Si vous cherchez un être damné à souhait, vous êtes au bon endroit.

Hermance a renié toute foi en un être supérieur. Elle crache au visage des clercs, des vampires et… et de tout le monde au final. Avant de vous connaître, elle vous détestera du plus profond de son être. Pour se faire apprécier de la dame, il faut avoir une utilité (ce que peu de gens a à ses yeux). Et encore « apprécier » est un bien grand mot.

L’avidité est sa plus grande qualité et son plus gros défaut. C’est le moteur n°1 de son existence dénuée de sens. Le temps n’a pas d’emprise sur ce désir viscéral de possession. Les plaisirs de la chair et du sang sont aussi ce qu’elle préfère. Elle veut goûter aux gens propres et parfumés, profiter de la vie confortable de la haute société. Elle organise et participe sans arrêt à toute sorte de festivité et de divertissement. La vie n’est pas faite pour les contraintes d’un travail. Il faut en profiter tant qu’on est en vie. C’est une femme légère et aux mœurs douteuses.

En société, c’est une femme divertissante au rire léger. Elle aime se faire remarquer, taquiner et faire connaissance avec tout le monde. Jamais elle ne vous regardera avec mépris, mais elle le pensera. Elle est superficielle et intelligente.

Louve brisée, elle ne veut plus être cloisonnée dans une meute, à se contenter de se rouler dans la boue. Elle préfère de loin sa cage dorée en espérant se tenir hors de portée de la cruauté du monde.

Hermance a tout de même une passion saine dans la vie : la peinture. Peindre ses conquêtes ou des modèles triés sur le volet. Tout est bon tant que le sujet se tait.




Âme sensible, passez votre chemin.

Pour comprendre Hermance, il faut remonter aux origines de la meute dans laquelle elle vit le jour.

Sa meute peuplait un petit village dans la haute montagne. Pour être exact, il n’y avait que des lycanthropes. Certains redescendaient parfois de la montagne pour aller commercer avec les villages humains. C’était un moyen de sauvegarde comme un autre. Il arrivait aussi qu’ils accueillent parmi eux des lycans de passage. Et parfois ils restaient, apportant ainsi un peu de sang neuf.
Mais la grande guerre n’épargna personne. Pas même eux. Et vivre isolé, c’était aussi vivre sans exposition au danger. Une nuit, de terribles envahisseurs mirent à sac le village. Changées en louves grises, Hermance et sa mère fuirent le champ de bataille. Mais elles furent poursuivies. La louve protégea sa progéniture au péril de sa vie. Hermance se souviendra toute sa vie du regard sanguinaire et féroce de celui qui terrassa sa mère. L’enfant regagna un village humain où elle redevint humaine. Seule, elle vécut dans la rue en pauvre misère. La brutalité avec laquelle ses liens avaient été brisés ont effacé toute trace de pitié et de compassion.

Mendiante sous son apparence humaine, chasseuse sous son apparence de louve, elle vécut une vie bien triste qu’aujourd’hui elle a enterré au fin fond de sa mémoire pour l’oublier.
Les choses changèrent quand un riche marchand remarqua la souillon. Il la fit laver et parfumer avant de réclamer qu’il la paye de son corps. Elle, une enfant entrant à peine dans l’adolescence. Il était pourtant marié et avait des enfants. Hermance ne comprit pas que c’était sa beauté sans pareille qui la rendait si précieuse et indispensable au maître de maison. C’était un porc, mais quel droit avait-elle en ce monde ? On lui avait déjà arraché sa meute et maintenant on abusait d’elle. C’est vrai qu’elle aurait pu fuir, mais… retourner dans la rue à mourir de faim n’était pas ce qu’elle voulait.

Et un beau jour, alors que le maître lui faisait encore ces choses, quelque chose se brisa dans l’esprit de l’adolescente. C’était comme un fil sur lequel on avait trop tiré.
Puisqu’il profitait d’elle, ce devait fonctionner dans l’autre sens.

Les deux enfants de la famille disparurent lors d’un bel après-midi ensoleillé. Deux jours plus tard, on les retrouva morts au fond d’un ravin. Dévastés, les parents eurent du mal à s’en remettre. Un mois plus tard, ce fut la femme du maître qui fut emportée par la mort. Une bête sauvage l’avait attaqué et déchiqueté.
Jouant son rôle à la perfection, Hermance se rendit encore plus indispensable auprès de son maître au point qu’il la prit en seconde noce. Elle n’était pas femme à se faire marcher dessus et très vite les rôles s’inversèrent. Le maître devint l’esclave. Elle eut tout le loisir de se faire de magnifiques habits et de s’offrir tous les bijoux qu’elle désirait. Elle se fit apprécier pour qu’on l’invite dans toutes les fêtes. Rencontrant de bons partis, elle se fit courtiser par tous. Elle avait passé suffisamment de temps à observer le monde pour améliorer ses manières. Son charme ravageur se chargeait du reste.

Les années passèrent, le mari devenu vieux et bedonnant, Hermance refusait qu’il la touche à nouveau. Lui devenu trop gâteux se laissa faire, il était certain d’avoir une femme parfaite à ses côtés. Et une nuit, elle fit semblant de le rejoindre dans son lit. Il était tellement gras qu’il avait des difficultés à se déplacer. La louve n’eut alors aucun mal à l’étrangler avec une ceinture en cuir. Ce moment était tout ce qu’elle attendait. Le tuer fut une jouissance inégalée. Hermance se souvient s’être allongée sur le corps inerte, le souffle haletant et l’adrénaline courant dans ses veines. Elle savourait cette pleine liberté retrouvée.
Elle pilla la chambre, jetant tout ce qui était précieux dans une malle. Elle réserva le même sort aux autres pièces. Très tôt le matin, elle avait accumulé son trésor devant la porte d’entrée. Et avec l’aide de l’un des domestiques, elle fit charger ses malles. Elle n’avait eu aucun mal à se mettre ce domestique dans la poche puisqu’elle entretenait une relation sulfureuse avec lui depuis quelques années. Elle disparut avec son amant, mettant la maison en faillite.

Installée dans un manoir, elle profita de sa liberté, de son amant et de ses richesses. Elle se fit de nouvelles relations et Hermance fut au cœur de quelques scandales de coucherie avec deux époux (séparément ou en même temps) et quelques suspicions d’arnaques. Mais au grand jamais elle fut arrêtée, ni même inquiétée par les forces de l’ordre. Elle usait et abusait de ses charmes sur les gens. Sulfureuse, sa présence effaçait bien des femmes.

Sa dernière lubie fut de s’attaquer à plus fort que de simples notables. Hermance voulait de l’argent. Toujours plus. Elle visa un jeune baron français. C’était un bel homme, mais bien loin de l’égaler. Il se montra inaccessible les premiers temps, mais comme tous les autres il lui céda. Très vite, ils se marièrent. Le bonheur fut éphémère pour Hermance. Se limiter à un homme et ses mœurs, c’était trop peu. Femme légère, elle continuait à vivre de fêtes interminables et de débauches sans nom. Bien que partageant régulièrement le lit du baron, elle fit ce qu’il faut pour ne pas lui donner d’héritier. Pas un enfant ne grandirait en son sein. Jamais.

Quand son baron devint trop insistant sur la question de la descendance, il tomba malade. Hermance le regarda se faner en lui répétant inlassablement que son insistance avait détraqué sa santé. Dommage, il était beau garçon. Héritant de la fortune, des domaines et du titre, elle resta à sa place. Pour le moment. Elle comptait bien poursuivre son ascension.

Tout l’or du monde ne sera jamais suffisant pour étancher sa soif…