Mer 28 Avr - 13:47
The wind in your wings was merely the fire of perdition.
Un agneau. C’est souvent ce que l’on pense de lui en le voyant. Pour son allure chétive et ses grands yeux clairs. On dirait qu’il est inoffensif, qu’il ne ferait aucun mal. Attire, malgré lui, la compassion et la pitié. Pas qu’il affiche sur son visage sa condition, loin de là, même. C’est simplement dans le dessin de ses lignes. Dans le poids qui semble alourdir ses épaules en permanence et les affaisser, comme défaitiste par nature. Dans la teinte rougie d’une bouche qu’il mord par anxiété, comme pour mesurer chaque mot. Comme si tourner sept fois sa langue dans sa bouche n’était pas suffisant pour calmer le flot de ses paroles. Un agneau à qui l’on a retiré tout droit d’être désobéissant. Docile par caprice ou obligation, y a-t-il seulement une différence, quand dans ses iris brille l’admiration la plus totale ? Tant parlent de Dieu, mais lui ne parlerait que de son créateur. Que de celui qui au-delà du divin, lui a donné le droit d’exister. Le droit d’être important. D’être unique.
Pourtant Lys n’est pas imbu de lui-même. Reste dans son cœur le même enfant que celui qui fut recueilli il y a si longtemps. Oublier la douleur pour n’exister que par le mérite de ceux qui l’ont ramené au monde des vivants. Il ne faut pas avoir honte, mais bel et bien cacher sa différence. Drapé de noir, les mutilations sont des présents d’un précieux inestimable. Aucun joyau ne pourrait à ses yeux supplanter la merveille que l’on a fait de lui. Et s’il n’est en aucun cas conscient de ce que l’on a fait de lui, il prie sa propre nature au seul contentement de son maître. De la bête chose qu’il est devenu, il considère qu’un simple regard est une marque d’affection. Est-ce suffisant ? Lys pense que oui. Pense que le toucher n’est pas nécessaire. Qu’il est même impie. Que les coups sont la marque de ceux qui démontrent leur inquiétude. Qu’il est si normal d’être battu pour apprendre. Qu’il est si normal d’être brisé pour pouvoir mieux se relever.
Qu’y’a-t-il de plus à donner à un agneau ? Sa voix chante doucement, timide et discrète. Sa force se cache dans un corps si bien rapiécé qu’il ne sait plus où commence son sein, et où finit son aberration. Les brebis du Seigneur n’ont pas toutes le droit au Paradis. Mais lui s’en est vu offrir les clés. Chérit le soyeux de chacune de ses plumes comme on pouponne son propre enfant. Et dans la solitude, découvrir que tout ce qu’on lui a appris n’est qu’un moyen pour protéger la porte du monde qu’on lui a confié. Que les crocs sont un instrument du diable. Qu’il est des morts nécessaires. Que le rouge sur ses mains n’est là que pour flatter le roux de sa chevelure. Créature infâme dont on n’ose rien dire de peur de susciter son courroux.
Qu’entendez-vous par-là ? Un agneau est pourtant inoffensif… Jusqu’à ce qu’on lui donne des ailes.
֎ Enfant sage ֎ Enfant sauvage ֎ Ingénu pour tant de choses ֎ Découvrir le monde au travers de ses yeux d’adulte ֎ Avoir oublié bien des choses, sauf la douleur ֎ Fasciné par le ciel ֎ Il aime les fleurs, les odeurs, les animaux, la nature est belle et il pourrait s’y perdre toute une vie ֎ Terrifié par le feu ֎ Ne sait pas nager ֎ On l’a d’ailleurs jeté dans un étang, une fois. Il s’est noyé ֎ Son corps est criblé de cicatrices en tous genres ֎ Douceur avariée ֎ Innocent et naïf dans sa compréhension du monde et des choses ֎ Trop crédule ֎ Endoctriné ֎ Croire l’invisible ֎ A l’impossible il est tenu ֎ Ne sait pas lire ni écrire ֎ Connait seulement quelques versets de la Bible et s’en sent profondément honteux ֎ Adorer son maître et ne croire qu’en ses paroles ֎ Comment ne pas le trouver attachant ? ֎ Comme une biche tremblant encore sur ses jambes fébriles ֎ Sauf qu’il ne tremble plus depuis longtemps ֎ Qu’il a tant de sang sur les mains qu’il pourrait rivaliser avec les bourreaux de France ֎ Tuer par principe, et suivre les ordres sans contestation ֎ Bombe à retardement ֎ Parfois il… perd le contrôle ֎ Il n’en devient pas plus fort, il abandonne simplement tout sens de raison ֎ C’est comme ça qu’il a fini par tuer son précédent partenaire ֎ Il a été lourdement châtié pour ses actes ֎ Il boîte encore légèrement depuis, et il favorise sa main droite pour compenser la douleur s’effaçant trop lentement de celle de gauche ֎
Lysandre Beaulieu, un gamin de la basse noblesse, marmot d’une famille de paysans, ceux-là mêmes qui s’occupaient de vendre et entretenir le bétail d’un seigneur de la région parisienne. Une famille sans histoire. Une famille qui n’aura pas fait long feu.
