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Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

inventaire

Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
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Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915
Lun 29 Mar - 12:13
La réaction outrée de l’homme laisse Aimable indifférent.

Le Chevalier n’a pas l’énergie à s’excuser ; sa méfiance est justifiée. Le majordome du Duc… Aimable, d’un battement de paupières, glisse l’information dans son esprit. Il espère que l’Ouroboros n’ira pas l’y déloger. Le roux se recule et, le torse gonflé de fierté, s’éloigne d’un pas outré. Il lui trouve l’allure d’un coq qui, même lorsqu’il a les deux pattes dans le fumier, se dresse avec toute sa dignité…

S’il n’était pas entouré de cadavres, Aimable en aurait souri.

Un soupir ennuyé s’arrache de ses lèvres, et Aimable s’agenouille près des corps pour les étudier. L’homme semble avoir été pris par surprise. Aucune peur, sur son visage, seulement la stupeur, la brisure nette, pour autant, pas de traces de doigts, de contusion ou de choc… L’enfant, à ses côtés, a encore les yeux écarquillés. La posture de son corps indique qu’elle s’est retournée – avant qu’on ne l’ait saisie, elle aussi. Il a fallu d’une très grande force pour réussir à rompre ainsi leur nuque. Loups ? Morts sortis de terre ? Aucune de ces deux hypothèses ne le satisfait.
Il a déjà étudié leurs victimes. Les loups sont brutaux, ils déchirent. Et un vampire… Pourquoi aurait-il laissé ces proies sans leur vider de leur sang ? N’en a-t-il pas eu le temps ? Pourquoi a-t-on laissé les corps là, voulait-on qu’Aimable les retrouve ? Ou quelqu’un d’autre ? Est-ce un avertissement qu’une meute a laissé à une autre, ou bien Aimable est-il arrivé avant que l’on ne puisse récupérer les corps pour les dévorer ? Les nombreuses suppositions germent dans son esprit, sans y trouver de réponses ; au contraire, sa curiosité s’en attise. Sa main retrouve le poignet de l’enfant – la mort est-elle récente ? Bien sûr, il persiste encore un peu de tiédeur.

La sensation est désagréable.

Cette chaleur… Comme les braises d’une vie qui vient de s’éteindre.

Sa main préfère la relâcher. Comme s’il s’était brûlé. Aimable se redresse, ses côtes se replacent dans un craquement lugubre, étouffé par les protestations de ses articulations. Le chevalier retire sa cape, dévoilant l’écu qu’il garde toujours accroché à son épaule solide. D’un geste, il recouvre les corps, protège tant bien que mal la scène de crime. Alerte, il observe autour de lui, mais l’Ouroboros ne se manifeste pas. Ses sens sont réduits, ce sont ceux d’un simple humain, la frustration lui fait serrer les dents. Ses yeux ne discernent que des ombres mouvantes, les murs, la poussière, la saleté. Il ne perçoit que l’odeur de terre, d’humidité, celle, discrète, de la misère sous sa cape, d’une mort qui veille par-dessus son épaule. Son fumet n’est qu’une fragrance légère, si légère qu’Aimable se demande s’il ne l’a pas inventée.

La rue lui paraît si silencieuse et pourtant, son cœur bat dans sa cage thoracique, c’est un son dérangeant, sa vie, opposée à leur mort. Au loin, il perçoit les rumeurs des rues, des cris, des rires, la course d’un cheval, les aboiements d’un garde, la course effrénée de marmots.
Il devrait s’en aller. Prévenir le Comte. Mais Aimable ne parvient pas à se dégager.

Il attend. Aux aguets. Quitter la scène de crime, c’est prendre le risque qu’on lui retire ces morts, qu’on efface les traces. Il ne peut pas prendre ce risque. Finalement, un son lui fait lever les yeux. Le cliquetis familier d’une armure, deux gardes qui s’avancent. Aimable se redresse et alors que les hommes se figent face aux corps, il s’extirpe des ombres. Pourquoi personne ne le remarque jamais ? Pense-t-il avec agacement lorsqu’ils sursautent… Le bouclier et l’épée attestent de son rang, et Aimable ne perd guère de temps à se présenter.

_ Vous deux. Informez le Comte De Harcourt…


Face aux regards qu’ils s’échangent, Aimable se sent contraint de préciser.

_ Le chef des armées. J’ai retrouvé les deux fugitifs, ils ont été tués… Je garde la scène. On ne sait jamais si le coupable revient sur ses pas. Allez l’avertir et suivez ses directives. Je reste ici jusqu’à nouvel ordre.

Et vu que les deux n’ont pas l’air d’avoir inventé la poudre, Aimable décroche son bouclier, qu’il plante dans le sol devant les deux corps. Son bouclier les protège des regards – ou protège les autres de cette vision macabre. Sa main s’appuie sur le sommet de son arme alors qu’il désigne, aux gardes, la rue qu’il a empruntée.

_ Je suis Aimable De Bayard, Chevalier au nom de sa Majesté. Remontez cette ruelle… D’ici une demi-heure, vous devriez être arrivés à destination. Pressez le pas. La nuit tombe.

Finalement, les deux s’éloignent, d’un pas rapide. L’un se retourne nerveusement. Aimable les ignore, en réponse, il se rassoit de l’autre côté des corps, à même le sol. Ses coudes se reposent sur ses genoux et il ferme à demi les yeux ; il se fie à son odorat, son écoute, plus qu’à ses yeux usés. Il glisse une main le long de sa mâchoire, gratte nerveusement quelques poils drus, rabaisse ses doigts le long de sa gorge. Son souffle est lent.

Il veille.

Comme le chien de berger protège son troupeau, lui, ce sont des cadavres qu’il surveille. Qu’ils surveillent.

___________________________________________________

Une bonne heure plus tard, les deux gardes rejoignent la caserne, échangeant quelques mots entre eux.

_ Fugitifs ? Mais fugitifs de quoi ?

_ C’est plutôt le De Bayard qu’ils fuyaient nan ? T’as vu son regard ? A c’qu’on dit, son frère est encore pire… T’sais, l’Ours là. Ulric j’crois.

_ Ah oui, lui. Non mais lui c’est un cerbère. Une porte de prison.

_ ‘Fin t’as vu la sœur ?

_ … Une sœur ?

_ Ouais. L’Abbesse. A côté, l’Aimable, il…

L’homme, plus rustre que son partenaire, s’étrangle à la vue des bâtiments explosés. Son comparse, quelques secondes déstabilisé, reprend son sérieux.

_ Je vois. Les fugitifs.

_ … Y z’ont fait exploser la baraque !

Le plus rustre, inquiet, s’approche alors de quelques pas, accoste l’un des gardes.

_ Hey ! L’Tonio là ! Y s’est passé quoi ? L’est où le Chef ?

L’homme interpellé, le visage encore souillé de suie, s’essuie les joues d’un revers de manche.

_ Paul… Tu sais pas quoi ? Ca a été le bordel… On a choppé une voleuse, on allait la mettre aux fers et tout… tout a pété ! On a perdu Ignace…

L’homme crasseux baisse la tête. Ses yeux s’humidifient, mais il s’essuie d’un revers de manche. Il n’a que la vingtaine et le vieux Paul, malgré toute sa rudesse, a le cœur aussi gros que ses deux poings. Alors Paul s’avance, sa main vient maladroitement tapoter l’épaule de son camarade, vient même se perdre dans sa tignasse pour l’ébouriffer un peu.

