Mer 9 Juin - 23:27
Habituellement, quand il fallait se défouler, Hermance regagnait ses terres en Normandie. Les grands espaces plus ou moins privés suffisaient à la louve pour revenir ensuite à elle-même et être tranquille pendant un temps. Pour cette fois, elle fit une entorse à sa propre règle. Il fallait dire que faire des allers-retours entre Paris et Bernières-d’Ailly étaient compliqués et longs.
Elle oubliait qu’elle n’avait pas beaucoup de chance ces derniers temps. Elle pensait avoir été prudente. Après tout elle ne connaissait pas cette forêt. Elle avait laissé ses affaires à l’abri, avait reniflé l’air, cherché des traces suspectes. Hélas à jouer les humaines, elle avait perdu de son instinct et de ses réflexes. Elle se crut seule, tranquille.
Une louve grise. Ce pelage rêche n’était pas beau car pas entretenu. L’animal courait et bondissait, chassant un lapin qui avait osé montrer ses moustaches. Ce divertissement fut interrompu, non pas par un bruit, mais par une présence. Elle ne l’avait pas entendu approcher. Mais lorsqu’elle posa les yeux sur cet animal, elle sut que c’était un congénère. Rien que par sa taille imposante, comme tous lycans qui se respectaient. Au début elle était restée figée de surprise. Puis elle avait attendu un signe d’agressivité. Et finalement elle prit la fuite. Aussi loin et aussi vite que le permettaient ses pattes. Jusqu’à ce qu’elle se souvienne qu’elle avait abandonné ses vêtements quelque part. Elle dut donc faire un détour dans sa course pour redevenir humaine, se rhabiller et filer sur ses deux jambes.
Hermance savait qu’elle ne s’était pas suffisamment dégourdie les pattes. Mais s’il se trouvait qu’un autre lycan avait par hasard le même cycle qu’elle, il n’était plus question de se transformer ici. C’était dommage, mais il valait mieux rentrer au château d’Ailly au moins pour ce besoin.
Au petit matin, elle organisa cette retraite avant de se rappeler qu’elle avait convié le Marquis de Sercey chez elle le lendemain. Oser inviter quelqu’un de plus important sans sourciller était typique de la dame. Et elle aurait été ravie de se souvenir qu’il avait accepté s’il n’y avait pas cette gêne au fond d’elle. Elle allait tâcher de l’oublier pour passer un agréable moment avec sa charmante compagnie. Puis elle repartirait à sa demeure principale pour s’occuper de ses petites affaires en paix.
Toute une journée pour se remettre dans la peau d’une baronne ne fut pas de trop. Elle se changea les idées en mettant de l’ordre dans son atelier, choisissant consciencieusement les toiles à exposer et celles à laisser entrevoir.
Calmée, elle aborda cette nouvelle journée plus sereinement. Hermance choisit une robe moins encombrante qu’à l’accoutumée. Peu de parfum, mais un maquillage qui compensait la sobriété du reste. Fin prête, elle attendit sa venue en faisant les cent pas. Impatience de le voir ou de s’en débarrasser, difficile à dire. Ce qui était certain, c’était que la baronne n’allait pas tourner longtemps autour du pot avec lui.
Elle oubliait qu’elle n’avait pas beaucoup de chance ces derniers temps. Elle pensait avoir été prudente. Après tout elle ne connaissait pas cette forêt. Elle avait laissé ses affaires à l’abri, avait reniflé l’air, cherché des traces suspectes. Hélas à jouer les humaines, elle avait perdu de son instinct et de ses réflexes. Elle se crut seule, tranquille.
Une louve grise. Ce pelage rêche n’était pas beau car pas entretenu. L’animal courait et bondissait, chassant un lapin qui avait osé montrer ses moustaches. Ce divertissement fut interrompu, non pas par un bruit, mais par une présence. Elle ne l’avait pas entendu approcher. Mais lorsqu’elle posa les yeux sur cet animal, elle sut que c’était un congénère. Rien que par sa taille imposante, comme tous lycans qui se respectaient. Au début elle était restée figée de surprise. Puis elle avait attendu un signe d’agressivité. Et finalement elle prit la fuite. Aussi loin et aussi vite que le permettaient ses pattes. Jusqu’à ce qu’elle se souvienne qu’elle avait abandonné ses vêtements quelque part. Elle dut donc faire un détour dans sa course pour redevenir humaine, se rhabiller et filer sur ses deux jambes.
Hermance savait qu’elle ne s’était pas suffisamment dégourdie les pattes. Mais s’il se trouvait qu’un autre lycan avait par hasard le même cycle qu’elle, il n’était plus question de se transformer ici. C’était dommage, mais il valait mieux rentrer au château d’Ailly au moins pour ce besoin.
Au petit matin, elle organisa cette retraite avant de se rappeler qu’elle avait convié le Marquis de Sercey chez elle le lendemain. Oser inviter quelqu’un de plus important sans sourciller était typique de la dame. Et elle aurait été ravie de se souvenir qu’il avait accepté s’il n’y avait pas cette gêne au fond d’elle. Elle allait tâcher de l’oublier pour passer un agréable moment avec sa charmante compagnie. Puis elle repartirait à sa demeure principale pour s’occuper de ses petites affaires en paix.
Toute une journée pour se remettre dans la peau d’une baronne ne fut pas de trop. Elle se changea les idées en mettant de l’ordre dans son atelier, choisissant consciencieusement les toiles à exposer et celles à laisser entrevoir.
Calmée, elle aborda cette nouvelle journée plus sereinement. Hermance choisit une robe moins encombrante qu’à l’accoutumée. Peu de parfum, mais un maquillage qui compensait la sobriété du reste. Fin prête, elle attendit sa venue en faisant les cent pas. Impatience de le voir ou de s’en débarrasser, difficile à dire. Ce qui était certain, c’était que la baronne n’allait pas tourner longtemps autour du pot avec lui.
Dim 20 Juin - 17:03
Un peu perturbée et n’aimant surtout pas sa propre nature, elle ne fit pas grand cas de ce qu’elle ressentait. À vrai dire elle mit même cette sensation de retrouvailles sur le fait qu’elle connaissait déjà le Marquis et qu’il avait été attentionné avec elle. Elle ne faisait pas le lien avec ce qui s’était passé au cours de cette nuit. À brimer sa nature, elle en perdait tous les avantages.
— Bonjour, Monsieur le Marquis. C’est à moi de vous remercier. Accepter de m’accorder de votre précieux temps.
Comme elle le devait, elle s’inclina plus bas que lui en référence à leurs rangs respectifs. Elle lui répondit en tâchant d’être la plus naturelle du monde. L’extravagante habituelle.
Sa soudaine interrogation fit office de second déclencheur. La baronne se demandait de quoi il parlait. Elle eut un léger froncement de sourcils en se demandant quel rapport il y avait entre ses mots et ce frisson qui la parcourait. Elle n’avait pourtant pas froid. Il faisait même bon en cette période de l’année.
— Absolument pas. Où allez-vous chercher une telle idée ?
