Dim 21 Nov - 17:14
La vie de Cour nécessite bien souvent de savoir jouer avec des masques. Celui de l’étranger souriant et charmant que certaines railleries bien françaises n’atteignent pas, celui du prince héritier de la couronne d’Espagne à la posture accomplie et reconnue, celui de l’homme frivole et optimiste qu’il est le plus souvent. On n’attend pas de lui qu’il ait la mine sombre et l’esprit tracassé par ce qui a eu lieu, quelques jours plus tôt, dans la demeure du duc de Bourgogne.
Une agression par un inconnu au visage encapuchonné, aux grands yeux jaunes et à la force surhumaine… Son chevalier, Diego, se remet lentement de son attaque et l’esprit d’Isandro est tourmenté par tout cela. Autant par ce qu’il a vu que ce qu’il a entendu. Il ne sait pas quelle valeur donner à de telles menaces et espère une seule chose, pour le moment, que son ami et garde du corps soit pleinement rétabli. En attendant, le prince doit continuer à être celui qu’il a toujours été. Il ne veut pas que des rumeurs naissent à son encontre – plus que celles existant déjà – et encore moins que les yeux de son père, ici en France, s’amusent à colporter vers Madrid tout et n’importe quoi.
Il y a une semaine environ il a invité le joyau de la saison à prendre le thé avec lui, afin d’en apprendre un peu plus sur ce visage d’ange qui a fait l’unanimité dans ce bal auquel il n’a pas pu assister. L’invitation était pour aujourd’hui et il ne compte pas la remettre en cause, malgré tout. Au contraire, même. Dans sa lettre la sœur du duc d’Orléans lui a semblé courtoise et avenante. Cette entrevue peut être un bon moyen pour lui de se changer les idées. Oublier l’espace d’un instant le regard perdu de Guillaume et le souvenir de cette voix d’outre-tombe dont les mots reviennent à son oreille quand il s’y attend le moins, comme un vent mauvais qu’on ne parvient pas à totalement calfeutrer.
S’il n’est pas forcément le bienvenu au Palais Royal, son titre lui donne ses entrées et il a pu demander qu’on réserve, pour la duchesse et lui-même, un petit coin de jardin. Là où les dames et les courtisans viennent faire salon, puisque le soleil d’août le permet largement. En ce milieu l’après-midi il fait chaud et beau. Il a revêtu une tenue légère (grande chemise blanche à manches bouffantes brodées d’or et gilet bleu nuit) et chemine tranquillement dans les allées fleuries par trop loin du jardin en question, entourée de hautes haies pour accorder un peu d’intimité à ceux qui voudront y discuter. On lui a dit que ce coin des extérieurs du château était aussi connu comme « le Jardin des amoureux » et la formulation parait des plus à propos… même si dans le cas présent, il s’attend à ce qu’une dame de compagnie, au moins une, accompagne la duchesse. L’inverse porterait au scandale, surtout en sachant que des rumeurs de mariage courent déjà sur la d’Orléans.
Il songe ainsi avec un sourire lorsqu’une jeune femme arrive dans son champ de vision à grands pas pressés. « Votre Altesse, la duchesse arrive ! » Son sourire s'accentue tandis qu'il salue la domestique et s’engouffre en direction de la table préparée. Un service à thé y est installé sur des napperons clairs élégamment brodés. Sur le côté, une desserte où toute sorte de petits gâteaux sont présentés, sous cloche. La gourmandise du prince est déjà bien connue et il a fait lui-même la sélection. De l’éclair au chocolat à la religieuse, en passant par d’autres choux à la crème.
Il s’approche de la table, toujours debout et guette l’arrivée de son invitée. La servante s’est positionnée dans un coin, en charge de faire le service et lui fait un signe de la tête. Il s’approche alors et découvre la duchesse qui s’avance dans l’allée. Il va à sa rencontre.
« Ah, Señora la duchesse d’Orléans ! Je suis ravi de vous rencontrer ! » Il il s’incline avec élégance, dans une révérence irréprochable et l’invite à s’approcher du coin de jardin prévu rien que pour eux.
Puis il lui prend délicatement la main et lui fait un baise-main avant de se redresser avec ce sourire charmeur qu’il a toujours quand une femme lui est présentée. « A n’en pas douter, vous êtes bien un joyau. Je vous remercie d’avoir accepté mon invitation. »
Il va se positionner derrière la chaise prévue pour le médecin royal et l’invite à s’y asseoir tout en poussant la chaise. Il s’assoit ensuite de l’autre côté de la table, sans se départir de son sourire.
Ce masque-ci est clairement de ceux qu’il arrive à maintenir… même quand le moral n’y est pas parfaitement.
