Jeu 1 Juil - 0:57
Pion aveuglément pieux, Eudes est perdu si loin dans son fanatisme que ses motivations en sont devenues incompréhensibles pour le monde extérieur: Dieu, du moins d’après lui, lui murmure à l’oreille la marche à suivre, à travers messages et signes qui ne font sens que pour lui-même.
Loin de lui faire faire quoi que ce soit des répréhensibles, cette foi absolue lui donne le courage d’affronter le monde et ses nombreux dangers, alors même que le moindre bruit étrange le fait sursauter et que la peur du noir ne l’a jamais quitté. Malheureusement, il a vite compris qu’il valait mieux pour lui de garder cela secret, au risque d’être pris pour un fou, ou pire.
C’est une des nombreuses leçons qu’il a apprises après s’être fait taper sur les doigts, avec ‘ne pas remettre en question les paroles des gens au-dessus de lui’, ‘tenir sa langue pour ne pas froisser leur égo’ et ‘garder ses objections pour lui-même’… Il vit au creux de lui un minuscule feu d’insurrection, étouffé à grand renfort d’auto-préservation et de peur, mais bien présent.
Ironiquement, sa couardise fait de lui une proie facile pour les mal-intentionnés: tenu par ses principes de donner le bénéfice du doute à son prochain, mais incapable de distinguer les dangers réels tant tout l’apeure, il doit s’en remettre à sa confiance en Dieu pour le protéger.
C’est donc un miracle, en tous les sens, qu’il ait survécu jusque-là, mais ça n’a pas été sans mal. Usé à la moelle par les opportunistes, des blessures béantes dans sa psyché laissées sur leurs chemins, Eudes s’efforce à tout reléguer au seigneur pour trouver la force de continuer, excusant tout comme faisant partie de son plan divin pour lui, des simples tests de foi peut-être cruels, mais nécessaires: voyez-vous, Eudes n’est pas une personne irréprochable, et il le sait. Il ment à tort et à travers pour se protéger du jugement d’autrui, s’inventant une nouvelle histoire à chaque voyageur curieux pour se dédouaner du passé. Même s'il peut se montrer terriblement moralisateur, il se laisse emporter dans des entreprises peu recommandables par des beaux parleurs, et s’il essaie tant bien que mal de fuir la tentation, c’est bien car il sait qu’il ne faut qu’un peu de pression pour tourner ses ‘non’ en ‘oui’. Il lui arrive même de s’emporter plus facilement que ce que ses airs pondérés laissent penser: aucun excès de colère démesuré ou de violence, il craint trop d’attirer les foudres des autres pour ça, mais des mots qu’il regrettera aussitôt échappés de sa bouche.
Et des fois encore, les pires, ces entorses à ses principes surgissent du plus profond de lui: une pensée maudissante envers l’un, un jugement injuste envers l’autre, et parfois même des convoitises qu’il n’oserait même pas décrire à haute-voix.
On pourrait probablement dire qu’il est excessivement difficile avec lui-même, mais ce sont les leçons tirées d’une vie qui lui a fait peu de cadeau jusque-là. Par force d’habitude à être malmené par son Dieu, il lui suffit à présent d’une mauvaise passe ou d’un manque de chance pour se rappeler du plus petit péché; et Eudes est persuadé d'être responsable tous les malheurs qui lui arrivent: qu’il ait fait quelque chose de répréhensible ou non, il trouvera toujours une raison de se punir, et s’il est pris d’un élan de mauvaise conscience avant la prochaine punition divine, il prendra le soin d’être son propre bourreau dans l’espoir d’expier ses fautes avant que Dieu ne s’en charge.
Ce tumulte reste pourtant bien souvent intérieur, caché sous sa bure: que ce soit par honte ou par pudeur, Eudes se montre très privé, toujours près à écouter les autres et les aider, mais réticent à se confier ou à se donner en spectacle devant eux. Tout ce qui transpire, c’est la nervosité, comme un enfant qui a quelque chose à se reprocher, appréhensif des conséquences qui ne sauraient tarder, priant fiévreusement un ciel qui ne semble pas près de lui pardonner.
Pourtant, Eudes s’efforce d’être une bonne ouaille. Ignorant tout de la corruption de l’Eglise, il suit à la lettre ce qu’elle prêche en pensant naïvement que ce doit être le cas de tous ses membres, les exceptions rencontrées jusque là ne devant être que des brebis égarées. Il s'efforce à ce qu'amour, respect, espérance et paix dictent son attitude envers les autres, des fois à défaut. En termes plus modernes, on le qualifierait probablement de philanthrope -même s’il n’accepterait jamais ce titre, ne se pensant pas assez désintéressé pour le mériter, comme si quiconque l'était-. Et comment ne pas l’être lorsque son cœur déborde d’une empathie à double tranchant, source de bonheur dans cette connexion humaine dont il a sans cesse soif et de malheur dans cette capacité à comprendre les sentiments d’autruis qui le rend incapable d’entièrement les fauter, quelle que soit la douleur qu’ils peuvent lui infliger. Et si personne ne lui reflètera cette compassion, il pourra toujours retourner se réfugier dans l’amour de Dieu, cette mère de chiffon si réconfortante.
Car c’est bien tout ce qu’il recherche, au fond.
