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L'humain a toujours su se construire des royaumes et composer plus ou moins bien avec les élites voisines. Mais ces hommes et ces femmes n'étaient pas les seuls à fouler cette terre de leurs pieds éphémères. Perdus entre le prestige de la noblesse et la vie froide de la paysannerie, nombres de vies se sont tissées les unes aux autres pendants des siècles, jusqu'à ce que les Rois et les Reines finissent par lutter concrètement contre les engeances qu'étaient les vampires et les lycanthropes. Toujours dans la discrétion la plus totale, bien entendu.

Qu'en sera-t-il de vous?
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Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

inventaire

Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3917

badges


Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3917
Lun 20 Déc - 16:53
Aimable referme sa main sur les rênes de sa monture.

Le serviteur baisse les yeux face à lui, et pourtant, le Chevalier ne lui adresse pas un regard. Ses propres yeux sont baissés. Sa main usée glisse le long du museau tendre de sa jument, en réponse, elle écrase ses naseaux contre sa paume. Avec affection, il longe finalement ses mâchoires, remercie le jeune homme d’un signe de tête, puis s’éloigne encore de quelques pas.

Quand il s’estime assez avancé sur le chemin de terre battue, il s’hisse sur la selle. Un grognement s’arrache de ses lèvres sous l’effort. Sa monture ne bronche pas, elle se contente de lever les oreilles et d’avancer d’un pas lent. Aimable fait dos à la bâtisse et pourtant, une part en lui ne cesse d’en surveiller l’entrée. L’Ouroboros gronde, dans son crâne, il sent sa présence longer sa peau, Vampire, crache la Voix dans son esprit.

Vampire. C’est ce qu’Elle a hurlé quand Aimable l’a vu. Le Duc de Bourgogne. Un homme dont la beauté l’a ébloui. Ecrasé. Il a courbé l’échine face à l’immaculé de sa peau. La perfection de ses traits, fins et nobles, forgés d’une matière bien plus précieuse que la sienne. La peau nacrée, soigneusement taillée et polie, une fragilité faite de pommettes saillantes et de joues creusées, des os maigres tapis sous une fine écorce de chair. Il pouvait percevoir les danses des articulations lorsqu’il bougeait ses mains fines aux ongles manucurés, des rouages d’une précision déroutante – qu’il aurait pu écraser sous son poing. Il dégageait de lui un charme insolent et impudent, un charisme qui impressionnait l’Homme et attisait les instincts de la Bête, Elle se demande, Quel goût a son sang ? Est-il rouge, pétales de coquelicot éparpillés sur la neige, est-il aigre comme le sang des Morts ? Car sa peau Empeste le MORT ! Le Cadavre a laissé sa Marque, son odeur, sur ce corps si pur, ce corps si beau, ce corps qu’Aimable préfère oublier d’un battement de paupières.

Alors qu’il n’était qu’un adolescent, le premier désir qu’Aimable a ressenti ne fut pas pour une femme. Ce fut pour ce jeune écuyer. Ce garçon débonnaire, au sourire franc et assuré, au rire facile, aux yeux si tristes. A ce garçon qui affrontait la vie dans un éclat de rire, malgré les larmes qui écrasaient sa gorge, malgré ses peurs quand le sang giclait. Combien de fois Aimable s’est-il interposé entre lui et un adversaire, ne serait-ce que lors de leurs entraînements ? Le sentir dans son dos. Protégé par son corps. Etait une sensation délicieuse. L’impression d’être utile. D’aider. De protéger enfin ! Quelqu’un qu’il pouvait aimer.

La vie les a séparés. Le temps a effacé ses souvenirs, et pourtant, il reste l’empreinte de ces sentiments enfouis. D’un amour qui n’a jamais éclos, et dont la graine est encore tapie au fond de son être. Troublé, Aimable frotte songeusement son torse du plat de la main, un soupir s’arrache de ses lèvres, soupir qui devient grondement sourd. Le Vampire ! Rappelle la Voix. Le Vampire ! Aimable rabaisse la main. Ce Duc…  Est-il la victime d’un de ces morts-vivants ? L’ont-ils manipulé, se servent-ils de lui, est-il leur obligé ? Il n’est pas l’un d’entre eux, il en est persuadé – la réaction de l’Ouroboros aurait été différente. Et que doit-il faire de cette information ?

