Jeu 7 Jan - 0:07
Audacieux. Confiant. Courtois. Dévoué. Fidèle. Galant. Ingénieux. Leader. Opportuniste. Patient. Rancunier. Sanguinaire. A quelques notions en langues germaniques et slaves. Toujours croyant, mais s’il faut faire quelque chose de mal ça ne le dérange pas (maintenant qu’il est vampire, il n’est plus à ça près). Très bon combattant.
Je vis depuis si longtemps que je pense que mes souvenirs me feront bientôt défaut. Il me faut donc consigner mes mémoires.
J’ai déjà eu l’occasion de lire des récits me concernant. Le moins que je puisse dire est que mon passé a été aussi mouvementé qu’on le prétend, car j’ai vu le jour dans la principauté de Valachie tandis que l’Empire ottoman était en pleine expansion.
En 1442, mon jeune frère Radu III et moi-même avons été envoyés comme otage au sultan. Nous avons été retenus à Andrinople (ancienne capitale ottomane) où nous n’avons manqué de rien. C’était une belle captivité dorée. J’ai eu le droit à tout ce que mon rang de prince m’autorisait : éducation, correspondance libre, le droit à avoir des pages et des serviteurs. J’ai ainsi eu l’occasion de me faire bon nombre de relations.
L’Ordre du Dragon, dont mon père faisait parti, avait pour objectif la protection des intérêts de la chrétienté et la croisade contre les ottomans. En 1444, mon père a subi beaucoup de pression de la part du pape pour le contraindre à rejoindre une croisade. Mais il refusa, sans doute pour la sécurité de ses enfants en otage. Il fut donc délié de son serment à l’Ordre et c’est mon frère aîné qui dut partir à sa place.
Résultat : à Kaliakra, notre armée fut défaite et le gouverneur général Jean Hunyadi a fui le champ de bataille. Beaucoup d’hommes, dont mon père et mon frère aîné, l’ont rendu responsable de cette déroute.
En conflit avec Jean Hunyadi, mon père a conclu une paix moyennant le paiement d’un tribut aux ottomans durant l’été 1447. La Valachie, autrefois vassal de la Hongrie, se ferma à la monnaie hongroise et essaya de stopper tout commerce avec eux. Ce geste fut très mal accueilli. Et Jean Hunyadi organisa une expédition punitive contre mon père qui fut capturé et tué fin novembre 1447. Quant à mon frère aîné, il fut enterré vivant.
Hunyadi en profita pour nous voler la Valachie et il y plaça l’un de ses pions, Vladislav II (un valaque de la dynastie des Dǎnești et donc l’un de mes petits cousins éloignés que je ne porte pas dans mon cœur).
En apprenant tout ça, je me suis juré de venger ma famille et de reprendre ce qui nous appartenait. Je me jugeais plus apte à être prince. Mon frère n’avait pas déserté le champ de bataille en abandonnant ses hommes et mon père avait tout fait pour la paix de notre pays.
Il ne m’a pas fallu attendre bien longtemps. Octobre de l’année suivante, j’avais 17 ans.
Vladislav II s’absenta de la Valachie pour prêter main forte à Hunyadi au Kosovo. Avec l’audace de mon jeune âge, une troupe de cavalerie turque et un contingent de troupes prêtées par le pacha, j’ai repris mon pays. Et le 19 novembre, je montai sur le trône. Ça n’a hélas pas duré. En février 1450, Vladislav II reprit le pouvoir et je me suis exilé en Moldavie où je me suis lié d’amitié avec le futur Étienne III, prince de Moldavie.
En 1452, j’ai épousé une femme Lucia avec qui j’ai eu deux fils : Mihail et Vlad.
En 1453, la chute de Constantinople aux mains des Turcs bouleversa beaucoup la situation. Ce ne fut plus le moment de faire la fine bouche pour les chrétiens. Ils recrutèrent de l’aide partout où il le pouvait. C’est ainsi que ce benêt de Jean Hunyadi me confia une armée pour défendre la Valachie et la Transylvanie. L’occasion était trop belle !
Avec l’aide de boyards valaques, je repris à nouveau le trône de Valachie. J’ai écrasé et tué Vladislav II au combat en août 1456. Ce fut la chose la plus jouissive qui m’eut été donnée de faire depuis bien longtemps. Il ne risquait plus de revenir au moins.
J’ai régné pendant six ans, consolidant mon pouvoir en centralisant l’autorité. J’achetais ou éliminais tous les boyards qui tentaient de me déstabiliser.
Durant ce second règne, j’étais le plus heureux des hommes. Ma Lucia adorée à mes côtés, je me sentais invincible. Et mes fils étaient ma fierté.
J’avais une telle confiance aveugle en mes alliances que j’ai fini par briser la paix avec les ottomans, ne leur payant plus aucun tribut. À quoi bon puisque je comptais leur foutre mon pied au cul !
Début 1462, Matthias Corvin, roi de Hongrie, me promit de participer à une expédition contre les Turcs. Lors d’une campagne sur le Danube, nous avons tué plus de 30 000 hommes. Quelle fierté d’enfin pouvoir bouter ces salauds hors de nos terres. Cependant je perdis l’allégeance de mon petit frère, Radu III, et je me suis attiré la colère du sultan qui voulut annexer la Valachie. Il est venu avec une immense armée, bien supérieur à la mienne. Ça s’annonçait mal.
Bel euphémisme !
Dans le même temps, je reçus des rapports au sujet de monstres qui décimaient notre campagne. Impossible de savoir s’ils étaient avec les ottomans ou si c’était d’autres envahisseurs qui en profitaient pour tout mettre à sac. J’ai ordonné l’évacuation de la population et des animaux vers les montagnes pour les sauver de ces choses et aussi pour que l’armée du sultan ne trouve plus rien à manger, ni à boire sur la route vers la capitale. Mes hommes étaient organisés en petits groupes mobiles et flexibles pour pratiquer une guerre de harcèlement et d’embuscades. Pas question de se perdre dans un affrontement frontal.
Nous avons même envoyé des personnes porteuses de maladies mortelles pour diminuer l’armée turque. Et ça a fonctionné.
Manque de chance. Je suis tombé malade durant cette période. C’est ce que nous avons fait croire. En réalité j’ai rencontré une créature nocturne. Elle venait m’offrir la puissance dont j’avais besoin pour défendre mon territoire. En bon chrétien, cette proposition semblait digne d’une hérésie. Mais au vu de l’armée qui me faisait face, j’ai cru que Dieu nous avait abandonné. J’ai donc accepté sans poser de question. Aujourd’hui encore je ne sais pas si c’était une erreur.
La créature n’était pas comme les monstres dont on m’avait parlé. Elle était parfaitement humaine et même d’une très grande beauté. Toutefois elle avait des crocs effilés dont elle se servit pour voler mon sang. J’ai cru mourir. La créature interdit à ma famille de m’approcher car j’étais contagieux. Elle se faisait passer pour mon nouveau médecin. Une fois mon mal passé, je dus appréhender cette nouvelle condition et surtout ma nouvelle apparence. Mes cheveux sont passés du brun au blond et mes yeux devinrent bleus. On aurait dit de la sorcellerie, mais la femme m’assura que ça n’avait rien à voir. Selon elle, j’étais devenu plus beau. J’eus du mal à comprendre et ma Lucia aussi. Mon épouse fut la seule à qui j’ai révélé ce qui m’était arrivé. Un fardeau lourd à porter, mais j’avais besoin d’elle pour dissimuler ce que j’étais devenu. Elle se chargea de me fournir une teinture pour que mes cheveux redeviennent bruns, même si ce n’était que temporaire je ne pouvais pas rester comme ça.
