Jeu 4 Mar - 19:53
En cette soirée pluvieuse, Hermance était en route pour une énième réception mondaine. Il n’était pas peu dire qu’elle passait sa vie à ça ! Elle observait la pluie tomber durant le trajet. Et surtout elle le surveillait. Cet homme qu’elle était persuadée d’avoir vu à son arrivée à Paris. « Où pouvait-il bien se terrer ? » était une question qui revenait en boucle dans son esprit jusqu’au jour où elle apprit l’existence de cet avis de recherche. Elle avait fait un bond, car elle refusait que quelqu’un d’autre lui mette la main dessus. Si tant est que cet avis le concernait bien… Ainsi elle chargea un de ses domestiques de surveiller cette histoire de près et de lui rapporter tout avancement de l’affaire. Pour elle, il ne faisait aucun doute que c’était ce vampire dont il s’agissait. Un criminel restait tel quel, peu importait le temps qui passait.
À destination, Hermance se composa un visage « festif » et attendit qu’on vienne lui ouvrir la portière. La baronne fut abritée sous une pelisse pour la conduire jusqu’à la porte de la maison au sec. Heureusement on lui ouvrit rapidement la porte et son cocher n’eut qu’à repartir avec la pelisse. Hermance fut conduite à la salle de réception. Il n’y avait rien de mieux qu’une maison pour recevoir du monde. Elle avait bien vu les limites de son appartement. Peut-être devait-elle envisager d’acheter une maison ? Elle y réfléchirait plus tard. Pour l’heure elle fit son entrée. Le dos bien droit, un sourire amical sur le visage, elle salua la comtesse qui venait à elle. C’était une femme bien portante, épouse du propriétaire des lieux. Évidemment Hermance fut amenée vers un premier groupe d’individus. Elle connaissait certains des invités, mais d’autres étaient de parfaits inconnus. Elle s’empressa donc de demander les noms et titres de chacun. Ses « amis » la taquinèrent au sujet de son empressement de se trouver un bon parti. Il était vrai que le dernier prétendant en date n’était que baron et Hermance avait fait vite de décliner sa proposition. Il était hors de question qu’elle stagne à ce rang. Elle cherchait un vicomte ou mieux encore un comte. Regarder plus haut lui donnerait trop de mal. Les marquis et ducs étaient trop hauts placés sur l’échelle sociale pour ne serait-ce que dénier étudier sa proposition.
Après ce petit tour d’horizon, commencèrent enfin les festivités. Pour la d’Ailly en tout cas. Tel un papillon, elle virevoltait vers les invités. Échangeant des compliments avec les dames, discutant sérieusement du contexte parisien avec ces messieurs, plaisantant avec les femmes et taquinant les hommes. Hermance était joueuse, divertissante et mystérieuse. Personne ne savait réellement de quelle famille elle venait avant son mariage avec le défunt baron d’Ailly. Cela n’enlevait rien à son charme. Et très vite, tous ceux qui ne la connaissaient pas à leur arrivée surent qui elle était.
Un éventail à la main, elle s’éventait au rythme des conversations. Un moment ennuyeux et l’objet cessait de s’agiter. Un rire et l’éventail se secouait frénétiquement comme s’il pouvait l’aider à respirer. Tout n’était que calcul incessant, ça allait de son rire au choix des sujets de conversation. Même la présence d’un accessoire aussi anodin que son éventail était préméditée avec soin.
À destination, Hermance se composa un visage « festif » et attendit qu’on vienne lui ouvrir la portière. La baronne fut abritée sous une pelisse pour la conduire jusqu’à la porte de la maison au sec. Heureusement on lui ouvrit rapidement la porte et son cocher n’eut qu’à repartir avec la pelisse. Hermance fut conduite à la salle de réception. Il n’y avait rien de mieux qu’une maison pour recevoir du monde. Elle avait bien vu les limites de son appartement. Peut-être devait-elle envisager d’acheter une maison ? Elle y réfléchirait plus tard. Pour l’heure elle fit son entrée. Le dos bien droit, un sourire amical sur le visage, elle salua la comtesse qui venait à elle. C’était une femme bien portante, épouse du propriétaire des lieux. Évidemment Hermance fut amenée vers un premier groupe d’individus. Elle connaissait certains des invités, mais d’autres étaient de parfaits inconnus. Elle s’empressa donc de demander les noms et titres de chacun. Ses « amis » la taquinèrent au sujet de son empressement de se trouver un bon parti. Il était vrai que le dernier prétendant en date n’était que baron et Hermance avait fait vite de décliner sa proposition. Il était hors de question qu’elle stagne à ce rang. Elle cherchait un vicomte ou mieux encore un comte. Regarder plus haut lui donnerait trop de mal. Les marquis et ducs étaient trop hauts placés sur l’échelle sociale pour ne serait-ce que dénier étudier sa proposition.
Après ce petit tour d’horizon, commencèrent enfin les festivités. Pour la d’Ailly en tout cas. Tel un papillon, elle virevoltait vers les invités. Échangeant des compliments avec les dames, discutant sérieusement du contexte parisien avec ces messieurs, plaisantant avec les femmes et taquinant les hommes. Hermance était joueuse, divertissante et mystérieuse. Personne ne savait réellement de quelle famille elle venait avant son mariage avec le défunt baron d’Ailly. Cela n’enlevait rien à son charme. Et très vite, tous ceux qui ne la connaissaient pas à leur arrivée surent qui elle était.
Un éventail à la main, elle s’éventait au rythme des conversations. Un moment ennuyeux et l’objet cessait de s’agiter. Un rire et l’éventail se secouait frénétiquement comme s’il pouvait l’aider à respirer. Tout n’était que calcul incessant, ça allait de son rire au choix des sujets de conversation. Même la présence d’un accessoire aussi anodin que son éventail était préméditée avec soin.