Perdu dans ses pensées, Aimable ne s’intéresse pas tant au ciel qui s’obscurcit. Bientôt, le chemin rejoint une route principale, qu’Aimable remonte quelques heures. Revenir sur Paris lui prendra des semaines. Pour autant, il ne ressent pas la fatigue du voyage. Au contraire. Ces moments sont ceux où il se sent le plus libre. Loin des murs de pierre, de ces murs qui renferment une fosse où s’affrontent les loups, les morts et les lions. Sont-ils nombreux à connaître ou à se douter des tensions qui agitent ce monde ? Des crocs souillés de sang, des yeux luisants dans la pénombre, des cœurs aussi froids et acérés que l’acier.

Il est un Chevalier. Habitué à la violence et à la brutalité des combats, les carnages, il les vit jusqu’au plus profond de sa tête. Mais ces affrontements le dépassent. La Noblesse exige une finesse, une délicatesse, que gâche sa maladresse, ses peurs, ses doutes. A vouloir tant marcher sur des œufs, il en écrase par dizaines. Sans compter la Voix que toutes ces créatures éveillent. Paris est emplie de monstres, animés de faims diverses : de chair, de sang, de pouvoir. Cette course ambitieuse, où va-t-elle les mener ? Et quel est son rôle à jouer ?

Il connaît l’existence de ces créatures, il les sent, mais tout l’empêche de s’en prendre à elles. Tout ? Cette moralité qui se dresse entre lui et les Bêtes, le contraignant à toujours retenir l’Ouroboros, par peur de ce que la Voix pourrait faire. Des conséquences sur lui, surtout, ses proches. Et cette lettre qu’il a reçue… Certain.es ont en connaissance son don. Sont à sa recherche.

La discrétion est nécessaire. La patience est une vertu, s’encourage le Chevalier d’un long battement de paupières.

Songeusement, il glisse une main le long de ses mâchoires, cherchant un quelconque réconfort à la pression de ses doigts épais contre ses mâchoires rêches. Il les a rasées avant de rencontrer le Duc, voulant offrir un tant soit peu de civilité à son aspect. Alors qu’il remonte la rue principale, il croise quelques paysans, un messager qui remonte à vive allure en direction d’un bourg voisin.

Un chemin s’écarte et longe un bois, de l’autre côté, quelques lacs éparpillés. Sa jument tourne la tête, elle tire légèrement sur ses rênes en une demande implicite ; en réponse, le Chevalier relâche l’étreinte de ses doigts. Libérée, elle s’écarte d’un pas lent de la route principale, jusqu’à rejoindre la rive d’un lac où s’abreuver. Après quelques gorgées, elle se redresse et son cavalier la laisse s’égarer sur le chemin.

Il n’adresse pas un regard à la civilisation qu’il abandonne. Bientôt, les sabots de sa monture s’égarent sur une terre plus humide, gorgée d’eau, l’herbe est verte, profonde. Il sent le mucus lointain du bois, mêlée aux fragrances douceâtres de la boue mêlée de bouse. Un sourire étire ses traits. Il est accoutumé aux parfums de la terre. Plus qu’à ceux de la poussière ou des parfums que certaines femmes commencent à porter.

La nuit tombe bien vite, sur ces terres, songe le Chevalier.

Jusqu’à ce que la pluie tombe.

Soudainement. Des trombes d’eau se déversent du ciel, surprenant tant Aimable que sa monture. Ce premier pousse un juron et se dissimule bien vainement sous son bras, la jument hennit et piaffe. Un coup de talons et voilà qu’elle s’élance au trot, bientôt, au galop.