Je mentirais en prétendant n’avoir jamais voulu mordre mon épouse. Mais on pouvait dire que mon amour et mon dévouement furent plus forts.
Ma « mère » veilla sur moi et m’apprit que dans l’armée ottomane il y avait des lycans, les fameux monstres dont on m’avait rapporté l’existence sans grand détail. Ces êtres sans foi, ni loi, étaient de toutes les guerres tels des chiens galeux. C’est pour cela qu’elle m’a proposé son aide, pour les repousser.
En mon absence, mes enfants avaient guidé nos forces armées avec succès. Pour mon retour, j’ai décidé de frapper fort. La nuit du 17 au 18 juin 1462, les ottomans avait dressé un campement au sud de Târgoviște. Mon plan était simple. Puisque les soldats ennemis avaient pour ordre de ne pas quitter leur tente durant la nuit, nous allions attaqué de plusieurs côtés pour tuer le sultan.
Mes hommes ont été vaillants. Ils ont semé la panique et la confusion dans tout le camp. Sauf que nous étions moins nombreux à l’arrivée. Un boyard, à qui j’avais confié une troupe, a pris peur et n’a pas donné l’assaut. L’opération échoua, car impossible de trouver le sultan. Nous nous sommes donc retirés.
J’avais malgré ça un coup d’avance. Quand le sultan vint assiéger la capitale, il la trouva vide, les portes grandes ouvertes. La route était bordée d’environ 20 000 turcs et bulgares musulmans empalés. Démoralisé, le sultan s’est retiré avec son armée. Cependant il a chargé mon frère, Radu III, de me poursuivre.
J’ai entendu des récits racontant que mon épouse est morte en tombant de la falaise au pied de la forteresse de Poenari. La supercherie avait fonctionné à merveille, car la réalité est bien moins jolie. Elle était épuisée par le siège de notre cité et l’inquiétude me concernant. Fuir était venu à bout de son moral, elle craignait d’être capturée. Elle a dit ne pas vouloir être un poids pour moi et me redonner des forces pour poursuivre le combat. Je n’eus aucun mal à comprendre où elle voulait en venir. J’ai tenté de la retenir. Sa seule réponse fut de me faire promettre de sauver nos fils de cette guerre. J’ai mis fin à ses jours, refaisant mes forces grâce à son sang. Et pour que personne ne retrouve son corps et voit les marques que j’y ai laissé, je l’ai jeté de la falaise. Ma bien-aimée. Ma Lucia adorée n’était plus. Ma rage était telle que j’ai voulu retourner au front, mais ma « mère » m’y empêcha, me ramenant à la raison.
J’ai alors fui en passant à travers les montagnes. Le petit coup de génie fut de ferrer les chevaux dans le mauvais sens. Ainsi les traces indiquaient qu’on se rendait à la forteresse et non que nous la quittions.
Le 15 août 1462, mon frère monta sur le trône.
En Hongrie, je partis à la rencontre de Matthias Corvin auprès de qui je pensais trouver secours. Hors mes excès de confiance et peut-être mes méthodes sanglantes m’ont aliéné mes alliances. Matthias avait en sa possession une fausse lettre qui me décrivait demandant pardon au sultan et désireux d’une nouvelle alliance contre la Hongrie. En tant que roi, Matthias n’eut d’autre choix que d’ordonner mon arrestation. J’ai été emprisonné à Buda, capitale de la Hongrie, durant douze ans. Honnêtement ce fut un peu comme mon enfance en tant qu’otage. J’étais bien moins libre de mes mouvements, mais pas trop contraint. J’aurais pu me sortir de là, mais je n’ai jamais rien tenté.
Et durant ma captivité, j’ai rencontré une femme qui devint ma seconde épouse Ileana, une cousine de Matthias. Comme quoi il ne m’en voulait pas personnellement. Je me demandais même s’il avait réellement cru en cette lettre ou s’il m’avait emprisonné uniquement pour la forme.
Une fois libéré, ma « mère » avait disparu et on me confia une armée hongroise avec laquelle j’ai marché vers la Bosnie. J’ai repris des villes et des forteresses. Mon ami, le roi Étienne III de Moldavie, avait repris des ports importants des mains des ottomans. J’avais bon espoir de reprendre la Valachie. J’ai retrouvé mes fils sains et saufs. Il n’avait subi aucune prison du fait de ma fausse trahison. Ils se joignirent à moi dans ma reconquête. Quant à ma femme, je l’installai à Bucarest, simple petite bourgade à l’époque. Elle y éleva notre fils Mihnea qui hérita de quelques-unes de mes particularités. Je dus donc lui expliquer ce que j’étais. Elle décida de se tenir loin de moi, abomination que je suis. Mihnea n’eut que très peu de contact avec elle, mais je lui ai trouvé une bonne nourrice. Et j’étais là lorsqu’il éprouvait une soif de sang. Ce devint très difficile de cacher notre condition à mes autres fils. Occupé à mes conquêtes, je me suis délibérément éloigné d’eux. De plus je devais vivre la nuit, donc on se croisait rarement.
Mon frère, Radu III, mourut de la syphilis en janvier 1475. Je ne fus pas ému par la nouvelle. Basarab III reprit le pouvoir. C’était le frère de Vladislav II qui était mort lors de ma seconde prise de pouvoir. Nos familles se sont toujours opposées pour le pouvoir et le feront sûrement encore dans le futur.
Fort d’une nouvelle alliance avec Étienne III, j’ai reconquis mon pays. Et le 9 novembre 1476, j’ai été réélu prince. J’ai fait de Bucarest la capitale et la ville a prospéré sous mon règne. Ce fut calme et éphémère.
Fin décembre de la même année.
J’ai été assassiné, puis décapité. Ma tête envoyée au sultan a été exposée sur un pieu comme preuve de ma mort.
Pourtant j’écris ses lignes aujourd’hui.
En cette nuit d’hiver, je savais qu’on complotait dans mon dos. Je ne voulais pas perdre ma couronne une nouvelle fois. J’étais fort et assoiffé.
Ce ne fut pas la mort qui frappa à ma porte, mais ma « mère ». Elle n’avait jamais cessé de garder un œil sur moi. Quand elle a appris qu’on allait attenter à ma vie, bien que les moyens traditionnels ne fonctionneraient pas sur moi, elle est venue à mon secours.