Une agression par un inconnu au visage encapuchonné, aux grands yeux jaunes et à la force surhumaine… Son chevalier, Diego, se remet lentement de son attaque et l’esprit d’Isandro est tourmenté par tout cela. Autant par ce qu’il a vu que ce qu’il a entendu. Il ne sait pas quelle valeur donner à de telles menaces et espère une seule chose, pour le moment, que son ami et garde du corps soit pleinement rétabli. En attendant, le prince doit continuer à être celui qu’il a toujours été. Il ne veut pas que des rumeurs naissent à son encontre – plus que celles existant déjà – et encore moins que les yeux de son père, ici en France, s’amusent à colporter vers Madrid tout et n’importe quoi.
Il y a une semaine environ il a invité le joyau de la saison à prendre le thé avec lui, afin d’en apprendre un peu plus sur ce visage d’ange qui a fait l’unanimité dans ce bal auquel il n’a pas pu assister. L’invitation était pour aujourd’hui et il ne compte pas la remettre en cause, malgré tout. Au contraire, même. Dans sa lettre la sœur du duc d’Orléans lui a semblé courtoise et avenante. Cette entrevue peut être un bon moyen pour lui de se changer les idées. Oublier l’espace d’un instant le regard perdu de Guillaume et le souvenir de cette voix d’outre-tombe dont les mots reviennent à son oreille quand il s’y attend le moins, comme un vent mauvais qu’on ne parvient pas à totalement calfeutrer.
S’il n’est pas forcément le bienvenu au Palais Royal, son titre lui donne ses entrées et il a pu demander qu’on réserve, pour la duchesse et lui-même, un petit coin de jardin. Là où les dames et les courtisans viennent faire salon, puisque le soleil d’août le permet largement. En ce milieu l’après-midi il fait chaud et beau. Il a revêtu une tenue légère (grande chemise blanche à manches bouffantes brodées d’or et gilet bleu nuit) et chemine tranquillement dans les allées fleuries par trop loin du jardin en question, entourée de hautes haies pour accorder un peu d’intimité à ceux qui voudront y discuter. On lui a dit que ce coin des extérieurs du château était aussi connu comme « le Jardin des amoureux » et la formulation parait des plus à propos… même si dans le cas présent, il s’attend à ce qu’une dame de compagnie, au moins une, accompagne la duchesse. L’inverse porterait au scandale, surtout en sachant que des rumeurs de mariage courent déjà sur la d’Orléans.
Il songe ainsi avec un sourire lorsqu’une jeune femme arrive dans son champ de vision à grands pas pressés. « Votre Altesse, la duchesse arrive ! » Son sourire s'accentue tandis qu'il salue la domestique et s’engouffre en direction de la table préparée. Un service à thé y est installé sur des napperons clairs élégamment brodés. Sur le côté, une desserte où toute sorte de petits gâteaux sont présentés, sous cloche. La gourmandise du prince est déjà bien connue et il a fait lui-même la sélection. De l’éclair au chocolat à la religieuse, en passant par d’autres choux à la crème.
Il s’approche de la table, toujours debout et guette l’arrivée de son invitée. La servante s’est positionnée dans un coin, en charge de faire le service et lui fait un signe de la tête. Il s’approche alors et découvre la duchesse qui s’avance dans l’allée. Il va à sa rencontre.
« Ah, Señora la duchesse d’Orléans ! Je suis ravi de vous rencontrer ! » Il il s’incline avec élégance, dans une révérence irréprochable et l’invite à s’approcher du coin de jardin prévu rien que pour eux.
Puis il lui prend délicatement la main et lui fait un baise-main avant de se redresser avec ce sourire charmeur qu’il a toujours quand une femme lui est présentée. « A n’en pas douter, vous êtes bien un joyau. Je vous remercie d’avoir accepté mon invitation. »
Il va se positionner derrière la chaise prévue pour le médecin royal et l’invite à s’y asseoir tout en poussant la chaise. Il s’assoit ensuite de l’autre côté de la table, sans se départir de son sourire.
Ce masque-ci est clairement de ceux qu’il arrive à maintenir… même quand le moral n’y est pas parfaitement.
15 août 1590
Lun 22 Nov - 18:12
Mascarilla y té |
C’était tout récent, si bien qu’elle ne réalisait pas véritablement. Diane avait accepté d’épouser Alaric de Normandie. Le joyau de la saison n’était pas resté longtemps célibataire ! Néanmoins, elle le savait, ce titre honorifique n’avait fait que précipiter une décision qu’Alaric avait pris il y a de cela de nombreuses années… Chacun avance à son rythme, quand bien même elle avait été surprise d’apprendre qu’il était l’auteur des lettres romantiques et anonymes, alors qu’ils se connaissent depuis si longtemps, elle ne pouvait lui jeter la pierre et lui en vouloir pour sa lenteur. Après tout, rares étaient les femmes de son sang qui, à trente ans, se marient enfin. Disons que l’un comme l’autre avait un rapport étrange avec la question du mariage et qu’il valait mieux tard que jamais. Au final, ils étaient plutôt bien assortis !