Sam 6 Mar - 12:49
Hermance feignait une petite indifférence la plupart des fois où on lui présentait quelqu’un. Elle le faisait exprès. Cependant lorsque apparut cet homme, son instinct s’éveilla sous forme d’attirance et de méfiance. Attirance car, oui, l’homme en question était loin d’être laid. Et méfiance car il était rare que quelqu’un « l’attire ». Hermance n’était pas femme à céder à la tentation juste par beauté. Cette attraction était donc due à autre chose. La jeune femme l’observa s’éloigner, puis se tourna aussitôt vers les personnes en sa compagnie.
— Dites-m’en plus sur cet homme.
— Voyons, Madame, déclara un homme avec un rire amusé. C’est un marquis. N’imaginez pas qu’il va vous considérer comme une épouse potentielle.
La remarque fit rire les autres. Hermance esquissa un faux sourire. À croquer tous les hommes et femmes qui lui tombaient sous la main, les gens venaient à penser qu’elle était incapable de s’intéresser à quelqu’un de façon moins intime. Hermance n’eut pas le temps de répliquer qu’une femme prit la parole.
— De plus il est beaucoup trop jeune pour vous. Vous savez bien que ce genre de choses ne se fait pas.
Refermant son éventail d’un claquement sec, la baronne leur tourna le dos sans un mot. Et dès son départ, elle entendit les murmures. « Elle n’a pas froid aux yeux de mirer sur un marquis ! » « Et plus jeune ! » « Et puis quoi encore ? Elle ne veut pas se marier avec le jeune prince tant qu’elle y est. » Des rires moqueurs. Mais Hermance n’en avait cure. S’il savait tout ce qu’elle était capable de faire pour obtenir ce qu’elle désirait, ils prendraient garde à leur parole. Même supporter un gamin de douze ans serait une affaire surmontable pour ses ambitions.
Approchant un autre petit groupe d’invités, elle entama la conversation sur divers sujets avant de ramener le marquis de Sercey sur le tapis. Apparemment il était aussi intriguant qu’il en avait l’air. Il se montrait peu aux festivités et c’était une chance de le voir ce soir. Le marquis était soit disant très occupé par son travail. Hermance n’en doutait pas bien sûr. Depuis qu’elle était seule à gérer son maigre domaine, c’était bien des heures de travail sans intérêt qui l’attendaient chaque jours. Pour un marquis, elle n’osait imaginer ce que cela donnait. Les quelques informations qu’elle glana ne lui apportèrent pas satisfaction. Elle comprit alors qu’elle allait devoir être plus directe.
Repérant le marquis seul, Hermance s’avança droit vers lui. L’éventail toujours fermé et tenu entre ses deux mains fermes, elle avait bien l’intention de découvrir qui était cet homme. Et surtout s’il aurait une quelconque utilité. Mais plus elle s’en approchait et plus son instinct se mettait en alerte. La louve, bien qu’enchaînée et muselée, avait relevé la truffe. Peu de chose faisait moufter l’animal en temps normal. C’était bien la preuve que quelque chose clochait avec cet homme. Elle le salua en retour, s’inclinant plus bas que lui.
— Nous nous rencontrons à peine et vous me flattez déjà. Quel jeune homme délicieux, vous faites !
Un rire très léger lui échappa, son éventail rapidement déplié vint masquer ses lèvres. Contrairement à la plupart des dames, Hermance n’avait pas été élevée avec un corset. Sa taille n’avait donc rien à voir avec celles des autres. Et même lorsqu’elle fut ramassée par son riche commerçant, elle n’avait jamais revêtu cet accessoire. Il préférait les filles qui n’étaient pas étriquées…
De nos jours, la baronne était plutôt en avance sur son temps en matière de mode. Les corsets qu’elle portait ne serrait pas à l’en étouffer. Même ses robes étaient ajustées pour s’adapter à sa morphologie, sa poitrine généreuse n’étant pas écrasée. En cela la dame était très différente et cela faisait jaser.
— J’y suis habituée et j’y prends toujours beaucoup de plaisir. Merci de vous en soucier.
En effet. On pouvait la critiquer en société. Hermance savait qu’en réalité elle était enviée et désirée. Voilà pourquoi tout ce qu’elle entendait l’amusait.
— En revanche, vous semblez indisposé. Vous sentez-vous bien ? Souhaitez-vous que je demande un verre ?
La baronne aimerait elle aussi un verre d’ailleurs. Enfin pas qu’un… Sa constitution naturelle faisait qu’elle supportait bien l’alcool.
— J’espère que ce n’est pas ma présence qui vous incommode, plaisanta-t-elle.
— Dites-m’en plus sur cet homme.
— Voyons, Madame, déclara un homme avec un rire amusé. C’est un marquis. N’imaginez pas qu’il va vous considérer comme une épouse potentielle.
La remarque fit rire les autres. Hermance esquissa un faux sourire. À croquer tous les hommes et femmes qui lui tombaient sous la main, les gens venaient à penser qu’elle était incapable de s’intéresser à quelqu’un de façon moins intime. Hermance n’eut pas le temps de répliquer qu’une femme prit la parole.
— De plus il est beaucoup trop jeune pour vous. Vous savez bien que ce genre de choses ne se fait pas.
Refermant son éventail d’un claquement sec, la baronne leur tourna le dos sans un mot. Et dès son départ, elle entendit les murmures. « Elle n’a pas froid aux yeux de mirer sur un marquis ! » « Et plus jeune ! » « Et puis quoi encore ? Elle ne veut pas se marier avec le jeune prince tant qu’elle y est. » Des rires moqueurs. Mais Hermance n’en avait cure. S’il savait tout ce qu’elle était capable de faire pour obtenir ce qu’elle désirait, ils prendraient garde à leur parole. Même supporter un gamin de douze ans serait une affaire surmontable pour ses ambitions.