Lysandre ne se souvient plus comment ses parents ont disparu. S’ils sont morts, s’il a été enlevé, s’il s’est juste perdu, un jour, dans les trop grandes rues de la capitale. On penserait qu’un gamin avec pareille crinière de feu ne se perd pas si facilement de vue. Mais il ne faut jamais douter de la capacité des chiards à prendre la fuite de façon inattendue. Tout ce dont il se souvient, c’est qu’il avait plu, pendant plusieurs jours, et qu’une dame d’une paroisse voisine l’avait recueilli, le temps qu’il retrouve sa famille. Lysandre n’a pas été vraiment triste, à part la peur typique d’un mioche de quatre ans qui n’a plus ses parents. Mais ça oublie vite à cet âge-là. Ça change à toute vitesse. Ça se distrait d’un rien.
Il ne se souvient plus comment ils se sont rencontrés. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il n’a jamais eu le droit de l’appeler père. Pourtant tout le monde l’appelait comme ça. Lysandre n’a jamais compris pourquoi lui devait être traité différemment. Mais le père a dit qu’il allait lui trouver un endroit sûr. Qu’il n’aurait plus jamais à craindre rien de toute sa vie. Que son avenir était assuré.
Lysandre est devenu Lys. Oublié Beaulieu, qui s’en fichait. Et puis un prénom trop long était une perte de temps. Tout petit, on essaye déjà de les entraîner. Au début c’est par principe d’éducation. Leur faire entendre la parole du seigneur. Leur apprendre les choses du monde. Les choses d’un monde nouveau, aussi. On parle des monstres qui se cachent sous le lit des plus petits, mais il n’est pas question de ne pas croire en eux. Ils existent. Ils en avaient même quelques-uns dans des cages, Lys s’en souvient. Mais ils leur ont montré comment se débarrasser des choses qui font peur.
Lys avait six ans, quand un lycan fut abattu devant ses yeux. Mais c’était un monstre. C’était normal non ? Les monstres, il faut les tuer pour qu’ils ne fassent plus de mal à personne.
Dès ses sept ans, on lui a proposé de devenir ‘chevalier’. Comme dans les contes et les grandes aventures des héros de France et du monde entier. Il fallait s’entraîner dur, apprendre à se battre. Être impeccable en tout et pour tout. Mais il ne fallut pas attendre qu’il ait huit ans pour savoir qu’il ne serait jamais un bon chevalier. Pas même bon à protéger sa propre vie. Un échec, une erreur. Ces enfants-là, on en fait de la chair à canon. C’est ce qu’on lui avait dit.
Mais le père avait peut-être pris Lys en affection. C’est ce qu’il lui avait dit, en tout cas. Qu’il l’aimait trop pour le laisser s’échapper. Alors le père lui a proposé de faire autrement. Qu’il n’avait pas besoin d’être chevalier pour protéger les gens. Qu’il pouvait être encore mieux. Que s’il le voulait suffisamment fort, il pourrait faire de lui un ange.
Et Lys l’a cru. Voulait être un ange du Seigneur. A accepté de devenir le protégé du père, quand tous refusaient d’entendre ses balivernes. Mais ils ne savent pas, eux, que le père, peut faire des choses incroyables. Il a déjà fait des miracles, Lys s’en souvient. Une fois, il a fait disparaître un écu, et il était réapparu derrière son oreille. C’est un miracle, ça. Comme Jésus. Lys le sait. Lys le croit.
