Sam 30 Jan - 17:54
En cette fin de soirée, je ne faisais rien de bien constructif. Je me baladais simplement dans les rues de Paris. J’apprenais à mieux connaître la capitale où je vivais désormais. J’observais les gens et je les écoutais parler pour mieux apprendre et comprendre la langue. J’ai abandonné depuis quelques temps l’idée de me cacher. Après tout j’avais presque raison en pensant que personne ne me connaissait. Presque puisqu’il y avait June. Mais c’était bien le seul. Je me suis mis à la mode parisienne, m’habillant comme tout homme du peuple. C’était ce que j’étais en apparence.
Déambulant dans les rues, j’attendais l’heure de mon rendez-vous. À force de me rendre chez lui, j’avais pris l’habitude d’y aller à heure fixe. Peu de surprise en effet, mais toujours la même joie de la rejoindre. Et ce soir ne faisait pas exception.
Je tournais à gauche, puis plus loin encore à gauche. Dans une de ces larges avenues que contenaient le centre-ville, je pouvais voir de plus en plus de voitures de noble. C’était normal puisque j’approchais de leur quartier et donc de leurs appartements. Levant les yeux vers les façades des bâtiments, j’observais les fenêtres. Certaines étaient éclairées par la lueur de bougies, d’autres étaient obscures. J’entendais parfois de la musique, indiquant quelques fêtes. Ces mondanités ne me manquaient guère. Taillé pour la guerre, ma présence lors de réceptions n’était que le fruit de mon épouse ou d’une quelconque obligation concernant des traités d’alliance. Sans ma Lucia, la vie était bien différente.
Déambulant dans les rues, j’attendais l’heure de mon rendez-vous. À force de me rendre chez lui, j’avais pris l’habitude d’y aller à heure fixe. Peu de surprise en effet, mais toujours la même joie de la rejoindre. Et ce soir ne faisait pas exception.
Je tournais à gauche, puis plus loin encore à gauche. Dans une de ces larges avenues que contenaient le centre-ville, je pouvais voir de plus en plus de voitures de noble. C’était normal puisque j’approchais de leur quartier et donc de leurs appartements. Levant les yeux vers les façades des bâtiments, j’observais les fenêtres. Certaines étaient éclairées par la lueur de bougies, d’autres étaient obscures. J’entendais parfois de la musique, indiquant quelques fêtes. Ces mondanités ne me manquaient guère. Taillé pour la guerre, ma présence lors de réceptions n’était que le fruit de mon épouse ou d’une quelconque obligation concernant des traités d’alliance. Sans ma Lucia, la vie était bien différente.
Sam 30 Jan - 18:42
Après quelques arrangements auprès d’amis parisiens, Hermance avait pu trouver le gîte chez l’un d’eux. Elle comptait s’acheter un logement à Paris pour le bien de ses ambitions. Mais faire le voyage depuis son domaine était affreusement long, alors elle se fit inviter par un couple d’amis. Elle logerait chez eux quelques jours, le temps de trouver un appartement confortable et de régler toutes les formalités. C’était le bon moment pour elle de venir ici, à la capitale. Elle avait eu vent de quelques nobles célibataires qui n’attendaient plus qu’elle.
Faisant atteler et embarquer ses affaires en début d’après-midi, la voiture roula toute la journée avec quelques arrêts pour reposer les chevaux et qu’elle se dégourdisse les jambes. Rester assise dans cet attelage remuant sans arrêt était une torture. Mais marcher dans la boue et la terre l’était d’autant plus. Heureusement la voiture finit par arriver à Paris en début de soirée. Les rues n’étant pas toutes adaptées au passage de véhicule, son cocher fit des tours et des détours qu’elle crut interminable.
Scrutant les quartiers par la fenêtre, Hermance fut déçu du paysage. Il était loin d’ici le faste dont on lui avait tant vanté les mérites. Tapotant de ses longs ongles la banquette, il finit par frapper du plat de la main contre la paroi.
— Sommes-nous encore loin ? Demanda-telle avec une certaine impatience dans la voix.
