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Constantin de St Hilaire
DEUS LUX NOSTRA

inventaire

Espèce : Humain
Emploi : Archevêque de France
Situation maritale : Uni à Dieu
Pièces : 3811
DC : potichien ✺ Hélène ✺ Hildegard ✺ Titi ✺ Adam ✺ Mélusine

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Constantin de St Hilaire
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Mar 23 Mar - 13:08
And the silence overtakes you


Deux jours s'étaient écoulés depuis leur retour d'Évreux, deux jours passés dans un silence étrange, pesant qui ne leur ressemblait pas à tous les deux. Alfred les avait accueillis à bras ouverts, le bougre avait même religieusement gardé la meule offerte par Aimable avant leur départ pour célébrer leur retour mais en voyant les mines déconfites du prêtre et de son assistante, le vieil homme avait fini par se taire lui aussi et abandonna toute idée de leur demander ce qu'ils avaient fait bonne route, les installant sans dire grand chose où les attendait le souper préparé par sa fille. Deux jours s'étaient écoulés alors. Deux jours durant lesquels Constantin reçut son courrier à cette adresse et ne mit pas un pied au Palais, les autorités de l'Église le laissant tranquille après l'immense choc qu'il venait de recevoir. Deux jours durant lesquels l'évêque sortit à peine de sa chambre et quand il le fit, c'était en évitant soigneusement Béatrice. Lui qui avait pourtant instauré la tradition de tirer toute la maisonnée du lit avant le lever du soleil pour une prière matinale et un petit-déjeuner ensemble comme le semblant de famille dysfonctionnelle qu'ils étaient, ne lui avait pas adressé pas plus de trois mots dans la même journée, laissant même les repas qu'il préparait dans la cuisine pour manger seul à son bureau.
Dans l'obscurité de sa chambre, il repensait à leurs échanges au lendemain de leur première attaque, à la métamorphose de la demoiselle, son arrivée dans sa maisonnée, la lettre, les parents partis, la chasse, le pouvoir, la honte, la trahison, l'étreinte du second réveil, la tristesse, la tristesse, la tristesse. Toujours la tristesse. Au moins la tristesse le gardait éveillé. Au moins la tristesse lui avait retiré les cauchemars. Pour combien de temps ?

Au troisième jour ce ne seront pas donc pas les coups à sa porte suivi du traditionnel « Mademoiselle le Seigneur vous appelle ! » qui réveilleront Béatrice. Ce ne seraient pas non plus des cris de panique au milieu de la nuit, pas plus que le miaulement des chats errants venus réclamer leur pitance sur le balcon voisin qui viendront interrompre son sommeil à la première heure du matin. Non, ce sera le chant lourd, répétitif et lointain d'un marteau dans le jardin sur lequel donnait sa fenêtre.
Béatrice pourra rester dans son lit, se retourner autant de fois qu'elle le souhaite dans ses draps et même passer sa tête sous son oreiller, elle entendra toujours encore et encore ce bruit infernal de chantier venant de l'extérieur. Lorsqu'elle se décidera à sortir inspecter, à descendre les escaliers grinçants de la maison, ce sera pour tomber sur Alfred, prostré devant la porte arrière à observer quelque chose en secouant la tête.

▬ J'l'ai jamais vu comme ça le pauvre garçon... Marmonnera-t-il dans sa barbe avant de se tourner vers elle. Pardonnez-moi de vous demander ça comme ça, mais qu'est-ce que vous lui avez fait Mademoiselle ?

Et lorsqu'elle se décidera enfin à se hisser sur la pointe des pieds pour voir ce qu'il se passe, Béatrice tombera sur le spectacle improbable d'un Constantin en chemise, pantalon (il ne s'habillait jamais en civil, y compris à la maison) prostré sur lui-même à clouer des planches les unes sur les autres pour former ce qui s'apparentait à une espèce de cabanon. Ou du moins à essayer. Si les bases avaient été posées, le prêtre était prestement occupé à enfoncer des clous sur le même morceau de bois. Morceau de bois qui n'était rattaché à rien. Morceau de bois sur lequel étaient déjà alignés plusieurs dizaines de clous reliant l'objet au vide le plus absolu.

▬ Il est cassé je crois. Lâchera Alfred en regardant son maître se saisir d'un nouveau clou pour rageusement l'éclater à coups de marteau dans la même planche.

Même les chats qui d'ordinaire à cette heure-ci venaient quémander leur repas, se tenaient à une distance respectueuse de la scène sans oser intervenir.
C'était sinon une belle matinée de printemps.





Béatrice Botherel
HUMAIN - PEUPLE

inventaire

Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
— Une dague classique
— Coupon de mission x1
Espèce : Humaine.
Emploi : Au service du Grand Cardinal.
Pièces : 5264

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Béatrice Botherel
Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
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Espèce : Humaine.
Emploi : Au service du Grand Cardinal.
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Mar 30 Mar - 5:32



À tous les repas
il mangera du soleil
Béatrice rêvait beaucoup.

Lorsqu’au retour d’Évreux, épuisée de fatigue et de peine (l’hurlement de Merill, cette âme qui tremble, même une fois le silence retombé, lui restait dans les oreilles), elle s’était endormie sur l’épaule de Constantin, ce n’était pourtant pas Laurent qu’elle avait croisé dans cet ailleurs, mais Oscar. Une ombre de lui, là, dans un coin de cette cellule dont l’aurore filtrait par les barreaux de la fenêtre. Il parlait, mais elle n’entendait qu’un écho lointain.

Lorsqu’elle retrouva son inconfortable matelas, sa chambre sobre, ennuyeuse, si éloignée de celle dans laquelle elle avait grandi avec des souvenirs sur tous les meubles, elle s’étonna de ne pas en être tirée au matin par la voix du prêtre. De ne pas devoir lui répondre, comme elle en avait l’habitude, que même s’il était vrai qu’elle était tout à fait charmante, l’intérêt que Dieu lui portait devenait quelque peu inquiétant, et qu’il devrait appeler quelqu’un d’autre pour changer.

Non, rien de tout ça.
À la place, elle rêvait beaucoup, et sortait du lit avec des songes collés à la peau, et des mots, des mots dans la tête qu’elle ne pouvait ni entendre ni comprendre.

Et lorsqu’elle prenait son bain, que l’eau balayait les phrases et les mystères conjoints, quand elle quittait la bassine et essorait ses cheveux, c’était au tour de la tristesse de se glisser sur son épiderme.

Ils n’avaient sauvé personne.
Ils ne s’étaient même pas sauvé eux-mêmes.
S’ils n’étaient pas intervenus, le duc de Normandie se serait chargé de l’affaire pareillement, avec plus de moyens et de compétences.

Ils n’avaient sauvé personne.

Elle croisa quelques fois Constantin, qui restait autrement cloîtré dans sa chambre. Elle comprenait, bien sûr. Parfois, elle aimerait s’enfermer quelque part pour ne jamais ressortir, elle aussi, attendre que le monde passe, se termine et renaisse autrement, emportant avec son déclin la souffrance.

Quel dommage que les geôles lui soient si effrayantes.

Cela eu au moins le mérite de la rapprocher d’Alfred. Les repas, autrement, seraient insupportables. Et si elle ne pouvait pas répondre aux questions qu’il souhaitait si fort lui poser, elle en vint à respecter sa délicatesse, et sa loyauté qui le poussait à éviter soigneusement l’houleux sujet de ce qu’il s’était passé là-bas. Ce n’était pas faute de vouloir en parler, pourtant. Elle gardait tellement de mots enfermés en elle, des mots qu’elle n’oserait jamais prononcer parce que les avouer serait un supplice même à ses oreilles — peut être que Constantin aussi, peut être que c’est pour ça qu’il hurlait la nuit, parce que les mots devaient sortir malgré tout.

Cette nuit là aussi, elle croisa l’ombre d’Oscar, à la voix grave, imprécise, comme un souvenir oublié, comme la couleur des yeux de sa mère — mais se réveilla à un son qu’elle n’avait jamais connu jusqu’alors.

L’espace d’un instant, elle était de retour à Évreux, dans cette petite cabane, tirée du lit par un cri à en glacer le sang. La peur la mit debout, le pouce qui séparait la garde de son épée du fourreau en un réflexe avant même qu’elle ne comprenne contre qui ou quoi elle se battait — avant qu’elle ne réalise être seule dans sa chambre.

Alors qu’est-ce que c’était que ce boucan infernal ?

Pour ne pas choquer la sensibilité d’Alfred et Constantin, elle enfila ses vêtements de ville et alla vérifier la question par elle-même. Elle tomba nez à nez, ou plutôt nez à dos, avec l’homme grisonnant. Par delà la porte entrouverte, les bruits sourds persistaient. Un marteau ?

Alfred se tourna finalement vers elle avec une question qui la prit au dépourvu. Elle n’avait rien fait ! s’entendit-elle penser. Elle n’avait rien fait — et elle n’avait pas fait assez non plus.

S’approchant de l’embrasure de la porte, elle comprit finalement de quoi le valet lui parlait. Qu’est-ce que c’était que cette tenue ? Et cette planche cloutée ? Une sorte de nouvelle décoration étrange ? Béatrice n’avait jamais tenu un tel outil de sa vie, mais se doutait pourtant que ce n’était pas ainsi qu’on procédait pour l’employer.

Qu’est-ce... ?

Elle s’éloigna de la porte, hésitant à intervenir, avant de croiser le regard réprobateur d’Alfred. S’en suivit un échange de gestes, des mains qui montrent l'extérieur, d’autres qui font un signe de croix, des têtes qui se secouent, d’autres qui acquiescent, une véritable parade avant qu'il ne lui ouvre en grand le chemin du jardin.

Il ne veut pas me parler.

Le valet reprit un peu de son sérieux et, surprenamment, de son indulgence. Ils avaient discuté hier aussi, dans ce même jardin, là, assis sur les marches alors que la nuit tombait. De tout, de rien, surtout de rien — échangé quelques piques avant qu’Alfred réalise qu’il était seul à les lancer — Béa se laissait poindre sans réagir.

Il s’était vraiment passé quelque chose de grave à Évreux, n’est-ce pas ?

— Mais vous, oui. Alors zou.

Il la poussa dehors et claqua la porte derrière elle. Elle regrettait déjà (mais en fait non) d’avoir laissé entendre, la veille, que le silence de Constantin lui pesait.

