Dim 30 Mai - 12:50
Notre Dame. C’était un bâtiment à côté duquel on se sentait si petit, si insignifiant. Aymeric n’était pas une exception à la règle tandis qu’il observait un instant les murs austères et richement décoré de l’édifice avant que finalement son regard ne se baisse et qu’il n’en franchisse l’entrée en se frayant un passage parmi la foule qui en sortait. La messe devait tout juste de s’être terminer.
Finalement, ce fut sans trop de difficulté qu’il put évoluer jusqu’à un des bancs où se trouvait encore quelques fidèles, auxquels il se joignit. S’installant sans un bruit, un peu à l’écart, son regard se posa un instant sur la grande croix visible malgré la distance. Son nez s’enfonça dans la fourrure de sa veste et il croisa les bras sur son torse, se renfrognant quelque peu tandis qu’il se perdait dans ses pensées.
Rien de philosophique ou emprunt d’une quelconque nostalgie, le chef de la milice devait admettre que c’était une certaine quête de tranquillité qui l’avait conduit ici. La où il pouvait baisser un tantinet sa garde l’espace de quelques instants tout en adressant quelques prières au Dieu auquel il croyait pour la réussite de leur mission et un guide pour ses membres. Cependant toute chose avait une fin n’est-ce pas ? Et finalement il dût se redresser et se résigner à faire demi-tour mais pas avant de s’être arrêté pour pouvoir allumer un cierge et adressé une dernière pensée à l’ensemble de la milice française.
C’est lorsqu’il se retourna qu’il manqua de heurter une haute silhouette et si Aymeric eut un sursaut, il se reprit vite, d’autant plus vite qu’il remarqua les habits de l’autre homme et le rang auquel il était associé.
- Veuillez m’excuser mon père, je ne vous avais pas vu, maugréa-t-il tandis qu’il se reculait légèrement, évitant les cierges pour se décaler dans un endroit moins dangereux.
Livin’ on a prayer
Notre Dame. C’était un bâtiment à côté duquel on se sentait si petit, si insignifiant. Aymeric n’était pas une exception à la règle tandis qu’il observait un instant les murs austères et richement décoré de l’édifice avant que finalement son regard ne se baisse et qu’il n’en franchisse l’entrée en se frayant un passage parmi la foule qui en sortait. La messe devait tout juste de s’être terminer.
Finalement, ce fut sans trop de difficulté qu’il put évoluer jusqu’à un des bancs où se trouvait encore quelques fidèles, auxquels il se joignit. S’installant sans un bruit, un peu à l’écart, son regard se posa un instant sur la grande croix visible malgré la distance. Son nez s’enfonça dans la fourrure de sa veste et il croisa les bras sur son torse, se renfrognant quelque peu tandis qu’il se perdait dans ses pensées.
Rien de philosophique ou emprunt d’une quelconque nostalgie, le chef de la milice devait admettre que c’était une certaine quête de tranquillité qui l’avait conduit ici. La où il pouvait baisser un tantinet sa garde l’espace de quelques instants tout en adressant quelques prières au Dieu auquel il croyait pour la réussite de leur mission et un guide pour ses membres. Cependant toute chose avait une fin n’est-ce pas ? Et finalement il dût se redresser et se résigner à faire demi-tour mais pas avant de s’être arrêté pour pouvoir allumer un cierge et adressé une dernière pensée à l’ensemble de la milice française.
C’est lorsqu’il se retourna qu’il manqua de heurter une haute silhouette et si Aymeric eut un sursaut, il se reprit vite, d’autant plus vite qu’il remarqua les habits de l’autre homme et le rang auquel il était associé.
- Veuillez m’excuser mon père, je ne vous avais pas vu, maugréa-t-il tandis qu’il se reculait légèrement, évitant les cierges pour se décaler dans un endroit moins dangereux.
Code by Arienlys.
D'après un désign de Merc
D'après un désign de Merc
Lun 31 Mai - 0:37
Nonobstant toutes les épreuves que Dieu avait dressé sur son chemin, Constantin trouvait toujours un peu de réconfort dans le coeur de pierre de Notre-Dame et ses centaines de cierges plongés dans la lueur timide des vitraux. Cette cathédrale somptueuse pleine de charmes et de secrets était peut-être son dernier sanctuaire dans tout Paris maintenant que non pas une mais deux envoyées de l'Église souterraine s'étaient installées chez lui. Et s'il n'arrivait plus à officier la messe - manque de temps, prétextait-il pour cacher le malaise grandissant qui s'éveillait en lui chaque fois qu'il pensait à sa vraie nature de sorcier et aux conspirations du Vatican, parce que la foi et avec elle la force commençaient à lui manquer, errer dans sa belle cathédrale réussissait encore à lui redonner un peu de confiance à la bienveillance du Tout Puissant.
Notre-Dame le protégeait oui. Peut-être que Dieu n'était plus avec lui ou ne l'avait jamais été mais Notre-Dame elle, était toujours là. Et le serait probablement jusqu'à la fin des temps. Songer que demain ou dans deux cent, trois cent, mille ans même, elle serait toujours là à veiller sur Paris avait quelque chose de rassurant. Si la vie du monde d'en bas serait toujours éphémère, Dieu lui existerait toujours, au moins à travers l'existence de ses monuments.
Bref, ce jour-là, l'évêque Saint Hilaire n'avait pas tenu la messe. Il était resté à l'écart pour assister à l'office avec peut-être une pointe de tristesse dans la poitrine parce que mine de rien, se tenir devant l'autel lui manquait. Mais voilà, le coeur n'y était pas, n'y était plus depuis Évreux.
Alors, il demeura muet, se faisant discret. Il n'avait pas revêtu l'habit réservé à son rang de Grand Cardinal non plus aujourd'hui, voulait simplement profiter de sa Notre-Dame en tant que croyant et non pasteur. Aussi, prit-il soin de raser les murs à la fin de la messe, lorsque les fidèles se dirigeaient vers la sortie. Là, caché dans un des bas-côtés, il médita un instant en fixant les cierges, l'air absent. Bercé par la lueur des bougies, son esprit vagabonda vers des pensées un peu moins noires, là où il n'était pas question de sorcellerie et d'Église souterraine. Il vagabonda même si loin, qu'il ne remarqua pas la présence de cette autre âme à ses côtés qui manqua presque de le percuter en voulant rejoindre la grande nef.