Elle laissa échapper quelques notes de son rire pour dissimuler son trouble grandissant. L’invitant à s’asseoir s’il le désirait, elle lui proposa également de boire quelque chose. Alcool ou non, elle avait certainement toutes les boissons qu’il pourrait désirer.
— Mon invitation a pu vous paraître cavalière. Toutefois je trouvais regrettable de ne pas nous revoir. Il m’avait semblé que nous nous étions bien entendus.
Au vu des doutes que Gabriel émettait, Hermance avait changé de tactique pour qu’il ne soit pas sur la défensive. Il aurait tout le loisir de l’être lorsque le sujet de la conversation changerait.
— Bonjour, Monsieur le Marquis. C’est à moi de vous remercier. Accepter de m’accorder de votre précieux temps.
Comme elle le devait, elle s’inclina plus bas que lui en référence à leurs rangs respectifs. Elle lui répondit en tâchant d’être la plus naturelle du monde. L’extravagante habituelle.
Sa soudaine interrogation fit office de second déclencheur. La baronne se demandait de quoi il parlait. Elle eut un léger froncement de sourcils en se demandant quel rapport il y avait entre ses mots et ce frisson qui la parcourait. Elle n’avait pourtant pas froid. Il faisait même bon en cette période de l’année.
— Absolument pas. Où allez-vous chercher une telle idée ?
Elle laissa échapper quelques notes de son rire pour dissimuler son trouble grandissant. L’invitant à s’asseoir s’il le désirait, elle lui proposa également de boire quelque chose. Alcool ou non, elle avait certainement toutes les boissons qu’il pourrait désirer.
— Mon invitation a pu vous paraître cavalière. Toutefois je trouvais regrettable de ne pas nous revoir. Il m’avait semblé que nous nous étions bien entendus.
Au vu des doutes que Gabriel émettait, Hermance avait changé de tactique pour qu’il ne soit pas sur la défensive. Il aurait tout le loisir de l’être lorsque le sujet de la conversation changerait.
Sam 26 Juin - 18:16
Comme tout gentilhomme, le Marquis savait être charmant dans ses paroles comme dans ses manières. Qu’il le fasse exprès ou non, son caractère affable pouvait amadouer Hermance.
Il n’avait pas à s’inquiéter. Bien que son esprit soit occupé à beaucoup de choses ces derniers temps, aucun ennui ne venait l’importuner sur le long terme.
Assise aux côtés de Gabriel, un beau verre à la main, elle trinqua avec plaisir en espérant que ce moment serait bon. Puis elle but une petite gorgée avant de baisser ses mains sur ses genoux.
— Vous avez bonne mémoire, le complimenta-t-elle.
Peu de gens se serait donné la peine de se souvenir d’une invitation venant de quelqu’un d’inférieur. Il soignait donc toutes ses relations. Hermance en était très satisfaite. Elle pourrait peut-être compter sur lui dans un futur proche.
La surprise la prit de court lorsqu’il la qualifia d’amie. Il y avait aussi une chance pour qu’il ne le pense pas. Et il y en avait une autre pour qu’il veuille dire autre chose. Autre chose… Elle percuta enfin. Les éléments s’imbriquaient parfaitement. Le sentiment de malaise à l’arrivée du marquis et leur rencontre de l’autre nuit. Si c’était une plaisanterie, ce n’était pas drôle du tout. Jusqu’à présent elle avait pu éviter ce genre de rencontres, pourquoi il fallait que ça tombe avec lui alors qu’elle avait quelques projets. À nouveau un peu contrarié, elle le fixa en se demandant si elle parviendrait à confirmer cette intuition. Il semblait habitué à se cacher. Faire en sorte qu’il se trahisse allait être compliqué. Mais avant toute chose, il fallait répondre à sa question.
— Je pensais surtout que nous pourrions faire plus ample connaissance. Au calme. J’aimerais vous compter parmi mes amis.
De son côté ce n’était pas encore fait. Et puisqu’elle l’avait senti, l’inverse était vrai aussi. Donc rien ne garantissait qu’il était venu avec de bonnes intentions. Avait-elle traîné par inadvertance sur son territoire ? Hermance n’était plus sûre de rien avec lui. Et son instinct avait beau lui crier de fuir et éviter ce loup, c’était un marquis sur lequel elle avait pu mettre la main. Elle allait avoir besoin de lui incessamment sous peu. Lui et éventuellement ses connaissances. La baronne avait confiance en elle, mais quelques amis de son côté aiderait à affronter les événements plus facilement.
— Puisque vous parlez de ceci en premier, je me demandais jusqu’à quel point vous pourrez me considérer comme tel.
Elle sourit sans détourner son regard de lui. Hermance venait d’avoir une idée intéressante peut-être mettre les choses à plat entre eux. Elle l’espérait.
— Que diriez-vous de faire un jeu de confidences ? Nous pourrions nous livrer quelques secrets de plus ou moindre importance. Ou même nous poser des questions osées.
Il n’avait pas à s’inquiéter. Bien que son esprit soit occupé à beaucoup de choses ces derniers temps, aucun ennui ne venait l’importuner sur le long terme.
Assise aux côtés de Gabriel, un beau verre à la main, elle trinqua avec plaisir en espérant que ce moment serait bon. Puis elle but une petite gorgée avant de baisser ses mains sur ses genoux.
— Vous avez bonne mémoire, le complimenta-t-elle.
Peu de gens se serait donné la peine de se souvenir d’une invitation venant de quelqu’un d’inférieur. Il soignait donc toutes ses relations. Hermance en était très satisfaite. Elle pourrait peut-être compter sur lui dans un futur proche.
La surprise la prit de court lorsqu’il la qualifia d’amie. Il y avait aussi une chance pour qu’il ne le pense pas. Et il y en avait une autre pour qu’il veuille dire autre chose. Autre chose… Elle percuta enfin. Les éléments s’imbriquaient parfaitement. Le sentiment de malaise à l’arrivée du marquis et leur rencontre de l’autre nuit. Si c’était une plaisanterie, ce n’était pas drôle du tout. Jusqu’à présent elle avait pu éviter ce genre de rencontres, pourquoi il fallait que ça tombe avec lui alors qu’elle avait quelques projets. À nouveau un peu contrarié, elle le fixa en se demandant si elle parviendrait à confirmer cette intuition. Il semblait habitué à se cacher. Faire en sorte qu’il se trahisse allait être compliqué. Mais avant toute chose, il fallait répondre à sa question.
— Je pensais surtout que nous pourrions faire plus ample connaissance. Au calme. J’aimerais vous compter parmi mes amis.
De son côté ce n’était pas encore fait. Et puisqu’elle l’avait senti, l’inverse était vrai aussi. Donc rien ne garantissait qu’il était venu avec de bonnes intentions. Avait-elle traîné par inadvertance sur son territoire ? Hermance n’était plus sûre de rien avec lui. Et son instinct avait beau lui crier de fuir et éviter ce loup, c’était un marquis sur lequel elle avait pu mettre la main. Elle allait avoir besoin de lui incessamment sous peu. Lui et éventuellement ses connaissances. La baronne avait confiance en elle, mais quelques amis de son côté aiderait à affronter les événements plus facilement.