Il est cassé je crois, disait juste alors Alfred. Mais il n’était pas cassé, remarqua Béatrice en s’approchant du Grand Cardinal. Ce n’est pas un jouet qu’on fait tomber, quand bien même Dieu s’était plu à les jeter contre un mur, l’un comme l’autre, avec cette dernière mission.

Monsieur Constantin ?

Elle lança un regard curieux aux chats qui n’osaient plus s’approcher, eux non plus.

Elle ne lui demanderait pas si tout allait bien avec sa petite voix parce qu’il n’existait pas de questions plus stupides après ce qu’il s’était passé. En revanche, elle pouvait bien dire l’autre chose qui lui venait à l’esprit maintenant qu’elle l’apercevait pour ce qu’il était, dans sa tenue d’homme ordinaire qui cherchait à s’oublier, sa tenue d'homme commun qui avait trébuché dans quelque chose d'infiniment trop grand pour lui :

Vous avez besoin d'aide ?
Constantin de St Hilaire
DEUS LUX NOSTRA

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Constantin de St Hilaire
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Sam 3 Avr - 1:10
And the silence overtakes you


En se levant ce matin-là  - façon de parler, il n'avait pas rejoint son lit de la nuit, Constantin fut frappé par une illumination divine, probablement nourrie par la fatigue extrême. Ce matin-là, Constantin arrêterait de fuir, il ferait ce qu'il s'était promis de faire il y avait bien des années. Fi des excuses, des prétextes, rien ne pourrait plus l'arrêter : cette fois-ci, il se jurait de tenir cet engagement jusqu'au bout ! Oui, ce matin-là, Constantin s'était promis de construire enfin le poulailler dont il rêvait depuis qu'il était tout petit.
Imaginez un peu la joie que ce serait de s'éveiller au chant du coq aux premières aurores pour faire sortir tout ce petit régiment de demoiselles ailées et s'en aller cueillir quelques oeufs frais pour le petit déjeuner. Nul doute que la solution  à tous ses problèmes se trouvait là, dans les roucoulements bécasses des volailles et leurs froissements d'ailes courroucés quand il faudrait les rentrer la nuit ou que l'écuelle à graines ne serait pas assez remplie à leur convenance. Ah les poules avaient la vie simple elles et la cervelle creuse. Qu'est-ce qu'il ne ferait pas pour ne pas n'avoir à se soucier que de la couleur de l'herbe sous ses pattes et de la caresse du soleil sur ses plumes ? Ce serait chouette d'être une poule, de ne penser à rien, de ne plus rien entendre. Les voix, les pleurs, les cris. Tout ces cris, cette plainte effroyable qui sifflait dans ses oreilles dès qu'il faisait mine de s'allonger dans ses bras, le faisant détaler jusqu'à sa fenêtre pour guetter le retour de la Bête et de ses bois effroyables. Au moins Alfred et Béatrice n'avaient plus à se plaindre de ses terreurs nocturnes : les jours avaient fondu dans les nuits et inversement. Le temps ne comptait plus vraiment à présent. Tout son monde et ses repères s'étaient effondrés.

Était-ce donc ainsi un poulailler ou les morceaux de son propre psyché qu'il s'efforçait donc de faire tenir debout à grands coups d'acier furieux ?

L'évêque ne broncha pas le moins du monde quand une porte claqua dans son dos : il était tout concentré sur sa tâche. Ces poules méritaient bien d'un toit solide au-dessus de leurs têtes et tant pis si ça cacherait les étoiles. La Ville-Lumières mangeait les étoiles de toutes façons.

Ainsi, ce fut à peine s'il remarqua la présence de Béatrice à ses côtés. Les coups de marteaux cognaient plus fort que sa petite voix. Et pourtant ce fut cette petite voix qui le força à tourner lentement la tête. Sur son visage creusé par les cernes et l'angoisse, un long sourire fendit doucement sa machoire de droite à gauche. Un sourire absolument dénué de la tendresse qui d'ordinaire l'habitait. Un sourire sec, un sourire fané.

▬ Oh comme c'est gentil de proposer votre aide Mademoiselle Botherel ! Il parlait fort, de façon saccadée avec un entrain qui paraissait forcé, comme si c'était quelqu'un d'autre derrière cette figure fatiguée qui faisait tordre ses lèvres à l'aide de ficelles invisibles. Son bras s'abattit brutalement sur le bois (BAM), un nouveau clou s'écrasait sous l'enclume. Voyez-vous je construis un poulailler pour nos futures colocataires. Il ne faut pas qu'elles dorment dehors, elles pourraient prendre froid ou pire encore que sais-je ? Paris est pleine de drôles de choses. Vous aimez les poules Béatrice ? Moi j'aime beaucoup les poules, elles me font rire avec leurs yeux ronds et leurs glouglous incessants. Oh bien sûr il faudra aussi mettre en place un grillage amovible, disons d'ici jusqu'au parterre là-bas pour commencer parce que ça détruit tout les poules ah ça oui. Ça vous abime un beau gazon en moins d'une saison ces coquines-là c'est fou tous les dégâts que ça peut causer pour de si petites bêtes. C'était déjà là la plus longue conversation qu'ils avaient tenu depuis leur retour d'Évreux.

N'attendant pas de réponse, il baissa les yeux vers sa planche et continua son monologue à toute allure :

▬ Mais oh comme c'est gentil de proposer votre aide Mademoiselle Botherel. Mais vous voyez bien que juste avant votre arrivée je (BAM) m'en sortais très bien. Comme un charme même. (BAM) Pourquoi aurais-je (BAM) besoin (BAM) d'aide ?  (BAM) Je me LE (BAM) DEMANDE BIEN !  (BAM) Dans un dernier éclat de voix puisqu'il avait clairement crié, la planche craqua en deux et tomba pitoyablement dans l'herbe. La figure inexpressive, son sourire s'étant craqué en deux comme le bout de bois à ses pieds, il s'essuya le front d'un revers de menton et désigna une pile de planches à la jeune femme. Non en fait si, passez-moi une nouvelle planche je vous prie. Demanda-t-il très calmement, malgré ses mains tremblantes et son coeur qui battait à tout rompre dans sa poitrine.

Au fond de lui-même, il se sentait comme cette latte au sol éclatée en deux et tailladée de parts et d'autres par touts ces petits clous tordus comme des plaies jamais complètement refermées.





Béatrice Botherel
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Dim 4 Avr - 23:07



À tous les repas
il mangera du soleil
Le sourire qu'il lui lança alors aurait du la rassurer, mais il était dénué de chaleur, à en faire froid dans le dos. Quant à son discours, il lui semblait presque fiévreux, si bien que dans d'autres circonstances, Béatrice se serait approchée pour poser sa main contre son front et prendre sa température. Lorsqu'elle avait passé la porte du jardin, qu'elle s'était présentée à lui, c'était avec la crainte qu'il prétende bien se porter, vouloir travailler pour oublier les quelques mésaventures d’Évreux, qu’après cela tout irait pour le mieux...

Et non pas ça.

Des craquelures de son masque suintait un liquide sombre qui coulait à ses pieds.

Des poules, donc. Les mains croisées devant elle, les yeux mal assurés, Béatrice considéra le prêtre, puis les planches à quelques mètres de lui. De toute évidence, son projet se déroulait mal.

Elle haussa un sourcil à sa question, sentant à son ton qu’elle n’aurait de toute façon pas le temps d’y répondre, et garda cette attitude calme, presque impassible, pour peu que ses yeux ne brillent pas de cette lueur affligée. Constantin était à bout : elle marcherait sur des œufs pour le reste de la conversation. Au moins était-ce étrangement approprié à l’habitat qu’il cherchait à construire.

Aussitôt qu’il reprit les coups de marteau, Béatrice serra ses deux mains entre elles pour en stopper les tremblements. Entendre ce son de loin, dans la sécurité de son lit, c’était quelque chose — se tenir à côté de sa source, c’en était une autre, et elle ne serait pas surprise, entre deux chocs, d’entendre le fouet de la comtesse claquer, les os pousser du sang et lui entailler la chair, le coup de feu partir, l’achever, le dépecer.

Elle détourna les yeux, la gorge serrée.

Ils se posèrent sur la pile de planches que venait de lui désigner Constantin, avant de retourner auprès de lui, plus interrogatifs qu’à leur départ. Il ne pensait tout de même pas persévérer dans cet état ?

Sans doute était-ce un peu hypocrite pour elle de penser une chose pareille.

Elle resta penaude un instant, hésitant entre l’arrêter ou lui prêter main forte. Mais ce n’était pas juste les poules, n’est-ce pas ? C’était autre chose, un sentiment de victoire sur une tâche difficile, ou un petit morceau de son passé qu’il tenait à ramener dans ce jardin. L’idée qu’il continue dans cet état lui semblait mauvaise, mais celle de l’arrêter quand tout l’endiguer déjà lui parut pire.

Un instant s'il vous plait.

Elle disparut dans la maison, ouvrant doucement la porte pour éviter qu’Alfred ne se cogne contre elle. Leur échange fut bref — il était difficile, de toute façon, de répondre à la question comment va-t-il ?

Il allait.
Restait à savoir où.

Elle sortit une minute plus tard, vêtue d’un tablier trop grand, les cheveux relevés en une longue queue de cheval par un ruban bleu.

Gants, lui dit-elle en lui tendant une paire. Alfred m’a dit de faire attention aux échardes.

Il avait quitté son point d’observation pour aller chercher du renfort, contre une tâche décrite par Béatrice comme « importante, du genre vraiment personnelle ». Ah, si c’est vraiment personnel, avait-il lâché en enfilant son manteau.

Bon. J’ai déjà vu mon père utiliser cet outil. De loin, certes, mais je l’ai vu.

Elle ne parlait jamais de lui. Elle ne parlait jamais d’eux. La situation était bel et bien exceptionnelle.

Il faut...

Là déjà voilà perdue, inspectant les deux planches dans ses mains comme si c’eut été un étrange artefact. Après un moment de considération, elle en rajouta une troisième, d’un diamètre plus petit.

... Les clouer... Ensembles. Comme ça ? Je crois. J’espère ? Sans doute. Oui, oui, c’est sans doute ça. Il faut les clouer ensembles, Constantin.

