Dim 9 Jan - 18:36
Dîner aux chandelles |
Ses appartements étaient plongés dans le silence. Chacun avait trouvé le sommeil, d’une manière ou d’une autre. Quant au Duc, il avait les yeux grands ouverts. Il ressentait un certain poids sur ses paupières, mais pas la moindre envie de dormir. Puisqu’il montait la garde, il ne pouvait espérer mieux. Pour une fois, ses terribles insomnies lui rendraient service.
Bien qu’il soit seul, sans la présence d’Isandro, de son excentricité, de ses gestes tactiles et tendres, de ses sourires ravageurs, Guillaume ressentait les battements de son cœur, prêts à rompre son torse. L’adrénaline peinait à disparaître. Pire encore, elle restait là, pour le torturer, rendre la sensation dans son propre corps épouvantable. Il avait tantôt chaud, tantôt froid. Son corps ruisselait de sueur et pourtant cela ne garantissait pas de réguler sa température. Il sentait une vive tension dans chacun de ses membres, chacun de ses muscles. Il ne cessait de gigoter, ne sachant pas comment se tenir contre le mur. Tout lui semblait épuisant et pourtant il avait ce besoin impérieux de bouger. Non pas qu’il craigne de s’endormir, il s’en sentait bien incapable. Néanmoins ses jambes finirent par prendre le dessus sur le calme et le voilà à faire les cents pas dans le couloir. Le plus silencieusement possible, conscient que certaines lattes du parquet pouvaient à tout moment travailler et trahir ses allers et venus.
Cette situation dura un certain temps et il ne parvint ni à apaiser son cœur qui tambourinait, ni ses membres habités d’une énergie incontrôlable, ni le flot de ses pensées très souvent parasites. Bien des voix lui hurlaient qu’il avait couru un grave danger ce soir, entraînant par la même occasion le Prince d’Espagne. Bien des voix lui ordonnaient de faire plus attention à l’avenir et de toujours garder une bougie allumer, pour surveiller une nouvelle apparition de l’entité aux pupilles dorées. Elles se mélangeaient, se confondaient, formaient une cacophonie qui était prête à le rendre fou. Mais n’était-il pas déjà fou ? Fou de ressentir tout cela dans son corps, fou de ne pas parvenir à user et abuser de son contrôle, celui qu’il s’impose, celui qui le maintient en vie, celui qui lui permet de manipuler tout le monde. Fou de ressentir cette mort imminente, alors que chaque verrous, chaque fenêtres, étaient clos et que le danger avait pris la poudre d’escampette par le balcon, plus tôt.
Au plus fort de sa crise d’angoisse, il sentit la vague de paranoïa le frapper de plein fouet. Sur le moment, il ne comprenait pas à quel point cet événement l’avait également atteint. En continuant sa ronde, errant, faisant toujours les mêmes pas, usant toujours les mêmes lattes du sol, il se frottait vivement la nuque, jetant des regards tantôt vers la porte de la chambre, tantôt vers Catherine. Parfois vers les fenêtres, parfois vers les bougies qui se consumaient lentement et lui offraient l’illusion d’un peu de réconfort. Pour la première fois depuis bien longtemps, Guillaume ressentait de vives émotions. Parmi elles, la sensation d’un danger épouvantable, imminent, menaçant, sur le point de détruire tout ce qu’il a construit, rongeant sa confiance en lui, grattant toutes les couches des divers rôles qu’il avait endossé.
Dans un moment d’égarement, la réalité étant à présent altérée pour le Duc, il culbuta une petite table sur laquelle se trouvaient quelques bougies allumées. Fort heureusement, dans leur chute, elles n’embrasèrent pas le mobilier. Néanmoins, le bruit qu’elles provoquèrent, suivi du grognement du Duc, était suffisant pour réveiller les personnes les plus proches. Catherine était toujours plongée dans son sommeil sans rêve. Quant à Diego et Isandro, il se douta qu’il avait réveillé au moins l’un ou l’autre. Et en entendant la porte s’ouvrir, il se douta que c’était le Prince qui venait vérifier qu’un intrus n’était pas de nouveau présent chez le Duc.
- Ce n’est rien, ce n’est que moi.
Pour rassurer l’espagnol, il levait les paumes dans sa direction. Son visage, déjà pâle au naturel, ici livide après cette crise d’angoisse qu’il peinait à réguler, faisait peine à voir. Pour ce qui était de la discrétion, Guillaume avait encore du progrès à faire. Et, à voir le regard d’Isandro, ce dernier ne se doutait pas qu’il monterait lui-même la garde, derrière sa porte.