Approchant un autre petit groupe d’invités, elle entama la conversation sur divers sujets avant de ramener le marquis de Sercey sur le tapis. Apparemment il était aussi intriguant qu’il en avait l’air. Il se montrait peu aux festivités et c’était une chance de le voir ce soir. Le marquis était soit disant très occupé par son travail. Hermance n’en doutait pas bien sûr. Depuis qu’elle était seule à gérer son maigre domaine, c’était bien des heures de travail sans intérêt qui l’attendaient chaque jours. Pour un marquis, elle n’osait imaginer ce que cela donnait. Les quelques informations qu’elle glana ne lui apportèrent pas satisfaction. Elle comprit alors qu’elle allait devoir être plus directe.
Repérant le marquis seul, Hermance s’avança droit vers lui. L’éventail toujours fermé et tenu entre ses deux mains fermes, elle avait bien l’intention de découvrir qui était cet homme. Et surtout s’il aurait une quelconque utilité. Mais plus elle s’en approchait et plus son instinct se mettait en alerte. La louve, bien qu’enchaînée et muselée, avait relevé la truffe. Peu de chose faisait moufter l’animal en temps normal. C’était bien la preuve que quelque chose clochait avec cet homme. Elle le salua en retour, s’inclinant plus bas que lui.
— Nous nous rencontrons à peine et vous me flattez déjà. Quel jeune homme délicieux, vous faites !
Un rire très léger lui échappa, son éventail rapidement déplié vint masquer ses lèvres. Contrairement à la plupart des dames, Hermance n’avait pas été élevée avec un corset. Sa taille n’avait donc rien à voir avec celles des autres. Et même lorsqu’elle fut ramassée par son riche commerçant, elle n’avait jamais revêtu cet accessoire. Il préférait les filles qui n’étaient pas étriquées…
De nos jours, la baronne était plutôt en avance sur son temps en matière de mode. Les corsets qu’elle portait ne serrait pas à l’en étouffer. Même ses robes étaient ajustées pour s’adapter à sa morphologie, sa poitrine généreuse n’étant pas écrasée. En cela la dame était très différente et cela faisait jaser.
— J’y suis habituée et j’y prends toujours beaucoup de plaisir. Merci de vous en soucier.
En effet. On pouvait la critiquer en société. Hermance savait qu’en réalité elle était enviée et désirée. Voilà pourquoi tout ce qu’elle entendait l’amusait.
— En revanche, vous semblez indisposé. Vous sentez-vous bien ? Souhaitez-vous que je demande un verre ?
La baronne aimerait elle aussi un verre d’ailleurs. Enfin pas qu’un… Sa constitution naturelle faisait qu’elle supportait bien l’alcool.
— J’espère que ce n’est pas ma présence qui vous incommode, plaisanta-t-elle.
Dim 7 Mar - 16:06
Si Hermance savait qui était l’homme face à elle, son intérêt déchanterait très rapidement. S’il y avait des gens dont elle ne voulait plus s’approcher, c’était ceux comme Gabriel. Les loups.
Mais très loin de se douter de quoique ce soit, elle écoutait les mots charmants qu’il lui adressait. Ce pouvait être mensonger qu’elle ne s’en vexerait pas. Tout le monde mentait ici, même un peu. Et elle ne faisait pas exception.
— Oh. Je suis navrée que vous ne puissiez vous reposer chez vous. Je peux comprendre qu’il vous soit difficile de supporter telle soirée.
Ainsi c’était un militaire. Des hommes souvent ennuyeux d’après l’expérience qu’elle en avait. Ce détail ne jouait guère en sa faveur. Le marquis n’eut pas à s’en faire, Hermance ne se méprit pas sur son compte. Servir son pays était un concept bien ennuyeux et propre aux gradés. Elle s’éventa brièvement comme pour chasser tout ceci loin d’elle. Heureusement il ne s’éternisa pas sur le sujet.
Elle l’observa récupérer des verres et revenir vers elle. Elle sourit en le remerciant et récupéra le verre qu’il lui tendait. Voilà comment elle supportait les lenteurs et longueurs des fêtes ennuyeuses. Même pour elle, toutes les réceptions n’étaient pas amusantes. Avalant une brève gorgée, un air de réflexion marqua son visage.
— Je ne suis qu’une femme ennuyeuse.
Contrairement à lui, elle n’avait pas de travail à temps plein. Toutefois une idée lui traversa l’esprit. Elle posa sur lui ce regard particulier qui vous détaillait des pieds à la tête.
— Je peins des portraits ou des scènes entre deux ou trois protagonistes. Je me contente de les offrir à mes modèles de temps en temps. Les vendre est impossible. Personne n’en voudrait. Ce n’est qu’un passe-temps un peu fantasque.
Et ce n’était pas peu dire. Rien que pour trouver de nouveaux modèles ce devenait de plus en plus difficile. Si elle en faisait commerce, elle aurait très vite l’Église et tous les bien-pensants sur le dos. Puisqu’elle en parlait, pourquoi ne pas tenter le diable une fois de plus ? Après tout c’était son domaine de prédilection.
— Je serai curieuse d’avoir votre avis. Malgré votre jeune âge, vous semblez avisé. Vous pourriez tout aussi bien me surprendre et trouver mon loisir incongru.
Le marquis semblait avoir une bonne stature et d'agréables proportions, ce pouvait rendre bien sur une toile. S’il acceptait bien sûr. Hermance ne pouvait pas l’y forcer, ni même le préparer à ce qu’il verrait s’il concevait d’y jeter un œil. C’était ce qui rendait le défi amusant.
Mais très loin de se douter de quoique ce soit, elle écoutait les mots charmants qu’il lui adressait. Ce pouvait être mensonger qu’elle ne s’en vexerait pas. Tout le monde mentait ici, même un peu. Et elle ne faisait pas exception.
— Oh. Je suis navrée que vous ne puissiez vous reposer chez vous. Je peux comprendre qu’il vous soit difficile de supporter telle soirée.