— Puisque vous parlez de ceci en premier, je me demandais jusqu’à quel point vous pourrez me considérer comme tel.
Elle sourit sans détourner son regard de lui. Hermance venait d’avoir une idée intéressante peut-être mettre les choses à plat entre eux. Elle l’espérait.
— Que diriez-vous de faire un jeu de confidences ? Nous pourrions nous livrer quelques secrets de plus ou moindre importance. Ou même nous poser des questions osées.
Dim 27 Juin - 16:54
Ils étaient à l’opposé en terme d’amitié. Hermance était comme tout le monde : à ne qualifier d’amis que les gens utiles. En réalité elle n’avait pas d’amis, ne leur trouvant aucun intérêt. C’était des poids, des faiblesses que l’on s’infligeait sciemment. Pourtant l’humain pouvait se montrer tellement plus fort lorsqu’il pouvait se tenir debout seul, lorsqu’il affrontait les choses seul.
Comprenant que le jeune homme était du genre à mettre les gens dans des cases et qu’il faisait bien une distinction parmi ses amis, Hermance ne relança pas le sujet. Il avait répondu à sa question. C’était l’essentiel.
La réponse du Marquis la fit sourire, comme s’il n’était pas au courant des rumeurs. Elle n’avait jamais caché son côté audacieux, peut-être téméraire. Elle ne se serait pas vexée d’un refus. Il lui aurait juste fallu trouver un autre moyen détourner d’en apprendre plus sur sa véritable nature.
— En effet. J’aime prendre des risques.
Elle avala une gorgée de son verre avant de réfléchir à la meilleure manière de tourner la chose. Son verre rejoignit une petite table ronde. En relevant les yeux vers le visage de Gabriel, elle rit.
— Je vous en prie, ne faites pas cette tête. Je ne vais rien vous demander de honteux.
Hermance avait l’impression de lui avoir demandé ce qu’il aimait lors de relation charnelle. Il pouvait se détendre, elle n’en ferait rien. Du moins pas tant que leur relation restera à ce stade.
Posant la première phalange de son index sur son menton, elle fit mine de réfléchir. Puis elle joignit ses mains dans un claquement faible comme si elle venait d’avoir une idée lumineuse. Un sourire aux lèvres et elle demanda sans détour :
— Faites-vous beaucoup de rêves ?
Le sujet n’avait l’air de rien et elle ne l’obligeait en rien à lui raconter le contenu. Mais si la conversation se faisait comme elle le pensait, elle avait une chance de l’emmener dans la bonne direction. Hermance semblait être redevenue la femme habituelle, sûre d’elle et sans aucune peur. Elle l’était assurément, mais pour combien de temps ?
Comprenant que le jeune homme était du genre à mettre les gens dans des cases et qu’il faisait bien une distinction parmi ses amis, Hermance ne relança pas le sujet. Il avait répondu à sa question. C’était l’essentiel.
La réponse du Marquis la fit sourire, comme s’il n’était pas au courant des rumeurs. Elle n’avait jamais caché son côté audacieux, peut-être téméraire. Elle ne se serait pas vexée d’un refus. Il lui aurait juste fallu trouver un autre moyen détourner d’en apprendre plus sur sa véritable nature.
— En effet. J’aime prendre des risques.
Elle avala une gorgée de son verre avant de réfléchir à la meilleure manière de tourner la chose. Son verre rejoignit une petite table ronde. En relevant les yeux vers le visage de Gabriel, elle rit.
— Je vous en prie, ne faites pas cette tête. Je ne vais rien vous demander de honteux.
Hermance avait l’impression de lui avoir demandé ce qu’il aimait lors de relation charnelle. Il pouvait se détendre, elle n’en ferait rien. Du moins pas tant que leur relation restera à ce stade.
Posant la première phalange de son index sur son menton, elle fit mine de réfléchir. Puis elle joignit ses mains dans un claquement faible comme si elle venait d’avoir une idée lumineuse. Un sourire aux lèvres et elle demanda sans détour :
— Faites-vous beaucoup de rêves ?
Le sujet n’avait l’air de rien et elle ne l’obligeait en rien à lui raconter le contenu. Mais si la conversation se faisait comme elle le pensait, elle avait une chance de l’emmener dans la bonne direction. Hermance semblait être redevenue la femme habituelle, sûre d’elle et sans aucune peur. Elle l’était assurément, mais pour combien de temps ?
Ven 9 Juil - 23:01
Elle aurait été curieuse d’en apprendre davantage sur lui au travers de ses rêves. Mais s’il avait bien voulu lui en parler, c’était que le contenu était ennuyant à mourir. Qu’il prétende ne pas en faire était plus intéressant. Hermance le voyait à sa façon brusque de répondre et aussi à comment il avait détourné le sujet. C’était amusant. Mais elle aurait plutôt aimé qu’il lui retourne la question plutôt que de dévier si loin. Les inspirations de la baronne ne se trouvait pas dans ses rêves.
Pour être franche, elle était plutôt du genre à être habitée par des cauchemars ou bien des rêves revanche assez sanglants. C’était loin d’être ce qu’on imaginait pour une personne de son rang, ayant vécu dans le l’opulence toute sa vie. Elle sourit en sachant pertinemment comment ramener la conversation à ce qu’elle voulait au départ et surtout… à prendre des risques.
— Mes inspirations me viennent seulement lorsque j’ai un modèle devant les yeux. Je ne peins que des gens adultes. Je crois que si vous en connaissiez la teneur, vous comprendriez bien plus facilement.
Son sourire s’étira, prédateur. Elle ne s’attaquerait jamais à cet homme. Pas dans cette situation en partie obscure. Ce sourire, elle l’avait dès que des pensées sulfureuses lui traversaient l’esprit. Et avec cet homme intouchable, son imagination était débordante.
— Mes songes sont bien trop déplaisants et récurrents pour valoir une toile.
Un première bouteille jetée à la mer, tandis qu’elle reprend son verre pour y tremper les lèvres. Elle savourait son effet dramatique parce que jouer la comédie était dans sa nature. Et surtout parce qu’elle voulait avoir sa pleine et entière attention (comme si ce n’était pas déjà le cas). Elle reposa son verre, joignant les mains sur ses genoux et posant son regard acéré sur le Marquis.
— Je rêve souvent que je me métamorphose en loup.
Lever de rideau sur le premier acte de cette comédie qu’elle lui jouait. Elle le fixait pour y voir la moindre micro-expression. Mais elle était surtout prête à réagir. Son sourire ne la quittait pas. Elle avait osé faire allusion à sa nature, comme ça, sans crier gare.
Et vous, Gabriel, auriez-vous quelque chose à m’avouer ?
Pour être franche, elle était plutôt du genre à être habitée par des cauchemars ou bien des rêves revanche assez sanglants. C’était loin d’être ce qu’on imaginait pour une personne de son rang, ayant vécu dans le l’opulence toute sa vie. Elle sourit en sachant pertinemment comment ramener la conversation à ce qu’elle voulait au départ et surtout… à prendre des risques.
