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L'humain a toujours su se construire des royaumes et composer plus ou moins bien avec les élites voisines. Mais ces hommes et ces femmes n'étaient pas les seuls à fouler cette terre de leurs pieds éphémères. Perdus entre le prestige de la noblesse et la vie froide de la paysannerie, nombres de vies se sont tissées les unes aux autres pendants des siècles, jusqu'à ce que les Rois et les Reines finissent par lutter concrètement contre les engeances qu'étaient les vampires et les lycanthropes. Toujours dans la discrétion la plus totale, bien entendu.

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Béatrice Botherel
HUMAIN - PEUPLE

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Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
— Une dague classique
— Coupon de mission x1
Espèce : Humaine.
Emploi : Au service du Grand Cardinal.
Pièces : 5258

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Béatrice Botherel
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Mer 7 Avr - 13:33



How long you would wait for me ?
and how long I've been away ?
Les pluies du printemps s’étaient écartées pour faire place à un grand soleil qui effleurait Paris de ses rayons. Fixant ce ciel azur digne de l’été, Béatrice ferma les yeux un instant pour que sa chaleur réchauffe la peau de ses joues, là sous ses yeux, son front, ses cheveux. Un vent doux courut dans les rues comme un voleur. Aujourd’hui avait un goût de vacances. Une herbe plus verte, des gens plus souriants, un climat tendre, un je-ne-sais-quoi qui remplirait d'aises n’importe qui... Et améliorait un peu son humeur. Tous les soleils du monde, même ceux qu’elle portait en pendentif, n’arracheraient pas ce pieds qu’elle avait ferme dans la nuit.

Elle pouvait en revanche se permettre de flâner un peu. La miséricorde de l’église souterraine persistait encore ce jour, et celui d’après sans doute, et celui qui viendrait ensuite : Envoyer un chasseur, physiquement ou mentalement, en mission reviendrait à le condamner, et Béatrice gageait qu’ils ne gaspilleraient pas ainsi une sorcière. Pour autant, si elle se plaignait lorsque les chasses s’enchaînaient, elle se plaignait aussi lorsqu’elle s’arrêtaient brusquement.

Le travail, aussi détestable soit-il, lui permettait de penser à autre chose que tout le reste. Au moins, après la lubie étrange de Constantin, elle pouvait toujours penser aux poules.

Elle parcourait donc les avenues sans destination, peinant à rester enfermée dans cette maison qui sentait justement cela : le renfermé. Alfred et elle travaillaient dur pour la tenir en état, bien sûr, mais depuis le retour d’Évreux, c’est comme s’ils avaient ramené un petit morceau de malheur qui contaminait les murs et sols.

Elle s’arrêta devant une taverne dont l’enseigne lisait L’Yonne. Se penchant à sa fenêtre, elle constata avec une joie certaine qu’elle était, à cette heure-ci, peu fréquentée. Et si elle n’égalerait sans doute pas la pâte à choux goûtée en compagnie d’un certain duc et sa fille, peut-être qu’elle trouverait une part de tarte aux pommes acceptable dans ces cuisines.

La nostalgie avait un goût.

Poussant la porte de la taverne, elle attendit, les mains derrière le dos, le regard dans le vague, qu’on ne vienne l’asseoir. Pourtant, lorsqu’un serveur arriva à sa hauteur pour s’occuper d’elle, le rose de ses joues la quitta brusquement.

Oscar se tenait juste devant elle.
Lycoris Lýgur
LYCANTHROPE - PEUPLE

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Lycoris Lýgur
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Mar 13 Avr - 22:22


— If somehow, some of it remains • Lycoris  T1n0

If somehow, some of it remains

Sous un soleil radieux, tu fermais les yeux. Ressentais sa chaleur pleinement. Un sourire délicat sur tes lèvres. La joie du plein air. Tu étais assis là. Tranquillement. Profitant de ce bon temps. C’est au loin que tu entends les quelques passants. C’est tout près que tu écoutes la mélodie des quelques clients. Tel un écho réconfortant. Une berceuse qu’on te chanterait de jour. Berceuse pleine d’amour. C’était plutôt calme. Et ce n’était point désagréable. Tu t’amusais des prémices de la nuit. Ce moment où la taverne est plus en vie. Au moins, tu avais le droit à une pause plus longue. Et ainsi, tu te délaissais face à quelques rayons ensoleillés. Ce n’était pas tous les jours que tu pouvais te prélasser ainsi. Tu appréciais lorsque les clients étaient nombreux. Que les rires étaient forts. Que le bon vivant de chacun se louait chaque seconde. Et pourtant, tu savais savourer ces petits instants. Bien qu’ils arrivent assez souvent en journée. Que ce soit aussi vide, ce n’était pas tous les jours. Mais n’était-ce point là, la signification que la vie dans la ville était plus florissante ? Chacun à ses occupations. C’est qu’au sein de Paris, les activités ne s’arrêtaient guère. Le printemps, renforçant ce sentiment.

