Ven 7 Jan - 3:29
Trigger Warning : Relation abusive.
ft. Johanna von Helzen
Lewis Capaldi - Bruises ♫.
Your love I'm lost in.
And I'm tired of being so exhausted.
And I'm tired of being so exhausted.
Il n'existait rien de plus beau qu'un vampire.
Pourtant.
Il n'existait rien de plus beau que Johanna.
L'air maussade, je regardais, terré dans l'ombre, le zénith s'achever. Des soupirs coincés entre les dents et un peu de sueur sur le front, je m'étais facilement égaré dans mes pensées. Attachées au fil de mes souvenirs d'une décennie quasiment idyllique. Après une éternité à avoir vagabondé dans un cycle éternel, j'avais trouvé ma voie. Je m'y étais engagé avec toute la férocité que la nature m'avait offert. Et pour elle, j'avais tout sacrifié. Je m'adossais contre le mur, à même le sol. Regardant les faisceaux de l'astre diurne transcender l'invisible pour venir transpercer les rideaux à demi-fermés tandis que je redressais le genou pour y déposer mon bras. Tapotant mon crâne contre le mur derrière moi comme si cela chasserait mes démons. Des masses sombres qui semblaient venir m'emporter au loin. Comme des vagues m'emportant dans des abysses que je ne pourrais quitter.
Au fond de l'océan, j'entends les coraux qui entrent dans l'écho rauque du néant.
Un fond et séant, j'attends les corps qui hantent dans une époque autre du présent.
Il y avait des jours où je choisirais bien la folie plutôt que la lucidité. Contrairement aux mœurs, l'amour ne rend pas aveugle. Mais il maintient l'endurance. La résistance. Il donne de la valeur aux efforts fournis. Malgré son regard qui oscille entre le dégoût, la colère, la haine, la tristesse. Malgré ces mots qui se veulent blessants, malgré ses actes qui se montrent ingrats. Alors il y a des jours, où je voudrais bien être fou. Aussi fou que tous prétendent que je suis déjà. Aussi déviant d'une norme qu'ils ne pourraient pas admettre eux-mêmes. Une norme pour laquelle ils m'avaient bien tous abandonnés, un regard effrayé avec ou sans la vie qui allait de pair. Je m'étais déjà convaincu, tout cela n'avait plus d'importance. Après tout, le temps n'était plus rien face à l'éternité et le présent avait submergé le reste.
Si seulement cela ne pouvait jamais s'achever.
Je me relevais pour chercher Johanna. Je ne l'évitais pas forcément, peut-être que je lui laissais un peu d'espace comme souvent quand je préparais de capturer son temps le reste de la journée. Le zénith tombé, je parcourais les pièces de la maison. Spacieuse, somme toute modeste mais assez luxueuse pour sortir du lot. Un peu éloignée du monde et de la ville, sans personne d'autre qu'elle et moi. Je la trouvais dans la bibliothèque, plongée dans un livre et je m'arrêtais un instant. Je l'observais, sans réellement savoir si elle m'avait vu et qu'elle m'ignorait ou si elle était vraiment concentrée dans sa lecture. Je l'observais, dévorant des yeux la beauté qui émanait d'elle. Encore aujourd'hui, malgré une décennie bien trop rapide, mon corps entier se crispait à chaque fois que je posais mon regard sur elle. Toutes les parcelles qui me constituaient exultes en même temps et pourtant je devais me contenir. Je m'approchais, tentant de faire un minimum de bruit dans le cas où elle ne m'avait pas vu. Arrivant assez rapidement devant elle pour abaisser le livre. Dès qu'elle posait ses yeux c'était comme si tout le temps où elle ne me regardait pas j'avais oublié à quel point elle était belle. Et à chaque fois, je retombais dans cette infiniment trop petite décennie qui nous liait.
« J'ai une surprise pour toi. »
Ce n'était plus le début. Au bout de cette décennie de rejet, cette lutte acharnée pour qu'elle admette que nos existences sont inséparables. Qu'elle réalise à quel point mon amour ne peut être tempéré. Je n'étais plus aussi naïf.
« Puisque aucune des robes que je t'offre ne semble te plaire, j'ai fais venir un tailleur. Un spécialiste. Un qui pourra habiller selon tes moindres goûts et désirs ce corps que tu pourrais tout aussi bien laisser nu. »
Je l'observais d'un air lascif avec d'autres délices en mémoire. Provoquant assez la lucidité de l'emprise que je souhaitais exercer. Je l'observais me demandant si elle comprenait à quel point mon amour était indéniable. Si non, je lui ferais comprendre.
« Tu seras contente, tu auras un sourire sur les lèvres. Tu seras une épouse heureuse, aimante, dévouée et à la fin je t'offrirais une robe que tu chériras.
Sinon, je le massacrerais. Lui et tous ceux qui l'accompagneront. Un par un, je t'apporterais ce qui reste de leurs cadavres pour ne pas avoir su répondre à tes attentes. »
J'enlevais mes doigts de son livre. Instinctivement plus j'avais parlé, plus je m'étais approché d'elle. Instinctivement j'étais attiré par le centre de mon monde. Je me redressais pour la contempler en surplomb.
Dis, comprends-tu que je prendrais le monde en otage pour que tu m'aimes ?
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