Selon elle, pour être tranquille, je devais renoncer définitivement à ma condition humaine. Je devais cesser de me contenter de si peu. Cesser de jouer à la guéguerre. Les êtres comme moi sont au-dessus de ça, car tous ceux qui me sont chers vont vieillir et mourir. Je finirais seul et aigri. Et ce serait trop dangereux de rester inchangé et éternel au grand jour. La tentative d’assassinat était un bon prétexte pour m’éclipser. Je ne savais pas où cela allait me mener, mais c’était pour le mieux. Ma femme et moi ne nous aimions pas. Mes fils étaient des hommes. Mihnea fut mon seul sujet d’inquiétude. J’ai donc parlé avec lui. Il a rapidement compris que l’Église en laquelle nous croyons me pourchasserait. Il m’a juré de conserver la Valachie et la couronne. Heureux et satisfait, j’ai donné ma réponse à la vampire qui m’avait créé. Elle se débarrassa de ceux qui projetaient de m’assassiner. Et en sachant le dégoût que j’inspirais à ma femme, celle-ci subit le même châtiment. Pour que ma mort présumée soit crédible, il fallut me trouver un sosie. Malheureusement ce choix se porta sur la personne la plus ressemblante : mon second fils, Vlad. J’étais incapable de le laisser aux mains d’une inconnue. C’est moi qui l’ai tué aussi proprement et rapidement que possible. Il n’a pas eu l’air de souffrir. Je ne sais même pas s’il a eu le temps de se rendre compte de ce qu’il se passait. J’étais traumatisé par mon geste, alors que j’avais déjà tué de nombreuses personnes. Dieu ne pourra jamais me pardonner ce sacrifice, s’il y avait encore un espoir de pardon.
Ma « mère » me réconforta comme elle put. Elle se chargea d’envoyer la tête aux traits défigurés au sultan. Il ne fallait pas qu’il s’aperçoive de la différence d’âge. Et pendant ce temps, j’ai chargé Mihnea de prendre soin du corps pour moi, car je ne pouvais pas être présent pour ses funérailles.
Abandonnant mes fils encore en vie, j’ai quitté la Valachie avec celle qui avait fait de moi cette créature capable de défaire ses ennemis comme sa famille. J’avais la mort dans l’âme.
Plus tard, j’ai appris que les ottomans abandonnaient toute ambition d’annexer la Valachie à leur empire. Mon combat n’avait pas été vain. Mes descendants pouvaient vivre en paix.
Malheureusement notre duo de vampire s’est tant éloigné de la Valachie que j’ai fini par ne plus pouvoir me tenir informé de ce qui advenait de ma famille. Ma créatrice s’évertua à me changer les idées en fréquentant d’autres vampires et certaines cours européennes. Des relations amicales, charnelles ou sans lendemain. Contre toute attente, je restais un soldat. J’avais mené une vie de combat perpétuel pour le pouvoir. C’était ancré au plus profond de moi.
Bon nombre d’années se sont écoulés et je ne parvenais toujours pas à m’adapter à cette nouvelle vie. Ma « mère », elle, s’était éprise d’un vampire. Nous voyagions donc à trois. Mais je restais humain dans ma conception de la famille, donc je ne vivais pas avec eux. Je me coupais du reste du monde et de mes semblables. Finir ma vie seul était une option envisagée.
De 1520 à 1523, nous vivions en Suède. La longueur de l’hiver était une commodité pour moi.
Par la même occasion, j’ai découvert une fête traditionnelle intéressante. Chaque année, ils choisissaient une jolie jeune fille pour représenter Sainte Lucie. Lucia dans leur langue. Cette fête était magnifique avec sa procession de bougies comme de petites lucioles voletant dans les ténèbres. En plus de soixante ans, c’était la première fois que je voyais quelque chose d’aussi beau. Moi qui avais été banni de la lumière depuis l’acquisition de cette force, je comprenais plus que quiconque cette envie de pourfendre les ténèbres. J’étais ému que des gens puissent vivre la même chose que moi, bien que ce ne soit que pour quelques jours par an. Chaque ville avait sa Lucia et d’une année à l’autre, elle changeait. Mon attirance fut un jour trop forte. Je voulais moi aussi cette lumière. Ce fut plus fort que moi. J’ai attiré Lucia. Dieu sait ce que je lui aurais fait si des hurlements de loups ne m’avaient pas interrompu. J’avais appris à les reconnaître : c’était ceux de lycans. J’ai donc fui en promettant à la petite que je reviendrai.
Je n’en eus jamais l’occasion, car nous avons déménagé à de très nombreuses reprises, sans jamais revenir en Suède. Je n’avais aucune idée de ce qu’il se passait, car le couple s’arrangeait toujours pour trouver des coins très isolés.
Début 1524, le couple eut des jumeaux. Des enfants blonds comme les blés. Bien qu’heureux, ils semblaient soucieux de quelque chose. Ils n’en parlaient pas. Je jugeais donc que ça ne me concernait pas. Nous nous sommes établis dans un coin perdu de la Bohème, dans une immense demeure abandonnée. Ils avaient insisté pour que je vive avec eux cette fois. Sujet à une mélancolie grandissante, je m’ennuyais comme un enfant à qui on interdisait de sortir. Et je repensais de plus en plus à ma Lucia.
La vampire proposa de m’endormir durant très longtemps pour éteindre cette tristesse et me réveiller à une époque meilleure. Je n’ai guère prêté attention à ses paroles. J’ai juste accepté parce que voir cette famille heureuse me rappelait la mienne, celle que j’avais en partie décimé.
La première fois que je me suis réveillé, j’étais dans une boîte impossible à ouvrir. La panique et la colère se sont emparées de moi. J’ai tenté de me débattre. Mais toute ma force ne vint jamais à bout de mon cercueil. Quand j’ai retrouvé mon calme, j’ai pensé à mon frère aîné qu’on avait enterré vivant et je me suis demandé si c’était le sort qui m’attendait. Dieu avait finalement trouvé un châtiment à la hauteur de mes péchés. Honnêtement la vie qu’on menait ne me plaisait guère alors je l’ai accepté. La soif m’asséchait la gorge et m’a affaibli au point d’en perdre connaissance et de repartir dans un long sommeil. Mon corps cherchait à me préserver.
À mon réveil, il n’y avait plus de couvercle au-dessus de moi. Inapte à toute réflexion, mon instinct de survie prit le dessus. Lorsque j’ai repris conscience, je me tenais debout au milieu d’un cimetière familial derrière une immense demeure abandonnée. À mes pieds, il y avait deux cadavres frais. Les tombes alentour avaient été ouvertes et des objets précieux dépassaient d’un sac. Ces deux hommes étaient sûrement des pillards. Ils ne s’étaient pas attendus à libérer un vampire affamé.
Mes vêtements abîmés par le temps et les insectes, je me suis dirigé vers la bâtisse. Une impression de déjà-vu me submergea. Et petit à petit, je me suis souvenu que j’ai vécu ici avant mon sommeil. Retrouver l’usage de mes membres et m’y retrouver dans l’espace fut périlleux. Je n’avais aucune idée de combien de temps j’avais dormi.
J’ai fini par trouver un jeune homme dans l’une des chambres de l’étage. Ses cheveux blonds comme les blés m’étaient familiers. Mais je ne reconnaissais pas ses grands yeux tristes. Il me demanda si j’avais encore faim. Non, les deux hommes m’avaient suffi. Il se présenta et ma mémoire me revint. C’était l’un des jumeaux. Nous étions le 3 novembre 1572. Vampires et lycans se livraient une guerre acharnée partout à travers le monde depuis bon nombre d’années.