La voix du patron résonne. Sa voix était grave mais chaleureuse. Son appel te disait qu’il était temps de t’y remettre. Et le temps que quelques clients arrivent, tu serais dans les cuisines. L’idée te plaisait. Parce que tu adores créer des saveurs. Mélanger tel et tel ingrédient. Et n’était-ce point plaisant de voir toutes ces personnes apprécier tes plats ? Tu en tirais une fierté. Et cela te faisait toujours tellement plaisir. Si tu savais que tu aimais un peu tout. Tu savais aussi que les humains étaient un peu plus fines bouches. Le fait que, tes talents de cuisinier leur plaisaient, n’était-ce point palpitant ? Sans tarder, tu noues tes cheveux correctement. Enfiles ton tablier et te mets au travail, enjoué. Ce que tu allais préparer. Quelques pâtes faites mains pour des tartes ou autre. C’est que cela demande du temps. Il faut compter l’heure où ça repose. Le temps de pétrir. Et tout un tas de choses qui te passionne.

Toujours personne de nouveau. Seulement quelques personnes qui dégustent tranquillement. Alors en attendant, qu’allais-tu faire ? La vaisselle ? Quelqu’un y était déjà attelé… Les plats qui devaient être préparés à l’avance étaient déjà en temps d’attente… Alors il fallait patienter. Tu profitas de ce petit moment pour recoudre un peu ton tablier. La nuit passée, tu l’avais légèrement déchiré sans faire exprès. Alors, tu demandes fil et aiguille. T’installes confortablement. Et tu tisses ces liens doucement. Faisant attention pour ne point te blesser. Cela t’embêterait. Bien que… Une petite piqûre ne ferait couler qu’une petite goutte de sang. Quelque chose d’innocent. Une douleur passagère. Que tu sentirais à peine. Tant tu avais connu des blessures plus profondes. Dans un sombre monde. Un monde que tu détestais. Que tu n’avais que trop supporté. C’était là le passé. Un passé que tu continueras de porter. Tel un poids dont tu étais incapable de te débarrasser.

Une cliente vint faire sonner les portes de la taverne.

Sans attendre. Tu te lèves. Tout sourire. Quelques pas. Tu t’avances vers elle tandis que la demoiselle patientait tranquillement qu’on vienne la chercher. Cela te changeait un peu. Tu avais tant l’habitude que les gens s’invitent directement. Face à elle, tu te montres le plus rayonnant possible. Tu te devais être digne de ton emploi :

« Bienvenue à L’Yonne mademoiselle ! »

Ton regard se porte sur toutes ces tables libres :

« Euh… Y a pas mal de places alors je te laisse décider où tu voudrais t’installer ! Au moins y a l’embarras du choix ! »

Un léger rire. Ton regard se porte sur cette tête blonde. Elle semblait avoir vu quelque chose de dérangeant. Était-ce ton imagination ? Tu n’avais nulle idée, d’à quel point, ton visage était une blessure à ses yeux. Un trouble dont tu étais ignorant.

Halloween
ft Beatrice
Béatrice Botherel
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Lun 19 Avr - 11:49



How long you would wait for me ?
and how long I've been away ?
Non, ce n’était pas lui : jamais Oscar ne se serait contenté d’un mademoiselle au lieu de courir vers elle pour la serrer dans ses bras. Pourtant, la ressemblance entre eux était frappante, si bien que Béatrice avait tout le mal du monde à détourner les yeux. Aussitôt que le serveur était apparu, sa gorge s’était asséchée et elle ne se sentait plus capable de dire un mot. Alors, en guise de politesse pour répondre à son salut, la sorcière se contenta d’hocher la tête un poil trop vivement, les lèvres pincées, avant de suivre le regard du garçon.

Des tables vides, oui, intéressant en effet.