Denique:
Froussard, il est aussi nerveux qu’un petit animal, et bien des situations le stresse - très spirituel, il fuit la corruption (pas toujours avec succès) et s’en remet bien souvent à Dieu: c’est sa grande affinité avec le monde spirituel, ou sa désillusion, qui guide sa vie entière, de façon qu’il peut sembler difficile à suivre dans ses décisions - ment et brode sans cesse, tantôt par nervosité, tantôt pour se dédouaner de son passé - il en est devenu très bon conteur - vierge effarouché et très, très facilement embarrassé (cachez ce sein que je ne saurais voir !), il est extrêmement pudique pour bien des raisons - particulièrement mal-à-l’aise avec la gente féminine (blâmez les dernières années passées quasi uniquement en compagnie masculine, et sans aucun doute un peu de sa faiblesse pour le beau sexe), il perd tous ses moyens face aux femmes - d’apparence posée, il est facile de le tourner en bourrique - facilement offusqué et un poil moralisateur, il est du genre rabat-joie - un poil hypocrite, aussi - réservé mais pas froid, il se garde de parler de lui-même - il a coeur tendre incapable de refuser son aide à qui est dans le besoin - trop facile à duper pour son propre bien (et son mode de vie) - véritable éponge à émotion - sa soif de savoir est aussi inétanchable que son désir de validation - totalement averse à la violence insensée et à l’abus de pouvoir - dur avec lui-même, si il ne se comporte pas toujours comme un ange, cela pèse sur sa conscience, et c’est à renfort d’autoflagellation (aussi bien mentale que physique) qu’il s’en absout - trouve toujours moyen de se rendre responsable de ce qui lui arrive, des fois jusqu’à l’absurde - on pourrait le dire névrosé
mīscellāneus:
Plutôt grand pour une femme, mais petit pour un homme - en sous-poids, mais large d’épaule - droit et plat comme une planche, le peu de sein qu’il possède disparaît sans peine sous sa bure - à vrai dire, son alimentation est si irrégulière que ses règles ont tendances à disparaître des mois durant ; il a d’ailleurs toujours aucune idée de ce que c’est, et c’est un stupide source d’angoisse pour lui - habitué depuis l’enfance a être pris pour un homme, il a de la peine à se retrouver dans le rôle de la femme, mais il n'arbore aucun ressentiment pour son corps: c’est simplement plus naturel pour lui de ne pas contredire autrui et de vivre en temps qu’homme - n’est bien sûr pas non-plus étranger aux privilèges liés, s’étant plusieurs fois frottés à la cruauté que les hommes peuvent avoir face à ce qu’ils perçoivent comme femmes - se fait passer pour un eunuque depuis qu’il en a appris l’existence - a eu porté la tonsure, mais ne se soucie plus de ses cheveux lors de ses pérégrinations, ils sont du coup plus court sur le dessus de sa tête - ses traits lui donnent l’air plus jeune qu’il ne l’est réellement, mais la fatigue sur son visage trahit son vécu - a un menton fuyant qui ne fait que mettre en avant son nez déjà long, on ne peut pas dire que les gens ont tendance à le trouver beau garçon - possède une grande connaissance de la campagne Française et ce qui y pousse, des souvenirs lointains sur ce qui se mange, les plantes qui soignent et celles qui tuent, savoir qui l’a aidé mainte fois par le passé - avide lecteur depuis qu’on lui a enseigné, il dévore les livres avec appétit et peut parler de sa dernière lecture des heures durant si on ne l’arrête pas - parle le français et le latin, mais aimerait apprendre le grec ancien afin de pouvoir lire les écrits des grands philosophes - aussi fou que ça paraisse vu son mode de vie, il n’a aucune idée de l’existence des créatures au-delà des contes, des livres et des superstitions, il pense naïvement qu’il s’agit d’une invention de l’homme pour justifier de brutaliser ceux qui sont différents - malgré sa foi aveugle, il n’arbore aucune hostilité aux membres d’autres confessions, une ouverture d’esprit héritée de son mentor et exacerbée par son aversion à la violence et au conflit
Cw: maternité précoce, agression sexuelle, idéation suicidaire (rien de trash mais c'est abordé)
Ta mère était trop jeune pour te porter.
Son corps brisé en deux par le poids de la maternité.
(C’est un miracle que tu aies survécu, pas plus lourd qu’une poignée de pomme)(C’est un miracle que la mère de ta mère ne se soit pas débarrassée de toi)
En autopilote, elle t’a assimilé à ses enfants sans te donner un nom (Une de moins, une de plus, rien de perdu, ni de trouvé).
Ce n’est qu’en grandissant, et elle en vieillissant, qu’elle commence à t’appeler par son nom. D’abord par mégarde, distraitement, mais, atteint l’âge où ta mère t’as enfanté, tu prends sa place dans sa mémoire, comme si elle ne lui avait jamais été arrachée.
(Ma petite Anès, mon enfant.)
Pourtant tu ne lui ressembles pas;
c’est donc que tu dois ressembler à ton monstre de père.
(C’est ce que tu lis dans ses yeux lorsqu’elle les pose sur toi.)
Toutes les années elle te tond comme on tond les moutons. Tes cheveux sont trop fins pour avoir grande valeur, mais leur blondeur en fait un objet recherché, alors la mère de ta mère peut en tirer quelques pièces.
(C’est tout ce à quoi tu es bon.)
Une fille qui mendie, ça ne se fait pas; mais tu n’y ressembles en rien, alors ça n’importe pas. De toute manière, vous n’avez rien, pas même de dignité, alors tu tends tes paumes sales vers Dieu, comme tous les autres, à la recherche de ton salut en un peu de pain.
Tu la vois pour la première fois derrière les religieux trop occupés à faire l’aumône pour remarquer ses petites mains agiles plonger dans les sacs de restes de nourriture.
Vos yeux se croisent, et elle se glisse dans l’ombre aussi vite qu’elle n’est apparue.
C’est elle qui vient à ta rencontre la seconde fois. Et la troisième. C’est elle qui choisit quand et comment se déroulent les choses. Jamais tu n’as seulement pensé possible que quelqu’un puisse avoir une telle mainmise sur son existence.
Alors tu restes, fasciné par elle.
Deirdre est son nom, et elle se moque de toi lorsque tu trébuches sur la prononciation.
Elle est comme un chardon, ses couleurs te tentant sans cesse de la cueillir pour te blesser lorsque tu la touches, sauvageonne aux nombreuses vertus, Fleur de Soleil autour de laquelle tu gravites. Elle te dit bête et laide, mais te boude lorsque tu la fais languir. Elle te laisse parfois des jours durant sans aucune nouvelle, avant de réapparaître lorsque tu te trouves au précipice du désespoir, certains de ne plus jamais la voir.
Un jour, elle te dit qu’elle ne reste jamais trop longtemps au même endroit, sa petite main blanche tendue vers toi. Tu penses un instant à la mère de ta mère, toute courbée par l’âge, et l’affection dans sa voix lorsqu’elle t'appelle par son nom;
à ses regards noirs.
Tu prends sa main dans la tienne.
Deirdre vit dans une maison marquée d’une croix blanche; un vestige du passage de la peste sur la région, abandonnée au passé. Cette nuit, tu dors au sec pour la première fois de ta vie, les jambes de Deirdre entrelacées avec les tiennes et ton cœur palpitant.
Deirdre n’a pas besoin de la charité pour vivre, et tu découvres tout ce que la terre a à offrir au-delà des cultures humaines. Lorsque tu deviens trop enhardis, elle te laisse manger un champignon qui te fait te tordre de douleur jusqu’au soir et se moque inlassablement de toi.
Vous buvez le lait à-même le pi des chèvres, mousseux et chaud, avant trop souvent de vous faire chasser et de devoir détaler -le ventre plein; il arrive une fois ou l’autre que vous finissiez par rendre ce que vous avez volé à la terre, mais vous êtes si insouciants que vous en éclatez de rire.
Tu découvres par la même occasion une chose que tu sais faire: courir, vite, et longtemps, aussi longtemps que la peur porte tes pas.
Tu deviens son petit lièvre. Un nom qui t’appartient réellement, à toi.