Constantin, fidèle à lui-même, sursauta brusquement de s'apercevoir qu'il n'était pas tout à fait seul et jeta un coup d'oeil surpris à cet inconnu.
▬ Ce n'est rien mon Fils. Que la paix du Dieu soit avec vous. Une lueur de panique s'alluma dans son regard quand il remarqua ces quelques mèches blanches qui lui rappelaient la pâleur de sa nouvelle garde du corps et la coupe singulière de Frère Ferdinand. Une autre abomination dans sa Notre-Dame ? Non impossible. Si vous cherchez le confessionnal, j'ai bien peur qu'il soit présentement occupé. Ajouta-t-il en désignant de la tête les quelques isoloirs devant lesquelles attendaient déjà plusieurs personnes.
Une autre tâche en plus de celle de la tenue de la messe que l'évêque avait également déserté ces derniers temps.
Non le coeur n'y était vraiment plus.
Notre-Dame le protégeait oui. Peut-être que Dieu n'était plus avec lui ou ne l'avait jamais été mais Notre-Dame elle, était toujours là. Et le serait probablement jusqu'à la fin des temps. Songer que demain ou dans deux cent, trois cent, mille ans même, elle serait toujours là à veiller sur Paris avait quelque chose de rassurant. Si la vie du monde d'en bas serait toujours éphémère, Dieu lui existerait toujours, au moins à travers l'existence de ses monuments.
Bref, ce jour-là, l'évêque Saint Hilaire n'avait pas tenu la messe. Il était resté à l'écart pour assister à l'office avec peut-être une pointe de tristesse dans la poitrine parce que mine de rien, se tenir devant l'autel lui manquait. Mais voilà, le coeur n'y était pas, n'y était plus depuis Évreux.
Alors, il demeura muet, se faisant discret. Il n'avait pas revêtu l'habit réservé à son rang de Grand Cardinal non plus aujourd'hui, voulait simplement profiter de sa Notre-Dame en tant que croyant et non pasteur. Aussi, prit-il soin de raser les murs à la fin de la messe, lorsque les fidèles se dirigeaient vers la sortie. Là, caché dans un des bas-côtés, il médita un instant en fixant les cierges, l'air absent. Bercé par la lueur des bougies, son esprit vagabonda vers des pensées un peu moins noires, là où il n'était pas question de sorcellerie et d'Église souterraine. Il vagabonda même si loin, qu'il ne remarqua pas la présence de cette autre âme à ses côtés qui manqua presque de le percuter en voulant rejoindre la grande nef.
Constantin, fidèle à lui-même, sursauta brusquement de s'apercevoir qu'il n'était pas tout à fait seul et jeta un coup d'oeil surpris à cet inconnu.
▬ Ce n'est rien mon Fils. Que la paix du Dieu soit avec vous. Une lueur de panique s'alluma dans son regard quand il remarqua ces quelques mèches blanches qui lui rappelaient la pâleur de sa nouvelle garde du corps et la coupe singulière de Frère Ferdinand. Une autre abomination dans sa Notre-Dame ? Non impossible. Si vous cherchez le confessionnal, j'ai bien peur qu'il soit présentement occupé. Ajouta-t-il en désignant de la tête les quelques isoloirs devant lesquelles attendaient déjà plusieurs personnes.
Une autre tâche en plus de celle de la tenue de la messe que l'évêque avait également déserté ces derniers temps.
Non le coeur n'y était vraiment plus.
Mar 1 Juin - 9:01
Quelle étrange énergumène que celui qui lui faisait présentement face. Un religieux visiblement perdu dans ses pensées, dont le sursaut et la lueur de panique qui s’afficha l’espace de quelques secondes sur son visage furent suffisant pour attirer la vague curiosité du chef de la Milice. Les prêtres étaient de manière générale plus calmes et plus posés que ça, drapé dans leur sainteté et leur confiance en leur mission et leurs sermons. Il avait certes conscience aussi qu’il n’était pas le plus amical du coin et que son air fermé n’incitait pas à la discussion, mais souvent c’était associé à un air vaguement mécontent, sans plus.
- Le confessionnal ? fit-il, sans daigner tourner la tête dans la direction indiquée, merci mon père, mais je n’ai aucun péché à confesser.
Non. Le chef de la milice était serein de ce côté-là. Convaincu depuis des années du bien fondé et de la nécessité de sa mission, c’était sans hésitation qu’il continuait d’arpenter le chemin qu’il avait choisit pour lui-même, sans regarder en arrière et sans regretter un seul instant. Ou du moins, les quelques regrets qui pouvaient serrer son cœur ne pouvaient être avoué si facilement, tout comme il ne pouvait en parler ouvertement. Il se pinça les lèvres un instant, débâtant quelques minutes sur la marche à suivre. Il ne voyait pas de réelle raison de continuer cette conversation, mais le père face à lui semblait convaincu qu’il avait quelque chose à se reprocher.
- La seule chose que l’on peut me reprocher c’est de ne pas être très présent pour les messes, finit-il pas « avouer ».
Et Aymeric savait qu’être sous les projecteurs de l’Eglise n’était pas exactement l’idée la plus brillante à avoir. Alors autant choisir une faute qu’il pouvait avouer sans réelle difficulté. Mais comment voulez-vous qu’il soit présent dans une église tous les Dimanche quand il passait son temps à voyager, pister, chasser, que ce soit les créatures de la nuit où les proies qu’il ramenait et vendait en ville pour assurer sa propre survie financière. Sa main remonta pour se poser doucement sur la croix en argent présent sous sa chemise.
- La chasse me gardant souvent loin des villes, je ne peux être ici aussi souvent que j’aimerai.
