Elle attendait cette fête avec une impatience toute particulière ! Sa mère lui avait déjà raconté comme celles à laquelle elle avait assisté, plus jeune avaient été riches en rencontres et moments inoubliables. Françoise aspirait donc à ce qu’il en soit de même pour elle.

Qui sait, peut-être qu’elle trouverait même un mari ou un fiancé à présenter à son père ! Peut-être, ainsi, serait-il enfin fier d’elle ?

C’était une trop belle occasion pour ne pas sortir ses plus belles parures et accessoires en tout genre. Françoise avait donc misé sur une toilette rose fushia tap à l’œil et des parfums sentant bon les fleurs de lys. Une odeur, certes prenante, mais au moins on ne pourrait pas la manquer ! C’était une bonne stratégie, non ?

Elle attendit patiemment son tour pour se présenter dans cette assemblée et gratifia d’un discret signe de main Madame de Constantinople qu’elle avait eu le plaisir de voir présente, également en cette agréable journée. Vraiment, Françoise ne voyait pas ce qui pourrait faire tourner court son enthousiasme.

Elle s’avança et fit une révérence devant Dame Lorient. « Bonjour, je suis Françoise de Bellevallée, fille du Marquis de Bellevallée. Enchantée de toutes vous rencontrer ! » Elle n’avait même pas fait attention à la présence de deux hommes tant elle était en train de papillonner avec ses pensées.

Oh non, c’était une catastrophe… Quand May avait accepté que Branwen s’occupe de la tenue qu’elle allait porter à la fête du Printemps, elle ne s’était pas imaginée une seule seconde qu’il irait dans de telles… excentricités. Et elle n’avait même pas pu dire non, en plus ! La voici en train de marcher avec une robe beaucoup trop luxueuse pour elle – où diable l’avait-il trouvé, d’abord, celle-là ? – et avec des chaussures à talons des pus inconfortables…

Il lui avait dit qu’elle finirait par s’habituer au cours de la journée, qu’il fallait juste que ses pieds se fassent à la coupe de la paire de chaussures mais… Elle n’y croyait pas trop. Enfin, elle ne se permis pas de trop râler et obtempéra pour aller rejoindre les autres jeunes femmes, rouge de gêne que l’on lui porte bien plus d’attention que d’ordinaire. Le rouge sur ses joues colorait son visage d’une adorable façon mais bien évidemment, May n’aurait jamais voulu l’admettre.

Lorsque vint son tour, elle manqua de tomber à la renverse. « Je- Ah ! » Elle parvint de justesse à se remettre sur ses jambes, continuant. « Je m’appelle May Travel… Enchantée… »

Elle reconnut Stanislava et quelques autres visages qu’elle avait l’habitude de voir à sa boutique, également.

Vêtue d’une simple robe dont elle avait retouché quelques points pour l’adapter à sa carrure, Merill était arrivée guillerette à cette fête qui lui permettrait de penser un peu à autre chose. La perte de Laurent toujours ancrée dans son cœur, la jeune femme se sentait toutefois instillée du devoir d’aller de l’avant. Il n’aurait pas voulu qu’une chose pareille la mine indéfiniment. Elle devait aussi faire son deuil, aussi difficile que cela puisse paraitre.

Le vêtement flottant doucement dans la brise de saison, elle avait également pris un châle pour couvrir le haut de son corps. Elle se demandait si sa mère aurait été fière de ce qu’elle était devenue et si sa fratrie, du moins, ce qu’il en restait, se portait bien.
Ses pensées s’aiguillèrent autrement en voyant les invités du jour se présenter un à un. Ce fut rapidement à son tour. Elle s’avança alors, humble et modeste dans son approche. « Vous pouvez m’appelez Merill. Enchantée. »

Un sourire si tendre qu’il lui fait mal.

Il dû bien admettre que lorsqu’il reçut la lettre d’invitation pour se présenter à la fête du printemps d’entrée de jeu, Céline avait haussé un sourcil bien haut. Il avait même songé à refuser d’y aller mais…Et finalement, pourquoi pas ? Ce serait amusant de voir la figure déconfite des domestiques en le voyant arriver !

Ne tenant plus, il passa son plus bel habit noir et se présenta à l’endroit indiqué sur l’invitation, un sourire aux lèvres et la malice à peine dissimulée derrière ses lunettes décoratives ou sa chevelure pour une fois attachée en une queue de cheval haute qui lui tombait jusque derrière les genoux.

Il observa tout le monde faire sa petite présentation et remarqua certains visages connus. Au moins, quelque chose lui disait qu’il n’allait pas s’ennuyer ici et c’était tant mieux. Il n’y avait rien de pire que l’ennui pour vaincre Céline. Il s’avança donc lorsque ce fut à son tour. « Céline Bec-de-Corbin, Majordome du Duc de Bourgogne et… étonné d’avoir été invité ici, mais puisque mon prénom a visiblement prêté à confusion, je vais faire de mon mieux pour apprécier la charmante compagnie ici présente. »

Elle se souvenait des fêtes printanières organisées à la cour d’Hohenzollern et combien Jean mettait toujours un soin tout particulier à la tenue de ces dernières. Ainsi, emplie d’une nostalgie toute particulière, Victoire s’était présentée avec Stanislava à l’endroit indiquée pour la première réunion. Elle eut un regard attendri pour sa garde du corps mais ne fit aucun commentaire. Sa seule peine fut que sa fille n’était pas présente en ce jour.