Le jour où tu saignes pour la première fois, tu penses mourir, et Deirdre continuera à se moquer de toi des mois durant, sans jamais t’expliquer exactement ce qui t’es arrivé.
Ton adolescence bat son plein ainsi, au jour le jour d’une tout autre façon que ton enfance l’as été; mais ce n’est pas pour autant une existence sans peine. Un matin, un fermier arrive à vous rattraper, et vous avez la chance de n’être que roués de coups plutôt que traînés devant la justice.
L’hiver, la terre gelée est moins généreuse, et Deirdre, le ventre vide, se fait encore plus irritable qu’à l’accoutumé.
Tu tombes malade et elle n’a de cesse que de s’énerver contre toi, menaçant de t’abandonner pour de bon cette fois-ci; mais tu sens sa présence à tes côtés même lorsque la fièvre te prend.
Malgré tout, tu es bien moins misérable dans les bras de Deirdre que tu ne l’as jamais été, et tu ne penses que rarement à la vieille femme courbée sur elle-même.
Le vent finit par tourner.
D’abord, Deirdre surprend le regard de deux paysans vous fixant depuis le sentier, sans jamais faire un pas à travers les arbres. Elle te donne un coup de pied dans le flanc pour t’en rendre conscient, puis te prend par le bras pour t’entraîner plus loin dans la forêt sans jamais les quitter du regard, jusqu’à ce qu’ils disparaissent complètement derrière les branchages.
Il semble être venu le moment de partir.
Cette nuit-là, tu ne peux t’empêcher d’observer les murs qui vous ont hébergé, essayant de les imprimer dans ta mémoire, mais n’y voyant que des ombres dans l’obscurité qui te fait serrer Deirdre un peu plus étroitement contre toi.
Vos possessions tiennent dans un seul ballot. Dedans, une chemise que vous partagez, quelques pièces, un petit couteau et un beau peigne trouvé par Deirdre qu’elle aime passer dans ses épaisses boucles ébènes.
(tu pourrais la regarder faire des heures durant)
Le ciel commence tout juste à s'éclaircir, alors Deirdre t’envoie cueillir de quoi manger sur le chemin; elle se charge d’aller chercher de l’eau pour remplir votre gourde, raclée à un berger négligent au début du printemps, qu’elle brandit fièrement en s’éloignant.
Vous étiez supposés vous retrouver au moment où le soleil est à son zénith, mais d’ici à ce que tu aies fini, de lourds nuages sombres ont rempli le ciel.
Ton pull rempli de mirabelles, tu trouves votre maison retournée et vide.
L’air estival chargé d’humidité fait pâle figure face à la sueur froide qui coule le long de ton échine, les petites prunes frappant le sol dans un roulement sourd. Tu appelles Deirdre, sans réponse.
(Quelque chose te crie qu’elle n’a pas simplement perdu la notion du temps)
Tu détales. Allant partout où tu pourrais la trouver, retraçant les lieux arpentés avec elle ces dernières années, à travers les champs, les bosquets, le long de la rivière, par-dessus les barrières et les enclos. Tes poumons s'enflamment, le sang palpitant à t’en rompre les tempes, la bouche sèche, et tes pas finissent par te porter dans le hameau le plus proche.
Tu n’as jamais vu un bûcher de tes propres yeux auparavant, mais tu le reconnais immédiatement en l’apercevant. Tu ralentis, t’approchant précautionneusement de la petite foule réunie là, échauffée face à des évènements décousus que tu peines à suivre. Un nourrisson perdu ou peut-être volé, des récoltes ravagées, des bêtes tuées, c’est tout ce que tu peux glaner dans le brouhaha ambiant. Personne ne te remarque, avec tes haillons déchirés par les branchages et ta peau griffée, tu n’es qu’un miséreux parmi tant d’autres.
Personne, sauf Deirdre,
là-haut.
Vos yeux se croisent, et tu y vois reflété pour la première fois la terreur primale qui t'anime si souvent.
Lorsqu’elle ouvre la bouche, ton sang se glace subitement.
L’air saturé d’électricité dresse les poils sur tes avant-bras et le duvet de ta nuque, un goût métallique dansant sur ta langue alors qu’elle se met à hurler ton nom et que la foule suit son regard, se retournant vers toi. Même son bourreau, torche brandie, s’arrête pour faire volte-face.
Un lièvre au milieu des renards.
Puis tout devient blanc. Un craquement assourdissant, comme si la terre venait de se fendre et avec elle, tous tes os.
Lorsque l’onde passe, tu es à terre, et à l’ozone se mêle l’odeur de la chair brûlée. Le bourreau, comme tout le monde, a été renversé par le choc : mais il ne se relève pas, inerte, sa torche choyant au pied du bûcher, les flammes léchant goulument les premières brindilles sèches.
Deirdre hurle à nouveau, puis c’est la foule, te pointant du doigts, qui noient ses cris dans les leurs.
Maléfice !
C’est le familier de la sorcière !
Il est venu la chercher !
(Cours !)
Tu obéis
et
tu
détales
les cris de Deirdre fendant ton être tout entier
comme ceux d’un animal qu’on égorge
alors que les premières grosses gouttes de pluie
transforment la terre des sentiers en boue.
Tu ne sais pas combien de temps tu as couru avant que tes jambes ne cèdent sous ton poids.
Cela faisait longtemps que les cris s’étaient éteints, perdu derrière l’épais rideau de pluie, et pourtant ils retentissent encore dans ton crâne, au rythme de ton cœur.
Les yeux rivés sur le ciel blanc, tu implores.
Que dois-je faire ?
Tu ne t’attendais pas à une réponse.
Il te faut un peu de temps pour t’habituer à ton guide.
La seule force te poussant à traîner ce corps meurtri jusqu’à l’abbaye
poignant au loin à travers la pluie.
(Là-bas, tu seras en sécurité.)
Tu t’écroules devant ses remparts.
Fini Anès.
Commence Eudes.
…
Ton existence se complait à être une épreuve.
Contre toute attente, personne ne t'a découvert le jour de ton arrivée
il y a déjà deux ans de cela
même en pansant tes plaies.
(rien que des égratignures)(rien qui ne justifie d’ôter tes vêtements)
Et qui reprocherait à un autre fidèle
d’être pudique ?
(Si on ne te le rappelais pas, tu oublierais probablement ton appartenance au beau sexe)
C’est probablement ça qui t’as fait baisser ta garde.
Et maintenant, tu paies tes sottises.
(ou peut-être tes mensonges)
Tu penses d’abord que c’est le châtiment divin,
pour ce que tu as fait.
(abandonné la femme qui t’a élevé)
(volé)(à la terre)(comme aux autres)
(mordu dans Deirdre)(ses mains sur ta peau et les tiennes sur la sienne)
(et l’avoir
elle aussi
laissée à son sort)
Des mois durant, acculé comme un rat.
