La jeune femme n'avait pas réellement passé une agréable journée. Entre la pluie, le mauvais caractère de certains Parisiens et le fait qu'elle s'était levés du pied gauche, la demoiselle n'était donc pas d'une humeur très docile. De ce fait, la noiraude avait décidé de se balader dans les jardins du château, pour profiter d'un moment de paix et de tranquillité après une matinée bien mouvementé. La nuit venait progressivement de tomber. Un silence de plomb puis un orage se mirent à éclater au-dessus d'elle. Surprise par cette averse soudaine, la demoiselle se mit à courir pour se mettre à l'abri de cette intempérie. Le calme plat, sa tenue avait échappé de justesse à la pluie. Reprenant son souffle, elle grelotta légèrement et dans un nouveau silence, un cri résonna non loin. Alarmée, la jeune femme reprit sa course vers le lieu d'où provenait le hurlement. Se perdant un peu dans les couloirs, la voilà qui entend quelqu'un crier à l'aide. N'écoutant que son courage, elle suivit la voix et entra dans le lieu qui semblait bien calme.

- Quelqu'un a appelé à l'aide ? Tout va bien ?

Aerin s'avança un peu pour voir ce qu'il se passait et aperçu une dame accroupie prêt d'une autre personne, apparemment bien mal en point. Se dépêchant alors pour arriver à sa hauteur, la demoiselle sentie son sang se glacer en voyant que la personne au sol n'était autre que sa majesté elle-même. S'accroupissant également, elle examine la main de la reine et fronce les sourcils. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ! Elle analysa la scène autour d'eux. Ne trouvant rien de suspect, elle retourna son attention vers la reine évanouie et regarde la main plus en détail.

- Il faudrait enlever le morceau de porcelaine de la main...J'ai un peu d'eau dans ma sacoche, si cela peu aider à réveiller Son Altesse...

Tout n’était que noirceur et immobilité.

Victoire avait l’esprit embué et un mal de crâne de tous les diables rivé à la tête. Elle avait la sensation peu amène qu’un étau lui compressait le haut du corps, ce qui était très désagréable.

Lorsqu’enfin, elle parvint à ouvrir un peu les yeux, il lui fallut s’habituer à la luminosité des bougies. Elle avait froid, mais plus encore, elle ne comprenait rien à ce qui se tramait. « Gnh… »

En tournant la tête, la Souveraine pu voir plusieurs visages auprès d’elle. Diane, Hélène et… Une autre jeune femme dont elle ne remettait pas le nom pour le moment. Quelques domestiques à l’air grave étaient présents également.

Et Dieu, ce que sa main pouvait lui faire mal ! Que faisait sa cousine, exactement ? « Que… Que se passe-t-il ? Ou suis-je ? »

Peu importe qui répondrai, Victoire apprécierait. L’heure n’était pas au protocole mais aux réponses. Elle avait besoin de comprendre.

La jeune femme était inquiète par la sécurité et la santé de la reine. Elle ne savait pas si l'eau qu'elle avait proposée serait d'une grande aide, mais elle n'avait pas les compétences pour s'occuper de la main de la reine. Une autre femme les rejoignit dans la salle du trône, elle ne la connaissait pas, mais au vu de ses ordres et de son tempérament, elle devait être une femme de grande noblesse. Les ordres étant envoyés, tout se passa rapidement dans le palais. Elle aida les domestiques à porter Son Altesse, tandis qu'une fois installé, le médecin finit par suturer la plaie. Dans un silence religieux, la jeune femme priait le Seigneur que tout se passe bien et c'est avec joie qu'elle fut rassurée de voir la reine se réveiller, sa vision légèrement embrumée. La reine regarda autour d'elle et finit par demander aux personnes présentes ce qu'ils venaient de se passer. S'avançant d'un pas en avant, Aerin fit une révérence protocolaire avant se redresser et de répondre à sa majesté.

- Votre Altesse, quel soulagement de voir que vous vous êtes réveillée. Vous vous trouvez actuellement dans votre chambre. Dame Hélène fut la première à vous avoir trouvée, par la suite, la dame qui s'est occupée de votre main et moi-même somme arrivée peu de temps après. Nous ne savons pas ce qu'il s'est passé, mais nous vous avons retrouvé inconsciente dans la salle du trône.

La jeune femme laissa apparaitre un léger sourire avant de se tourner vers Dame Hélène et le médecin. Elle ne savait pas pourquoi, mais tout cela était étrange...Devait-elle demandée ce qu'il s'était passé ? Est ce qu'elle le pouvait au moins...