Le jeune vampire m’expliqua que ses parents avaient voulu nous cacher. Ils nous avaient donc demandé de nous endormir pour nous enterrer en divers endroits. Ainsi si l’un de nous était déterré et assassiné, les autres restaient en sécurité. Elle avait joué son rôle de mère, même à mon encontre. Elle avait également confié à ses enfants où chacun était caché. Mais il m’expliqua que j’étais le seul qu’il avait retrouvé. Son jumeau n’était pas enterré à l’endroit prévu. Et il n’avait aucune idée d’où pouvaient être ses parents. L’idée d’être seul en ces temps troublés l’avait effrayé, voilà pourquoi il était venu à ma rencontre. Il s’estimait heureux d’être arrivé le même jour que ces pillards. Un peu plus et il aurait perdu ma trace aussi. Je lui ai promis que nous resterons ensemble et nous avons quitté le pays illégalement. Nous avons rejoint l’Angleterre.
L’un comme l’autre avions trop dormi pour pouvoir avoir quelques contacts. Nous étions isolés. Une situation qui me rappela une autre période de ma vie. Je devais endosser à nouveau mon rôle de chef de guerre. Pour toute armée, je n’avais que mon jeune compagnon. Mais ça ne m’effrayait pas. J’avais combattu l’armée ottomane qui avait le double, voire le triple de mes effectifs de l’époque.
Nous ne vivions jamais au même endroit plus d’une semaine. On ne choisissait que des endroits isolés que je pouvais entourer de pièges. Le jeune étant de sang pur, il pouvait rester éveillé la journée et donc surveillé les environs pendant mon repos. Nous avons vécu terré pendant très longtemps. Et un beau jour nous avons rencontré un vampire blessé qui essayait d’échapper à ses poursuivants. Il avait été séparé de son groupe. Nous l’avons donc pris avec nous le temps de le soigner. Les lycans retrouvèrent notre trace. Heureusement ils attaquèrent de nuit. Ce fut un jeu d’enfant pour moi. L’un d’eux tomba dans un de mes pièges, restant coincé le temps que je m’occupe des autres. Armé d’une épée trouvée, j’ai combattu de front ces créatures tandis que le gamin tirait des flèches à l’aide d’une arbalète depuis l’intérieur de notre abri. Je ne les ai pas tous tué. La plupart de la bande a fui. Celui qui avait été piégé a fini empalé. Et dès le lendemain nous avons changé de cachette.
Lorsque notre nouveau compagnon se porta mieux, il nous conduisit auprès du reste de son groupe qui nous accueillirent en héros. Aucun d’eux n’était soldat. Il se battait à mains nues quand il le fallait. Je leur ai donc donné une formation militaire minime. Ils surent tirer à l’arbalète et à l’arc. Le maniement de l’épée fut obligatoire. Nous sécurisions toutes nos planques dès que nous en changions. Mordus et sangs purs veillaient respectivement sur la nuit ou le jour. Ce n’était qu’un groupe de neuf vampires, mais déterminés à survivre à cette guerre. Dès le jour où nous avons pu mettre la main sur une forge, nous avons renforcé nos armes en recouvrant une face de chaque épée avec de l’argent. Ce n’était qu’une fine couche donc sans doute peu efficace, mais c’était suffisant pour affaiblir l’ennemi. Nous avions l’air de mercenaires. Et avec l’accord de tous, nous avons fini par ne plus nous contenter de se défendre. Quitte à être coincés en pleine guerre, autant attaquer. Ainsi nous nous en prenions à de petites meutes. Grâce à mon passif, je n’étais jamais pris au dépourvu.
Nos voyages nous amenèrent en Suède. Mes souvenirs me rappelèrent la douce jeune fille. Elle devait avoir une soixantaine d’années, si elle n’était pas décédée. J’avais failli à ma promesse. Je ne connaissais même pas son véritable nom, donc impossible de trouver sa tombe pour lui rendre visite. Attristé, j’ai proposé à mon groupe d’assister à la fête en toute discrétion. Je voulais revoir ce spectacle une nouvelle fois, qui savait si je n’allais pas crever durant cette guerre sans fin.
C’est là que je l’ai vu : la petite Lucia. Elle dirigeait la procession comme autrefois. Je n’en croyais pas mes yeux. La distance me faisait peut-être hallucinée, mais mon désir de la retrouver fut trop fort. À la fin de la fête, je suis allé à sa rencontre. Je dus bien admettre que ma première impression était fausse. Ce n’était pas elle, mais elles se ressemblaient. La jeune fille face à moi était toute aussi jolie. J’aurais voulu la posséder, mais l’un des vampires vint me trouver.
— Țepeș, l’Inquisition est ici !
Furieux d’être à nouveau interrompu, je n’eus pas d’autre choix que d’abandonner mon trésor. Dieu a décidé de protéger cette incarnation de la lumière coûte que coûte.
J’aurais pu l’emmener avec moi, mais il aurait été question de la partager avec les autres et je n’en avais pas envie.
Après ce petit interlude, nous avons repris le cours de notre vie jusqu’à ce que la guerre prenne fin. À l’arrivée, nous n’étions plus que sept. Nous avons perdu deux d’entre nous sur les rives du Dniepr, en Ukraine. Les vampire qui m’accompagnaient avaient tous changé avec cette foutue guerre, peu importait leur âge. La guerre étant dans mes gènes, je pense être redevenu le prince valaque que j’étais.
En parlant de la Valachie, j’ai appris que mes descendants ont fait ma fierté. Ils se sont toujours battus pour être prince. En revanche je me demande ce qu’est devenu Mihnea. Était-il encore en vie ? Je n’avais pas la possibilité de partir à sa recherche. Il y avait des vampires qui comptaient sur moi. Nous venons d'ailleurs de quitter la Hongrie, notre dernier lieu de résidence, pour gagner la France. Je me demandais ce qui allait nous attendre là-bas.
Vlad Basarab
Deux aspects par moitié se présentent, la part d’ombre et de lumière.
Plus connu en tant que Vlad III
Surnoms : Vlad Țepeș (signifiant « Vlad l’Empaleur »)
Dynastie : Drăculea (signifiant « fils du dragon »)
Sexe : masculin
Date & lieu de naissance : 1431 à Târgoviște
Date & lieu de décès : décembre 1476 à Bucarest
Âge apparent : 31 ans
Race : vampire mordu
Groupe : peuple
Métier / Fonction : aucun
Condition sociale : sans domicile fixe
Feat : Frankenstein - Noblesse
Surnoms : Vlad Țepeș (signifiant « Vlad l’Empaleur »)
Dynastie : Drăculea (signifiant « fils du dragon »)
Sexe : masculin
Date & lieu de naissance : 1431 à Târgoviște
Date & lieu de décès : décembre 1476 à Bucarest
Âge apparent : 31 ans
Race : vampire mordu
Groupe : peuple
Métier / Fonction : aucun
Condition sociale : sans domicile fixe
Feat : Frankenstein - Noblesse
Caractère
Audacieux. Confiant. Courtois. Dévoué. Fidèle. Galant. Ingénieux. Leader. Opportuniste. Patient. Rancunier. Sanguinaire. A quelques notions en langues germaniques et slaves. Toujours croyant, mais s’il faut faire quelque chose de mal ça ne le dérange pas (maintenant qu’il est vampire, il n’est plus à ça près). Très bon combattant.