Elle prit un clou du bout des doigts avant de placer celui-ci à la jonction des planches, de sorte à ce que si d’aventure, un marteau venait à lui taper dessus, les planches resteraient collées les unes aux autres grâce à lui. C’est en tout cas ce qu’elle mima.

Jetant un regard à Constantin, elle finit par avouer avec un sourire embarrassé :

Ce sera à vous de le faire. Mes mains ne veulent pas s’arrêter de trembler.

Pourtant, elle ne partit pas, bien décidée à accompagner Constantin dans sa quête butée et irrationnelle pour le plus beau des poulaillers.
Constantin de St Hilaire
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Sam 10 Avr - 3:25
And the silence overtakes you


D'un geste du soulier, Constantin balaya les restes de la planche sans retenir Béatrice qui filait telle une souris se réfugier à l'intérieur. Une partie de lui-même se sentit coupable non pas de l'avoir fait fuir mais d'être soulagé de la voir déguerpir. Ainsi alla-t-il lui-même récupérer non pas une mais deux nouvelles planches. Debout, sa main resserrant son marteau, il observa le début de structure branlante qu'il avait déjà échafaudé. Oui il faudrait des grillages, il faudrait ajouter une mangeoire et aussi un abreuvoir si possible. Sans oublier le toit. Se risquerait-il à faire un toit en pans ou renfermerait-il simplement le tout avec un ensemble tout plat et triste ? Oh ce serait un peu lugubre pour les poules non ? De ne pas les laisser voir les étoiles, la pleine lune, l'air de la soirée. Pas de perchoirs, pas de lumière à l'intérieur, uniquement les bruits des chaines, des pas lourds du bourreau, l'absence d'air, de nourriture, de tout. L'absence de Dieu.

Gants. La voix de la blonde le fit sursauter. On ne se débarrassait jamais aussi facilement de ses tracas. Il baissa les yeux sur la paire de gants que la jeune femme lui tendait et ne put retenir un rictus en agitant devant son visage ses mains déjà recouvertes d'entailles rosies par la cicatrisation depuis Orambre. Les échardes hein. C'était bien le dernier de ses soucis. Ces pauvres mains avaient déjà tant connu. Peut-être qu'après tout ça pourrait-il lui aussi se vanter d'avoir des paumes toutes cabossées et toutes dures comme les mains d'Aimable. Des mains de soldat. Des mains de pêcheur.
Ces foutues maudites mains.

Ainsi ne prit-il pas les protections et se contenta-t-il d'observer la demoiselle tenter de lui donner des instructions en haussant un sourcil quand elle l'appela nonchalamment par son prénom.

▬ Ah les clouer ensemble... oui... Le cadavre de la planche gisait toujours dans l'herbe à leurs pieds. Où avais-je la tête ? Bien évidemment. Et il s'apprêtait à lui tourner le dos pour reprendre son ouvrage de son côté quand elle lui avoua avoir les mains tremblantes. Alors l'évêque resta un instant immobile, fixant avec les sourcils froncés lesdites mains de Béatrice.

▬ Mais elles sont très bien vos mains. Finit-il par conclure sur un ton quelque peu tranchant après quelques longues secondes d'observation. Puis il haussa les épaules et s'accroupit à nouveau sur la pelouse pour planter un premier clou, cette fois-ci à la jonction entre deux morceaux de bois. Allez vous rendre utile ailleurs alors avec vos mains qui tremblent et vos bons conseils. Le ton était sec, presque aussi dur que cet autre coup de marteau résonnant sur le fer. Béatrice avait les mains qui tremblaient et alors ? Tenez, je suis certain que vous avez du courrier à rédiger. Il savait très bien qu'elle avait tout dit, absolument tout dans sa missive d'Évreux. Vous pourrez dire à vos supérieurs que tout est en ordre. Regardez comme ce poulailler avance si bien. Encore un coup. Tout est absolument en ordre. Troisième coup. Il ajouta un nouveau clou et continua à frapper. Tout est comme Dieu l'a voulu et à son image.

Béatrice avaient des mains de tueuse également.
Des mains qui mériteraient peut-être d'être coupées elles aussi, selon les préceptes du Divin.




Béatrice Botherel
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Lun 12 Avr - 1:29



À tous les repas
il mangera du soleil
Cela ne demandait pas un don d’empathie pour comprendre, seulement témoin de Constantin devant le cadavre de sa planche, que quelque chose ne tournait pas rond. Pourtant, Béatrice lui avait adressé la parole en connaissance de cause, si un peu anxieuse — se demandant quand viendrait ce rejet de l’abject inévitable, et sous quelle forme il apparaîtrait.

Qu’il soit à son encontre, de cela, elle se doutait au moins. Mais qu’il apparaisse si tôt ? Une surprise fugitive passa sur son visage avant qu’une vague peinée ne vienne faire table rase sur le sable de ses expressions. La gorge nouée, la jeune femme se tourna vers son ouvrage sans savoir dire mot là où, à ne point en douter, elle devrait se mettre en colère. Car c’est ce qu’elle était au fond : tout le temps en rage, tout le temps, tout le temps, tout le temps, parce qu’être triste ce serait les abandonner et être heureuse ce serait les trahir.

Mais pas cette fois. Cette fois, elle resta silencieuse, des pensées pleins le cœur.

Et si l’idée de se défendre, de lui dire que l’église avait ses frères et sœurs, qu’elle devait bien obéir, lui traversa l’esprit, elle pensa à ses parents, parce qu’elle pensait toujours à eux, et à ces hommes qui les avaient emmené, emprisonné, décapité. Est-ce qu’eux aussi avaient des excuses, des devoirs et des proches ?

Un instant passa — les coups de marteau, qui se fondaient désormais avec les sons environnants, et le sang qui pulsait dans ses oreilles, ne la surprenait plus. Elle caressa ses mains un instant, les sentant vibrer d’une envie commune, celle de prendre l’épée et se défendre, contre le fouet, la comtesse, contre tout ensembles et séparés, jusqu’à ce que les tremblements ne cessent. Ce corps là était sien. Son esprit saturait déjà de cette sombre mission : il était hors de question qu’en plus, elle ne dicte les règles à ses mains.

Je suis désolée.

Elle hésitait encore à suivre son conseil, toujours penchée sur cette planche. Constantin disait : Tout est comme Dieu l'a voulu et à son image. Si elle en croyait son pouvoir, elle avait été mise sur cette terre pour entendre et sympathiser avec les autres, mais il apparaissait en tout heure et tout temps qu’elle n’y comprenait jamais rien. Dieu, sans doute, avait fait une erreur : sur son compte, ce ne serait pas la première.

Elle déglutit, sentant un rouge honteux lui montait aux joues.

Je suis désolée.

Ses épaules s’affaissèrent. La moindre des choses, de prime à bord, serait de respecter son souhait, mais sa mère lui disait que ce que les gens veulent et ce dont ils ont besoin ne se rejoignaient pas toujours.

Mais elle ne serait pas orgueilleuse au point de penser que Constantin avait besoin d’elle.

Poussant sur ses jambes pour se relever, elle essuya sur sa robe terreuse en prenant quelques inspirations discrètes. Aussitôt qu’elle eut terminé, elle porta sa main à son collier, priant pour du courage par delà la tombe, ou au moins cette indifférence commune à tous les morts.

Puisque les circonstances ont changé, il n’est pas impossible que l’église n’ait plus d’avantages à me garder près de vous. Je comptais soumettre ma demande après notre rétablissement commun, mais si cela peut vous permettre de guérir plus vite, C... Votre excellence, je peux envoyer ma lettre dès aujourd’hui.
Constantin de St Hilaire
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Espèce : Humain
Emploi : Archevêque de France
Situation maritale : Uni à Dieu
Pièces : 3811
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Constantin de St Hilaire
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Jeu 15 Avr - 23:56
And the silence overtakes you


Combien de fois lui avait-on répété que le pardon du Christ était sans limites ? Que la bonté du Divin était infinie ? Et combien de fois avait-il recraché ces promesses de rédemption et de paradis à ses fidèles avec la conviction béate du candide ? Depuis tout petit, Constantin, non Émile, avait toujours eu le coeur sur la main, toujours l'envie et la volonté de tendre la joue à son prochain. Oh fut un temps où il y croyait vraiment. Aux joies de la pénitence, au silence des églises, à l'amour de la Sainte Trinité. Dans la froideur respectueuse de Notre-Dame, il avait aimé de tout son saoul avec le peu de force qu'il avait, avec le peu de courage qui lui lui appartenait. Il avait aimé ce Dieu exigeant et muet sans rien attendre en retour comme un père absent. Il se trouvait désormais d'autant plus malheureux de découvrir que cet amour était peut-être à sens unique. Que finalement sa foi était finalement si friable qu'elle s'éparpillait aux quatre vents à la première bourrasque. Peut-être que son coeur n'était pas si gros que ça. Peut-être qu'il n'était pas capable d'aimer.
Les monstres pouvaient-ils seulement ressentir de l'amour ?

Pas de miracles cette fois-ci, pas d'apparitions angéliques, de signes de l'au-delà, seulement les coups de marteau en rythme sur le bois comme un cantique furieux. Une supplique qu'il adressait à la fois au Ciel et à Béatrice. L'un pourrait lui répondre et l'autre pourrait se taire. Il faudrait étouffer la seconde et faire parler le premier.
Pas de nouveau testament pour eux donc. Aux excuses de la sorcière, seulement le bruit du marteau. Entrecoupé d'un souffle cinglant comme un reproche.

▬ Désolée de quoi au juste ? La question était brutale. Personne, et surtout pas lui, ne pouvait lui reprocher d'avoir fait ce qui lui semblait être juste. D'avoir fait son devoir. En son for intérieur, Constantin était conscient que si Béatrice avait pu choisir une autre voix, elle ne serait pas là aujourd'hui.
Lui non plus.

Alors à quoi bon ? Il n'y avait rien à pardonner. Absolument rien. Pas de foi, pas de Christ, pas d'amour. Que les cauchemars, le claquement du fouet, les menottes à leurs pieds et les couteaux pointés vers eux. Et les poules aussi. Les poules avaient la vie facile. On ne testait jamais leur dévotion. Il leur suffisait de pondre tout simplement. On ne leur demandait même pas de chanter.