— Mes inspirations me viennent seulement lorsque j’ai un modèle devant les yeux. Je ne peins que des gens adultes. Je crois que si vous en connaissiez la teneur, vous comprendriez bien plus facilement.
Son sourire s’étira, prédateur. Elle ne s’attaquerait jamais à cet homme. Pas dans cette situation en partie obscure. Ce sourire, elle l’avait dès que des pensées sulfureuses lui traversaient l’esprit. Et avec cet homme intouchable, son imagination était débordante.
— Mes songes sont bien trop déplaisants et récurrents pour valoir une toile.
Un première bouteille jetée à la mer, tandis qu’elle reprend son verre pour y tremper les lèvres. Elle savourait son effet dramatique parce que jouer la comédie était dans sa nature. Et surtout parce qu’elle voulait avoir sa pleine et entière attention (comme si ce n’était pas déjà le cas). Elle reposa son verre, joignant les mains sur ses genoux et posant son regard acéré sur le Marquis.
— Je rêve souvent que je me métamorphose en loup.
Lever de rideau sur le premier acte de cette comédie qu’elle lui jouait. Elle le fixait pour y voir la moindre micro-expression. Mais elle était surtout prête à réagir. Son sourire ne la quittait pas. Elle avait osé faire allusion à sa nature, comme ça, sans crier gare.
Et vous, Gabriel, auriez-vous quelque chose à m’avouer ?
Dim 11 Juil - 18:50
L’allusion à ses peintures amusaient le Marquis. C’était une bonne chose. Il n’irait pas crier atteinte à la pudeur dès qu’il sortirait de chez elle. Il y avait toujours ce risque lorsqu’elle en parlait plus en détail avec un inconnu. Toutefois il restait la question du : s’offenserait-il à les voir ? Elle tenterait sa chance plus tard, juste parce que ce serait amusant de le gêner.
Une âme torturée ? Hermance en possédait une, d’une certaine façon, mais elle se refusait à l’avouer. Elle voulait montrer qu’elle était parfaitement saine d’esprit. Sans aucune faiblesse.
— Je crains être une de ces exceptions dont l’âme et le cœur sont tout ce qu’il y a de plus banal.
Ses propres mots la firent rire. Elle savait qu’elle n’avait rien de banal. Et pour ceux qui l’ignoraient encore, ils s’en rendraient bientôt compte avec ses futures noces.
La baronne fut ravi de le voir réagir. Il semblait confirmer ses doutes quant à sa nature. Dans son souvenir, les lycans étaient tous fiers de ce qu’ils étaient. Hermance ne pouvait donc que faire mouche en lui parlant de sa nature avec un tel ressentiment.
— Il n’y a rien d’amusant à devenir un animal craint par bon nombre… d’êtres. D’autant qu’un loup est limité en terme de mouvements. Et on n’y gagne aucune forme de liberté.
Marquant une pause comme si elle réfléchissait, elle finit par conclure en un :
— Je n’y vois vraiment aucun intérêt.
Cette nature reposait sur trop de contraintes. Et c’était à cause d’elle que Hermance était si amère envers le reste du monde. Et encore une fois elle ne pouvait l’expliquer à cet homme. Ce serait lui exposer ses faiblesses : les fameux rêves dont il parlait. Cendres et sang. Elle en avait soupé de ces rêves. Et à bien y réfléchir, elle en faisait bien moins souvent qu’autrefois. Le temps avait fait son œuvre. Il avait atténué la douleur, dissipé les peurs pour permettre le retour des rires et de l’envie de vivre.
Tout ceci mis à part, elle devait trouver à répondre au Marquis de Sercey sans avoir à déballer tout ce qu’elle avait sur le cœur. De toute manière elle n’avait pas avoué avec certitude qui elle était.
— Mon cher Marquis, c’est bien plus compliqué que cela, dit-elle en s’éclaircissant la voix. Les loups me sont indifférents. Ce sont leurs caractères et leurs manières qui m’indisposent. Je les trouve étroits d’esprit, trop arrogants. Et surtout… lorsqu’ils perdent leur meute, ils souffrent mille morts. Pour rien puisque cela ne la ramènera pas à la vie.
Finalement elle avait parlé d’une ancienne blessure. Son sourire s’était un peu fané. Il n’existait aucun lycan du même avis. Et tout fier qu’il était, le marquis allait sûrement défendre leur nature commune. Elle prit son verre pour en engloutir le contenu une bonne fois pour toutes. Cette conversation lui laissait un goût doux-amer.
Une âme torturée ? Hermance en possédait une, d’une certaine façon, mais elle se refusait à l’avouer. Elle voulait montrer qu’elle était parfaitement saine d’esprit. Sans aucune faiblesse.
— Je crains être une de ces exceptions dont l’âme et le cœur sont tout ce qu’il y a de plus banal.
Ses propres mots la firent rire. Elle savait qu’elle n’avait rien de banal. Et pour ceux qui l’ignoraient encore, ils s’en rendraient bientôt compte avec ses futures noces.
La baronne fut ravi de le voir réagir. Il semblait confirmer ses doutes quant à sa nature. Dans son souvenir, les lycans étaient tous fiers de ce qu’ils étaient. Hermance ne pouvait donc que faire mouche en lui parlant de sa nature avec un tel ressentiment.
— Il n’y a rien d’amusant à devenir un animal craint par bon nombre… d’êtres. D’autant qu’un loup est limité en terme de mouvements. Et on n’y gagne aucune forme de liberté.
Marquant une pause comme si elle réfléchissait, elle finit par conclure en un :
— Je n’y vois vraiment aucun intérêt.
Cette nature reposait sur trop de contraintes. Et c’était à cause d’elle que Hermance était si amère envers le reste du monde. Et encore une fois elle ne pouvait l’expliquer à cet homme. Ce serait lui exposer ses faiblesses : les fameux rêves dont il parlait. Cendres et sang. Elle en avait soupé de ces rêves. Et à bien y réfléchir, elle en faisait bien moins souvent qu’autrefois. Le temps avait fait son œuvre. Il avait atténué la douleur, dissipé les peurs pour permettre le retour des rires et de l’envie de vivre.
Tout ceci mis à part, elle devait trouver à répondre au Marquis de Sercey sans avoir à déballer tout ce qu’elle avait sur le cœur. De toute manière elle n’avait pas avoué avec certitude qui elle était.
— Mon cher Marquis, c’est bien plus compliqué que cela, dit-elle en s’éclaircissant la voix. Les loups me sont indifférents. Ce sont leurs caractères et leurs manières qui m’indisposent. Je les trouve étroits d’esprit, trop arrogants. Et surtout… lorsqu’ils perdent leur meute, ils souffrent mille morts. Pour rien puisque cela ne la ramènera pas à la vie.
Finalement elle avait parlé d’une ancienne blessure. Son sourire s’était un peu fané. Il n’existait aucun lycan du même avis. Et tout fier qu’il était, le marquis allait sûrement défendre leur nature commune. Elle prit son verre pour en engloutir le contenu une bonne fois pour toutes. Cette conversation lui laissait un goût doux-amer.