Ainsi c’était un militaire. Des hommes souvent ennuyeux d’après l’expérience qu’elle en avait. Ce détail ne jouait guère en sa faveur. Le marquis n’eut pas à s’en faire, Hermance ne se méprit pas sur son compte. Servir son pays était un concept bien ennuyeux et propre aux gradés. Elle s’éventa brièvement comme pour chasser tout ceci loin d’elle. Heureusement il ne s’éternisa pas sur le sujet.
Elle l’observa récupérer des verres et revenir vers elle. Elle sourit en le remerciant et récupéra le verre qu’il lui tendait. Voilà comment elle supportait les lenteurs et longueurs des fêtes ennuyeuses. Même pour elle, toutes les réceptions n’étaient pas amusantes. Avalant une brève gorgée, un air de réflexion marqua son visage.
— Je ne suis qu’une femme ennuyeuse.
Contrairement à lui, elle n’avait pas de travail à temps plein. Toutefois une idée lui traversa l’esprit. Elle posa sur lui ce regard particulier qui vous détaillait des pieds à la tête.
— Je peins des portraits ou des scènes entre deux ou trois protagonistes. Je me contente de les offrir à mes modèles de temps en temps. Les vendre est impossible. Personne n’en voudrait. Ce n’est qu’un passe-temps un peu fantasque.
Et ce n’était pas peu dire. Rien que pour trouver de nouveaux modèles ce devenait de plus en plus difficile. Si elle en faisait commerce, elle aurait très vite l’Église et tous les bien-pensants sur le dos. Puisqu’elle en parlait, pourquoi ne pas tenter le diable une fois de plus ? Après tout c’était son domaine de prédilection.
— Je serai curieuse d’avoir votre avis. Malgré votre jeune âge, vous semblez avisé. Vous pourriez tout aussi bien me surprendre et trouver mon loisir incongru.
Le marquis semblait avoir une bonne stature et d'agréables proportions, ce pouvait rendre bien sur une toile. S’il acceptait bien sûr. Hermance ne pouvait pas l’y forcer, ni même le préparer à ce qu’il verrait s’il concevait d’y jeter un œil. C’était ce qui rendait le défi amusant.
Jeu 11 Mar - 15:15
Si elle avait dit être ennuyeuse, c’était par fausse modestie. Elle ne le pensait absolument pas bien sûr. Et puis elle avait tous ses « amis » pour lui prouver comme elle était amusante, charmante, talentueuse, parfaite… On le lui avait bien dit cela en effet. Dans un cadre plus privé par contre.
L’air perplexe du marquis fit rire Hermance. Elle expliqua alors qu’elle trouvait ses peintures indignes d’être vendues. C’était vrai pour plusieurs raisons, notamment car elle ne désirait pas être jugée. La peinture était son seul loisir, la seule chose qui échappait à sa propre avidité. Elle voulait donc le garder intact, rien que pour elle. Et en même elle appréciait exposer certaines de ses toiles chez elle, à la vue des invités. Son affection pour cet art était dissonant.
— Ne vous en faites pas. Pour tout vous dire, je ne suis pas une connaisseuse non plus. J’ai connu un peintre à jour qui m’a fait essayé. Depuis j’ai pris goût au dessin sans penser que j’avais un don, ni même m’intéresser particulièrement aux autres artistes. C’est venu comme ça, de façon inexplicable.
Pas tout à fait. Hermance aurait volontiers avoué que cet artiste avait un agréable coup de pinceau. C’était lui qui l’avait initié au genre dans lequel elle se retrouvait à présent. Exposer sa nudité aux yeux d’un inconnu était la meilleure manière d’abandonner son armure et d’être tel que tout à chacun doit être : soi-même. Elle but une nouvelle gorgée d’alcool. Petite gorgée, car c’était une dame.
— Vos mots m’honorent à la seule idée que vous puissiez vous intéresser à mon loisir.
Inclinant brièvement la tête, son magnifique sourire est vite caché derrière l’éventail dans une pudeur timide. Comme si elle pouvait encore se permettre de ressentir telle gêne.
— Oh. Une dizaine d’années, je pense.
À vrai dire elle en avait un peu perdu le fil depuis le temps. Ce pouvait être plus. C’était à peine si elle se souciait d’un détail comme son âge alors s’inquiéter du nombre d’années de pratique, elle s’en fichait pas mal. Toutefois elle avait le sens des réalités. Elle savait quel âge elle semblait avoir, donc elle n’allait certainement pas lui dire de manière extravagante qu’elle peignait depuis trente ans par exemple.
— Les deux. Mais je préfère les scènes. C’est tellement plus intéressant et difficile de saisir les émotions du sujet.
Surtout quand il était soi-même difficile de se concentrer dessus. Un sourire rêveur se dessina sur ses lèvres en repensant à cette femme particulièrement habile de sa langue… Voici un des souvenirs impérissables que la baronne chérissait et qu’elle n’avait pu connaître que grâce à son envie de peindre.
— Dites-moi, avec votre emploi du temps si chargé, vous trouvez le temps de vous changer l’esprit ? Je veux dire avec un loisir ou quelque chose que vous appréciez faire.
La main légère sur son verre fit un nouvel aller-retour jusqu’à ses lèvres. Son regard curieux détaillait les traits du visage du marquis dont elle essayait de deviner diverses expressions. Elle se figurait déjà en train de le peindre. Il était clair qu’elle allait très vite en besogne, mais cela lui faisait passer le temps tandis qu’ils s’éternisaient en discussion banale à souhait.
L’air perplexe du marquis fit rire Hermance. Elle expliqua alors qu’elle trouvait ses peintures indignes d’être vendues. C’était vrai pour plusieurs raisons, notamment car elle ne désirait pas être jugée. La peinture était son seul loisir, la seule chose qui échappait à sa propre avidité. Elle voulait donc le garder intact, rien que pour elle. Et en même elle appréciait exposer certaines de ses toiles chez elle, à la vue des invités. Son affection pour cet art était dissonant.