Ainsi, quand Béatrice lui suggéra de démissionner, Constantin n'eut pas de réaction particulière. Les mots et la force lui manquaient. Il était fatigué. Si fatigué. Sans doute qu'il entendait sans vraiment comprendre. Quelle demande ? Oh guérir. Oh guérir ce serait bien de guérir. Ses blessures ne le faisaient plus souffrir mais elles étaient encore là, gravées sous son derme comme une empreinte laissée au fer rouge pour les pêcheurs et les criminels.

▬ Faîtes ce qui vous semble être le mieux pour vous et vos supérieurs. Moi je vais très bien merci. Oui, oui, très bien. La paix de Dieu soit avec vous, Mademoiselle Botherel. La même rengaine. La même absence. L'évêque était loin ce matin-là, soit resté enchainé à son lit ou peut-être même encore dans les souterrains d'Orambre si ce n'étaient pas même jusqu'aux geôles de Rome. En tout cas, pas d'Émile ce matin-là, pas même un homme. Une ombre sourde et aveugle aux appels à l'aide, aux bras tendus dans sa direction.


Ce ne fut qu'à la tombée du soir, lorsque le monde cessa de s'arrêter pour laisser place au vide que, figé dans l'obscurité de sa chambre et tenu à l'écart derrière la porte et les volets verrouillés, Constantin réalisa pleinement ce qu'impliquait son assistante. Il tourna longtemps dans ses draps, le corps endolori par l'effort physique. Il tourna dans son lit comme tournaient les pensées à l'arrière de son crâne.
Au moins les remords furent si grands cette nuit-là qu'ils tinrent à distance tous les monstres invisibles cachés dans les recoins de son esprit.


Le lendemain matin, les chats ne s'étaient pas encore présentés sur son balcon qu'il tapait déjà à la porte de la demoiselle.

▬ Mademoiselle Botherel ? Mademoiselle Botherel debout ! Nous allons rater le marché !

Sa voix était pleine d'entrain comme si de rien n'était. Il avait déjà enfilé sa robe, peigné ses cheveux, lavé son visage. Oh il était épuisé, malade même. Définitivement cassé.
Mais il devait continuer d'essayer. Au moins pour le salut des autres à défaut du sien.




Béatrice Botherel
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Béatrice Botherel
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Sam 17 Avr - 20:05



À tous les repas
il mangera du soleil
Désolé de quoi ?

Si elle avait pu, Béatrice lui aurait confié son pouvoir à la première occasion pour qu’il puisse lui ouvrir le cœur, inspecter toutes les émotions qui y bouillonnaient comme tant d’aliments désassortis et les lui explique enfin. Dieu avait fait une erreur, oui, en deux fois : lui confier ce don, et priver un autre de la sagesse qu’il octroyait.

Elle ne répondit pas.
Elle ne le comprenait pas elle-même. D’être chasseuse, sans doute, non pas qu’elle puisse arrêter sans mourir. D’avoir obéi alors, et cela peu importe si l’église l’aurait appris d’une façon ou d’une autre. De toute façon, Constantin savait. Il savait depuis toujours, l’avait seulement oublié.

Elle serra les dents, jetant un dernier regard à cette homme qui allait bien, très bien merci, le marteau dans les mains frêles, dans sa tenue de civil, dont elle ne reconnaissait plus rien. C’est pour le mieux, s’assura-t-elle en détournant les yeux. De toute façon, elle comptait partir depuis toujours, si tôt que l’occasion se présenterait : ni Alfred ni Constantin ne souhaitaient l’avoir ici, après tout, quand bien même les jours passés ensemble les avaient habitué à sa présence.

Alors elle acquiesça doucement et fit un pas en arrière. La missive serait simple, droite au but, elle ne lui prendrait pas des heures, autant si mettre tout de suite et espérer qu’Alfred revienne vite pour ajouter encore un peu de distance. Ignorant l’angoisse qui commençait à lui ronger le cœur et l’estomac, elle obéit, parce qu’après tout elle savait si bien le faire.

Est-ce que tu fuis encore ? lui murmura la voix qui ne se taisait jamais. Béatrice resta encadrée de l’embrasure une seconde, songeant que si elle se retournait, elle trouverait ses parents attablés dans la salle à manger, avec leurs sourires maladroits, leurs yeux lourds, et leurs cœurs plus lourds encore, avec ces questions trébuchantes, ces mots fugitifs. Qu’est-ce qu’ils voulaient lui dire, ce soir là ?

Et si elle était restée pour les écouter, est-ce que les choses, aujourd'hui, seraient différentes ?

Elle partit.

La lettre lui prit exactement le temps nécessaire : ce fut fort commode, comment elle termina celle-ci à la seconde où Alfred ouvrit la porte de la petite maison décrépite rongée de forsythias. Béatrice fila préparer le thé pour lui et son petit fils qui régla la question du poulailler en quelques phrases musclées. Le reste de la journée dégringola, et la sorcière termina vite au lit.

Elle s’endormit sur l’image de ce courrier qui serait posté le lendemain... Et se réveilla une vingtaine de minutes avant que Constantin ne vienne tambouriner à sa porte.

Lorsqu’elle l'entrouvrit, elle ressemblait davantage à un ermite des marécages agacé qu’on vienne chercher sa sagesse plutôt qu’à une jeune fille. Quelle heure était-il ?

Le marché ? demanda-t-elle d’une voix fatiguée. J’ai déjà fait les courses il y a deux... Oh. Oui, bien sûr, les poules.

Elle se sentait difficilement concernée par le choix des nouvelles résidentes puisqu’elle ne les connaîtrait que très brièvement. S’essuyant les yeux, elle finit par se retourner, fixant ainsi le parchemin qui l’attendait encore sur son bureau.

Laissez moi juste me coiffer, votre Excellence.

C’était quand même très mignon, les poules. Elle pouvait bien se pencher un peu sur leurs cas.

Elle ferma la porte et réapparut quatre minutes plus tard parfaitement apprêtée, descendant les escaliers en même temps qu’elle fermait son sac.
Constantin de St Hilaire
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Dim 18 Avr - 23:52
And the silence overtakes you


Mademoiselle Botherel avait mauvaise mine ce matin (au moins autant que lui) ou était-ce seulement parce qu'il n'avait pas l'habitude de la voir aussi mal coiffée ? Tout ces cheveux, ça devait être encombrant tout de même.

▬ Bien, je vous attends en bas. Ne tardez pas trop. Rétorqua Constantin alors que la porte de la chambre se renfermait déjà sur son nez tandis qu'une autre s'ouvrait en bas et que la voix caverneuse du beau-fils d'Alfred annonçait son arrivée. Ah Gilbert, vous êtes venu tôt ! S'exclama le prêtre en descendant deux par deux les marches pour l'accueillir. En effet Gilbert, désireux d'en finir au plus tôt avec le dernier caprice de son parâtre et par extension de son épouse, était revenu avec ses outils terminer la toiture du poulailler qui avait déjà, il devait l'avouer, belle allure. En tout cas assez pour accueillir ses premières résidentes. Ils avaient après tout travaillé à deux sans relâche et en silence la veille.

Béatrice les rejoignit en bas alors que l'homme filait déjà dans le jardin pendant qu'Alfred s'empressait de l'assommer d'instructions sur la disposition soit-disant optimale des planches afin de maximiser l'aération tout en conservant la chaleur de la structure - ou quelque chose du genre. Constantin vissa sa calotte entre ses boucles épaisses et s'engouffra à l'extérieur, offrant son bras à la demoiselle, chose qu'il ne se permettait pourtant jamais d'ordinaire, de peur que les gens ne se fassent de fausses idées. Il était pourtant connu pour marcher volontiers main dans la main ou tenant le bras de ses fidèles.

▬ On en profitera pour racheter du lait et du pain frais. Il songeait à voix haute. Peut-être même une meule pour remercier Gilbert s'ils faisaient des affaires intéressantes.

Leurs pas les menèrent rapidement vers les Halles et leurs environs déjà remplies de gens attirées par les nombreux étalages disposés dans les larges maisons à étages et sous leurs galeries toutes nouvelles. L'ambiance y était bouillonnante, la foule se pressant de parts et d'autres des arcades pour papillonner d'un marchand à l'autre dans un concert de cris et un mélange d'odeurs éclectiques. On était bien là dans le coeur de Paris et de sa population levée du bon pied pour faire ses emplettes. Et le coeur de la capitale battait de son plein dans ce lieu plein de vie, stimulé par l'allongement des jours et le retour des températures clémentes comme une fourmilière dans laquelle on venait de donner un coup de pied.
Bien sûr, Constantin fut reconnu plusieurs fois et salué par quelques croyants qu'il bénit avec le sourire en esquivant habilement la question sur l'identité de la demoiselle à ses côtés. Il s'agissait simplement de la soeur d'un confrère à qui il avait promis de faire visiter les Halles et voilà tout. Mais dans l'agitation grouillante du plus grand marché de Paris, on ne leur prêtait guère attention. Ils n'étaient après tout que deux âmes anonymes perdues dans la masse sous le soleil timide de la matinée.

▬ Ah venez ! La volaille est par-là ! S'exclama Constantin en reconnaissant le coin réservé aux bêtes. Semblant contre toute attente parfaitement dans son élément, il entraina la chasseuse avec lui jusqu'à un stand derrière lequel s'entassaient plusieurs cages remplies de plumes et de becs de couleurs et de tailles diverses. Laquelle suggérez-vous mademoiselle ? Demanda-t-il, les yeux brillants comme un enfant devant une vitrine remplie de jouets.

Il n'était évidemment pas question de la lettre ou des excuses. Les deux étaient fort loin dans son esprit, derrière les caquettements suppliants des poules et leurs yeux ronds comme des billes qui fixaient le drôle de couple en agitant leurs ailes, priant sans doute à la manière des volailles pour ne pas finir en roti du soir.




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Dim 25 Avr - 23:39



À tous les repas
il mangera du soleil
Il était temps de partir.

La dernière marche atteinte, le sac bien fermé, Béatrice rejoignit Constantin au pas de la porte, adressant un signe de main à Alfred et son beau fils qui s’affairaient aux jardins. L’un releva la tête pour lui offrir un sourire radieux et l’autre souleva ses sourcils broussailleux plusieurs fois en guise de qu’est-ce qu’il s’est passé hier, exactement ? Vous tirez une tête d’enterrement.