">
Histoire
Je vis depuis si longtemps que je pense que mes souvenirs me feront bientôt défaut. Il me faut donc consigner mes mémoires.
J’ai déjà eu l’occasion de lire des récits me concernant. Le moins que je puisse dire est que mon passé a été aussi mouvementé qu’on le prétend, car j’ai vu le jour dans la principauté de Valachie tandis que l’Empire ottoman était en pleine expansion.
En 1442, mon jeune frère Radu III et moi-même avons été envoyés comme otage au sultan. Nous avons été retenus à Andrinople (ancienne capitale ottomane) où nous n’avons manqué de rien. C’était une belle captivité dorée. J’ai eu le droit à tout ce que mon rang de prince m’autorisait : éducation, correspondance libre, le droit à avoir des pages et des serviteurs. J’ai ainsi eu l’occasion de me faire bon nombre de relations.
L’Ordre du Dragon, dont mon père faisait parti, avait pour objectif la protection des intérêts de la chrétienté et la croisade contre les ottomans. En 1444, mon père a subi beaucoup de pression de la part du pape pour le contraindre à rejoindre une croisade. Mais il refusa, sans doute pour la sécurité de ses enfants en otage. Il fut donc délié de son serment à l’Ordre et c’est mon frère aîné qui dut partir à sa place.
Résultat : à Kaliakra, notre armée fut défaite et le gouverneur général Jean Hunyadi a fui le champ de bataille. Beaucoup d’hommes, dont mon père et mon frère aîné, l’ont rendu responsable de cette déroute.
En conflit avec Jean Hunyadi, mon père a conclu une paix moyennant le paiement d’un tribut aux ottomans durant l’été 1447. La Valachie, autrefois vassal de la Hongrie, se ferma à la monnaie hongroise et essaya de stopper tout commerce avec eux. Ce geste fut très mal accueilli. Et Jean Hunyadi organisa une expédition punitive contre mon père qui fut capturé et tué fin novembre 1447. Quant à mon frère aîné, il fut enterré vivant.
Hunyadi en profita pour nous voler la Valachie et il y plaça l’un de ses pions, Vladislav II (un valaque de la dynastie des Dǎnești et donc l’un de mes petits cousins éloignés que je ne porte pas dans mon cœur).
En apprenant tout ça, je me suis juré de venger ma famille et de reprendre ce qui nous appartenait. Je me jugeais plus apte à être prince. Mon frère n’avait pas déserté le champ de bataille en abandonnant ses hommes et mon père avait tout fait pour la paix de notre pays.
Il ne m’a pas fallu attendre bien longtemps. Octobre de l’année suivante, j’avais 17 ans.
Vladislav II s’absenta de la Valachie pour prêter main forte à Hunyadi au Kosovo. Avec l’audace de mon jeune âge, une troupe de cavalerie turque et un contingent de troupes prêtées par le pacha, j’ai repris mon pays. Et le 19 novembre, je montai sur le trône. Ça n’a hélas pas duré. En février 1450, Vladislav II reprit le pouvoir et je me suis exilé en Moldavie où je me suis lié d’amitié avec le futur Étienne III, prince de Moldavie.
En 1452, j’ai épousé une femme Lucia avec qui j’ai eu deux fils : Mihail et Vlad.
En 1453, la chute de Constantinople aux mains des Turcs bouleversa beaucoup la situation. Ce ne fut plus le moment de faire la fine bouche pour les chrétiens. Ils recrutèrent de l’aide partout où il le pouvait. C’est ainsi que ce benêt de Jean Hunyadi me confia une armée pour défendre la Valachie et la Transylvanie. L’occasion était trop belle !
Avec l’aide de boyards valaques, je repris à nouveau le trône de Valachie. J’ai écrasé et tué Vladislav II au combat en août 1456. Ce fut la chose la plus jouissive qui m’eut été donnée de faire depuis bien longtemps. Il ne risquait plus de revenir au moins.
J’ai régné pendant six ans, consolidant mon pouvoir en centralisant l’autorité. J’achetais ou éliminais tous les boyards qui tentaient de me déstabiliser.
Durant ce second règne, j’étais le plus heureux des hommes. Ma Lucia adorée à mes côtés, je me sentais invincible. Et mes fils étaient ma fierté.
J’avais une telle confiance aveugle en mes alliances que j’ai fini par briser la paix avec les ottomans, ne leur payant plus aucun tribut. À quoi bon puisque je comptais leur foutre mon pied au cul !
Début 1462, Matthias Corvin, roi de Hongrie, me promit de participer à une expédition contre les Turcs. Lors d’une campagne sur le Danube, nous avons tué plus de 30 000 hommes. Quelle fierté d’enfin pouvoir bouter ces salauds hors de nos terres. Cependant je perdis l’allégeance de mon petit frère, Radu III, et je me suis attiré la colère du sultan qui voulut annexer la Valachie. Il est venu avec une immense armée, bien supérieur à la mienne. Ça s’annonçait mal.
Bel euphémisme !
Dans le même temps, je reçus des rapports au sujet de monstres qui décimaient notre campagne. Impossible de savoir s’ils étaient avec les ottomans ou si c’était d’autres envahisseurs qui en profitaient pour tout mettre à sac. J’ai ordonné l’évacuation de la population et des animaux vers les montagnes pour les sauver de ces choses et aussi pour que l’armée du sultan ne trouve plus rien à manger, ni à boire sur la route vers la capitale. Mes hommes étaient organisés en petits groupes mobiles et flexibles pour pratiquer une guerre de harcèlement et d’embuscades. Pas question de se perdre dans un affrontement frontal.
Nous avons même envoyé des personnes porteuses de maladies mortelles pour diminuer l’armée turque. Et ça a fonctionné.
Manque de chance. Je suis tombé malade durant cette période. C’est ce que nous avons fait croire. En réalité j’ai rencontré une créature nocturne. Elle venait m’offrir la puissance dont j’avais besoin pour défendre mon territoire. En bon chrétien, cette proposition semblait digne d’une hérésie. Mais au vu de l’armée qui me faisait face, j’ai cru que Dieu nous avait abandonné. J’ai donc accepté sans poser de question. Aujourd’hui encore je ne sais pas si c’était une erreur.
La créature n’était pas comme les monstres dont on m’avait parlé. Elle était parfaitement humaine et même d’une très grande beauté. Toutefois elle avait des crocs effilés dont elle se servit pour voler mon sang. J’ai cru mourir. La créature interdit à ma famille de m’approcher car j’étais contagieux. Elle se faisait passer pour mon nouveau médecin. Une fois mon mal passé, je dus appréhender cette nouvelle condition et surtout ma nouvelle apparence. Mes cheveux sont passés du brun au blond et mes yeux devinrent bleus. On aurait dit de la sorcellerie, mais la femme m’assura que ça n’avait rien à voir. Selon elle, j’étais devenu plus beau. J’eus du mal à comprendre et ma Lucia aussi. Mon épouse fut la seule à qui j’ai révélé ce qui m’était arrivé. Un fardeau lourd à porter, mais j’avais besoin d’elle pour dissimuler ce que j’étais devenu. Elle se chargea de me fournir une teinture pour que mes cheveux redeviennent bruns, même si ce n’était que temporaire je ne pouvais pas rester comme ça.