En Bourgogne, les péripéties sont bien plus sournoises qu’en montagne. Depuis ses sommets, Aimable peut voir les nuages longer les flancs des montagnes environnantes, emplir la vallée de leurs larmes, laissant le temps au Chevalier de se réfugier. Ici… Il est pris de court et après une dizaine de minutes, Aimable abaisse péniblement le bras, abandonnant toute idée de se protéger.

Il est trempé, les vêtements plaqués contre son corps, la cape tombant mollement dans son dos, ses mèches s’écrasant contre son front. Ses paupières luttent pour rester ouvertes, malgré l’eau qui tente de les engluer. D’un revers de manche, il s’en débarrasse, les perles s’égarent le long des rides qui traversent son visage. Un râle agacé franchit ses lèvres alors qu’il cherche un abri du regard.

Le bois est loin. Devrait-il faire demi-tour ? La pluie redouble d’intensité, sa jument avance à présent au pas, l’échine courbée sous le poids du ciel. De sa crinière, et de ses sabots embourbés. Aimable ne réfléchit pas, il descend de la selle. Glisse. Un nouveau juron, voilà que le Chevalier finit cul par-dessus tête, la Voix Râle contre Sa MALADRESSE ! Rugit-elle dans son crâne. Aimable la chasse d’un mouvement de bras, repose ses mains sur la terre et se redresse. Il secoue sa cape, emplie d’eau, ses chausses couvertes de boue, où est-il, l’homme civilisé ? Las, Aimable remonte la pente qu’il vient de dévaler.

Inquiète, sa jument l’attend et l’accueille d’une pression de sa grosse tête contre son épaule, Aimable longe sa mâchoire et saisit ses rênes pour la mener dans l’obscurité. Docilement, elle lui engage le pas. Au moins, l’eau lui permet de se débarrasser un peu de la boue, il frotte son visage de sa main abîmée, ses cheveux, un éternuement lui échappe. Il ne manque plus qu’il attrape froid.

Finalement, elle s’arrête. Aimable fait quelques pas, puis perçoit sa résistance. Surpris, il tourne les yeux vers elle. Elle a tourné sa tête vers une silhouette, un peu plus loin. Une maison ? Aimable détaille à son tour et plisse les prunelles. Peut-être pourront-ils y chercher refuge pour la nuit ? Alors, il s’y dirige, elle marche à ses côtés, il la félicite d’une caresse, lui adresse quelques encouragements de sa voix grave. Tendre, elle reste sage.

_ Tu es bien plus courageuse que moi, sourit-il avec affection. La demeure est sur un étage, assez massive, avec des murs épais. Au dessus de sa tête, un panonceau se balance sous la pression de l’eau, produisant des grincements familiers aux oreilles du Chevalier. Le nom est indescriptible et à dire vrai, Aimable ne prend pas la peine de le consulter. Il glisse sa monture jusqu’aux écuries, ouvertes aux voyageurs. Une mule se trouve là et un cheval de trait. Rassuré, Aimable attache les rênes de sa monture, rassemble un peu de paille pour elle. Il en profite pour lui approcher un sceau d’eau. Il se débarrasse de sa cape, profitant de l’abri momentané pour la tordre, puis la poser sur la barre à laquelle il a accroché les rênes. Après quelques soins offerts à sa monture, à brosser son pelage et à flatter son encolure, Aimable court jusqu’à l’entrée de l’auberge et pénètre dans les lieux.

La chaleur lui saute au visage. Un air lourd, empli de sueurs, d’une odeur de soupe chaude et de vêtements trempés. Quelques regards se tournent vers lui, amusés de l’allure du nouveau venu. Décoiffé, sa propre tenue et ses chausses gorgées d’eau, Aimable ne peut retenir un sourire désolé, baissant l’échine face aux regards. Il tape ses chaussures, bien vainement, sur le seuil, ajoutant un peu d’eau aux flaques déjà déposées là. Il sent l’alcool à plein nez, son regard est attiré par les choppes que certains ont. Ici, le vin n’est pas seulement servi dans des verres. Un soupir s’arrache de ses lèvres et il s’approche du comptoir, mais un son, quelque chose, l’arrête.


