Blurred

 Communication émotionnelle – Idées abstraites et floues – Douce – Conciliante – Horreur du conflit – Très à l’écoute des autres – reine de la liberté dans le couple – ne s’attache pas (il ne faut pas !) – paradoxalement très sentimentale -  chacun fait ce qu’il veut – intellectualise les goûts et les ressentis – maternelle – imaginaire très développé – protectrice – peut se retirer dans sa carapace si elle se sent attaquer (bitch resting face mod) – besoin de sécurité émotionnelle -  mélancolique du passé – fait froidement ce qui doit être fait – persévérante – aime s’engager dans des projets qui sécurise sa vision du monde – très travailleuse – du mal à lâcher prise – courageuse – franche – guerrier - possède un grand esprit de compétition – dominateur – adaptable - mobile d'esprit – sociable – habiles de ses mains – indépendante - touche-à-tout – intellectuelle – souple – ingénieuse – fragile – fuit la réalité.

   
   

 Elle se souvenait. Le reflet de cette âtre de cheminée lui rappelait les feux massifs qui avaient dévorés le village où elle était née. Son chat norvégien roulé en boule sur ses genoux, Zuicher passe une main délicate dans sa fourrure, se remémorant les bribes d’un passé qu’il lui serait toujours impossible de rattraper.

Ses premières respirations se firent, ironiquement, au zénith d’un jour encore frais au cœur d’Uppsala. Mais Zuicher n’étaient pas la première née de sa fratrie. Vient avant elle un grand frère, Björn. Toujours vif, toujours vaillant. Toujours étouffant, aussi. Mais elle l’écoutait tout de même parce qu’il était la fierté familiale, un écrin de beauté viking au cœur courageux et vigoureux.

Lorsqu’il fallut reprendre le flambeau familial, lorsque père chuta de son piédestal, alors les choses devinrent radicalement différentes. Zuicher tua sa propre mère qui tenta de se retourner contre eux en fuyant la demeure – probablement, car Björn l’avait prophétisé. Difficile de dire ce qu’elle ressenti à ce moment-là, elle-même ne s’en souvient plus vraiment. Peut-être est-ce pour cela qu’elle jette si souvent son regard aux flammes, pour essayer de se rappeler quelque chose que même son esprit n’a voulu admettre, marquer sur la page de ses souvenirs.

La suite n’est que trop banale. Son frère gagna en influence, avec ses acolytes – leurs acolytes ? Zuicher ne suivait tout cela que d’une oreille distraite.

Björn ne survivra pas à un excès de zèle de trop et Zuicher se verra propulsée au rang de cheffe de famille sans trop savoir pourquoi. Mais elle sait qu’il s’agit de son devoir, que son père aurait voulu qu’elle accepte ce rôle. Alors elle l’a fait, en mémoire d’Heimdall. Björn lui aura laissé un souvenir brûlant au creux des reins peu de temps avant sa mort, le symbole de leur famille marqué au cuivre chaud, afin qu’elle n’oublie pas. Elle ne lui a jamais pardonné.

Zuicher a bien vécue sous plusieurs noms, plusieurs vies. Plusieurs histoires, aussi. Si elle n’avait pas de drames constants à gérer, elle s’est laissée emporter par le courant de l’existence. Elle eut autant d’enfants que de déceptions. Il n’en reste plus un seul en vie aujourd’hui. Ont-ils eu une descendance ? Elle-même l’ignore et n’est que peu intéressée par tout ça. Ils ont bien fait ce qu’ils voulaient, elle ne demande qu’une chose désormais : la tranquillité.

La guerre entre vampires et lycans fait des ravages. Bientôt elle frappera à sa porte. Zuicher n’aura pas le choix. Mais que faire ? Hiberner n’est pas une option. Elle doit se faire présente, rassurante. Protectrice. C’est son rôle, c’est sa croix.

Non sans un sanglot, c’est elle-même qui videra son chat de son sang pour éviter qu’il ne tombe sur des ennemis de sa famille plus sadiques que ses rêves le laissent suggérer. L’animal s’endormit dans ses bras et après s’être assurée de sa mort définitive, son corps ira brûler dans la cheminée. Viking jusqu’au bout.

« Dors bien, Geri. »

Peut-être le retrouvera-t-elle un jour.

Aujourd’hui presque seule survivante de son clan, elle s’est établie à Paris sous une identité de chapelière. Son nom de naissance étant bien peu connu depuis toutes ces années, elle le revêt une fois encore. Pour se souvenir.