Comme une voleuse maladroite, elle déroba un nouveau coup d’œil en direction de... Cette personne qui n’était pas Oscar. Si la chose demandait un examen plus approfondi, elle remarquait d'ores et déjà quelques différences que son choc initial avait occulté : un pauvre centimètre la séparait du garçon là où son frère la surplombait d’une bonne vingtaine en temps normal. Même en se montant la tête avec des théories farfelues d’amnésie, de mort dissimulée, ou dieu sait quoi, Béatrice pouvait difficilement concevoir que son frère ait rétréci, et pire encore : qu'il ne s'insurge pas du fait.

Ce n’était pas lui.
Ce n’était pas lui.

Ouf ?

Ce cœur, qui s’était hissé jusqu’à sa gorge, dégringola plutôt jusqu’à ses pieds.

Je... Oui, euh, en effet, oui.

Au moins ne bouchait-il plus la voie à ses phrases, pur peu que l’on puisse appeler cet amas pathétique de syllabes ainsi. Béatrice choisit donc une table sans grande conviction, jugeant qu’il serait très, très impoli de se raviser aussi tard, sans pour autant être capable de décrocher les yeux du serveur plus d’une dizaine de secondes. La chose aurait presque pu être flatteuse, si seulement elle n’arborait pas cette expression complètement dépitée tout du long.

Au prix d’efforts monstrueux, elle donna plutôt son attention à la serviette pliée sur la table, songeant que lorsque le jeune homme viendrait prendre sa commande, il serait peut être judicieux de se montrer particulièrement avenante pour ne pas qu’il s'imagine qu'elle avait une dent contre lui, en l'ayant côtoyé seulement une pauvre minute.
Lycoris Lýgur
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Dim 9 Mai - 22:17


— If somehow, some of it remains • Lycoris  T1n0

If somehow, some of it remains

C’était quelque peu étrange. Comment expliquer cela ? La nouvelle cliente semblait… Perturbée ? Tu ne saurais le dire. C’était comme si son regard n’arrivait pas à se détacher de toi. Tout en dévoilant un air lassé. C’était une expression difficile à décrypter. Ses sentiments, tu n’arrivais pas à le deviner. Savoir ce que ça signifait. Peut-être n’était qu’une impression. Peut-être n’était-ce que ton imagination. Oui. Après tout, tu ne la connaissais pas. Elle n’avait aucune raison de te regarder ainsi. Tu ne te sentais pas spécialement jugé. Juste parfois, un peu trop observé. C’était un peu gênant, mais tu mettais tout cela de côté. Tu te disais que tes pensées divaguaient. Était-ce l’âge ? La fatigue ? Ou juste qu’aujourd’hui était trop calme ? Mystère, tu préférais ne pas t’y atteler. Néanmoins, les paroles de la demoiselle te déconcertaient. L’avais-tu gênée ? Tu ne dis rien pour ne pas plus l’embarrasser que cela.

Parfois, il était difficile de comprendre l’humain.

Étant une nouvelle tête, tu n’étais pas sûr qu’elle ait regardé les différents mets proposés. Sans tarder, tu partis chercher, de quoi l’informer. Une pancarte où tout était noté. C’étaient bien les seules choses que tu savais lire. Les menus de l’Yonne. Tes connaissances dans le domaine de la lecture ou de l’écriture sont au plus bas. Si cela te dérangeait ? Pas le moins du monde. Depuis des années, tu vivais ainsi. Cela ne t’avait que très peu dérangé. Plus le genre à suivre ses instincts. Plus le genre à utiliser ses mains et à s’amuser. Ce n’était pas un besoin que tu éprouvais. À part pour le travail. Où, de ce fait, tu avais fait des efforts pour apprendre. Tu t’étais démené pour ne pas que tu te fasses jeter. Tu aimes bien trop ton métier pour prendre un quelconque risque. Certes, tu ne gagnais pas si bien ta vie. Mais tu pouvais vivre.

Et ça, ça n’avait pas de prix.

De nouveau face à la blonde, tu lui poses sous ses yeux les menus :

« Voilà la carte de la taverne. Tout y est. Que ce soit entrées, plats ou desserts ! Ici, on sert de tout !»