Il ferma un instant les yeux, tandis que ses yeux glissaient l’espace d’un instant sur les divers cierges, dont la sienne, qu’il avait allumé, en une démonstration silencieuse des vœux qu’il adressait à tout ceux qu’il avait sous sa responsabilité.
- Soyez cependant assurer mon Père, que ma foi est toujours aussi forte.
Livin’ on a prayer
Quelle étrange énergumène que celui qui lui faisait présentement face. Un religieux visiblement perdu dans ses pensées, dont le sursaut et la lueur de panique qui s’afficha l’espace de quelques secondes sur son visage furent suffisant pour attirer la vague curiosité du chef de la Milice. Les prêtres étaient de manière générale plus calmes et plus posés que ça, drapé dans leur sainteté et leur confiance en leur mission et leurs sermons. Il avait certes conscience aussi qu’il n’était pas le plus amical du coin et que son air fermé n’incitait pas à la discussion, mais souvent c’était associé à un air vaguement mécontent, sans plus.
- Le confessionnal ? fit-il, sans daigner tourner la tête dans la direction indiquée, merci mon père, mais je n’ai aucun péché à confesser.
Non. Le chef de la milice était serein de ce côté-là. Convaincu depuis des années du bien fondé et de la nécessité de sa mission, c’était sans hésitation qu’il continuait d’arpenter le chemin qu’il avait choisit pour lui-même, sans regarder en arrière et sans regretter un seul instant. Ou du moins, les quelques regrets qui pouvaient serrer son cœur ne pouvaient être avoué si facilement, tout comme il ne pouvait en parler ouvertement. Il se pinça les lèvres un instant, débâtant quelques minutes sur la marche à suivre. Il ne voyait pas de réelle raison de continuer cette conversation, mais le père face à lui semblait convaincu qu’il avait quelque chose à se reprocher.
- La seule chose que l’on peut me reprocher c’est de ne pas être très présent pour les messes, finit-il pas « avouer ».
Et Aymeric savait qu’être sous les projecteurs de l’Eglise n’était pas exactement l’idée la plus brillante à avoir. Alors autant choisir une faute qu’il pouvait avouer sans réelle difficulté. Mais comment voulez-vous qu’il soit présent dans une église tous les Dimanche quand il passait son temps à voyager, pister, chasser, que ce soit les créatures de la nuit où les proies qu’il ramenait et vendait en ville pour assurer sa propre survie financière. Sa main remonta pour se poser doucement sur la croix en argent présent sous sa chemise.
- La chasse me gardant souvent loin des villes, je ne peux être ici aussi souvent que j’aimerai.
Il ferma un instant les yeux, tandis que ses yeux glissaient l’espace d’un instant sur les divers cierges, dont la sienne, qu’il avait allumé, en une démonstration silencieuse des vœux qu’il adressait à tout ceux qu’il avait sous sa responsabilité.
- Soyez cependant assurer mon Père, que ma foi est toujours aussi forte.
Code by Arienlys.
D'après un désign de Merc
D'après un désign de Merc
Mer 2 Juin - 1:58
L'évêque battit des paupières. Aucun péché ? Allons donc. Et puis il réalisa que son interlocuteur était tout à fait sérieux. Plissant alors légèrement des yeux, Constantin détailla alors un instant l'inconnu : costaud, des mains abimées, une tenue modeste, des bottes plutôt bien usées mais robustes, l'air très peu sympathique. Bourru même. Un mercenaire peut-être ? Ou un chasseur. Clairement pas un marchand de navets sur le marché du dimanche, il en mettrait sa main à couper ! Bien que sa morale lui soufflait que juger sur les apparences était contreproductif pour un pasteur, une partie de sa conscience sursauta de joie lorsque son vis-à-vis confirma qu'il avait visé juste : il s'agissait bel et bien d'un chasseur.
▬ Hé bien si c'est l'amour de votre prochain et de Jesus Christ qui sont dans vos prières, personne ne vous reprochera de manquer de temps à autres l'appel du dimanche. Il joignit les mains devant lui. Maintenant n'oubliez pas le chapitre 28 des Proverbes : « Celui qui cache ses crimes ne réussira point ; mais celui qui les confesse et s’en retire, obtiendra miséricorde. »
Mais cette façon qu'avait cet homme de baisser la tête en posant une main sur sa poitrine était si criante de sincérité. Constantin reconnaissait bien ce geste qui transpirait effectivement la bonne foi et l'émut quelque peu, parce qu'il suffisait qu'un seul de ses adeptes soit touché par la Grâce pour que lui-même se sentit aimé de Dieu. L'amour du Très-Haut se faisait par ricochets. Et sa fureur également.
Alors évidemment qu'il ne doutait pas des paroles de cet homme, simplement de sa modestie.
▬ Si le Fils est mort sur la Croix, c'est avant tout bien parce que nous sommes nés pêcheurs. Par son sacrifice, il nous délivre du mal et nous invite à le rejoindre dans la lumière. Et s'il se sentait obligé de prêcher c'était bien parce que sa conviction sur ce point était absolument inébranlable. Mais parlait-il pour lui-même ou pour ce fidèle ? De ces deux hommes, debout sur le bas-côté, baignant dans la lueur des vitraux, lequel des deux était né avec le Malin dans le corps ?
Sentant qu'il était sur le point d'aller un peu trop loin, le prêtre posa une main sur l'épaule de son interlocuteur et secoua la tête avec un sourire :
▬ Ah mais je vous embête mon fils. Vous faîtes l'effort de vous déplacer jusqu'à Notre-Dame et voilà qu'un évêque sorti de nulle part vient vous sermonner sans que vous n'ayez rien demandé. Si vous désertez définitivement la messe, ce sera de ma faute ! Ses mains retombèrent le long de sa tunique, il se recula. Puisse le Seigneur vous apporter sa protection à vous dans vos chasses et à votre famille dans les épreuves du quotidien.
Il avait remarqué du coin de l'oeil ce cierge qu'on venait d'allumer Une prière pour sa femme ? Un frère ? Un enfant ? Les pensées qui accompagnaient les cierges étaient rarement tournées vers soi-même.