_... Reprends-toi, gamin. Va boire un canon, j’m’en occupe avec Tanche.

Le dénommé « Tanche » s’offusque et grommelle.

_ Je m’appelle Tancrède…

Paul ignore l’intervention de son camarade. Tanche, il le reconnaît avec son beau petit parler, ses chaussures bien astiquées, sa bouille de gosse bien éduqué mais pas très débrouillard lorsqu’il s’agit de travailler. Ah par contre, pour réfléchir, ça, le loustic perd bien de son énergie ! Paul redresse les yeux, cherchant du regard la silhouette du Chef.

_ Y’est sûrement pas loin. L’chef, y est toujours au poste.

Le chef des armées, aux yeux de Tancrède, est un homme d’un charisme impitoyable. Face à lui, malgré ses talonnettes, il se sent minuscule et d’ailleurs, il se glisse nerveusement derrière la carrure trapue du Paul. Paul, lui, doit reconnaître que face au De Harcourt, il douterait presque de sa sexualité. Il a la peau de lait de sa Jeanne, mais pas ses formes.

Paul menant la marche, il finit par monter les escaliers et toque à la porte du bureau. Tancrède entrouvre les lèvres.

_ Tu es sûr ? On ne devrait pas envoyer un messager ? Il est sûrement occupé…

Paul ne répond pas. Lui, il fait avancer les choses et ne se préoccupe pas tant de se faire taper sur les doigts. La hiérarchie, il a du mal avec ça, mais tant qu’il respecte les ordres, hein, on va rien lui reprocher. Lorsqu’il reçoit l’accord, Paul ouvre la porte d’un coup d’épaule – Tancrède soupire, exaspéré.

_ Paul, il y a une poignée !

_ A la ferme, y’a même pas de serrure, lui crache Paul avant de saluer respectueusement le Comte, Chef !

_ Comte de Harcourt…, glisse humblement Tancrède en s’inclinant même légèrement.

_ On a croisé l’Chevalier De Bayard. Y’a trouvé les fusti…les futi…

_ Les fugitifs, murmure assez haut Tancrède.

_ Ouais, eux. Apparemment, y z’ont été crevés. J’pense pas par l’Chevalier, enfin y a dit qu’y restait là bas pour surveiller et qu’on d’vait attendre vos ordres. Y garde les corps… j’sais pas c’qu’y veut en faire…

_ Il a dit qu’il attendait de voir si le coupable reviendrait sur ses pas… Et j’émets l’hypothèse qu’il aimerait probablement avoir votre avis sur quoi faire des corps…

_ Pourquoi y les a pas portés jusqu’ici ?

_ Ils sont sûrement lourds… Et puis il ne faut pas déranger la scène, si jamais il y a des indices, peut-être avaient-ils des complices et qu’on les a éliminés pour qu’ils ne parlent pas…

Paul renifle. Apparemment, il n’a pas vraiment saisi le sens de ses mots – ou n’a pas envie de comprendre.

_ Moi, j’peux en porter 4 des comme eux. J’suis un solide.

_ On sait Paul. Mais on en parlera plus tard, glisse Tancrède, donnant un coup de coude à son partenaire. La fine équipe collabore assez bien, malgré leurs différences drastiques.

_ Si vous voulez, chef, on peut vous ram’ner là où on l’a trouvé… C’est près d’la Taverne aux écus, pas loin de la Tamise, dans un quartier un peu misérable… Tonio était pas vraiment bien, à l’entrée, j’lui ai dis d’aller s’aérer un peu la tête…

Le silence retombe, entre les deux hommes. Paul hésite, quelques secondes, puis reprend.

_ Mes condoléances… Pour Ignace…

_ Pourrez-vous transmettre… nos prières à sa famille ? Ose prudemment demander Tancrède, alors que Paul frotte sa nuque dans un soupir.

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Lun 12 Avr - 2:21
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En aucun cas la situation ne trouve-t-elle à s’arranger dans l’immédiat. La nuit est désormais tombée, et Eve par tous les moyens repousser les incessants voulant panser ses plaies. Maintenant n’est pas le temps de s’apitoyer sur leur situation. Le mal était déjà fait. Les choses devaient immédiatement être remises sur leur axe. Et d’un effort renouvelé, le Maréchal reprend ses ordres. Félicite à mi-mots et d’une tape sur l’épaule les braves qui ont souffert de la fumée et des flammes pour l’évacuation. Déploie un bandeau de soldats pour assurer la sécurité du périmètre et de l’extérieur de la partie endommagée de la bâtisse. Il n’est plus le temps de s’interroger sur les raisons de tout ceci. Chaque chose viendrait en temps voulu.

Maîtriser le peuple en extérieur fut le plus complexe. Plusieurs soldats furent missionnés de prendre les noms et adresses de celles et ceux ayant participé à l’effort contre l’incendie. Et si Eve savait décemment que tout n’était pas encore parfaitement sous contrôle, elle ne pouvait pas ne pas compenser l’effort de ceux qui avaient d’eux-mêmes offert leur assistance. Qu’importe le reste. Il faudrait des semaines avant que tout ne rentre parfaitement dans l’ordre… Et d’ici-là… Ah, d’ici-là, il lui restait encore bien des choses à faire.

Elle ne finit par retrouver son bureau qu’une fois toutes les affectations prises en charge… Assurée que le Marquis de Bellevallée ne se présenterait certainement pas à la caserne, il faudrait s’occuper de… tout ce qui découlait de cette fin funeste. L’épuisement est certain lorsqu’elle finit enfin par s’asseoir, ayant laissé à la charge de ses commandants de camp la tâche de superviser pour le reste de la nuit. Elle ne quitterait pas les lieux avant d’être sûre que tout était en ordre. Ou du moins, au mieux…

C’était sans compter sur l’irruption musclée de deux soldats. Eve relève les yeux sur eux, l’air impassible… Et ce qui lui est présenté aurait pu la faire sourire en dehors de ses fonctions. Mais à cet instant précis, elle pouvait parfaitement sentir la pointe d’une migraine tenter de s’inviter derrière ses tempes. Elle inspire lentement et les écoute avant de se lever, les interrompant presque.

« Messieurs, merci pour vos condoléances, elles seront dûment transmises au Marquis. Pour ce qui est du reste, ouvrez la voie, je vous suis. »

Non, elle n’avait pas de temps à perdre à écouter les babillages de ces deux soldats. Si les deux hommes reprennent leur conversation, elle n’a aucunement l’intention de prendre de longs détours ou de perdre le moindre instant pour rejoindre le chevalier de Bayard. Cette fois-ci, c’est à ses ordres que le trio quitte à nouveau la caserne à cheval. Eve fait envoyer qui de droit avertir la permanence du Palais de Justice, tandis qu’un charriot, plus lent, les rejoindra sur place pour récupérer les dépouilles des fugitifs.

L’heure que les hommes avaient mis à revenir aux quartiers armés se coupe de plus de moitié, et c’est au bruit des sabots claquant sur le pavé qu’Aimable saura que sa solitude est désormais rompue. Halte est offerte aux deux soldats à qui Eve indique de garder chacune une extrémité de la ruelle. Et c’est seulement lorsqu’elle est assurée que la scène n’attirera pas davantage de badauds qu’elle descend de sa monture et rejoint Aimable. La scène est… macabre, en tout état de cause. Mais elle ne la choque pas, non. Pas plus que la réalité de tout ce qui était déjà en train de se passer à Paris.