Lun 12 Juil - 0:03
Particulière ? Il pouvait dire franchement que c’était triste s’il le voulait. Hermance ne s’en offenserait pas. Après tout elle s’attendait à ce qu’il ne comprenne pas. Et sa remarque en était la preuve. Dans sa meute, ils étaient fiers de ce qu’ils étaient et ils étaient probablement ignorant qu’ils pouvaient devenir humains. La baronne l’avait d’ailleurs appris tardivement. Les problèmes étaient multiples. Était-ce réellement aussi simple ? Et où trouver un sorcier ? Évidemment il y avait une solution plus extrême : mettre fin à ses jours. Mais cela, il en était hors de question. Trêve ou non entre les vampires et les loups, Hermance avait bien l’intention de retrouver les responsables de tout ce qui lui était arrivé (et les détruire, cela allait de soi).
— Malheureusement je ne crois que ce que je vois. Et j’ai besoin de toute ma force pour réaliser quelques projets de longue date.
Replaçant une mèche de cheveux, elle songea. Si elle redevenait une faible humaine, elle n’aurait aucune chance contre une bande de vampires. Seulement elle était tellement aveugle qu’elle ne se rendait pas compte que seule, elle avait peu de chance d’y parvenir.
À défaut d’avoir été franc, le Marquis avait avoué de façon détourner qu’il comprenait de quoi elle parlait. Et il ne semblait pas avoir de mauvaises intentions à son égard. Hermance imaginait qu’il ne serait pas question d’empiétement de territoire ou tout autre sujet irritant et vain. C’était déjà ça de pris.
Malheureusement il posa les questions qui fâchaient. Hermance refusait que ce soit aussi simple. Elle refusait que ses soucis proviennent de la peur de perdre quelqu’un. Elle était égoïste et ne pensait qu’à elle. Elle seule avait de l’importance, alors elle répondit autrement.
— Vous vous méprenez. C’est à moi que je ne veux plus qu’on fasse de mal.
Souffrir de la perte de sa meute n’était rien à côté de tout ce qu’elle avait traversé par la suite. Quoique… ça se valait. Cependant l’amertume pour son innocence bafouée et son corps meurtri étaient ce qui lui restait le mieux en mémoire désormais.
— Au vu des récents événements, j’imagine que ce n’est pas étonnant que vous ayez connu des pertes.
— Malheureusement je ne crois que ce que je vois. Et j’ai besoin de toute ma force pour réaliser quelques projets de longue date.
Replaçant une mèche de cheveux, elle songea. Si elle redevenait une faible humaine, elle n’aurait aucune chance contre une bande de vampires. Seulement elle était tellement aveugle qu’elle ne se rendait pas compte que seule, elle avait peu de chance d’y parvenir.
À défaut d’avoir été franc, le Marquis avait avoué de façon détourner qu’il comprenait de quoi elle parlait. Et il ne semblait pas avoir de mauvaises intentions à son égard. Hermance imaginait qu’il ne serait pas question d’empiétement de territoire ou tout autre sujet irritant et vain. C’était déjà ça de pris.
Malheureusement il posa les questions qui fâchaient. Hermance refusait que ce soit aussi simple. Elle refusait que ses soucis proviennent de la peur de perdre quelqu’un. Elle était égoïste et ne pensait qu’à elle. Elle seule avait de l’importance, alors elle répondit autrement.
— Vous vous méprenez. C’est à moi que je ne veux plus qu’on fasse de mal.
Souffrir de la perte de sa meute n’était rien à côté de tout ce qu’elle avait traversé par la suite. Quoique… ça se valait. Cependant l’amertume pour son innocence bafouée et son corps meurtri étaient ce qui lui restait le mieux en mémoire désormais.
— Au vu des récents événements, j’imagine que ce n’est pas étonnant que vous ayez connu des pertes.
Jeu 22 Juil - 16:51
Tw : pédophilie
La conversation allait rendre Hermance plus directe et moins attentionnée quant à ses manières et leurs rangs sociaux. Cela commença lorsque le Marquis signifia que tout le monde avait été touché par les conflits. Et son insistance fit penser qu’il parlait également des vampires. Les plaignait-il ? Les prenait-il en pitié ? La baronne en était outrée. Cette sale race de demi-morts ne méritait pas qu’on s’apitoie sur leur sort. Quand on était mort, on restait mort. On ne vivait pas en sangsue sur le dos des autres êtres vivants. Et même en admettant que ce soit acceptable, il était injuste que certains puissent revenir à la vie et pas d’autres. Voilà ce sur quoi se basait le jugement de Hermance, alors imaginer qu’on puisse être compréhensif avec de tels déchets la mettait hors d’elle !
Gabriel avait beau dire qu’il avait souffert, cela n’avait pas été assez apparemment. Aux yeux de la dame en tout cas. Il ne pouvait pas comprendre ce que c’était qu’être une femme, une enfant à l’époque, entièrement livrée à elle-même. Et même si elle lui expliquait avec tous les détails croustillants que cela impliquait, il ne saurait ce que c’était que la douleur de perdre tout jusqu’à sa propre rationalité. Il y avait des choses qui ne pouvaient être comprises si on ne les vivait pas soi-même.
Elle l’observait interrompre sa phrase en se demandant que pouvait bien en être la fin. Il ne semblait pas vouloir la lui donner puisque le début de sa question suivante était différente. L’hésitation de Hermance fut brève. Mentir à ce sujet ne mènerait à rien. Mais ne comptant pas les années qui passaient, sans parler de celles durant lesquelles elle avait perdu tout repère chronologique, elle arrondit à :
— Une vingtaine d’années, il me semble.
Errer était le mot juste. Elle n’avait eu de cesse de voyager au fil des mariages et cadavres laissés dans son sillon.
Contrairement au Monsieur de Sercey, Hermance n’était plus capable de se souvenir de son ancienne meute. Elle ne se souvenait plus de ses membres et c’était à peine si elle se remémorait le dernier visage qu’elle avait vu. Les traits de sa mère était flous dans son esprit. Et même lorsqu’elle se regardait dans un miroir, cela ne lui rappelait rien de ce qu’elle avait connu.
— Mes raisons sont si simples que vous ne les voyez même pas, avoua-t-elle avec un rire.
Il était étrange de parler de simplicité quand on connaissait la baronne extravagante.
— Si j’avais une famille ordinaire, nous n’aurions jamais été pris dans cette guerre. Certes nous aurions pu être victime d’un quelconque monstre. Mais… Nous aurions tous été morts.
Elle pensait effectivement que cela aurait été préférable. Vivre avec ce sentiment d’injustice d’être le survivant était lourd à porter.
— Je suppose que c’est une chance de se souvenir. Ce n’est pas mon cas.
Il voulait savoir, mais était-il seulement prêt à l’entendre ? Hermance ne lui demandait aucune pitié, ni compassion. Ça lui ferait vomir, plutôt que de l’apaiser. Avec le temps elle se complaisait dans sa situation.