Il y a de cela une semaine, la future Duchesse de Normandie avait reçu une missive du Prince d’Espagne, en France pour des négociations et des traités sur lesquels elle n’avait aucun avis, si ce n’est qu’elle espérait que tout irait pour le mieux pour les deux couronnes. Passée la surprise de provoquer l’intérêt de l’espagnol, elle avait été très flattée qu’il envisage une rencontre, pour le simple plaisir de découvrir le joyau de la saison dont beaucoup flattaient la beauté. Naturellement, sans même songer à de la politique, Diane avait répondu positivement à l’invitation de l’émissaire d’Espagne. Ce n’est qu’ensuite qu’elle se douta qu’un bon contact avec lui pourrait peut-être favoriser les négociations de sa royale cousine. Et puis, maintenant qu’elle était fiancée, elle n’avait plus à craindre des propositions d’autres hommes. Elle voyait donc là la perspective d’une belle après-midi.
Sereine et très enjouée à l’idée de faire la connaissance du Prince, la Duchesse affichait un sourire radieux en allant à la rencontre de son amie et chaperonne pour l’occasion. Car n’étant que fiancée, il était normal qu’elle soit en bonne compagnie pour la protéger en présence d’un homme, en tête-à-tête de surcroît. Rosaline était la femme idéale pour cette occasion : mariée, mère de deux enfants, d’un caractère similaire à celui de la physicienne (calme et silencieuse lorsque l’occasion s’y prêtait), un peu plus âgée qu’elle. Le Prince la remarquerait à peine et leur conversation, aux yeux de tous, n’aurait rien de suspicieux et n’alimenterait aucun commérage à l’égard de l’un comme de l’autre.
Était-elle enjouée seulement par amour de l’autre, par passion des nouvelles rencontres, par devoir pour la France car un bon contact serait un bon point pour les relations avec l’Espagne ? Ou bien est-ce la perspective de son mariage qui faisait déborder son cœur de joie ? Depuis qu’elle avait officialisé avec Alaric, quelque chose avait changé en elle. Diane avait évolué dans une plus belle version d’elle, à l’âme encore plus bonne car son bonheur, elle désirait le partager.
La Duchesse et son amie, chacune munie d’une ombrelle pour se protéger des forts rayons du soleil, échangeaient quelques commentaires bienveillants sur ce qu’elles avaient pu entendre dans les salons au sujet du Prince. Bien rapidement, leurs pas les menèrent au point de rendez-vous indiqué par l’espagnol.
L’accueil fut digne d’un Prince et aussi chaleureux que l’on l’imaginerait de la part d’un méditerranéen. Imitant Son Altesse, Diane fit une révérence tout à fait charmante, accompagnée de son amie. Le baise-main qui suivit ne manqua pas de faire sourire Rosaline et rougir la Duchesse. C’était un geste d’usage, tout ce qu’il y a de plus normal. Par le passé, ses joues avaient l’habitude de rougir, mais maintenant, la culpabilité la rongeait quelque peu. Son engagement envers Alaric était sincère, véritable, alors elle se promit de demander à son amie de ne pas en parler, il ne devrait pas savoir, quand bien même il devait bien se douter que même mariés, certaines situations permettraient un tel geste.
- Votre Altesse, je vous remercie pour vos bons mots. Je suis heureuse de pouvoir vous rencontrer et je devine d’un coup d’œil que cette table est pleines de charmantes attentions. Je vous présente mon amie, Rosaline, ici en qualité de chaperonne. Car, vous le savez sûrement, les nouvelles vont vite à la cour, ma situation maritale a évolué, mais je ne puis décemment pas encore me présenter en votre présence seule.
Elle prit place sur la chaise que lui tirait le Prince et ses yeux furent attirés par les différentes gourmandises sur la table, n’attendant que d’être mangées. Les sucreries étant son péché mignon, il lui faudrait faire attention à ne pas en abuser…
Il y a de cela une semaine, la future Duchesse de Normandie avait reçu une missive du Prince d’Espagne, en France pour des négociations et des traités sur lesquels elle n’avait aucun avis, si ce n’est qu’elle espérait que tout irait pour le mieux pour les deux couronnes. Passée la surprise de provoquer l’intérêt de l’espagnol, elle avait été très flattée qu’il envisage une rencontre, pour le simple plaisir de découvrir le joyau de la saison dont beaucoup flattaient la beauté. Naturellement, sans même songer à de la politique, Diane avait répondu positivement à l’invitation de l’émissaire d’Espagne. Ce n’est qu’ensuite qu’elle se douta qu’un bon contact avec lui pourrait peut-être favoriser les négociations de sa royale cousine. Et puis, maintenant qu’elle était fiancée, elle n’avait plus à craindre des propositions d’autres hommes. Elle voyait donc là la perspective d’une belle après-midi.
Sereine et très enjouée à l’idée de faire la connaissance du Prince, la Duchesse affichait un sourire radieux en allant à la rencontre de son amie et chaperonne pour l’occasion. Car n’étant que fiancée, il était normal qu’elle soit en bonne compagnie pour la protéger en présence d’un homme, en tête-à-tête de surcroît. Rosaline était la femme idéale pour cette occasion : mariée, mère de deux enfants, d’un caractère similaire à celui de la physicienne (calme et silencieuse lorsque l’occasion s’y prêtait), un peu plus âgée qu’elle. Le Prince la remarquerait à peine et leur conversation, aux yeux de tous, n’aurait rien de suspicieux et n’alimenterait aucun commérage à l’égard de l’un comme de l’autre.