« … Redressez-vous… »

Ses paroles sont autoritaires, mais manquent de toute ire ou reproche. Il n’est rien qu’Aimable ait pu faire contre tout ceci. Un soupir et elle détourne les yeux de la scène, bleu contre cette couleur terne qu’est devenue le regard du chevalier.

« Rapport, chevalier. »

Elle avait déjà entendu tout ce qu’il y avait à entendre, en réalité. Mais les paroles d’Aimable feraient foi… Et lorsqu’enfin, le fin mot de ces faits est annoncé, c’est d’un simple hochement de tête qu’elle rajoute, plus calme, seulement à lui.

« Vous avez fait du bon travail. Je ne regrette pas de vous avoir accordé ma confiance. Merci, Aimable. »

Il n’est pas de convenance d’ainsi s’adresser à ses hommes. Mais ici, il n’était plus tant question de hiérarchie que d’établir un lien informel. Les grades n’ont pas lieu d’être, lorsque l’inexplicable se déroule sous leurs yeux. S’il avait fallu perdre trois individus en une nuit pour acter cette nouvelle dynamique… Eve s’en contenterait. Un allié sûr vaudra éternellement mieux que toutes les âmes en perdition.

❤
Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

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Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
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Espèce : Humain
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Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
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Ven 30 Avr - 11:01
Le temps lui semble long.

La rue est plongée dans les ombres. La mort rôde, il la connaît bien, d’habitude, c’est dans ses veines qu’elle se faufile. Il sent son souffle froid sur sa nuque, il l’entend soupirer – lorsque ses yeux se tournent, ce n’est que pour observer les cadavres froids, leur peau qui se blanchit. L’étreinte de la mort saisit lentement mais sûrement leurs chairs ; ses baisers glacés figent, à jamais, leurs doigts, leurs yeux écarquillés qu’il n’a pas refermés. Il a prié pour leurs âmes, bien qu’il ignore si Dieu leur offrira le pardon après ce qu’ils ont fait. La mort tourne parfois les yeux vers lui, il a la désagréable sensation qu’elle cherche son regard. Il a peur de la voir. Alors, dans ces moments, Aimable ferme les yeux et incline la nuque, il attend.

Comme ces nuits où l’Ouroboros se faufile, où il attend qu’il s’endorme pour l’emporter. Le son des griffes sur le plancher. Le grincement de la porte puis la pression du vent frais sur ses plaies béantes, les parfums qui l’assaillent, sang dans les naseaux.

Ses yeux se rouvrent, avant que la Voix ne se soit réellement réveillée. Les bruits qu’il perçoit sont celles d’une vie lointaine ; l’innocence de quelques éclats de rires éméchés, des jeunes qui s’alpaguent, une mère qui crie à ses enfants de rentrer, le hennissement d’une monture fatiguée.

Ses muscles sont relâchés, il ressent les courbatures familières mais ne bouge pas, comme par crainte de briser le calme de cet instant funèbre. Comme si, par son mouvement, il allait éveiller les morts et qu’ils allaient se lever ! La Voix l’a tant mis en garde contre ces Morts qui hantent les terres et il sait qu’Eve en fait partie. Il ne connaît rien ni des vampires, ni des rituels, une méconnaissance totale qui laisse libre cours à son imagination, au point où il se demande par quelle malédiction certains cadavres s’extirpent de terre sans pour autant pourrir. Sont-ils des élus de Dieu ? Non. Hérésie. Y penser lui arrache un frisson de dégoût. Non. Ce sont des créatures maudites.

Qu’en serait-il de lui ? Toute sa vie, il s’est convaincu que la Mort le libérerait de son fardeau, si l’Ouroboros devenait incontrôlable. Au point de considérer son décès comme son ultime échappatoire : la solution qui résoudrait tous les problèmes. Penser que des morts pourraient se relever… Lui fait craindre qu’il ne sera jamais libéré.

Entouré de cadavres, seul dans cette place sordide et misérable, Aimable se sent soudain étouffer. L’air lui manque, il ressent la pression sur sa cage thoracique, son souffle qui s’affole et le battement lugubre du cœur contre ses os. Peut-être ne sera-t-il jamais libéré. Hantera-t-il ces terres à jamais ? Inhumain. Monstrueux. L’Ouroboros et non plus Aimable, il ne restera de l’Homme qu’un Monstre que tous détesteront, maudiront au point d’oublier le Chevalier qu’il a été. Si la Mort ne peut pas mettre fin à son ire, combien de massacres mènera-t-il ? Cette idée est si effrayante qu’il a l’impression d’en trembler. Finalement, Aimable préfère se redresser, il fait quelques pas, tourne son attention vers les corps. Il les observe une nouvelle fois, pour s’occuper l’esprit, avant de retourner à sa place.

Il se sent comme un chien en cage.

Une cage dont il ne pourrait jamais sortir.

Non. Il faut garder espoir. Dieu écoutera ses prières. Dieu y répondra. Un jour, Dieu lui accordera le repos. Peut-être pas de pardon, ni de rédemption. Mais l’espoir que son corps restera enterré et que l’Ouroboros, sera prisonnier de son écrin de chair, au moins jusqu’à ce qu’elle ait fini de se nécroser.

Le son de sabots l’alerte. Il redresse la tête et se sent étrangement soulagé d’avoir de la compagnie – aussi morte soit-elle. Il se relève à l’apparition d’Eve et à son ordre qu’il a à peine écouté. Il faut dire que la douleur dans ses reins l’invite au mouvement, un craquement osseux confirme ce fait et Aimable croise simplement les bras sur son torse, inclinant docilement les prunelles face au regard d’Eve. Par habitude, il préfère observer ses lèvres lorsque le Chef des Armées s’adresse à lui ; ses yeux ne viennent plus affronter les siens. Plus maintenant que l’Ouroboros est plus serein.

_ Sous votre commandement, j’ai pris en chasse les deux présumés responsables de l’attaque. Arrivé sur les lieux… J’ai trouvé les corps dans cette position. Ils ont été tués. D’une manière assez peu commune. L’homme et l’enfant ont eu tous deux la nuque brisée, purement et simplement, par une force importante. Je n’ai pas observé l’emploi d’une quelconque arme, il n’y a pas traces de strangulations ou de coupures, pas de blessures contendantes ou pouvant témoigner d’un possible combat. L’agresseur qui a agi a été efficace. Rapide. Et fort. Très fort, pour ainsi rompre la nuque d’une simple pression sans infliger d’autres lésions, en ignorant la résistance naturelle des muscles. Je pense que l’homme a d’abord été attaqué, puis l’enfant… Enfant qui n’a pas eu le temps de s’enfuir. Vu la posture de son corps, il s’était probablement retourné pour voir la scène avant de se faire lui-même exécuter.

Aimable retombe dans le silence quelques secondes, avant de reprendre.

_ A mon arrivée sur les lieux, j’ai été interpellé par un homme, de grande taille, aux longs cheveux rouges. Il s’est présenté sous le titre de Majordome du Duc de Bourgogne, se trouvait sur la scène du crime lorsque je suis arrivé… néanmoins, il m’a précisé n’être que de passage et n’avoir rien vu de la scène.