Ì̴͎̯͎͖͇̜͖͖́͌̉̋̋̃̉̓̚͘͜͝l̴̡̝̳͙̮̮̳̹͛͊͋̄̉̒͛̌͗ ̶̡̡̡̱̦̭͖͚͉̺̜̉̊͐e̸̼̝̥̬̲̠̦̗͍̻̾̔̄̅s̵̨̡̨̮̬͖͈̹̗͈̃͊̾̀͊̾͒͗̅̉̀̃͝͝t̵̳̠̙͔͒͐̓̎̑̏͝ ̷͍̜͎͉̠̬̟͍̣͓̜͙̠͆͗̔͑͘ͅI̵̡̺̝̪̪͇̭̱̣͖̐̄͑͂̈́͊͑͜…̷͖̰̆̓͑̓C̵̯̺͚̬̙̞̱͙͓̝̟̰̞̟̍̆̀͘̚͜ ̶̥͎̞̜̱̐̓ĭ̶͇̼̟̠̫̓̌̄͋ ̴̖̔̃͆̓̽̈́́̂͒̅̐̽̄?̶̛͙̿̍͛̾̎̽̒̔̇͐̽̈́̕̕


La Voix attire son attention. Aimable tourne les yeux.

Qui...?

Eudes de Cluny
HUMAIN - PEUPLE

inventaire

Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2930

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Eudes de Cluny
Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2930
Lun 27 Déc - 0:11



Eudes/Aimable
only to learn the tenderness of their howl

Bien qu’elle se trouve à des jours de marche de l’endroit où tu es né, la rivalité entre Notre-Dame des Cîteaux et l’abbaye où tu as pris tes vœux te rappelles sa proximité relative à peine t’es-tu annoncé au portier; tu te sens comme le fils prodigue revenant sur les terres de son père, à l'exception de plutôt t’être retourné vers ton oncle…

Cette nostalgique familiarité persiste bien après avoir été accueillie en son sein.
Après tout, même si elles ne sont pas encore en fleur, tu reconnais les colchiques qui jonchent les alentours.

(c’est un jeu dangereux auquel tu joues)(à revenir dans le duché de Bourgogne)
(là où ton anonymat n’est qu’à un visage familier d’être arraché)

Pourtant les jours s’écoulent sans accroc,
tes pensées perdues dans la quiétude qui règne en ces lieux, occupées par ton labeur quotidien.

La rigueur cistercienne, comme tu l’avais pressenti, te force à honorer ta parole auprès du Grand Cardinal, et ce même alors que les repas restent frugaux et que les nuits sont courtes; le rythme de la vie te force à ne négliger ni l’un, ni l’autre et peu à peu, tes joues reprennent enfin un peu de la couleur qui leur faisait défaut à ton arrivée, et le contour de ton visage qui recouvre de sa douceur.

C’est lorsque l’on te fait le remarquer que tu vois un signe de la fin de cette retraite.

(quelle naïveté que de penser que cela durerait hors de ces murs)

A ton départ, l’un des novices avec lequel tu avais pris habitude de rompre le pain te fait même un cadeau: une pomme qu’il sort de sa manche, subtilisée au vergé. Tu te gardes de lui faire de remarque, n’échangeant qu’un sourire complice et un remerciement murmuré du bout des lèvres avant de te mettre en route.

Tu l’entames en fin d’après-midi, rendue douce et juteuse par le soleil de plomb et la soif qui tiraille ta gorge; encore plus encore par les papillonements familiers soulevés par le souvenir de celui qui te l’a offerte.