Battant ta chair en espérant apaiser Son courroux.
Tu pleures toutes les nuits tes vœux souillés.
(de peur)
(puis de rage)
Lorsqu’il te prend en étaux,
dans la bibliothèque,
(une merveille de culture)(elle aussi souillée à jamais)
il t'arrache ton dernier refuge.
Poussé à bout, tu commences à comploter,
imaginant à chaque instant de tes journées où ton esprit peut vaquer
(trop souvent, cantonné aux tâches laborieuses et répétitives)
comment te débarrasser de ton maître-chanteur
avant qu’il ne te pousse au point de non-retour.
(le vide, du haut de la tour)
(te fait de l’oeil)
Toi qui tiens le meurtre en horreur,
un péché de plus ne te semble plus si lourd à porter.
Tu es sur le point de passer à l’acte
la mémoire des herbes que Deirdre arrachait de tes mains encore fraîche dans ton esprit
(les colchiques jonchent les prés aux alentours de l’abbaye à cette saison…)
lorsqu’entre en scène un singulier personnage,
pèlerin éternel ayant foulé le sol de bien des monastères.
Irrésistiblement attiré dans son orbite,
tu oses l’approcher
et lui poser,
une,
puis deux,
puis trois questions,
auquel il répond, un sourire doux
que tu n’attendais pas à voir sur le visage d’un ermite.
En apprenant ce qu’il est,
tu l’entends enfin à nouveau,
après des mois de silence cruel,
claire et lumineuse,
la voix de Dieu
(Il semble être venu le moment de partir)
…
Vos chemins se séparent ici,
après tout, votre errance se doit d’être solitaire,
et cela fait trop longtemps que vous jouissez de la compagnie de l’autre,
(trois années)(écoulées trop vite)
Il t’as tant appris,
et tu as l’impression de ne rien avoir pu donner en retour
(c’est faux, mais tu es trop jeune pour comprendre)
Il pose sa main sur ta tête,
(tu as grandi en trois ans, un petit peu)
et te souhaite bon voyage.
“Que Dieu te garde.”
Eudes de Cluny
when the fox hears the rabbit scream
Sexe : féminin de naissance, cela fait néanmoins des années qu’il vit en temps qu’homme
Date & lieu de naissance : 6 mai 1564, dans un hameau de l’actuelle Bourgogne-Franche-Comté
Âge : 26 ans, mais on le prend souvent pour plus jeune de par sa stature
Race : Humain
Groupe : Peuple
Métier / fonction : moine gyrovague, il vaque de monastère en monastère selon ce que sa foi lui dicte
Condition sociale : ascétique de par ses voeux, il ne possède pratiquement que les vêtements sur son dos
Feat : Cole - Dragon Age: Inquisition
Date & lieu de naissance : 6 mai 1564, dans un hameau de l’actuelle Bourgogne-Franche-Comté
Âge : 26 ans, mais on le prend souvent pour plus jeune de par sa stature
Race : Humain
Groupe : Peuple
Métier / fonction : moine gyrovague, il vaque de monastère en monastère selon ce que sa foi lui dicte
Condition sociale : ascétique de par ses voeux, il ne possède pratiquement que les vêtements sur son dos
Feat : Cole - Dragon Age: Inquisition
Caractère
Pion aveuglément pieux, Eudes est perdu si loin dans son fanatisme que ses motivations en sont devenues incompréhensibles pour le monde extérieur: Dieu, du moins d’après lui, lui murmure à l’oreille la marche à suivre, à travers messages et signes qui ne font sens que pour lui-même.
Loin de lui faire faire quoi que ce soit des répréhensibles, cette foi absolue lui donne le courage d’affronter le monde et ses nombreux dangers, alors même que le moindre bruit étrange le fait sursauter et que la peur du noir ne l’a jamais quitté. Malheureusement, il a vite compris qu’il valait mieux pour lui de garder cela secret, au risque d’être pris pour un fou, ou pire.
C’est une des nombreuses leçons qu’il a apprises après s’être fait taper sur les doigts, avec ‘ne pas remettre en question les paroles des gens au-dessus de lui’, ‘tenir sa langue pour ne pas froisser leur égo’ et ‘garder ses objections pour lui-même’… Il vit au creux de lui un minuscule feu d’insurrection, étouffé à grand renfort d’auto-préservation et de peur, mais bien présent.
Ironiquement, sa couardise fait de lui une proie facile pour les mal-intentionnés: tenu par ses principes de donner le bénéfice du doute à son prochain, mais incapable de distinguer les dangers réels tant tout l’apeure, il doit s’en remettre à sa confiance en Dieu pour le protéger.
C’est donc un miracle, en tous les sens, qu’il ait survécu jusque-là, mais ça n’a pas été sans mal. Usé à la moelle par les opportunistes, des blessures béantes dans sa psyché laissées sur leurs chemins, Eudes s’efforce à tout reléguer au seigneur pour trouver la force de continuer, excusant tout comme faisant partie de son plan divin pour lui, des simples tests de foi peut-être cruels, mais nécessaires: voyez-vous, Eudes n’est pas une personne irréprochable, et il le sait. Il ment à tort et à travers pour se protéger du jugement d’autrui, s’inventant une nouvelle histoire à chaque voyageur curieux pour se dédouaner du passé. Même s'il peut se montrer terriblement moralisateur, il se laisse emporter dans des entreprises peu recommandables par des beaux parleurs, et s’il essaie tant bien que mal de fuir la tentation, c’est bien car il sait qu’il ne faut qu’un peu de pression pour tourner ses ‘non’ en ‘oui’. Il lui arrive même de s’emporter plus facilement que ce que ses airs pondérés laissent penser: aucun excès de colère démesuré ou de violence, il craint trop d’attirer les foudres des autres pour ça, mais des mots qu’il regrettera aussitôt échappés de sa bouche.
Et des fois encore, les pires, ces entorses à ses principes surgissent du plus profond de lui: une pensée maudissante envers l’un, un jugement injuste envers l’autre, et parfois même des convoitises qu’il n’oserait même pas décrire à haute-voix.
On pourrait probablement dire qu’il est excessivement difficile avec lui-même, mais ce sont les leçons tirées d’une vie qui lui a fait peu de cadeau jusque-là. Par force d’habitude à être malmené par son Dieu, il lui suffit à présent d’une mauvaise passe ou d’un manque de chance pour se rappeler du plus petit péché; et Eudes est persuadé d'être responsable tous les malheurs qui lui arrivent: qu’il ait fait quelque chose de répréhensible ou non, il trouvera toujours une raison de se punir, et s’il est pris d’un élan de mauvaise conscience avant la prochaine punition divine, il prendra le soin d’être son propre bourreau dans l’espoir d’expier ses fautes avant que Dieu ne s’en charge.
