu. A son arrivée, tout comme partout dans l’hexagone, il fit face à des attitudes plus que mitigées. Il n’en était pas déstabilisé pour autant et s’amusa à charmer comme il avait l’habitude de le faire, non sans rappeler d’une voix douce que si la France avait des ambitions concernant le Nouveau Monde, elle avait tout intérêt à ne pas froisser les dignitaires espagnols.
(Il lui sembla aussi y retrouver... un visage.)
Cela mis à part, il espérait également qu’outre sa présence en tant qu’émissaire, il pourrait parfaitement profiter des plaisirs de la Cour de France, dont on lui avait vanté bien des mérites.
Derrière l'écran
Pseudo : Saya
Âge : Trop
Comment as-tu trouvé le forum ? Des gens bien
Un petit mot ? Nefelibata
Pseudo : Saya
Âge : Trop
Comment as-tu trouvé le forum ? Des gens bien
Un petit mot ? Nefelibata
Dim 19 Sep - 8:55
Ooooh un autre prince
bon, plus âgé mais prince quand même /krev
Bienvenue à toi
Je ne peux qu'approuver ton choix de référence
J'aime beaucoup le caractère tout doux que tu lui donnes à ce prince j'serais vraiment contente que Basile puisse le rencontrer officiellement (bon il a 12 ans et lui 26, y a un écart de malade mais j'suis sûre que Basile voudrait trop lui ressembler ) (et aussi parce que j'ai envie de lui faire mille câlins )
Et puis CE CLIFFHANGER A LA FIN DE TON HISTOIRE LA
JE VEUX SAVOIRmontre leeees moiiiii ces inconnus qui seraient pareils à moiiiiii
En tout cas, ta fiche était très agréable à lire !
Des bisous tout doux
Bienvenue à toi
Je ne peux qu'approuver ton choix de référence
J'aime beaucoup le caractère tout doux que tu lui donnes à ce prince j'serais vraiment contente que Basile puisse le rencontrer officiellement (bon il a 12 ans et lui 26, y a un écart de malade mais j'suis sûre que Basile voudrait trop lui ressembler ) (et aussi parce que j'ai envie de lui faire mille câlins )
Et puis CE CLIFFHANGER A LA FIN DE TON HISTOIRE LA
JE VEUX SAVOIR
En tout cas, ta fiche était très agréable à lire !
Des bisous tout doux
Dim 19 Sep - 14:24
(Re)Bonjour tout le monde et merci beaucoup pour l'accueil que vous faites à ce personnage !
J'espère avoir le plaisir de vous croiser, tous !
Pour le staff, je signale que j'ai tenu compte de la remarque qui m'a été faite par ailleurs et j'ai fait une petite modification. Isandro a donc désormais bel et bien un héritier.
J'espère avoir le plaisir de vous croiser, tous !
Pour le staff, je signale que j'ai tenu compte de la remarque qui m'a été faite par ailleurs et j'ai fait une petite modification. Isandro a donc désormais bel et bien un héritier.
Pourquoi vivait-il, lui, quand tous les autres mourraient ? Tous les autres et même celle qui fut sa femme à pleine plus d'une année : la princesse Claudia. Elle mourut quelques semaines après son accouchement, en 1587, après lui avoir donné un fils, Tobias. Ce fut à la fois un grand accablement et une grande joie pour Isandro, qui appréhenda à tous petits pas cet être qui lui paraissait si fragile. Il alla vivre quelques mois dans sa demeure d'Aveiro où il prit un peu de temps pour faire son deuil et se faire à l'idée qu'il avait désormais un fils. Un fils, dont la venue au monde enchanta le Roi Felipe II qui demanda à ce que Tobias ait une éducation stricte auprès des jésuites et décida assez vite de ses nourrices et de ceux qui s'occuperaient de lui, sans qu'Isandro n'ait son mot à dire.
Certains l'appelait « El príncipe afortunado » (le prince chanceux), le survivant et… même s'il commençait à le croire, se voir enlever ce jeune fils qu'il commençait à peine à appréhender fut une tristesse enfouie. Tobias était sa réussite, sa progéniture, enfin quelque chose qu'il ne devait pas à son père mais ce dernier parvint tout de même à mettre sa main dessus. Essayer de fuir le poids des responsabilités en des mœurs légères l’aida à se reconstruire et à faire face à cette période.
Dim 19 Sep - 14:31
Une superbe fiche que nous avons là avec un personnage de qualité ! Il me tarde de voir comment il va se dépêtrer de l'urgence qui traîne sur ses épaules de le marier en plus de sa réputation mitigée à gérer
Du coup, tout est bon pour l'Oeil, tu peux y aller !
Tu peux aller recenser sa trogne et commencer l'administratif de ton bébé juste là !
Validation !
Fish
Une superbe fiche que nous avons là avec un personnage de qualité ! Il me tarde de voir comment il va se dépêtrer de l'urgence qui traîne sur ses épaules de le marier en plus de sa réputation mitigée à gérer
Du coup, tout est bon pour l'Oeil, tu peux y aller !
Tu peux aller recenser sa trogne et commencer l'administratif de ton bébé juste là !
|
|