Était-elle enjouée seulement par amour de l’autre, par passion des nouvelles rencontres, par devoir pour la France car un bon contact serait un bon point pour les relations avec l’Espagne ? Ou bien est-ce la perspective de son mariage qui faisait déborder son cœur de joie ? Depuis qu’elle avait officialisé avec Alaric, quelque chose avait changé en elle. Diane avait évolué dans une plus belle version d’elle, à l’âme encore plus bonne car son bonheur, elle désirait le partager.
La Duchesse et son amie, chacune munie d’une ombrelle pour se protéger des forts rayons du soleil, échangeaient quelques commentaires bienveillants sur ce qu’elles avaient pu entendre dans les salons au sujet du Prince. Bien rapidement, leurs pas les menèrent au point de rendez-vous indiqué par l’espagnol.
L’accueil fut digne d’un Prince et aussi chaleureux que l’on l’imaginerait de la part d’un méditerranéen. Imitant Son Altesse, Diane fit une révérence tout à fait charmante, accompagnée de son amie. Le baise-main qui suivit ne manqua pas de faire sourire Rosaline et rougir la Duchesse. C’était un geste d’usage, tout ce qu’il y a de plus normal. Par le passé, ses joues avaient l’habitude de rougir, mais maintenant, la culpabilité la rongeait quelque peu. Son engagement envers Alaric était sincère, véritable, alors elle se promit de demander à son amie de ne pas en parler, il ne devrait pas savoir, quand bien même il devait bien se douter que même mariés, certaines situations permettraient un tel geste.
- Votre Altesse, je vous remercie pour vos bons mots. Je suis heureuse de pouvoir vous rencontrer et je devine d’un coup d’œil que cette table est pleines de charmantes attentions. Je vous présente mon amie, Rosaline, ici en qualité de chaperonne. Car, vous le savez sûrement, les nouvelles vont vite à la cour, ma situation maritale a évolué, mais je ne puis décemment pas encore me présenter en votre présence seule.
Elle prit place sur la chaise que lui tirait le Prince et ses yeux furent attirés par les différentes gourmandises sur la table, n’attendant que d’être mangées. Les sucreries étant son péché mignon, il lui faudrait faire attention à ne pas en abuser…
Dim 28 Nov - 22:28
Il y a quelque chose de lumineux et de paisible dans les traits de la duchesse qui plait bien à Isandro. Au sein de cette Cour de France il est difficile pour lui de véritablement démêler le vrai du faux, les attentions sincères des coups de poignards dans le dos. Lui qui n’est pas d’un naturel méfiant, depuis cette soirée chez le duc de Bourgogne il n’a guère d’autre choix que d’y regarder à deux fois avec les personnes qu’il rencontre. Chez cette femme blonde aux cheveux élégamment coiffés, il espère pouvoir faire confiance à son sixième sens – pas toujours parfaitement aiguisé, il est vrai. Elle transpire un tempérament doux et un plaisir de l’instant présent.
Elle lui répond tranquillement et présente au passage sa dame de compagnie, elle aussi munie d’une ombrelle. Il la salue également, avec courtoisie : « Madame. » La dénommée Rosaline se positionne non loin mais à distance suffisamment raisonnable pour ne pas s’imposer dans cette petite rencontre informelle. Dans ce que lui dit le joyau de la saison, il y a bien des choses qui titillent ses oreilles. Sans se départir de son sourire il attend toutefois qu’ils soient bien installés avant de reprendre la parole. Il n’a pas manqué le coup d’œil brillant de Diane d’Orléans en direction de l’assortiment de gâteaux. Il fait un signe de la main et la domestique s’avance, soulevant la cloche.
« Señoras, je ne suis pas en mes terres mais cela ne m’empêche guère d’être un hôte honorable, je l’espère. C’est que vos pâtisseries françaises sont de vrais délices pour le grand gourmand que je suis. Alors n’hésitez pas à goûter tout ce que vous voulez. » Il attend que ces dames soient servies et piochera ensuite dans ce qu’il reste. Fort heureusement le thé préparé est encore bien chaud pour accompagner ces sucreries.
Il ajoute ensuite : « Sur un autre sujet, il est vrai que j’ai entendu toute sorte de choses vous concernant, Madame la Joya. Vous allez donc vous marier, c’est bien ça ? Quel est le chanceux qui a su tirer son épingle du jeu ? » Il questionne avec légèreté. Ce genre de sujet l’a toujours amusé, la vie maritale des uns et des autres, les réussites et les échecs sentimentaux d’une cour, espagnole ou française, alimente toujours les petits potins.