Ce tumulte reste pourtant bien souvent intérieur, caché sous sa bure: que ce soit par honte ou par pudeur, Eudes se montre très privé, toujours près à écouter les autres et les aider, mais réticent à se confier ou à se donner en spectacle devant eux. Tout ce qui transpire, c’est la nervosité, comme un enfant qui a quelque chose à se reprocher, appréhensif des conséquences qui ne sauraient tarder, priant fiévreusement un ciel qui ne semble pas près de lui pardonner.
Pourtant, Eudes s’efforce d’être une bonne ouaille. Ignorant tout de la corruption de l’Eglise, il suit à la lettre ce qu’elle prêche en pensant naïvement que ce doit être le cas de tous ses membres, les exceptions rencontrées jusque là ne devant être que des brebis égarées. Il s'efforce à ce qu'amour, respect, espérance et paix dictent son attitude envers les autres, des fois à défaut. En termes plus modernes, on le qualifierait probablement de philanthrope -même s’il n’accepterait jamais ce titre, ne se pensant pas assez désintéressé pour le mériter, comme si quiconque l'était-. Et comment ne pas l’être lorsque son cœur déborde d’une empathie à double tranchant, source de bonheur dans cette connexion humaine dont il a sans cesse soif et de malheur dans cette capacité à comprendre les sentiments d’autruis qui le rend incapable d’entièrement les fauter, quelle que soit la douleur qu’ils peuvent lui infliger. Et si personne ne lui reflètera cette compassion, il pourra toujours retourner se réfugier dans l’amour de Dieu, cette mère de chiffon si réconfortante.
Car c’est bien tout ce qu’il recherche, au fond.
Denique:
Froussard, il est aussi nerveux qu’un petit animal, et bien des situations le stresse - très spirituel, il fuit la corruption (pas toujours avec succès) et s’en remet bien souvent à Dieu: c’est sa grande affinité avec le monde spirituel, ou sa désillusion, qui guide sa vie entière, de façon qu’il peut sembler difficile à suivre dans ses décisions - ment et brode sans cesse, tantôt par nervosité, tantôt pour se dédouaner de son passé - il en est devenu très bon conteur - vierge effarouché et très, très facilement embarrassé (cachez ce sein que je ne saurais voir !), il est extrêmement pudique pour bien des raisons - particulièrement mal-à-l’aise avec la gente féminine (blâmez les dernières années passées quasi uniquement en compagnie masculine, et sans aucun doute un peu de sa faiblesse pour le beau sexe), il perd tous ses moyens face aux femmes - d’apparence posée, il est facile de le tourner en bourrique - facilement offusqué et un poil moralisateur, il est du genre rabat-joie - un poil hypocrite, aussi - réservé mais pas froid, il se garde de parler de lui-même - il a coeur tendre incapable de refuser son aide à qui est dans le besoin - trop facile à duper pour son propre bien (et son mode de vie) - véritable éponge à émotion - sa soif de savoir est aussi inétanchable que son désir de validation - totalement averse à la violence insensée et à l’abus de pouvoir - dur avec lui-même, si il ne se comporte pas toujours comme un ange, cela pèse sur sa conscience, et c’est à renfort d’autoflagellation (aussi bien mentale que physique) qu’il s’en absout - trouve toujours moyen de se rendre responsable de ce qui lui arrive, des fois jusqu’à l’absurde - on pourrait le dire névrosé
mīscellāneus:
Plutôt grand pour une femme, mais petit pour un homme - en sous-poids, mais large d’épaule - droit et plat comme une planche, le peu de sein qu’il possède disparaît sans peine sous sa bure - à vrai dire, son alimentation est si irrégulière que ses règles ont tendances à disparaître des mois durant ; il a d’ailleurs toujours aucune idée de ce que c’est, et c’est un stupide source d’angoisse pour lui - habitué depuis l’enfance a être pris pour un homme, il a de la peine à se retrouver dans le rôle de la femme, mais il n'arbore aucun ressentiment pour son corps: c’est simplement plus naturel pour lui de ne pas contredire autrui et de vivre en temps qu’homme - n’est bien sûr pas non-plus étranger aux privilèges liés, s’étant plusieurs fois frottés à la cruauté que les hommes peuvent avoir face à ce qu’ils perçoivent comme femmes - se fait passer pour un eunuque depuis qu’il en a appris l’existence - a eu porté la tonsure, mais ne se soucie plus de ses cheveux lors de ses pérégrinations, ils sont du coup plus court sur le dessus de sa tête - ses traits lui donnent l’air plus jeune qu’il ne l’est réellement, mais la fatigue sur son visage trahit son vécu - a un menton fuyant qui ne fait que mettre en avant son nez déjà long, on ne peut pas dire que les gens ont tendance à le trouver beau garçon - possède une grande connaissance de la campagne Française et ce qui y pousse, des souvenirs lointains sur ce qui se mange, les plantes qui soignent et celles qui tuent, savoir qui l’a aidé mainte fois par le passé - avide lecteur depuis qu’on lui a enseigné, il dévore les livres avec appétit et peut parler de sa dernière lecture des heures durant si on ne l’arrête pas - parle le français et le latin, mais aimerait apprendre le grec ancien afin de pouvoir lire les écrits des grands philosophes - aussi fou que ça paraisse vu son mode de vie, il n’a aucune idée de l’existence des créatures au-delà des contes, des livres et des superstitions, il pense naïvement qu’il s’agit d’une invention de l’homme pour justifier de brutaliser ceux qui sont différents - malgré sa foi aveugle, il n’arbore aucune hostilité aux membres d’autres confessions, une ouverture d’esprit héritée de son mentor et exacerbée par son aversion à la violence et au conflit
Histoire
Cw: maternité précoce, agression sexuelle, idéation suicidaire (rien de trash mais c'est abordé)
Ta mère était trop jeune pour te porter.
Son corps brisé en deux par le poids de la maternité.
(C’est un miracle que tu aies survécu, pas plus lourd qu’une poignée de pomme)(C’est un miracle que la mère de ta mère ne se soit pas débarrassée de toi)
En autopilote, elle t’a assimilé à ses enfants sans te donner un nom (Une de moins, une de plus, rien de perdu, ni de trouvé).
Ce n’est qu’en grandissant, et elle en vieillissant, qu’elle commence à t’appeler par son nom. D’abord par mégarde, distraitement, mais, atteint l’âge où ta mère t’as enfanté, tu prends sa place dans sa mémoire, comme si elle ne lui avait jamais été arrachée.
(Ma petite Anès, mon enfant.)