▬ Hé bien si c'est l'amour de votre prochain et de Jesus Christ qui sont dans vos prières, personne ne vous reprochera de manquer de temps à autres l'appel du dimanche. Il joignit les mains devant lui. Maintenant n'oubliez pas le chapitre 28 des Proverbes : « Celui qui cache ses crimes ne réussira point ; mais celui qui les confesse et s’en retire, obtiendra miséricorde. »
Mais cette façon qu'avait cet homme de baisser la tête en posant une main sur sa poitrine était si criante de sincérité. Constantin reconnaissait bien ce geste qui transpirait effectivement la bonne foi et l'émut quelque peu, parce qu'il suffisait qu'un seul de ses adeptes soit touché par la Grâce pour que lui-même se sentit aimé de Dieu. L'amour du Très-Haut se faisait par ricochets. Et sa fureur également.
Alors évidemment qu'il ne doutait pas des paroles de cet homme, simplement de sa modestie.
▬ Si le Fils est mort sur la Croix, c'est avant tout bien parce que nous sommes nés pêcheurs. Par son sacrifice, il nous délivre du mal et nous invite à le rejoindre dans la lumière. Et s'il se sentait obligé de prêcher c'était bien parce que sa conviction sur ce point était absolument inébranlable. Mais parlait-il pour lui-même ou pour ce fidèle ? De ces deux hommes, debout sur le bas-côté, baignant dans la lueur des vitraux, lequel des deux était né avec le Malin dans le corps ?
Sentant qu'il était sur le point d'aller un peu trop loin, le prêtre posa une main sur l'épaule de son interlocuteur et secoua la tête avec un sourire :
▬ Ah mais je vous embête mon fils. Vous faîtes l'effort de vous déplacer jusqu'à Notre-Dame et voilà qu'un évêque sorti de nulle part vient vous sermonner sans que vous n'ayez rien demandé. Si vous désertez définitivement la messe, ce sera de ma faute ! Ses mains retombèrent le long de sa tunique, il se recula. Puisse le Seigneur vous apporter sa protection à vous dans vos chasses et à votre famille dans les épreuves du quotidien.
Il avait remarqué du coin de l'oeil ce cierge qu'on venait d'allumer Une prière pour sa femme ? Un frère ? Un enfant ? Les pensées qui accompagnaient les cierges étaient rarement tournées vers soi-même.
Mar 8 Juin - 21:27
Est-ce qu’il s’était attendu un sermon en réponse son petit aveu ? Non, pas réellement. Le chef de la milice cligna des yeux avant qu’il ne hausse un sourcil en voyant cet homme joindre les mains devant lui, confirmant que manquer l’appel du Dimanche n’était définitivement pas quelque chose qu’on lui reprocherait en vue des circonstances. L’ennui le frappa et il se retint de justesse de soupirer alors que le prêtre lui rappelait (gentiment certes, mais il le faisait) que sans doute il était présomptueux de sa part de se croire blanc comme neige.
Heureusement qu’il avait conscience de ne pas l’être alors. Simplement convaincu du bienfondé de sa mission et de ses actions, pêcheur il l’était, mais il était hors de question qu’il le confesse à qui que ce soit.
- Oui, bien sûr…
Aurait-il été une autre personne il aurait sans doute essayé de désamorcer la situation avec un faux sourire et une esquive. Aymeric se contenta d’un air renfermé, planté sur ses jambes, inébranlable comme l’était ses idéaux et ses convictions, fussent-ils envers l’église ou envers lui-même.
- N’en faites rien. J’espère simplement qu’un jour, nous parviendrons à nous débarrasser de ce mal, une bonne fois pour toute.
Etrangement, il tiqua un peu à la mention de la famille, son regard se perdant un instant dans le lointain. Qu’importe si l’homme à son côté était innocent de ce qu’il sous entendait pour le chef de la milice. Lui aussi ne pouvait que souhaiter protection à la milice dans ses chasses et son quotidien, et c’était aussi en partie pour cette raison qu’il n’avait pas totalement déserté les lieux religieux. Lui était une âme damnée mais les autres…
Pourtant, alors qu’il se tournait pour regarder en direction de la sortie, son objectif clair et la conversation semblait se terminer sur ce point-là, le chasseur resta un instant immobile, le regard pensif, avant qu’il ne semble se raviser et qu’il tourna à nouveau le regard vers Constantin.
- Dites-moi mon père. A défaut d’une confession, m’autoriserez-vous une question ?
Après tout, quel meilleur endroit que celui-ci pour espérer commencer à trouver des réponses aux questions qui, parfois, tourmentait son esprit, à ces sentiments qui continuaient de temps en temps à étreindre son cœur, malgré toutes ses tentatives pour les ignorer ou les étouffer.
- Seriez-vous prêt à oublier une traitrise et à accorder votre pardon sur une simple demande ?
Le regard d’Aymeric se fit vaguement curieux, alors qu’il tournait la tête et finalement le corps pour se concentrer à nouveau sur l’homme d’Eglise à ses côtés, les deux hommes presque perdus là, dans un coin de cette bâtisse énorme, presque écrasante.
- Quand bien même, vous ne pouvez être sûr de rien.
De rien. Et de personne.
Livin’ on a prayer
Est-ce qu’il s’était attendu un sermon en réponse son petit aveu ? Non, pas réellement. Le chef de la milice cligna des yeux avant qu’il ne hausse un sourcil en voyant cet homme joindre les mains devant lui, confirmant que manquer l’appel du Dimanche n’était définitivement pas quelque chose qu’on lui reprocherait en vue des circonstances. L’ennui le frappa et il se retint de justesse de soupirer alors que le prêtre lui rappelait (gentiment certes, mais il le faisait) que sans doute il était présomptueux de sa part de se croire blanc comme neige.
Heureusement qu’il avait conscience de ne pas l’être alors. Simplement convaincu du bienfondé de sa mission et de ses actions, pêcheur il l’était, mais il était hors de question qu’il le confesse à qui que ce soit.