— Désolé, ma dame. Il y a un peu de monde dans la rue, je ne peux faire rouler la voiture plus vite.
— Fouettez-les si ça permet de nous faire un passage, grommela-t-elle.
Toujours bien droite, elle reposa les yeux sur la rue et regarda ces petites gens dégoûtants. Après de très longues minutes, la voiture finit par avancer à meilleures allures. Au fil du temps, les bâtiments avaient meilleure allure. C’était sûrement le signe qu’ils approchaient du centre-ville et donc des habitations de nobles. Rassurée de voir son calvaire bientôt terminé, elle s’intéressa aux passants. Leur tenue attestait effectivement un meilleur niveau de vie.
Et soudain il y eut cette ombre : un homme à la longue chevelure blonde. Elle n’eut pas le temps de bien voir son visage, mais elle cria l’ordre de s’arrêter. Le cocher, surpris, tira sévèrement sur les rênes. Les pauvres bêtes hennirent à cette instruction soudaine. La voiture à peine arrêtée, Hermance ouvrit sa porte, posa précipitamment la chaussure sur le marche-pied et sortit la tête dehors. Ses yeux clairs vrillèrent en tout sens à la recherche de cette silhouette. Bien qu’il avait fallu quelques mètres à la voiture pour s’arrêter, elle n’avait pas pu le distancer à ce point.
Son cœur s’était accéléré en apercevant ce démon du passé. Elle était certaine de l’avoir vu. Cette crinière blonde ne pouvait passer inaperçue. Et pourtant il n’était plus là. Respirant plus fort, fulminant presque, sa main serra la poignée de la porte avec force. Elle aurait pu la broyer si la voix du cocher ne l’avait pas ramené à la réalité. Il lui demandait ce qu’il se passait.
Repoussant d’une main ses cheveux vers l’arrière, elle tâcha de retrouver son calme. Elle lâcha enfin la rue des yeux pour les poser sur le cocher. Elle lui assura qu’il n’y avait rien et lui ordonna de repartir. Assise sur sa banquette, elle passa ses mains sur sa robe pour en retirer les plis. Son esprit toujours troublé, elle était persuadé de l’avoir vu. Lui, le monstre qui avait hanté ses nuits d’enfant. Celui grâce à qui elle menait cette vie. Sa présence à Paris était une motivation supplémentaire quant à son achat de bien immobilier. Et une fois installée, elle le traquerait comme un immonde rat. Elle allait lui faire payer toutes les abominations qu’elle avait subi.
Si seulement leurs routes ne s’étaient pas croisées…
Faisant atteler et embarquer ses affaires en début d’après-midi, la voiture roula toute la journée avec quelques arrêts pour reposer les chevaux et qu’elle se dégourdisse les jambes. Rester assise dans cet attelage remuant sans arrêt était une torture. Mais marcher dans la boue et la terre l’était d’autant plus. Heureusement la voiture finit par arriver à Paris en début de soirée. Les rues n’étant pas toutes adaptées au passage de véhicule, son cocher fit des tours et des détours qu’elle crut interminable.
Scrutant les quartiers par la fenêtre, Hermance fut déçu du paysage. Il était loin d’ici le faste dont on lui avait tant vanté les mérites. Tapotant de ses longs ongles la banquette, il finit par frapper du plat de la main contre la paroi.
— Sommes-nous encore loin ? Demanda-telle avec une certaine impatience dans la voix.
— Désolé, ma dame. Il y a un peu de monde dans la rue, je ne peux faire rouler la voiture plus vite.
— Fouettez-les si ça permet de nous faire un passage, grommela-t-elle.
Toujours bien droite, elle reposa les yeux sur la rue et regarda ces petites gens dégoûtants. Après de très longues minutes, la voiture finit par avancer à meilleures allures. Au fil du temps, les bâtiments avaient meilleure allure. C’était sûrement le signe qu’ils approchaient du centre-ville et donc des habitations de nobles. Rassurée de voir son calvaire bientôt terminé, elle s’intéressa aux passants. Leur tenue attestait effectivement un meilleur niveau de vie.