Pourtant tu ne lui ressembles pas;
c’est donc que tu dois ressembler à ton monstre de père.
(C’est ce que tu lis dans ses yeux lorsqu’elle les pose sur toi.)
Toutes les années elle te tond comme on tond les moutons. Tes cheveux sont trop fins pour avoir grande valeur, mais leur blondeur en fait un objet recherché, alors la mère de ta mère peut en tirer quelques pièces.
(C’est tout ce à quoi tu es bon.)
Une fille qui mendie, ça ne se fait pas; mais tu n’y ressembles en rien, alors ça n’importe pas. De toute manière, vous n’avez rien, pas même de dignité, alors tu tends tes paumes sales vers Dieu, comme tous les autres, à la recherche de ton salut en un peu de pain.
Tu la vois pour la première fois derrière les religieux trop occupés à faire l’aumône pour remarquer ses petites mains agiles plonger dans les sacs de restes de nourriture.
Vos yeux se croisent, et elle se glisse dans l’ombre aussi vite qu’elle n’est apparue.
C’est elle qui vient à ta rencontre la seconde fois. Et la troisième. C’est elle qui choisit quand et comment se déroulent les choses. Jamais tu n’as seulement pensé possible que quelqu’un puisse avoir une telle mainmise sur son existence.
Alors tu restes, fasciné par elle.
Deirdre est son nom, et elle se moque de toi lorsque tu trébuches sur la prononciation.
Elle est comme un chardon, ses couleurs te tentant sans cesse de la cueillir pour te blesser lorsque tu la touches, sauvageonne aux nombreuses vertus, Fleur de Soleil autour de laquelle tu gravites. Elle te dit bête et laide, mais te boude lorsque tu la fais languir. Elle te laisse parfois des jours durant sans aucune nouvelle, avant de réapparaître lorsque tu te trouves au précipice du désespoir, certains de ne plus jamais la voir.
Un jour, elle te dit qu’elle ne reste jamais trop longtemps au même endroit, sa petite main blanche tendue vers toi. Tu penses un instant à la mère de ta mère, toute courbée par l’âge, et l’affection dans sa voix lorsqu’elle t'appelle par son nom;
à ses regards noirs.
Tu prends sa main dans la tienne.
Deirdre vit dans une maison marquée d’une croix blanche; un vestige du passage de la peste sur la région, abandonnée au passé. Cette nuit, tu dors au sec pour la première fois de ta vie, les jambes de Deirdre entrelacées avec les tiennes et ton cœur palpitant.
Deirdre n’a pas besoin de la charité pour vivre, et tu découvres tout ce que la terre a à offrir au-delà des cultures humaines. Lorsque tu deviens trop enhardis, elle te laisse manger un champignon qui te fait te tordre de douleur jusqu’au soir et se moque inlassablement de toi.
Vous buvez le lait à-même le pi des chèvres, mousseux et chaud, avant trop souvent de vous faire chasser et de devoir détaler -le ventre plein; il arrive une fois ou l’autre que vous finissiez par rendre ce que vous avez volé à la terre, mais vous êtes si insouciants que vous en éclatez de rire.
Tu découvres par la même occasion une chose que tu sais faire: courir, vite, et longtemps, aussi longtemps que la peur porte tes pas.
Tu deviens son petit lièvre. Un nom qui t’appartient réellement, à toi.
Le jour où tu saignes pour la première fois, tu penses mourir, et Deirdre continuera à se moquer de toi des mois durant, sans jamais t’expliquer exactement ce qui t’es arrivé.
Ton adolescence bat son plein ainsi, au jour le jour d’une tout autre façon que ton enfance l’as été; mais ce n’est pas pour autant une existence sans peine. Un matin, un fermier arrive à vous rattraper, et vous avez la chance de n’être que roués de coups plutôt que traînés devant la justice.
L’hiver, la terre gelée est moins généreuse, et Deirdre, le ventre vide, se fait encore plus irritable qu’à l’accoutumé.
Tu tombes malade et elle n’a de cesse que de s’énerver contre toi, menaçant de t’abandonner pour de bon cette fois-ci; mais tu sens sa présence à tes côtés même lorsque la fièvre te prend.
Malgré tout, tu es bien moins misérable dans les bras de Deirdre que tu ne l’as jamais été, et tu ne penses que rarement à la vieille femme courbée sur elle-même.
Le vent finit par tourner.
D’abord, Deirdre surprend le regard de deux paysans vous fixant depuis le sentier, sans jamais faire un pas à travers les arbres. Elle te donne un coup de pied dans le flanc pour t’en rendre conscient, puis te prend par le bras pour t’entraîner plus loin dans la forêt sans jamais les quitter du regard, jusqu’à ce qu’ils disparaissent complètement derrière les branchages.
Il semble être venu le moment de partir.
Cette nuit-là, tu ne peux t’empêcher d’observer les murs qui vous ont hébergé, essayant de les imprimer dans ta mémoire, mais n’y voyant que des ombres dans l’obscurité qui te fait serrer Deirdre un peu plus étroitement contre toi.
Vos possessions tiennent dans un seul ballot. Dedans, une chemise que vous partagez, quelques pièces, un petit couteau et un beau peigne trouvé par Deirdre qu’elle aime passer dans ses épaisses boucles ébènes.
(tu pourrais la regarder faire des heures durant)
Le ciel commence tout juste à s'éclaircir, alors Deirdre t’envoie cueillir de quoi manger sur le chemin; elle se charge d’aller chercher de l’eau pour remplir votre gourde, raclée à un berger négligent au début du printemps, qu’elle brandit fièrement en s’éloignant.
Vous étiez supposés vous retrouver au moment où le soleil est à son zénith, mais d’ici à ce que tu aies fini, de lourds nuages sombres ont rempli le ciel.
Ton pull rempli de mirabelles, tu trouves votre maison retournée et vide.
L’air estival chargé d’humidité fait pâle figure face à la sueur froide qui coule le long de ton échine, les petites prunes frappant le sol dans un roulement sourd. Tu appelles Deirdre, sans réponse.
(Quelque chose te crie qu’elle n’a pas simplement perdu la notion du temps)
Tu détales. Allant partout où tu pourrais la trouver, retraçant les lieux arpentés avec elle ces dernières années, à travers les champs, les bosquets, le long de la rivière, par-dessus les barrières et les enclos. Tes poumons s'enflamment, le sang palpitant à t’en rompre les tempes, la bouche sèche, et tes pas finissent par te porter dans le hameau le plus proche.