Au compliment discrètement glissé de la part d’Eve, Aimable ne parvient pas à dissimuler sa surprise. Issu d’une famille où les compliments sont une denrée bien plus rare que l’or, il ne sait pas tellement comment réagir. Plus encore lorsqu’il considère le contexte de leur rencontre. Ses bras se croisent dans son dos, alors qu’instinctivement, il se tient avec dignité, la tête légèrement baissée.

_ Je vous remercie pour ces mots. Bien que j’estime ne pas en être digne. Je n’ai fait que mon devoir.

Ses yeux se détournent vers le cadavre de l’enfant. Et malgré lui, son cœur se serre. Douloureusement. Ses prunelles reviennent songeusement sur l’arme que le Chef des Armées garde à ses côtés.

_ J’ai fait vœu d’assurer la protection de la veuve et de l’orphelin. De ceux dans le besoin. Et je dois admettre qu’il est parfois complexe de se soumettre à des lois qui vont contre certaines de mes valeurs. Le monde n’est pas aussi simple que je l’aimerai. Parfois, les lois que je veux défendre s’opposent aux vœux que j’ai réalisés quand j’ai souhaité être Chevalier.

Il élève prudemment les yeux vers les lèvres d’Eve, de nouveau.

_ Je respecte votre autorité en tant que Chef des Armées et m’efforcerai de suivre aux mieux vos directives. Je vous présente mes excuses pour le manque de respect dont j’ai pu faire preuve. Il me semble aussi préférable que je vous avertisse que certaines situations peuvent me contraindre à faire un choix. Respecter les lois que nous devons faire appliquer ou respecter les devoirs pour lesquelles j’ai dédié ma vie. Je ne suis pas comme vous. Je ne suis pas intelligent. Pas assez pour proposer à mes différentes alliances… Un choix qui leur conviendrait à chacune.

Aimable laisse planer un silence, avant de reprendre. Doucement.

_ Tout à l’heure. J’ai compris que vous aviez une idée en tête, une idée qui pouvait apaiser cette situation de conflits, entre mes différents devoirs. Je vous en remercie.

Il a murmuré ces mots, de sa voix laconique, le visage imperturbable. Il s’étonne lui-même de la simplicité avec laquelle il a réussi à s’exprimer. Être seuls, dans cet endroit calme, en présence de la Mort, lui donne peut-être un courage qu’il ne pensait pas avoir. Ou bien… Ce sont les remerciements d’Eve qui l’ont invité à abaisser les armes. Le silence de la Voix est, en soit, un élément que l’on ne peut négliger. Aimable se sent plus apte à réfléchir, penser, parler. Sans ses interventions – ses interruptions.

_ J’ai confiance en vos convictions et vos implications. Je respecte vos décisions.

Finalement, intimidé, Aimable préfère s'avancer d'un pas vers les corps, concluant, à ses yeux, la discussion.

_ Je suis surpris de cette mise à mort. Jusqu'à présent... je n'ai jamais assisté à un meurtre aussi... efficace. Sans sang, sans cris. Etaient-ils plusieurs ? Et pourquoi auraient-ils agi ainsi ? Eliminaient-ils des complices ? Pourquoi ? Pour se protéger ? ... Hm. Cela reste une perte de temps et de moyen, l'acte commis par ces criminels semble avoir un but symbolique, ils souhaitaient porter un message. Si tel était le cas, il devait s'agir d'un groupe soudé, alors pourquoi évincer leurs collègues ? A moins qu'ils n'aient seulement souhaité s'en débarrasser.
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Ven 21 Mai - 16:49
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La scène est bien moins lugubre qu’elle ne l’aurait attendue. Non pas que la mort soit une vue facile – quand bien même elle l’était, depuis les années –, mais plutôt une compagnie habituelle, désormais. Les deux corps inertes au sol sont sans nul doute ceux des deux individus pris en chasse. Les yeux bleus parcourent la silhouette élancée d’un adulte sali de suie et de poudre… Puis contre le pavé, gît à ses côtés la forme plus frêle d’une enfant. Une lycanthrope. Une créature de la nuit s’étant affichée aux hommes sans le moindre doute possible. L’absence de sang l’empêche de déterminer si l’homme était également autre qu’humaine… Mais sa contemplation ne dure pas, interrompue par la voix terne et fatiguée d’Aimable.

Les explications sont celles d’un rapport mené à bien, dans la juste conclusion des faits. Leurs nuques avaient probablement été rompues, entraînant une mort quasi immédiate. Une chose qu’aucun humain n’aurait pu faire, face à au moins une créature. Et non sans la moindre trace d’affrontement. Pas la moindre égratignure. Pas le moindre effluve, même ténue, d’hémoglobine. Eve détourne les yeux et reporte son regard sur la scène, là où tout semble s’être figé dans le temps. Où un mystère se mêle à l’odeur de fumée qu’ils ont emportés avec eux dans leur grande échappée.

Pourtant un détail retient l’attention du maréchal. La présence d’une tierce personne sur les lieux du crime. Si l’information qu’il s’agisse d’une connaissance du Duc de Bourgogne froisse un instant les sourcils d’Eve – pourquoi diable l’un des hommes d’un conseiller de sa Majesté s’adonnerait-il à pareil massacre ? Et s’il en était bel et bien le cas, pourquoi rester sur place ? – c’est un tout autre détail qui retient son attention. Bleu contre le gris passé des yeux fuyants du chevalier, la mention d’une chevelure de feu réveille en elle une incertitude grandissante. Le souvenir d’une rencontre d’une allure similaire, quelques semaines plus tôt, aurait de quoi lui refroidir encore davantage le sang. Elle savait de sources sûres que d’autres créatures erraient dans Paris… Mais celui-là… Celui-là, s’il était le coupable, venait de faire une démonstration bien individualiste de ses capacités. Une chose dont elle doutait. L’homme qu’elle avait rencontré… ce vampire… Il n’aurait pas révélé ainsi sa véritable nature. Pas devant un témoin. Même si…

« Nous ferons état de ces faits dans votre rapport… Quant à ce prétendu Majordome, il serait probablement préférable de le voir convoqué afin de l’interroger dans des circonstances moins… Lugubres. »

L’envie de confirmer qu’il s’agissait ou non de l’individu qu’elle avait si instinctivement craint ne la rassure pas. Mais voir son sang glacé d’effroi n’était pas une option. Pas dans ces circonstances. Mais Aimable semble déjà rendu à un sujet tout aussi délicat. Plisse doucement les yeux et relève le menton, jaugeant l’homme qui si impunément semble souligner qu’il ne répondra pas à tous les ordres. Un homme qui déjà avait fait preuve de comportements que d’autres qualifieraient de déviants.

D’un simple geste de la main, Eve retient les paroles d’Aimable. Les oreilles indiscrètes pourraient poser problème. Se tournant vers les gardes s’étant joint à son arrivée, Eve leur ordonne de façon succincte et claire de faire amener de quoi emporter les corps et disposer dignement de ceux-ci. Une enquête devrait être ouverte. Il faudra sans nul doute saisir le parquet et s’adresser au Palais de Justice… Lorsque les deux soldats s’exécutent, quittant les lieux dans le battement sourd des sabots de leurs montures. Un dernier regard en arrière, et elle s’assure qu’aucune âme ne rôde avant de tourner sa pleine attention sur Aimable. Aimable et ses convictions. Aimable et la prétention de croire qu’il peut aussi ouvertement promettre de ne pas respecter les ordres.