Sa première plume, il s’en souvient comme si c’était hier. Pourtant, il serait bien incapable de dire l’âge qu’il avait. Tout s’était emmêlé, entre la torture physique, et les fièvres virulentes. Entre les hurlements et les cris, respectivement les siens et ceux des opposants du père. On parle d’aberration. Le père parle de création divine. Était-ce si douloureux de devenir un ange ? Par-dessus ses épaules meurtries, il voit pourtant le gris d’un aile difforme. Lys sourit malgré ses lèvres gercées par ses tourments. Peut-être est-ce le moment d’hiberner…
Les oiseaux hibernent-ils seulement ?
Lys se souvient qu’après ses premières plumes, les autres avaient été moins douloureuses. Qu’il avait fallu près de deux ans, avant qu’il ne maîtrise le mouvement de ces nouveaux membres. Manquait encore de synchronisation. Le bruit court encore qu’un monstre rôde dans les souterrains de ce lieu où il a été transformé. Mais le père le rassure. Bientôt, il verra le ciel d’un point de vue que nul autre homme n’aura jamais pu côtoyer.
Il se souvient encore avec effroi du craquement de l’ossature de ses ailes, la première fois qu’il a tenté de s’envoler. Quand à quelques mètres du sol, il lui avait été soufflé de poursuivre son ascension. La chute l’avait brisé. Ses ailes cédant sous son poids. L’une de ses jambes se rompant sous l’impact de sa chute. Il fallut des mois avant de comprendre la raison de cet échec. Une erreur de calcul, tout simplement. Mais dans le dos de Lys, on soufflait qu’il n’était simplement bon à rien. Qu’ils l’avaient engraissé à trop vouloir le garder en vie. Dire qu’il avait par la suite éprouvé des… ‘problèmes’ d’ordre psychologique ? Le père dira simplement qu’il est de constitution fragile depuis. Qu’en portant des ailes, il était normal qu’il ait désormais un appétit de moineau.
Lys se souvient de leurs rires. De la douleur qui lui serre les entrailles, de ses os brisés, de ces nerfs qui ne sont pas les siens et qui pourtant rendent le simple fait de respirer douloureux.
Au final, il ne se souvient plus de combien de temps il aura fallu. De combien de fois ses ailes furent brisées pour être à nouveau déployées. Sa seule certitude, c’est qu’un jour, le vent a glissé contre ses plumes. Qu’un jour, on lui a rendu le ciel.
Et que de là-haut, tout lui semblait étrangement plus beau.
֎ Lys n’est pas autorisé à quitter le repaire de l’église souterraine sans l’aval de son créateur ֎ Il a été assigné à sa première mission il y a plus de cinq ans ֎ Trois partenaires lui ont été imposés. Les deux premières n’ont pas convenu, le troisième est décédé. Il a cru entendre qu’un sorcier serait son prochain geôlier ֎ Nul ne doit savoir pour sa difformité ֎ L’amalgame constituant ses ailes n’a pas grand-chose d’élégant au repos… Mais une fois ses ailes déployées… ֎ Il ressent les sensations dans les articulations de ses ailes comme n’importe quel autre membre de son corps ֎ Depuis qu’il a terminé sa croissance, il n’est plus nécessaire de procéder à des ‘révisions’ régulières ֎ Ses ailes et son dos sont les parties les plus musclées de son corps ֎ Pour éviter le corps à corps, il a été recommandé depuis bien longtemps qu’il soit assigné à l’archerie. Il est une flèche hors pair ֎ Il sait qu’il en existe quelques autres comme lui… ֎ Comme un enfant, il ne jure encore que par les paroles de son créateur ֎ Jamais un oiseau de la création de Dieu n’a été moins libre ֎
Lysandre Beaulieu
Let your spirit take flight, freedom awaits you
Sexe : Masculin
Date et lieu de naissance : Quelque part dans le Poitou, il ne se souvient pas bien où… Il croit avoir fêté ses vingt-deux ans… Ou peut-être était-ce trente… Il ne se souvient plus
Race : Humain… ?