Prétendant ne pas être bilingue en sourcils quand bien même elle traînait de longues années d’expérience derrière elle, la sorcière se contenta d’hausser les épaules et de se retourner en direction du Grand Cardinal. De son bras, plus précisément. Abandonné là à son intention, en une proposition aussi silencieuse inattendue. Qu’est-ce qu’il lui prenait ? Était-ce l’idée qu’elle parte bientôt qui le poussait à agir de la sorte ? Elle releva des yeux qui abritait une question dans leur bleu turquoise avant de prudemment glisser son bras au sien.

À la remarque qu’il n’adressait qu’à lui-même, elle se contenta d’hocher la tête. Avec la vie rayonnante qui l’habitait normalement, et la perspective d’un foyer chaleureux, ses mots eux, aussi, l’avaient quitté.

Aussitôt qu’ils arrivèrent à proximité des Halles bourdonnantes d’activité, Béatrice resserra son bras contre celui de Constantin avec un soupir douloureux. Lorsqu’elle se rendait au marché, elle s’efforçait d’éviter les heures effervescentes pour ne pas troubler son don, mais elle craignait de ne pas pouvoir s’en sortir à si bon compte cette fois-ci.

Elle supposait à la mine tranquille du garçon que l’idée des poules lui avait un peu remonté le moral, ou au moins que la nuit avait rasé la table montagneuse de ses angoisses. Aussitôt qu’elle se concentra sur ses couleurs pour noyer le charivari bruyant des badauds, elle comprit qu’il jouait simplement bien la comédie.

Tandis qu’ils marchaient à travers les allées, Béatrice avait l’impression de progresser dans un marécage de culpabilité. Tandis que le prêtre saluait les croyants et inventait quelques histoires sur son identité avec un beau sourire, elle l’entendait vomir ses inquiétudes en bleu sombre turbulent. Et si elle remonta les commissures de ses lèvres pour ressembler à son image, la pâleur de son teint et les coups d’œil qu’elle lui lançait par intermittence ne trompaient pas.

Une autre chance, peut-être.
Mais de quoi ? Les tirer de là, ou les enfoncer ?

Et puis il y avait les poules. De toute façon, si sujet il y avait à soulever, cela pourrait bien attendre la route du retour, qu’ils ne soient plus entourés de nombre d’inconnus qui vivaient leur propre vie et polluer la sienne avec des pensées fugitives.

S’asseyant près d’une cage où picoraient quelques volatiles, Béatrice releva la tête à la question de Constantin, regardant celui-ci par le dessous.

Nous n’en achetons qu’une ?

Son bras, déjà, lui manquait, tandis qu’elle sentait la psyché des autres ramper jusqu’à elle. Une poule s’avança elle-aussi, moins peureuse que ses confrères, pour fixer avec un cot-cot curieux la petite tête blonde qui la dévisageait en retour.

Je ne m’y connais pas vraiment en poule. Une pause. La phrase lui paraissait absurde. Il y a des critères particuliers ? Elle montra du doigt celle qui s’était approchée, et ajouta : Celle là est courageuse. Et elle est jolie. Elle se parait en effet d'un beau plumage couleur sable, malgré quelques plumes portées disparues à certains endroits.

Puis, montrant une autre poule, grise et bien plus petite, elle conclut :

Et on dirait que celle là porte des chaussures.

Un argument qui se suffisait à lui-même.
Constantin de St Hilaire
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Mer 28 Avr - 23:29
Under giant trees


Perdu dans le brouhaha parisien, l'esprit de Constantin était bien calme ce matin. En apparence tout du moins. Noyés dans la banalité de cette scène de vie ordinaire, les remous d'anxiété étaient bien contenus dans les tréfonds de son esprit. Visiter le marché des Halles pour acheter des poules était une activité normale pour des gens normaux à la vie normale et aux ennuis normaux et c'était bien là tout ce dont Constantin avait jamais aspiré : la vie normale et les tracas normaux. Simplement se soucier des remontrances d'Alfred une fois rentrés s'ils avaient par malheur oublié le lait ou acheté son pain chez un boulanger différent, de savoir si les forsythias sur sa facade n'avaient pas pris froids et de si le vieux matou tacheté avec de la cataracte allait repointer le bout de sa truffe ce matin. Que ce serait doux une existence aussi tranquille, loin des horreurs de la nuit, loin des vitraux aux couleurs sanguines de Notre-Dame, loin des piles de papier sur son bureau, loin des regards, des mures de l'Inquisition. Pour une existence pareille, Constantin aurait volontiers abandonné son titre et même son serment envers le Divin si cela lui avait permis de dissoudre dans le grand chahut des badauds, de n'être plus personne, plus rien du tout. Un murmure, un songe, un souffle. Tout, tout sauf ce grand benêt avec sa fatigue et son corps abimé, comprimé dans sa robe sombre.
Parce que ce grand benêt émerveillé par des poules et triste à l'intérieur ce n'était pas lui. Un fantôme. Lui n'existait plus. Quelque part, en cet instant T, les poules étaient le phare qui l'empêchait de dériver vers un horizon embrumé d'angoisses. Un phare courageux et joli et un phare gris qui portait des chaussures donc.

▬ Non on va en prendre 4 pour commencer et - oh c'est vrai qu'on dirait qu'elle porte des mules ! Acquiesça-t-il en se penchant sur l'animal qui gloussa comme pour approuver le commentaire. Le marchand qui observait cet étrange duo se permit d'intervenir :
▬ C'est pour des oeufs ou de la viande ?
▬ Des oeufs bien sûr ! Il faudrait être un monstre pour vouloir faire du mal à de si charmantes créatures. Même si elles avaient l'air délicieuses et bien grassouillettes pour la plupart d'entre elles.
▬ Alors celle-là est une race qui ne pond que très peu et celle-ci est encore petite, vous n'aurez rien avant des mois.
▬ Ce n'est pas très grave. Dieu fait toute chose belle en son temps !

Le marchand afficha une moue dubitative devant l'obstination du prêtre. Bah si ce dernier voulait absolument ces deux volailles là, ce n'était pas lui qui allait l'en empêcher. Au moins on ne l'accuserait pas d'avoir menti sur la marchandise puisqu'il venait de le prévenir... De toutes façons, Constantin avait déjà fait son choix et était passé à autre chose :  accroupi devant une des cages à l'arrière de l'étal, il observait son occupante : une malheureuse bestiole à demi-déplumée qui y croupissait en respirant bruyamment attendant, sans doute, que son heure soit venue.

▬ Ah oui celle-là elle n'en a plus pour longtemps...
▬ La pauvre ! L'évêque contempla un moment la créature puis prit sa décision : Si vous me faîtes un prix je vous en débarrasse.
▬ À votre place je ne la mettrai pas avec les autres, elle risque de les contaminer. Et puis je n'essayerai pas non plus de la manger, on sait pas quelle saloperie elle a attrapé. Pardon pour le langage mon Père.
▬ Je vous pardonne si vous me faîtes un prix. Il riait. Du doigt il désigna une dernière poule, brune et tachetée avec un joli toupet sous le bec comme si elle avait de la moustache. Je vous prends celle-là aussi. Vous mettrez celle souffrante dans un sac à part.
▬ Bien mon Père.

Alors qu'il sortait sa bourse pour régler la transaction, le marchand s'empressa d'assommer les demoiselles plumées à coup de maillets (rien de bien fâcheux, juste de quoi les faire se tenir tranquilles le temps du trajet du retour) avant de les enfourner dans deux sacs en jute, donnant le plus petit à Béatrice. Voilà affaire conclue.
Béatrice et Constantin étaient maintenant les heureux propriétaires de quatre poules. Enfin, peut-être trois et demies vu que l'une d'entre était à moitié crevée.

▬ Bon maintenant qu'est-ce qu'on devait prendre déjà ? Le prêtre pensait à voix haute en se grattant l'arrière du crâne de sa main libre.

Un homme normal avec des préoccupations normales. En apparence.
Parce qu'à l'intérieur ça bouillonnait, ça hurlait, ça gesticulait toujours avec une agitation infernale comme si ça menaçait de remonter d'un coup à la surface tel un raz-de-marée prêt à tout emporter sur son chemin.




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Mar 11 Mai - 18:00



Rien que
Du feu
Béatrice n’écouta que d’une oreille distraite l’échange entre le marchand et Constantin, son attention divisée entre les voix au dessus d’elle et les cot cot curieux en face. Résistant tant bien que mal à l’envie de passer ses doigts entre les barreaux pour vérifier si ce plumage épais était aussi agréable à caresser qu’à admirer, elle releva plutôt la tête lorsqu’elle entendit le prêtre commencer des négociations — et avec quelle expertise.

Ravalant le sourire qui s’emparait de ses lèvres devant la scène, la sorcière se releva aussitôt pour mieux voir par elle-même l’état de cette autre mystérieuse, quatrième poule. Sitôt que ses yeux se posèrent sur elle, Béatrice sentit son cœur se serrer : dire qu’elle n’en avait plus pour longtemps relevait de l’euphémisme — la pauvre était à l’agonie.

Et si l’entêtement de Constantin n’était pas très pragmatique (acheter une poule qui ne serait bonne qu’à enterrer...), la chasseuse ne pouvait s’empêcher de le rejoindre sur cette volonté qu’elle lui devinait : offrir à une mourante, même à plumes, un endroit un peu plus confortable pour dépérir qu’une cage poussiéreuse dans un marché bruyant.

Dans un geste expert, le vendeur assomma les poules les unes après les autres sous le regard mal à l’aise de Béatrice. Certes, son empathie ne s’étendait qu’aux êtres humains (à eux, et ceux qui prenaient leur apparence), mais elle avait toujours étendu une inquiétude au moins égale, sinon plus grande, aux membres du royaume animal. Et dieu sait qu’elle épuisait son père à ramener tous les oiseaux blessés de la région dans l’espoir qu’ils survivent la nuit et se renvolent au lendemain.

Elle prit donc la demie-poule avec grand soin, portant le sac dans ses bras plutôt que du bout de la main pour vérifier à travers le tissu que le cœur battait encore.

J’espère qu’elle va se remettre.