« Avant tout ceci. » Souffle-t-elle en parlant visiblement des déductions de l’autre homme. « Laissez-moi vous rappeler que les lois ne sont pas toutes justes, mais constituent la justice. Que la justice, qu’importe votre nom, votre titre, ou votre statut, ne peut être impunément bafouée. L’éthique est la seule chose qui retient la balance de vos décisions, aussi bien que les miennes. Vos valeurs ne sont pas à discuter. Maréchal ou non, je ne peux être juge de tout ceci. »

Son calme est olympien, mais la suite. La suite est plus claire. Plus tranchante. Autoritaire et franche.

« Mais en tant que Maréchal, entendez, Monsieur de Bayard, que sous mes ordres, si vos choix vont contre la loi, et que ces faits me sont rapportés, les conséquences seront à votre charge. Qu’importe vos croyances et vos maux. Vos convictions ne sont que ceci. Personnelles et arbitraires. S’il est de mon devoir d’appliquer la loi, les affinités et les grades ne vous protégeront de rien. Lorsque nous rentrerons aux quartiers militaires, vous signerez la décharge qu’a endossée le Duc van Heil en votre nom. Mais n’oubliez en aucun cas que je ne détournerai pas les yeux d’une faute. Vos erreurs entraîneront des conséquences. Et celles-ci saliront la réputation et les noms de ceux qui choisissent de croire en vous. Ne voyez en ces propos aucune menace. Entendez simplement la réalité, Monsieur. Chacun de vos choix portera ses fruits. Si ceux-ci sont mûrement réfléchis ou faisandés de pourriture, il ne tient qu’à vous de savoir en faire la part sciemment. »

Non, il ne s’agit pas d’une réprimande. Ni même d’une mise à pied. Mais Eve n’est pas aveugle. Voit la différence entre le vaillant, le preux, et le justicier. Mais un justicier ne sera jamais roi. Les justiciers servent les intérêts de quelques-uns, et non pas ceux du plus grand nombre. Et si, pour honorer ses engagements auprès de sa Majesté, Eve devait venir à sanctionner ceux qui entravaient à l’application de la loi… Eve accepterait de devenir bourreau.

Un soupir, et l’aura de force s’estompe tandis qu’elle rajoute plus doucement.

« Ceci restera entre nous, Monsieur de Bayard. Mais sachez que mon regard ne vous quittera pas. Vous n’êtes pas un homme seul. Vous faites parti d’un tout. Et le tout pâtira des torts même du plus infime des nombres. »

Aujourd’hui plus encore qu’hier, l’armée serait sous le feu des projecteurs. Elle ne pouvait risquer que les actions d’un viennent éclabousser la traine de Victoire.

« Concernant cet incident, le mal est d’ores et déjà fait. Le coup porté à notre autorité est franc et massif. Et s’ils ne sont pas la seule faction dans les rues de la capitale à pouvoir ainsi attaquer un bastion du pouvoir de ce royaume, alors nous n’en sommes qu’au début de nos problèmes… » Un soupir, elle repousse ses cheveux et croise les bras, contournant Aimable pour observer la scène. « Peu importe ce qui s’en est pris à ceux deux individus, ils ont démontré de plus de ruse que ce que nous avions pu envisager. Notre si belle éthique nous aura poussé aux flammes qui lèchent encore nos quartiers généraux. Et ces flammes pourraient être attisées par quiconque se trouve plus puissant que ces deux âmes. »

Un mouvement lent et elle murmure, suffisamment fort pour qu’eux deux seuls puissent l’entendre.

« Peu importe qui sont ces deux personnes, et qui aura mis un terme à leur existence… Le message est clair. Ils veulent semer la terreur… Et c’est à nous qu’il revient de ne pas leur céder. »

❤
Aimable E. De Bayard
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Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
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Espèce : Humain
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Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
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Lun 31 Mai - 11:08
La dureté du regard qui lui adresse est une lame que l’on pointe vers sa gorge.

Son cœur bat. Lentement. Les bras croisés dans le dos et le port droit, Aimable attend patiemment sa sentence.

Résigné. Déterminé. La volonté toujours aussi affutée, malgré la lassitude de son regard, la fatigue qui pèse sur ses épaules. Le regard toujours fixé, droit devant lui ou sur les pavés, ignorant les hommes ou les obstacles qui se dressent entre lui et sa rédemption tant espérée. La seule justice à laquelle il croit est celle de Dieu ; celle des Mortels est corrompue par leurs vices, les ambitions, les affections, ces « valeurs » auxquelles tous se raccrochent.

La Justice des Hommes est à leur image : subjective. Et quitte à courber l’échine face à des lois, ce seront celles qu’il aura choisies, pas celles qu’on lui imposera. La réalité que lui dépeint le Maréchal est une qu’il ne connaît que trop bien. Les marques qui lacèrent son dos, ses bras, sont les punitions qu’il s’inflige pour chaque erreur commise. Les conséquences de ses actes, il en a conscience, elles hantent sans cesse ses rêves et traquent ses pensées. Les remords et les regrets sont les loups qui suivent la Voix, ils se nourrissent du sang qu’Elle verse, des massacres qu’elle sème.

Depuis sa naissance, chaque jour est une malédiction. Chaque heure apporte ses erreurs et chaque erreur gâche ses heures d’existence. Il ne se passe pas une seconde sans qu’il ne pense à ce qu’il a pu faire, ce qu’il fera. A la mort qui rôde. Le suit-elle ou est-ce elle qui l’attend ? Tout ce qu’il espère, c’est que Dieu épargnera sa femme et ses enfants.

Depuis sa naissance, chaque jour est un combat. Combat, contre l’Ouroboros, contre son humanité souillée, prisonnier d’une société dont les Lois ne servent qu’à contraindre la réalité. A l’étrangler, sous l’étau de mains d’acier, quand ce ne sont pas les lames qui viennent évincer les criminels.

Quelle justice vient l’épargner ? Aimable n’a peut-être jamais fait sauter de bâtiments administratifs ou militaires, mais il sait qu’il a tué. Qu’il a tué plus de monde que l’enfant qu’on vient d’emmener. Chevalier, combattant aguerri, le sang ne coule plus seulement dans ses veines mais s’est incrusté sous les ongles, dans les imperfections de son derme. Il a tué et le poids des morts pèse sur son dos, il assume les conséquences de ses choix – sa moralité ne lui laisse guère l’opportunité d’oublier.

Pourquoi ne l’a-t-on pas condamné ? Car des amis bien placés l’ont protégé. La Justice est Humaine, elle s’appuie sur des valeurs que la société veut défendre mais se laisse troubler par l’affection, la compassion, le pardon. Sans ces faiblesses, comment la considérerait-on. Monstrueuse. Tyrannique.

Il comprend l’intérêt de ces lois, la Société n’a d’autres choix de rétablir un peu d’ordre. Il a conscience qu’un écart pourrait le pousser à l’échafaud. Ses déboires sont nombreux, et sa propre famille a commis des massacres sous le couvert des croisades, sans jamais être menacés par la justice. Pour autant, ce sont eux qui pensent aux morts. Qui entendent leurs cris, lorsque tombe la nuit.