- Oui, bien sûr…
Aurait-il été une autre personne il aurait sans doute essayé de désamorcer la situation avec un faux sourire et une esquive. Aymeric se contenta d’un air renfermé, planté sur ses jambes, inébranlable comme l’était ses idéaux et ses convictions, fussent-ils envers l’église ou envers lui-même.
- N’en faites rien. J’espère simplement qu’un jour, nous parviendrons à nous débarrasser de ce mal, une bonne fois pour toute.
Etrangement, il tiqua un peu à la mention de la famille, son regard se perdant un instant dans le lointain. Qu’importe si l’homme à son côté était innocent de ce qu’il sous entendait pour le chef de la milice. Lui aussi ne pouvait que souhaiter protection à la milice dans ses chasses et son quotidien, et c’était aussi en partie pour cette raison qu’il n’avait pas totalement déserté les lieux religieux. Lui était une âme damnée mais les autres…
Pourtant, alors qu’il se tournait pour regarder en direction de la sortie, son objectif clair et la conversation semblait se terminer sur ce point-là, le chasseur resta un instant immobile, le regard pensif, avant qu’il ne semble se raviser et qu’il tourna à nouveau le regard vers Constantin.
- Dites-moi mon père. A défaut d’une confession, m’autoriserez-vous une question ?
Après tout, quel meilleur endroit que celui-ci pour espérer commencer à trouver des réponses aux questions qui, parfois, tourmentait son esprit, à ces sentiments qui continuaient de temps en temps à étreindre son cœur, malgré toutes ses tentatives pour les ignorer ou les étouffer.
- Seriez-vous prêt à oublier une traitrise et à accorder votre pardon sur une simple demande ?
Le regard d’Aymeric se fit vaguement curieux, alors qu’il tournait la tête et finalement le corps pour se concentrer à nouveau sur l’homme d’Eglise à ses côtés, les deux hommes presque perdus là, dans un coin de cette bâtisse énorme, presque écrasante.
- Quand bien même, vous ne pouvez être sûr de rien.
De rien. Et de personne.
Code by Arienlys.
D'après un désign de Merc
D'après un désign de Merc
Sam 12 Juin - 17:20
La conversation aurait pu se finir naturellement sur l'approbation polie du chasseur, aussi le prêtre s'apprêtait déjà à disparaître entre les colonnes de la Cathédrale lorsqu'il fut surpris d'être retenu par le chasseur. Un hochement de tête pour lui signifier qu'il avait le temps (pour ses fidèles il fallait toujours avoir le temps) et alors que l'homme en face de lui formulait son interrogation, une lueur affable apparut dans le regard du religieux qui ne cessait de sourire :
▬ C'est une très bonne question mon fils. La rédemption et le pardon étant ses sujets favoris. Vous connaissez sans doute le sermon de Jésus dans l'Evangile de Saint Matthieu qui explique que si quelqu'un te gifle sur la joue droite alors il faut tendre la joue gauche. La réponse est donc tout simple : bien sûr qu'il faut pardonner, c'est même là l'essence du message du Saint Sauveur. Il avait quitté le bas-côté pour marcher en direction des bancs et invita son vis-à-vis à s'asseoir à côté de lui, posant ses mains sur ses genoux en continuant à parler : La vraie question est donc de savoir pourquoi ? Pourquoi pardonner à quelqu'un qui nous a fait du tort au risque que cette personne nous fasse à nouveau du mal ? Il faudrait être fou pour se laisser maltraiter sans opposer de résistance. Connaissez-vous l'Ancien Testament mon fils ? Si vous êtes familier avec ses textes plus anciens, des dix plaies d'Egypte à l'arche de Noé vous seriez peut-être surpris quant au récit de la mort du Christ : pourquoi le Tout Puissant n'a-t-il pas sauvé son enfant sur le Mont Vésuve des mains des romains ? Pourquoi ne s'était-il pas vengé des hommes qui ont tué sa chair alors que les serments d'avant proclamaient « œil pour œil et dent pour dent » ? Il marqua un temps d'arrêt comme pour inviter son interlocuteur à réfléchir puis reprit : En vérité c'est parce qu'en acceptant de mourir crucifié par les romains, Jésus nous a fait le plus grand cadeau du monde : en se sacrifiant pour nos péchés il nous a offert le pardon. Et c'est à nous désormais de chérir ce présent pas seulement pour Dieu mais aussi pour nous-mêmes parce qu'en pardonnant les autres nous nous pardonnons d'abord nous-mêmes. Nous acceptons la personne que nous étions au moment où nous avons été blessés et nous la laissons partir pour mieux pouvoir aller de l'avant. Et ce peu importe si la personne qui nous a fait du tort choisit de nous suivre sur le droit chemin ou non. Il ne s'agit donc pas de folie, simplement de bon sens. De la croyance sincère que l'amour et la lumière triomphent toujours du mal et que si nous devions nous venger œil pour œil alors le monde entier finirait aveugle.
Son regard se posa sur l'autel. Il avait beaucoup parlé et il aurait pu encore disserter des heures sur cette question. Toutefois il était bien conscient que cet individu n'était pas là pour un cours de théologie. Aussi avait-il beaucoup simplifié le fond de sa pensée pour la rendre plus digérable.
▬ Y'a-t-il quelqu'un en particulier que vous souhaiteriez pardonner mon fils ?
S'il avait posé la question c'était bien évidemment que oui.