Bien qu’il soit seul, sans la présence d’Isandro, de son excentricité, de ses gestes tactiles et tendres, de ses sourires ravageurs, Guillaume ressentait les battements de son cœur, prêts à rompre son torse. L’adrénaline peinait à disparaître. Pire encore, elle restait là, pour le torturer, rendre la sensation dans son propre corps épouvantable. Il avait tantôt chaud, tantôt froid. Son corps ruisselait de sueur et pourtant cela ne garantissait pas de réguler sa température. Il sentait une vive tension dans chacun de ses membres, chacun de ses muscles. Il ne cessait de gigoter, ne sachant pas comment se tenir contre le mur. Tout lui semblait épuisant et pourtant il avait ce besoin impérieux de bouger. Non pas qu’il craigne de s’endormir, il s’en sentait bien incapable. Néanmoins ses jambes finirent par prendre le dessus sur le calme et le voilà à faire les cents pas dans le couloir. Le plus silencieusement possible, conscient que certaines lattes du parquet pouvaient à tout moment travailler et trahir ses allers et venus.
Cette situation dura un certain temps et il ne parvint ni à apaiser son cœur qui tambourinait, ni ses membres habités d’une énergie incontrôlable, ni le flot de ses pensées très souvent parasites. Bien des voix lui hurlaient qu’il avait couru un grave danger ce soir, entraînant par la même occasion le Prince d’Espagne. Bien des voix lui ordonnaient de faire plus attention à l’avenir et de toujours garder une bougie allumer, pour surveiller une nouvelle apparition de l’entité aux pupilles dorées. Elles se mélangeaient, se confondaient, formaient une cacophonie qui était prête à le rendre fou. Mais n’était-il pas déjà fou ? Fou de ressentir tout cela dans son corps, fou de ne pas parvenir à user et abuser de son contrôle, celui qu’il s’impose, celui qui le maintient en vie, celui qui lui permet de manipuler tout le monde. Fou de ressentir cette mort imminente, alors que chaque verrous, chaque fenêtres, étaient clos et que le danger avait pris la poudre d’escampette par le balcon, plus tôt.
Au plus fort de sa crise d’angoisse, il sentit la vague de paranoïa le frapper de plein fouet. Sur le moment, il ne comprenait pas à quel point cet événement l’avait également atteint. En continuant sa ronde, errant, faisant toujours les mêmes pas, usant toujours les mêmes lattes du sol, il se frottait vivement la nuque, jetant des regards tantôt vers la porte de la chambre, tantôt vers Catherine. Parfois vers les fenêtres, parfois vers les bougies qui se consumaient lentement et lui offraient l’illusion d’un peu de réconfort. Pour la première fois depuis bien longtemps, Guillaume ressentait de vives émotions. Parmi elles, la sensation d’un danger épouvantable, imminent, menaçant, sur le point de détruire tout ce qu’il a construit, rongeant sa confiance en lui, grattant toutes les couches des divers rôles qu’il avait endossé.
Dans un moment d’égarement, la réalité étant à présent altérée pour le Duc, il culbuta une petite table sur laquelle se trouvaient quelques bougies allumées. Fort heureusement, dans leur chute, elles n’embrasèrent pas le mobilier. Néanmoins, le bruit qu’elles provoquèrent, suivi du grognement du Duc, était suffisant pour réveiller les personnes les plus proches. Catherine était toujours plongée dans son sommeil sans rêve. Quant à Diego et Isandro, il se douta qu’il avait réveillé au moins l’un ou l’autre. Et en entendant la porte s’ouvrir, il se douta que c’était le Prince qui venait vérifier qu’un intrus n’était pas de nouveau présent chez le Duc.
- Ce n’est rien, ce n’est que moi.
Pour rassurer l’espagnol, il levait les paumes dans sa direction. Son visage, déjà pâle au naturel, ici livide après cette crise d’angoisse qu’il peinait à réguler, faisait peine à voir. Pour ce qui était de la discrétion, Guillaume avait encore du progrès à faire. Et, à voir le regard d’Isandro, ce dernier ne se doutait pas qu’il monterait lui-même la garde, derrière sa porte.
Lun 10 Jan - 19:59
Il reste un instant ainsi, le visage penché sur la forme immobile de son ami, à ruminer une envie de vengeance, un besoin de savoir qui est à l’origine de tout ça, comment ou pourquoi… et d’y mettre un terme. Isandro lui-même n’est pas d’une nature violente, seulement, il ne supporte pas l’idée que l’on puisse s’en prendre à ses proches. Particulièrement si c’est pour l’atteindre, lui. Il n’a pas l’intention de laisser cela impuni, et s’il doit trouver un moyen d’agir, il le trouvera.
