Enfin chez le marquis.

Il avait fallu une dizaine de jours pour atteindre la demeure du Marquis de Velay au Duc de Bourgogne. L'héritière, des de Montçulat avait été enlevée par un noble voisin et un mariage forcé pourrait avoir lieu à tout moment. De plus, la lettre contenait de nombreux éléments démontrant que l'affaire devait être réglée au plus vite.

Philippe ignorait encore les tenants et aboutissant de cette affaire. Il lui fallait plus d'information. Si les lois de Sa Majesté avaient véritablement été bafouées, la Cour de la Reine serait au courant et les autorités auraient sans aucun doute agi. Il y avait sans doute plus qu'une simple histoire d'enlèvement. Le Duc ne pouvait se rendre sur les terres du noble accusé sans rien savoir ce qui s'était passer. La réputation de conseiller du monarque de Philippe pourrait être entachée s'il prenait des décisions hâtives.

Si arrivé chez le marquis, Philippe croisait un employé de la maison, il se contenterait de dire :

"Je suis Philippe de Bourgogne. J'ai rendez-vous avec le Marquis, pourriez-vous le prévenir de mon arrivée ?"

"Je veux bien une tasse, marquis."

Le ton de Philippe était neutre, voire froid. Le comportement du marquis était particulièrement énervent. Le duc appréciait la politesse et le respect de la hiérarchie, mais le manque d'amour propre de monsieur de Montluçat frôlait le ridicule. S'il paraissait si faible, ce n'était guère étonnant que ses voisins profites de lui. Philippe était presque sûr qu'il en aurait fait de même.

Cependant, aujourd'hui, il devrait aider cet homme pathétique pour son bien personnel. La chute du marquisat lui était défavorable sur l'échiquier politique. De plus, si les lois du Royaume avait été violé, il se devait, en féal serviteur de la Reine, d'agir.

Après que le marquis lui ait servi une tasse de thé, et en attendant qu'elle refroidisse, le duc de Bourgogne commença son enquête.

"On m'a informé qu'un de vos voisins avait agit contre vous, et a enlevé votre fille. Je suis ici pour en apprendre plus. Pourquoi ne pas avoir prévenu les garants de la loi de sa Majesté ?"

Inutile de prendre des pincettes. S'il cachait quelque chose, il ferait mieux de cracher le morceau immédiatement.

Le marquis donna les informations que Philippe désirait. La peur de la honte ? S’il tenait tant à sa fille, il devrait l’outrepasser. Enfin, peu importait réellement au duc. Il devait l’aider. Pas seulement pour avoir la reconnaissance de ce noble de pacotille, il attendait aussi une véritable récompense.

Cependant, la disparition d’homme de main et de mercenaire ne plus pas réellement à Philippe. Il n’avait rien d’un combattant. Et si des… ‘‘professionnels’’ avaient réellement péri en tentant de la délivrer, il était évident que le duc ne pouvait faire de même. Il tenterait alors ses approches de prédilections : la diplomatie et le complot.

« Je vois… »

Sirotant son thé, le duc enregistra chaque information que le marquis venait de lui donner.

« Pouvez-vous me donner le nom de votre fille ? ainsi que celui de son… ravisseur, je vous prie. »

Après la réponse de monsieur de Montluçât, le duc enchaîna sur une seconde question.

« En parlant de ce noble… pour quelle raison avez-vous refusé en premier lieu cette union ? Est-elle si désavantageuse pour votre marquisat ? »

Marlène de Montçulât et monsieur de Troyes. Très bien, en réalité le prénom de la fille ne lui rapportait pas plus d’information, mais au moins, il savait qui était le ravisseur.

Lorsqu’il apprit les raisons pour lequel de Montçulât n’avait pas uni sa fille au Marquis de Troyes, pour la première fois depuis le début de la conversation, le marquis de Velay remontait un peu dans l’estime de Philippe.

« En effet. C’est bien naturel pour un père de vouloir le mieux pour ses enfants. »

Terminant sa tasse de thé, le duc continua, de manière à ce que sa voix ne porte pas aux oreilles de son hôte.

« Cela aurait été plus simple si le maquis était l’un de mes vassaux… »

Se plaignait en un soupir le Duc de Bourgogne.
Le marquis de Troyes risquait d’être un problème. Philippe n’avait aucune emprise formel ou informel sur lui. Certes, son titre lui était supérieur, mais rien ne prouvait que de Troyes y serait réceptif.

« De quelles allégations parlez-vous ? »

Une fois que le marquis répondit, le duc se leva, posa doucement la tasse. Et remercia d’un geste simple, mais formel, l’homme.

« Si vous n’avez pas d’autres informations, même si elles vous semblent mineures, à me donner, je vais me rendre au marquisat de Troyes. »

Une fois la demeure du marquis quitté, le Duc prit la direction de Troyes.
En passant par le comté de Tonnere, Philippe comptait bien demander au comte quelques-uns de ses hommes pour m’accompagner. Ça et une confirmation quant aux… rumeurs dont lui avait parler monsieur de Montçulât.

Le Duc de Bourgogne se rendit alors au comté d’Auxerre.

Le comté de Tonerre était bien trop proche de marquisat de Troyes. Même si le comte était l’un des vassaux de Philippe, il était très certainement influé, même de façon mineure, par monsieur de Troyes.

C’était peut-être aussi le cas pour le comte d’Auxerre, mais sans nul doute de façon moindre.

Arrivé dans le comté d’Auxerre, le Duc se rendit chez son vassal. Il avait pour objectif de confirmer les rumeurs dont lui avait parler le marquis, mais aussi pour prendre quelques hommes de mains.
Mieux valait faire attention, si l’homme était si violent, mieux valait pour lui prendre quelques… dispositions.