— Ma meute vivait recluse en montagne. Nous étions loin des conflits. Ils sont tout de même venus à nous. On aurait pu croire qu’on avait l’avantage, sauf que nous n’avions rien de véritables combattants contrairement à eux. Ma mère m’a fait quitter notre village mais l’un de ses monstres nous a poursuivi. Et elle y est restée. J’avais six ans.
Il s’agissait là de la partie la plus facile. Celle qui, effectivement, était commune à tous ceux qui n’avaient pas été épargnés.
— Je pensais que j’allais mourir et alors je me demandais pourquoi j’avais survécu. J’ai perdu le fil du temps. Je ne savais pas depuis combien de temps j’étais perdue quand un homme m’a recueilli. Ce qui est sûr, c’est que j’étais encore une enfant et qu’il m’a fait sienne. Lui qui était un homme tout ce qu’il y a de plus banal, lui qui était marié et avait deux enfants… Il voulait une enfant dans son lit.
Hermance savourait l’effet de ses paroles sur l’homme à ses côtés. Difficile de l’imaginer avoir la cuisse légère après une telle histoire (bien que ses préférences n'allaient pas nécessairement aux hommes).
Ce qu’elle n’avouait pas, c’était qu’il y avait là une autre raison pour laquelle elle détestait sa nature : elle avait été incapable de se changer en louveteau pour se protéger. Elle rejetait sa passivité sur sa nature.
— Sa femme décédée, il m’a prise en légitime épouse. Comme si ses péchés pouvaient être lavés par un mariage. Un homme bien étrange, n’est-ce pas ?
Elle souriait pour masquer ses sombres pensées. Elle s’efforçait à ne pas raviver la douleur de sa chair. Si elle avait oublié les visages aimants, elle ne pourrait sans doute jamais oublier le mal subi.
— Inutile de vous dire que personne n’est au courant pour ce premier mariage.
Sa risette se changea en quelque chose d’entendu. Ce n’était pas de la menace, elle n’oserait pas. Toutefois elle n’aurait bientôt aucune difficulté à faire de sa vie un enfer si le Marquis laissait échapper un mot à ce sujet.
Gabriel avait beau dire qu’il avait souffert, cela n’avait pas été assez apparemment. Aux yeux de la dame en tout cas. Il ne pouvait pas comprendre ce que c’était qu’être une femme, une enfant à l’époque, entièrement livrée à elle-même. Et même si elle lui expliquait avec tous les détails croustillants que cela impliquait, il ne saurait ce que c’était que la douleur de perdre tout jusqu’à sa propre rationalité. Il y avait des choses qui ne pouvaient être comprises si on ne les vivait pas soi-même.
Elle l’observait interrompre sa phrase en se demandant que pouvait bien en être la fin. Il ne semblait pas vouloir la lui donner puisque le début de sa question suivante était différente. L’hésitation de Hermance fut brève. Mentir à ce sujet ne mènerait à rien. Mais ne comptant pas les années qui passaient, sans parler de celles durant lesquelles elle avait perdu tout repère chronologique, elle arrondit à :
— Une vingtaine d’années, il me semble.
Errer était le mot juste. Elle n’avait eu de cesse de voyager au fil des mariages et cadavres laissés dans son sillon.
Contrairement au Monsieur de Sercey, Hermance n’était plus capable de se souvenir de son ancienne meute. Elle ne se souvenait plus de ses membres et c’était à peine si elle se remémorait le dernier visage qu’elle avait vu. Les traits de sa mère était flous dans son esprit. Et même lorsqu’elle se regardait dans un miroir, cela ne lui rappelait rien de ce qu’elle avait connu.
— Mes raisons sont si simples que vous ne les voyez même pas, avoua-t-elle avec un rire.
Il était étrange de parler de simplicité quand on connaissait la baronne extravagante.
— Si j’avais une famille ordinaire, nous n’aurions jamais été pris dans cette guerre. Certes nous aurions pu être victime d’un quelconque monstre. Mais… Nous aurions tous été morts.
Elle pensait effectivement que cela aurait été préférable. Vivre avec ce sentiment d’injustice d’être le survivant était lourd à porter.
— Je suppose que c’est une chance de se souvenir. Ce n’est pas mon cas.
Il voulait savoir, mais était-il seulement prêt à l’entendre ? Hermance ne lui demandait aucune pitié, ni compassion. Ça lui ferait vomir, plutôt que de l’apaiser. Avec le temps elle se complaisait dans sa situation.
— Ma meute vivait recluse en montagne. Nous étions loin des conflits. Ils sont tout de même venus à nous. On aurait pu croire qu’on avait l’avantage, sauf que nous n’avions rien de véritables combattants contrairement à eux. Ma mère m’a fait quitter notre village mais l’un de ses monstres nous a poursuivi. Et elle y est restée. J’avais six ans.
Il s’agissait là de la partie la plus facile. Celle qui, effectivement, était commune à tous ceux qui n’avaient pas été épargnés.
— Je pensais que j’allais mourir et alors je me demandais pourquoi j’avais survécu. J’ai perdu le fil du temps. Je ne savais pas depuis combien de temps j’étais perdue quand un homme m’a recueilli. Ce qui est sûr, c’est que j’étais encore une enfant et qu’il m’a fait sienne. Lui qui était un homme tout ce qu’il y a de plus banal, lui qui était marié et avait deux enfants… Il voulait une enfant dans son lit.
Hermance savourait l’effet de ses paroles sur l’homme à ses côtés. Difficile de l’imaginer avoir la cuisse légère après une telle histoire (bien que ses préférences n'allaient pas nécessairement aux hommes).
Ce qu’elle n’avouait pas, c’était qu’il y avait là une autre raison pour laquelle elle détestait sa nature : elle avait été incapable de se changer en louveteau pour se protéger. Elle rejetait sa passivité sur sa nature.
— Sa femme décédée, il m’a prise en légitime épouse. Comme si ses péchés pouvaient être lavés par un mariage. Un homme bien étrange, n’est-ce pas ?
Elle souriait pour masquer ses sombres pensées. Elle s’efforçait à ne pas raviver la douleur de sa chair. Si elle avait oublié les visages aimants, elle ne pourrait sans doute jamais oublier le mal subi.
— Inutile de vous dire que personne n’est au courant pour ce premier mariage.
Sa risette se changea en quelque chose d’entendu. Ce n’était pas de la menace, elle n’oserait pas. Toutefois elle n’aurait bientôt aucune difficulté à faire de sa vie un enfer si le Marquis laissait échapper un mot à ce sujet.
Lun 13 Sep - 15:20
Elle ne comprenait pas l’utilité de ces phrases toutes faites. Et même le Marquis semblait douter de leur efficacité, ce qui lui arrachait un sourire amusé. Il n’y avait plus rien à consoler, du moins Hermance essayait de s’en convaincre. Il n’y avait plus aucune faiblesse à exploiter de ce passé. Elle n’était pas faible.
Un rire lui échappait soudain lorsqu’il parlait de vengeance. C’était certainement son plus beau souvenir de cette époque.
