« Oh non, par tous les saints, quel imbécile je fais ! »

Sa silhouette, en tenue d’office, se détachait dans l’obscurité de la nuit récemment tombée et déjà, ses paroles étaient entendues par les personnes qui croiseraient son chemin. Il avait honte. Il était en retard ! A un tel évènement, cela ne devrait même pas être permis, se fustigeât-il en silence, mordant sa lèvre inférieure pour protester contre sa propre personne.

Heureusement, il parvint rapidement jusqu’aux jardins royaux et se fit conduire par la domestique chargée de l’accompagner, le soin de lui expliquer le déroulé de la soirée à venir. « Oh, un serment cousin du mariage… Soit, pourquoi pas. Dieu sait à quel point les liens entre les hommes, ses enfants, son précieux. »

Un sourire étira ses lèvres alors qu’il fit de son mieux pour reprendre son souffle. Parvenu jusqu’à l’encart réservé à son binôme, il vit qu’une demoiselle était déjà présente. « Oh, bien le bonsoir, mademoiselle. » Il s’inclina également. « Veuillez excuser mon retard. Je suis connu sous le nom de Frère Ferdinand. C’est un plaisir de vous rencontrer, Dame Brindal. »

Puis observant les lieux, il ajouta avec un soupçon de rire dans le fond de sa gorge. « Donc, si je comprends bien, c’est donc à vous qu’échoue ma protection pour l’année à venir ?

Oh non, il avait vexé as jeune interlocutrice ? Immédiatement, Frère Ferdinand senti la sueur perler le long de son dos. « O-oh je… veuillez m’excuser si j’ai pu vous paraitre arrogant, vraiment ce n’était en rien mon dessein, je peux le jurer devant Dieu et ses anges ! » Il s’inclina bassement pour essayer d’étoffer ses excuses. Par tous les saints qu’il se sentait stupide ! Cette soirée commençait fort bien…

Il se redressas ensuite, ne sachant où donner de la tête et détourna le regard, gêné, attristé, même par ce début de conversation. « Je n’ai absolument aucun doute quant à vos aptitudes à vous défendre, après tout je parle en tant qu’homme de foi. Je n’ai jamais appris à porter ne serait-ce qu’un fourreau d’épée alors le reste… » Il était plus que certain que les choses n’iraient pas au mieux tant qu’il n’arrondissait pas les angles.

En dépit de son anxiété, Frère Ferdinand tâcha de renvoyer la question à Aerin. « Le…Temps est clément, ce soir. » Il leva la tête vers le ciel pour mieux voir les étoiles et le croissant de lune. « Il semblerait que tout soit réuni pour qu’il fasse beau et que nous puissions profiter de cette soirée ! »

Il s’était redressé immédiatement après que la jeune femme lui ait demandé de le faire. Oh, visiblement, c’était donc une incompréhension double qui s’était jouée là. Bon, dans un sens, cela rassurait Frère Ferdinand qui n’avait plus la sensation de passer pour un goujat sans éducation – tout de même !

Cependant, à peine eut-il le temps de se remettre de ses émotions qu’un autre point fut soulevé et il en bégaya de honte. « O-Oh mais… Ce n’est p-pas vrai, ça alors, je… Je suis confus ! » Il avait oublié de se présenter, ce qui était pourtant la base de la chose. Oubliée, sa réponse au sujet des beaux souvenirs par une telle soirée avec un temps si clément. Il n’y avait plus que sa gêne et son envie de disparaitre dans le premier trou de souris qui viendrait à sa portée.

Heureusement qu’il faisait plus sombre qu’en journée malgré tout ! Au moins les rougeurs de ses joues étaient moins visibles par toutes les personnes ici présentes. « Pardonnez-moi, Madame… Vous pouvez m’appeler Frère Ferdinand. C’est ainsi que l’on s’adresse à moi, dans la stricte majorité des cas. » Et il n’en était pas dérangé, pas le moins du monde.