Il est plongé dans des pensées engourdies mais vivaces quand un bruit, par-delà la porte de la pièce, le fait sursauter. Sont-ils encore attaqués ? La créature revient-elle pour achever ce qu’elle a entamé ? Le prince n’a pas les idées forcément claires néanmoins il reste certain d’une chose : il ne se laissera pas faire. Alors d’une main habile il récupère la dague qu’il avait rangé dans la poche intérieure du pourpoint du chevalier. L’arme aura décidément été bien plus utile que ce à quoi Diego aurait pu s’attendre, en venant chez le duc de Bourgogne.
Une nouvelle fois Isandro serre l’objet de sa main gauche et s’avance jusqu’à la porte, qu’il ouvre en essayant de faire le moins de bruit possible. Il ne veut pas être pris par surprise. Si l’agresseur est de retour, il fera de son mieux pour l’affronter droit dans les yeux ! Il retient sa respiration en avançant de quelques pas mais une voix le prend de court. Celle du duc.
« L-Guillaume ? » Son esprit un peu agité a eu envie de l’appeler Laurent, par automatisme, mais il a le réflexe de se corriger. L’homme lui a fait comprendre qu’il ne tenait plus à ce prénom. Isandro progresse un peu plus jusqu’au blond tout en regardant autour d’eux. Il n’y a personne d’autre dans cette partie de la demeure. Clairement, quand le duc a indiqué que l’on monterait la garde, le prince ne s’attendait pas à ce que ce soit Guillaume lui-même qui s’en charge. Car c’est ce qu’Isandro croit comprendre, tout en remarquant des bougies tombées au sol et désormais éteintes mais toujours fumantes.
Comme pour ne réveiller personne, il chuchote spontanément : « Que s’est-il passé ? » L’espagnol s’avance encore. Le visage du duc semble perdu. « Tout va bien ? Je croyais que tu étais parti dormir… »
Il est plongé dans des pensées engourdies mais vivaces quand un bruit, par-delà la porte de la pièce, le fait sursauter. Sont-ils encore attaqués ? La créature revient-elle pour achever ce qu’elle a entamé ? Le prince n’a pas les idées forcément claires néanmoins il reste certain d’une chose : il ne se laissera pas faire. Alors d’une main habile il récupère la dague qu’il avait rangé dans la poche intérieure du pourpoint du chevalier. L’arme aura décidément été bien plus utile que ce à quoi Diego aurait pu s’attendre, en venant chez le duc de Bourgogne.
Une nouvelle fois Isandro serre l’objet de sa main gauche et s’avance jusqu’à la porte, qu’il ouvre en essayant de faire le moins de bruit possible. Il ne veut pas être pris par surprise. Si l’agresseur est de retour, il fera de son mieux pour l’affronter droit dans les yeux ! Il retient sa respiration en avançant de quelques pas mais une voix le prend de court. Celle du duc.
« L-Guillaume ? » Son esprit un peu agité a eu envie de l’appeler Laurent, par automatisme, mais il a le réflexe de se corriger. L’homme lui a fait comprendre qu’il ne tenait plus à ce prénom. Isandro progresse un peu plus jusqu’au blond tout en regardant autour d’eux. Il n’y a personne d’autre dans cette partie de la demeure. Clairement, quand le duc a indiqué que l’on monterait la garde, le prince ne s’attendait pas à ce que ce soit Guillaume lui-même qui s’en charge. Car c’est ce qu’Isandro croit comprendre, tout en remarquant des bougies tombées au sol et désormais éteintes mais toujours fumantes.
Comme pour ne réveiller personne, il chuchote spontanément : « Que s’est-il passé ? » L’espagnol s’avance encore. Le visage du duc semble perdu. « Tout va bien ? Je croyais que tu étais parti dormir… »
début août 1590
Mer 12 Jan - 23:01
Dîner aux chandelles |
Les paumes tendues en avant, il remarqua dans son champ de vision que ses mains tremblaient. Rien n’allait, rien n’était sous contrôle. Il tentait d’ignorer cette énième preuve qu’il se sentait mal, maintenant qu’Isandro l’avait rejoint. Il n’avait aucun désir de paraître faible, fragile, atteint par les récents événements. Autant que possible, il voulait endosser le rôle de soutien, de figure de force et de courage.
Mais tu n’es pas Dieu, Guillaume.
Il avala difficilement sa salive en rabaissant ses mains. Ses pupilles de glace étaient maintenant fixées sur l’arme dans la main du Prince espagnol. Avec son comportement de fou, il avait trouvé le moyen de faire (encore) paniquer son invité et de lui donner l’impression, pendant quelques secondes, que sa vie était de nouveau en danger. Alors que l’espagnol s’avançait vers lui, Guillaume avait, quant à lui, le réflexe de faire un pas en arrière.