Bien que la spécialité soit plutôt l’alcool. Au moins, tes plats savaient apporter un renouveau en ce lieu. Quelque chose de chaleureux. Ton regard se pose sur deux clients qui quittent leur table. Laissant couverts et assiettes à découvert :

« Je te laisse choisir ce que tu veux. Prends ton temps, je dois juste débarrasser une table. Je reviens dans un instant. »

Sans plus attendre, tu saisis les plats salis. Salis et propre à la fois tant c’était vide. C’était une bonne chose qu’ils avaient appréciée le repas. Tu les salues en même temps qu’ils déposent l’argent sur le comptoir. Un échange simple. Mais qui te rendait heureux. Certains savaient se montrer respectueux. C’était agréable, tu ne pouvais le nier. Quelques allers-retours et te voilà pour elle à nouveau. Tu espérais qu’elle avait pris sa décision et qu’elle ne s’était pas trop impatienter. Pour le coup, tu étais le seul serveur. Alors tu avais plusieurs choses à faire en même temps. Au moins, c’était aussi plus d’argent. Si tu n’y accordais pas énormément de valeurs, tu savais que c’était essentiel. Pour ton logement et vivre comme ceux que tu aimes. Vivre comme les humains :

« Alors, tu as choisi ? »

Sourire délicat. Tu espérais que ton impression du début n’était qu’une illusion éphémère. Que tu n’étais pas une gêne pour la demoiselle. Tu te sentirais mal pour elle sinon.

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Sam 29 Mai - 21:57



How long you would wait for me ?
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Béatrice accorda difficilement son attention au menu tendu plus tôt, continuant à lancer des coups d’œil inquiets au garçon comme pour vérifier qu’il était bien là. Au vu des étrangetés qu’elle côtoyait dans le cadre de son travail, une petite partie d’elle-même craignait toujours de devenir folle, ou de l’être déjà. Que toutes ces histoires, les loups garous, les vampires, les sorciers, soient les inventions d’un esprit rendu dingue par l’enfermement car elle n’avait jamais, en vérité, quitté sa cellule.  

Cependant, elle n’avait pas tant d’imagination. La réalité, comme souvent, s’avérait plus étrange que la fiction vomie d’un esprit malade.

Lorsque le garçon revint à sa table, elle sursauta : et cela quand bien même elle l’avait suivi des yeux durant l’entièreté du trajet. Toujours cette même voix, ces mêmes expressions, ce même sourire. Maintenant qu’elle était assise, l’écart de taille entre Oscar et... Peu importe qui il était, lui paraissait anecdotique.

Je... Oui.

Mais en fait, non. Elle jeta un bref coup d’œil au menu en même temps qu’elle repliait celui avec délicatesse pour le tendre au serveur, déployant un sourire maladroit tant il était difficile de le regarder dans les yeux.

Une part de tarte au pomme, s’il vous plaît.

L’ironie de chercher à goûter ce dessert spécifique, et croiser le portrait craché de son frère dans l’établissement qui en servait, ne lui échappa.

Parfois, elle détestait Dieu.
Souvent, elle détestait Dieu.

Elle ouvrit la bouche, songeant qu’il serait au moins approprié de faire la conversation pour corriger l’étrangeté de son comportement, avant de réaliser qu’il avait sans doute beaucoup de travail.
Lycoris Lýgur
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Lun 21 Juin - 18:20


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Les comportements humains te paraissaient parfois bien étranges. Parfois, tu n’arrivais tout simplement pas comprendre leurs pensées. Ce qui les tracassait. Ce serait trop simple sinon. Mais ce n’était pas plus mal non ? Après, tout, c’était aussi ce qui te poussait à vouloir en apprendre plus sur eux. Pour certains, aussi, tu devais paraître étrange parfois. À faire la conversation juste comme ça. À te mêler parfois de ce qui ne te regarde pas. Tu préférais ne pas trop juger et spéculer. Alors, même si la demoiselle semblait agir d’une façon peu commune. Tu ne devrais juste pas t’en faire. Son sourire semblait maladroit. Elle semblait toujours avoir du mal à croiser ton regard. Tu récupéras simplement la carte tout en écoutant sa commande :

« Une tarte aux pommes pour la demoiselle, c’est noté ! »

La blonde semblait avoir voulu dire quelque chose… Mais aussitôt elle s’était ravisée. Plus les minutes passaient, plus elle te rendait curieux. Tu ne pouvais t’empêcher de te demander quels motifs lui imposaient de se comporter ainsi. Devrais-tu lui poser la question ? N’était-ce pas trop mal venu ? Peut-être qu’elle te prendrait pour un anxieux qui s’imaginait des choses. Tu préférerais éviter. Ton image t’importait peu. Mais pas au boulot. Tu ne voulais pas qu’il y ait des répercussions sur ton lieu de travail. Le patron n’apprécierait pas. Et tu tenais à L’Yonne. Au patron. Les autres employés. Les clients. Parfois fallait faire attention à son comportement :

« Ce sera assez rapide ne t’en fais pas. »