Et soudain il y eut cette ombre : un homme à la longue chevelure blonde. Elle n’eut pas le temps de bien voir son visage, mais elle cria l’ordre de s’arrêter. Le cocher, surpris, tira sévèrement sur les rênes. Les pauvres bêtes hennirent à cette instruction soudaine. La voiture à peine arrêtée, Hermance ouvrit sa porte, posa précipitamment la chaussure sur le marche-pied et sortit la tête dehors. Ses yeux clairs vrillèrent en tout sens à la recherche de cette silhouette. Bien qu’il avait fallu quelques mètres à la voiture pour s’arrêter, elle n’avait pas pu le distancer à ce point.
Son cœur s’était accéléré en apercevant ce démon du passé. Elle était certaine de l’avoir vu. Cette crinière blonde ne pouvait passer inaperçue. Et pourtant il n’était plus là. Respirant plus fort, fulminant presque, sa main serra la poignée de la porte avec force. Elle aurait pu la broyer si la voix du cocher ne l’avait pas ramené à la réalité. Il lui demandait ce qu’il se passait.
Repoussant d’une main ses cheveux vers l’arrière, elle tâcha de retrouver son calme. Elle lâcha enfin la rue des yeux pour les poser sur le cocher. Elle lui assura qu’il n’y avait rien et lui ordonna de repartir. Assise sur sa banquette, elle passa ses mains sur sa robe pour en retirer les plis. Son esprit toujours troublé, elle était persuadé de l’avoir vu. Lui, le monstre qui avait hanté ses nuits d’enfant. Celui grâce à qui elle menait cette vie. Sa présence à Paris était une motivation supplémentaire quant à son achat de bien immobilier. Et une fois installée, elle le traquerait comme un immonde rat. Elle allait lui faire payer toutes les abominations qu’elle avait subi.
Si seulement leurs routes ne s’étaient pas croisées…
Sam 30 Jan - 18:50
Pour moi, toutes les voitures qui roulaient au milieu de l’avenue étaient identiques. Je ne me souciais guère de leurs occupants. Si seulement j’avais su…
Je tournais dans la rue principale et pouvais apercevoir le bâtiment de June. L’impatience me gagnait comme à chaque fois que je me reprochais des lieux. À ce moment-là, je ne voyais plus que ça. J’étais certain qu’un jour il allait m’arriver quelque chose de fâcheux, mais pour le moment, je traversais la rue d’un pas plus pressé.
Je fus bien inconscient de ce qui arriva juste après que je sois entré dans le bâtiment. Je n’avais guère fait attention au bruit du bois sur le pavé, aux hennissements des chevaux, aux cris de conducteurs. J’étais bien loin de tout ça, bien loin de me douter que ma présence dans la rue il y avait quelques secondes en était la cause.
J’étais simplement sur mon nuage, pressé de tenir dans mes bras un homme. Pressé de l’embrasser et de sentir sa chaleur. Qui aurait deviné que j’en serais rendu là avec lui.
Et pourtant si j’avais su…
Je tournais dans la rue principale et pouvais apercevoir le bâtiment de June. L’impatience me gagnait comme à chaque fois que je me reprochais des lieux. À ce moment-là, je ne voyais plus que ça. J’étais certain qu’un jour il allait m’arriver quelque chose de fâcheux, mais pour le moment, je traversais la rue d’un pas plus pressé.
Je fus bien inconscient de ce qui arriva juste après que je sois entré dans le bâtiment. Je n’avais guère fait attention au bruit du bois sur le pavé, aux hennissements des chevaux, aux cris de conducteurs. J’étais bien loin de tout ça, bien loin de me douter que ma présence dans la rue il y avait quelques secondes en était la cause.
J’étais simplement sur mon nuage, pressé de tenir dans mes bras un homme. Pressé de l’embrasser et de sentir sa chaleur. Qui aurait deviné que j’en serais rendu là avec lui.
Et pourtant si j’avais su…
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