Ce n’était pas qu’il ne désirait pas cette proximité avec Isandro. Ce n’était pas qu’il n’avait pas confiance en cet homme, après tout il était devenu son allié, un rare ami dans ce monde dangereux et ne lui en voulait aucunement pour te qui s’était déroulé. Néanmoins, Guillaume ne se reconnaissait plus. Une telle réaction de son corps et son esprit lui paraissait presque disproportionné, surréaliste… Il ne se souvenait plus de la dernière fois où il avait à ce point ressenti la peur de mourir.
C’est parce que Guillaume ne l’a pas ressentie, Édouard oui…
Que cette voix se taise ! Il était Guillaume, pas Laurent, ni Édouard, ni aucun autre de ses précédents rôles. Qu’on le laisse en paix avec ce passé ! Il n’avait aucune envie de se souvenir de ce jour où ses parents, pourtant innocents, avaient été condamné à mourir sous ses yeux, alors même que le public venu crier et cracher sur leur corps, jetait des pierres et proférait des menaces à Édouard sans le sou…
Il allait imploser. Cela ne pouvait être autrement. Tant d’années à refouler la moindre émotion. Tant d’années à se penser au-dessus de Dieu, de la mort, de sa faucheuse et des menaces l’entourant. Tant d’années à penser son chemin pavé d’or et de gloire. Jamais il n’aurait pensé qu’un jour une entité aux iris jaunes viendrait lui rappeler qu’il n’est qu’un mortel, qu’un sans le sou que tout le monde voudrait voir mort comme ses géniteurs.
Le Duc balbutia quelques paroles, incompréhensibles, sans grand sens, alors même qu’il tentait de s’ancrer dans le présent, plutôt que dans son passé. Il se frotta le visage vigoureusement. Ce qui sortait de sa bouche ressemblait plus à des onomatopées qu’à de véritables mots. Finalement, il n’arrivait même plus à articuler. A vrai-dire, il n’arrivait plus à tenir debout. En vacillant, il se retrouva les fesses au sol. Fort heureusement, le mur dans son dos lui servit de dossier pour garder un semblant de posture et ne pas totalement s’écrouler.
Au fond de lui, une partie des voix lui intimait de lâcher prise, de laisser ce trop plein d’émotions sortir. D’autres, de celles qui ont fait de lui un être au cœur de glace, lui ordonnaient de ne pas songer à laisser la moindre de larme couler, à retrouver la tête haute et se redresser, pour balayer cette crise d’angoisse. Un débat interne s’en suivit et pendant sans doute quelques minutes, il ne bougea pas de sa position, préférant fermer ses paupières pour ignorer au maximum l’environnement autour de lui, accentuant son impression d’être observé, épié, jugé, nourrissant alors sa vague de paranoïa.
Lassé par la cacophonie dans son esprit, éprouvé par cette crise et ce flux d’adrénaline, il rouvrit à demi ses paupières et tomba évidemment sur le visage inquiet d’Isandro, proche de lui. Combien de temps s’était écoulé ? Lui avait-il parlé ? Il n’en avait pas la moindre idée. L’espace d’un instant, il se demanda s’il n’était pas réellement mort, comme il l’avait pressenti tout ce temps, alors pour s’en assurer, il posa la main sur son torse. Manque de bol, il était vivant et senti son propre cœur battre. Comment allait-il se remettre d’avoir été si faible devant le Prince espagnol ? Confus, il bredouilla à son attention :
- Navré, je suis un piètre garde. Un piètre hôte. Un piètre ami.
Mais tu n’es pas Dieu, Guillaume.
Il avala difficilement sa salive en rabaissant ses mains. Ses pupilles de glace étaient maintenant fixées sur l’arme dans la main du Prince espagnol. Avec son comportement de fou, il avait trouvé le moyen de faire (encore) paniquer son invité et de lui donner l’impression, pendant quelques secondes, que sa vie était de nouveau en danger. Alors que l’espagnol s’avançait vers lui, Guillaume avait, quant à lui, le réflexe de faire un pas en arrière.
Ce n’était pas qu’il ne désirait pas cette proximité avec Isandro. Ce n’était pas qu’il n’avait pas confiance en cet homme, après tout il était devenu son allié, un rare ami dans ce monde dangereux et ne lui en voulait aucunement pour te qui s’était déroulé. Néanmoins, Guillaume ne se reconnaissait plus. Une telle réaction de son corps et son esprit lui paraissait presque disproportionné, surréaliste… Il ne se souvenait plus de la dernière fois où il avait à ce point ressenti la peur de mourir.