Groupe : Peuple
Métier / Fonction : Bête de foire. Chair à canon. Trophée de guerre. Fils de l’église souterraine
Condition sociale : Inexistante
Feat : Seth – Ennead
Date et lieu de naissance : Quelque part dans le Poitou, il ne se souvient pas bien où… Il croit avoir fêté ses vingt-deux ans… Ou peut-être était-ce trente… Il ne se souvient plus
Race : Humain… ?
Groupe : Peuple
Métier / Fonction : Bête de foire. Chair à canon. Trophée de guerre. Fils de l’église souterraine
Condition sociale : Inexistante
Feat : Seth – Ennead
Caractère
The wind in your wings was merely the fire of perdition.
Un agneau. C’est souvent ce que l’on pense de lui en le voyant. Pour son allure chétive et ses grands yeux clairs. On dirait qu’il est inoffensif, qu’il ne ferait aucun mal. Attire, malgré lui, la compassion et la pitié. Pas qu’il affiche sur son visage sa condition, loin de là, même. C’est simplement dans le dessin de ses lignes. Dans le poids qui semble alourdir ses épaules en permanence et les affaisser, comme défaitiste par nature. Dans la teinte rougie d’une bouche qu’il mord par anxiété, comme pour mesurer chaque mot. Comme si tourner sept fois sa langue dans sa bouche n’était pas suffisant pour calmer le flot de ses paroles. Un agneau à qui l’on a retiré tout droit d’être désobéissant. Docile par caprice ou obligation, y a-t-il seulement une différence, quand dans ses iris brille l’admiration la plus totale ? Tant parlent de Dieu, mais lui ne parlerait que de son créateur. Que de celui qui au-delà du divin, lui a donné le droit d’exister. Le droit d’être important. D’être unique.
Pourtant Lys n’est pas imbu de lui-même. Reste dans son cœur le même enfant que celui qui fut recueilli il y a si longtemps. Oublier la douleur pour n’exister que par le mérite de ceux qui l’ont ramené au monde des vivants. Il ne faut pas avoir honte, mais bel et bien cacher sa différence. Drapé de noir, les mutilations sont des présents d’un précieux inestimable. Aucun joyau ne pourrait à ses yeux supplanter la merveille que l’on a fait de lui. Et s’il n’est en aucun cas conscient de ce que l’on a fait de lui, il prie sa propre nature au seul contentement de son maître. De la bête chose qu’il est devenu, il considère qu’un simple regard est une marque d’affection. Est-ce suffisant ? Lys pense que oui. Pense que le toucher n’est pas nécessaire. Qu’il est même impie. Que les coups sont la marque de ceux qui démontrent leur inquiétude. Qu’il est si normal d’être battu pour apprendre. Qu’il est si normal d’être brisé pour pouvoir mieux se relever.
Qu’y’a-t-il de plus à donner à un agneau ? Sa voix chante doucement, timide et discrète. Sa force se cache dans un corps si bien rapiécé qu’il ne sait plus où commence son sein, et où finit son aberration. Les brebis du Seigneur n’ont pas toutes le droit au Paradis. Mais lui s’en est vu offrir les clés. Chérit le soyeux de chacune de ses plumes comme on pouponne son propre enfant. Et dans la solitude, découvrir que tout ce qu’on lui a appris n’est qu’un moyen pour protéger la porte du monde qu’on lui a confié. Que les crocs sont un instrument du diable. Qu’il est des morts nécessaires. Que le rouge sur ses mains n’est là que pour flatter le roux de sa chevelure. Créature infâme dont on n’ose rien dire de peur de susciter son courroux.
Qu’entendez-vous par-là ? Un agneau est pourtant inoffensif… Jusqu’à ce qu’on lui donne des ailes.