Je mentirais en prétendant n’avoir jamais voulu mordre mon épouse. Mais on pouvait dire que mon amour et mon dévouement furent plus forts.
Ma « mère » veilla sur moi et m’apprit que dans l’armée ottomane il y avait des lycans, les fameux monstres dont on m’avait rapporté l’existence sans grand détail. Ces êtres sans foi, ni loi, étaient de toutes les guerres tels des chiens galeux. C’est pour cela qu’elle m’a proposé son aide, pour les repousser.
En mon absence, mes enfants avaient guidé nos forces armées avec succès. Pour mon retour, j’ai décidé de frapper fort. La nuit du 17 au 18 juin 1462, les ottomans avait dressé un campement au sud de Târgoviște. Mon plan était simple. Puisque les soldats ennemis avaient pour ordre de ne pas quitter leur tente durant la nuit, nous allions attaqué de plusieurs côtés pour tuer le sultan.
Mes hommes ont été vaillants. Ils ont semé la panique et la confusion dans tout le camp. Sauf que nous étions moins nombreux à l’arrivée. Un boyard, à qui j’avais confié une troupe, a pris peur et n’a pas donné l’assaut. L’opération échoua, car impossible de trouver le sultan. Nous nous sommes donc retirés.
J’avais malgré ça un coup d’avance. Quand le sultan vint assiéger la capitale, il la trouva vide, les portes grandes ouvertes. La route était bordée d’environ 20 000 turcs et bulgares musulmans empalés. Démoralisé, le sultan s’est retiré avec son armée. Cependant il a chargé mon frère, Radu III, de me poursuivre.
J’ai entendu des récits racontant que mon épouse est morte en tombant de la falaise au pied de la forteresse de Poenari. La supercherie avait fonctionné à merveille, car la réalité est bien moins jolie. Elle était épuisée par le siège de notre cité et l’inquiétude me concernant. Fuir était venu à bout de son moral, elle craignait d’être capturée. Elle a dit ne pas vouloir être un poids pour moi et me redonner des forces pour poursuivre le combat. Je n’eus aucun mal à comprendre où elle voulait en venir. J’ai tenté de la retenir. Sa seule réponse fut de me faire promettre de sauver nos fils de cette guerre. J’ai mis fin à ses jours, refaisant mes forces grâce à son sang. Et pour que personne ne retrouve son corps et voit les marques que j’y ai laissé, je l’ai jeté de la falaise. Ma bien-aimée. Ma Lucia adorée n’était plus. Ma rage était telle que j’ai voulu retourner au front, mais ma « mère » m’y empêcha, me ramenant à la raison.
J’ai alors fui en passant à travers les montagnes. Le petit coup de génie fut de ferrer les chevaux dans le mauvais sens. Ainsi les traces indiquaient qu’on se rendait à la forteresse et non que nous la quittions.
Le 15 août 1462, mon frère monta sur le trône.
En Hongrie, je partis à la rencontre de Matthias Corvin auprès de qui je pensais trouver secours. Hors mes excès de confiance et peut-être mes méthodes sanglantes m’ont aliéné mes alliances. Matthias avait en sa possession une fausse lettre qui me décrivait demandant pardon au sultan et désireux d’une nouvelle alliance contre la Hongrie. En tant que roi, Matthias n’eut d’autre choix que d’ordonner mon arrestation. J’ai été emprisonné à Buda, capitale de la Hongrie, durant douze ans. Honnêtement ce fut un peu comme mon enfance en tant qu’otage. J’étais bien moins libre de mes mouvements, mais pas trop contraint. J’aurais pu me sortir de là, mais je n’ai jamais rien tenté.
Et durant ma captivité, j’ai rencontré une femme qui devint ma seconde épouse Ileana, une cousine de Matthias. Comme quoi il ne m’en voulait pas personnellement. Je me demandais même s’il avait réellement cru en cette lettre ou s’il m’avait emprisonné uniquement pour la forme.
Une fois libéré, ma « mère » avait disparu et on me confia une armée hongroise avec laquelle j’ai marché vers la Bosnie. J’ai repris des villes et des forteresses. Mon ami, le roi Étienne III de Moldavie, avait repris des ports importants des mains des ottomans. J’avais bon espoir de reprendre la Valachie. J’ai retrouvé mes fils sains et saufs. Il n’avait subi aucune prison du fait de ma fausse trahison. Ils se joignirent à moi dans ma reconquête. Quant à ma femme, je l’installai à Bucarest, simple petite bourgade à l’époque. Elle y éleva notre fils Mihnea qui hérita de quelques-unes de mes particularités. Je dus donc lui expliquer ce que j’étais. Elle décida de se tenir loin de moi, abomination que je suis. Mihnea n’eut que très peu de contact avec elle, mais je lui ai trouvé une bonne nourrice. Et j’étais là lorsqu’il éprouvait une soif de sang. Ce devint très difficile de cacher notre condition à mes autres fils. Occupé à mes conquêtes, je me suis délibérément éloigné d’eux. De plus je devais vivre la nuit, donc on se croisait rarement.
Mon frère, Radu III, mourut de la syphilis en janvier 1475. Je ne fus pas ému par la nouvelle. Basarab III reprit le pouvoir. C’était le frère de Vladislav II qui était mort lors de ma seconde prise de pouvoir. Nos familles se sont toujours opposées pour le pouvoir et le feront sûrement encore dans le futur.
Fort d’une nouvelle alliance avec Étienne III, j’ai reconquis mon pays. Et le 9 novembre 1476, j’ai été réélu prince. J’ai fait de Bucarest la capitale et la ville a prospéré sous mon règne. Ce fut calme et éphémère.
Fin décembre de la même année.
J’ai été assassiné, puis décapité. Ma tête envoyée au sultan a été exposée sur un pieu comme preuve de ma mort.
Pourtant j’écris ses lignes aujourd’hui.
En cette nuit d’hiver, je savais qu’on complotait dans mon dos. Je ne voulais pas perdre ma couronne une nouvelle fois. J’étais fort et assoiffé.
Ce ne fut pas la mort qui frappa à ma porte, mais ma « mère ». Elle n’avait jamais cessé de garder un œil sur moi. Quand elle a appris qu’on allait attenter à ma vie, bien que les moyens traditionnels ne fonctionneraient pas sur moi, elle est venue à mon secours.
Selon elle, pour être tranquille, je devais renoncer définitivement à ma condition humaine. Je devais cesser de me contenter de si peu. Cesser de jouer à la guéguerre. Les êtres comme moi sont au-dessus de ça, car tous ceux qui me sont chers vont vieillir et mourir. Je finirais seul et aigri. Et ce serait trop dangereux de rester inchangé et éternel au grand jour. La tentative d’assassinat était un bon prétexte pour m’éclipser. Je ne savais pas où cela allait me mener, mais c’était pour le mieux. Ma femme et moi ne nous aimions pas. Mes fils étaient des hommes. Mihnea fut mon seul sujet d’inquiétude. J’ai donc parlé avec lui. Il a rapidement compris que l’Église en laquelle nous croyons me pourchasserait. Il m’a juré de conserver la Valachie et la couronne. Heureux et satisfait, j’ai donné ma réponse à la vampire qui m’avait créé. Elle se débarrassa de ceux qui projetaient de m’assassiner. Et en sachant le dégoût que j’inspirais à ma femme, celle-ci subit le même châtiment. Pour que ma mort présumée soit crédible, il fallut me trouver un sosie. Malheureusement ce choix se porta sur la personne la plus ressemblante : mon second fils, Vlad. J’étais incapable de le laisser aux mains d’une inconnue. C’est moi qui l’ai tué aussi proprement et rapidement que possible. Il n’a pas eu l’air de souffrir. Je ne sais même pas s’il a eu le temps de se rendre compte de ce qu’il se passait. J’étais traumatisé par mon geste, alors que j’avais déjà tué de nombreuses personnes. Dieu ne pourra jamais me pardonner ce sacrifice, s’il y avait encore un espoir de pardon.