Victoire aurait pourtant aimé partager un moment avec elle mais il n’aurait pas té dans sa volonté première de vouloir la contraindre non plus.

Alors, elle tâcha de profiter au maximum de cette journée et de cette charmante activité, bénie par une clarté solaire bienvenue après les premiers mois de l’année à devoir supporter la rudesse de l’hiver. Bien que l’Empire lui ai fait connaître des températures bien plus basses, Victoire avait tout de même mal vécu ct hiver-là. Peut-être parce que le cœur des gens à son égard avait été aussi froid que la saison sombre. Elle ne voulait pas y repenser.

Elle laissa les invitées se présenter tour à tour, sans s’imposer. Il était bon de ne pas devoir absolument passer en priorité uniquement à cause de sa couronne. Lorsque se fut à son tour, Victoire sourit. « Victoire de France, Souveraine de France. » Elle épargna ses autres titres pour éviter de créer des tensions inutiles en rappelant sa filiation avec l’Empire, toutefois.

Elle fut étonnée de voir Eve présent mais ne put retenir un nouveau sourire. Les erreurs avaient parfois du bon.

Si Zuicher avait déjà assisté à bien des célébrations de la saison printanière au cours de sa vie, elle prenait toujours plaisir à s’informer des usages en cours dans les pays où elle prenait la peine de s’établir. C’était aujourd’hui l’occasion de renouveler ses connaissances sur le pays de la France.

Et puis ainsi, peut-être pourrait-elle espérer attirer de nouvelles têtes pour sa clientèle. Avec la saison ensoleillée, un bon chapeau pourrait faire le bonheur de ces dames, à n’en point douter. Son regard imperturbable se posa sur chaque nouvelle tête qu’elle pouvait distinguer et tâcha de mémoriser les noms qui y étaient assortis. Elle ne laissa filtrer aucun sourire sur ses lèvres, ce n’était en rien son envie.

Elle s’avança, solennelle, pour imiter ses consœurs et... confrères, visiblement, si elle se référait aux erreurs commises par les domestiques.
« Zuicher Torsdag. Je suis chapelière installée à Paris depuis quelques années, maintenant. » Elle se retint d’ajouter qu’elle les attendait toutes et tous avec impatience car d’une part, ce serait mentir et d’autre part, elle savait qu’il valait mieux attendre un peu pour faire la promotion de sa boutique. Tout vient à point pour qui sait attendre, après non.

Françoise croyait dur comme fer aux signes du Divin. Dieu savait mieux que personne ce qu'il avait prévu pour ses enfants et il lui tardait d'essayer de percer à jour les signes qui allaient se mettre sur son chemin aujourd'hui en la présence d'un oiseau chanteur.

Immédiatement, elle essaya de partir dans les première, à la recherche de son oiseau. Puis, lorsque ses yeux noirs purent enfin apercevoir une forme duveteuse, elle peut l'identifier rapidement. "Oh, un chardonnet ! Qu'il est adorable !"

Toute contente, Françoise allait pour retourner voir Madame Lorient et obtenir ses préceptes. Mais elle vit non loin trois dames en train de regarder un moineau. Oh, non, elle reconnu le Comte d'Harcourt, que son père lui avait interdit d'approcher !

Mais... La curiosité était vraiment très forte, et son père n'était pas là... Peut-être que... "Bonjour Mesdames ! Et... Monsieur le Comte." fit-elle après une révérence gracieusement effectuée.

En dépit de ses chaussures à talons qui commençaient de plus en plus à lui faire mal, May était toute heureuse de pouvoir déambuler dans les jardins, à la recherche de l'oiseau fétiche. Elle se demandait ce qu'elle verrait et surtout, ce que cela annoncerait sur son avenir !

Elle espérait voir un rouge-gorge, ses oiseaux préférés ! Mais, lorsqu'elle tourna la tête pour apercevoir à qui appartenait le bruissement de plumes qu'elle venait d'entendre, elle tomba nez à nez avec... un pigeon à l'allure fort contrariée.

Mais May étant May, elle ne voulu en aucun cas discriminer cette créature. Ainsi, elle osa quelques paroles. "Bonjour, monsieur ?"

Mais elle ne se ramassa, en tout état de cause, qu'un roucoulement énervé et une attaque de pigeon sur sa personne. Sa belle coiffure ne ressemblait déjà plus à rien entre deux ROUROUS râleurs. "AIE !" chouina-t-elle tout de même.

Elle adorait ce genre d’événements légers et appréciables. Après cette affreuse mission qui avait conclu son enquête à Évreux, Merill avait tout simplement eut besoin de penser rapidement à autre chose. Frère Ferdinand l'ayant encouragé grandement à se détendre et se changer les idées, Merill ne regrettait pas d'être venue et se plia à l'exercice. Elle aperçu... Un moineau.

Elle resta ainsi à le contempler quelques instants puis elle s'en retourna flâner avant de rejoindre Madame Lorient.