« Vous pardonnerez ma curiosité, j’espère ? C’est que… n’ayant pu assister à votre bal de la Agustín j’ai l’impression d’avoir raté bien des choses à savoir ! »
Elle lui répond tranquillement et présente au passage sa dame de compagnie, elle aussi munie d’une ombrelle. Il la salue également, avec courtoisie : « Madame. » La dénommée Rosaline se positionne non loin mais à distance suffisamment raisonnable pour ne pas s’imposer dans cette petite rencontre informelle. Dans ce que lui dit le joyau de la saison, il y a bien des choses qui titillent ses oreilles. Sans se départir de son sourire il attend toutefois qu’ils soient bien installés avant de reprendre la parole. Il n’a pas manqué le coup d’œil brillant de Diane d’Orléans en direction de l’assortiment de gâteaux. Il fait un signe de la main et la domestique s’avance, soulevant la cloche.
« Señoras, je ne suis pas en mes terres mais cela ne m’empêche guère d’être un hôte honorable, je l’espère. C’est que vos pâtisseries françaises sont de vrais délices pour le grand gourmand que je suis. Alors n’hésitez pas à goûter tout ce que vous voulez. » Il attend que ces dames soient servies et piochera ensuite dans ce qu’il reste. Fort heureusement le thé préparé est encore bien chaud pour accompagner ces sucreries.
Il ajoute ensuite : « Sur un autre sujet, il est vrai que j’ai entendu toute sorte de choses vous concernant, Madame la Joya. Vous allez donc vous marier, c’est bien ça ? Quel est le chanceux qui a su tirer son épingle du jeu ? » Il questionne avec légèreté. Ce genre de sujet l’a toujours amusé, la vie maritale des uns et des autres, les réussites et les échecs sentimentaux d’une cour, espagnole ou française, alimente toujours les petits potins.
« Vous pardonnerez ma curiosité, j’espère ? C’est que… n’ayant pu assister à votre bal de la Agustín j’ai l’impression d’avoir raté bien des choses à savoir ! »
15 août 1590
Mer 1 Déc - 15:33
Mascarilla y té |
D’un signe de tête, les deux femmes s’entendent sur un premier avis au sujet du Prince : il est fort charmant ! Rosaline prit place, de son côté, légèrement en retrait pour laisser tout le loisir aux deux nobles de converser sans se sentir épier. Quant à Diane, elle avait le pressentiment que l’espagnol saurait l’accueillir chaleureusement et lui permettre de passer un bel après-midi. Déjà, rien que la vue des dizaines de pâtisseries en tout genre lui émoustillait les papilles ! Le Prince s’était-il renseigné au sujet des préférences de la Duchesse ? Il est bien connu qu’elle raffole des sucreries, qui sont son péché mignon. Il serait bien difficile de se freiner face à tant de douceurs, elle ne désirait qu’une chose : toutes les goûter !
- Merci Votre Altesse. Vous savez ravir mes yeux, je ne doute pas que mon palais ne sera pas en reste très longtemps ! Peut-être un jour aurais-je l’occasion, que dis-je, le plaisir de goûter quelques recettes réputées de votre pays ensoleillé ?
Quoi de mieux pour entamer un goûté en plein air, que la promesse d’un suivant ? Il n’y avait là aucune formule de politesse pour bien se faire voir, aucune tentative de faire de la politique déguisée. Diane est connue pour sa curiosité, sa soif de savoir, son envie de découvrir le monde et ses secrets. Et la cuisine d’un pays tel que l’Espagne ne manque pas de la rendre curieuse ! Avec ses racines italiennes, elle connaît un peu la gastronomie de ce pays, néanmoins, jamais elle n’avait eu le privilège de manger une spécialité ibérique. La Méditerranée recelait donc encore de quelques secrets pour la physicienne.
- Je vous prends aux mots et me laisse tenter par disons… Oh une religieuse au café, cela fait si longtemps !
Inutile de ne pas montrer son engouement autour de cette table qui transpirait la chaleur, le soleil d’Espagne. Les pâtisseries étaient françaises, certes, mais se sachant en compagnie du Prince, la Duchesse laissa vagabonder son esprit vers la péninsule ibérique, le temps qu’un domestique lui dépose sa fameuse religieuse sous les yeux. Malgré la chaleur, le gâteau se tenait très bien, ne suintait pas encore et le doux parfum de la crème et du café était exquis.
Elle réussit tout de même à détourner les yeux de la nourriture au milieu de son assiette pour retrouver les prunelles du Prince espagnol. Le titre honorifique qui lui avait été décerné à l’issue du bal d’Augustine prit une toute autre dimension dans la bouche du brun, le prononçant à l’espagnol. Une teinte exotique, fascinante, supposée la dénommer elle, Diane d’Orléans. Elle sentit ses joues rosir, sans doute un effet de la chaleur. Ou peut-être le bonheur d’être sur le point de parler de son mariage, de nommer son époux, de contredire enfin toutes les mauvais langues qui lui avaient prédit de finir vieille fille ?
