Sam 6 Nov - 22:22
Evermore
Les contrées du Nord auraient pu ressembler à celles de sa terre natale. En bien des instants avait-il pensé en traversant les vallons de ce qui un jour deviendrait les atemporels corons, que le littoral que la France partageait avec les britanniques ressemblerait à sa Suède natale. Pourtant il aurait dû savoir. Rien en ces terres n’était similaire. Rien si ce n’est à mesure que l’horizon se bleu se peignait, l’odeur des embruns d’une mer houleuse sans encore se faire déchaînée.
L’été bat son plein, et la chaleur colle à sa peau comme les vêtements qu’il a pourtant changé au matin après une escale bien méritée. Il avait obtenu permission de quitter ses ordres le temps de rejoindre la délégation suédoise dont l’arrivée avait été prévue plus tard dans la journée. Sûrement la mer serait-elle clémente, à en juger par l’absence de rouleaux sur le plat sans fin de l’onde.
Inspire longuement le jeune duc n’ayant trouvé la force de quitter les ponts de la marina, là où le port n’est ni de plaisance ni de commerce. Là où la garde française s’étire, consciente de l’imminente arrivée de ce qui au loin de dresse de ses hauts-mâts battant pavillon de la couronne suédoise. Le cœur serré et empli de bien des craintes à la fois, il rajuste le col de ses habits de procession et se tient plus raide que la justice, les mains croisées dans son dos. Oh, il y a bien toute une délégation française derrière lui. Mais toutes les rumeurs pourraient être à l’adresse d’un monde inconnu qu’il ne saurait s’y attarder. Trop impatient.
Trop inquiet.
Le bois de la coque grince en manquant de heurter les docs, mais c’est avec une élégance propre à la marine suédoise que les cordages et l’amarrage s’effectue avec une efficacité qui ne cessera jamais de l’époustoufler. Et enfin les longues planches s’étirent. Et enfin, au bord de ce monstre des mers, c’est la silhouette si frêle de sa si précieuse sœur qu’il aperçoit sans pouvoir contenir la tortueuse douleur qui s’insinue malgré lui à son cœur. Qu’importe les coutumes et les apparats. La délégation semble avoir conscience de ces retrouvailles lorsqu’ils n’ouvrent pas la marche et qu’un officier de la marine laisse enfin le passage jusqu’à terre.
Combien de foulées, combien d’enjambées dévore-t-il pour rejoindre celle qui n’avait plus rien d’une enfant ? Qui était-il, ce frère qui d’un geste puissant soulève et récupère au creux de ses bras cette sœur chérie qu’il avait laissée au pays des neiges à ses quatre bougies soufflées ?
Juni étroitement serrée contre son cœur, il ne trouve pas la force de chercher le reflet si séraphin d’eux deux. Ne cherche pas ses yeux alors qu’il l’étreint comme si le monde n’aurait jamais de lendemain.
Et dans l’éclat brisé de sa voix, l’émotion ne saurait que le trahir lorsqu’il murmure dans la langue de leur enfance.
« Du är äntligen tillbaka i mina armar… » Te revoilà enfin entre mes bras...
L’été bat son plein, et la chaleur colle à sa peau comme les vêtements qu’il a pourtant changé au matin après une escale bien méritée. Il avait obtenu permission de quitter ses ordres le temps de rejoindre la délégation suédoise dont l’arrivée avait été prévue plus tard dans la journée. Sûrement la mer serait-elle clémente, à en juger par l’absence de rouleaux sur le plat sans fin de l’onde.
Inspire longuement le jeune duc n’ayant trouvé la force de quitter les ponts de la marina, là où le port n’est ni de plaisance ni de commerce. Là où la garde française s’étire, consciente de l’imminente arrivée de ce qui au loin de dresse de ses hauts-mâts battant pavillon de la couronne suédoise. Le cœur serré et empli de bien des craintes à la fois, il rajuste le col de ses habits de procession et se tient plus raide que la justice, les mains croisées dans son dos. Oh, il y a bien toute une délégation française derrière lui. Mais toutes les rumeurs pourraient être à l’adresse d’un monde inconnu qu’il ne saurait s’y attarder. Trop impatient.
Trop inquiet.
Le bois de la coque grince en manquant de heurter les docs, mais c’est avec une élégance propre à la marine suédoise que les cordages et l’amarrage s’effectue avec une efficacité qui ne cessera jamais de l’époustoufler. Et enfin les longues planches s’étirent. Et enfin, au bord de ce monstre des mers, c’est la silhouette si frêle de sa si précieuse sœur qu’il aperçoit sans pouvoir contenir la tortueuse douleur qui s’insinue malgré lui à son cœur. Qu’importe les coutumes et les apparats. La délégation semble avoir conscience de ces retrouvailles lorsqu’ils n’ouvrent pas la marche et qu’un officier de la marine laisse enfin le passage jusqu’à terre.
Combien de foulées, combien d’enjambées dévore-t-il pour rejoindre celle qui n’avait plus rien d’une enfant ? Qui était-il, ce frère qui d’un geste puissant soulève et récupère au creux de ses bras cette sœur chérie qu’il avait laissée au pays des neiges à ses quatre bougies soufflées ?
Juni étroitement serrée contre son cœur, il ne trouve pas la force de chercher le reflet si séraphin d’eux deux. Ne cherche pas ses yeux alors qu’il l’étreint comme si le monde n’aurait jamais de lendemain.
Et dans l’éclat brisé de sa voix, l’émotion ne saurait que le trahir lorsqu’il murmure dans la langue de leur enfance.
« Du är äntligen tillbaka i mina armar… » Te revoilà enfin entre mes bras...