▬ C'est une très bonne question mon fils. La rédemption et le pardon étant ses sujets favoris. Vous connaissez sans doute le sermon de Jésus dans l'Evangile de Saint Matthieu qui explique que si quelqu'un te gifle sur la joue droite alors il faut tendre la joue gauche. La réponse est donc tout simple : bien sûr qu'il faut pardonner, c'est même là l'essence du message du Saint Sauveur. Il avait quitté le bas-côté pour marcher en direction des bancs et invita son vis-à-vis à s'asseoir à côté de lui, posant ses mains sur ses genoux en continuant à parler : La vraie question est donc de savoir pourquoi ? Pourquoi pardonner à quelqu'un qui nous a fait du tort au risque que cette personne nous fasse à nouveau du mal ? Il faudrait être fou pour se laisser maltraiter sans opposer de résistance. Connaissez-vous l'Ancien Testament mon fils ? Si vous êtes familier avec ses textes plus anciens, des dix plaies d'Egypte à l'arche de Noé vous seriez peut-être surpris quant au récit de la mort du Christ : pourquoi le Tout Puissant n'a-t-il pas sauvé son enfant sur le Mont Vésuve des mains des romains ? Pourquoi ne s'était-il pas vengé des hommes qui ont tué sa chair alors que les serments d'avant proclamaient « œil pour œil et dent pour dent » ? Il marqua un temps d'arrêt comme pour inviter son interlocuteur à réfléchir puis reprit : En vérité c'est parce qu'en acceptant de mourir crucifié par les romains, Jésus nous a fait le plus grand cadeau du monde : en se sacrifiant pour nos péchés il nous a offert le pardon. Et c'est à nous désormais de chérir ce présent pas seulement pour Dieu mais aussi pour nous-mêmes parce qu'en pardonnant les autres nous nous pardonnons d'abord nous-mêmes. Nous acceptons la personne que nous étions au moment où nous avons été blessés et nous la laissons partir pour mieux pouvoir aller de l'avant. Et ce peu importe si la personne qui nous a fait du tort choisit de nous suivre sur le droit chemin ou non. Il ne s'agit donc pas de folie, simplement de bon sens. De la croyance sincère que l'amour et la lumière triomphent toujours du mal et que si nous devions nous venger œil pour œil alors le monde entier finirait aveugle.
Son regard se posa sur l'autel. Il avait beaucoup parlé et il aurait pu encore disserter des heures sur cette question. Toutefois il était bien conscient que cet individu n'était pas là pour un cours de théologie. Aussi avait-il beaucoup simplifié le fond de sa pensée pour la rendre plus digérable.
▬ Y'a-t-il quelqu'un en particulier que vous souhaiteriez pardonner mon fils ?
S'il avait posé la question c'était bien évidemment que oui.
Sam 19 Juin - 16:21
Est-ce qu’il regretta instantanément sa question ? Oui absolument. Pour plusieurs raisons. Cette question était bien trop personnelle pour qu’il se risque à la poser et pourtant… Et le voilà à devoir écouter un discours bien trop long et bien trop compliqué comme réponse. S’il n’avait pas été face à un homme d’Eglise en personne, il aurait probablement lever les yeux au ciel à la fameuse allégorie de la joue. Il ne se sentait vraiment pas aussi bienveillant que Jésus pour se contenter d’une réponse aussi passive.
Par réflexe, il suivit le mouvement, s’assit, son regard venant fusiller les lieux alentours, tandis qu’il observait les quelques pèlerins encore présents qui venait prier ou retourner à leur journée, tout en écoutant le religieux parlant d’une oreille.
- Je ne pensais pas non plus à la vengeance mon père, quel mensonge. Quand on savait que sa vie entière était dédiée au massacre en règle de ceux qui avaient détruit sa vie, de l’avis même du chasseur, simplement si notre seigneur est capable d’une telle bienveillance…
Du bon sens que de pardonner ? Mais n’était ce pas un meilleur sens encore d’éviter que ces personnes qui était venu mettre le foutoir dans votre vie étaient maintenues loin de vous, loin de toute possibilité de pouvoir recommencer. Les paroles n’étaient pas quelque chose qui pouvait être pris pour argent comptant et parfois… parfois la traitrise venait même de ceux qu’on pensait pouvoir appeler des amis.
- Je n’ai simplement pas… la possibilité de me contenter de tendre l’autre joue en attendant un coup qui ne viendra peut-être jamais au final.
Il ferma un instant les yeux, se demandant un instant ce qu’il devait admettre ou ce qu’il devait, au contraire, garder sous silence. Ce n’était pas un choix si difficile que ça mais le chef de la milice n’était pas exactement une personne adorant étaler son passé ni ses intentions. Pour être honnête, il s’était plutôt attendu à une réponse bateau qu’il aurait pu obtenir de n’importe quel autre évêque et pas à quelque chose d’aussi détaillé, ni une demande indirecte de ce qui avait pu motiver sa question au départ.
C’est vrai après tout, qu’est ce qu’il lui était passé par la tête bordel ?
- Non, pas vraiment mon père.
Quoi ? Non, il n’avait pas vraiment l’intention de pardonner qui que ce soit. Pas même lui-même, ce n’était pas beau ça ? Il se pinça un instant les lèvres, avant que le regard vert ne glisse de nouveau vers Constantin.
- J’ai simplement… ha, qu’il était difficile de parler, croiser à nouveau le chemin de quelqu’un que je ne pensais pas revoir. Que je ne voulais pas revoir.
Et l’homme se ferma immédiatement. Visiblement les souvenirs n’étaient pas bons.
- Et je trouve ça… osé, de demander mon pardon après ce qu’il m’a fait, c’est tout.
Livin’ on a prayer
Est-ce qu’il regretta instantanément sa question ? Oui absolument. Pour plusieurs raisons. Cette question était bien trop personnelle pour qu’il se risque à la poser et pourtant… Et le voilà à devoir écouter un discours bien trop long et bien trop compliqué comme réponse. S’il n’avait pas été face à un homme d’Eglise en personne, il aurait probablement lever les yeux au ciel à la fameuse allégorie de la joue. Il ne se sentait vraiment pas aussi bienveillant que Jésus pour se contenter d’une réponse aussi passive.
Par réflexe, il suivit le mouvement, s’assit, son regard venant fusiller les lieux alentours, tandis qu’il observait les quelques pèlerins encore présents qui venait prier ou retourner à leur journée, tout en écoutant le religieux parlant d’une oreille.
- Je ne pensais pas non plus à la vengeance mon père, quel mensonge. Quand on savait que sa vie entière était dédiée au massacre en règle de ceux qui avaient détruit sa vie, de l’avis même du chasseur, simplement si notre seigneur est capable d’une telle bienveillance…
Du bon sens que de pardonner ? Mais n’était ce pas un meilleur sens encore d’éviter que ces personnes qui était venu mettre le foutoir dans votre vie étaient maintenues loin de vous, loin de toute possibilité de pouvoir recommencer. Les paroles n’étaient pas quelque chose qui pouvait être pris pour argent comptant et parfois… parfois la traitrise venait même de ceux qu’on pensait pouvoir appeler des amis.