— Mon cher ami, j’ai fait bien mieux que ça. Beaucoup mieux.
Le regard toujours rieur et ce grand sourire laissaient présager le pire.
— Oui, je pense qu’il a eu ce qu’il méritait. Mais il me reste quelques sangsues à éliminer. Si l’occasion m’est offerte de les croiser…
Et elle savait déjà quels sévices leur infliger. Ils regretteraient leur immortalité et leur capacité de régénération. Certes Hermance n’avait pas pu voir le visage de tous ces assassins, mais elle imaginait qu’ils étaient une famille et que si elle en trouvait un, elle trouverait tous les autres. Son attention était détournée par la promesse de Gabriel. Elle sourit et se permit de poser la main sur l’avant-bras du jeune homme.
— Je vous fais confiance.
L’écoutant, elle continuait de sourire. Mais la question vint dissoudre sa bonne humeur. Sa main se retirait brusquement. Elle pourrait jouer l’offensée, prétendre qu’une telle chose n’était jamais arrivée. Toutefois la baronne était consciente qu’à l’époque certains souvenirs n’avaient jamais existé à sa mémoire. Sa tête lui avait fait oublié les choses les plus atroces.
— Vous avez de la chance que je ne me vexe pas pour si peu.
Qu’attendait-il comme réponse ? Un long silence s’étendait entre eux durant lequel elle tentait de se rappeler le jour où s’était arrivé. Seulement elle se trompait. Il n’y avait pas de date fixe. Ça avait été une lente progression de l’enfant apeurée à la demoiselle terrible qui réclamait de plus en plus de jolies toilettes en échange de son corps. Et ses points de rupture qui l’avaient poussé vers le crime. Tout lui paraissait si rationnel pourtant. Hermance avait fait ce qu’il fallait pour survivre.
Prenant un air ingénu qui ne lui allait pas du tout, elle répondit :
— Je ne suis qu’une simple femme, votre question est bien trop difficile pour moi.
En revanche, ce qui l’avait peut-être sorti de là était sûrement son goût pour la vengeance, son envie pour tous les biens matériels et son ambition de ne plus être inférieure à qui que ce soit. Peut-être les lui avouerait-elle un jour…
Un rire lui échappait soudain lorsqu’il parlait de vengeance. C’était certainement son plus beau souvenir de cette époque.
— Mon cher ami, j’ai fait bien mieux que ça. Beaucoup mieux.
Le regard toujours rieur et ce grand sourire laissaient présager le pire.
— Oui, je pense qu’il a eu ce qu’il méritait. Mais il me reste quelques sangsues à éliminer. Si l’occasion m’est offerte de les croiser…
Et elle savait déjà quels sévices leur infliger. Ils regretteraient leur immortalité et leur capacité de régénération. Certes Hermance n’avait pas pu voir le visage de tous ces assassins, mais elle imaginait qu’ils étaient une famille et que si elle en trouvait un, elle trouverait tous les autres. Son attention était détournée par la promesse de Gabriel. Elle sourit et se permit de poser la main sur l’avant-bras du jeune homme.
— Je vous fais confiance.
L’écoutant, elle continuait de sourire. Mais la question vint dissoudre sa bonne humeur. Sa main se retirait brusquement. Elle pourrait jouer l’offensée, prétendre qu’une telle chose n’était jamais arrivée. Toutefois la baronne était consciente qu’à l’époque certains souvenirs n’avaient jamais existé à sa mémoire. Sa tête lui avait fait oublié les choses les plus atroces.
— Vous avez de la chance que je ne me vexe pas pour si peu.
Qu’attendait-il comme réponse ? Un long silence s’étendait entre eux durant lequel elle tentait de se rappeler le jour où s’était arrivé. Seulement elle se trompait. Il n’y avait pas de date fixe. Ça avait été une lente progression de l’enfant apeurée à la demoiselle terrible qui réclamait de plus en plus de jolies toilettes en échange de son corps. Et ses points de rupture qui l’avaient poussé vers le crime. Tout lui paraissait si rationnel pourtant. Hermance avait fait ce qu’il fallait pour survivre.
Prenant un air ingénu qui ne lui allait pas du tout, elle répondit :
— Je ne suis qu’une simple femme, votre question est bien trop difficile pour moi.
En revanche, ce qui l’avait peut-être sorti de là était sûrement son goût pour la vengeance, son envie pour tous les biens matériels et son ambition de ne plus être inférieure à qui que ce soit. Peut-être les lui avouerait-elle un jour…
Lun 4 Oct - 18:22
La folie était la seule chose à laquelle elle s’était raccrochée, comme si elle pourrait la ramener à la surface. C’était donc la seule chose dont elle ne pourrait pas le prévenir. Et peut-être même qu’elle le pousserait à s’y perdre. On était tellement bien lorsqu’on lâchait prise et qu’on laissait tous nos plus bas instincts l’emporter. Une fois qu’on y avait goûté, il était difficile de s’en passer. C’était valable pour la folie comme pour le sang. Et Gabriel avouait être en manque. Du moins c’était ainsi que Hermance le comprenait. La vérité était qu’elle ne se satisferait pas de sa vengeance et se perdrait un peu plus dans sa folie avec la disparition de ses ennemis. Mais elle ne prenait pas note de cet avertissement. Tout ce qu’elle entendait était le compliment qu’il faisait d’elle. Quelle joie d’être reconnue ! Rien que pour cela, elle trouvait l’envie de sourire à nouveau. Elle se faisait la réflexion que si elle était si forte maintenant, qu’est-ce que ça serait si elle avait toute une meute derrière elle ? Durant un instant, elle y songeait et en avait des frissons de délice. Une force décuplée, des yeux et des oreilles réellement partout. Elle serait inarrêtable. L’idée avait beau être très alléchante, Hermance n’y céderait pas. Une meute était un boulet, une faiblesse qu’elle ne voulait plus souffrir. Chassant cela de son esprit, une nouvelle idée émergea. Puisqu’elle ne voulait pas d’une meute, rien ne l’empêchait de se servir de celle d’un autre…
— J’ai entendu dire qu’un animal de compagnie qui goûte au sang peut devenir féroce.
Pour un loup aussi fier que Gabriel, la comparaison serait vexante. Elle lui soumettait la chose autrement.
— Toutes mes excuses. Je pensais plutôt à un soldat revenu de la guerre après moult combats. Vous semblez avoir trop goûté au sang.
Pour elle, les deux comparaisons revenait à la même chose. Tous deux devenaient ivres de meurtre. Comme elle.
— S’il ne s’agit que de cela, je peux probablement vous être utile. Je serai même très heureuse si nous pouvions nous entraider.
Hermance avait des projets. Et il ne lui déplairait pas d’offrir à Gabriel un os à ronger. Elle n’avait pas dans l’idée de « l’aider » réellement. Elle cherchait son propre profit et s’épancher sur le passé ne mettait pas ce pauvre Marquis à l’abri des manipulations de la baronne. Pour l'instant.
— J’ai entendu dire qu’un animal de compagnie qui goûte au sang peut devenir féroce.
