Son œil unique et non enfoncé semblait presque couver ce groupe de gamins en train de jouer près du lac tout proche. Assis là, l’apparent vieillard paraissait être investi d’un calme olympien. « Z’enfaaaaaants…. » Il ne cherche pas à les interpeller spécialement, c’est simplement un constat qu’il se fait. Il y a des enfants tout proches de lui et il apparait presque heureux de savoir cela.

« Enfants gentils… Gentils enfants… héhéhé… » Les jeunes gens finirent par le remarquer et vinrent même le voir. Pas effrayés pour deux sous, ils eurent le projet sans queue ni tête de lui faire une couronne de fleurs. Et voici l’Erudit avec des pensées et des marguerites autour de sa tête. « Oh OHoh OHohh… deeees… FLEUUUUUURS ! » Un rire étrange le secoue alors qu’il sautille sur son fessier. « Fleurs ! Fleurs ! FLEUUUUURS ! Samy aime les FLEUUUUUUURS ! »

Les enfants allaient sans doute lui demander qui était Samy mais ils n’en eurent pads le temps, au loin la voix de leur père les appellent et les voici partis aussi vite qu’ils étaient arrivés. « Oh… Tout seul…. Fleuuuuuuurs ! »

Allait-il attendre les prochains gamins ? Peut-être bien….

Il essayait d’attraper la couronne de fleurs disposée sur sa tête lorsque la silhouette de la jeune femme vint lui tenir compagnie. Les premiers mots prononcés le font cligner de son œil non enfoncé et, d’un coup, sans prévenir, il lève les mains au ciel. « C’EST JESUS ! JESUS IL A DIT CAAAAA ! Hihihihihihi-AHAHAHAHAHA ! » Et le voici reparti à claquer ses paumes l’une contre l’autre dans une joyeuse cacophonie.

« Lecture. Lectuuuuuuure… LECTURE ! OUI LA LECTURE ! Mimi aimait la lecture… Tout petit déjà Mimi aimait ça… » Sans même regarder la demoiselle, il laisse ses doigts osseux et presque décharnés se poser dans l’herbe verte pour en tirer quelques tiges.
Sans doute son discours ne fait aucun sens mais cela ne semble pas le perturber plus que son apparence laisse suggérer.

Il cligne de l’œil et reste un instant sans rien dire, comme s’il prenait la mesure de ce que la jeune femme venait de lui dire. Marie… Marie… Marie… « OH COMME SA MAMAAAAAN ! » Et il repart d’un éclat de rire étrange, distordu et presque malaisant, par ailleurs.

« Non non non, Mimi c’est … C’est Mimi ! C’est mon fifils ! Mais Mimi longtemps pas vuuuuuuuuuu ! » Il tient un discours des plus incohérents, d’apparence sans queue ni tête. Puis, d’un coup, ses doigts squelettiques viennent attraper sans prévenir le poignet de la demoiselle. « Y’a qu’est-que chose, y’a qu’est-ce chose là dessouuuuuuus ! Hihhihihi »

Ah, une réponse. Il était rare que l’on tienne la conversation à ce vieillard étrange. Toujours avec ses doigts froids et squelettiques autour du poignet de la demoiselle, il essaye de secouer un peu sa prise mais n’y arrive qu’à grand peine, n’ayant visiblement plus beaucoup de force physique ; du moins pas assez pour représenter une réelle menace.

Mais les mots restaient le plus important. « Toiiiiiii ! Toi tu ES UN PEU CoMMe… ComME… COMME SAMY ! Samy est TOI et TU es SAMY ! HIHIHIHIHIHI ! ». Il n’est définitivement pas comme les autres vieillards, mais il exprime quelque chose de bien à lui. Le malaise ne désemplit pas et les gens qui passent sur le chemin commencent à le regarder d’une manière bien suspicieuse.

Lui continue de rire. « HIHIHIHIHIHI ! »

A nouveau, il rit d’une manière démente, secouant la couronne de fleurs qui trône toujours au-dessus de sa tête. Sans lâcher le poignet de Marie, il scrute son visage de son œil dont on ne saurait dire si la vie y est encore présente ou pas. « TOUT SEUL ! » crie-t-il. « TOUT SEUL DEPUIS LOOOONGTEMPS ! Même Bel-Bel plus venir me voir… J’ÊTRE TRISTE UN PEU ! »

Toutefois, ses doigts s’agitent sur la peau de la demoiselle. « MAIS-… Toi être partie de Samy donc moi pas être seule si toi être là ! HIH IHIHIH ihihihi HIHIHIHIH ! » Il y a vraiment quelque chose d’à part chez lui.

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CHOIX POSSIBLES
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• Partir.
• Tenter d'utiliser votre pouvoir sur lui.
• Continuer à lui parler.

Rien ne se passe. Le vieillard relâche même le poignet de la sœur tandis que sa main osseuse et répugnante tombe sur le sol, comme vidée de toute substance, de toute vie. Il reste là, hagard, pendant un instant, si bien que n’importe qui aurait pu se demander s’il n’était pas tout simplement mort sur place.

Mais non.

Car brusquement et avec une agilité souple qu’on ne lui aurait guère soupçonnée, le voici qui se remet sur ses jambes en sautant, faisant tomber dans le mouvement la couronne de fleurs qui était sur sa tête. « AHahAHahHAHahAH ! Potite Samy ! Samy petite… AHAHAHAHAH ! »

Il saute sur place à la manière d’un pantin désarticulé, ce qui rend sa personne encore plus énigmatique. « UN JOUR MIMI ET SAMY REDEVENIR AMI ! J’ESPEEEERE ! HIHIHIHIHI ». Terminant sa phrase, il récupère la couronne et l’assène sans réelle douceur sur le crâne de Marie, bloquant même sa vue un instant à cause des fleurs tombées devant ses yeux. Et le voilà qui s’enfuit en courant vers les bois plus profond. « UWUWUWUWUWUWUWUWU ! »

Mais peu importe les efforts de la fille de Dieu si elle tente de lui remettre la main dessus. Elle n’y parviendra pas. Il aura tout bonnement disparu, comme s’il s’était volatilisé.