Ma « mère » me réconforta comme elle put. Elle se chargea d’envoyer la tête aux traits défigurés au sultan. Il ne fallait pas qu’il s’aperçoive de la différence d’âge. Et pendant ce temps, j’ai chargé Mihnea de prendre soin du corps pour moi, car je ne pouvais pas être présent pour ses funérailles.
Abandonnant mes fils encore en vie, j’ai quitté la Valachie avec celle qui avait fait de moi cette créature capable de défaire ses ennemis comme sa famille. J’avais la mort dans l’âme.
Plus tard, j’ai appris que les ottomans abandonnaient toute ambition d’annexer la Valachie à leur empire. Mon combat n’avait pas été vain. Mes descendants pouvaient vivre en paix.
Malheureusement notre duo de vampire s’est tant éloigné de la Valachie que j’ai fini par ne plus pouvoir me tenir informé de ce qui advenait de ma famille. Ma créatrice s’évertua à me changer les idées en fréquentant d’autres vampires et certaines cours européennes. Des relations amicales, charnelles ou sans lendemain. Contre toute attente, je restais un soldat. J’avais mené une vie de combat perpétuel pour le pouvoir. C’était ancré au plus profond de moi.
Bon nombre d’années se sont écoulés et je ne parvenais toujours pas à m’adapter à cette nouvelle vie. Ma « mère », elle, s’était éprise d’un vampire. Nous voyagions donc à trois. Mais je restais humain dans ma conception de la famille, donc je ne vivais pas avec eux. Je me coupais du reste du monde et de mes semblables. Finir ma vie seul était une option envisagée.
De 1520 à 1523, nous vivions en Suède. La longueur de l’hiver était une commodité pour moi.
Par la même occasion, j’ai découvert une fête traditionnelle intéressante. Chaque année, ils choisissaient une jolie jeune fille pour représenter Sainte Lucie. Lucia dans leur langue. Cette fête était magnifique avec sa procession de bougies comme de petites lucioles voletant dans les ténèbres. En plus de soixante ans, c’était la première fois que je voyais quelque chose d’aussi beau. Moi qui avais été banni de la lumière depuis l’acquisition de cette force, je comprenais plus que quiconque cette envie de pourfendre les ténèbres. J’étais ému que des gens puissent vivre la même chose que moi, bien que ce ne soit que pour quelques jours par an. Chaque ville avait sa Lucia et d’une année à l’autre, elle changeait. Mon attirance fut un jour trop forte. Je voulais moi aussi cette lumière. Ce fut plus fort que moi. J’ai attiré Lucia. Dieu sait ce que je lui aurais fait si des hurlements de loups ne m’avaient pas interrompu. J’avais appris à les reconnaître : c’était ceux de lycans. J’ai donc fui en promettant à la petite que je reviendrai.
Je n’en eus jamais l’occasion, car nous avons déménagé à de très nombreuses reprises, sans jamais revenir en Suède. Je n’avais aucune idée de ce qu’il se passait, car le couple s’arrangeait toujours pour trouver des coins très isolés.
Début 1524, le couple eut des jumeaux. Des enfants blonds comme les blés. Bien qu’heureux, ils semblaient soucieux de quelque chose. Ils n’en parlaient pas. Je jugeais donc que ça ne me concernait pas. Nous nous sommes établis dans un coin perdu de la Bohème, dans une immense demeure abandonnée. Ils avaient insisté pour que je vive avec eux cette fois. Sujet à une mélancolie grandissante, je m’ennuyais comme un enfant à qui on interdisait de sortir. Et je repensais de plus en plus à ma Lucia.
La vampire proposa de m’endormir durant très longtemps pour éteindre cette tristesse et me réveiller à une époque meilleure. Je n’ai guère prêté attention à ses paroles. J’ai juste accepté parce que voir cette famille heureuse me rappelait la mienne, celle que j’avais en partie décimé.
La première fois que je me suis réveillé, j’étais dans une boîte impossible à ouvrir. La panique et la colère se sont emparées de moi. J’ai tenté de me débattre. Mais toute ma force ne vint jamais à bout de mon cercueil. Quand j’ai retrouvé mon calme, j’ai pensé à mon frère aîné qu’on avait enterré vivant et je me suis demandé si c’était le sort qui m’attendait. Dieu avait finalement trouvé un châtiment à la hauteur de mes péchés. Honnêtement la vie qu’on menait ne me plaisait guère alors je l’ai accepté. La soif m’asséchait la gorge et m’a affaibli au point d’en perdre connaissance et de repartir dans un long sommeil. Mon corps cherchait à me préserver.
À mon réveil, il n’y avait plus de couvercle au-dessus de moi. Inapte à toute réflexion, mon instinct de survie prit le dessus. Lorsque j’ai repris conscience, je me tenais debout au milieu d’un cimetière familial derrière une immense demeure abandonnée. À mes pieds, il y avait deux cadavres frais. Les tombes alentour avaient été ouvertes et des objets précieux dépassaient d’un sac. Ces deux hommes étaient sûrement des pillards. Ils ne s’étaient pas attendus à libérer un vampire affamé.
Mes vêtements abîmés par le temps et les insectes, je me suis dirigé vers la bâtisse. Une impression de déjà-vu me submergea. Et petit à petit, je me suis souvenu que j’ai vécu ici avant mon sommeil. Retrouver l’usage de mes membres et m’y retrouver dans l’espace fut périlleux. Je n’avais aucune idée de combien de temps j’avais dormi.
J’ai fini par trouver un jeune homme dans l’une des chambres de l’étage. Ses cheveux blonds comme les blés m’étaient familiers. Mais je ne reconnaissais pas ses grands yeux tristes. Il me demanda si j’avais encore faim. Non, les deux hommes m’avaient suffi. Il se présenta et ma mémoire me revint. C’était l’un des jumeaux. Nous étions le 3 novembre 1572. Vampires et lycans se livraient une guerre acharnée partout à travers le monde depuis bon nombre d’années.