Elle n’en avait pas grand espoir, au fond, mais avec leur propre situation compliquée, la sorcière ne dirait pas non à un miracle, même s’il concernait les autres.

Du pain et du lait, répondit-elle avec certitude à la question du prêtre.

Elle ne le quittait plus des yeux, sentant les remous inquiétants de son angoisse par delà les fourmillements de la foule. Alors qu’elle songeait à attendre une nouvelle fois cet élusif bon moment, une question se répéta dans son esprit, jusqu’à devenir une remarque :

Est-ce que tu fuis encore ?
Qu’est-ce que tu fuis encore ?
Où est-ce que tu fuis encore ?
Tu fuis encore.
Tu fuis, encore.

Elle retint son souffle, détourna les yeux, les lèvres serrées. On l’avait doté de ce don pour qu’elle entende les appels à l’aide, mais elle n’était pas capable d’écouter celui si bruyant de Constantin. De l’écouter, et de le résoudre. Et si elle aggravait les choses ? Après tout ce qu’il s’était passé, elle craignait qu’un nouvel échec ne l’achève, elle-aussi.

Et... Euh... Une pause. Pourquoi pas une pause, monsieur Constantin ? L’agitation me donne mal à la tête...
Constantin de St Hilaire
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Dim 23 Mai - 23:44
Under giant trees


Tout heureux d'avoir fait une bonne affaires et d'avoir trouvé des locatrices pour son nouveau poulailler, il fallut un temps à Constantin pour remarquer le malaise pourtant grandissant sur le visage de sa camarade.

▬ Ah oui du pain et du lait bien sûr ! Il était déjà prêt à trainer son assistante vers l'allée des produits laitiers quand cette dernière le coupa net dans son élan, demandant une pause, la mine déconfite.
L'évêque se stoppa alors pour observer en silence la jeune femme. Qu'est-ce qui n'allait pas ? Il baissa le regard vers le sac qu'il tenait entre ses mains. Étaient-ce les poules ? Elles ne plaisaient pas à Béatrice ? Puis il tourna la tête à droite, puis à gauche, suivant des yeux le mouvements des passants autour de lui comme une espèce de longue fourmilière qui se divisait pour les contourner sans leur prêter attention. Est-ce qu'elle n'aimait pas les Halles ? Avait-elle faim ? Froid ? Était-elle souffrante ? Il amorça un geste vers son front pour prendre sa température puis se recula brusquement comme surpris quand l'évidence le frappa à la manière d'un coup de marteau à l'arrière de la nuque.

▬ Ah oui... oui suis-je bête. Bien sûr, bien sûr. Marmonna-t-il alors en triturant ses doigts. Tous ces gens, oui, oui. Même la perspective d'oeufs frais tous les matins et d'un jardin toujours empli de gloussements ne pouvaient balayer l'inextricable réalité que lui comme elle n'étaient pas comme tous ces gens.

▬ Rentrons. Alfred s'occupera du pain et du lait, marcher lui fera du bien.

Son bras glissa encore une fois sous celui de Béatrice et il l'entraina dans une galerie menant vers la sortie. Elle débouchait sur un petit square boisé, délaissé par les promeneurs pour le moment occupés à profiter du marché. Là sur un banc, il fit asseoir la demoiselle et prit place à ses côtés, posant avec délicatesse son sac sur ses genoux. Bien qu'ils n'étaient qu'à quelques pas des Halles, l'atmosphère avait radicalement changé, aux cris des commerçants et aux rires des passants s'était succédé le souffle discret de la brise printanière qui faisait timidement crisser les feuilles et portait avec elle le lointain écho de l'agitation de Paris. C'était paisible.
Constantin resta un instant silencieux, profitant du calme sans savoir ce qu'il était devait faire. Depuis le moment où Béatrice avait franchi son palier à celui où ils se retrouvaient maintenant tout deux seuls sur un banc avec quatre poules dans les vappes. Ce devait être drôle à voir : cette image du grand prêtre sec à la mine grise scrutant la fille blonde à l'allure tristounette avec son sac d'où tombaient quelques plumes. Ils étaient drôles tout les deux, deux curieuses anomalies perdues dans Paris. Deux anomalies qui s'étaient trouvées par la volonté du Pape ou du Très Haut.

▬ Quel âge avez-vous Mademoiselle ? La question était sortie abruptement. Constantin pensait à voix haute et d'ailleurs le son de sa propre voix le fit sursauter. Enfin je veux dire avez-vous encore de la famille ? Des frères et sœurs ? Des aspirations dans la vie ? Des passions, un passe-temps favori ? Est-ce que c'est votre mère qui vous a appris à cuisiner ? D'où viennent vos parents ? Tout ceci était sorti d'un coup sans prévenir et maintenant qu'il parlait, remplissait tout ce silence, il lui semblait impossible de s'arrêter. Enfin pardonnez-moi... Je crois que je n'ai jamais pris le temps d'apprendre à vous connaitre. De réellement la connaitre. La vraie Béatrice, l'adolescente aux tartes aux pommes qui lorgnait sur les jolies robes et passait beaucoup de temps à entretenir ses cheveux, la demoiselle cinglante qui n'hésitait pas à répondre à Alfred et à lui adresser des réprobations. Pas la Béatrice que l'Église lui avait envoyé, cette sorcière espionne venue chambouler la tranquillité de son foyer. Parce que la vraie Béatrice lui faisait peur.
Si elle était humaine avant d'être sorcière alors peut-être qu'elle méritait le pardon et peut-être que lui aussi. Peut-être le Vatican se trompait sur leur condition, peut-être que Dieu les aimait tout les deux. Peut-être même qu'ils y avaient le droit à cette vie stupidement tranquille de mortels stupidement banales. En voilà une bien terrifiante idée... Une idée qui laissait place à l'espoir.
Et à la tendresse aussi.




Béatrice Botherel
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Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
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Emploi : Au service du Grand Cardinal.
Pièces : 5264

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Béatrice Botherel
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Sam 5 Juin - 1:23



Rien que
Du feu
Elle ne se trouvait pas très convaincante, mais la main tendue de Constantin, là, vers son front, acheva de confirmer que son piètre plan avait fonctionné. Une pause pour elle, oui, mais surtout pour lui, pour eux, le temps qu’elle trouve le courage de poser les questions qui leur flottaient tout autour.

Lorsque le prêtre proposa de rentrer, elle comprit que sa vaste exagération avait même trop bien marché mais n’osa pas contredire le Grand Cardinal. À vrai dire, depuis Évreux, elle n’osait plus rien lui dire du tout, à part bonjour votre Excellence, au revoir votre Excellence, merci votre Excellence, d’accord votre Excellence. Elle nota ses doigts qui n’avaient cesse de bouger comme on se débarrasse d’une saleté, et se demanda si maintenant qu’il la savait sorcière, il préférait se purifier d’elle.

Mais le bras qu’il saisit sous le sien témoignait d’une autre histoire. Elle suivit son pas expert, peinant encore à se repérer dans Paris malgré le temps passé à en fouler les pavés, jusqu’à ce qu’ils arrivent devant un banc à l’ombre des grands chênes. Béatrice s’assit comme lui, prenant toutes les précautions avec son sac, et l’être vivant fragile qui subsistait à l’intérieur. Par intermittence, elle passait sa main sur le tissu, devinant le plumage en dessous, pour ne pas que la mourante se sente seule.

Ce n’était pas la maison.
Tant mieux.
Ils ne devaient pas rentrer si tôt.

Et l’idée de s’asseoir ici n’était pas plus mal. S’éloigner de l’agitation du marché lui faisait un bien réel, même si elle aurait survécu quelques instants supplémentaire parmi les cris et les échanges. Et puis, à en juger l’expression pensive de Constantin, peut-être avait-il lui aussi besoin d’une aparté. Si elle en avait le pouvoir, elle détacherait un morceau d’espace et un morceau de temps pour qu’il puisse y méditer, réfléchir à tout ce qu’il s’était passé jusqu’ici : lorsque son entraînement s’était enchaîné avec la mort de ses parents et de son frère, c’était tout ce dont elle avait souhaité — du temps — sans jamais l’obtenir. Que le monde s’arrête de tourner, ou se débrouille sans elle, même un instant.

Mais le monde ne l’entendait pas de cette oreille.

Son expression s’affaissait lorsque la voix timide du prêtre la tira de ses rêveries. Encore. Et encore. Elle songea qu’il ne lui avait jamais adressé la parole si longuement, avant de se rappeler qu’elle ferait mieux d’écouter ce qu’il racontait. Ses sourcils se haussèrent, ses yeux s’agrandirent : ils parlaient français tous les deux mais elle comprenait à peine.

Oh. Ça fait beaucoup de questions.

Elle dit cela avec un sourire maladroit, détournant les yeux à la première occasion. Son cœur tremblait sans qu’elle ne sache pourquoi.

J’ai 18 ans, monsieur Constantin.

Elle parlait encore de cette petite voix détestable. Sans cesser de caresser la poule assommée dans son grand sac de toile, elle pondéra la question, le pourquoi et le comment, à commencer par la raison de ces yeux qui piquent.

Et oui, il me reste de la famille. J’ai deux frères et deux sœurs toujours en vie, tous plus jeunes que moi. Ils sont avec l’Église, mais pas la nôtre. Aucun d’eux n’est comme moi.

Une malédiction.

Ça lui faisait étrange de s’entendre parler d’eux quand elle avait tu leur simple existence pendant si longtemps.

Je n’ai... Pas vraiment d’aspiration. Avec un sourire empressé, elle ajouta : Je n’en avais pas avant non plus. Je faisais ce qu’on demandait de moi, elle pensa à Bellami, ou ce qui était nécessaire.

Et une fois mariés, ils auraient fait des enfants sans doute, conformément à ce que la société attendait d’elle. Au moins, sa mère serait vivante, ou alors elle serait morte, mais les Botherel auraient eu la certitude de s’être battus jusqu’au bout, plutôt que d’avoir sacrifier la vie de la mère pour le bonheur de la fille. Si Béatrice voulait être heureuse, elle n’avait qu’à trouver quelqu’un qui l’était et lui prendre la main.

Pour ce qui est des passions... Hm...

Elle pensa aux nombreuses disciplines féminines qu’on lui avait enseigné. Ce n’était sans doute pas ce que Constantin attendait.