Les tartes aux pommes mettent du temps à cuire après tout, alors, vous prenez toujours un tour d’avance dans la journée. Ainsi, le service était plus rapide et efficace. En entrant dans les cuisines, tu te précipitas vers les fourneaux, regardant comment était la tarte. Elle semblait cuite, mais pas assez… Quelques minutes de plus et cela devrait être bon. Pour faire passer le temps… Tu n’avais rien à faire. Tu t’adossais simplement contre le mur. Plongé dans mille et une pensées. Lorsque le met était fin prêt, tu le présentas correctement dans une assiette. Rajouter une crème maison fondante. Sans attendre, tu allas rejoindre la demoiselle en attente. Posant délicatement la tarte sous ses yeux, tu rajoutas à côtés un petit pot rempli de quelques amandes :

« Voilà pour toi. Tu as à disposition des amandes si tu veux en rajouter sur la tarte. Sur ce... »

Tu pourrais partir. Encore une fois aller aux cuisines pour ne pas faire grand-chose et trouver quelque chose à faire là-bas. Tu pouvais partir. Tu ne l’as pas fait. Posant tes yeux sur elle :

« E-Est-ce que cela te dérangerait si je me joignais à toi ? »

Après tout, il y avait des places de libres… Et tu hésitais toujours à lui demander avec sincérité si elle avait un problème avec toi. Tu avais un peu honte d'avoir bégayé, mais, c'était sans doute les circonstances et l'ambiance...

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Béatrice Botherel
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Mer 8 Sep - 20:36



How long you would wait for me ?
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Si le serveur la trouvait aussi étrange qu’elle ne le craignait, il n’en laissait rien transparaître. Sitôt sa commande prise, elle regarda filer sa tête blonde jusque dans les cuisines, avant que ses yeux ne se perdent aux alentours, à la recherche de quelque objet d’intérêt pour lui faire oublier ce pincement qu'elle avait au coeur. Elle songea à y frotter sa main, sur cet endroit où il battait sans doute, mais se résolut à plutôt faire tinter son pendentif en attendant sa pâtisserie.

Le garçon avait dit : Ce sera assez rapide, ne t’en fais pas ; et elle fronça les sourcils au souvenir tout récent. Elle avait manqué de répondre qu’elle ne s’en faisait pas du tout, enfin, qu’est-ce qui avait donc pu lui donner cette idée saugrenue ? Elle s’était ravisée en imaginant son désespoir apparent : Béatrice était douée pour cacher ses émotions, oui, après tout il lui avait fallu être forte quand maman était tombée malade — mais Oscar l’arrêtait au détour d'un couloir, posait sa main sur son épaule et lui demandait : Ça va, Béatrice ? Elle lui disait que oui alors que les larmes lui montaient et il riait bêtement.

Elle n’avait jamais su mentir à son frère — ce n’était pas étonnant qu’elle éprouve les mêmes difficultés face à ce jeune homme qui lui ressemblait tellement.

Et voilà qu’il revenait.

Elle se redressa, tâchant de rester gracieuse en dépit des difficultés qu’elle éprouvait à aligner deux mots intelligibles lorsqu’il lui posait une question.

M... Merci.

Haussant un sourcil, elle observa la tarte un instant avec l’œil critique de ceux qui en ont mangé cent fois de toutes les sortes avant d’acquiescer. La présentation, au moins, lui plaisait. Saisissant ses couverts, il lui apparût d’un coup que le garçon n’avait pas bougé et elle perdit tous ses moyens lorsqu’elle releva le regard vers lui.

Je, euh... Peux vous aider ?

Il lui répondit avec la même maladresse. Se joindre à elle ? Elle resta bouche-bée un instant, si bien qu’on aurait pu lui glisser un premier morceau de tarte entre les lèvres. Pourquoi cette question ? Elle espérait qu’elle ne lui avait pas tapé dans l’œil car il serait très étrange que le portrait craché de son frère lui susurre des mots doux comme cet autre énergumène espagnol croisé l'autre soir. Ou peut-être avait-il faim ? C’est vrai que les pommes sentaient divinement bon. À sa place, elle aurait tout le mal du monde à ne pas piquer dans les assiettes, mais Béatrice était particulièrement gourmande de tels douceurs.

Oh. Euh, non, non, bien sûr.

Elle l’encouragea à s’installer en face d’elle d’un geste de main, osant à peine le regarder dans les yeux avant d’ajouter :

Tu ne risques pas d’avoir des problèmes si ton patron te voit ?

Elle était déjà décidée à prétendre que c’était elle qui avait insisté pour qu'il s'assoit.
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