Le jeune vampire m’expliqua que ses parents avaient voulu nous cacher. Ils nous avaient donc demandé de nous endormir pour nous enterrer en divers endroits. Ainsi si l’un de nous était déterré et assassiné, les autres restaient en sécurité. Elle avait joué son rôle de mère, même à mon encontre. Elle avait également confié à ses enfants où chacun était caché. Mais il m’expliqua que j’étais le seul qu’il avait retrouvé. Son jumeau n’était pas enterré à l’endroit prévu. Et il n’avait aucune idée d’où pouvaient être ses parents. L’idée d’être seul en ces temps troublés l’avait effrayé, voilà pourquoi il était venu à ma rencontre. Il s’estimait heureux d’être arrivé le même jour que ces pillards. Un peu plus et il aurait perdu ma trace aussi. Je lui ai promis que nous resterons ensemble et nous avons quitté le pays illégalement. Nous avons rejoint l’Angleterre.
L’un comme l’autre avions trop dormi pour pouvoir avoir quelques contacts. Nous étions isolés. Une situation qui me rappela une autre période de ma vie. Je devais endosser à nouveau mon rôle de chef de guerre. Pour toute armée, je n’avais que mon jeune compagnon. Mais ça ne m’effrayait pas. J’avais combattu l’armée ottomane qui avait le double, voire le triple de mes effectifs de l’époque.
Nous ne vivions jamais au même endroit plus d’une semaine. On ne choisissait que des endroits isolés que je pouvais entourer de pièges. Le jeune étant de sang pur, il pouvait rester éveillé la journée et donc surveillé les environs pendant mon repos. Nous avons vécu terré pendant très longtemps. Et un beau jour nous avons rencontré un vampire blessé qui essayait d’échapper à ses poursuivants. Il avait été séparé de son groupe. Nous l’avons donc pris avec nous le temps de le soigner. Les lycans retrouvèrent notre trace. Heureusement ils attaquèrent de nuit. Ce fut un jeu d’enfant pour moi. L’un d’eux tomba dans un de mes pièges, restant coincé le temps que je m’occupe des autres. Armé d’une épée trouvée, j’ai combattu de front ces créatures tandis que le gamin tirait des flèches à l’aide d’une arbalète depuis l’intérieur de notre abri. Je ne les ai pas tous tué. La plupart de la bande a fui. Celui qui avait été piégé a fini empalé. Et dès le lendemain nous avons changé de cachette.
Lorsque notre nouveau compagnon se porta mieux, il nous conduisit auprès du reste de son groupe qui nous accueillirent en héros. Aucun d’eux n’était soldat. Il se battait à mains nues quand il le fallait. Je leur ai donc donné une formation militaire minime. Ils surent tirer à l’arbalète et à l’arc. Le maniement de l’épée fut obligatoire. Nous sécurisions toutes nos planques dès que nous en changions. Mordus et sangs purs veillaient respectivement sur la nuit ou le jour. Ce n’était qu’un groupe de neuf vampires, mais déterminés à survivre à cette guerre. Dès le jour où nous avons pu mettre la main sur une forge, nous avons renforcé nos armes en recouvrant une face de chaque épée avec de l’argent. Ce n’était qu’une fine couche donc sans doute peu efficace, mais c’était suffisant pour affaiblir l’ennemi. Nous avions l’air de mercenaires. Et avec l’accord de tous, nous avons fini par ne plus nous contenter de se défendre. Quitte à être coincés en pleine guerre, autant attaquer. Ainsi nous nous en prenions à de petites meutes. Grâce à mon passif, je n’étais jamais pris au dépourvu.
Nos voyages nous amenèrent en Suède. Mes souvenirs me rappelèrent la douce jeune fille. Elle devait avoir une soixantaine d’années, si elle n’était pas décédée. J’avais failli à ma promesse. Je ne connaissais même pas son véritable nom, donc impossible de trouver sa tombe pour lui rendre visite. Attristé, j’ai proposé à mon groupe d’assister à la fête en toute discrétion. Je voulais revoir ce spectacle une nouvelle fois, qui savait si je n’allais pas crever durant cette guerre sans fin.
C’est là que je l’ai vu : la petite Lucia. Elle dirigeait la procession comme autrefois. Je n’en croyais pas mes yeux. La distance me faisait peut-être hallucinée, mais mon désir de la retrouver fut trop fort. À la fin de la fête, je suis allé à sa rencontre. Je dus bien admettre que ma première impression était fausse. Ce n’était pas elle, mais elles se ressemblaient. La jeune fille face à moi était toute aussi jolie. J’aurais voulu la posséder, mais l’un des vampires vint me trouver.
— Țepeș, l’Inquisition est ici !
Furieux d’être à nouveau interrompu, je n’eus pas d’autre choix que d’abandonner mon trésor. Dieu a décidé de protéger cette incarnation de la lumière coûte que coûte.
J’aurais pu l’emmener avec moi, mais il aurait été question de la partager avec les autres et je n’en avais pas envie.
Après ce petit interlude, nous avons repris le cours de notre vie jusqu’à ce que la guerre prenne fin. À l’arrivée, nous n’étions plus que sept. Nous avons perdu deux d’entre nous sur les rives du Dniepr, en Ukraine. Les vampire qui m’accompagnaient avaient tous changé avec cette foutue guerre, peu importait leur âge. La guerre étant dans mes gènes, je pense être redevenu le prince valaque que j’étais.
En parlant de la Valachie, j’ai appris que mes descendants ont fait ma fierté. Ils se sont toujours battus pour être prince. En revanche je me demande ce qu’est devenu Mihnea. Était-il encore en vie ? Je n’avais pas la possibilité de partir à sa recherche. Il y avait des vampires qui comptaient sur moi. Nous venons d'ailleurs de quitter la Hongrie, notre dernier lieu de résidence, pour gagner la France. Je me demandais ce qui allait nous attendre là-bas.
Derrière l'écran
Pseudo : Thi
Âge : 31
Comment as-tu trouvé le forum ? Je connais des gens qui connaissent des gens…
Quelques mots à nous dire ? ///
Pseudo : Thi
Âge : 31
Comment as-tu trouvé le forum ? Je connais des gens qui connaissent des gens…
Quelques mots à nous dire ? ///
Jeu 7 Jan - 0:15
Hhhh, tu crois qu'on peut tomber amoureux combien de fois ? Non parce que là je crois que j'ai la preuve que y'aura jamais trop de fois.
Bienvenue.
Bienvenue.
Jeu 7 Jan - 12:54
AAAAH MAIS QUELLE BEAUTE JE-
J'ai relu toute la fiche pour le simple plaisir de le faire car ta plume a su me captiver. Bienvenu parmi nous
J'ai relu toute la fiche pour le simple plaisir de le faire car ta plume a su me captiver. Bienvenu parmi nous
Jeu 7 Jan - 12:58
Bravo tu es validé !
Le grand moment est enfin arrivé
UNE SOMMITÉ VAMPIRIQUE PARMI NOUS AAAAAAAH!
J'ai réellement adoré ton interprétation du personnage et la manière dont la vie ne lui a pas fait de cadeau même s'il parvient toujours à se relever. Hâte de voir ce qu'il va devenir, notre cher commandant vampire!
En attendant tu peux déjà aller recenser sa trogne et commencer l'administratif de ton bébé juste là. BIENVENUE
J'ai réellement adoré ton interprétation du personnage et la manière dont la vie ne lui a pas fait de cadeau même s'il parvient toujours à se relever. Hâte de voir ce qu'il va devenir, notre cher commandant vampire!
En attendant tu peux déjà aller recenser sa trogne et commencer l'administratif de ton bébé juste là. BIENVENUE