— Ne vous en faites pas. Pour tout vous dire, je ne suis pas une connaisseuse non plus. J’ai connu un peintre à jour qui m’a fait essayé. Depuis j’ai pris goût au dessin sans penser que j’avais un don, ni même m’intéresser particulièrement aux autres artistes. C’est venu comme ça, de façon inexplicable.
Pas tout à fait. Hermance aurait volontiers avoué que cet artiste avait un agréable coup de pinceau. C’était lui qui l’avait initié au genre dans lequel elle se retrouvait à présent. Exposer sa nudité aux yeux d’un inconnu était la meilleure manière d’abandonner son armure et d’être tel que tout à chacun doit être : soi-même. Elle but une nouvelle gorgée d’alcool. Petite gorgée, car c’était une dame.
— Vos mots m’honorent à la seule idée que vous puissiez vous intéresser à mon loisir.
Inclinant brièvement la tête, son magnifique sourire est vite caché derrière l’éventail dans une pudeur timide. Comme si elle pouvait encore se permettre de ressentir telle gêne.
— Oh. Une dizaine d’années, je pense.
À vrai dire elle en avait un peu perdu le fil depuis le temps. Ce pouvait être plus. C’était à peine si elle se souciait d’un détail comme son âge alors s’inquiéter du nombre d’années de pratique, elle s’en fichait pas mal. Toutefois elle avait le sens des réalités. Elle savait quel âge elle semblait avoir, donc elle n’allait certainement pas lui dire de manière extravagante qu’elle peignait depuis trente ans par exemple.
— Les deux. Mais je préfère les scènes. C’est tellement plus intéressant et difficile de saisir les émotions du sujet.
Surtout quand il était soi-même difficile de se concentrer dessus. Un sourire rêveur se dessina sur ses lèvres en repensant à cette femme particulièrement habile de sa langue… Voici un des souvenirs impérissables que la baronne chérissait et qu’elle n’avait pu connaître que grâce à son envie de peindre.
— Dites-moi, avec votre emploi du temps si chargé, vous trouvez le temps de vous changer l’esprit ? Je veux dire avec un loisir ou quelque chose que vous appréciez faire.
La main légère sur son verre fit un nouvel aller-retour jusqu’à ses lèvres. Son regard curieux détaillait les traits du visage du marquis dont elle essayait de deviner diverses expressions. Elle se figurait déjà en train de le peindre. Il était clair qu’elle allait très vite en besogne, mais cela lui faisait passer le temps tandis qu’ils s’éternisaient en discussion banale à souhait.
Dim 14 Mar - 19:03
Sa curiosité n’était pas feinte. Les activités du marquis pouvaient lui en apprendre beaucoup sur son compte. Elle se retint de justesse de grincer des dents lorsqu’elle obtint la réponse. À ses yeux la chasse n’était qu’une activité sauvage où on se salissait pour peu de choses. La baronne ne pouvait pas nier se prêter à l’exercice de temps en temps parce qu’elle n’avait pas le choix. C’était plus une contrainte qu’un jeu de se transformer en animal pour dépenser son trop plein d’énergie. Cette femme si précieuse ne pouvait pas cauchemarder pire calvaire que celui-ci. Se frotter aux arbres, courir dans la boue, planter ses crocs dans de la chair crue…
Enfin le marquis devait plutôt parler de vénerie. Cet exercice masculin durant lequel les hommes regardaient leur chien poursuivre un animal afin de l’acculer pour finalement le tuer. Tout ce qu’il y avait de plus « spirituel » comme pratique.
Somme toute, cette réponse déplut à Hermance. Elle regrettait de ne pouvoir s’intéresser à son passe-temps. Dans l’absolu, elle le pourrait. Il lui en manquait seulement l’envie et aussi l’envie de faire semblant.
— Il vous manque probablement les bons amis pour pouvoir chasser sur les terres parisiennes. Je suis certaine que vous pourriez vous faire aisément invité.
Pour ce qu’il en montrait en ce moment, c’était un jeune homme charmant. Ni envahissant, ni présomptueux. Hermance se permit de rire faiblement.
— Vous dites cela pour ne pas que je vous force la main, avouez !
Soit, elle n’en ferait rien, même si elle était curieuse de savoir quel horrible musicien il faisait. Et puis même pour l’écouter hésiter ou se tromper, c’était intéressant voire amusant. Après tout Hermance ne prétendait pas ne pas commettre d’erreur dans ses peintures. Certains maîtres s’arracheraient sûrement les cheveux avec sa technique apprise sur le tas. Contrairement à ce que la baronne laissait paraître, elle aimait l’imperfection chez les gens.
Elle allait ouvrir la bouche pour apporter un nouveau sujet de conversation comme toute bonne dame savait le faire, mais elle fut coupée par une impertinente incapable de voir qu’Hermance se plaisait en cette agréable compagnie.
— Madame la baronne, voici où vous étiez cachés ! Je vous en prie, venez. Nous avons tant de choses à nous raconter.
Hermance tourna son visage vers cette femme. Le sourire était là, mais ses yeux n’affichaient pas la même expression. Un bon observateur verrait l’absence des rides d’expression sur le coin externe de l’œil. Ses paupières s’étaient affaissées pour rendre son regard perçant. Elle lui paierait cher cette intervention. La baronne accepta de la rejoindre à contre cœur, puis elle se tourna vers le marquis. Son regard changea du tout au tout, redevenant amical lorsqu’il se posa sur lui.
— Le devoir m’appelle, je le crains. Monsieur le marquis, salua-t-elle.
Elle accompagna la parole d’une révérence, puis s’éloigna en se demandant ce que cette truie pouvait bien lui vouloir. Elle n’avait pas été invitée a la dernière mondanité de Hermance, elle voulait probablement savoir ce qui s’y était passé. Toujours à l’affût de potins. La baronne se montrerait très avare. Si elle ne l’avait pas invité, ce n’était pas pour lui raconter tout ça après coup.