Évidemment, la physicienne ne pouvait s’empêcher de sourire. Néanmoins, étaler grossièrement son bonheur serait inconvenant, impoli, égoïste et il est bien connu que la Duchesse est tout l’inverse. Alors, avant même de s’étaler sur sa situation maritale qui faisait sa joie, elle interrogea le Prince, reprenant les rumeurs qu’elle avait entendu à son propre sujet. Car à la cour de Paris, tout se sait si vite, même si l’on ne cherche pas à être au courant de tous les potins…
- Quel dommage que Votre Altesse n’ait pas pu être présente au bal d’Augustine. J’en garderai à jamais un excellent souvenir, une soirée pleine de rencontres et de rebondissements. Les danses étaient extraordinaires. Enfin, je vous parle de mon expérience, peut-être qu’en interrogeant d’autres participants vous n’aurez pas les mêmes sons de cloche. Est arrivée à mes oreilles la rumeur d’un déplacement de Votre Altesse, vous empêchant alors de nous honorer de votre présence, n’est-ce pas ?
Et puisqu’il n’était pas poli de balayer ses questions, elle lui répondit dans un second temps :
- Je vais prochainement me marier avec le Duc de Normandie.
Le connaissait-il ne serait-ce que de vue ? Diane en avait un sérieux doute, néanmoins, il était probable qu’il ait entendu quelques rumeurs à son sujet. Peut-être n’était-il pas présent en France depuis assez longtemps pour se faire un avis sur son futur époux. En tout cas, en signe de bonne entente et parce qu’elle ne voyait aucun inconvénient à le faire, la future Duchesse de Normandie proposa simplement :
- Si Votre Altesse le désire, je serais très heureuse de vous voir présent à nos noces. Cela pourrait être l’occasion pour vous de rattraper un peu de ce que vous avez raté au bal.
Et ce serait également un signe de bonne entente entre la France et l’Espagne, mais son invitation était avant tout sincère.
- Merci Votre Altesse. Vous savez ravir mes yeux, je ne doute pas que mon palais ne sera pas en reste très longtemps ! Peut-être un jour aurais-je l’occasion, que dis-je, le plaisir de goûter quelques recettes réputées de votre pays ensoleillé ?
Quoi de mieux pour entamer un goûté en plein air, que la promesse d’un suivant ? Il n’y avait là aucune formule de politesse pour bien se faire voir, aucune tentative de faire de la politique déguisée. Diane est connue pour sa curiosité, sa soif de savoir, son envie de découvrir le monde et ses secrets. Et la cuisine d’un pays tel que l’Espagne ne manque pas de la rendre curieuse ! Avec ses racines italiennes, elle connaît un peu la gastronomie de ce pays, néanmoins, jamais elle n’avait eu le privilège de manger une spécialité ibérique. La Méditerranée recelait donc encore de quelques secrets pour la physicienne.
- Je vous prends aux mots et me laisse tenter par disons… Oh une religieuse au café, cela fait si longtemps !
Inutile de ne pas montrer son engouement autour de cette table qui transpirait la chaleur, le soleil d’Espagne. Les pâtisseries étaient françaises, certes, mais se sachant en compagnie du Prince, la Duchesse laissa vagabonder son esprit vers la péninsule ibérique, le temps qu’un domestique lui dépose sa fameuse religieuse sous les yeux. Malgré la chaleur, le gâteau se tenait très bien, ne suintait pas encore et le doux parfum de la crème et du café était exquis.
Elle réussit tout de même à détourner les yeux de la nourriture au milieu de son assiette pour retrouver les prunelles du Prince espagnol. Le titre honorifique qui lui avait été décerné à l’issue du bal d’Augustine prit une toute autre dimension dans la bouche du brun, le prononçant à l’espagnol. Une teinte exotique, fascinante, supposée la dénommer elle, Diane d’Orléans. Elle sentit ses joues rosir, sans doute un effet de la chaleur. Ou peut-être le bonheur d’être sur le point de parler de son mariage, de nommer son époux, de contredire enfin toutes les mauvais langues qui lui avaient prédit de finir vieille fille ?
Évidemment, la physicienne ne pouvait s’empêcher de sourire. Néanmoins, étaler grossièrement son bonheur serait inconvenant, impoli, égoïste et il est bien connu que la Duchesse est tout l’inverse. Alors, avant même de s’étaler sur sa situation maritale qui faisait sa joie, elle interrogea le Prince, reprenant les rumeurs qu’elle avait entendu à son propre sujet. Car à la cour de Paris, tout se sait si vite, même si l’on ne cherche pas à être au courant de tous les potins…
- Quel dommage que Votre Altesse n’ait pas pu être présente au bal d’Augustine. J’en garderai à jamais un excellent souvenir, une soirée pleine de rencontres et de rebondissements. Les danses étaient extraordinaires. Enfin, je vous parle de mon expérience, peut-être qu’en interrogeant d’autres participants vous n’aurez pas les mêmes sons de cloche. Est arrivée à mes oreilles la rumeur d’un déplacement de Votre Altesse, vous empêchant alors de nous honorer de votre présence, n’est-ce pas ?