Aucune justice n’équivaut celle de Dieu. Il sait qu’il ira en Enfer – bien que Constantin lui ait donné l’espoir d’une rédemption.
Ses yeux restent chaotiquement sereins, sous ses paupières, le ciel et la mer s’affrontent sans qu’aucune émotion ne trouble leur combat. Il n’y a que cette triste résignation.

La force du Maréchal est indéniable. Bien supérieure à la sienne. Mais il ne se sent pas pour autant fléchir. Il est déjà à genoux.

Quelle rédemption doit-on attendre, se demande Aimable. C’est une Voix pleine de crocs qui lui répond et sa réponse lui arrache un frisson effrayé. L’ambiance lugubre accentue la menace de ses mots, et l’autorité du Maréchal est une main qui le maintient. Ses mots sont une étreinte. Elle empoigne sa tignasse, le contraignant à rester dans l’instant, avec lui, à ignorer la Voix. Ignorer ses terribles promesses, sa présence qui ronge son humanité, attaque ces valeurs auxquelles Aimable s’efforce de s’accrocher.

Peut-être n’a-t-il plus la force de défendre ces Lois « universelles ». Ou peut-être ont-elles perdu de leur pertinence, lorsqu’il voit la réalité. La vraie. Celle où des innocents meurent alors que des criminels, comme lui, sont épargnés. Dieu n’est pas responsable ; ce ne sont que les hommes et leurs vices.

A peine né, alors qu’il n’avait pas même l’esprit d’agir, l’Ouroboros était déjà là. Blessant son corps fragile de ses griffes, lacérant son esprit de cauchemars. Berçant son enfance de ses berceuses sanglantes, de sa présence constante, d’une tendresse haineuse, faite de protection et d’aliénation. Condamné, dès ses premières heures de vie, à faire verser le sang de sa mère, le sang d’autres, à souffrir avant d’avoir commis un crime. Portait-il les conséquences de la folie de son père ? De ses incompétences ?

Les Lois ne sont plus une menace quand Dieu lui-même a toutes les raisons de vous renier.

Alors pourquoi continue-t-il à vouloir servir les Hommes ? Pourquoi hoche-t-il la tête, lentement, aux mots du Maréchal ? Soumission, ou acceptation. Aimable aimerait croire en la Justice. Il admire le courage doublé d’innocence de June. La dévotion implacable du Maréchal et son intelligence. La force d’Ulric et sa résignation. Il n’a rien de tout ça.

Il n’est qu’un faible. Préférant se trancher la chair que mettre fin à sa vie. Souffrir, plutôt que mourir. Espérant que la douleur vécue sur Terre finira par purger le vice de son âme et lui permettra d’atteindre le paradis.

Il reste un gamin plein d'espoir. Un homme désespéré, qui n'arrive pas à abandonner.

Et finalement, les paroles du Maréchal lui paraissent plus justes. C’est une vision de la justice utopiste et étriquée, bien loin de la réalité. Et pourtant, il se sent prêt à la défendre. A la protéger.

Homme, il admet ses faiblesses et ses vulnérabilités. Sa loyauté, il ne peut pas la lui promettre. Pas tant que l’Ouroboros vivra dans ses veines. Mais son âme se battra pour ces idéaux. Pour offrir une justice à tous – non pas une justice implacable, mais une justice capable de compassion. Le Maréchal lui-même a failli manquer à ses devoirs. Face à la voleuse, il aurait pu faire preuve de tolérance voire de pardon.

Il a vu cette douceur étouffée sous l’autorité, il a cru percevoir cette chaleur sous cette écorce glacée.

Chaleur qui revient, quand le Maréchal reprend la parole. Lui rappelant qu’il n’est pas seul, qu’il appartient à un groupe. Quel groupe ? Aimable a toujours été un homme discret et effacé, privilégiant l’obscurité. Son titre est un parmi tant d’autres, il est au plus bas de la noblesse. A ce jour, aucune responsabilité ne le contraint à se trouver dans la lumière – à son plus grand soulagement. Comment réagirait l’Ouroboros face à tant de clarté ? Serait-il animé d’une de ses envies suicidaires et destructrices ?

A cette pensée, son cœur s’accélère. Une boule se forme dans sa gorge, alors qu’il baisse plus encore les yeux. Est-il effrayé par l’idée d’appartenir à un groupe ? Probablement. Il ne s’en sent pas digne. Le loup dans un troupeau. Ce destin s’est imposé à lui, celui d’être Chevalier, comme ses frères avant lui. Il n’est pas seul, il le sait, il ne l’a jamais été. Mais personne ne peut porter son fardeau et c’est finalement seul qu’il doit avancer, la peur au ventre, les poings serrés, la gueule et l’honneur cassés. Les cheveux déjà grisés, la peau maculée de cicatrices, les yeux toujours hantés de batailles qu’il est contraint à mener.

La menace portée sur le Royaume ou les insultes adressées à la Reine au travers de ces attaques lui passent bien au-dessus de la tête. Il sait qu’il a peu de temps à vivre et il ignore si son existence aurait une quelconque influence sur son règne. Si ça n’avait pas été eux, d’autres seraient tombés dans le piège.

Ses yeux s’élèvent jusqu’à s’unir à ceux d’Eve. Quelques secondes. De longues secondes, où sa pupille reste ce qu’elle aurait toujours dû être.

_ Avez-vous déjà traqué un sanglier ? Jusqu’à ce que son souffle ne soit plus que des grognements rauques. Jusqu’à ce que sa fourrure soit souillée de sang et sa chair, mise à nu.  

Ses prunelles s’égarent. Des rêves faits de violences, de sauvagerie, de jardins de carne épanouie, aux épines faits d’os saillants, qu’il dissimule sous ses paupières protectrices.

_ Le sanglier redouble d’assaut. Il a peur. La peur le tient au ventre. La peur le fait se tenir et se battre jusqu’au bout. Sans la peur, Maréchal, beaucoup d’hommes se laisseraient mourir. La peur est ce qui donne la force de se défendre. Elle s’arme de colère. Elle nous apprend à protéger ce qui nous est cher. S'ils veulent nous effrayer, nous ne devrons devenir que plus forts.


La peur est sa compagne familière. Ennemie ou alliée de l’Ouroboros, Aimable voit en elle l’ultime rempart qui le sépare du monstre.

_ Si c’est la peur qu’ils voudront semer, nous tiendrons. Rappelez à vos hommes ce pourquoi ils se battent, les valeurs qu’ils voudraient défendre, le nom et le pays qu’ils veulent protéger. S’ils ont de l’affection pour la Reine et l’armée, combien même auront-ils à affronter des menaces ou des attaques, ils ne failliront pas.

Aimable fixe la terre, la poussière, qu’il effleure du bout de sa chaussure dans un soupir.