C’est parce que Guillaume ne l’a pas ressentie, Édouard oui…
Que cette voix se taise ! Il était Guillaume, pas Laurent, ni Édouard, ni aucun autre de ses précédents rôles. Qu’on le laisse en paix avec ce passé ! Il n’avait aucune envie de se souvenir de ce jour où ses parents, pourtant innocents, avaient été condamné à mourir sous ses yeux, alors même que le public venu crier et cracher sur leur corps, jetait des pierres et proférait des menaces à Édouard sans le sou…
Il allait imploser. Cela ne pouvait être autrement. Tant d’années à refouler la moindre émotion. Tant d’années à se penser au-dessus de Dieu, de la mort, de sa faucheuse et des menaces l’entourant. Tant d’années à penser son chemin pavé d’or et de gloire. Jamais il n’aurait pensé qu’un jour une entité aux iris jaunes viendrait lui rappeler qu’il n’est qu’un mortel, qu’un sans le sou que tout le monde voudrait voir mort comme ses géniteurs.
Le Duc balbutia quelques paroles, incompréhensibles, sans grand sens, alors même qu’il tentait de s’ancrer dans le présent, plutôt que dans son passé. Il se frotta le visage vigoureusement. Ce qui sortait de sa bouche ressemblait plus à des onomatopées qu’à de véritables mots. Finalement, il n’arrivait même plus à articuler. A vrai-dire, il n’arrivait plus à tenir debout. En vacillant, il se retrouva les fesses au sol. Fort heureusement, le mur dans son dos lui servit de dossier pour garder un semblant de posture et ne pas totalement s’écrouler.
Au fond de lui, une partie des voix lui intimait de lâcher prise, de laisser ce trop plein d’émotions sortir. D’autres, de celles qui ont fait de lui un être au cœur de glace, lui ordonnaient de ne pas songer à laisser la moindre de larme couler, à retrouver la tête haute et se redresser, pour balayer cette crise d’angoisse. Un débat interne s’en suivit et pendant sans doute quelques minutes, il ne bougea pas de sa position, préférant fermer ses paupières pour ignorer au maximum l’environnement autour de lui, accentuant son impression d’être observé, épié, jugé, nourrissant alors sa vague de paranoïa.
Lassé par la cacophonie dans son esprit, éprouvé par cette crise et ce flux d’adrénaline, il rouvrit à demi ses paupières et tomba évidemment sur le visage inquiet d’Isandro, proche de lui. Combien de temps s’était écoulé ? Lui avait-il parlé ? Il n’en avait pas la moindre idée. L’espace d’un instant, il se demanda s’il n’était pas réellement mort, comme il l’avait pressenti tout ce temps, alors pour s’en assurer, il posa la main sur son torse. Manque de bol, il était vivant et senti son propre cœur battre. Comment allait-il se remettre d’avoir été si faible devant le Prince espagnol ? Confus, il bredouilla à son attention :
- Navré, je suis un piètre garde. Un piètre hôte. Un piètre ami.
Mer 12 Jan - 23:10
Alors que le coeur de Guillaume tambourine dans sa poitrine, vous pouvez entendre tous les deux de légers gémissements provenir de Catherine.
"Hu..."
La jeune femme semble être en train d'émerger, avec toutes les douleurs que cela lui occasionne.
Intervention PNJ
Alors que le coeur de Guillaume tambourine dans sa poitrine, vous pouvez entendre tous les deux de légers gémissements provenir de Catherine.
"Hu..."
La jeune femme semble être en train d'émerger, avec toutes les douleurs que cela lui occasionne.
Jeu 13 Jan - 23:41
Plus il s’approche, plus Isandro peut apercevoir les traits affolés du duc. Ce dernier est loin de l’image de perpétuel contrôle qu’il affiche, en général. Depuis que le prince l’a recroisé ici, disons. A Dijon, il était déjà homme de sang-froid, à taire au maximum ses émotions mais leur relation était autre. Laurent n’était pas Guillaume, tout comme Guillaume est une autre version de Laurent. Ils sont presque d’égal à égal, désormais. Dans l’esprit de l’espagnol, peu lui importe le nom ou l’étiquette, que cet homme l’accepte ou non, il occupe une place à part dans sa vie et ce qu’ils viennent de vivre, en cette soirée, ajoute encore à tout cela.