- Je n’ai simplement pas… la possibilité de me contenter de tendre l’autre joue en attendant un coup qui ne viendra peut-être jamais au final.
Il ferma un instant les yeux, se demandant un instant ce qu’il devait admettre ou ce qu’il devait, au contraire, garder sous silence. Ce n’était pas un choix si difficile que ça mais le chef de la milice n’était pas exactement une personne adorant étaler son passé ni ses intentions. Pour être honnête, il s’était plutôt attendu à une réponse bateau qu’il aurait pu obtenir de n’importe quel autre évêque et pas à quelque chose d’aussi détaillé, ni une demande indirecte de ce qui avait pu motiver sa question au départ.
C’est vrai après tout, qu’est ce qu’il lui était passé par la tête bordel ?
- Non, pas vraiment mon père.
Quoi ? Non, il n’avait pas vraiment l’intention de pardonner qui que ce soit. Pas même lui-même, ce n’était pas beau ça ? Il se pinça un instant les lèvres, avant que le regard vert ne glisse de nouveau vers Constantin.
- J’ai simplement… ha, qu’il était difficile de parler, croiser à nouveau le chemin de quelqu’un que je ne pensais pas revoir. Que je ne voulais pas revoir.
Et l’homme se ferma immédiatement. Visiblement les souvenirs n’étaient pas bons.
- Et je trouve ça… osé, de demander mon pardon après ce qu’il m’a fait, c’est tout.
Code by Arienlys.
D'après un désign de Merc
D'après un désign de Merc
Lun 28 Juin - 23:43
En regardant son interlocuteur s'asseoir tout en jetant des regards noirs aux autres pèlerins présents dans les allées voisines, Constantin se fit la réflexion que cet homme avait un air de ressemblance avec Ulric, le frère d'Aimable. Peut-être était-ce pour cela qu'il ne se sentait pas particulièrement mal à l'aise à ses côtés là où on aurait pu s'attendre qu'une âme timorée comme la sienne soit absolument terrifié par la carrure peu commode de ce grand monsieur. L'évêque décelait la même rigueur dans le regard de ce dernier, cette allure sèche, tranchante, de ceux qui n'aimaient pas perdre du temps en bavardages et qui d'ailleurs n'avaient pas de temps à perdre parce qu'ils s'échinaient à accomplir ce qui était juste tant pour eux que pour leurs proches. Il respectait cela.
▬ La bienveillance du Seigneur est infinie pour les bons chrétiens. Rétorqua immédiatement le prêtre, plus par automatisme que par conviction.
Il profita du silence qui s'invita dans la conversation pour lui-même méditer sur son sermon. Était-il un bon chrétien ? Avait-il servi Dieu comme il fallait ? Toute sa vie, il l'avait pourtant dédiée à l'Église et à ses prochains. Depuis sa vie de jeune adulte, depuis le sacerdoce il ne respirait que pour et par l'amour du Christ. Alors pourquoi tant d'ombres, tant de cris et tant de cauchemars toujours tapis à l'arrière de ses pensées ?
La Bible et ses promesses de rédemption avaient-elle été seulement écrites pour les créatures comme lui ?
▬ Ah tendre la joue est une métaphore. Je crois que personne ne s'attend à ce que vous restiez passif et contrit envers celui qui vous a lésé.
Il y avait décidément quelque chose de similaire avec Ulric dans cette façon qu'il avait de cracher ses mots, comme si parler de lui-même lui était pénible. C'était curieux. Curieux d'avoir l'air si intimidant, capable de cogner sans broncher n'importe qui sur son chemin mais qui cillait lorsqu'il s'agissait tout simplement de mettre des mots sur des torts du passé.
▬ Peut-être que c'est justement la Providence qui vous offre à tous les deux une chance de réparer ce qui a été détruit ? Supposa-t-il avec un sourire. Le Seigneur avait sa façon bien à lui de faire les choses. Si cette personne vous demande pardon d'elle-même c'est sûrement qu'elle souhaite réellement faire amende honorable.
Naïveté et angélisme n'étaient après tout parfois pas si loin l'un de l'autre. La foi comme l'espoir étaient deux trésors difficiles à garder. Mais Constantin voulait croire que tout deux en valaient réellement la peine. Parce que sans elles, lui-même ne serait plus rien.
Un damné de plus perdu dans la nuit éternelle réservée aux créatures de la nuit.
▬ Je vous souhaite en tout cas de faire la paix sur ce qui a pu se passer mon fils. Et il se garda bien de demander plus de détails par pudeur, par respect, par crainte de rouvrir une plaie du passé. Son rôle était de guérir l'âme et non l'inverse.
▬ La bienveillance du Seigneur est infinie pour les bons chrétiens. Rétorqua immédiatement le prêtre, plus par automatisme que par conviction.
Il profita du silence qui s'invita dans la conversation pour lui-même méditer sur son sermon. Était-il un bon chrétien ? Avait-il servi Dieu comme il fallait ? Toute sa vie, il l'avait pourtant dédiée à l'Église et à ses prochains. Depuis sa vie de jeune adulte, depuis le sacerdoce il ne respirait que pour et par l'amour du Christ. Alors pourquoi tant d'ombres, tant de cris et tant de cauchemars toujours tapis à l'arrière de ses pensées ?
La Bible et ses promesses de rédemption avaient-elle été seulement écrites pour les créatures comme lui ?
▬ Ah tendre la joue est une métaphore. Je crois que personne ne s'attend à ce que vous restiez passif et contrit envers celui qui vous a lésé.
Il y avait décidément quelque chose de similaire avec Ulric dans cette façon qu'il avait de cracher ses mots, comme si parler de lui-même lui était pénible. C'était curieux. Curieux d'avoir l'air si intimidant, capable de cogner sans broncher n'importe qui sur son chemin mais qui cillait lorsqu'il s'agissait tout simplement de mettre des mots sur des torts du passé.
▬ Peut-être que c'est justement la Providence qui vous offre à tous les deux une chance de réparer ce qui a été détruit ? Supposa-t-il avec un sourire. Le Seigneur avait sa façon bien à lui de faire les choses. Si cette personne vous demande pardon d'elle-même c'est sûrement qu'elle souhaite réellement faire amende honorable.
Naïveté et angélisme n'étaient après tout parfois pas si loin l'un de l'autre. La foi comme l'espoir étaient deux trésors difficiles à garder. Mais Constantin voulait croire que tout deux en valaient réellement la peine. Parce que sans elles, lui-même ne serait plus rien.
Un damné de plus perdu dans la nuit éternelle réservée aux créatures de la nuit.
▬ Je vous souhaite en tout cas de faire la paix sur ce qui a pu se passer mon fils. Et il se garda bien de demander plus de détails par pudeur, par respect, par crainte de rouvrir une plaie du passé. Son rôle était de guérir l'âme et non l'inverse.
Dim 4 Juil - 17:39
Livin’ on the prayer
Il ne put s’empêcher de hausser un sourcil. Tiens donc. Un prêtre qui disait ouvertement que si les écris insistaient bien sur le fait qu’il fallait tendre la joue plutôt que chercher à répondre, la réalité était tout à fait différente. Personne, ou très peu de gens, tolérait de se prendre des coups sans répondre après tout. La suite par contre, fut un peu plus classique et le chasseur se contenta d’un « mh » vaguement pensif, pour signifier qu’il avait bien entendu les paroles.
- La providence, vous dites ?
Il se renfrogna un instant. Une chance de réparer ce qui avait été détruit hein ? Aymeric reconnaissait la logique derrière tout ça. Mais si les voies du seigneur étaient impénétrables, celle-ci était définitivement bien trop obscur pour lui. Il avait tendance à croire que les coïncidences n’existaient pas vraiment. Tout était voulu pour une raison ou pour une autre. Le fait qu’il se remette brutalement sur son chemin était un parfait exemple. Est-ce qu’il avait vraiment cherché à le revoir ? Il en doutait fortement.
- Je suppose que vous avez raison, oui, finit-il par admettre.
Quelque part, ça réglait son petit dilemme, s’il en avait réellement un. Le pardon n’avait été demandé que sur un certain concours de circonstance, pas par réelle envie donc, simplement qu’ils s’étaient de nouveau retrouvé nez à nez l’un avec l’autre, avec tout le passif qui pouvait se trouver entre eux deux. Pardonner n’était définitivement pas dans ses plans, remettre le nez dans son passé non plus. Il était venu avec l’idée de soigner après tout, quelque chose qu’il reconnaissait bien là et c’était en toute logique que ses hommes l’avait conduit à lui. De ce qu’il en savait, si le choix avait été possible, il était à peu prêt sûr qu’il ne se serait jamais revu.
- Merci pour vos réponses… et votre temps mon Père.
Alors il ferait ce qu’il avait toujours fait jusqu’à présent, se fermer et regarder droit devant lui, avançait un pas après l’autre sans se soucier du reste. Sans laisser la place au doute et sans continuer à discuter de manière inutile sur un sujet que le chasseur considérait comme clôturé. Il s’était… posé assez de question pour la journée.
Aussi le silence retomba-t-il doucement entre les deux hommes, l’un comme l’autre probablement pensif. Quelle scène surréaliste de venir ici pour prier et de se retrouver à méditer indirectement sur les événements de ces derniers mois, avant que, finalement, le chef de milice ne se redresse.
- Puissiez vous garder cette paix que vous offrez aux autres mon Père, offrit-il, à défaut d’autre chose, comme une conclusion, si jamais…
- La providence, vous dites ?
Il se renfrogna un instant. Une chance de réparer ce qui avait été détruit hein ? Aymeric reconnaissait la logique derrière tout ça. Mais si les voies du seigneur étaient impénétrables, celle-ci était définitivement bien trop obscur pour lui. Il avait tendance à croire que les coïncidences n’existaient pas vraiment. Tout était voulu pour une raison ou pour une autre. Le fait qu’il se remette brutalement sur son chemin était un parfait exemple. Est-ce qu’il avait vraiment cherché à le revoir ? Il en doutait fortement.
- Je suppose que vous avez raison, oui, finit-il par admettre.
Quelque part, ça réglait son petit dilemme, s’il en avait réellement un. Le pardon n’avait été demandé que sur un certain concours de circonstance, pas par réelle envie donc, simplement qu’ils s’étaient de nouveau retrouvé nez à nez l’un avec l’autre, avec tout le passif qui pouvait se trouver entre eux deux. Pardonner n’était définitivement pas dans ses plans, remettre le nez dans son passé non plus. Il était venu avec l’idée de soigner après tout, quelque chose qu’il reconnaissait bien là et c’était en toute logique que ses hommes l’avait conduit à lui. De ce qu’il en savait, si le choix avait été possible, il était à peu prêt sûr qu’il ne se serait jamais revu.
- Merci pour vos réponses… et votre temps mon Père.
Alors il ferait ce qu’il avait toujours fait jusqu’à présent, se fermer et regarder droit devant lui, avançait un pas après l’autre sans se soucier du reste. Sans laisser la place au doute et sans continuer à discuter de manière inutile sur un sujet que le chasseur considérait comme clôturé. Il s’était… posé assez de question pour la journée.
Aussi le silence retomba-t-il doucement entre les deux hommes, l’un comme l’autre probablement pensif. Quelle scène surréaliste de venir ici pour prier et de se retrouver à méditer indirectement sur les événements de ces derniers mois, avant que, finalement, le chef de milice ne se redresse.
- Puissiez vous garder cette paix que vous offrez aux autres mon Père, offrit-il, à défaut d’autre chose, comme une conclusion, si jamais…
Code by Arienlys.
D'après un désign de Merc
D'après un désign de Merc