Tu n’as jamais vu un bûcher de tes propres yeux auparavant, mais tu le reconnais immédiatement en l’apercevant. Tu ralentis, t’approchant précautionneusement de la petite foule réunie là, échauffée face à des évènements décousus que tu peines à suivre. Un nourrisson perdu ou peut-être volé, des récoltes ravagées, des bêtes tuées, c’est tout ce que tu peux glaner dans le brouhaha ambiant. Personne ne te remarque, avec tes haillons déchirés par les branchages et ta peau griffée, tu n’es qu’un miséreux parmi tant d’autres.
Personne, sauf Deirdre,
là-haut.
Vos yeux se croisent, et tu y vois reflété pour la première fois la terreur primale qui t'anime si souvent.
Lorsqu’elle ouvre la bouche, ton sang se glace subitement.
L’air saturé d’électricité dresse les poils sur tes avant-bras et le duvet de ta nuque, un goût métallique dansant sur ta langue alors qu’elle se met à hurler ton nom et que la foule suit son regard, se retournant vers toi. Même son bourreau, torche brandie, s’arrête pour faire volte-face.
Un lièvre au milieu des renards.
Puis tout devient blanc. Un craquement assourdissant, comme si la terre venait de se fendre et avec elle, tous tes os.
Lorsque l’onde passe, tu es à terre, et à l’ozone se mêle l’odeur de la chair brûlée. Le bourreau, comme tout le monde, a été renversé par le choc : mais il ne se relève pas, inerte, sa torche choyant au pied du bûcher, les flammes léchant goulument les premières brindilles sèches.
Deirdre hurle à nouveau, puis c’est la foule, te pointant du doigts, qui noient ses cris dans les leurs.
Maléfice !
C’est le familier de la sorcière !
Il est venu la chercher !
(Cours !)
Tu obéis
et
tu
détales
les cris de Deirdre fendant ton être tout entier
comme ceux d’un animal qu’on égorge
alors que les premières grosses gouttes de pluie
transforment la terre des sentiers en boue.
Tu ne sais pas combien de temps tu as couru avant que tes jambes ne cèdent sous ton poids.
Cela faisait longtemps que les cris s’étaient éteints, perdu derrière l’épais rideau de pluie, et pourtant ils retentissent encore dans ton crâne, au rythme de ton cœur.
Les yeux rivés sur le ciel blanc, tu implores.
Que dois-je faire ?
Tu ne t’attendais pas à une réponse.
Il te faut un peu de temps pour t’habituer à ton guide.
La seule force te poussant à traîner ce corps meurtri jusqu’à l’abbaye
poignant au loin à travers la pluie.
(Là-bas, tu seras en sécurité.)
Tu t’écroules devant ses remparts.
Fini Anès.
Commence Eudes.
…
Ton existence se complait à être une épreuve.
Contre toute attente, personne ne t'a découvert le jour de ton arrivée
il y a déjà deux ans de cela
même en pansant tes plaies.
(rien que des égratignures)(rien qui ne justifie d’ôter tes vêtements)
Et qui reprocherait à un autre fidèle
d’être pudique ?
(Si on ne te le rappelais pas, tu oublierais probablement ton appartenance au beau sexe)
C’est probablement ça qui t’as fait baisser ta garde.
Et maintenant, tu paies tes sottises.
(ou peut-être tes mensonges)
Tu penses d’abord que c’est le châtiment divin,
pour ce que tu as fait.
(abandonné la femme qui t’a élevé)
(volé)(à la terre)(comme aux autres)
(mordu dans Deirdre)(ses mains sur ta peau et les tiennes sur la sienne)
(et l’avoir
elle aussi
laissée à son sort)
Des mois durant, acculé comme un rat.
Battant ta chair en espérant apaiser Son courroux.
Tu pleures toutes les nuits tes vœux souillés.
(de peur)
(puis de rage)
Lorsqu’il te prend en étaux,
dans la bibliothèque,
(une merveille de culture)(elle aussi souillée à jamais)
il t'arrache ton dernier refuge.
Poussé à bout, tu commences à comploter,
imaginant à chaque instant de tes journées où ton esprit peut vaquer
(trop souvent, cantonné aux tâches laborieuses et répétitives)
comment te débarrasser de ton maître-chanteur
avant qu’il ne te pousse au point de non-retour.
(le vide, du haut de la tour)
(te fait de l’oeil)
Toi qui tiens le meurtre en horreur,
un péché de plus ne te semble plus si lourd à porter.
Tu es sur le point de passer à l’acte
la mémoire des herbes que Deirdre arrachait de tes mains encore fraîche dans ton esprit
(les colchiques jonchent les prés aux alentours de l’abbaye à cette saison…)
lorsqu’entre en scène un singulier personnage,
pèlerin éternel ayant foulé le sol de bien des monastères.
Irrésistiblement attiré dans son orbite,
tu oses l’approcher
et lui poser,
une,
puis deux,
puis trois questions,
auquel il répond, un sourire doux
que tu n’attendais pas à voir sur le visage d’un ermite.
En apprenant ce qu’il est,
tu l’entends enfin à nouveau,
après des mois de silence cruel,
claire et lumineuse,
la voix de Dieu
(Il semble être venu le moment de partir)
…
Vos chemins se séparent ici,
après tout, votre errance se doit d’être solitaire,
et cela fait trop longtemps que vous jouissez de la compagnie de l’autre,
(trois années)(écoulées trop vite)
Il t’as tant appris,
et tu as l’impression de ne rien avoir pu donner en retour
(c’est faux, mais tu es trop jeune pour comprendre)
Il pose sa main sur ta tête,
(tu as grandi en trois ans, un petit peu)
et te souhaite bon voyage.
“Que Dieu te garde.”
Derrière l'écran
Pseudo : Chanterelle
Âge : 24 ans dans genre, quatre jour donc c'est tout comme lol
Comment as-tu trouvé le forum ? partenariat avec Le Chat Noir !
Un petit mot ? pardon c'est déjà long, en plus j'ai fait le premier jet de l'histoire et c'est… Aussi… Long… Au besoin je serais plus concis [EDIT] C'est effectivement long, mais je jure que c'est en partie à cause du formatage
Pseudo : Chanterelle
Âge : 24 ans dans genre, quatre jour donc c'est tout comme lol
Comment as-tu trouvé le forum ? partenariat avec Le Chat Noir !
Un petit mot ? pardon c'est déjà long, en plus j'ai fait le premier jet de l'histoire et c'est… Aussi… Long… Au besoin je serais plus concis [EDIT] C'est effectivement long, mais je jure que c'est en partie à cause du formatage
Jeu 1 Juil - 1:17
Ohlala mais Eudes est incroyable
Il est super bien construit, super intéressant, un peu touchant et en même temps c’est un gros lâche qui ment beaucoup je chiale
Il est juste vraiment superbe et j’ai hâte de lire la suite et le voir en rp ohlala
Bienvenue par ici
J’espère que tu t’amuseras parmi nous
Il est super bien construit, super intéressant, un peu touchant et en même temps c’est un gros lâche qui ment beaucoup je chiale
Il est juste vraiment superbe et j’ai hâte de lire la suite et le voir en rp ohlala
Bienvenue par ici
J’espère que tu t’amuseras parmi nous
Jeu 1 Juil - 8:55
BIENVENUE
Une plume très agréable à lire, très fluide, d'une franchise tranchante, certains détails font beaucoup de peine sur ce qu'a traversé Eudes... Prénom pour lequel j'ai beaucoup d'affection, j'ai failli le prendre et l'avatar, que de bons choix !