_ La réalité, hm. La réalité… est que l’armée est composée d’êtres humains. Certains, comme vous et moi, sont présents par conviction. Par valeurs, par éducation. D’autres… sont là pour nourrir leur famille avant même de servir la Reine. Ceux là sont plus nombreux. Et ceux là sont ceux qui pourraient abandonner leurs postes, ou s’affaiblir face au danger. Pourquoi risqueraient-ils leur vie à protéger une personne qu'ils connaissent à peine ? Certains n'ont pas appris à l'aimer, certains préféreraient rester en vie avec leurs enfants, que mourir pour défendre un titre sans visage.  Alertons les des risques, encourageons leur bravoure et le renforcement de leurs liens. Qu’ils protègent leurs amis, leur pays, l’armée qui les a accueillis, notre Majesté. Peu d’hommes manquent de bravoure quand il s’agit de se battre pour protéger quelque chose auxquels ils tiennent. Peut-être vous serait-il possible de demander à la Reine un message à l'adresse de nos soldats ? Ou offrir à vos troupes l’occasion de se rencontrer, les féliciter pour leur travail ? Je sais que c’est ce que vous faîtes… l’on vous dit proche de vos hommes. A connaître chacun de leurs dossiers. Et cette démarche est appréciée.

Aimable ne fait fi de son rang. Longtemps, il a entraîné avec son frère les plus jeunes troupes, leur offrant sa surveillance alliée d’une étonnante bienveillance, sa timidité rude et son écorce dure, son cœur tendre et son parler brut.

_ Nous avons besoin de la Reine. De sa bienveillance et de son courage pour galvaniser nos hommes. La réalité est qu'elle a besoin d'eux et qu'ils ont besoin d'elle.

Lui le premier. La Reine... S'appelle Victoire. Ou Victorine ? De quoi a-t-elle l'air ? Il espère que ses propositions seront acceptées ou, au moins, entendues par le Maréchal. Finalement, il change de sujet. Les thèmes qu'il a abordés sont abstraits, et finalement, le pragmatisme militaire lui revient.

_ Nous devrons nous attendre à une prochaine attaque. D’ici quelques semaines ou quelques mois. Le message qu’ils ont voulu transmettre manque de clarté et je ne serais pas surpris qu’ils veuillent le préciser. Les accès aux différents bâtiments militaires mais aussi administratifs devront être davantage surveillés. Je m’interroge sur… les causes du décès de ces personnes. Peut-être l’investigateur de ces attaques a voulu les réduire au silence pour se protéger. Ou peut-être s’agit-il d’un allié impromptu. Quoi qu’il en soit, nous devons rester méfiants.


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Jeu 3 Juin - 18:32
In your lurking shadow


Eve patiente écoute un curieux sermon lui être adressé. Quand elle imaginait Aimable de Bayard, c’était à l’image de celui qu’elle avait connu de loin, au travers des fenêtres fermées et des voilages tirés au domaine de sa famille. Un homme prudent et droit et pourtant terriblement discret dans sa gauche existence d’imposant colosse. Il est des choses qu’elle a ouïe dire et d’autres qu’elle aura dû attendre des années pour pouvoir d’elle-même les constater. La force d’esprit de ceux ayant pris le nom de cette famille est indiscutable en chacun des enfants devenus parents d qui ont foulé ce domaine. Pourtant c’est bien loin de ses terres qu'Aimable se tente à un exercice bien particulier : celui d’imposer son autorité. Loin de son territoire. Et bien loin de ses prérogatives.

Si l’exposé début dans les règles d’une métaphore comprise de tous, elle ne se doutait pas qu’une fois les vannes de ce dialogues ouvertes, c’est la bouche sèche que le chevalier tarirait d’opinion. Avait-il oublié où il se trouvait ? Non leurs regards s’étaient croisés. Ciel d’été contre nuit orageuse. L’impact pourrait être léthal, là où les mots dépassent la bienséance. Où Aimable en position de faiblesse évidente, se permet l’audace de commenter les actes du Maréchal. Pire encore. Se montre d’un culot suffisant pour conseiller le sommet de sa hiérarchie.

D’autres auraient eu sa tête pour moins. Auraient fait cesser ce discours dessinant une armée sans cœur, s’étirant dans une parfaite démonstration de ce qui deviendrait lèse-majesté. Pourquoi cet homme de peu de mot se montrait-il désormais si particulièrement sûr de la marche à suivre. Lui qui aurait accordé le pardon à ceux qui voulaient leur fin ? Lui oiseau de mauvais augure qui, comme porteur de la parole du chaos, présage la fin future du bastion qu’il refuse de pleinement représenter. La honte devrait être la sienne. Celle de cracher sur la France. Celle de bafouer la mort pourtant étalée à ses pieds. Celle de payer d’un irrespect honteux l’homme qui disposait du droit de vie ou de mort sur ses fonctions et son nom.

Aimable de Bayard est un inconscient. Un homme a la verve tranchée qui pourtant aura su se taire jusqu’au moins propice des moments. Tout indique à Eve qu’il est le plus suspect d’eux tous. Un commanditaire idéal. D’autres, entendant ce discours, croiraient que le chevalier était en réalité à l’origine de ce massacre. Sûrement auraient-ils quelque part raison. N’avait-il pas quelques semaines plus tôt prouvées qu’il en était capable ? Lames souillées du sang de ses ennemis. Mais ces derniers sont-ils également les ennemis de la nation, ou le fruit d’une justice arbitraire dont il se prétend l’unique garant ?

Boucles blondes soufflées par le vent, l’odeur du sang est forte, mais la figure du maréchal reste impassible. Jusqu’au dernier mot elle écoute sans ciller. Jusqu’à refermer sa main sur l’épaule fautive d’un homme qui ne semble pas avoir conscience qu’il a outrepassé les limites.

« Est-ce de vous dont vous parlez, Monsieur ? »

N’était-il pas après tout la plus belle démonstration de son illustration ? Courir sans s’arrêter jusqu’à ce que le monde vous arrête. N’était-ce pas de la peur qui rongeait cet homme ? Une peur dont il est le seul détenteur. Le seul à en connaître la saveur. Celle d’une ombre noire contre ses pupilles. D’un malin plaisir arnaché à un corps trop pieu.

Sa main s’ôte au profit d’un regard aiguisé. Non elle ne le laissera certainement plus partir si facilement désormais. Car il est des choses qu’il n’est pas bon d’oser dire devant elle. L’impunité n’aura jamais connu pire rival qu'Eve de Harcourt.

« Permettez que je remette les choses au clair… Car vous vous permettez de m’indiquer la conduite à suivre, en tant que subalterne… Il me revient donc de vous rappeler votre place, n’est-ce pas ? »

Il n’y a pas un sourire, pas une marque de la moindre émotion. Simplement la glace dans son regard, et la tension vibrant sous ses muscles, alors qu’elle le contourne et se poste devant lui, les mains dans le dos, imitant l’autre homme avec une fermeté si évidente qu’elle pourrait couper au couteau. Mais Eve n’a pas besoin d’une lame pour se montrer la plus tranchante de tous.

« Ces propos pourraient être considéré comme digne de lèse-majesté. Dénigrer l’image de sa Majesté ? Prétendre que son devoir n’est pas correctement réalisé… Voilà que je trouve particulièrement osé. En particulier à mentionner à la face du Maréchal de l’armée dont vous êtes partie. Un manque de sévérité de ma part, peut-être ? »

Elle relève légèrement le menton avant de s’approcher, il reste moins d’un pas entre eux. Peu importe la différence de taille ou de gabarit. Eve n’a pas besoin d’être un titan pour imposer ses pensées ou même ses ordres.