C’est pourquoi l’espagnol est un instant déstabilisé. Lui-même n’est pas au mieux de la forme, le sommeil n’a pas véritablement réussi à l’atteindre quand le souvenir de l’agresseur, de sa voix caverneuse et de ses grands yeux dorés ne le quitte pas. Est-ce le cas pour le duc, également ? Il veut se rapprocher, le questionner, mais le blond a un mouvement de recul, dans un état presque second. Isandro glisse la dague dans son dos, comme pour ne pas effrayer Guillaume, sans détourner les yeux. Mais le blond le regarde sans le voir, l’air dur qu’il affiche dans un premier temps se meut en une forme d’inquiétude. Isandro ne sait pas quoi faire, quoi dire, alors il observe, non loin mais pas assez proche à son goût. Le duc murmure des mots que l’espagnol ne saisit pas. « … ¿qué? »
Le blond lui semble véritablement perdu, en proie à des émotions trop nombreuses et trop difficiles à enfouir, il se frotte le visage et vacille. Le prince veut le ramener à lui, à la réalité et tente, plus fort : « Guillaume ? » Silence. Le duc est-il de ces gens qui se réveillent endormis, capables de tenir une conversation, dit-on ? Il n’a jamais vu l’autre homme ainsi et est un peu dépassé. Soudain, le duc ne tient plus droit et se rattrape au mur. C’en est trop pour Isandro qui s’avance une bonne fois pour toute. Il a peur de le brusquer et en même temps ne supporte pas de le voir ainsi. Il s’est senti impuissant bien trop de fois, ce soir. Sans oser toucher l’autre homme, il s’appuie à son tour contre le mur, l’attention toute tournée vers le duc. Ainsi, il en oublie ses propres craintes. Ainsi, il peut être présent pour son ami, simplement présent.
Puis les paupières du blond finissent par se rouvrir doucement. Il tourne un regard plus clair en sa direction et Isandro se redresse, dans l’attente de voir. Guillaume est bel et bien revenu à lui ? A ses gestes, cela semble être le cas, comme s’il s’assurait qu’il respirait bien encore. Et quand il parle, sa voix ne cache rien de ses tremblements ni de sa confusion.
« Ne t’exc… » Les mots se meurent dans la gorge du prince quand un gémissement se fait entendre.
Il est le premier à se redresser promptement, essayant de comprendre d’où cela peut provenir. Quand il comprend qu’il s’agit de la servante, il tend la main en direction du blond pour l’aider à se redresser à son tour. Il ne la lâche pas et s’assure que le duc peut bien marcher pour combler la courte distance qui les sépare de là où se trouve la jeune femme.
Il ne lâche cette main qu’une fois qu’ils sont tout deux devant ce corps fragile qui reprend connaissance. Avec Guillaume, il l’aide à se redresser, et tandis que le duc reste auprès d’elle, Isandro remarque une carafe d’eau tout proche. Il s’empresse de remplir un verre d’eau qu’il lui tend, d’une voix douce.
« Buvez, cela vous fera du bien. »
C’est pourquoi l’espagnol est un instant déstabilisé. Lui-même n’est pas au mieux de la forme, le sommeil n’a pas véritablement réussi à l’atteindre quand le souvenir de l’agresseur, de sa voix caverneuse et de ses grands yeux dorés ne le quitte pas. Est-ce le cas pour le duc, également ? Il veut se rapprocher, le questionner, mais le blond a un mouvement de recul, dans un état presque second. Isandro glisse la dague dans son dos, comme pour ne pas effrayer Guillaume, sans détourner les yeux. Mais le blond le regarde sans le voir, l’air dur qu’il affiche dans un premier temps se meut en une forme d’inquiétude. Isandro ne sait pas quoi faire, quoi dire, alors il observe, non loin mais pas assez proche à son goût. Le duc murmure des mots que l’espagnol ne saisit pas. « … ¿qué? »
Le blond lui semble véritablement perdu, en proie à des émotions trop nombreuses et trop difficiles à enfouir, il se frotte le visage et vacille. Le prince veut le ramener à lui, à la réalité et tente, plus fort : « Guillaume ? » Silence. Le duc est-il de ces gens qui se réveillent endormis, capables de tenir une conversation, dit-on ? Il n’a jamais vu l’autre homme ainsi et est un peu dépassé. Soudain, le duc ne tient plus droit et se rattrape au mur. C’en est trop pour Isandro qui s’avance une bonne fois pour toute. Il a peur de le brusquer et en même temps ne supporte pas de le voir ainsi. Il s’est senti impuissant bien trop de fois, ce soir. Sans oser toucher l’autre homme, il s’appuie à son tour contre le mur, l’attention toute tournée vers le duc. Ainsi, il en oublie ses propres craintes. Ainsi, il peut être présent pour son ami, simplement présent.