Enfin le marquis devait plutôt parler de vénerie. Cet exercice masculin durant lequel les hommes regardaient leur chien poursuivre un animal afin de l’acculer pour finalement le tuer. Tout ce qu’il y avait de plus « spirituel » comme pratique.
Somme toute, cette réponse déplut à Hermance. Elle regrettait de ne pouvoir s’intéresser à son passe-temps. Dans l’absolu, elle le pourrait. Il lui en manquait seulement l’envie et aussi l’envie de faire semblant.
— Il vous manque probablement les bons amis pour pouvoir chasser sur les terres parisiennes. Je suis certaine que vous pourriez vous faire aisément invité.
Pour ce qu’il en montrait en ce moment, c’était un jeune homme charmant. Ni envahissant, ni présomptueux. Hermance se permit de rire faiblement.
— Vous dites cela pour ne pas que je vous force la main, avouez !
Soit, elle n’en ferait rien, même si elle était curieuse de savoir quel horrible musicien il faisait. Et puis même pour l’écouter hésiter ou se tromper, c’était intéressant voire amusant. Après tout Hermance ne prétendait pas ne pas commettre d’erreur dans ses peintures. Certains maîtres s’arracheraient sûrement les cheveux avec sa technique apprise sur le tas. Contrairement à ce que la baronne laissait paraître, elle aimait l’imperfection chez les gens.
Elle allait ouvrir la bouche pour apporter un nouveau sujet de conversation comme toute bonne dame savait le faire, mais elle fut coupée par une impertinente incapable de voir qu’Hermance se plaisait en cette agréable compagnie.
— Madame la baronne, voici où vous étiez cachés ! Je vous en prie, venez. Nous avons tant de choses à nous raconter.
Hermance tourna son visage vers cette femme. Le sourire était là, mais ses yeux n’affichaient pas la même expression. Un bon observateur verrait l’absence des rides d’expression sur le coin externe de l’œil. Ses paupières s’étaient affaissées pour rendre son regard perçant. Elle lui paierait cher cette intervention. La baronne accepta de la rejoindre à contre cœur, puis elle se tourna vers le marquis. Son regard changea du tout au tout, redevenant amical lorsqu’il se posa sur lui.
— Le devoir m’appelle, je le crains. Monsieur le marquis, salua-t-elle.
Elle accompagna la parole d’une révérence, puis s’éloigna en se demandant ce que cette truie pouvait bien lui vouloir. Elle n’avait pas été invitée a la dernière mondanité de Hermance, elle voulait probablement savoir ce qui s’y était passé. Toujours à l’affût de potins. La baronne se montrerait très avare. Si elle ne l’avait pas invité, ce n’était pas pour lui raconter tout ça après coup.
Jeu 18 Mar - 22:49
Après avoir raconté quelques détails futiles à la noble, Hermance l’avait fui. Ce ne fut hélas pas suffisant. Elle dut la fuir tout la temps. Mais quelle insupportable mégère ! S’éloigner d’elle ne la décourageait pas. Hermance serrait les dents bien sûr. Une énième approche fit se raidir les muscles de la baronne. Elle en avait mal à la nuque. Roulant lentement de la tête pour se délier, une envie de meurtre la prit à la gorge. Ce serait entièrement de sa faute s’il lui arrivait prochainement un accident…
Cédant au besoin de s’échapper, la d’Ailly s’esquiva sous prétexte de devoir répondre à un besoin naturel. Et aussitôt elle quitta le grand salon. La porte à peine franchie, elle soupira lourdement. Partir si tôt l’ennuierait. Elle se détacha de la porte et partit trouver un endroit où passer la plupart de la soirée jusqu’à pouvoir revenir et rentrer chez elle presque aussitôt.
Hermance passa une porte et fut surprise de trouver quelqu’un ici présent. Elle eut dans l’idée de s’en aller sans dire un mot, n’étant absolument pas d’humeur pour quelques convenances. Son mouvement fut pourtant arrêté en reconnaissant le marquis. Elle ne pouvait plus se sauver maintenant qu’il l’avait vu. Elle tenta de se reconstituer un sourire, en vain. Éventail replié et serré fermement dans sa main, elle n’avait pas envie de faire le moindre effort. Mais elle le devait. Pas de révérence cette fois-ci, juste une inclinaison brève de la tête.
— Vous savez sûrement mieux que quiconque comme une femme peut être persistante.
Il avait du charme. La gente féminine n’avait sûrement de cesse de lui tourner autour. Hermance entra plus avant et soupira lourdement malgré sa compagnie.
— Épuisée de faire semblant.
C’était exactement cela. Son masque était devenu trop lourd et la louve avait été sur le point de se libérer de ses chaînes. Elle aurait pu gronder, hurler ou mordre si Hermance n’avait pas réagi en conséquence. La louve était un animal sauvage contrairement à elle. Se retournant enfin vers le marquis, elle retint cet autre soupire et comprit qu’il n’était sûrement pas là pour discuter.
— Excusez-moi de vous avoir dérangé. Vous étiez ici le premier.
Première fissure sur le masque, la louve retrouvait la vue sur le monde extérieur pour la première fois depuis longtemps. Avait-elle besoin de se dégourdir pour s’être fragilisée si vite ? Ne voulant pas que cet homme la voie ainsi, elle détourna la tête sur le côté et pressa le pas vers la sortie.
— Je vous laisse.
Son empressement était palpable. Son inconfort aussi. Solitude, où étais-tu ? Un léger grondement au fond de sa gorge. La louve reniflait et se méfiait.
Cédant au besoin de s’échapper, la d’Ailly s’esquiva sous prétexte de devoir répondre à un besoin naturel. Et aussitôt elle quitta le grand salon. La porte à peine franchie, elle soupira lourdement. Partir si tôt l’ennuierait. Elle se détacha de la porte et partit trouver un endroit où passer la plupart de la soirée jusqu’à pouvoir revenir et rentrer chez elle presque aussitôt.