(la gentillesse à ton égard a toujours été ton tendon d’Achilles)(un chien qui n’a besoin que d’un os pour devenir un indéfectible fidèle)

Même le ciel se couvrant de nuages sombres ne saurait avoir raison de ton doux contentement; mais ce que tu pensais être une simple averse d’été redouble rapidement de violence et ne donne pas signe de s'arrêter. En quelques minutes à peines, tu te mets à grelotter, le vent transperçant impitoyablement tes vêtements saturés de pluie; ton capuchon détrempé ne peut plus faire grand chose pour protéger ta tête, collant mollement à ton visage, et la terre boueuse du chemin dans laquelle tes sandales s'enlisent alourdit chacun de tes pas.

Alors, en apercevant la lumière d’une auberge poindre au bout du chemin, tu ne peux qu’imaginer comprendre le soulagement de Moïse arrivant au terme de la traversée de la mer des Joncs.

(toutes les étoiles ne mènent pas à un sauveur)

En poussant la porte, ton optimisme nouveau vacille face aux regards qui se tournent vers toi.

Tu es habitué à côtoyer les franges basses de la société, et si tu ne portes aucun préjugé envers ceux que tu considères encore comme les tiens, tu te sens pourtant comme un lapereaux venu s’abriter dans la tanière des renards. L’ambiance n’est pas à la convivialité, mais la chaleur n’en reste pas moins douce lorsque l’on est glacé jusqu’à l’os, alors tu décides de t’avancer vers le comptoir.

La tenancière n’a pas besoin de te jeter plus d’un regard, ni de te saluer. “On est pas la charité ici gamin, si tu peux pas payer, tu sors.”
Sa remarque cinglante fait fuser quelques sourires dans la petite assemblée. Bien que le poids de l’humiliation te cloue sur place, à regarder tes mains agrippées sur le comptoir, tu ne peux trouver dans ton cœur l’envie de leur tenir rancœur, car tu ne comprends que trop bien leur animosité.

Louez le Tout-puissant et espérez que ses ouailles dodues aient plus de miséricorde que ce dieu silencieux, c’est ce que tu te disais lorsque la faim te tordait les entrailles. Mettez-vous à genoux et peut-être, et seulement peut-être que l’on vous accordera un peu de pitié.

C’est pour ça que tu ne peux faillir à ta tâche,
mais tu ne peux rien faire pour ces gens.

(car tu es insignifiant face aux maux de ce monde)

La porte s’ouvre à nouveau, laissant entrer une bourrasque de vent qui emporte l’attention de la matrone un instant salvateur; mais la venue d’un client potentiel la hâtera d’autant plus à te chasser pour lui laisser la place, alors tu t’empresses de plaider pour ne pas avoir à t’abriter de la pluie avec les chevaux. “Laissez-moi attendre que l’orage passe, je vous en conjure… Je me ferais petit, vous ne me remarquerez même pas !”

Elle lève les yeux au ciel avant de faire un signe à quelqu’un derrière toi. La main qui t’attrape par le poignet n’aurait aucune peine à le briser comme une brindille mais tu n’as que peu de temps pour y penser: en te faisant faire volte face, tu rencontres un regard que tu ne saurais oublier.

(le goût âcre de la bile te brûle le nez
Masquant à grande peine l’odeur putride de la mort)
(sang et immondice)(mêlé à l’arôme de la rosée et de la terre)

(ses grondements déchirant le ciel comme l’orange
retentissant au creux de tes os)
(et
la
lune
second témoin silencieux de cette nuit)

Tu ne sens même pas la douleur de la poigne qui se resserre autour de ton bras,
tes pieds si fermement planté dans le sol qu’il est impossible de te faire bouger,
le souffle coupé et les muscles tendus par la peur,
les yeux plongés dans l’abysse qui elle-même te fixe,

“Si vous êtes aussi ici juste pour mouiller mon plancher, vous pouvez prendre la porte.”

Tu veux lui hurler de ne pas lui parler ainsi, qu’elle ne sait pas de quoi il est capable,
mais tu ne peux t’empêcher de penser à l’homme maladroit,
plissant des yeux à la lumière du feu,
l’aiguille paraissant ridicule entre ses doigts.

(ta bure a récolté bien des accrocs depuis)(et pourtant elle est toujours là)
(la plaie béante raccordée par le monstre)
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