Puis les paupières du blond finissent par se rouvrir doucement. Il tourne un regard plus clair en sa direction et Isandro se redresse, dans l’attente de voir. Guillaume est bel et bien revenu à lui ? A ses gestes, cela semble être le cas, comme s’il s’assurait qu’il respirait bien encore. Et quand il parle, sa voix ne cache rien de ses tremblements ni de sa confusion.
« Ne t’exc… » Les mots se meurent dans la gorge du prince quand un gémissement se fait entendre.
Il est le premier à se redresser promptement, essayant de comprendre d’où cela peut provenir. Quand il comprend qu’il s’agit de la servante, il tend la main en direction du blond pour l’aider à se redresser à son tour. Il ne la lâche pas et s’assure que le duc peut bien marcher pour combler la courte distance qui les sépare de là où se trouve la jeune femme.
Il ne lâche cette main qu’une fois qu’ils sont tout deux devant ce corps fragile qui reprend connaissance. Avec Guillaume, il l’aide à se redresser, et tandis que le duc reste auprès d’elle, Isandro remarque une carafe d’eau tout proche. Il s’empresse de remplir un verre d’eau qu’il lui tend, d’une voix douce.
« Buvez, cela vous fera du bien. »
début août 1590
Dim 16 Jan - 11:16
Dîner aux chandelles |
Piètre n’était pas le mot le plus fort qu’il aurait pu utiliser. Ainsi certaines voix lui répétaient sans cesse qu’il était pathétique. Faible. Fragile. Sans contrôle. Rien du tout, sans le sou. Quand bien même tout cela le révulsait, lui qui avait lutté des années pour construire une identité forte, sans faille, qui repoussait les émotions, les craintes, la peur, Guillaume ne se sentait pas de se battre à ce moment. Inutile de jouer des faux-semblant, Isandro avait déjà assisté à toute cette scène, il ne pourrait oublier cette image d’homme sensible, affaibli et rongé par les angoisses. Inutile de jouer un rôle, Guillaume pouvait se laisser aller quelques instants. Mais était-ce bien Édouard qui reprenait le dessus ? Impossible de le savoir. Il était perdu parmi toutes ces facettes. Il ne savait plus qui il était.
Le Prince et le Duc échangeaient tout juste un regard lorsqu’un gémissement les rappela à la réalité. Catherine se réveillait de son sommeil forcé, peu à peu. Encore troublé parce ce qu’il venait de vivre et de montrer à l’espagnol, Guillaume mit plusieurs secondes à se rappeler de l’état de sa domestique. Et, au vu de tout ce qu’elle avait vécu, elle méritait qu’il oublie ses propres soucis pour qu’il lui accorde l’attention qui lui était dû.
Isandro l’avait devancé et lui proposa une main pour l’aider à se relever. Dans d’autres circonstances, Guillaume aurait esquivé ce contact pour ne pas s’infliger la sensation de la peau d’un autre sur la sienne. Mais puisqu’il s’agissait d’Iso, il ne posa presque pas la question et se servit de lui pour se relever. En douceur, le Duc redécouvrit le poids de son corps une fois debout. Il se sentait épaulé de son Prince espagnol qui ne lâcha pas sa main, sans doute soucieux de s’assurer qu’il ne s’écroulera pas une seconde fois. Même s’il n’en dit rien à ce moment-là, Guillaume l’en remercia intérieurement.
Avec toute la bienveillance dont ils étaient capables, les deux nobles s’attelèrent à redresser lentement Catherine, pour qu’elle trouve une position relativement confortable, le temps de se réveiller, de comprendre ce qu’il était s’était passé… L’horreur que ressentait le blond en voyant de si près les blessures de sa domestique était vive. Pas parce qu’il détestait le sang, pas parce qu’il voyait son visage pourtant beau sous un nouvel aspect, plein d’anomalies qui avaient tendance à le stresser, mais bien parce qu’il était confronté à cette terrible injustice qu’elle avait subi.
Alors qu’Isandro lui proposait un verre d’eau, un geste qu’un Prince ne devrait pas accomplir, Guillaume dégageait une mèche de cheveux du visage de Catherine. Tenir une conversation avec elle serait sans aucun doute compliqué. Elle n’était pas totalement réveillée, ne donnait pas l’impression d’être certaine de comprendre où elle se trouvait, ni pourquoi deux nobles de la cour se préoccupait de son sort. Au fond, le Duc espérait que le traumatisme lui a permis d’oublier le visage de l’entité et plus particulièrement ses pupilles. Elle ne méritait pas d’être hantée par ce regard.