J’ai une certaine tendresse pour les animaux. Mais ce n’est pas vraiment une passion ou un passe-temps : ça relève du bon sens.

Elle se fit pensive.

J’aimais jouer de la harpe, même si je n’en ai plus l’occasion. Ni l’instrument. Chanter aussi. Je le fais parfois quand Alfred est de sortie. J’aimais aussi aider ma mère en cuisine lorsqu’il était question de préparer le goûter ou le dessert, même si je ne saurais pas vous dire si j'y étais pour l'activité ou sa compagnie. Lorsqu’elle est tombée malade, je m’occupais du déjeuner et dîner au côté de la servante qui n’avait pas été congédiée. C’est elle qui m’a enseigné les plats plus pragmatiques. Sa voix s’était assombrie. Cette partie là n’appartenait pas aux passions ou favoris.

Elle pourrait parler des amis qu’elle aimait voir ou des livres qu’elle aimait lire lorsque sa mère avait le dos tourné (son père était trop occupé pour veiller sur sa conduite décente), mais elle avait un peu honte de parler de tout au passé.

Elle n’était plus personne et elle n’aimait plus rien.

Mon père vient de Bordeaux et ma mère de Paris. Elle a dû rentrer pour l’épouser, ce qui n’a fait plaisir à personne. Elle dit la chose avec un sourire amusé, mais à l’époque, quel drame ça avait été ! Et quel miracle que ses parents ne se soient pas écharpés l’un l’autre.

Avec un soupir, elle admit, les yeux tristes :

C’est étrange de parler d’eux.

Ces histoires n’avaient plus d’importance malgré les larmes qu’elles avaient faite couler, les rires arrachés à éplucher les pommes, l’énième oiseau à l’agonie ramené à la maison sous l’œil critique de son père, tout ça, tout ça, n’avait mené à rien.

Ça avait mené à elle.

Et vous, Monsieur Constantin ? Qu’est-ce que vous étiez, avant d’être Grand Cardinal ? C’est la première fois que vous élevez des poules ? Est-ce que vous avez une couleur préférée ? Et des frères et sœurs ?

Elle réfléchit un instant, cherchant une dernière question pour l’humaniser un peu. Le connaître, sans même devoir lui saisir le poignet.

Vous êtes déjà tombé amoureux ?
Constantin de St Hilaire
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Espèce : Humain
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Constantin de St Hilaire
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Sam 12 Juin - 16:27
Under giant trees


Les mains sur les genoux et les poules posées sur la pierre à ses côtés, Constantin écoutait avec attention les réponses que lui offraient son assistante sans l'interrompre une seule fois. Ses yeux étaient à demi-clos comme pour mieux faire vivre l'image de cette tête blonde qui avait poussé à Bordeaux entourée de ses frères et soeurs à chanter dans la cuisine les doigts dans la farine ou assise en face d'une harpe dans une robe certainement bien plus élégante que celles qu'elle portait désormais. Et outre la mention d'une mère malade, tout cela semblait doux. Il avait l'image d'une enfance douce, tranquille des jolies demoiselles bourgeoises qui n'attendaient rien d'autre que le mariage et à qui on ne demandait rien de plus. Il avait l'image d'une gamine sans histoires, lisse, parfaitement banale, pas celle de la sorcière hargneuse qu'on appelait à jeter sur le bûcher avant qu'elle ne dévore les nouveaux nés.
Quelle tristesse vraiment. D'avoir tout brisé en mille morceaux. Tout ceci parce que Dieu avait d'autres plans, des choses terribles à exécuter et que si cette demoiselle était née telle qu'elle l'était c'était que son dessein était forcément terrible. Ce sacrifice, Constantin n'était pas sûr de le comprendre. Ni de l'approuver, peu importe combien il aimait son Tout Puissant et croyait en son bon vouloir.

▬ Je suis sûr qu'ils sont en paix là où ils sont. Bien sûr, il savait que la famille Botherel s'était rendue coupable de trahison envers la Couronne et que c'était pour cette raison que leurs enfants se retrouvaient dépossédés de leurs richesses en plus de leurs parents. Toutefois de ce qu'elle lui décrivait, il était difficile d'imaginer un couple de monstres inaptes à obtenir le pardon du Ciel.
Dans le fond, Béatrice n'était pas une si mauvaise graine. Il en concluait que ses géniteurs ne l'étaient pas non plus.

Et puis ce fut à son tour d'être assailli de questions. La monnaie de la pièce probablement.

▬ Avant... d'être Grand Cardinal... Tout ceci lui paraissait si lointain. Comme un rêve un peu éthéré, une succession de paysages, de décors dont il n'était parfois plus bien sûr de leur réelle existence. Tout ceci lui paraissait faux. Je suis né dans le Sud dans les montagnes des Alpes, à la frontière de cette région de l'Empire Germanique que l'on appelle l'Italie. Mes parents étaient bergers mais nous avions des poules oui. En parlant du loup : l'animal sur les genoux de la jeune femme venait de s'éveiller et s'agitait faiblement dans son sac. Même dans son pitoyable état, elle n'eut pas de mal à lutter contre les petites mains de l'adolescente jusqu'à sortir une tête en dehors. L'évêque s'était alors arrêté pour échanger un regard avec la bête qui avait plissé des yeux, éblouie par les rayons du soleil. D'un doigt osseux, il en caressa doucement le dessus du bec en reprenant : Ma couleur préférée est le bleu ciel. Ou le jaune pâle. De son autre main il se frotta le menton en levant les yeux, très absorbé par cette très importante question. Non le orange.  Se corrigea-t-il finalement avec une assurance apparue de nulle part. J'ai eu une petite soeur oui. Elle est morte emportée par la rougeole. Quel âge aurait-elle eu si elle avait survécu ? Sûrement assez vieille pour être mariée et avoir des enfants. Mes parents sont morts dans une avalanche, c'est le prêtre du village qui m'a recueilli et envoyé étudier dans un monastère. Et la suite semblait prévisible : l'ordalie, son ministère dans les montagnes, Rome - la sombre Rome, sa montée fulgurante en grade et voilà où il était désormais. C'était passé très vite. En un clin d'oeil. Quand il lui semblait avoir vécu toute sa vie à Paris, des chaînes autour des chevilles. Était-il bien sûr d'avoir jamais été autre chose que Grand Cardinal ?

Puisque la malade dans un dernier élan désespéré de survie semblait vouloir s'échapper des genoux de Béatrice, Constantin s'en saisit et plaça fermement ses mains dans le sac, sur l'animal pour le maintenir tout en continuant :

▬ Quant à être amoureux, oui je l'ai été et le suis toujours actuellement. Pour être prêtre il faut nécessairement aimer Dieu et donc la vie et toutes ses créations. Mais il se doutait que ce n'était pas la réponse que Béatrice attendait. Maintenant quand j'avais votre âge j'étais naïvement épris de la fille du boulanger. J'ai failli rompre mon noviciat pour l'épouser.  Soudainement, la poule se figea, les pupilles écarquillées, le cou tendu vers le ciel. Une lumière timide émanait de sous les mailles du toile de jute alors que Constantin continuait de parler : Mais je suis content au final d'avoir fait mes voeux. L'adoration que j'éprouve pour le Seigneur et tout ce qui m'entoure me remplit bien plus qu'un amour unique pour autre être ne pourra jamais le faire. Mais je suis content également d'avoir pu partager un bref instant de bonheur avec cette personne.

Un gloussement ponctua ses paroles alors que la volaille sous ses mains se remit de nouveau à s'agiter, bien plus furieusement cette fois. L'évêque la saisit alors et la sortit de sa prison de mailles : sa poitrine avait gonflé, son plumage était bien plus fourni, elle respirait désormais normalement et caquetait même, mécontente d'être manipulée par ces grandes paluches blanches. On aurait presque pu croire à une autre poule si elle n'avait pas toujours la même couleur et les mêmes petites tâches blanches sur les plumes.

▬ En voilà une bête bien farouche... Lâcha-t-il alors en la soulevant pour la présenter à Béatrice en pouffant. Une idée de nom ? Pourquoi pas Sainte Odette ? Son autre sac commençait également à remuer tout seul et bientôt une nouvelle tête plumée apparut. Et Sainte Béthanie pour celle-là puisqu'elle vient d'assister au miracle de la résurrection ! Confiant Sainte Odette à Béatrice, il se leva et ferma le second sac pour empêcher ses trois occupantes de se faire la malle. Nous devrions rentrer avant que nos quatre pensionnaires n'aient le temps de fomenter un plan d'évasion.

Et aussi parce que le temps commençait à filer et qu'Alfred finirait par s'inquiéter.
Ce maudit temps qu'on ne pouvait jamais arrêter. Ou alors pas tout à fait ?




Béatrice Botherel
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Dim 13 Juin - 16:41



Rien que
Du feu
Béatrice ne put s’empêcher de rire jaune à la remarque de Constantin, toute bien-pensante qu’elle soit, au sujet de ses parents. Du banc où ils étaient tout deux assis, elle regardait marcher des familles main dans la main : certaines nombreuses, d’autres non, et pensait à la sienne le bleu dans l’âme.

Oh, vous savez, s’ils sont ensemble...

Elle baissa les yeux. S’ils étaient ensemble, oui, elle doutait qu’ils trouvent la moindre paix.

Disons que ça doit être plein de vie, là haut.

Elle regarda le ciel comme si elle pourrait les apercevoir, mais il n’y avait que des nuages blancs et un soleil sans couleurs.

Lorsque Constantin se mit à conter son propre récit, Béatrice se pencha un peu vers lui, comme pour lui donner son entière attention, imaginant sans mal ce grand monsieur bien plus petit, bien plus jeune, dans des vêtements sales de berger. Malgré sa position très prestigieuse, elle s’était toujours douté qu’il n’était pas noble, ou au moins qu’il n’était pas né parmi eux : elle se rappelait sans mal comment il avait préféré marcher plutôt qu’emprunter la calèche, à Évreux, ou comment il s’était éloigné de leur mission pour caresser quelques moutons.

On peut dire que vous veillez sur un genre différent de brebis, maintenant, dit-elle avec un sourire aimable avant qu’il n’évoque le bleu, le jaune et le orange. Béatrice acquiesça à chacune des teintes citées, quoiqu’un peu plus vivement pour la couleur du ciel qui était aussi parmi ses préférées.