Le caractère est un vrai plaisir à lire et j'ai hâte (comme je redoute) de lire l'histoire sûrement difficile d'Eudes
Superbe plume en tous cas et personnage très bien retranscrit, je suis fan
(PS : on va avoir deux copains d'autoflagellation, Aimable peut lui prêter son martinet )
Une plume très agréable à lire, très fluide, d'une franchise tranchante, certains détails font beaucoup de peine sur ce qu'a traversé Eudes... Prénom pour lequel j'ai beaucoup d'affection, j'ai failli le prendre et l'avatar, que de bons choix !
Le caractère est un vrai plaisir à lire et j'ai hâte (comme je redoute) de lire l'histoire sûrement difficile d'Eudes
Superbe plume en tous cas et personnage très bien retranscrit, je suis fan
(PS : on va avoir deux copains d'autoflagellation, Aimable peut lui prêter son martinet )
Ven 2 Juil - 1:10
Merci à vous d'eux aaah vous êtes trop chou
Johanna >'c’est un gros lâche qui ment beaucoup' je sais pas pourquoi j'écris des pavés quand tout est là fsldkg
j'espère que sa descente aux enfers ses aventures seront divertissantes à suivre
Aimable > 'Eudes' peut pas rivaliser avec 'Aimable' tho, quel nom (cordialement, quelqu'un qui a un perso nommé Aimé)
(et je veux dire, boy's night when ? Eudes amènera les prières)(Dieu sait qu'il a besoin de poto)
et j'ai fini ma fiche, du coup je vais de ce pas le signalerpardon encore pour la longueur
Johanna >'c’est un gros lâche qui ment beaucoup' je sais pas pourquoi j'écris des pavés quand tout est là fsldkg
j'espère que
Aimable > 'Eudes' peut pas rivaliser avec 'Aimable' tho, quel nom (cordialement, quelqu'un qui a un perso nommé Aimé)
(et je veux dire, boy's night when ? Eudes amènera les prières)(Dieu sait qu'il a besoin de poto)
et j'ai fini ma fiche, du coup je vais de ce pas le signaler
Ven 2 Juil - 1:51
*note à soi-même : organiser des séminaires avec de la brioche, des couvertures et pleins de potichats pour tous les membres traumatisés par l'Église*
Bienvenue Eudes !
J'ai un vrai coup de coeur pour le personnage et la plume, malgré la longueur j'ai tout dévoré d'un coup.
Le passé d'Eudes est si triste mais en même temps on y retrouve tout ce qui me touche personnellement : l'enfance sauvage, la fin de l'innocence, la recherche d'un absolu à défaut du bonheur parce que le passé nous entrave. Et le tout tourné avec beaucoup de délicatesse malgré les thèmes abordés avec beaucoup de sensibilité sans toutefois noyer l'horreur. On se cogne sans cesse à la rudesse de la vie d'Eudes mais le style reste léger et surtout parsemé de petites lueurs d'espoir qui font qu'on en redemande sans cesse.
Enfin bref moi j'ai envie qu'Eudes trouve son compte sur Exesus, j'ai hâte de le voir en évoluer et surtout de lui voler prochainement (j'espère) un RP !
Désolée pour le style un peu pompeux du message mais vraiment je trouve que ta plume est incroyable donc bravo à toi et amuse-toi bien sur le forum
(Range ce martinet Aimable sinon je dis tout à la grande soeur )
*note à soi-même : organiser des séminaires avec de la brioche, des couvertures et pleins de potichats pour tous les membres traumatisés par l'Église*
Bienvenue Eudes !
J'ai un vrai coup de coeur pour le personnage et la plume, malgré la longueur j'ai tout dévoré d'un coup.
Le passé d'Eudes est si triste mais en même temps on y retrouve tout ce qui me touche personnellement : l'enfance sauvage, la fin de l'innocence, la recherche d'un absolu à défaut du bonheur parce que le passé nous entrave. Et le tout tourné avec beaucoup de délicatesse malgré les thèmes abordés avec beaucoup de sensibilité sans toutefois noyer l'horreur. On se cogne sans cesse à la rudesse de la vie d'Eudes mais le style reste léger et surtout parsemé de petites lueurs d'espoir qui font qu'on en redemande sans cesse.
Enfin bref moi j'ai envie qu'Eudes trouve son compte sur Exesus, j'ai hâte de le voir en évoluer et surtout de lui voler prochainement (j'espère) un RP !
Désolée pour le style un peu pompeux du message mais vraiment je trouve que ta plume est incroyable donc bravo à toi et amuse-toi bien sur le forum
(Range ce martinet Aimable sinon je dis tout à la grande soeur )
Ven 2 Juil - 8:46
Gros plaisir à lire cette fiche hanlalalala !
J'ai si hâte de voir Eudes évoluer sur le forum, ce choups martyrisé par la vie (pardon par le SEIGNEUUUUUUR )
Gros coup de coeur pour ce personnage, bienvenue ici ! (Constantin le BG a déjà tout résumé c'que je voulais dire alors :koler:)
J'ai si hâte de voir Eudes évoluer sur le forum, ce choups martyrisé par la vie (pardon par le SEIGNEUUUUUUR )
Gros coup de coeur pour ce personnage, bienvenue ici ! (Constantin le BG a déjà tout résumé c'que je voulais dire alors :koler:)
Ven 2 Juil - 10:39
Vraiment, j'ai eu un coup de coeur pour Eudes. Cette complexité sans bornes qui pourtant nous renvoie à des peurs très communes... Un régal à lire et j'ai grand hâte de voir le petiot évoluer dans notre contexte. Bienvenue encore
Allez hop c'est validé !
Tu peux aller recenser sa trogne et commencer l'administratif de ton bébé juste là !
Validation !
Adorable petit lièvre.
Vraiment, j'ai eu un coup de coeur pour Eudes. Cette complexité sans bornes qui pourtant nous renvoie à des peurs très communes... Un régal à lire et j'ai grand hâte de voir le petiot évoluer dans notre contexte. Bienvenue encore
Allez hop c'est validé !
Tu peux aller recenser sa trogne et commencer l'administratif de ton bébé juste là !
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