Et puisqu’il n’était pas poli de balayer ses questions, elle lui répondit dans un second temps :
- Je vais prochainement me marier avec le Duc de Normandie.
Le connaissait-il ne serait-ce que de vue ? Diane en avait un sérieux doute, néanmoins, il était probable qu’il ait entendu quelques rumeurs à son sujet. Peut-être n’était-il pas présent en France depuis assez longtemps pour se faire un avis sur son futur époux. En tout cas, en signe de bonne entente et parce qu’elle ne voyait aucun inconvénient à le faire, la future Duchesse de Normandie proposa simplement :
- Si Votre Altesse le désire, je serais très heureuse de vous voir présent à nos noces. Cela pourrait être l’occasion pour vous de rattraper un peu de ce que vous avez raté au bal.
Et ce serait également un signe de bonne entente entre la France et l’Espagne, mais son invitation était avant tout sincère.
Jeu 30 Déc - 23:24
Se tenir informé de la vie de la Cour de France est tout à son honneur, après tout. Il est déjà « le prince étranger », autant ne pas se montrer démuni et perdu en tous points. Cela serait donner bien trop à railler à ses opposants, fussent-ils légitimes – cette Madame de Constantinople… - ou non. Ce n’était pas tout à fait son intention première en invitant cette dame, mais s’il peut faire d’une pierre deux coups, pourquoi se priver ? Il est sincèrement curieux d’en connaitre plus sur celle qui fait office de joyau et n’est jusque-là aucunement déçu de la personnalité qui se présente à lui. Elle est radieuse et lui semble naturelle, quand elle s’exprime.
« Ce serait avec grand plaisir, Madame ! Je me ferais une joie de vous donner l’occasion de goûter des Ensaimadas ou des Mantecados. Si vous avez l’âme gourmande, cela sera sans doute à votre goût. Les premières sont de petites brioches à la crème, et les deuxièmes des biscuits sablés, souvent parfumés d’un zeste de citron. » Se remémorer de tels péchés mignons lui ravive les papilles et il se reconcentre sur le plateau. Son invitée en fait tout autant et opte pour une religieuse que la domestique lui sert délicatement. Puis vient le tour de sa dame de compagnie qui choisit une tartelette aux fraises et le remercie avec un large sourire. « Et pour ma part… l’éclair de chocolate, por favor. »
La duchesse sourit à ses propos avant de reprendre la parole. Une nouvelle fois on lui parle de ce bal et de ce qu’il a raté, une nouvelle fois son regret de n’avoir pu en être est grand. Certes il a eu l’occasion de rencontrer celle qui est en bonne place pour devenir sa future femme, mais cela n’y change rien… Isandro est un oiseau nocturne qui est pleinement heureux lorsqu’il faut briller, danser et faire la conversation. Le timing de son père et son entourage était décidément bien peu approprié. A moins que ce ne soit volontaire ? Non, il n’ose y songer. S’il sait que les « yeux » du roi Felipe II sont partout, ils ne pourraient pas fomenter un tel stratagème.
« Décidément, j’ai raté quelque chose ! Vous n’êtes pas la seule à me dire le plus grand bien de ce bal. » Certes, un certain duc de Bourgogne n’en a pas parlé de manière aussi élogieuse, mais il n’empêche. Ce qu’il lui en a dit a suscité un énorme regret chez le prince. Il en va de même du bonheur qu’en conserve la duchesse. Isandro est légèrement déstabilisé lorsqu’elle évoque la raison de son absence, ce jour-là. Pourtant, il sait très bien qu’aucun de ses mouvements n’est ignoré en ces lieux. Il acquiesce : « En effet, un déplacement qui m’a amené à découvrir le Sud de la France. » S’il a l’esprit léger, il a conscience de ne pas pouvoir dire quoique ce soit tant que rien est acté. Il suffirait d’un faux pas pour que le projet de mariage avec la protégée du duc de Septimanie tombe à l’eau.
Il préfère alors se concentrer sur ce que lui apprend son interlocutrice, en retour. Il est question du duc de Normandie dont Isandro ne sait que peu de chose. La Normandie est un territoire dans lequel il a eu à se rendre car nombre de marchands espagnols s’y trouvent stationner. Il n’a toutefois jamais eu à traiter directement avec le duc, jusque-là. « Je vois. Toutes mes félicitations, Madame. » Il s’incline doucement et attend que les dames aient commencé pour glisser sa cuillère dans l’éclair pour en profiter d’une première bouchée.
Ce que la duchesse ajoute ensuite le surprend et il manque de s’étouffer. Il a une toux rapide et secoue la tête. « Ah… excusez-moi. C’est que, vous me voici à la fois honoré et surpris, Señora. Je ne voudrais aucunement m’imposer lors de votre mariage. » Il sait qu’il est de coutume d’inviter les grandes têtes du royaume lors de ce genre d’événement, mais il ne voudrait pas que la présence d’un prince étranger fasse jaser.