Je suis désolée, dit-elle lorsqu’il lui conta les morts. Ses deux parents, et sa sœur... Et elle, ses deux parents et son frère. Pas pour les mêmes raisons, certes, d’un côté les innocents, de l’autre les coupables, mais elle trouvait parfois qu’ils partageaient des morceaux d’histoires en déclinaison.

De même, elle doutait qu’ils aient reçu la même éducation au monastère, mais songer qu’ils avaient peut être pu poser les yeux sur des paysages similaires, se lever aux mêmes heures, lire les mêmes versets de Bible et manger la même nourriture humble lui donna un baume inexplicable au cœur. Peut-être qu’à histoire commune, destination identique : ça ne la dérangerait pas de devenir quelqu’un comme Constantin.

Pourtant, elle se fit soudain pensive, se détournant du prêtre un instant pour fixer la terre sous leurs pieds. Il n’était question nulle part de geôle, de diable, de sorcellerie et de chaînes. Pourtant, elle avait l’intime certitude que les souvenirs en morceaux qu’elle avait ramassé en se coupant les doigts, lorsqu’elle s’était endormi contre lui au retour d’Évreux, lui appartenaient. Évidemment qu’il n’en parlerait pas comme si ce n’eut rien été, mais pas un seul instant ces épisodes pourtant terribles n’avaient défilé sur son visage ou son cœur, et dieu savait qu’elle remarquerait ce genre de chose.

La torture ne s’oubliait pas.
Est-ce que ça s’enterrait ?

Quant à être amoureux, oui je l'ai été et le suis toujours actuellement.
Oh ?
Pour être prêtre il faut nécessairement aimer Dieu et donc la vie et toutes ses créations.
Oh.

En temps normal, elle aurait retenu un soupir désabusé, mais depuis qu’elle vivait avec Constantin, elle comprenait un peu mieux la grâce d’une existence vouée à Dieu, même si elle ne l’aimait pas beaucoup.

Aw. Je parie que vous étiez un prétendant très timide.

L’image la fit sourire, tout comme la sagesse que lui dispensa aussitôt le Cardinal.

Mais voilà que la mourante revenait à la vie dans ses bras. Béatrice jeta un coup d’œil aux mains de Constantin, puis l’endroit où elles avaient été posées sur le sac en toile, mais ne commenta pas l’affaire, lui cédant avec plaisir la poule qui s’agitait. Enlevant la plume qui s’était niché dans ses cheveux, elle fit de même, très soigneusement, avec une autre entre deux mèches de Constantin.

Ça nous fait deux noms. Pour les deux autres, hmmm... Pourquoi pas Garance et Églantine ?

Elle avait toujours trouvé un attrait particulier aux noms de fleurs.

Suivant le mouvement de Constantin, elle posa la main contre Sainte Odette, qui s’évertuait à picorer tout ce qui était à portée de bec.

On se calme, mademoiselle, dit-elle d’une voix douce en sentant plume et peau rugueuse contre son poignet. Cela suffit à convaincre la poule, par miracle, qui après un dernier côt indigné, s’apaisa dans les bras de la jeune fille, si bien qu’elle n’eut pas besoin de la remettre dans le sac.

Jetant un coup d’œil curieux à Constantin, suivi d’un haussement d’épaule face à cette situation fort commode, elle pensa aussitôt à sa lettre qu’elle n’avait toujours pas déposé.

Mais en avait-elle encore envie ?
Des non-dits subsistaient encore sur ses lèvres, et Béatrice songea à les avaler, jusqu’à ce qu’un bon moment qui n’existait pas se matérialise sous ses yeux. Et s’il y avait mieux comme contexte qu’une escapade de poules, la situation, pour une fois, lui paraissait paisible, appropriée à la vie qu’ils souhaitaient tout deux mener dans un monde un peu plus doux.

Vous savez Constantin... Elle lui jeta un regard obligeant. Au final, je suis contente d’avoir terminé chez vous plutôt qu’un autre. Malgré les araignées, la poussière, le matelas inconfortable... Je suppose que la compagnie est agréable.

Une pause. Elle ne le quittait plus des yeux.

Et... Et je suis désolée pour ce qu'il s’est passée.

Il ne souhaitait sûrement pas en parler, si bien qu'elle n'osa pas s'étaler sur le sujet, mais avait la certitude intime que s'il n'avait pas été là, elle se serait laissée dépérir.

Elle détourna les yeux.
Constantin de St Hilaire
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Constantin de St Hilaire
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Mer 16 Juin - 0:52
Under giant trees


C'était en penchant docilement la tête pour laisser son assistante cueillir une plume nichée dans une de ses boucles que le prêtre avait réalisé que c'était bien la première fois depuis des mois, non des années, qu'on s'intéressait à l'Émile plutôt qu'au Constantin. À l'homme avant le religieux. C'était agréable. C'était un rappel appréciable qu'il existait par-delà sa toge et sa croix. Un peu... À une autre époque...

▬ Sainte Odette, Sainte Béthanie, Garance et Églantine. Répéta-t-il lentement, songeur, se demandant si c'étaient vraiment des noms appropriés pour des poules. Toutefois la façon dont Sainte Odette obéit à l'interjection de Béatrice acheva de le convaincre. Ils auraient donc deux saintes et deux fleurs chez eux. Voyez-vous ça... L'évêque approcha un doigt pour effleurer la crête de l'animal mais fut repoussé par un coup de bec réprobateur qui voulait tout dire. Aoutch ! Je vois. Sainte Odette vous préfère à moi... En conclut-il en mimant la tristesse avant de reprendre le chemin de la maison.

Béatrice qui marchait à sa hauteur reprit la parole. Sa voix était plus grave. Il n'était plus question de plumes et de couleur préférée. Constantin avait baissé la tête vers elle, contemplait le minois de la demoiselle en se demandant quelle mouche venait de la piquer pour qu'elle lui adresse ainsi un compliment. Pire même une marque d'affection. Suivie d'excuses. Allons bon. L'évêque tourna dès lors la tête, le regard perdu à l'autre bout de la rue dans laquelle ils s'étaient tout deux engagés, semblant à la fois soupeser les mots de son assistante et à la fois chercher quoi répondre. Ce ne fut qu'au bout d'une trentaine de secondes de silence qu'il ouvrit la bouche :

▬ Je suis navré aussi. La route du retour lui parut soudainement longue, le sac de poules plus lourd à moins que ce ne soit son bras qui s'était brutalement fatigué. Je crois... Sa voix était basse. Il avait presque pris le ton solennel qu'il adoptait d'ordinaire lorsqu'il évoquait la Bible et ses apprentissages. Mais l'intonation était tout de même différente. Plus indulgente. Avec de la tiédeur à l'arrière de ses mots. Je crois qu'à choisir je suis content que ce soit vous plutôt qu'une autre âme qu'on ait mis sur ma route. Il prit le sac à deux mains et le serra contre son torse sans cesser d'avancer. Je suis content d'avoir fait votre connaissance.

Parce que peu importait la distance qui les séparait encore de leur foyer, le sentier paraissait moins épineux quand on le traversait accompagné. Et la compagnie de Mademoiselle Botherel faisait maintenant étrangement partie de son quotidien. Avec ses querelles avec Alfred, les longs cheveux blonds laissés dans la salle d'eau, les railleries avant la prière du matin, les cajoleries partagées aux chats errants et surtout les incessantes piques jetées à tout moment de la journée. Mon Dieu, comme elle s'était si rapidement immiscée dans sa vie cette sournoise et insolente petite chasseuse ! La peur s'était mis à nouveau à lui ronger la poitrine.

▬ Les araignées et Alfred seront tristes sans vous... Réalisa-t-il en baissant le menton avec un chagrin à peine voilé dans le regard.

En écho aux gigotements des poules blotties contre lui, son coeur s'emballa. L'idée du vide que Béatrice laisserait derrière elle en partant le paniquait. Que resterait-il après elle, après toute la pagaille qu'elle venait de semer ? Rien que du vide et de la poussière dans la nouvelle chambre pourtant si soigneusement aménagée...




Béatrice Botherel
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Mar 13 Juil - 22:38



Rien que
Du feu
Le silence qui suivit la déclaration maladroite de Béatrice lui parut éternité. Tandis que son collier tressautait à chaque pas pensif, tandis que la poule rebelle, dans ses bras, confondait la chaîne en or pour un ver, la sorcière attendait : insulte, miséricorde, peu lui importait tant que ce serait quelque chose — suffisamment pour tuer son indécision. Et par pitié, se surprit-elle à prier en levant les yeux vers un ciel muet, qu’il ne lui demande pas pourquoi elle s’excusait, comme si toute cette histoire ne pesait qu’à elle.

Mais il était navré aussi.
La cicatrice à son épaule, toute de crocs plantés, lui tirait soudainement.

Elle se targuait de plus de tort que lui, mais devinait sans mal que l’attitude du prêtre devait encore lui peser sur la conscience. Certes, dans ce grand manoir, après cet horrible matin, et tout ce sang, tout ce sang, ils étaient deux spectres sans attaches ; mais Constantin devait guider et non se perdre.

La sorcière admira un paysage qu’elle regardait sans voir, songeant qu’il avait l’excuse de son inexpérience là où elle avait l’excuse de son âge, et que pourtant c’était un pilier bien pauvre derrière lequel se cacher.

Je suis content d'avoir fait votre connaissance.

Elle déglutit pour avaler des larmes qui pourtant ne montaient pas, cessant une seconde ses caresses sur le plumage de sainte Odette avant de les reprendre de plus belle.

Moi aussi, répondit-elle d’une petite voix fragile.

Ce qu’elle pouvait détester ces instants de vulnérabilité qui laissait entrevoir ses fissures. Pour peu qu’elle les regarde, elle s’écroulerait tout de suite. Quoi de mieux qu’un trait d’humour, alors, pour détourner les yeux et détourner les siens, à ce grand monsieur qui pensait très fort et laissait entendre sans énoncer clairement ?

Ne soyez pas ridicule. Je suis sûre qu'Alfred garde une bonne bouteille de vin pour l'occasion.

L’idée qu’elle lui manque lui semblait plus ridicule encore que des araignées réunis en ronde pour se navrer de son départ.
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