֎ Enfant sage ֎ Enfant sauvage ֎ Ingénu pour tant de choses ֎ Découvrir le monde au travers de ses yeux d’adulte ֎ Avoir oublié bien des choses, sauf la douleur ֎ Fasciné par le ciel ֎ Il aime les fleurs, les odeurs, les animaux, la nature est belle et il pourrait s’y perdre toute une vie ֎ Terrifié par le feu ֎ Ne sait pas nager ֎ On l’a d’ailleurs jeté dans un étang, une fois. Il s’est noyé ֎ Son corps est criblé de cicatrices en tous genres ֎ Douceur avariée ֎ Innocent et naïf dans sa compréhension du monde et des choses ֎ Trop crédule ֎ Endoctriné ֎ Croire l’invisible ֎ A l’impossible il est tenu ֎ Ne sait pas lire ni écrire ֎ Connait seulement quelques versets de la Bible et s’en sent profondément honteux ֎ Adorer son maître et ne croire qu’en ses paroles ֎ Comment ne pas le trouver attachant ? ֎ Comme une biche tremblant encore sur ses jambes fébriles ֎ Sauf qu’il ne tremble plus depuis longtemps ֎ Qu’il a tant de sang sur les mains qu’il pourrait rivaliser avec les bourreaux de France ֎ Tuer par principe, et suivre les ordres sans contestation ֎ Bombe à retardement ֎ Parfois il… perd le contrôle ֎ Il n’en devient pas plus fort, il abandonne simplement tout sens de raison ֎ C’est comme ça qu’il a fini par tuer son précédent partenaire ֎ Il a été lourdement châtié pour ses actes ֎ Il boîte encore légèrement depuis, et il favorise sa main droite pour compenser la douleur s’effaçant trop lentement de celle de gauche ֎
Histoire
Lysandre Beaulieu, un gamin de la basse noblesse, marmot d’une famille de paysans, ceux-là mêmes qui s’occupaient de vendre et entretenir le bétail d’un seigneur de la région parisienne. Une famille sans histoire. Une famille qui n’aura pas fait long feu.
Lysandre ne se souvient plus comment ses parents ont disparu. S’ils sont morts, s’il a été enlevé, s’il s’est juste perdu, un jour, dans les trop grandes rues de la capitale. On penserait qu’un gamin avec pareille crinière de feu ne se perd pas si facilement de vue. Mais il ne faut jamais douter de la capacité des chiards à prendre la fuite de façon inattendue. Tout ce dont il se souvient, c’est qu’il avait plu, pendant plusieurs jours, et qu’une dame d’une paroisse voisine l’avait recueilli, le temps qu’il retrouve sa famille. Lysandre n’a pas été vraiment triste, à part la peur typique d’un mioche de quatre ans qui n’a plus ses parents. Mais ça oublie vite à cet âge-là. Ça change à toute vitesse. Ça se distrait d’un rien.
Il ne se souvient plus comment ils se sont rencontrés. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il n’a jamais eu le droit de l’appeler père. Pourtant tout le monde l’appelait comme ça. Lysandre n’a jamais compris pourquoi lui devait être traité différemment. Mais le père a dit qu’il allait lui trouver un endroit sûr. Qu’il n’aurait plus jamais à craindre rien de toute sa vie. Que son avenir était assuré.
Lysandre est devenu Lys. Oublié Beaulieu, qui s’en fichait. Et puis un prénom trop long était une perte de temps. Tout petit, on essaye déjà de les entraîner. Au début c’est par principe d’éducation. Leur faire entendre la parole du seigneur. Leur apprendre les choses du monde. Les choses d’un monde nouveau, aussi. On parle des monstres qui se cachent sous le lit des plus petits, mais il n’est pas question de ne pas croire en eux. Ils existent. Ils en avaient même quelques-uns dans des cages, Lys s’en souvient. Mais ils leur ont montré comment se débarrasser des choses qui font peur.
Lys avait six ans, quand un lycan fut abattu devant ses yeux. Mais c’était un monstre. C’était normal non ? Les monstres, il faut les tuer pour qu’ils ne fassent plus de mal à personne.
Dès ses sept ans, on lui a proposé de devenir ‘chevalier’. Comme dans les contes et les grandes aventures des héros de France et du monde entier. Il fallait s’entraîner dur, apprendre à se battre. Être impeccable en tout et pour tout. Mais il ne fallut pas attendre qu’il ait huit ans pour savoir qu’il ne serait jamais un bon chevalier. Pas même bon à protéger sa propre vie. Un échec, une erreur. Ces enfants-là, on en fait de la chair à canon. C’est ce qu’on lui avait dit.
Mais le père avait peut-être pris Lys en affection. C’est ce qu’il lui avait dit, en tout cas. Qu’il l’aimait trop pour le laisser s’échapper. Alors le père lui a proposé de faire autrement. Qu’il n’avait pas besoin d’être chevalier pour protéger les gens. Qu’il pouvait être encore mieux. Que s’il le voulait suffisamment fort, il pourrait faire de lui un ange.