Hermance passa une porte et fut surprise de trouver quelqu’un ici présent. Elle eut dans l’idée de s’en aller sans dire un mot, n’étant absolument pas d’humeur pour quelques convenances. Son mouvement fut pourtant arrêté en reconnaissant le marquis. Elle ne pouvait plus se sauver maintenant qu’il l’avait vu. Elle tenta de se reconstituer un sourire, en vain. Éventail replié et serré fermement dans sa main, elle n’avait pas envie de faire le moindre effort. Mais elle le devait. Pas de révérence cette fois-ci, juste une inclinaison brève de la tête.
— Vous savez sûrement mieux que quiconque comme une femme peut être persistante.
Il avait du charme. La gente féminine n’avait sûrement de cesse de lui tourner autour. Hermance entra plus avant et soupira lourdement malgré sa compagnie.
— Épuisée de faire semblant.
C’était exactement cela. Son masque était devenu trop lourd et la louve avait été sur le point de se libérer de ses chaînes. Elle aurait pu gronder, hurler ou mordre si Hermance n’avait pas réagi en conséquence. La louve était un animal sauvage contrairement à elle. Se retournant enfin vers le marquis, elle retint cet autre soupire et comprit qu’il n’était sûrement pas là pour discuter.
— Excusez-moi de vous avoir dérangé. Vous étiez ici le premier.
Première fissure sur le masque, la louve retrouvait la vue sur le monde extérieur pour la première fois depuis longtemps. Avait-elle besoin de se dégourdir pour s’être fragilisée si vite ? Ne voulant pas que cet homme la voie ainsi, elle détourna la tête sur le côté et pressa le pas vers la sortie.
— Je vous laisse.
Son empressement était palpable. Son inconfort aussi. Solitude, où étais-tu ? Un léger grondement au fond de sa gorge. La louve reniflait et se méfiait.
Mar 23 Mar - 14:57
Son verre. Cela faisait longtemps que Hermance l’avait abandonné. Vide, bien entendu. Et lorsque le marquis la quitta, elle ne suivit pas son conseil et préféra s’accroupir. De toute manière sa robe ne lui permettait pas de s’asseoir sur une simple chaise. Il n’y avait pas assez de place. Repliée sur elle-même, le front contre ses genoux, elle se sentait fatiguée tout à coup. Vidée de son énergie.
Elle resta ainsi de longues minutes à « essorer » son esprit. C’était un de ces moments où Hermance détestait la terre entière, détestait ce qu’elle était. En réalité, elle pourrait assouvir ses désirs d’un coup de mâchoire. Si seulement elle se laissait aller.
Pourquoi s’entêter à jouer à des jeux d’humains faibles et ignorants ?
D’un mouvement brusque, durant lequel elle faillit perdre l’équilibre, elle se remit debout sur ses pieds. Elle avait besoin d’air. Rapidement, elle approcha la fenêtre et allait pour l’ouvrir en grand. Son geste s’interrompit quand elle posa son regard d’or sur son reflet.
Le maquillage, les bijoux, les robes, tout ça n’était que superflu. Ce n’était pas une réalité qui lui apporterait ce dont elle avait besoin. Mais elle refusait de le reconnaître. Elle refusait d’admettre que son avidité cachait simplement le trou béant dans sa poitrine. Aucun sourire, aucune flatterie et aucune relation (peu importe sa nature) ne le comblerait. Elle tuait la louve à petit feu. Elle se tuait à petit feu.
Ne le supportant plus, elle arracha son collier pour le laisser choir au sol dans un bruit de perles qui roulaient au sol. Puis elle ouvrit la fenêtre en grand. L’air frais qui s’engouffra d’un coup la fit papillonner des yeux. Le vent projeta des gouttelettes d’eau sur elle, mais elle ne recula pas. Elle ne se cacha pas. Les mains agrippées sur le cadre en bois, elle laissait le froid la faire trembler. Elle semblait ses bras se hérisser à cause de la chair de poule. Finalement vivre à Paris n’était peut-être pas la meilleure des idées. Elle envisageait de repartir en Normandie, dans son château. Quelques jours de calme où elle pourrait être elle-même. Voilà ce dont elle avait besoin.
Reprenant ses esprits, elle referma brutalement la fenêtre. Son reflet était dans un triste état. Son maquillage avait coulé comme si elle avait pleuré. Elle sortit un mouchoir en tissu pour s’essuyer le visage. Certaines traces furent effacées, d’autres plus étalées. Quelle catastrophe ! Qu’allait-elle faire désormais ? Elle ne pouvait pas se représenter devant les autres dans cet état. Le pire fut de voir ses auréoles sur sa robe. Ce n’était que de la pluie mais cela faisait très négligé.
Alors qu’elle se fustigeait de sa folie passagère, elle entendit un bruit de porte et se figea. Quelqu’un allait la voir. Que faire ? Le temps sembla s’être suspendu. L’obscurité et son immobilité n’avait pas signalé sa présence. Puis il y eut cette voix basse que Hermance reconnut sans mal. Il fallait que ce soit lui.
— O-oui, oui…
Sans vraiment se tourner, elle tenta de se glisser en dehors du raie de lumière de la fenêtre. Elle se faisait toutefois de faux espoirs. Le sol était marqué de quelques gouttes de pluie et l’air ambiant s’était rafraîchi. La dame se replia dans un coin obscur pour cacher sa bêtise et son visage bouleversé. La femme si sûre d’elle et imposante de charisme n’était plus. Elle s’était totalement effacée.
Elle resta ainsi de longues minutes à « essorer » son esprit. C’était un de ces moments où Hermance détestait la terre entière, détestait ce qu’elle était. En réalité, elle pourrait assouvir ses désirs d’un coup de mâchoire. Si seulement elle se laissait aller.
Pourquoi s’entêter à jouer à des jeux d’humains faibles et ignorants ?