Pour un loup aussi fier que Gabriel, la comparaison serait vexante. Elle lui soumettait la chose autrement.
— Toutes mes excuses. Je pensais plutôt à un soldat revenu de la guerre après moult combats. Vous semblez avoir trop goûté au sang.
Pour elle, les deux comparaisons revenait à la même chose. Tous deux devenaient ivres de meurtre. Comme elle.
— S’il ne s’agit que de cela, je peux probablement vous être utile. Je serai même très heureuse si nous pouvions nous entraider.
Hermance avait des projets. Et il ne lui déplairait pas d’offrir à Gabriel un os à ronger. Elle n’avait pas dans l’idée de « l’aider » réellement. Elle cherchait son propre profit et s’épancher sur le passé ne mettait pas ce pauvre Marquis à l’abri des manipulations de la baronne. Pour l'instant.
Ven 29 Oct - 23:15
Gabriel ressemblait à un bon protecteur de meutes. En théorie. Il restait encore la pratique à tester. Mais pour cela l’occasion se présenterait d’elle-même toute seule. Hermance remarquait cependant que s’il avait mal pris sa comparaison, il n’avait en aucune manière pris l’ascendant sur elle. Curieux…
— Pouvoir compter sur vous, voilà qui me ravit ! J’espère pouvoir vite fêter ceci.
D’autant que bientôt elle deviendrait duchesse, mais de terres lointaines. Rester à Paris serait mal vu. Elle devait autant que possible se créer des relations utiles. Finalement cette conversation arrivait à point nommé. À ce rythme-là, Hermance mettrait la main sur un vampire d’ici peu. Comme ce serait amusant !
Les derniers mots du Marquis la surprenaient. Elle se demandait ce qu’il avait à apprendre et de qui. Personne ne confierait son éducation à Hermance. C’était un coup à finir comme elle. Mais cela n’arriverait pas parce que Gabriel avait, au fond du regard, une lueur de raison. Elle devait bien le reconnaître. Soit. Elle se contenterait du peu qu’elle pourrait en tirer.
— Je suppose que, de par votre rang, il vous arrive de rencontrer le maréchal. Si je puis me permettre, vous devriez vous en méfier.
Un beau lâcher de bombe.
— Une simple intuition et une ressemblance troublante avec certains de mes souvenirs. J’ai pensé qu’il valait mieux vous en parler. Et si vous trouviez quelques indices à son encontre, je suis preneuse.
Si seulement elle savait… Si elle savait quelle relation ces deux individus entretenaient réellement, elle aurait déjà fait une attaque cardiaque. Certes la relation en elle-même serait un outrage, mais on savait surtout quelle progéniture dégénérée il en découlait. Un aveu de la part de son interlocuteur anéantirait de façon définitive leur relation. Elle ne pourrait pas côtoyer un homme qui fréquentait une vampire. Jamais.
— Pouvoir compter sur vous, voilà qui me ravit ! J’espère pouvoir vite fêter ceci.
D’autant que bientôt elle deviendrait duchesse, mais de terres lointaines. Rester à Paris serait mal vu. Elle devait autant que possible se créer des relations utiles. Finalement cette conversation arrivait à point nommé. À ce rythme-là, Hermance mettrait la main sur un vampire d’ici peu. Comme ce serait amusant !
Les derniers mots du Marquis la surprenaient. Elle se demandait ce qu’il avait à apprendre et de qui. Personne ne confierait son éducation à Hermance. C’était un coup à finir comme elle. Mais cela n’arriverait pas parce que Gabriel avait, au fond du regard, une lueur de raison. Elle devait bien le reconnaître. Soit. Elle se contenterait du peu qu’elle pourrait en tirer.
— Je suppose que, de par votre rang, il vous arrive de rencontrer le maréchal. Si je puis me permettre, vous devriez vous en méfier.
Un beau lâcher de bombe.
— Une simple intuition et une ressemblance troublante avec certains de mes souvenirs. J’ai pensé qu’il valait mieux vous en parler. Et si vous trouviez quelques indices à son encontre, je suis preneuse.
Si seulement elle savait… Si elle savait quelle relation ces deux individus entretenaient réellement, elle aurait déjà fait une attaque cardiaque. Certes la relation en elle-même serait un outrage, mais on savait surtout quelle progéniture dégénérée il en découlait. Un aveu de la part de son interlocuteur anéantirait de façon définitive leur relation. Elle ne pourrait pas côtoyer un homme qui fréquentait une vampire. Jamais.
Mar 28 Déc - 14:23
La surprise n’étonnait guère Hermance. Les vampires avaient une certaine facilité à l’infiltration, d’après ce qu’elle avait vu. Donc il était évident que Gabriel ne saurait rien du maréchal. Elle ne lui en voulait pas pour si peu et était même contente d’avoir pu le prévenir. Si elle savait… Sa réaction serait tout autre. Ignorant les intentions du maréchal, il valait mieux être prudent. Après tout il possédait un haut rang. Que se passerait-il s’il vouait une haine envers les loups-garous ? Hermance en avait des frissons. Elle était parvenue à entrer dans la noblesse, cela l’ennuierait de devoir repartir de zéro dans un pays étranger.
Les sujets de conversation finissaient par s’alléger. Hermance se laissait conduire sur un autre terrain, apprenant à connaître les goûts du marquis. Bien qu’elle osait lui dévoiler certaines de ses peintures, elle restait soft dans ses choix. Ce n’était pas parce qu’ils avaient partagé un secret qu’elle allait se montrer imprudente. Le plus explicite qu’elle lui montra était une esquisse d’une femme en plein plaisir solitaire. Toutefois son corps était judicieusement recouvert d’un drap. La baronne étouffait un rire à la réaction de Gabriel. Elle cherchait de nouveaux modèles et lui aurait bien proposé le poste, mais elle était certaine qu’il refuserait. Elle aurait bien aimé partager quelques secrets supplémentaires.
Au départ du marquis, Hermance souriait à l’idée qu’à leur prochaine rencontre elle serait duchesse. Elle se demandait ce qu’il allait en penser. Elle espérait qu’il resterait un « ami ». Elle allait en avoir grand besoin.
Les sujets de conversation finissaient par s’alléger. Hermance se laissait conduire sur un autre terrain, apprenant à connaître les goûts du marquis. Bien qu’elle osait lui dévoiler certaines de ses peintures, elle restait soft dans ses choix. Ce n’était pas parce qu’ils avaient partagé un secret qu’elle allait se montrer imprudente. Le plus explicite qu’elle lui montra était une esquisse d’une femme en plein plaisir solitaire. Toutefois son corps était judicieusement recouvert d’un drap. La baronne étouffait un rire à la réaction de Gabriel. Elle cherchait de nouveaux modèles et lui aurait bien proposé le poste, mais elle était certaine qu’il refuserait. Elle aurait bien aimé partager quelques secrets supplémentaires.
Au départ du marquis, Hermance souriait à l’idée qu’à leur prochaine rencontre elle serait duchesse. Elle se demandait ce qu’il allait en penser. Elle espérait qu’il resterait un « ami ». Elle allait en avoir grand besoin.