Bon, puisque visiblement la jeune femme devant lui semblait aussi à l’aise que sa propre personne, Frère Ferdinand se détendit quelque peu. Elle ne semblait porter aucun jugement à son propos. Lui n’avait aucune envie qu’il en soit de même, par ailleurs. Ainsi donc il ricana à la demande de la demoiselle. « Bien, Dame Brindal, je ferais comme il vous semblera le plus courtois de faire, dans ce cas. » Puis, après une courte seconde, il se permit d’ajouter une précision. « Oh non non, je ne viens jamais ici, d’ordinaire. Je préfère les foules populaires aux foules plus… nobles, si vous voyez ce que je veux dire. »

Puis, se pensant auteur d’une nouvelle mésentente après avoir pris acte de qui était la jeune femme devant lui il se ravisa « Euh, non pas que j’ai quelque chose contre votre appartenance à la noblesse, loin de là ! Toutefois je suis plus à mon aise avec le peuple… Mais mon assistante, Merill, a insisté pour me trainer avec elle et finalement, elle est partie avant moi. Je me suis complétement perdu en venant et je suis arrivé en retard. Voilà, vous savez tout. » Un sourire gêné, il continua de triturer ses doigts, bien incapables de savoir si oui ou non il commettait un nouvel impair.

Il espérait sincèrement que non.

Dans la semi-obscurité des lieux, Frère Ferdinand l’avait pas tout à fait remarqué l’étendue des dégâts que soulignait la jeune femme lui faisant face, au sujet de sa robe. Subitement, tout devenait très clair et il se sentit des plus mortifié face à ce qu’il n’avait pas su voir ! « Oh, par tous les Saints ! »

Le rouge aux joues, il tâcha de se concentrer sur autre chose, notamment les buissons et les haies taillés tout autour d’eux. Que ces branches étaient subitement un attrait remarquable pour l’œil ! Ouhla… « Je… Navré de ne pas avoir vu ce à quoi vous faisiez allusion avec une telle franchise, Dame Brindal. Si vous voulez… Nous pouvons marcher un peu pour essayer de faire sécher le reste de votre toilette à la faveur de la nuit ou… ou je pourrais aller chercher un habit pour vous couvrir les épaules…"

Il était prêt à le faire. Rendre service, être affable, c’était là l’envie profonde de Ferdinand. Et puis il essayait de se mettre tant bien que mal à la place de cette demoiselle dont la journée avait visiblement été bien plus compliquée à gérer que la sienne. Pauvre enfant, il prierait pour elle.

Le malaise qui l’habitait n’aurait pu être plus perceptible tant Frère Ferdinand ne savait comment le dissimuler correctement. Pourtant, fort heureusement, Dame Brindal parvint à lui ouvrir une potentielle porte de sortie – ou, du moins, une alternative pour ne pas rester là comme un piquet mal fagoté. Immédiatement, il sauta sur l’occasion, bien trop belle pour être manquée.

« D’accord, alors… Je vais revenir avec de quoi vous couvrir les épaules, au moins ! N’hésitez pas à aller faire un tour dans les jardins en attendant, si vous le souhaitez, je prends sur moi la responsabilité de vous retrouver par la suite ! » Après tout, c’est lui qui avait proposé l’idée. Il se devait donc de faire en sorte de n’importuner que très légèrement la demoiselle dont il était question.

« A tout à l’heure, Dame Brindal. » fit-il avec une révérence avant de faire volte-face et de disparaitre, à son tour dans l’obscurité. Son objectif était simple : il comptait retourner aussi vite que possible à sa petite chapelle ou des habits non réclamés devaient peut-être être entreposés dans une pièce à part… Du moins, il l’espérait !


[HRP : Je te laisse le choix de rejoindre le topic global le temps de l'aller-retour de Ferdinand ou de rester dans le tien, au choix. Je m'adapterais dans tous les cas )

Rien n’était trop beau pour une brebis du Seigneur, après tout.