Et Lys l’a cru. Voulait être un ange du Seigneur. A accepté de devenir le protégé du père, quand tous refusaient d’entendre ses balivernes. Mais ils ne savent pas, eux, que le père, peut faire des choses incroyables. Il a déjà fait des miracles, Lys s’en souvient. Une fois, il a fait disparaître un écu, et il était réapparu derrière son oreille. C’est un miracle, ça. Comme Jésus. Lys le sait. Lys le croit.
Sa première plume, il s’en souvient comme si c’était hier. Pourtant, il serait bien incapable de dire l’âge qu’il avait. Tout s’était emmêlé, entre la torture physique, et les fièvres virulentes. Entre les hurlements et les cris, respectivement les siens et ceux des opposants du père. On parle d’aberration. Le père parle de création divine. Était-ce si douloureux de devenir un ange ? Par-dessus ses épaules meurtries, il voit pourtant le gris d’un aile difforme. Lys sourit malgré ses lèvres gercées par ses tourments. Peut-être est-ce le moment d’hiberner…
Les oiseaux hibernent-ils seulement ?
Lys se souvient qu’après ses premières plumes, les autres avaient été moins douloureuses. Qu’il avait fallu près de deux ans, avant qu’il ne maîtrise le mouvement de ces nouveaux membres. Manquait encore de synchronisation. Le bruit court encore qu’un monstre rôde dans les souterrains de ce lieu où il a été transformé. Mais le père le rassure. Bientôt, il verra le ciel d’un point de vue que nul autre homme n’aura jamais pu côtoyer.
Il se souvient encore avec effroi du craquement de l’ossature de ses ailes, la première fois qu’il a tenté de s’envoler. Quand à quelques mètres du sol, il lui avait été soufflé de poursuivre son ascension. La chute l’avait brisé. Ses ailes cédant sous son poids. L’une de ses jambes se rompant sous l’impact de sa chute. Il fallut des mois avant de comprendre la raison de cet échec. Une erreur de calcul, tout simplement. Mais dans le dos de Lys, on soufflait qu’il n’était simplement bon à rien. Qu’ils l’avaient engraissé à trop vouloir le garder en vie. Dire qu’il avait par la suite éprouvé des… ‘problèmes’ d’ordre psychologique ? Le père dira simplement qu’il est de constitution fragile depuis. Qu’en portant des ailes, il était normal qu’il ait désormais un appétit de moineau.
Lys se souvient de leurs rires. De la douleur qui lui serre les entrailles, de ses os brisés, de ces nerfs qui ne sont pas les siens et qui pourtant rendent le simple fait de respirer douloureux.
Au final, il ne se souvient plus de combien de temps il aura fallu. De combien de fois ses ailes furent brisées pour être à nouveau déployées. Sa seule certitude, c’est qu’un jour, le vent a glissé contre ses plumes. Qu’un jour, on lui a rendu le ciel.
Et que de là-haut, tout lui semblait étrangement plus beau.
֎ Lys n’est pas autorisé à quitter le repaire de l’église souterraine sans l’aval de son créateur ֎ Il a été assigné à sa première mission il y a plus de cinq ans ֎ Trois partenaires lui ont été imposés. Les deux premières n’ont pas convenu, le troisième est décédé. Il a cru entendre qu’un sorcier serait son prochain geôlier ֎ Nul ne doit savoir pour sa difformité ֎ L’amalgame constituant ses ailes n’a pas grand-chose d’élégant au repos… Mais une fois ses ailes déployées… ֎ Il ressent les sensations dans les articulations de ses ailes comme n’importe quel autre membre de son corps ֎ Depuis qu’il a terminé sa croissance, il n’est plus nécessaire de procéder à des ‘révisions’ régulières ֎ Ses ailes et son dos sont les parties les plus musclées de son corps ֎ Pour éviter le corps à corps, il a été recommandé depuis bien longtemps qu’il soit assigné à l’archerie. Il est une flèche hors pair ֎ Il sait qu’il en existe quelques autres comme lui… ֎ Comme un enfant, il ne jure encore que par les paroles de son créateur ֎ Jamais un oiseau de la création de Dieu n’a été moins libre ֎
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Pseudo : Mih ette
Âge : D ooz
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Un petit mot ? C’est l’heure du d-d-d-d-d-duel.
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