Ne sachant pas par quel bout prendre toute cette histoire, il se contenta d’exposer les faits. De toutes façons, quand bien même il voudrait y mettre la forme, il en était tout simplement incapable dans son état actuel.
- Quelqu’un s’est introduit ici. L’ami de Son Altesse a été attaqué, tout comme vous. Votre agresseur a pris la fuite. Vous êtes en sécu… Pouvait-il seulement l’affirmer ? Il se ravisa aussitôt. Vous prendrez tout le temps nécessaire pour vous reposer et vous remettre de cette tragique soirée. J’y veillerai personnellement.
Évidemment, le temps des questions viendraient… Isandro comme lui devaient en avoir des dizaines. Néanmoins, l’accabler dès son réveil n’était pas judicieux, ainsi il lui laissa le temps de digérer ces informations, tout comme son verre d’eau. L'avantage d'être face à Catherine, victime directe de cette attaque, c'est que Guillaume n'avait plus aucune raison de penser à lui-même. Il concentra toute son attention sur elle, plutôt que sur sa crise d'angoisses et de paranoïa, à laquelle il avait déjà trop donner de son énergie.
Le Prince et le Duc échangeaient tout juste un regard lorsqu’un gémissement les rappela à la réalité. Catherine se réveillait de son sommeil forcé, peu à peu. Encore troublé parce ce qu’il venait de vivre et de montrer à l’espagnol, Guillaume mit plusieurs secondes à se rappeler de l’état de sa domestique. Et, au vu de tout ce qu’elle avait vécu, elle méritait qu’il oublie ses propres soucis pour qu’il lui accorde l’attention qui lui était dû.
Isandro l’avait devancé et lui proposa une main pour l’aider à se relever. Dans d’autres circonstances, Guillaume aurait esquivé ce contact pour ne pas s’infliger la sensation de la peau d’un autre sur la sienne. Mais puisqu’il s’agissait d’Iso, il ne posa presque pas la question et se servit de lui pour se relever. En douceur, le Duc redécouvrit le poids de son corps une fois debout. Il se sentait épaulé de son Prince espagnol qui ne lâcha pas sa main, sans doute soucieux de s’assurer qu’il ne s’écroulera pas une seconde fois. Même s’il n’en dit rien à ce moment-là, Guillaume l’en remercia intérieurement.
Avec toute la bienveillance dont ils étaient capables, les deux nobles s’attelèrent à redresser lentement Catherine, pour qu’elle trouve une position relativement confortable, le temps de se réveiller, de comprendre ce qu’il était s’était passé… L’horreur que ressentait le blond en voyant de si près les blessures de sa domestique était vive. Pas parce qu’il détestait le sang, pas parce qu’il voyait son visage pourtant beau sous un nouvel aspect, plein d’anomalies qui avaient tendance à le stresser, mais bien parce qu’il était confronté à cette terrible injustice qu’elle avait subi.
Alors qu’Isandro lui proposait un verre d’eau, un geste qu’un Prince ne devrait pas accomplir, Guillaume dégageait une mèche de cheveux du visage de Catherine. Tenir une conversation avec elle serait sans aucun doute compliqué. Elle n’était pas totalement réveillée, ne donnait pas l’impression d’être certaine de comprendre où elle se trouvait, ni pourquoi deux nobles de la cour se préoccupait de son sort. Au fond, le Duc espérait que le traumatisme lui a permis d’oublier le visage de l’entité et plus particulièrement ses pupilles. Elle ne méritait pas d’être hantée par ce regard.
Ne sachant pas par quel bout prendre toute cette histoire, il se contenta d’exposer les faits. De toutes façons, quand bien même il voudrait y mettre la forme, il en était tout simplement incapable dans son état actuel.
- Quelqu’un s’est introduit ici. L’ami de Son Altesse a été attaqué, tout comme vous. Votre agresseur a pris la fuite. Vous êtes en sécu… Pouvait-il seulement l’affirmer ? Il se ravisa aussitôt. Vous prendrez tout le temps nécessaire pour vous reposer et vous remettre de cette tragique soirée. J’y veillerai personnellement.
Évidemment, le temps des questions viendraient… Isandro comme lui devaient en avoir des dizaines. Néanmoins, l’accabler dès son réveil n’était pas judicieux, ainsi il lui laissa le temps de digérer ces informations, tout comme son verre d’eau. L'avantage d'être face à Catherine, victime directe de cette attaque, c'est que Guillaume n'avait plus aucune raison de penser à lui-même. Il concentra toute son attention sur elle, plutôt que sur sa crise d'angoisses et de paranoïa, à laquelle il avait déjà trop donner de son énergie.