D’un mouvement brusque, durant lequel elle faillit perdre l’équilibre, elle se remit debout sur ses pieds. Elle avait besoin d’air. Rapidement, elle approcha la fenêtre et allait pour l’ouvrir en grand. Son geste s’interrompit quand elle posa son regard d’or sur son reflet.
Le maquillage, les bijoux, les robes, tout ça n’était que superflu. Ce n’était pas une réalité qui lui apporterait ce dont elle avait besoin. Mais elle refusait de le reconnaître. Elle refusait d’admettre que son avidité cachait simplement le trou béant dans sa poitrine. Aucun sourire, aucune flatterie et aucune relation (peu importe sa nature) ne le comblerait. Elle tuait la louve à petit feu. Elle se tuait à petit feu.
Ne le supportant plus, elle arracha son collier pour le laisser choir au sol dans un bruit de perles qui roulaient au sol. Puis elle ouvrit la fenêtre en grand. L’air frais qui s’engouffra d’un coup la fit papillonner des yeux. Le vent projeta des gouttelettes d’eau sur elle, mais elle ne recula pas. Elle ne se cacha pas. Les mains agrippées sur le cadre en bois, elle laissait le froid la faire trembler. Elle semblait ses bras se hérisser à cause de la chair de poule. Finalement vivre à Paris n’était peut-être pas la meilleure des idées. Elle envisageait de repartir en Normandie, dans son château. Quelques jours de calme où elle pourrait être elle-même. Voilà ce dont elle avait besoin.
Reprenant ses esprits, elle referma brutalement la fenêtre. Son reflet était dans un triste état. Son maquillage avait coulé comme si elle avait pleuré. Elle sortit un mouchoir en tissu pour s’essuyer le visage. Certaines traces furent effacées, d’autres plus étalées. Quelle catastrophe ! Qu’allait-elle faire désormais ? Elle ne pouvait pas se représenter devant les autres dans cet état. Le pire fut de voir ses auréoles sur sa robe. Ce n’était que de la pluie mais cela faisait très négligé.
Alors qu’elle se fustigeait de sa folie passagère, elle entendit un bruit de porte et se figea. Quelqu’un allait la voir. Que faire ? Le temps sembla s’être suspendu. L’obscurité et son immobilité n’avait pas signalé sa présence. Puis il y eut cette voix basse que Hermance reconnut sans mal. Il fallait que ce soit lui.
— O-oui, oui…
Sans vraiment se tourner, elle tenta de se glisser en dehors du raie de lumière de la fenêtre. Elle se faisait toutefois de faux espoirs. Le sol était marqué de quelques gouttes de pluie et l’air ambiant s’était rafraîchi. La dame se replia dans un coin obscur pour cacher sa bêtise et son visage bouleversé. La femme si sûre d’elle et imposante de charisme n’était plus. Elle s’était totalement effacée.
Lun 29 Mar - 14:28
Le marquis était silencieux. Hermance ne sut comment l’interpréter et se contentait de rester dans l’ombre à se dire qu’au pire des cas, elle pouvait s’enfuir par la fenêtre. Elle l’envisageait très sérieusement. Cependant ce fut lui qui disparut rapidement. Elle fut soulagée et pourtant au fond d’elle quelque chose émit une plainte de déception. Elle ne savait pas pourquoi. C’était bien la première fois qu’elle réagissait de la sorte en la présence de quelqu’un. La louve qui se manifestait tant ainsi. Ce n’était pas un phénomène normal. Avec le temps et à force de ne fréquenter que des humains ordinaires, elle avait oublié ce que cela faisait de réagir à la présence d’un semblable. Elle avait même oublié ce qu’ils pouvait dégager. Elle ne pouvait comprendre que la présence d’un autre loup l’avait brutalement renvoyé à sa propre solitude et comme il était douloureux d’être seule.
Tout ceci, Hermance ne le comprendra pas aujourd’hui et certainement pas dans les jours à venir.
Elle se contenta d’attendre ici en se nettoyant au maximum le visage. Elle se repeignit paisiblement et se réarrangea. Elle prenait son temps pour tout effacer. Reconstituant son masque habituel, Hermance prit une profonde inspiration. Elle chassa toutes ses pensées pour les enfermer dans un coffre. Puis elle se cacha en grande partie derrière son éventail pour rejoindre le hall d’entrée. La baronne demanda alors à un domestique de porter ses excuses à ses hôtes pour son départ soudain. Elle prétendit un soudain malaise. Attendant un instant que son cocher amène la voiture, elle se précipita ensuite dans sa voiture sans se soucier d’être trempée par la pluie cette fois-ci. À l’intérieur, elle put enfin abandonner tout faux semblant. Le chemin du retour jusqu’à son appartement fut trop court à son goût. Et ses gens ne la virent plus de la soirée et de la nuit, car elle la passa terrer au fond de sa chambre.
Tout ceci, Hermance ne le comprendra pas aujourd’hui et certainement pas dans les jours à venir.
Elle se contenta d’attendre ici en se nettoyant au maximum le visage. Elle se repeignit paisiblement et se réarrangea. Elle prenait son temps pour tout effacer. Reconstituant son masque habituel, Hermance prit une profonde inspiration. Elle chassa toutes ses pensées pour les enfermer dans un coffre. Puis elle se cacha en grande partie derrière son éventail pour rejoindre le hall d’entrée. La baronne demanda alors à un domestique de porter ses excuses à ses hôtes pour son départ soudain. Elle prétendit un soudain malaise. Attendant un instant que son cocher amène la voiture, elle se précipita ensuite dans sa voiture sans se soucier d’être trempée par la pluie cette fois-ci. À l’intérieur, elle put enfin abandonner tout faux semblant. Le chemin du retour jusqu’à son appartement fut trop court à son goût. Et ses gens ne la virent plus de la soirée et de la nuit, car elle la passa terrer au fond de sa chambre.