Elle a un sourire tranquille et il ajoute : « Votre compagnie est comme celle du soleil, Madame. Vous êtes quelque chose de… suave y cálido. Como se dice ? Doux et… chaud ? » La formulation n’est sans doute pas heureuse. Les mots lui sont venus dans sa langue natale et vu le hoquet surpris de la dame de compagnie, il n’est pas certain que sa tentative de traduction soit la meilleure.
Il essaie de se reprendre rapidement : « Si votre futur époux ne s’y oppose pas, je serais heureux d’être présent le jour de vos noces, Madame. Con mucho gusto. » Il déguste une deuxième portion d’éclair et ponctue : « Je sais que vos bals, ici, sont l’occasion de très belles danses. Je pourrais peut être y exercer mes talents de danseur ! », dit-il, amusé.
« Ce serait avec grand plaisir, Madame ! Je me ferais une joie de vous donner l’occasion de goûter des Ensaimadas ou des Mantecados. Si vous avez l’âme gourmande, cela sera sans doute à votre goût. Les premières sont de petites brioches à la crème, et les deuxièmes des biscuits sablés, souvent parfumés d’un zeste de citron. » Se remémorer de tels péchés mignons lui ravive les papilles et il se reconcentre sur le plateau. Son invitée en fait tout autant et opte pour une religieuse que la domestique lui sert délicatement. Puis vient le tour de sa dame de compagnie qui choisit une tartelette aux fraises et le remercie avec un large sourire. « Et pour ma part… l’éclair de chocolate, por favor. »
La duchesse sourit à ses propos avant de reprendre la parole. Une nouvelle fois on lui parle de ce bal et de ce qu’il a raté, une nouvelle fois son regret de n’avoir pu en être est grand. Certes il a eu l’occasion de rencontrer celle qui est en bonne place pour devenir sa future femme, mais cela n’y change rien… Isandro est un oiseau nocturne qui est pleinement heureux lorsqu’il faut briller, danser et faire la conversation. Le timing de son père et son entourage était décidément bien peu approprié. A moins que ce ne soit volontaire ? Non, il n’ose y songer. S’il sait que les « yeux » du roi Felipe II sont partout, ils ne pourraient pas fomenter un tel stratagème.
« Décidément, j’ai raté quelque chose ! Vous n’êtes pas la seule à me dire le plus grand bien de ce bal. » Certes, un certain duc de Bourgogne n’en a pas parlé de manière aussi élogieuse, mais il n’empêche. Ce qu’il lui en a dit a suscité un énorme regret chez le prince. Il en va de même du bonheur qu’en conserve la duchesse. Isandro est légèrement déstabilisé lorsqu’elle évoque la raison de son absence, ce jour-là. Pourtant, il sait très bien qu’aucun de ses mouvements n’est ignoré en ces lieux. Il acquiesce : « En effet, un déplacement qui m’a amené à découvrir le Sud de la France. » S’il a l’esprit léger, il a conscience de ne pas pouvoir dire quoique ce soit tant que rien est acté. Il suffirait d’un faux pas pour que le projet de mariage avec la protégée du duc de Septimanie tombe à l’eau.
Il préfère alors se concentrer sur ce que lui apprend son interlocutrice, en retour. Il est question du duc de Normandie dont Isandro ne sait que peu de chose. La Normandie est un territoire dans lequel il a eu à se rendre car nombre de marchands espagnols s’y trouvent stationner. Il n’a toutefois jamais eu à traiter directement avec le duc, jusque-là. « Je vois. Toutes mes félicitations, Madame. » Il s’incline doucement et attend que les dames aient commencé pour glisser sa cuillère dans l’éclair pour en profiter d’une première bouchée.
Ce que la duchesse ajoute ensuite le surprend et il manque de s’étouffer. Il a une toux rapide et secoue la tête. « Ah… excusez-moi. C’est que, vous me voici à la fois honoré et surpris, Señora. Je ne voudrais aucunement m’imposer lors de votre mariage. » Il sait qu’il est de coutume d’inviter les grandes têtes du royaume lors de ce genre d’événement, mais il ne voudrait pas que la présence d’un prince étranger fasse jaser.
Elle a un sourire tranquille et il ajoute : « Votre compagnie est comme celle du soleil, Madame. Vous êtes quelque chose de… suave y cálido. Como se dice ? Doux et… chaud ? » La formulation n’est sans doute pas heureuse. Les mots lui sont venus dans sa langue natale et vu le hoquet surpris de la dame de compagnie, il n’est pas certain que sa tentative de traduction soit la meilleure.
Il essaie de se reprendre rapidement : « Si votre futur époux ne s’y oppose pas, je serais heureux d’être présent le jour de vos noces, Madame. Con mucho gusto. » Il déguste une deuxième portion d’éclair et ponctue : « Je sais que vos bals, ici, sont l’occasion de très belles danses. Je pourrais peut être y exercer mes talents de danseur ! », dit-il, amusé.
15 août 1590