Victoire avait l’impression de flotter. Elle accueillie le verre d’eau et la gélule de Diane sans poser de question, se contenant de gestes mécaniques, rigides. C’était comme si les personnes qui lui parlaient le faisaient avec une lenteur déconcertante et qu’elle ne parvenait pas à saisir le fond de leurs propos.

Sa main lui faisait toujours mal, mais elle faisait confiance à sa cousine pour pouvoir patienter un peu avant de revenir à ce sujet-là. Sa tête la lança, aussi usa-t-elle de sa main valide et libre pour venir l’apposer contre sa tempe pulsante, comme si cela pouvait l’aider à canaliser son mal.

Lorsqu’elle rouvrit les yeux, non sans difficulté, Victoire jeta quelques regards incertains vers les deux femmes qui accompagnaient. « … Merci pour votre aide, je… » Une douleur la reprit instamment. « Ah… Je vous ferais mander dès que je serais en état de vous recevoir à nouveau. Pardonnez-moi… »

Erreur. Une reine ne doit pas s’excuser. Mais qui irait dire quoi que ce soit présentement ?
Et la question fâcheuse est posée, finalement. « Stanis…lava ? »

C’est brusquement qu’elle se souvient de ce qui s’est passé dans la salle du trône. Son corps réagit seul alors que sa main s’extirpe avec plus de brusquerie que nécessaire de l’étreinte de Diane. Elle ne parvient pas à réprimer un hoquet de surprise – ou de douleur ? elle-même ne le sait pas – tandis que l’une de ses paumes vient épouser ses lèvres, pour l’empêcher de vomir.

Elle se souvient. Stanislava, une vampire qui a connu son aïeul et… Oh, tant de choses tournent dans sa tête. Mais elle doit répondre. Quelque chose. N’importe quoi. Alors Victoire rassemble ses dernières forces et essaie d’articuler quelque chose d’audible. « Je… Stanislava est… » Elle inspire, expire, essaie de voir si elle ne devinerait pas d’autres canines pointues dans l’assemblée prêt d’elle. Rien pour l’heure. « Je l’ai envoyé en mission en mon nom. Elle… Elle ne reviendra pas avant plusieurs jours… »

Elle n’avait rien trouvé de mieux. Et maintenant, elle n’a envie que d’une chose : se reposer. « Pouvez-vous nous laissez, Madame d’Orléans et moi-même, seules, je vous prie ? »
Au moins pour un temps.

Aerin était soulagée de voir que sa majesté revenait doucement à elle. Au fond d'elle, elle bénit son étoile de l'avoir fait venir dans ces lieux, son rôle de chevalier l'avait bien aidé à appréhender la chose. Même si elle n'avait pas fait grand-chose, elle était heureuse de voir que la reine était entre de bonnes mains. Au remerciement de la reine, Aerin fit un léger hochement de tête aux propos de la reine et pour compléter les paroles de Dame Hélène, la dame répondit avec douceur.

- Nous sommes rassurées de vous voir saine et sauve votre majesté. Je vous souhaite un prompt rétablissement.

Elle nota également le changement soudain qui venait de s'afficher sur le visage de Son Altesse. N'osant rien demander à ce sujet et enregistrant simplement l'information que leur reine venait de dire, la demoiselle répondit à la demande de congé venant de la reine en une révérence bien solennelle. Acceptant le bras de la dame près d'elle, Aerin sourit doucement à la médecin avant de suivre celle-ci en dehors de la pièce. Refermant la porte derrière elles, Hélène se présenta à elle avec cérémonie. Essayant de cacher son inquiétude pour sa majesté, Aerin redressa la tête et regarda la dame avec un petit sourire sur son visage.

- Je suis également soulagée de vous avoir trouvée sur les lieux et d'avoir utilisé votre voix pour demander de l'aide. En effet, j'ai eu l'opportunité de vous apercevoir lors de la fête du printemps dans les jardins du château. Je me prénomme Aerin, Aerin Brindal, soeur du chevalier Elros Brindal. Enchantée.

Aerin réalisé une petite révérence protocolaire avant de se redresser. Maintenant, que les présentations sont faites, l'inquiétude se lisait de nouveau sur son visage. Son instinct de chevalier lui disait d'aller examiner le lieu de l'incident, mais le pouvait-elle ? Elle réfléchit un instant avant de dire d'une voix plus déterminée.

- J'aimerais aller jeter un œil à la salle du trône pour voir s'il y a une quelconque trace expliquant ce qu'il vient de se passer. Est-ce que vous voulez m'accompagner Dame Hélène ?

HRP: