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Dim 10 Jan - 19:17
Tout commença il y a deux jours quand, de manière fugace, Noah découvrit une piste alléchante. Son sang bouillonna d’avoir enfin mis la main sur un suspect. Il lui fallut deux jours de traque intensives pour connaître les petites habitudes de sa cible et son refuge. Et ce fut sur un coup de tête que Noah décida d’interpeller l’animal, car il s’agissait bien là d’un lycanthrope. C’était la bonne odeur.
En pleine journée alors que l’homme en question se rendait sur son « lieu de travail », Noah l’attendit sur le chemin. Avec la discrétion d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, il lui sauta dessus au coin de la rue. L’homme se défendit bien sûr, mais Noah lui balança son poing dans l’estomac. Les badauds autour s’inquiétèrent de savoir ce qui se passait.
— Rends-toi, loup ! Lança Noah sans s’inquiéter d’être entendu.
Le regard de l’homme changea du tout au tout. Il comprit qu’il avait été démasqué. Sans prévenir, l’homme prit la fuite. Noah exalta de plaisir. Prenant un bon appui sur ses jambes, il courut à sa poursuite. La chasse pouvait commencer. Courant à toute vitesse, il bousculait les passants sans intérêt pour ne pas perdre sa cible. Il occultait toutes leurs protestations. Sa concentration était de fer. Sa première vraie chasse, il y avait de quoi être en joie.
La course poursuite dura un moment et se perdit dans les méandres des ruelles jusqu’à finir dans un cul-de-sac. Mais un cul-de-sac où le lycan s’était volatilisé. Suspicieux, Noah s’avança prudemment dans la ruelle. Il remarqua alors la présence d’une fenêtre et dut bien admettre que se faufiler chez des inconnus était une bonne planque. Malheureusement Noah ne répugnait pas à envahir un territoire étranger. Il entra par l’ouverture et s’aplatit au sol telle un mille-pattes. Pas un signe. Les occupants de la maisonnée devait être sortis. Noah se releva prudemment. Et tout à coup se fit bousculer. Il ne s’était pas attendu à ça. Désorienté, il lui fallut quelques secondes pour comprendre que c’était sa cible qui avait surgi tel un diablotin et qui sortait à présent de la maison pour fuir. Noah lui emboîta le pas. Il se retrouva dans une rue bondée et bordée d’étalages. Se tordant le cou dans tous les sens pour retrouver le lycan, il en eut assez de cette populace et commença à les pousser loin de lui. On lui chercha des crosses mais il n’en eut cure. Repérant enfin le fugitif bien plus loin, il craignit de le perdre. Noah sauta sur un des étalages. Le sentant instable, il bondit sur le suivant et traça sa route de cette manière. Il mit les commerçants en colère pour avoir ravager leurs échoppes. Sortant de cette foule compacte, il retrouva la terre ferme et partit en courant. Il allait le rattraper. Presque…
Ils arrivèrent sur une petite place. En voyant le lycan s’arrêter, Noah crut que c’était sa chance. Mais il remarqua alors que l’homme parlait à des soldats. Noah s’arrêta d’un coup, se plantant là. Il se fit montrer du doigt et il comprit qu’il était en train de se faire dénoncer pour avoir chercher des crosses à un honnête concitoyen. Noah remit son écharpe fermement autour de son visage et fit demi-tour. Sauf que d’autres soldats immergeaient de la rue qu’il venait d’emprunter. Les commerçants en colère avaient sans doute appeler la garde.
Il ne bougea plus en attendant de se faire arrêter. Il pourrait fuir bien sûr. Il avait encore pas mal de ressources. Mais est-ce que tabasser des soldats étaient considérés comme du grabuge ?
Un des hommes s’approcha pour lui mettre les fers et Noah annonça :
— Au-dessus des manches. Ch’uis malade.
Le soldat ne le prit pas au sérieux. Quand il lui remonta le poignet et qu’il entrevit la peau violacée, il fut un bon en arrière. Il était effrayé. Noah leva les paumes vers le ciel avec un dédain apparent et un léger rire désinvolte.
— Tu crois tout c’qu’on t’dit, crétin ?
En pleine journée alors que l’homme en question se rendait sur son « lieu de travail », Noah l’attendit sur le chemin. Avec la discrétion d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, il lui sauta dessus au coin de la rue. L’homme se défendit bien sûr, mais Noah lui balança son poing dans l’estomac. Les badauds autour s’inquiétèrent de savoir ce qui se passait.
— Rends-toi, loup ! Lança Noah sans s’inquiéter d’être entendu.
Le regard de l’homme changea du tout au tout. Il comprit qu’il avait été démasqué. Sans prévenir, l’homme prit la fuite. Noah exalta de plaisir. Prenant un bon appui sur ses jambes, il courut à sa poursuite. La chasse pouvait commencer. Courant à toute vitesse, il bousculait les passants sans intérêt pour ne pas perdre sa cible. Il occultait toutes leurs protestations. Sa concentration était de fer. Sa première vraie chasse, il y avait de quoi être en joie.
La course poursuite dura un moment et se perdit dans les méandres des ruelles jusqu’à finir dans un cul-de-sac. Mais un cul-de-sac où le lycan s’était volatilisé. Suspicieux, Noah s’avança prudemment dans la ruelle. Il remarqua alors la présence d’une fenêtre et dut bien admettre que se faufiler chez des inconnus était une bonne planque. Malheureusement Noah ne répugnait pas à envahir un territoire étranger. Il entra par l’ouverture et s’aplatit au sol telle un mille-pattes. Pas un signe. Les occupants de la maisonnée devait être sortis. Noah se releva prudemment. Et tout à coup se fit bousculer. Il ne s’était pas attendu à ça. Désorienté, il lui fallut quelques secondes pour comprendre que c’était sa cible qui avait surgi tel un diablotin et qui sortait à présent de la maison pour fuir. Noah lui emboîta le pas. Il se retrouva dans une rue bondée et bordée d’étalages. Se tordant le cou dans tous les sens pour retrouver le lycan, il en eut assez de cette populace et commença à les pousser loin de lui. On lui chercha des crosses mais il n’en eut cure. Repérant enfin le fugitif bien plus loin, il craignit de le perdre. Noah sauta sur un des étalages. Le sentant instable, il bondit sur le suivant et traça sa route de cette manière. Il mit les commerçants en colère pour avoir ravager leurs échoppes. Sortant de cette foule compacte, il retrouva la terre ferme et partit en courant. Il allait le rattraper. Presque…
Ils arrivèrent sur une petite place. En voyant le lycan s’arrêter, Noah crut que c’était sa chance. Mais il remarqua alors que l’homme parlait à des soldats. Noah s’arrêta d’un coup, se plantant là. Il se fit montrer du doigt et il comprit qu’il était en train de se faire dénoncer pour avoir chercher des crosses à un honnête concitoyen. Noah remit son écharpe fermement autour de son visage et fit demi-tour. Sauf que d’autres soldats immergeaient de la rue qu’il venait d’emprunter. Les commerçants en colère avaient sans doute appeler la garde.
Il ne bougea plus en attendant de se faire arrêter. Il pourrait fuir bien sûr. Il avait encore pas mal de ressources. Mais est-ce que tabasser des soldats étaient considérés comme du grabuge ?
Un des hommes s’approcha pour lui mettre les fers et Noah annonça :
— Au-dessus des manches. Ch’uis malade.
Le soldat ne le prit pas au sérieux. Quand il lui remonta le poignet et qu’il entrevit la peau violacée, il fut un bon en arrière. Il était effrayé. Noah leva les paumes vers le ciel avec un dédain apparent et un léger rire désinvolte.
— Tu crois tout c’qu’on t’dit, crétin ?
Mar 12 Jan - 13:25
Un métier qui au quotidien, s’il n’apporte pas les lauriers que tant attendent, se montre plus tranquille qu’on ne pourrait le croire. Beaucoup visualisent la garde comme étant le premier endroit du grabuge, là où les esprits échauffés pourront se défouler. Ils oublient qu’ils sont principalement des fils de titres, des enfants élevés une cuillère en argent à la main et qui n’ont probablement jamais connu le moindre effort réel autre que celui de prendre des coups lors d’entraînements acclimatés à leurs compétences d’enfants sages. Ces hommes-là sont couards malgré leurs apparences assurées. Ils savent se battre, mais ne savent pas se défendre face à l’adversité la plus complète. Ils sont des enfants à qui l’on a remis le grade de soldat, et qui, comme dans leurs plus tendres souvenirs, pensent que brandir une épée en faisant montre d’une autorité relative suffirait à gagner contre les vilains.
Pourtant les choses ne sauraient se résumer si simplement. Le peuple, plus que les soldats, vit d’une rage d’exister bien plus insatiable que celle des nobles. A mieux y regarder, June pouvait voir que si le respect existe, quelque chose de sale et vicieux pouvait se deviner dans le regard courroucé de certains. Quel est le privilège de ceux se pavanant en armes, contre celui de ceux qui doivent croupir sur les pavés pour parvenir à nourrir leurs enfants ? Celui de la naissance. Un jeu de hasard désobligeant auquel le peuple a tiré la paille courte. June comprenait ces regards noirs, ce sentiment d’insécurité que certains pouvaient manifester.
Comprenait encore mieux que l’on ne prenne pas la garde au sérieux lorsque certains de ses collègues faisaient démonstration ostensible d’un comportement aussi puéril et indigne que celui d’un bond de surprise en voyant une chose indélicate. N’avaient-ils pas connu la peste ? La grippe espagnole ? June claque de la langue, profondément agacé, et bouscule à renfort d’épaule l’homme incompétent avant de se rapprocher du jeune inconnu pris sur le fait. Dégradation d’articles de commerce, éclat de violence inopiné en pleine rue. A minima, l’homme ne semblait pas vouloir s’enfuir. Quand bien même son insolence ne jouerait probablement pas en sa faveur. Mais il fallait parfois se méfier de ceux qui si ouvertement agressaient leurs semblables en pleine rue. Si seulement June savait que ces gens-là n’avaient rien de semblable.
Le regard torve, les iris vertes ne luisent d’aucune forme d’intérêt spécifique lorsqu’il emprunte les fers et ne croise même pas le regard du galopin, énonçant calmement.
« Le plus tôt vos faits seront jugés, le plus tôt vous pourrez retourner à vos activités. »
Si seulement la peine n’était pas capitale. June se saisit calmement d’un poignet, rabaissant la manche rugueuse contre la chair décolorée et referme le premier fer. Comme s’il n’avait pas touché une chose inquiétante. Comme s’il ne voyait pas la différence. Le second fer une fois refermé, il soupire doucement et croise le regard de l’inconnu et hausse légèrement un sourcil. N’était-ce pas là l’une des âmes égarées de la cathédrale ? June était persuadé de déjà avoir aperçu ce minois scarifié dans un lieu saint. Le suédois incline légèrement la tête sur le côté et le coin de ses lèvres s’ourle du fantôme d’un sourire.
« Dieu vous serait d’un plus grand secours que l’insolence. Je ne vous brusquerai pas si vous nous suivez calmement. Je n’ai aucune envie d’en venir aux mains. »
Lui donner une chance de se comporter calmement. La suite ne serait pas joyeuse, mais un homme faisant preuve de calme trouvait toujours meilleure grâce aux yeux des décideurs de ce monde. Même au fond d’un cachot.
Pourtant les choses ne sauraient se résumer si simplement. Le peuple, plus que les soldats, vit d’une rage d’exister bien plus insatiable que celle des nobles. A mieux y regarder, June pouvait voir que si le respect existe, quelque chose de sale et vicieux pouvait se deviner dans le regard courroucé de certains. Quel est le privilège de ceux se pavanant en armes, contre celui de ceux qui doivent croupir sur les pavés pour parvenir à nourrir leurs enfants ? Celui de la naissance. Un jeu de hasard désobligeant auquel le peuple a tiré la paille courte. June comprenait ces regards noirs, ce sentiment d’insécurité que certains pouvaient manifester.
Comprenait encore mieux que l’on ne prenne pas la garde au sérieux lorsque certains de ses collègues faisaient démonstration ostensible d’un comportement aussi puéril et indigne que celui d’un bond de surprise en voyant une chose indélicate. N’avaient-ils pas connu la peste ? La grippe espagnole ? June claque de la langue, profondément agacé, et bouscule à renfort d’épaule l’homme incompétent avant de se rapprocher du jeune inconnu pris sur le fait. Dégradation d’articles de commerce, éclat de violence inopiné en pleine rue. A minima, l’homme ne semblait pas vouloir s’enfuir. Quand bien même son insolence ne jouerait probablement pas en sa faveur. Mais il fallait parfois se méfier de ceux qui si ouvertement agressaient leurs semblables en pleine rue. Si seulement June savait que ces gens-là n’avaient rien de semblable.
Le regard torve, les iris vertes ne luisent d’aucune forme d’intérêt spécifique lorsqu’il emprunte les fers et ne croise même pas le regard du galopin, énonçant calmement.
« Le plus tôt vos faits seront jugés, le plus tôt vous pourrez retourner à vos activités. »
Si seulement la peine n’était pas capitale. June se saisit calmement d’un poignet, rabaissant la manche rugueuse contre la chair décolorée et referme le premier fer. Comme s’il n’avait pas touché une chose inquiétante. Comme s’il ne voyait pas la différence. Le second fer une fois refermé, il soupire doucement et croise le regard de l’inconnu et hausse légèrement un sourcil. N’était-ce pas là l’une des âmes égarées de la cathédrale ? June était persuadé de déjà avoir aperçu ce minois scarifié dans un lieu saint. Le suédois incline légèrement la tête sur le côté et le coin de ses lèvres s’ourle du fantôme d’un sourire.
« Dieu vous serait d’un plus grand secours que l’insolence. Je ne vous brusquerai pas si vous nous suivez calmement. Je n’ai aucune envie d’en venir aux mains. »
Lui donner une chance de se comporter calmement. La suite ne serait pas joyeuse, mais un homme faisant preuve de calme trouvait toujours meilleure grâce aux yeux des décideurs de ce monde. Même au fond d’un cachot.
Mar 12 Jan - 18:43
Les soldats ont sans doute envie de le cogner après cette plaisanterie. Mais l’un d’eux n’en fit rien. Il se contenta d’arrêter Noah. À voir son visage tranquille, l’artificiel inclina la tête sur le côté. C’était quoi cette tête ? Il lui faisait pitié ? Bah ! Il s’en foutait. Levant les bras à hauteur des épaules, il fit cliqueter ses fers pour signifier qu’il était prêt à suivre. Parce que le fait de se rendre n’avait pas suffi à les convaincre qu’il allait suivre gentiment. Un homme le bouscula et Noah se mit en marche.
Dieu va le secourir ? Ça n’était jamais arrivé et ça n’arrivera jamais. Un rictus aux lèvres, Noah les suivit jusqu’en prison où il se fit enfermer sans rien dire. Dans cette cellule, il renifla les autres prisonniers présent. Mais pas de créatures nocturnes. D’un autre côté ça aurait été dommage de commettre un meurtre ici. Enfin il n’avait pas de quoi être inquiété, car…
Un soldat ouvrit la cellule et lui fit signe de sortir. L’homme avait l’air vraiment contrarié de faire ça. Ça avait été rapide, très rapide. Il tendit à nouveau ses poignets et on lui ôta ses fers. Escorté par le soldat vers la sortie, il vit certains de ceux qui l’avaient arrêté. Noah leur fit un petit signe de la manche. Il les narguait sans honte.
Retrouvant la rue, Noah soupira. Tout ça n’avait été qu’un terrible contre-temps et il avait perdu la trace du lycan. Il leva les bras au ciel en s’étirant. Il devait choisir ce qu’il allait faire. Retourner à l’endroit où il avait pourchassé sa proie pouvait servir à trouver ses traces. Il était ennuyé. Enquêter n’était pas son truc. Ce n’était pas assez amusant.
Dieu va le secourir ? Ça n’était jamais arrivé et ça n’arrivera jamais. Un rictus aux lèvres, Noah les suivit jusqu’en prison où il se fit enfermer sans rien dire. Dans cette cellule, il renifla les autres prisonniers présent. Mais pas de créatures nocturnes. D’un autre côté ça aurait été dommage de commettre un meurtre ici. Enfin il n’avait pas de quoi être inquiété, car…
Un soldat ouvrit la cellule et lui fit signe de sortir. L’homme avait l’air vraiment contrarié de faire ça. Ça avait été rapide, très rapide. Il tendit à nouveau ses poignets et on lui ôta ses fers. Escorté par le soldat vers la sortie, il vit certains de ceux qui l’avaient arrêté. Noah leur fit un petit signe de la manche. Il les narguait sans honte.
Retrouvant la rue, Noah soupira. Tout ça n’avait été qu’un terrible contre-temps et il avait perdu la trace du lycan. Il leva les bras au ciel en s’étirant. Il devait choisir ce qu’il allait faire. Retourner à l’endroit où il avait pourchassé sa proie pouvait servir à trouver ses traces. Il était ennuyé. Enquêter n’était pas son truc. Ce n’était pas assez amusant.
Mer 13 Jan - 2:03
Ça semblait presque pathétique d’entendre des hommes de la garde glapir de peur comme des chiots devant la différence d’un individu. N’avaient-ils donc jamais vu autre chose que les jupons de leur mère, pour ainsi s’effrayer de ce qui ne leur ressemble pas ? L’homme qu’ils avaient enfermé dans les geôles était pourtant en tout point similaire à ce qu’ils sont. Il n’y avait que cette peau déchirée par les stigmates d’une vie qu’ils ne pourraient expliquer qui les séparait. Mais ces pauvres couards parlaient d’homoncule, de suppôt de Satan. June avait été flanqué d’une bande d’incompétents notoires, et cette simple idée lui hérissait le poil.
Mais bien assez tôt le problème est remis en d’autres mains. Du moins c’était probablement ce qu’ils avaient dû penser, ces ignares, alors que le convenu était enfermé dans l’une des cellules en compagnie de soulards et d’hommes attendant un quelconque jugement… Non, nul n’avait attendu une intervention aussi preste de l’Eglise. Et quelle ne fut pas la surprise de ces braves bouffons lorsque le malandrin fut remis en liberté aussitôt. L’ordre de la garde ? Suivre l’homme pour s’assurer qu’il ne commettrait pas d’autre méfait. Et lesdits gardes ? Pathétiques, à tirer à la courte paille lequel d’entre eux serait à flanquer un jeune homme pour s’assurer qu’il ne cause pas davantage de dégâts. Et June se trouve là, à observer ces benêts…
« Lâches. »
L’insulte est jetée avec un dédain froid et tranchant alors qu’il arrache la paille la plus courte des mains de l’un des gardes qui avait viré pâle en comprenant son tragique destin. June ne comprendrait jamais. Ne comprenait pas même le choix du maître d’œuvre de l’heure de faire suivre un citoyen quand l’Eglise avait aussi clairement signifié qu’il ne fallait pas se mêler de cette affaire. Lui s’en fichait. June n’était plus à ça près.
« Informez en notre commandeur. J’irai seul, aucun de vous n’en vaut la peine. »
Il serait certainement mieux loti seul qu’accompagné de ces flans. Agacé, June tourne les talons sans un mot de plus, rapide à quitter les lieux pour pouvoir retrouver la trace de l’inconnu. Une fois le balafré en vue, June aurait simplement pu le laisser vivre sa vie de loin… Mais il fit bien le contraire. Hâtant le pas pour rattraper l’homme, il le hèle avant de s’arrêter à sa hauteur, indifférent à sa réaction.
« Vous. Non, je ne vous veux rien. » Dit-il avant même que l’autre ne puisse l’interroger sur ce point. « Je vous ai déjà aperçu à la cathédrale. »
Il ne dirait rien sur ses raisons s’il pouvait l’éviter. Mais le cas échéant, June était déterminé à ne pas mentir. Si l’Eglise voulait un passe-droit pour cet homme, il devait bien y avoir une raison…
Mais bien assez tôt le problème est remis en d’autres mains. Du moins c’était probablement ce qu’ils avaient dû penser, ces ignares, alors que le convenu était enfermé dans l’une des cellules en compagnie de soulards et d’hommes attendant un quelconque jugement… Non, nul n’avait attendu une intervention aussi preste de l’Eglise. Et quelle ne fut pas la surprise de ces braves bouffons lorsque le malandrin fut remis en liberté aussitôt. L’ordre de la garde ? Suivre l’homme pour s’assurer qu’il ne commettrait pas d’autre méfait. Et lesdits gardes ? Pathétiques, à tirer à la courte paille lequel d’entre eux serait à flanquer un jeune homme pour s’assurer qu’il ne cause pas davantage de dégâts. Et June se trouve là, à observer ces benêts…
« Lâches. »
L’insulte est jetée avec un dédain froid et tranchant alors qu’il arrache la paille la plus courte des mains de l’un des gardes qui avait viré pâle en comprenant son tragique destin. June ne comprendrait jamais. Ne comprenait pas même le choix du maître d’œuvre de l’heure de faire suivre un citoyen quand l’Eglise avait aussi clairement signifié qu’il ne fallait pas se mêler de cette affaire. Lui s’en fichait. June n’était plus à ça près.
« Informez en notre commandeur. J’irai seul, aucun de vous n’en vaut la peine. »
Il serait certainement mieux loti seul qu’accompagné de ces flans. Agacé, June tourne les talons sans un mot de plus, rapide à quitter les lieux pour pouvoir retrouver la trace de l’inconnu. Une fois le balafré en vue, June aurait simplement pu le laisser vivre sa vie de loin… Mais il fit bien le contraire. Hâtant le pas pour rattraper l’homme, il le hèle avant de s’arrêter à sa hauteur, indifférent à sa réaction.
« Vous. Non, je ne vous veux rien. » Dit-il avant même que l’autre ne puisse l’interroger sur ce point. « Je vous ai déjà aperçu à la cathédrale. »
Il ne dirait rien sur ses raisons s’il pouvait l’éviter. Mais le cas échéant, June était déterminé à ne pas mentir. Si l’Eglise voulait un passe-droit pour cet homme, il devait bien y avoir une raison…
Mer 13 Jan - 12:28
Une fois dehors, Noah ne se souciait déjà plus de ces soldats. C’était presque s’il les avait déjà oublié. Il avait finalement choisi de retourner sur la place où il a été arrêté. Il y avait du passage et donc peu de chance de trouver un reste de trace olfactive. Mais il n’avait rien d’autre à faire. Et si on apprenait qu’il se tournait les pouces après cette arrestation, il se ferait sûrement taper sur les doigts.
Resserrant son écharpe comme simple manie, il marcha le long de la rue en longeant les murs telle une ombre. Une ombre qui se fit pourtant remarqué. En voyant ce soldat s’arrêter, Noah leva les yeux au ciel et commença à amorcer le mouvement de lever les poignets. Il fut stopper dans son geste quand le soldat avoua ne rien lui vouloir. Alors pourquoi l’interpeller ? Noah amorça un geste pour le contourner, mais se stoppa. La cathédrale ? C’était l’un des rares endroits où Noah se montrer. Par respect, il avait tendance à se découvrir un peu. Il profitait d’être tapi dans l’obscurité pour ne pas souffrir de la chaleur de ses vêtements et pour montrer au Tout-Puissant ce qu’il avait vécu sans Lui.
— Comme tout le monde. J’vais m’faire arrêter pour ça ?
Il n’était pas en colère, juste suspicieux. Il vint même à se demander si c’était un soldat du genre à faire justice lui-même parce que le monde était injuste. Puis à bien y regarder, il se remémora ce visage. C’était le gars qui lui avait passé les fers, là où les autres avaient cru à son histoire de maladie. Un courageux ou un téméraire.
Pour Noah, il n’existait pas d’autre religion que la chrétienté. Il n’était qu’un homme du peuple sans éducation. Il savait juste compter et encore il n’allait pas bien loin.
— J’ai pas l’temps de discutailler du dernier sermon. Alors va-t-en.
Toujours aucune trace d’agressivité parce que ce soldat était juste un homme. Il n’avait pas de raison de s’en prendre à lui. Et puis on lui avait suffisamment répété qu’il devait « « protéger » » les Hommes.
— À moins que… tu réussisses à me suivre.
Le soldat ne put le voir à cause de son écharpe, mais il pouvait l’entendre à sa voix. Noah souriait. Il avait trouvé un nouveau jeu et se demandait si ce type allait le suivre. Il contourna donc le soldat et se mit à courir. À une allure normale pour commencer, il ne s’agissait pas de le perdre tout de suite. Heureusement Noah connaissait ce quartier. Ça allait être rigolo.
Resserrant son écharpe comme simple manie, il marcha le long de la rue en longeant les murs telle une ombre. Une ombre qui se fit pourtant remarqué. En voyant ce soldat s’arrêter, Noah leva les yeux au ciel et commença à amorcer le mouvement de lever les poignets. Il fut stopper dans son geste quand le soldat avoua ne rien lui vouloir. Alors pourquoi l’interpeller ? Noah amorça un geste pour le contourner, mais se stoppa. La cathédrale ? C’était l’un des rares endroits où Noah se montrer. Par respect, il avait tendance à se découvrir un peu. Il profitait d’être tapi dans l’obscurité pour ne pas souffrir de la chaleur de ses vêtements et pour montrer au Tout-Puissant ce qu’il avait vécu sans Lui.
— Comme tout le monde. J’vais m’faire arrêter pour ça ?
Il n’était pas en colère, juste suspicieux. Il vint même à se demander si c’était un soldat du genre à faire justice lui-même parce que le monde était injuste. Puis à bien y regarder, il se remémora ce visage. C’était le gars qui lui avait passé les fers, là où les autres avaient cru à son histoire de maladie. Un courageux ou un téméraire.
Pour Noah, il n’existait pas d’autre religion que la chrétienté. Il n’était qu’un homme du peuple sans éducation. Il savait juste compter et encore il n’allait pas bien loin.
— J’ai pas l’temps de discutailler du dernier sermon. Alors va-t-en.
Toujours aucune trace d’agressivité parce que ce soldat était juste un homme. Il n’avait pas de raison de s’en prendre à lui. Et puis on lui avait suffisamment répété qu’il devait « « protéger » » les Hommes.
— À moins que… tu réussisses à me suivre.
Le soldat ne put le voir à cause de son écharpe, mais il pouvait l’entendre à sa voix. Noah souriait. Il avait trouvé un nouveau jeu et se demandait si ce type allait le suivre. Il contourna donc le soldat et se mit à courir. À une allure normale pour commencer, il ne s’agissait pas de le perdre tout de suite. Heureusement Noah connaissait ce quartier. Ça allait être rigolo.
Sam 16 Jan - 18:43
Une scène si inattendue que June se laisse aller à une légère surprise. A n’en point douter, l’approche qu’il venait d’avoir avait mis l’autre sur la défensive. Pourquoi l’arrêterait-il pour être un bon chrétien ? Aucune raison ne lui vint à l’esprit et d’une moue ennuyée, il secoue simplement la tête en une réponse négative. Enfin, c’était sans compter sur l’animosité évidente du jeune garçon face à lui. (S’agissait-il seulement d’un garçon ou d’un homme ? Si bien encapuchonné, June n’était plus sûr de rien, et à bien y réfléchir, ce détail faisait-il la moindre différence ?)
Et si d’autres auraient pris la fuite en l’entendant lui demander de partir – il ne comprenait pas ce qui inquiétait tant les autres gardes chez cet individu… son apparence ? Étaient-ils vraiment tous aussi puérils que cela ? – lui resta impassible. Il ne levait pas la voix, ne se montrait en aucun cas offensif, et June ne voyait pas de raison de le devenir en retour. Cette situation était presque cocasse… Le regret le prendrait presque d’avoir abandonné un tour de garde pour surveiller un adolescent belliqueux… Mais June finit bien souvent par être pris au dépourvu, ces derniers temps. Aujourd’hui ne fait pas exception.
C’est précisément pour ça que l’invitation à un jeu de piste… Arracha un rire au soldat. Il ne répond pas, conscient qu’il pourrait rapidement être semé… Observe l’inconnu du regard et lorsque d’un coup d’un seul ses pas s’emportent en une course modérée, June est immédiatement sur ses talons. A parcourir ces rues et ruelles jour et nuit, le jeune suédois était clairement à égalité avec le fuyard pour tout ce qui touchait à la cartographie parisienne. Oh il n’est certainement pas le plus rapide de sa promotion, quand bien même il serait idiot de le penser lent. De grandes jambes font toute la différence. Et s’il n’est pas extrêmement rapidement, il est a contrario plus qu’endurant – près de dix ans d’entraînement d’arrache-pied auront fait la différence –.
Contourner les passants, la tenue de la garde n’étant pas un vêtement discret, et certains se retournent, inquiets de voir ainsi un soldat cavaler en pleine rue… Mais il tient bon. N’a aucune idée précise d’où leurs pas les guideront, mais même s’il prendra quelques instants de plus, à ce rythme ou un rythme un peu plus soutenu, il était une certitude : June ne le perdrait pas de vue.
Et si d’autres auraient pris la fuite en l’entendant lui demander de partir – il ne comprenait pas ce qui inquiétait tant les autres gardes chez cet individu… son apparence ? Étaient-ils vraiment tous aussi puérils que cela ? – lui resta impassible. Il ne levait pas la voix, ne se montrait en aucun cas offensif, et June ne voyait pas de raison de le devenir en retour. Cette situation était presque cocasse… Le regret le prendrait presque d’avoir abandonné un tour de garde pour surveiller un adolescent belliqueux… Mais June finit bien souvent par être pris au dépourvu, ces derniers temps. Aujourd’hui ne fait pas exception.
C’est précisément pour ça que l’invitation à un jeu de piste… Arracha un rire au soldat. Il ne répond pas, conscient qu’il pourrait rapidement être semé… Observe l’inconnu du regard et lorsque d’un coup d’un seul ses pas s’emportent en une course modérée, June est immédiatement sur ses talons. A parcourir ces rues et ruelles jour et nuit, le jeune suédois était clairement à égalité avec le fuyard pour tout ce qui touchait à la cartographie parisienne. Oh il n’est certainement pas le plus rapide de sa promotion, quand bien même il serait idiot de le penser lent. De grandes jambes font toute la différence. Et s’il n’est pas extrêmement rapidement, il est a contrario plus qu’endurant – près de dix ans d’entraînement d’arrache-pied auront fait la différence –.
Contourner les passants, la tenue de la garde n’étant pas un vêtement discret, et certains se retournent, inquiets de voir ainsi un soldat cavaler en pleine rue… Mais il tient bon. N’a aucune idée précise d’où leurs pas les guideront, mais même s’il prendra quelques instants de plus, à ce rythme ou un rythme un peu plus soutenu, il était une certitude : June ne le perdrait pas de vue.
Dim 17 Jan - 18:39
En entendant le rire du soldat, Noah s’en amusa. Il ne se retourna pas et poursuivit sa route. Un p’tit pas, deux p’tits pas et hop on saute ! Tout comme un gamin, il jouait. Ses pieds semblaient plus légers. La foule ne lui permit pas de distancer son poursuivants, mais peut-être que la vitesse… Noah accéléra d’un coup. Grâce à ses capacités, notamment sa vitesse améliorée, il put sprinter et tourner dans une rue sur la gauche. Plus loin, il retourna à gauche. Et une troisième fois à gauche. Plus qu’une, il termina son tour du groupe de maisons. Il n’avait cependant pas rattraper le soldat pour autant. Il dut accélérer encore pour enfin l’apercevoir et le rattraper. Il vient courir à ses côtés et lui lui adressa un :
— Tu m’cherches ?
Noah ralentit le pas jusqu’à s’arrêter. Il était essoufflé mais clairement pas autant que devrait l’être un homme ordinaire du peuple.
— C’était amusant. J’pensais pas qu’tu prendrais ça au sérieux. Si t’es toujours pas fatigué, moi, j’vais par-là.
Et il reprit sa marche normale comme si de rien était.
— Tu m’veux quoi au fait ?
Au final il ne le savait toujours pas. Mais l’homme avait gagné le droit de rester avec lui. Noah donnait des petits coups de pied dans un caillou tout en avançant. Pour lui l’arrestation était déjà du passé. En fait tout ce qui avait eu lieu avant la course poursuite appartenait au passé.
Prenant son écharpe entre ses doigts, il essaya de s’éventer. Ce n’était pas parce qu’il avait vite retrouvé son souffle que sa température corporelle était redescendue de la même manière. C’était l’inconvénient d’être une bête rapiécée. Tout ne fonctionnait pas à son maximum.
— Tu m’cherches ?
Noah ralentit le pas jusqu’à s’arrêter. Il était essoufflé mais clairement pas autant que devrait l’être un homme ordinaire du peuple.
— C’était amusant. J’pensais pas qu’tu prendrais ça au sérieux. Si t’es toujours pas fatigué, moi, j’vais par-là.
Et il reprit sa marche normale comme si de rien était.
— Tu m’veux quoi au fait ?
Au final il ne le savait toujours pas. Mais l’homme avait gagné le droit de rester avec lui. Noah donnait des petits coups de pied dans un caillou tout en avançant. Pour lui l’arrestation était déjà du passé. En fait tout ce qui avait eu lieu avant la course poursuite appartenait au passé.
Prenant son écharpe entre ses doigts, il essaya de s’éventer. Ce n’était pas parce qu’il avait vite retrouvé son souffle que sa température corporelle était redescendue de la même manière. C’était l’inconvénient d’être une bête rapiécée. Tout ne fonctionnait pas à son maximum.
Jeu 21 Jan - 3:03
Il l’a perdu de vue. L’idée serait sûrement de s’arrêter et de revenir aux barraques, que pouvait-il faire de plus ? Mais non, June continue de courir, tournant à un angle – dérapant du cuir de ses chaussures contre le pavé humide et il aurait pu être sûr de ne pas le retrouver, pas lorsque la figure encapuchonnée s’était évaporée de son horizon. Mais si June n’est pas une chose, c’est un lâche. Abandonner une traque en cours n’était pas envisageable. Ceci étant… Le sursaut qu’il eut en entendant la voix du jeune homme à ses côtés manque de le faire rater la succession d’enjambées suivantes. June ralentit cependant lorsque l’autre a fini de démontrer qu’il était parvenu à se cacher plus efficacement que June ne l’aurait cru – comment croire qu’un simple humain pourrait le rattraper sans être épuisé ? June lui-même était visiblement essoufflé, même si pas jusqu’à ne plus pouvoir parler –.
« Ah- … J’ai dû vous rater… »
Qu’il est bon d’être innocent. Il se courbe un instant sur ses genoux le temps d’expirer une paire de fois avant de reprendre une posture plus droite. Il n’était pas épuisé, non, mais il ne pouvait nier que l’accélération l’avait particulièrement pris au dépourvu. Il devrait s’entraîner davantage. Peut-être qu’Aimable saurait quelle manière pourrait être efficace pour lui faire atteindre une vitesse plus intéressante que celle clairement discutable qui était la sienne.
Mais la question ne trouvera pas d’interrogation supplémentaire, pas plus que de réponse. Le jeune inconnu commence déjà à s’éloigner et June lui emboîte le pas sans vraiment réfléchir. Par-là est après tout une démonstration très vague d’un emplacement défini. Mais il était en mission, la destination ne ferait aucune différence.
« Ah, simplement voir ce que vous faites. »
Peut-être aurait-il dû rendre la chose moins punitive. Personne ne devait apprécier être surveillé. Mais June n’est pas un menteur – pas pour ce genre de choses, du moins – et si sa réponse ne plaisait pas, et bien il n’aurait qu’à lui courir après à nouveau. Quelles autres options avait-il de toute façon ?
June remarque pourtant le petit cinéma de l’autre et se passe une main dans les cheveux, ennuyé avant de détourner les yeux, par respect pour lui. Et d’un geste mesuré, tirer le mouchoir en tissu dans sa poche – propre, oui – et le tendre à l’homme.
« Utilisez plutôt ça. Il n’y a rien de plus désagréable que de porter des vêtements humides de sueur. »
« Ah- … J’ai dû vous rater… »
Qu’il est bon d’être innocent. Il se courbe un instant sur ses genoux le temps d’expirer une paire de fois avant de reprendre une posture plus droite. Il n’était pas épuisé, non, mais il ne pouvait nier que l’accélération l’avait particulièrement pris au dépourvu. Il devrait s’entraîner davantage. Peut-être qu’Aimable saurait quelle manière pourrait être efficace pour lui faire atteindre une vitesse plus intéressante que celle clairement discutable qui était la sienne.
Mais la question ne trouvera pas d’interrogation supplémentaire, pas plus que de réponse. Le jeune inconnu commence déjà à s’éloigner et June lui emboîte le pas sans vraiment réfléchir. Par-là est après tout une démonstration très vague d’un emplacement défini. Mais il était en mission, la destination ne ferait aucune différence.
« Ah, simplement voir ce que vous faites. »
Peut-être aurait-il dû rendre la chose moins punitive. Personne ne devait apprécier être surveillé. Mais June n’est pas un menteur – pas pour ce genre de choses, du moins – et si sa réponse ne plaisait pas, et bien il n’aurait qu’à lui courir après à nouveau. Quelles autres options avait-il de toute façon ?
June remarque pourtant le petit cinéma de l’autre et se passe une main dans les cheveux, ennuyé avant de détourner les yeux, par respect pour lui. Et d’un geste mesuré, tirer le mouchoir en tissu dans sa poche – propre, oui – et le tendre à l’homme.
« Utilisez plutôt ça. Il n’y a rien de plus désagréable que de porter des vêtements humides de sueur. »
Jeu 21 Jan - 16:14
Noah était surpris d’apprendre qu’on le surveillait. N’étant pas du genre à tourner autour du pot, il demanda :
— Pourquoi me surveiller ? Quelqu’un en particulier l’a demandé ?
Si sa libération était couverte par quelque passe-droit, Noah ne doutait pas qu’on allait peut-être lui demander des comptes. Ses activités n’étaient pas très discrètes parce qu’il ne prenait pas la peine de se cacher.
— Comme t’as rien à faire, tu vas m’aider.
La démarche tranquille, il n’avait pas l’air d’avoir de but précis. Il donnait l’impression de mener en bateau le soldat. Noah était seulement méfiant. Il fit donc quelques détours pour rejoindre les quartiers pauvres et désertiques depuis la récente épidémie de peste. C’était cette part de la population qui avait le plus souffert de la maladie.
En chemin il fut étonné de voir son accompagnateur lui tendre un mouchoir et Noah rit.
— Vot’ beau mouchoir, j’vais salir. J’suis qu’un clampin, t’sais.
Après encore un peu de marche, Noah s’arrêta devant une maisonnette coincée entre deux autres. C’était comme si les voisines essayaient de l’écraser. Noah leva les yeux vers les fenêtres du premier étage, puis il les posa sur le soldat.
— Tu d’vrais attendre là…
Baissant son écharpe pour se dégager la tête, Noah s’engouffra dans l’habitation dont la porte était grande ouverte, démise du gond du haut. On aurait dit quelque chose l’avait arraché. À l’intérieur Noah tendit le nez pour renifler l’air.
— L’est pas rev’nu.
Le jeune artificiel inspecta les lieux. Il ne faisait absolument pas attention aux objets cassés et aux marques de griffure. Il savait déjà d’où tout ça venait. Après tout c’était d’ici qu’était partie sa course poursuite. Mais si Noah était retourné sur ses pas, c’était pour découvrir des indices et combien de spécimen s’abritait ici. Il fouilla une petite commode. Il en sortit des vêtements qu’il renifla. La même odeur que l’homme en fuite, mais rien d’autre.
— Bizarre… J’croyais qu’ça vivait toujours en bande…
— Pourquoi me surveiller ? Quelqu’un en particulier l’a demandé ?
Si sa libération était couverte par quelque passe-droit, Noah ne doutait pas qu’on allait peut-être lui demander des comptes. Ses activités n’étaient pas très discrètes parce qu’il ne prenait pas la peine de se cacher.
— Comme t’as rien à faire, tu vas m’aider.
La démarche tranquille, il n’avait pas l’air d’avoir de but précis. Il donnait l’impression de mener en bateau le soldat. Noah était seulement méfiant. Il fit donc quelques détours pour rejoindre les quartiers pauvres et désertiques depuis la récente épidémie de peste. C’était cette part de la population qui avait le plus souffert de la maladie.
En chemin il fut étonné de voir son accompagnateur lui tendre un mouchoir et Noah rit.
— Vot’ beau mouchoir, j’vais salir. J’suis qu’un clampin, t’sais.
Après encore un peu de marche, Noah s’arrêta devant une maisonnette coincée entre deux autres. C’était comme si les voisines essayaient de l’écraser. Noah leva les yeux vers les fenêtres du premier étage, puis il les posa sur le soldat.
— Tu d’vrais attendre là…
Baissant son écharpe pour se dégager la tête, Noah s’engouffra dans l’habitation dont la porte était grande ouverte, démise du gond du haut. On aurait dit quelque chose l’avait arraché. À l’intérieur Noah tendit le nez pour renifler l’air.
— L’est pas rev’nu.
Le jeune artificiel inspecta les lieux. Il ne faisait absolument pas attention aux objets cassés et aux marques de griffure. Il savait déjà d’où tout ça venait. Après tout c’était d’ici qu’était partie sa course poursuite. Mais si Noah était retourné sur ses pas, c’était pour découvrir des indices et combien de spécimen s’abritait ici. Il fouilla une petite commode. Il en sortit des vêtements qu’il renifla. La même odeur que l’homme en fuite, mais rien d’autre.
— Bizarre… J’croyais qu’ça vivait toujours en bande…
Ven 22 Jan - 2:38
« Parce qu’on me l’a demandé, j’imagine. Mais vous n’est pas d’une compagnie désagréable. J’espère que vous tolérerez ma présence. »
A priori, oui, puisqu’il ne l’avait pas repoussé et lui demandait même de… L’aide ? Peu importe ce qu’englobait cette action. June hausse un sourcil, le visage fermé et n’a visiblement pas son mot à dire – qu’aurait-il pu dire dans tous les cas, puisqu’il était censé le surveiller… –. Alors il suit sans protestation aucune, emboitant tranquillement le pas à l’inconnu avant de même ranger machinalement le mouchoir décliné. Ah, tant pis pour lui, ce n’était pas vraiment son problème au final.
C’est pourtant tout autre chose qui retient l’attention de June. Leur approche des quartiers délabrés le laisse incertain de par leur relative proximité avec le quartier militaire. Habitait-il dans l’une de ces maisons ? Prudent et aux aguets, June n’entend ni ne voix quoi que ce soit de suspect. Jusqu’à ce que le fugitif du moment ne décide d’entrer dans une demeure non identifiée. Le regard du soldat se pose sur l’autre et ce qu’il aperçoit de son visage sous l’écharpe, une fois celle-ci dégagée de la voie, ne laisse pas à June un sentiment rassurant. Qui était cet homme, et pourquoi portait-il pareils stigmates ? Brûlures ? Non, la couleur brunie était bien trop importante.
Se laissant surprendre pas l’intention de ses propos. Restant d’abord planté là, il finit par suivre d’un pas moins assuré, n’avançant que sur le pas de la porte. L’endroit est dans un état catastrophique et ne fit pas un pas de plus. De toute évidence cet endroit n’était pas le sien. Et ses paroles… Ses paroles ne laissaient rien présager de bon à June.
« Si ce lieu n’est pas le vôtre, il n’est pas recommandé d’y traîner. Et si vous êtes sur le point de voler, je serai dans l’obligation de vous arrêter. »
Il n’y a aucune violence dans ses mots, non. June lui indiquait simplement la vérité, sur un ton voisin à celui des recommandations de Noah. Mais ce que June ne sait pas, c’est qu’il est entré dans l’antre d’une bête, une main posée sur l’encadrement de la porte, y aurait-il laissé son odeur ? Lui et ses sens si humains ne réaliserait sûrement pas l’approche de lycans s’ils décidaient de s’inviter dans leur demeure à cet instant.
« Quelle que soit la personne que vous cherchez, elle n’est pas ici. Cet endroit me file la chair de poule. »
Et ces griffures infâmes contre les parois en bois… Quel animal avait été ainsi lâché en liberté dans cette demeure ?
A priori, oui, puisqu’il ne l’avait pas repoussé et lui demandait même de… L’aide ? Peu importe ce qu’englobait cette action. June hausse un sourcil, le visage fermé et n’a visiblement pas son mot à dire – qu’aurait-il pu dire dans tous les cas, puisqu’il était censé le surveiller… –. Alors il suit sans protestation aucune, emboitant tranquillement le pas à l’inconnu avant de même ranger machinalement le mouchoir décliné. Ah, tant pis pour lui, ce n’était pas vraiment son problème au final.
C’est pourtant tout autre chose qui retient l’attention de June. Leur approche des quartiers délabrés le laisse incertain de par leur relative proximité avec le quartier militaire. Habitait-il dans l’une de ces maisons ? Prudent et aux aguets, June n’entend ni ne voix quoi que ce soit de suspect. Jusqu’à ce que le fugitif du moment ne décide d’entrer dans une demeure non identifiée. Le regard du soldat se pose sur l’autre et ce qu’il aperçoit de son visage sous l’écharpe, une fois celle-ci dégagée de la voie, ne laisse pas à June un sentiment rassurant. Qui était cet homme, et pourquoi portait-il pareils stigmates ? Brûlures ? Non, la couleur brunie était bien trop importante.
Se laissant surprendre pas l’intention de ses propos. Restant d’abord planté là, il finit par suivre d’un pas moins assuré, n’avançant que sur le pas de la porte. L’endroit est dans un état catastrophique et ne fit pas un pas de plus. De toute évidence cet endroit n’était pas le sien. Et ses paroles… Ses paroles ne laissaient rien présager de bon à June.
« Si ce lieu n’est pas le vôtre, il n’est pas recommandé d’y traîner. Et si vous êtes sur le point de voler, je serai dans l’obligation de vous arrêter. »
Il n’y a aucune violence dans ses mots, non. June lui indiquait simplement la vérité, sur un ton voisin à celui des recommandations de Noah. Mais ce que June ne sait pas, c’est qu’il est entré dans l’antre d’une bête, une main posée sur l’encadrement de la porte, y aurait-il laissé son odeur ? Lui et ses sens si humains ne réaliserait sûrement pas l’approche de lycans s’ils décidaient de s’inviter dans leur demeure à cet instant.
« Quelle que soit la personne que vous cherchez, elle n’est pas ici. Cet endroit me file la chair de poule. »
Et ces griffures infâmes contre les parois en bois… Quel animal avait été ainsi lâché en liberté dans cette demeure ?
Ven 22 Jan - 13:41
Il était perplexe. Pas doué pour les enquêtes, il essayait quand même de se creuser la cervelle. Des fois que… En fait la seule explication, c’est que tout le monde a quitté les lieux après avoir appris qu’ils étaient découverts. Se rappelant la présence du soldat, Noah se tourna vers lui.
— Du calme. Ch’uis pas un voleur.
Lui-même était très calme. Noah ne prit rien. Il se contenta de quitter les lieux en posant une main amicale sur l’épaule de l’homme. Il renifla la rue, mais ne sentit rien. Les courants d’air avaient dû emporter toute trace olfactive. Il était dépité de ne pas avoir réussi à clouer le monstre sur place quand il avait déboulé dans la maison. Il avait pensé s’en sortir sans avoir à se transformer lui aussi. Mais une pâle copie comme lui ne pouvait pas supporter un lycan original. Levant les épaules et les paumes vers le ciel en signe de déception/résignation, Noah expliqua :
— T’as raison. L’est pas là.
Oubliant de remettre son écharpe, il retourna dans la rue pour la remonter et regagner un quartier plus populaire et animé. Il marcha un bon moment. Il était déçu d’avoir raté une chance pareille. Si l’autre n’avait pas repris son déguisement d’humain aussi, ça ne serait pas arrivé. Il tapa rageusement dans un caillou qui traînait là sur son chemin.
— Content ? J’ai rien fait de mal. En fait j’ai plus rien à faire maintenant.
Ça allait lui prendre des jours avant de retrouver ce type.
— Au fait t’appelles comment ? Moi, c’est Noah.
— Du calme. Ch’uis pas un voleur.
Lui-même était très calme. Noah ne prit rien. Il se contenta de quitter les lieux en posant une main amicale sur l’épaule de l’homme. Il renifla la rue, mais ne sentit rien. Les courants d’air avaient dû emporter toute trace olfactive. Il était dépité de ne pas avoir réussi à clouer le monstre sur place quand il avait déboulé dans la maison. Il avait pensé s’en sortir sans avoir à se transformer lui aussi. Mais une pâle copie comme lui ne pouvait pas supporter un lycan original. Levant les épaules et les paumes vers le ciel en signe de déception/résignation, Noah expliqua :
— T’as raison. L’est pas là.
Oubliant de remettre son écharpe, il retourna dans la rue pour la remonter et regagner un quartier plus populaire et animé. Il marcha un bon moment. Il était déçu d’avoir raté une chance pareille. Si l’autre n’avait pas repris son déguisement d’humain aussi, ça ne serait pas arrivé. Il tapa rageusement dans un caillou qui traînait là sur son chemin.
— Content ? J’ai rien fait de mal. En fait j’ai plus rien à faire maintenant.
Ça allait lui prendre des jours avant de retrouver ce type.
— Au fait t’appelles comment ? Moi, c’est Noah.
Jeu 28 Jan - 15:40
L’incohérence flagrante de la situation laisse June profondément perplexe. Non, il n’est effectivement pas un voleur, quand bien même beaucoup d’éléments dans son comportement laissent deviner tout autre chose. Pinçant les lèvres sans trouver raison rationnelle à ce comportement, le soldat finit par simplement abandonner ses propres questions lorsqu’enfin, le jeune homme décide d’abandonner sa quête, un haussement d’épaules désabusé signalant la fin de l’enquête, somme toute incongrue.
Au moins, il n’aurait pas à ferrer cet individu à nouveau. Voilà ce qui traversa l’esprit du suédois, pragmatique alors qu’il emboîte à nouveau le pas au lascar inconnu dont il se retrouve à flanquer les activités. Oh, June s’en tirait plutôt bien, en réalité. A sa surprise, le discours est cohérent, le comportement, bien que discutable, n’est pas agressif ni même violent. A bien y regarder, il semblait en compagnie d’une personne normale, si ce n’était pour son apparence physique particulièrement inquiétante. Non pas que June se sente inquiet, non. Simplement qu’il n’y avait absolument aucun doute possible sur le fait que le jeune homme près de lui ait subi des sévices impardonnables… Et cette idée serra le cœur du militaire sans qu’il n’ait le moindre moyen de ne pas ressentir la moindre forme d’empathie à son égard. Alors peut-être est-ce pour cette raison qu’à la question suivante, June ne retient pas un demi rire, presque surpris lui-même de la question, ou peut-être plutôt de sa propre réaction – ou absence de réaction, en réalité –.
« Vous êtes un bien curieux personnage. »
Il n’y a pas de pitié, pas de moquerie, pas le moindre sentiment négatif dans cette remarque, non. June s’étonne même de trouver la compagnie plus intéressante que celle de bien bon nombre de ses compagnons d’arme. Pour cette raison, il n’hésite pas à tourner la tête vers l’autre et hausser un sourcil, un sourire au coin des lèvres, joueur.
« June. »
Leurs pas les guident à nouveau du côté de la caserne et d’un mouvement du pouce dans une direction un peu plus éloignée, il propose, calme.
« Il y a une taverne qui sert quelques repas chauds acceptables. Cette course m’a ouvert la faim. Voudriez-vous vous joindre à moi ? »
Ah, peut-être est-ce trop osé. Mais si June voulait comprendre ce type, il lui faudrait bien trouver une ouverture pour poser ses questions. Ne dit-on pas que la garde d’un homme n’est jamais plus baissée que lorsqu’il est rassasié ? Il allait pouvoir en faire la démonstration, ou se rater misérablement.
Au moins, il n’aurait pas à ferrer cet individu à nouveau. Voilà ce qui traversa l’esprit du suédois, pragmatique alors qu’il emboîte à nouveau le pas au lascar inconnu dont il se retrouve à flanquer les activités. Oh, June s’en tirait plutôt bien, en réalité. A sa surprise, le discours est cohérent, le comportement, bien que discutable, n’est pas agressif ni même violent. A bien y regarder, il semblait en compagnie d’une personne normale, si ce n’était pour son apparence physique particulièrement inquiétante. Non pas que June se sente inquiet, non. Simplement qu’il n’y avait absolument aucun doute possible sur le fait que le jeune homme près de lui ait subi des sévices impardonnables… Et cette idée serra le cœur du militaire sans qu’il n’ait le moindre moyen de ne pas ressentir la moindre forme d’empathie à son égard. Alors peut-être est-ce pour cette raison qu’à la question suivante, June ne retient pas un demi rire, presque surpris lui-même de la question, ou peut-être plutôt de sa propre réaction – ou absence de réaction, en réalité –.
« Vous êtes un bien curieux personnage. »
Il n’y a pas de pitié, pas de moquerie, pas le moindre sentiment négatif dans cette remarque, non. June s’étonne même de trouver la compagnie plus intéressante que celle de bien bon nombre de ses compagnons d’arme. Pour cette raison, il n’hésite pas à tourner la tête vers l’autre et hausser un sourcil, un sourire au coin des lèvres, joueur.
« June. »
Leurs pas les guident à nouveau du côté de la caserne et d’un mouvement du pouce dans une direction un peu plus éloignée, il propose, calme.
« Il y a une taverne qui sert quelques repas chauds acceptables. Cette course m’a ouvert la faim. Voudriez-vous vous joindre à moi ? »
Ah, peut-être est-ce trop osé. Mais si June voulait comprendre ce type, il lui faudrait bien trouver une ouverture pour poser ses questions. Ne dit-on pas que la garde d’un homme n’est jamais plus baissée que lorsqu’il est rassasié ? Il allait pouvoir en faire la démonstration, ou se rater misérablement.
Jeu 28 Jan - 23:07
Curieux ? C’était rarement ce dont on affublait Noah. Il prit donc cela comme un compliment. Quelque part, ça voulait dire qu’il était digne d’intérêt donc c’était une bonne chose. En vrai il ne devrait pas attirer l’attention sur lui, mais ça ne semblait pas être dans son humeur du jour. Il était quand même démasqué en pleine rue.
Iouné ? Iuné ? You... Ça semblait pas français ça. Portant son regard sur le soldat, il le fixa. Ce n’était pas comme s’il savait reconnaître les origines des gens. À part la France, il ne connaissait rien.
Noah marchait sans y faire attention. Ça pouvait être June qui avait guidé leurs pas qu’il ne s’en serait pas aperçu. Tiré de ses pensées, il suivit des yeux le mouvement et regarda l’établissement. Il resta muet un moment avant de plonger ses mains dans ses poches. Il trouva des cochonneries et quelques ronds. Il pourrait peut-être se payer quelque chose s’il avait faim. C’est vrai ça ! Est-ce qu’il avait faim ? Noah réfléchit un instant à la question. Conclusion : sans plus.
— Ouais. J’veux poser mes fesses.
Il se décida à suivre June juste parce qu’il ne savait pas quoi faire d’autre, ni où aller. Entrant dans la taverne, il chercha une table et en trouva une parfaite près d’un mur. Noah s’y rendit, se faufilant aisément entre les autres clients et le mobilier. Il prit le tabouret pour être dos à la populace et donc face au mur. Ainsi il pouvait laisser ses oreilles traîner. Il n’avait pas très envie d’enquêter, mais c’était une vieille habitude. Il posa ses manches sur la table. Les mains à plat, le tissu s’étalait comme deux tentacules aplaties.
— J’sais pas quoi prendre. Commande, toi. Moi, j’réfléchis.
N’ayant pas spécialement faim, il allait peut-être se rabattre sur une miche de pain et un verre. Les fins de mois étaient toujours raides.
Iouné ? Iuné ? You... Ça semblait pas français ça. Portant son regard sur le soldat, il le fixa. Ce n’était pas comme s’il savait reconnaître les origines des gens. À part la France, il ne connaissait rien.
Noah marchait sans y faire attention. Ça pouvait être June qui avait guidé leurs pas qu’il ne s’en serait pas aperçu. Tiré de ses pensées, il suivit des yeux le mouvement et regarda l’établissement. Il resta muet un moment avant de plonger ses mains dans ses poches. Il trouva des cochonneries et quelques ronds. Il pourrait peut-être se payer quelque chose s’il avait faim. C’est vrai ça ! Est-ce qu’il avait faim ? Noah réfléchit un instant à la question. Conclusion : sans plus.
— Ouais. J’veux poser mes fesses.
Il se décida à suivre June juste parce qu’il ne savait pas quoi faire d’autre, ni où aller. Entrant dans la taverne, il chercha une table et en trouva une parfaite près d’un mur. Noah s’y rendit, se faufilant aisément entre les autres clients et le mobilier. Il prit le tabouret pour être dos à la populace et donc face au mur. Ainsi il pouvait laisser ses oreilles traîner. Il n’avait pas très envie d’enquêter, mais c’était une vieille habitude. Il posa ses manches sur la table. Les mains à plat, le tissu s’étalait comme deux tentacules aplaties.
— J’sais pas quoi prendre. Commande, toi. Moi, j’réfléchis.
N’ayant pas spécialement faim, il allait peut-être se rabattre sur une miche de pain et un verre. Les fins de mois étaient toujours raides.
Dim 31 Jan - 17:15
Au moins, la réponse, aussi bourrue fut elle, n’avait pas eu le démérite de s’être faite attendre. Un soupir, presque amusé, et June secoue la tête avant d’entrer le premier dans la taverne. Il salue l’homme derrière le comptoir d’une tape sur l’épaule, échangeant quelques mots, et ne perdant pas de vue son jeune compagnon dans le reflet des quelques verres fraîchement lavés disposés le long du bar. Alors il avait fait le choix de ne pas couvrir à nouveau son visage… June remarque sans peine les regards curieux. Après tout, ce visage et ce corps mutilé n’était pas monnaie courante. Mais d’une pièce en argent claquée contre le bois du comptoir, le silence est acheté sans travers.
Sans plus de réflexion, le suédois suit l’autre homme et vient s’installer face à lui, dos au mur. La situation serait néfaste s’il ne s’était pas su en sécurité en ces lieux. Non pas qu’il percevait subitement Noah comme une menace, non. Simplement parce qu’être acculé n’était jamais la solution la plus favorable. Détournant son attention de ce détail, il fait signe au grand homme chargé des lieux d’approcher. Une fois fait, la commande est simple et efficace.
« Deux portions du dernier ragoût. Pas celui au poisson d’il y a trois jours. Certains soldats sont encore coincés aux cabinets depuis leur passage ici. »
Le rire éclatant de l’homme est presque assez puissant pour faire vibrer le sol alors qu’il s’éloigne, gueulant la commande à la jeune femme dans les cuisines. Le repas ne devrait pas être long à leur être apporté. Quant à la quantité indiquée ? Oh, June était clairement le genre à pouvoir dévorer deux portions sans protester. Mais si son invité surprise souhaitait y goûter, il ne ferait pas d’histoire non plus.
« Ils ont du vin, si c’est votre genre. De la piquette, mais ça fait l’affaire. »
Si June pouvait s’adonner aux jeux de la soif, il ne le faisait cependant jamais pendant ses heures de service. Il remplit l’un des gobelets sur la table avec le pichet d’eau qui avait été disposé-là plus tôt, versant aussi un demi contenant à l’autre avant de le pousser dans sa direction.
« Vous connaissez Paris comme votre poche. Je ne pensais pas pouvoir me faire semer aussi efficacement en pleines rues… »
C’était un sujet comme un autre pour commencer à en savoir davantage, n’est-ce pas ?
Sans plus de réflexion, le suédois suit l’autre homme et vient s’installer face à lui, dos au mur. La situation serait néfaste s’il ne s’était pas su en sécurité en ces lieux. Non pas qu’il percevait subitement Noah comme une menace, non. Simplement parce qu’être acculé n’était jamais la solution la plus favorable. Détournant son attention de ce détail, il fait signe au grand homme chargé des lieux d’approcher. Une fois fait, la commande est simple et efficace.
« Deux portions du dernier ragoût. Pas celui au poisson d’il y a trois jours. Certains soldats sont encore coincés aux cabinets depuis leur passage ici. »
Le rire éclatant de l’homme est presque assez puissant pour faire vibrer le sol alors qu’il s’éloigne, gueulant la commande à la jeune femme dans les cuisines. Le repas ne devrait pas être long à leur être apporté. Quant à la quantité indiquée ? Oh, June était clairement le genre à pouvoir dévorer deux portions sans protester. Mais si son invité surprise souhaitait y goûter, il ne ferait pas d’histoire non plus.
« Ils ont du vin, si c’est votre genre. De la piquette, mais ça fait l’affaire. »
Si June pouvait s’adonner aux jeux de la soif, il ne le faisait cependant jamais pendant ses heures de service. Il remplit l’un des gobelets sur la table avec le pichet d’eau qui avait été disposé-là plus tôt, versant aussi un demi contenant à l’autre avant de le pousser dans sa direction.
« Vous connaissez Paris comme votre poche. Je ne pensais pas pouvoir me faire semer aussi efficacement en pleines rues… »
C’était un sujet comme un autre pour commencer à en savoir davantage, n’est-ce pas ?
Dim 31 Jan - 17:55
Noah observait, traqué sans un mot. Personne dans cette salle ne lui faisait hélas penser à une cible. Il soupirait, reportant son regard sur la table sali par le temps et le passage. Il lève les yeux sur June, mais ne regarde pas le tenancier. Le rire manqua de le faire sursauter. Son regard sembla ne pas comprendre ce qu’il y avait de drôle, mais il ne demanda rien à June. Il se contente de baisser les yeux sur le verre, ignorant des effets de l’alcool sur lui depuis qu’il était différent. Devait-il s’y risquer ? Il remercia pour l’eau et scruta pour la première fois le visage de June.
— J’connais que certains coins. J’ai vécu quelques années loin de la surface.
Ce n’était qu’une expression. Noah était incapable de certifier où il avait été enfermé. Beaucoup d’indices indiquaient que c’était sous terre parce qu’il n’y avait aucune fenêtre, ni personne ne semblait au courant de l’existence de cet endroit. Et pourtant il se souvenait de quelques rayons de lumière traversant le plafond. C’était flou car c’était probablement les souvenirs de la bête. Quand il perdait l’esprit, il perdait la mémoire. Parfois, au bout d’un long moment, des bribes de souvenirs refaisaient surface.
— En vrai tu peux pas me battre à la course.
Un simple fait énoncé telle une vérité absolue. Noah était trop rapide pour un humain. Il ne s’en vantait pas et se tapotait des doigts sur la table. Pas de rythme particulier, juste des mouvements qui faisaient bouger le tissu. Il posa les yeux dessus comme un chat repérant une cible et prêt à bondir dessus. Cependant il n’était pas idiot au point d’attaquer ses propres membres.
— Tu vis ici d’puis longtemps ?
Il n’y avait pas de raison pour ne pas lui retourner la politesse. Et puis peut-être que June aurait des histoires de loups à lui raconter plus tard. C’était un soldat, il avait dû déjà avoir à faire à des attaques étranges de grosses bêtes. Les gens avaient toujours des histoires de fantômes à raconter. Vraies ou fausses, elles étaient toutes bonnes à prendre.
— J’connais que certains coins. J’ai vécu quelques années loin de la surface.
Ce n’était qu’une expression. Noah était incapable de certifier où il avait été enfermé. Beaucoup d’indices indiquaient que c’était sous terre parce qu’il n’y avait aucune fenêtre, ni personne ne semblait au courant de l’existence de cet endroit. Et pourtant il se souvenait de quelques rayons de lumière traversant le plafond. C’était flou car c’était probablement les souvenirs de la bête. Quand il perdait l’esprit, il perdait la mémoire. Parfois, au bout d’un long moment, des bribes de souvenirs refaisaient surface.
— En vrai tu peux pas me battre à la course.
Un simple fait énoncé telle une vérité absolue. Noah était trop rapide pour un humain. Il ne s’en vantait pas et se tapotait des doigts sur la table. Pas de rythme particulier, juste des mouvements qui faisaient bouger le tissu. Il posa les yeux dessus comme un chat repérant une cible et prêt à bondir dessus. Cependant il n’était pas idiot au point d’attaquer ses propres membres.
— Tu vis ici d’puis longtemps ?
Il n’y avait pas de raison pour ne pas lui retourner la politesse. Et puis peut-être que June aurait des histoires de loups à lui raconter plus tard. C’était un soldat, il avait dû déjà avoir à faire à des attaques étranges de grosses bêtes. Les gens avaient toujours des histoires de fantômes à raconter. Vraies ou fausses, elles étaient toutes bonnes à prendre.
Sam 6 Fév - 0:28
L’expression eut le mérite de surprendre June, quand bien même il n’en montra aucun signe visible. Quelle drôle de façon de s’exprimer, pour commencer. Les mots sont mangés, à la façon de certains paysans des contrées éloignées de Paris. On parlait de patois, était-ce ça ? June fit bien attention à ne pas laisser le fait que le français ne soit pas sa langue maternelle gâcher l’échange. Mais quand même… C’était bien étrange de dire que l’on avait été loin de la surface. Comme ceux qui vivaient en troglodytes. La question reste en suspens et il sourit, faisant malgré tout remarquer.
« Vous les connaissez comme votre poche. J’aimerai pouvoir en dire autant. »
Même si l’admission suivante aurait pu être vexante, June n’appuie que ses coudes sur la table, appuyant son menton contre ses paumes, scrutant l’autre, un sourire amusé sur le visage.
« Il faudra me dire quel est votre entraînement. Je rêverai de pouvoir filer comme le vent. »
Il n’a pas idée que le sujet est si délicat, l’idiot. Mais à la façon qu’il a de regarder Noah, c’est évident que la différence de l’autre ne le tracasse pas. Il n’aurait même pas l’idée saugrenue de l’interroger à ce sujet. Les choses se passaient bien pour le moment. Tout intérêt était à garder les choses tranquilles. Peut-être qu’au passage, il passerait également un moment agréable.
« Ah, quelques années seulement. Mon accent m’a vendu ? »
Il n’a pas l’air si choqué à l’idée d’être reconnu en tant qu’étranger. Avec un nom comme le sien, il faudrait être sourd pour ne pas réaliser.
« Je suis originaire de Suède, au nord de l’Europe. »
L’information est donnée avec une certaine forme de pédagogie, pas pour le prendre pour un idiot. Après tout, lui-même se trompait parfois sur ces choses-là… Le temps ne sera pas là pour qu’il se remette en question, cependant, puisque l’aubergiste revient et dépose les plats devant June qui claque dans ses mains avant de les frotter. Il allait se régaler.
« Merci chef ! »
« Vous les connaissez comme votre poche. J’aimerai pouvoir en dire autant. »
Même si l’admission suivante aurait pu être vexante, June n’appuie que ses coudes sur la table, appuyant son menton contre ses paumes, scrutant l’autre, un sourire amusé sur le visage.
« Il faudra me dire quel est votre entraînement. Je rêverai de pouvoir filer comme le vent. »
Il n’a pas idée que le sujet est si délicat, l’idiot. Mais à la façon qu’il a de regarder Noah, c’est évident que la différence de l’autre ne le tracasse pas. Il n’aurait même pas l’idée saugrenue de l’interroger à ce sujet. Les choses se passaient bien pour le moment. Tout intérêt était à garder les choses tranquilles. Peut-être qu’au passage, il passerait également un moment agréable.
« Ah, quelques années seulement. Mon accent m’a vendu ? »
Il n’a pas l’air si choqué à l’idée d’être reconnu en tant qu’étranger. Avec un nom comme le sien, il faudrait être sourd pour ne pas réaliser.
« Je suis originaire de Suède, au nord de l’Europe. »
L’information est donnée avec une certaine forme de pédagogie, pas pour le prendre pour un idiot. Après tout, lui-même se trompait parfois sur ces choses-là… Le temps ne sera pas là pour qu’il se remette en question, cependant, puisque l’aubergiste revient et dépose les plats devant June qui claque dans ses mains avant de les frotter. Il allait se régaler.
« Merci chef ! »
Sam 6 Fév - 23:22
Sa connaissance des rues remontait à l’époque où il s’est engagé comme soldat. Puis il a disparu de la surface et en revenant il a dû réapprendre tout ça. Ça ne lui était pas venu comme ça du jour au lendemain.
— Y’a très longtemps, j’étais soldat. Un p’tit troufion. T’connais mieux que n’importe qui c’est quoi, l’entraînement.
Le reste était secret. Noah avait reçu l’ordre de ne jamais parler du reste. Et bien qu’y repenser lui fit froncer des sourcils, cela ne dura qu’un instant. Il chassa ses pensées pour ne pas baisser sa garde. Il captait des bribes d’autres conversations. Rien d’intéressant. En voyant les lèvres de June remuer, il se réintéressa à lui. Il n’entendit que les mots « années seulement », ainsi que la question. Noah ne se souvenait pas de quoi il parlait, mais heureusement la question était claire.
— Ouais. Et ton nom. J’l’ai jamais entendu.
Il n’avait pas la science infuse bien sûr. Noah, c’était un fils de la campagne. Pas d’instruction là-bas. Hormis l’éducation des parents, il n’avait rien reçu. Alors en entendant les noms de Suède et d’Europe, il ouvrit des grands yeux ronds. C’était quoi tout ça ? Des pays, des villes ? Jamais il n’en avait entendu parler. C’était à peine s’il connaissait la géographie de la France, alors celle du reste du monde. Noah l’écouta et comprit approximativement. Le monde avait l’air grand. Il se demandait si les gens étaient partout pareil et s’il y avait des créatures ailleurs. Ses pensées s’interrompirent, surpris pas le claquement des mains de June.
S’il avait eu faim à un moment, c’était vite parti en repensant au passé. Les manches de Noah glissèrent sur la table. Il les ramenait vers lui et les fit disparaître sur ses genoux en se reculant. La mine plus sombre, il lui arrivait de se demander si tout ça était bel et bien derrière lui ou si un jour on le rappellerait pour l’enfermer à nouveau. Et en bon chien, il obéirait probablement. Il soupira, les yeux posés sur la nourriture. Définitivement il avait l’estomac noué.
— Pourquoi être loin d’chez toi ?
Il avait dit le premier truc qui lui avait passé par la tête pour se soustraire au retour des sensations : le fer froid à ses poignets, les lames scintillantes à la lueur des bougies, les poids à ses chevilles… Et la tête qui… EXPLOSAIT !!! Il se retint de justesse de frapper ses poings sur ses cuisses pour se sortir de ce cachot. Vite, que June parle pour le ramener à la réalité. Noah sentait cette fièvre grimper et quelques perles de sueur faire leurs apparitions sur ses tempes. C’était mauvais signe parce qu’ici il y avait beaucoup de monde.
— Y’a très longtemps, j’étais soldat. Un p’tit troufion. T’connais mieux que n’importe qui c’est quoi, l’entraînement.
Le reste était secret. Noah avait reçu l’ordre de ne jamais parler du reste. Et bien qu’y repenser lui fit froncer des sourcils, cela ne dura qu’un instant. Il chassa ses pensées pour ne pas baisser sa garde. Il captait des bribes d’autres conversations. Rien d’intéressant. En voyant les lèvres de June remuer, il se réintéressa à lui. Il n’entendit que les mots « années seulement », ainsi que la question. Noah ne se souvenait pas de quoi il parlait, mais heureusement la question était claire.
— Ouais. Et ton nom. J’l’ai jamais entendu.
Il n’avait pas la science infuse bien sûr. Noah, c’était un fils de la campagne. Pas d’instruction là-bas. Hormis l’éducation des parents, il n’avait rien reçu. Alors en entendant les noms de Suède et d’Europe, il ouvrit des grands yeux ronds. C’était quoi tout ça ? Des pays, des villes ? Jamais il n’en avait entendu parler. C’était à peine s’il connaissait la géographie de la France, alors celle du reste du monde. Noah l’écouta et comprit approximativement. Le monde avait l’air grand. Il se demandait si les gens étaient partout pareil et s’il y avait des créatures ailleurs. Ses pensées s’interrompirent, surpris pas le claquement des mains de June.
S’il avait eu faim à un moment, c’était vite parti en repensant au passé. Les manches de Noah glissèrent sur la table. Il les ramenait vers lui et les fit disparaître sur ses genoux en se reculant. La mine plus sombre, il lui arrivait de se demander si tout ça était bel et bien derrière lui ou si un jour on le rappellerait pour l’enfermer à nouveau. Et en bon chien, il obéirait probablement. Il soupira, les yeux posés sur la nourriture. Définitivement il avait l’estomac noué.
— Pourquoi être loin d’chez toi ?
Il avait dit le premier truc qui lui avait passé par la tête pour se soustraire au retour des sensations : le fer froid à ses poignets, les lames scintillantes à la lueur des bougies, les poids à ses chevilles… Et la tête qui… EXPLOSAIT !!! Il se retint de justesse de frapper ses poings sur ses cuisses pour se sortir de ce cachot. Vite, que June parle pour le ramener à la réalité. Noah sentait cette fièvre grimper et quelques perles de sueur faire leurs apparitions sur ses tempes. C’était mauvais signe parce qu’ici il y avait beaucoup de monde.
Mer 17 Fév - 4:55
June était de nature observatrice, oui. Mais le changement de comportement affiché par Noah lui échappa comme étant un réel trouble. Il pensa d’abord que l’odeur de la nourriture l’incommodait peut-être. Après tout, comment aurait-il pu deviner, pauvre enfant, que l’homme devant lui avait traversé tel enfer ? Non, ce que June voit dans cet instant précis, c’est qu’en face de lui se tient une arme plus aiguisée que lui ne l’est encore. Sont-ils d’un âge si différent pour que la célérité du jeune homme marque ainsi pareille différence entre leurs deux capacités ? Ah, il sent une pointe de jalousie lui mordre le cœur, mais il répond malgré tout, mangeant une bouchée de son repas.
« Ma grand-mère m’a appris à me battre avant même mon propre père. Elle est incroyable. On n’aurait jamais pu croire qu’avec sa peau ridée ou ses articulations qu’elle disait rouillées, elle pourrait se déplacer à une telle vitesse. Je crois que j’ai juste toujours voulu être plus fort. M’entraîner c’est ça qui me rend heureux. »
Il l’observe, bleu contre vert, et il hésite. L’envie est présente de proposer à Noah de s’entraîner ensemble. D’oublier leurs noms et leurs étiquettes respectives pour en apprendre plus l’un de l’autre. A bien y regarder, June ne s’est fait que peu d’amis. Oh, oui, le peuple l’apprécie pour son côté solaire. Mais de vrais amis… ? Non. Vraiment pas.
Alors s’il ne répond pas immédiatement et se perd sur le reflet ténu contre la surface de son verre d’eau, c’est avec un air distrait qu’il reprend, plus calme, pensif.
« Je cherche quelqu’un depuis bien longtemps. Un homme que j’ai rencontré il y a des années de cela. Dans mon pays, l’hiver est une période longue et difficile pour le peuple. Le froid est mordant, plus qu’ici, le temps est tellement plus clément. En Suède, l’hiver semble durer toute une vie. Et lorsque la neige nous prend dans ses griffes, rien n’y fait. Mais j’ai toujours trouvé du charme à tout ceci. Et encore plus… Ah, pourquoi décrire ce que je peux te montrer. »
Reposant son verre et essuyant ses mains sur son pantalon pour s’assurer de ne pas salir le parchemin nettement plié sous sa veste, June tire ce qui aujourd’hui n’existe plus, parti dans les flammes. Mais qui à ce moment-là encore, portait tant de sens à ses yeux. D’un geste presque tendre, il déplie le portrait et le pousse sur la table pour le présenter à Noah.
« Je cherche cet homme. Je ne sais rien de lui. J’ai voyagé dans bien de contrées. Des endroits qui en rien ne ressemblent à Paris, ou même à la France. Savais-tu que la mer près d’Istanbul est appelée la mer noire ? Elle n’a pourtant rien de bien différent de toute l’eau que l’on pourrait trouver ici. »
Il s’égare, croise ses doigts, coudes reposés sur la table, prenant appui contre ses mains de son menton.
« Le monde est tellement grand, une vie entière ne suffirait sûrement pas à tout en visiter. Mais j’ai décidé de suivre sa trace à lui. Un rêve d’enfant. » Une pause puise un rire. « Ah je dois vraiment te paraître complètement stupide, désolé. »
« Ma grand-mère m’a appris à me battre avant même mon propre père. Elle est incroyable. On n’aurait jamais pu croire qu’avec sa peau ridée ou ses articulations qu’elle disait rouillées, elle pourrait se déplacer à une telle vitesse. Je crois que j’ai juste toujours voulu être plus fort. M’entraîner c’est ça qui me rend heureux. »
Il l’observe, bleu contre vert, et il hésite. L’envie est présente de proposer à Noah de s’entraîner ensemble. D’oublier leurs noms et leurs étiquettes respectives pour en apprendre plus l’un de l’autre. A bien y regarder, June ne s’est fait que peu d’amis. Oh, oui, le peuple l’apprécie pour son côté solaire. Mais de vrais amis… ? Non. Vraiment pas.
Alors s’il ne répond pas immédiatement et se perd sur le reflet ténu contre la surface de son verre d’eau, c’est avec un air distrait qu’il reprend, plus calme, pensif.
« Je cherche quelqu’un depuis bien longtemps. Un homme que j’ai rencontré il y a des années de cela. Dans mon pays, l’hiver est une période longue et difficile pour le peuple. Le froid est mordant, plus qu’ici, le temps est tellement plus clément. En Suède, l’hiver semble durer toute une vie. Et lorsque la neige nous prend dans ses griffes, rien n’y fait. Mais j’ai toujours trouvé du charme à tout ceci. Et encore plus… Ah, pourquoi décrire ce que je peux te montrer. »
Reposant son verre et essuyant ses mains sur son pantalon pour s’assurer de ne pas salir le parchemin nettement plié sous sa veste, June tire ce qui aujourd’hui n’existe plus, parti dans les flammes. Mais qui à ce moment-là encore, portait tant de sens à ses yeux. D’un geste presque tendre, il déplie le portrait et le pousse sur la table pour le présenter à Noah.
« Je cherche cet homme. Je ne sais rien de lui. J’ai voyagé dans bien de contrées. Des endroits qui en rien ne ressemblent à Paris, ou même à la France. Savais-tu que la mer près d’Istanbul est appelée la mer noire ? Elle n’a pourtant rien de bien différent de toute l’eau que l’on pourrait trouver ici. »
Il s’égare, croise ses doigts, coudes reposés sur la table, prenant appui contre ses mains de son menton.
« Le monde est tellement grand, une vie entière ne suffirait sûrement pas à tout en visiter. Mais j’ai décidé de suivre sa trace à lui. Un rêve d’enfant. » Une pause puise un rire. « Ah je dois vraiment te paraître complètement stupide, désolé. »
Jeu 18 Fév - 19:11
Noah n’avait connu que brièvement ses grands-parents. Et ils étaient si épuisés par les travaux des champs qu’il n’imaginait pas à quoi devait ressembler une grand-mère sachant se battre aussi agilement. Ce devait être quelque chose en effet.
Ce soldat n’avait pas besoin de grand chose pour être heureux constata Noah. Il s’imaginait que c’était comme ça pour certains.
Le tirant de ses douloureux souvenirs, l’artificiel essaya de s’imaginer la neige. Il n’en connaissait que quelques flocons. Il se souvenait de cette ouverture bloquée par des barreaux. En hiver une petite épaisseur bouchait l’ouverture. C’était ainsi qu’il avait su qu’il était sous terre, loin de la lumière solaire. Un jour qu’il était changé en bête, il se souvenait avoir sauté pour atteindre les barreaux. Il se souvenait du froid sur sa langue qui avait lapé de la neige. C’était avant de recevoir des projectiles pour le rappeler à l’ordre. Avant que l’ouverture soit définitivement bouchée.
Intrigué, il l’observa déplier religieusement ce bout de parchemin. Et un portrait fut visible. L’instinct de Noah s’éveilla brutalement. Ce visage était trop lisse de perfection pour être réel. Il était possible que June ait dessiné un visage idéalisé et non la réalité, d’où l’absence de rides ou d’expression. Aux yeux du jeune homme toutefois, cet être sur le papier n’était pas humain. Il avait vu plusieurs individus comme ça. Et on le lui avait exposé en long, en large et en travers que ces créatures nocturnes ne vieillissaient pas. Ils étaient sublimes pour tromper les humains et mieux les piéger pour en faire un festin. On les appelait vampire. Si June était en France alors qu’il cherchait cet homme, c’était qu’il avait une piste le menant ici. Donc… Noah pourrait le chasser et voir ce qu’il en était réellement. Il grava ce visage dans sa mémoire. Il occulta totalement cette histoire de mer noire pour se concentrer sur le parchemin. Lorsqu’il eut fini, il releva son regard fatigué sur June et s’aperçut qu’il parlait toujours. Il pencha la tête de côté en se demandant pourquoi parcourir le monde à la recherche de quelqu’un était stupide.
— Les gens ont besoin d’une direction à suivre. Si c’est ça la tienne, bah… c’est comme ça. C’est tout. Et p’t-être que ça t’f’ra faire le tour du monde.
Il fallait remarquer que Noah ne disait pas « nous » pour parler du genre humain comme le ferait n’importe qui. Il s’en excluait intentionnellement, même s’il se considérait plus humain que les créatures nocturnes. Noah ne voyait pas en quoi June était stupide. Il n’avait pas fait de bêtise qui l’avait conduit à faire l’irréparable. Il n’avait mis en danger personne. June rêvait. C’était tout.
— C’est bien, les rêves.
Noah n’en avait pas. Plus rien ne lui appartenait. Pas même son corps, alors pourquoi rêverait-il ?
Ce soldat n’avait pas besoin de grand chose pour être heureux constata Noah. Il s’imaginait que c’était comme ça pour certains.
Le tirant de ses douloureux souvenirs, l’artificiel essaya de s’imaginer la neige. Il n’en connaissait que quelques flocons. Il se souvenait de cette ouverture bloquée par des barreaux. En hiver une petite épaisseur bouchait l’ouverture. C’était ainsi qu’il avait su qu’il était sous terre, loin de la lumière solaire. Un jour qu’il était changé en bête, il se souvenait avoir sauté pour atteindre les barreaux. Il se souvenait du froid sur sa langue qui avait lapé de la neige. C’était avant de recevoir des projectiles pour le rappeler à l’ordre. Avant que l’ouverture soit définitivement bouchée.
Intrigué, il l’observa déplier religieusement ce bout de parchemin. Et un portrait fut visible. L’instinct de Noah s’éveilla brutalement. Ce visage était trop lisse de perfection pour être réel. Il était possible que June ait dessiné un visage idéalisé et non la réalité, d’où l’absence de rides ou d’expression. Aux yeux du jeune homme toutefois, cet être sur le papier n’était pas humain. Il avait vu plusieurs individus comme ça. Et on le lui avait exposé en long, en large et en travers que ces créatures nocturnes ne vieillissaient pas. Ils étaient sublimes pour tromper les humains et mieux les piéger pour en faire un festin. On les appelait vampire. Si June était en France alors qu’il cherchait cet homme, c’était qu’il avait une piste le menant ici. Donc… Noah pourrait le chasser et voir ce qu’il en était réellement. Il grava ce visage dans sa mémoire. Il occulta totalement cette histoire de mer noire pour se concentrer sur le parchemin. Lorsqu’il eut fini, il releva son regard fatigué sur June et s’aperçut qu’il parlait toujours. Il pencha la tête de côté en se demandant pourquoi parcourir le monde à la recherche de quelqu’un était stupide.
— Les gens ont besoin d’une direction à suivre. Si c’est ça la tienne, bah… c’est comme ça. C’est tout. Et p’t-être que ça t’f’ra faire le tour du monde.
Il fallait remarquer que Noah ne disait pas « nous » pour parler du genre humain comme le ferait n’importe qui. Il s’en excluait intentionnellement, même s’il se considérait plus humain que les créatures nocturnes. Noah ne voyait pas en quoi June était stupide. Il n’avait pas fait de bêtise qui l’avait conduit à faire l’irréparable. Il n’avait mis en danger personne. June rêvait. C’était tout.
— C’est bien, les rêves.
Noah n’en avait pas. Plus rien ne lui appartenait. Pas même son corps, alors pourquoi rêverait-il ?
Dim 21 Fév - 3:21
Pourquoi est-ce que June avait ressenti le besoin d’être compris et validé ? Pourquoi particulièrement venant de ce parfait inconnu ? Un malandrin à tous les égards. Non, il aurait sûrement dû s’en moquer. Ne pas interroger ses propres rêves, ses objectifs. Aucune raison ne justifiait qu’il ait parlé de tout ceci. Pourtant, les quelques mots que Noah lui accorde lui fait fleurir un bien joli sourire. Pensif, presque perdu dans ses pensées, il se laisse aller, dos contre le mur et soupire doucement.
« Je sais pas, j’en parle rarement à qui que ce soit. C’est complètement ridicule de chercher une chimère. Surtout qu’à tous les coups, il est sûrement déjà mort. »
Une moue et il se passe une main sur la nuque, un rougissement mordant ses joues, visiblement embarrassé.
« Si je peux te faire une confession, la première fois que j’ai rencontré l’un de mes supérieurs hiérarchiques, j’ai vraiment eu un doute… Ils ont les mêmes lignes, si on n’y regarde pas de trop près. Un visage pâle et fin, des yeux d’un bleu hypnotique et une chevelure blonde à en faire pâlir tous les saints. Mais ce n’était pas lui. » Une pause et il soupire, baissant les yeux, pris entre un sentiment de défaite et de tendresse. Il voulait tant le revoir. « J’espère vraiment le retrouver. »
Il reprend son repas un peu plus tranquillement, et si le silence s’étire entre eux, entrecoupé des conversations des autres tablées, du tenancier bruyant ou simplement des éclats de rire de la rue que l’on entend par la fenêtre, June coupe cours au silence avec une interrogation surprenante.
« Dis, pourquoi tu coursais ce type ? »
Parce qu’après tout, c’était une question simple et innocente. Il ne faisait rien de mal non ? Mais maintenant qu’ils ont pu échanger un peu… La vérité c’est qu’une toute autre chose intéressait June que sa bien ridicule mission.
« Et puis… Est-ce que ça te dirait qu’on se revoit pour s’entraîner ? Je crois que j’ai encore un paquet de choses à apprendre. »
« Je sais pas, j’en parle rarement à qui que ce soit. C’est complètement ridicule de chercher une chimère. Surtout qu’à tous les coups, il est sûrement déjà mort. »
Une moue et il se passe une main sur la nuque, un rougissement mordant ses joues, visiblement embarrassé.
« Si je peux te faire une confession, la première fois que j’ai rencontré l’un de mes supérieurs hiérarchiques, j’ai vraiment eu un doute… Ils ont les mêmes lignes, si on n’y regarde pas de trop près. Un visage pâle et fin, des yeux d’un bleu hypnotique et une chevelure blonde à en faire pâlir tous les saints. Mais ce n’était pas lui. » Une pause et il soupire, baissant les yeux, pris entre un sentiment de défaite et de tendresse. Il voulait tant le revoir. « J’espère vraiment le retrouver. »
Il reprend son repas un peu plus tranquillement, et si le silence s’étire entre eux, entrecoupé des conversations des autres tablées, du tenancier bruyant ou simplement des éclats de rire de la rue que l’on entend par la fenêtre, June coupe cours au silence avec une interrogation surprenante.
« Dis, pourquoi tu coursais ce type ? »
Parce qu’après tout, c’était une question simple et innocente. Il ne faisait rien de mal non ? Mais maintenant qu’ils ont pu échanger un peu… La vérité c’est qu’une toute autre chose intéressait June que sa bien ridicule mission.
« Et puis… Est-ce que ça te dirait qu’on se revoit pour s’entraîner ? Je crois que j’ai encore un paquet de choses à apprendre. »
Dim 21 Fév - 18:41
Noah ne savait pas. Il ne savait pas quoi répondre à cet homme. S’il avait plus qu’une esquisse, Noah aurait pu pister cet homme. Mais il savait qu’avec des si, on pourrait refaire le monde.
Ne comprenant pas pourquoi June rougissait, il se demanda ce qui s’était passé avec ce supérieur. Il n’en demanda rien pour ne pas remplir son cerveau d’informations inutiles. Il se contenta d’observer June. S’il venait de loin, il devait être riche. C’était donc bizarre de le voir se régaler de cette tambouille. Il devait manger des trucs plus raffinés d’ordinaire. Il ne devait pas être si riche, il n’était pas gros comme la plupart des riches.
En entendant la question de June, Noah soupira. Il n’avait donc pas oublié ça. Les forces de l’ordre ne sont jamais bien loin. Il leva son index pour toucher le coin de ses lèvres. Et lorsqu’il sut comment le formuler, son index se détacha de son visage.
— C’est un monstre. Il mérite pas d’vivre.
Il sentait venir le coup de la leçon comme quoi ce n’était pas à lui de rendre justice, etc. On le lui avait déjà fait un million de fois, mais c’était sa seule vérité. La seule raison de son existence. Certains êtres ne méritaient pas de vivre et comme ils commettaient leurs actes en douce, ils ne pouvaient être arrêtés. Des gens comme Noah devait donc les stopper quand la justice péchait. Et tous les sermons, même ceux de l’Église, ne pourront jamais changer sa façon de penser.
Surpris sans le montrer, Noah se retrouva face à une proposition incongrue. S’entraîner ensemble, c’était une drôle d’idées. Les seuls entraînements qu’il pratiquait était d’essayer de se transformer en gardant conscience le plus longtemps possible. Il doutait que ce soit ce que June voulait voir. Et depuis le temps qu’il avait quitté l’armée, il n’était pas sûr de se souvenir de cette routine. C’était sans parler qu’il n’avait plus tenu une épée depuis bien longtemps. Sa manière de manier les armes avaient changé. Ce n’était devenu que des accessoires pour lui. Il s’en servirait sûrement pas de la « bonne » manière.
— C’pas avec moi que t’apprendras.
Ça sonnait comme un refus parce que c’en était un. Comment expliquer à June qu’il n’était pas prêt à affronter la bête ? C’était sous cette forme que Noah avait été le plus entraîné ces dernières années.
— Quand t’veux faire ça ? Et où ?
Il tâchera de ne pas se transformer pour ne pas blesser inutilement ce pauvre soldat.
Noah avait accepté pour surveiller cet étrange personnage que June recherchait. Il ne manquerait sûrement pas de lui dire s’il l’a retrouvé. Noah voulait savoir si son intuition avait été bonne concernant cet individu et s’il allait devoir le débusquer lui aussi pour l’exécuter.
Ne comprenant pas pourquoi June rougissait, il se demanda ce qui s’était passé avec ce supérieur. Il n’en demanda rien pour ne pas remplir son cerveau d’informations inutiles. Il se contenta d’observer June. S’il venait de loin, il devait être riche. C’était donc bizarre de le voir se régaler de cette tambouille. Il devait manger des trucs plus raffinés d’ordinaire. Il ne devait pas être si riche, il n’était pas gros comme la plupart des riches.
En entendant la question de June, Noah soupira. Il n’avait donc pas oublié ça. Les forces de l’ordre ne sont jamais bien loin. Il leva son index pour toucher le coin de ses lèvres. Et lorsqu’il sut comment le formuler, son index se détacha de son visage.
— C’est un monstre. Il mérite pas d’vivre.
Il sentait venir le coup de la leçon comme quoi ce n’était pas à lui de rendre justice, etc. On le lui avait déjà fait un million de fois, mais c’était sa seule vérité. La seule raison de son existence. Certains êtres ne méritaient pas de vivre et comme ils commettaient leurs actes en douce, ils ne pouvaient être arrêtés. Des gens comme Noah devait donc les stopper quand la justice péchait. Et tous les sermons, même ceux de l’Église, ne pourront jamais changer sa façon de penser.
Surpris sans le montrer, Noah se retrouva face à une proposition incongrue. S’entraîner ensemble, c’était une drôle d’idées. Les seuls entraînements qu’il pratiquait était d’essayer de se transformer en gardant conscience le plus longtemps possible. Il doutait que ce soit ce que June voulait voir. Et depuis le temps qu’il avait quitté l’armée, il n’était pas sûr de se souvenir de cette routine. C’était sans parler qu’il n’avait plus tenu une épée depuis bien longtemps. Sa manière de manier les armes avaient changé. Ce n’était devenu que des accessoires pour lui. Il s’en servirait sûrement pas de la « bonne » manière.
— C’pas avec moi que t’apprendras.
Ça sonnait comme un refus parce que c’en était un. Comment expliquer à June qu’il n’était pas prêt à affronter la bête ? C’était sous cette forme que Noah avait été le plus entraîné ces dernières années.
— Quand t’veux faire ça ? Et où ?
Il tâchera de ne pas se transformer pour ne pas blesser inutilement ce pauvre soldat.
Noah avait accepté pour surveiller cet étrange personnage que June recherchait. Il ne manquerait sûrement pas de lui dire s’il l’a retrouvé. Noah voulait savoir si son intuition avait été bonne concernant cet individu et s’il allait devoir le débusquer lui aussi pour l’exécuter.
Mer 24 Fév - 17:28
La réponse le prend par surprise. Parce qu’il n’y avait que peu de gens qui employaient ce genre de termes dans les sphères nobles. Et à bien y penser, ce genre de jugement était souvent celui que l’on infligeait à ceux dont les croyances se trouvaient hérétiques. Des hommes et des femmes que la justice seule ne suffisait pas à remettre dans le droit chemin. Ceux-là même qui commettent des meurtres, des gestes impardonnables, des propos interdits. June ne connait pas l’histoire de l’homme que Noah recherchait. Et si l’apparence du jeune homme devant lui était une preuve, June voulait croire en la sincérité de ces propos. Un monstre n’est pas celui qui en a l’apparence, mais celui dont les actes ne sauraient obtenir la grâce de Dieu.
Pourquoi penser en ces termes ? Parce que June avait vu. Avait vu ces griffures salissant toutes les surfaces boisées de la maison de l’homme que Noah recherchait. Avait vu le sang, les vêtements déchirés. Une scène digne d’une arène de bêtes sauvages, et non plus d’un univers où les choses pouvaient être douces et compréhensives.
Non, June n’est pas juge, mais c’était sur ces mêmes principes qu’il ne pourrait pas rétorquer la moindre parole offensante à Noah. Il ne connait pas son histoire. Ne sait rien de ce qui peut lier ces deux hommes. Alors il ne lui revient pas de le sermonner, non.
« Ah, c’est vrai que l’état de sa maison était… Inquiétant… Sais-tu s’il est nécessaire de faire pourvoir un mandat d’arrêt à son encontre ? La justice pourrait être une solution. »
Il ne précise pas que se comporter en justicier, cependant, n’est pas autorisé par les lois de Paris, ou même de France. Mais là n’est pas la question. Accabler un homme n’est pas son rôle. Il n’était de toute façon pas venu ici pour ces raisons. Il avait obtenu le peu d’information que l’armée requerrait de sa part. Le reste n’était plus de l’ordre de sa mission.
Sauf que bien vite, la mine du soldat se défait, visiblement déçu. Alors il n’y aurait pas d’entraînement. Oh, il ne boude pas, non, mais la légère moue sur son visage affiche sans peine qu’il aurait apprécié une autre réponse. Et autre réponse il y eut. Relevant précipitamment les yeux de là où sa cuillère touillait son ragoût d’un mouvement las, des étoiles brilleraient presque désormais dans ses yeux. Il retient de peu une exclamation de contentement et offre un sourire radieux à Noah.
« Il y a des terrains publics aux alentours de Paris ! J’ai trouvé une clairière très agréable aux alentours des bois de Saint-Cloud, à quelques kilomètres d’ici, qui laissent la place à l’exercice sans se soucier de la moindre âme qui vive. Il y a bien quelques animaux sauvages, mais ils ne restent que rarement aux alentours. »
Il pense pourtant bien à la petite louve qu’il avait aperçue, il y a quelques semaines de ça. Mais il n’en dit rien.
« Seriez-vous disposé à m’y retrouver dans quelques jours ? Nous pourrions chevaucher ensemble ! »
La perspective le laissait grisé d’adrénaline. L’idée d’un combat rondement mené aurait certainement ce même effet sur lui pour l’éternité.
Pourquoi penser en ces termes ? Parce que June avait vu. Avait vu ces griffures salissant toutes les surfaces boisées de la maison de l’homme que Noah recherchait. Avait vu le sang, les vêtements déchirés. Une scène digne d’une arène de bêtes sauvages, et non plus d’un univers où les choses pouvaient être douces et compréhensives.
Non, June n’est pas juge, mais c’était sur ces mêmes principes qu’il ne pourrait pas rétorquer la moindre parole offensante à Noah. Il ne connait pas son histoire. Ne sait rien de ce qui peut lier ces deux hommes. Alors il ne lui revient pas de le sermonner, non.
« Ah, c’est vrai que l’état de sa maison était… Inquiétant… Sais-tu s’il est nécessaire de faire pourvoir un mandat d’arrêt à son encontre ? La justice pourrait être une solution. »
Il ne précise pas que se comporter en justicier, cependant, n’est pas autorisé par les lois de Paris, ou même de France. Mais là n’est pas la question. Accabler un homme n’est pas son rôle. Il n’était de toute façon pas venu ici pour ces raisons. Il avait obtenu le peu d’information que l’armée requerrait de sa part. Le reste n’était plus de l’ordre de sa mission.
Sauf que bien vite, la mine du soldat se défait, visiblement déçu. Alors il n’y aurait pas d’entraînement. Oh, il ne boude pas, non, mais la légère moue sur son visage affiche sans peine qu’il aurait apprécié une autre réponse. Et autre réponse il y eut. Relevant précipitamment les yeux de là où sa cuillère touillait son ragoût d’un mouvement las, des étoiles brilleraient presque désormais dans ses yeux. Il retient de peu une exclamation de contentement et offre un sourire radieux à Noah.
« Il y a des terrains publics aux alentours de Paris ! J’ai trouvé une clairière très agréable aux alentours des bois de Saint-Cloud, à quelques kilomètres d’ici, qui laissent la place à l’exercice sans se soucier de la moindre âme qui vive. Il y a bien quelques animaux sauvages, mais ils ne restent que rarement aux alentours. »
Il pense pourtant bien à la petite louve qu’il avait aperçue, il y a quelques semaines de ça. Mais il n’en dit rien.
« Seriez-vous disposé à m’y retrouver dans quelques jours ? Nous pourrions chevaucher ensemble ! »
La perspective le laissait grisé d’adrénaline. L’idée d’un combat rondement mené aurait certainement ce même effet sur lui pour l’éternité.
Mer 24 Fév - 19:08
Contraint de divulguer des bribes d’informations à sa possession, Noah prit un air plus sérieux.
— Il se terre dans les bas quartiers. Il vit caché. Il est pas là légalement. A quoi ça sert que vous le chassiez ? T’as vu, non ? Y’avait pas trace de crime chez lui. Y’a eu une bagarre d’animaux. C’tout. Donc tu l’arrêteras pour quoi ? Parce qu’il m’a fait cavaler à travers la ville et que j’ai été arrêté pour rien ?
June semblait oublier la vitesse avec laquelle Noah avait été remis en liberté. Donc il ne pensait sûrement pas que Noah pouvait avoir un certain poids dans la justice. Pas sa petite personne, mais ceux cachés dans son ombre. Ces gens-là pouvaient peser dans la balance et couvrir les « meurtres » causés par l’artificiel comme étant des actes de justice et de loyauté envers la couronne et surtout envers l’Église. Si Noah était en course, c’est que les forces de l’ordre habituelle n’y pouvaient rien.
Cependant June croyait en son travail et en des valeurs d’égalité. Il ne semblait pas du genre à accepter qu’on fasse justice soi-même. Dommage…
Soulagé de ne pas avoir à subir de savon, Noah observa le visage de son interlocuteur changer du tout au tout rapidement. Il semblait impatient de s’entraîner avec lui. Il n’y avait pas de raison. C’était dangereux. Il pourrait le blesser gravement à n’en pas douter. Noah l’écoutait. Pas fort en géographie, il mémorisa le maximum d’informations concernant l’emplacement.
— Ch’ai pas monter à cheval. Mais j’peux y’aller à pied. J’serai même pas fatigué.
C’était faux. S’il y avait plusieurs kilomètres à parcourir, il sera fatigué. Ce qu’il voulait dire, c’était que ça ne l’handicapera pas. En prenant le temps de reprendre son souffle, il sera rapidement d’attaque pour taper sur June.
— J’pourrai me battre comme j’veux ?
Le maniement de l’épée lui reviendra un minimum, mais Noah sera incapable de respecter tous les codes du combat. Il improvisera, car sa préférence allait au combat à mains nues. Au fond June le sentait peut-être et c’était ce qu’il attendait. Noah était incapable d’en avoir la certitude. Il n’arrivait pas à savoir ce que cet homme pouvait voir en lui. Il se demandait ce qui l’attirait autant.
— Prends c’qui faut pour t’soigner. Si t’es aussi lent que quand tu cours, tu vas morfler.
Loin de lui de se vanter, d’ailleurs il ne montrait rien d’arrogant. En bon animal, Noah avait simplement tendance à lécher ses plaies pour les désinfecter. Il ne connaissait que cette méthode à présent, alors il ne s’inquiétait pas pour lui. Une fracture méritait plus de soin bien sûr. Mais dans sa situation c’était compliqué d’être immobilisé. Il avait besoin d’être en mouvement. Rester enfermé ou caché le rendait fou.
— Il se terre dans les bas quartiers. Il vit caché. Il est pas là légalement. A quoi ça sert que vous le chassiez ? T’as vu, non ? Y’avait pas trace de crime chez lui. Y’a eu une bagarre d’animaux. C’tout. Donc tu l’arrêteras pour quoi ? Parce qu’il m’a fait cavaler à travers la ville et que j’ai été arrêté pour rien ?
June semblait oublier la vitesse avec laquelle Noah avait été remis en liberté. Donc il ne pensait sûrement pas que Noah pouvait avoir un certain poids dans la justice. Pas sa petite personne, mais ceux cachés dans son ombre. Ces gens-là pouvaient peser dans la balance et couvrir les « meurtres » causés par l’artificiel comme étant des actes de justice et de loyauté envers la couronne et surtout envers l’Église. Si Noah était en course, c’est que les forces de l’ordre habituelle n’y pouvaient rien.
Cependant June croyait en son travail et en des valeurs d’égalité. Il ne semblait pas du genre à accepter qu’on fasse justice soi-même. Dommage…
Soulagé de ne pas avoir à subir de savon, Noah observa le visage de son interlocuteur changer du tout au tout rapidement. Il semblait impatient de s’entraîner avec lui. Il n’y avait pas de raison. C’était dangereux. Il pourrait le blesser gravement à n’en pas douter. Noah l’écoutait. Pas fort en géographie, il mémorisa le maximum d’informations concernant l’emplacement.
— Ch’ai pas monter à cheval. Mais j’peux y’aller à pied. J’serai même pas fatigué.
C’était faux. S’il y avait plusieurs kilomètres à parcourir, il sera fatigué. Ce qu’il voulait dire, c’était que ça ne l’handicapera pas. En prenant le temps de reprendre son souffle, il sera rapidement d’attaque pour taper sur June.
— J’pourrai me battre comme j’veux ?
Le maniement de l’épée lui reviendra un minimum, mais Noah sera incapable de respecter tous les codes du combat. Il improvisera, car sa préférence allait au combat à mains nues. Au fond June le sentait peut-être et c’était ce qu’il attendait. Noah était incapable d’en avoir la certitude. Il n’arrivait pas à savoir ce que cet homme pouvait voir en lui. Il se demandait ce qui l’attirait autant.
— Prends c’qui faut pour t’soigner. Si t’es aussi lent que quand tu cours, tu vas morfler.
Loin de lui de se vanter, d’ailleurs il ne montrait rien d’arrogant. En bon animal, Noah avait simplement tendance à lécher ses plaies pour les désinfecter. Il ne connaissait que cette méthode à présent, alors il ne s’inquiétait pas pour lui. Une fracture méritait plus de soin bien sûr. Mais dans sa situation c’était compliqué d’être immobilisé. Il avait besoin d’être en mouvement. Rester enfermé ou caché le rendait fou.
Ven 26 Fév - 1:48
L’explication de Noah aurait sûrement eu plus de sens, si June avait su quoi y lire ou y entendre. Il comprenait, et partageait son opinion, cependant. Peu importe qui était l’homme dans ce foyer, il n’avait clairement pas semblé avoir un comportement normal. L’idée que l’homme puisse être l’un de ces maîtres des arènes. L’un de ceux qui orchestrent les combats interdits qui prennent place dans les bas-fonds de la ville lui traverse l’esprit. Des chiens sauvages, sûrement. Voilà ce que tout ceci devait être. Noah semblait être un fervent défenseur de la cause animale. Et pour cela, il comprenait sans mal que la justice n’avait aucune peine à appliquer à ceux qui causaient la douleur aux bêtes. Mais n’était-ce pas après tout normal ? June ne s’y connait qu’en matière de combat d’hommes. Mais peut-être devrait-il également se pencher sur ces affaires plus étouffées. Celles-là qui se passent derrière les huis clos mis en place par un peuple meurtri. Là où les Hommes n’en sont plus et retrouvent leurs instincts primitifs. Des bêtes qui ne pensent qu’à oublier par tous les moyens, fussent-ils le vice ou le mal.
Mais June est un ignorant. Ne réalise pas, dans sa petitesse d’esprit, qu’il y a un pan entier de ce monde qui lui échappe, bien au-delà des mystères du monde et des océans. Bien au-delà de ses béates croyances.
Le changement de sujet sera malgré tout parvenu à détourner son attention de son évidente inculture, et relevant sa cuillère en l’air il offre doucement.
« Je comprends que tu cours vite, mais si tu n’as pas de monture et que tu ne sais pas chevaucher, ça ne me dérange pas de t’emmener. Paris n’est pas si grande, sur quatre fers. Et le chemin serait plus sympathique accompagné. » Un silence et son sourire se fait plus joueur. Il ne sait pas dans quoi il s’engage. « Et puis si tu es fatigué en arrivant, j’aurais l’impression que le combat n’est pas équitable. »
Si seulement il savait. Mais heureux sont ceux qui la nuit trouvent le repos dans l’innocence. Puis qui était-il pour refuser l’idée d’un défi ? Garçon comme il était, l’idée de se battre avec un nouvel adversaire dont il ne connait ni la technique, ni les manies était une idée électrisante. Peut-être – sûrement – perdrait-il à plate couture. Cette perspective ne l’effraie même pas. L’adrénaline d’un combat juste était plus stimulante qu’il ne pourrait jamais l’avouer.
« Bien sûr ! Tu as des préférences ? Je m’entraîne généralement à l’épée, mais peut-être que tu préfères le corps à corps ? Je ne suis pas le meilleur mais je sais me défendre ! »
Ah, l’humilité ne l’avait pas rattrapé. Il n’a aucune idée de ce dans quoi il s’engage, et c’était sûrement encore mieux comme ça. Pour peu qu’il ait compris ce qu’était Noah, il aurait sûrement sauté sur l’occasion malgré tout. Parce que l’idée d’apprendre l’attirait plus que sa propre sécurité. Il devrait vraiment revoir sa copie et ses centres d’intérêts, avec le recul… Ah, trop tard, le mal est déjà fait maintenant ! Et de toute façon, il n’avait même pas encore conscience de tout cela.
« Pas de souci, je ferai le plein à l’infirmerie des baraques avant de te retrouver- »
Le dernier commentaire a le mérite de le faire rire de bon cœur, et alors qu’il tire sur sa miche de pain pour en manger un bout, il tend le gros restant à Noah, lui offrant de se servir sans un mot. Son sourire l’exprimerait mieux que des mots.
« Allez, cassons la croute en futurs frères d’armes. T’es peut-être plus soldat mais on a été forgé du même fer un jour dans notre vie. Lorsque l’on sait se battre, on ne l’oublie jamais. »
Mais June est un ignorant. Ne réalise pas, dans sa petitesse d’esprit, qu’il y a un pan entier de ce monde qui lui échappe, bien au-delà des mystères du monde et des océans. Bien au-delà de ses béates croyances.
Le changement de sujet sera malgré tout parvenu à détourner son attention de son évidente inculture, et relevant sa cuillère en l’air il offre doucement.
« Je comprends que tu cours vite, mais si tu n’as pas de monture et que tu ne sais pas chevaucher, ça ne me dérange pas de t’emmener. Paris n’est pas si grande, sur quatre fers. Et le chemin serait plus sympathique accompagné. » Un silence et son sourire se fait plus joueur. Il ne sait pas dans quoi il s’engage. « Et puis si tu es fatigué en arrivant, j’aurais l’impression que le combat n’est pas équitable. »
Si seulement il savait. Mais heureux sont ceux qui la nuit trouvent le repos dans l’innocence. Puis qui était-il pour refuser l’idée d’un défi ? Garçon comme il était, l’idée de se battre avec un nouvel adversaire dont il ne connait ni la technique, ni les manies était une idée électrisante. Peut-être – sûrement – perdrait-il à plate couture. Cette perspective ne l’effraie même pas. L’adrénaline d’un combat juste était plus stimulante qu’il ne pourrait jamais l’avouer.
« Bien sûr ! Tu as des préférences ? Je m’entraîne généralement à l’épée, mais peut-être que tu préfères le corps à corps ? Je ne suis pas le meilleur mais je sais me défendre ! »
Ah, l’humilité ne l’avait pas rattrapé. Il n’a aucune idée de ce dans quoi il s’engage, et c’était sûrement encore mieux comme ça. Pour peu qu’il ait compris ce qu’était Noah, il aurait sûrement sauté sur l’occasion malgré tout. Parce que l’idée d’apprendre l’attirait plus que sa propre sécurité. Il devrait vraiment revoir sa copie et ses centres d’intérêts, avec le recul… Ah, trop tard, le mal est déjà fait maintenant ! Et de toute façon, il n’avait même pas encore conscience de tout cela.
« Pas de souci, je ferai le plein à l’infirmerie des baraques avant de te retrouver- »
Le dernier commentaire a le mérite de le faire rire de bon cœur, et alors qu’il tire sur sa miche de pain pour en manger un bout, il tend le gros restant à Noah, lui offrant de se servir sans un mot. Son sourire l’exprimerait mieux que des mots.
« Allez, cassons la croute en futurs frères d’armes. T’es peut-être plus soldat mais on a été forgé du même fer un jour dans notre vie. Lorsque l’on sait se battre, on ne l’oublie jamais. »
Ven 26 Fév - 20:51
Fils de paysans, il avait côtoyé des animaux. Et ils sentaient bien leur environnement. Noah se demandait donc s’il n’effrayerait pas la monture de June. Il ressemblait à un loup et était carnivore. Il devait être un carnivore aux yeux des autres animaux. Il supposait qu’ils verront bien le moment venu. Il accepta donc la proposition de se faire conduire.
— Même fatigué, j’t’abattrai !
Noah se laissait finalement aller à une conversation plus joviale. Il avait oublié que ça faisait ça de parler à quelqu’un en toute insouciance. Ce sentiment que rien n’avait d’importance. Cette ignorance du monde extérieur. Ça lui manquerait presque.
— Pas d’préférence. Mais j’ai p’t-être un peu oublié comment on s’sert d’une épée. Ça fait longtemps. J’me sers plus de mes poings maintenant.
Griffes et crocs seraient plus exacts. Quoique les poings aussi, ça lui arrivait.
Le rire de June était léger. Il s’envolait dans les airs, inatteignable. Noah pourrait presque le voir s’étirer. Et ce rire si franc eut le mérite de lui arracher au moins un sourire. Même faible, même un peu perdu dans les commissures et plis de sa peau. Ce qui ne trompait pas était la remontée de sa peau sur ses joues et ses yeux qui se plissaient timidement et difficilement. Cette peau qui tiraillait à la moindre expression de visage. Mais ce n’était pas de la douleur. Du moins ce n’était plus assimilé à de la douleur. C’était un picotement trop faible.
En voyant ce pain tendu, Noah marqua quelques secondes d’hésitation. Et finalement il leva les mains, les secouant un peu pour faire descendre ses manches sur ses avant-bras. Ses doigts vinrent effleurer la croûte, la pulpe de son index plongea dans la mie encore molle. Et son sourire ne quitta pas son visage. Il était habitué au pain rassis ou dur comme la pierre. Quand il porta le pain à ses lèvres pour croquer un peu timidement dedans, ses yeux brillèrent. Ça faisait si longtemps qu’il n’avait pas goûté pareille chère. Ce n’était que du pain. Pour certains un élément basique de repas. Hors pour lui, c’était beaucoup plus que ça. C’était…
— Merci… marmonna-t-il contre son pain.
Il n’en dit pas plus et se contenta de grignoter son morceau comme un rat. Toutefois il ne toucha pas au reste de la nourriture de June. Il n’avait pas retrouvé l’appétit. Et ce morceau de pain était simplement trop bon pour être jeté.
— Même fatigué, j’t’abattrai !
Noah se laissait finalement aller à une conversation plus joviale. Il avait oublié que ça faisait ça de parler à quelqu’un en toute insouciance. Ce sentiment que rien n’avait d’importance. Cette ignorance du monde extérieur. Ça lui manquerait presque.
— Pas d’préférence. Mais j’ai p’t-être un peu oublié comment on s’sert d’une épée. Ça fait longtemps. J’me sers plus de mes poings maintenant.
Griffes et crocs seraient plus exacts. Quoique les poings aussi, ça lui arrivait.
Le rire de June était léger. Il s’envolait dans les airs, inatteignable. Noah pourrait presque le voir s’étirer. Et ce rire si franc eut le mérite de lui arracher au moins un sourire. Même faible, même un peu perdu dans les commissures et plis de sa peau. Ce qui ne trompait pas était la remontée de sa peau sur ses joues et ses yeux qui se plissaient timidement et difficilement. Cette peau qui tiraillait à la moindre expression de visage. Mais ce n’était pas de la douleur. Du moins ce n’était plus assimilé à de la douleur. C’était un picotement trop faible.
En voyant ce pain tendu, Noah marqua quelques secondes d’hésitation. Et finalement il leva les mains, les secouant un peu pour faire descendre ses manches sur ses avant-bras. Ses doigts vinrent effleurer la croûte, la pulpe de son index plongea dans la mie encore molle. Et son sourire ne quitta pas son visage. Il était habitué au pain rassis ou dur comme la pierre. Quand il porta le pain à ses lèvres pour croquer un peu timidement dedans, ses yeux brillèrent. Ça faisait si longtemps qu’il n’avait pas goûté pareille chère. Ce n’était que du pain. Pour certains un élément basique de repas. Hors pour lui, c’était beaucoup plus que ça. C’était…
— Merci… marmonna-t-il contre son pain.
Il n’en dit pas plus et se contenta de grignoter son morceau comme un rat. Toutefois il ne toucha pas au reste de la nourriture de June. Il n’avait pas retrouvé l’appétit. Et ce morceau de pain était simplement trop bon pour être jeté.
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