« Pour qui vous prenez-vous ? »

Mais la question n’attend visiblement aucune réponse. Car elle finit par se détourner et marcher par le flanc du chevalier, lui tournant le dos, observant la morbide scène qui se tient encore à leurs côtés.

« Vous parlez en connaissance de cause, vais-je assumer. Vous êtes, après tout, membre de ce groupe que vous vous permettez de représenter dans vos propos. Des paroles sages, à n’en point douter… Quand bien même vous devriez veiller à ce que ce genre de paroles ne franchissent plus jamais le sceau de vos lèvres. Votre titre et la réputation de votre famille toute entière pourrait pâtir d’un si clair affront porté à la couronne. Mais vous devriez en être conscient, n’est-ce pas ? »

Oh, verrait-il le piège se refermer sur lui, ce vaillant homme qui pensait pouvoir parler sans en subir les conséquences ?

« Nul n’est ingénu du lien qui vous lie au Duc van Heil. Probant élève, vous en conviendrez. Une fine lame, une éthique solide, et des valeurs que sa Majesté elle-même a reconnues. Des valeurs, il me semble, que vous avez participé à affiner à ses côtés. Il ne tarit d’éloges à votre égard. Mais vous devez en être conscient, vous qui n’hésitez pas à l’inviter au sein même de votre domaine. Vous êtes, après tout, déjà un groupe, à vos deux personnes. »

Et les fers du piège se referment sur le sanglier. Qu’importe sa vélocité et sa force. Rien ne peut briser cette entrave.

« Vous semblez réaliser les difficultés de ceux qui parent nos rangs. Comme vous l’avez habilement souligné, ces hommes sont tous les miens. Et chacun porte est le fils, le mari, ou le père d’une autre âme. J’ai moi-même épuré nos rangs. Fait fi des louables grâces offertes par l’argent et raffermi nos codes. Vous ne manquez pas de m’indiquer que j’ai pourtant failli, en ce que je ne suis qu’un seul homme. Un seul homme ne saurait guider toutes ces âmes lorsque la guerre n’est pas au fer de lance. »

Eve, d’un pas lent, les talons de ses bottes claquant sur le pavé comme le métronome de ses paroles, est toujours aussi froide. Toujours aussi incisive. Pourtant, lorsqu’elle revient enfin face à Aimable, elle incline légèrement la tête sur le côté et lui pointe fermement.

« Nous avons besoin d’hommes comme vous pour forger ces jeunes âmes perdues. Par petits groupes, comme vous l’avez si bien souligné. Nous ne sommes, après tout, qu’une grande famille portée par le désir de protéger. S’agisse-t-il de nos familles, nos terres ou nos droits, tout ceci n’est régenté que par une poignée de personne. Sa Majesté m’a confié le libre arbitre de notre armée. »

Un sourire étire la commissure de ses lèvres. Et s’il n’y est pas un sentiment agréable, l’on pourrait presque croire qu’il s’agit d’une menace.

« Et désormais il y aura vous. Qu’en dites-vous, Chevalier Instructeur de Bayard ? »

Qu’importe d’où dans cette immense forêt de pierre, Paris entière entendra la chaîne qui venait de se refermer au pied d’Aimable de Bayard. Il ne tiendrait désormais qu’à lui d’en juger la longueur et l’amplitude.

❤
Aimable E. De Bayard
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Aimable E. De Bayard
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Dim 13 Juin - 11:18
La main qui se referme sur son épaule le surprend.

De nouveau, un contact. Qu’il ne veut pas. Il sent comme jamais l’étreinte de ses doigts MORTS sur son épaule. La pression d’une chair glacé et d’un regard froid levé vers le sien.

L’incompréhension le frappe de plein fouet et le laisse déstabilisé. L’homme redevient enfant. L’enfant effrayé lorsqu’un de ses frères levait la main, bien qu’aucun d’entre eux ne l’aient frappé. L’enfant qui s’enfuyait face à un danger que personne ne pouvait voir. L’enfant qui désirait mourir plutôt que vivre un jour de plus.

Quelle est sa place ? Pour qui se prend-t-il ?

Il n’est rien. Que poussière dans un monde de roches et de pierres.

Un homme, aimerait-il répondre. Un homme qui a peur et qui saigne lorsqu’on le blesse. Un homme, doté de faiblesse et de maladresse. Je suis humain, pense-t-il sans y croire alors qu’il se sent trembler. Son semblant d’assurance s’effondre, il tremble de tous ses membres. Il prend conscience du mal de ses mots. Et du mal qui vit dans ses veines.

Ses yeux fixent le sol. Les mots d’Eve écrasent sa gorge. Il manque d’air. Pour qui se prend-t-il ? Pour rien. Rien. Il se voit même pire que ça. Sa simple existence créé en ce monde une dette de vies et de sang,  des dettes qu’il ne pourra jamais payer. Même s’il se tuait, il ne pourrait pas rendre tout ce qu’il a pris. Il est un monstre au masque d’homme, un être assez lâche pour demander à ce qu’on aime sa part humaine, pour se donner un droit d’existence. Pour s’autoriser à vivre. S'interdire de se tuer, comme il a déjà tenté de le faire.

Eleanor, ses enfants, June, Constantin, ses frères et ses sœurs – ils l'aiment. Il l'espère. Ils l’ont aimé et convaincu qu’il avait le droit de fouler cette terre, d’essayer, au mieux, de faire le bien.

Mais il n’est rien. Rien d’autre qu’un empoté, un imbécile, une gêne, une honte. Un danger. Un danger pour lui-même et tous les autres.

Le désespoir l’étreint.

Effondré, il s’est complètement renfermé et n’ose plus lever les prunelles vers les yeux du Maréchal.

Il pensait bien faire. Il n’avait pas pensé à l’irrespect de ses mots. Il vient d’un monde où les Chevaliers vivent auprès des plus pauvres. D’un monde où sans son épouse, il n’aurait aucune richesse, seulement l’honneur de ses ancêtres et le titre qu’ils lui ont donné, mais qu’il n’a pas mérité.

Il n’est rien et a fauté, une fois de plus. Peut-être aurait-il dû donner plus de formes à son message. Non. Il aurait dû se taire. Il doit obéir, sans discuter, sans réfléchir. C’est ce qu’on attend de lui.

Le piège refermé autour de lui, il le sent et s’en étrangle. Pourquoi sur lui ? Pour tous ses crimes. Pour tout ce qu’il a osé dire. Il assume, en silence, sa sentence sans tellement comprendre la récompense que le Maréchal lui offre. Une promotion ? Chevalier instructeur ? Pourquoi ?

Aimable se sent stupide. L’esprit figé par la peur et des pensées affreuses qu’il essaye d’oublier. Elles s’arrachent des plaies qui ne saignent jamais. De ces blessures béantes qui traversent son âme, des blessures que le temps n’a fait que pourrir. Elles sont gorgées de pus et de vers. L’affliction est grave, souillée par la salive acide de l’Ouroboros.

Dans quel piège est-il tombé ? Que va-t-on faire de lui ? De sa famille ?

Il aurait dû se taire. Comme il l’a toujours fait.

Pour qui se prend-t-il ?

Un homme qui vaut moins que les autres. Son âme est déjà perdue. Condamnée. Elle est déjà rongée jusqu’à la moelle par un démon qu’il s’efforce tant bien que mal de contenir.

Constantin lui avait fait croire qu’il était un homme valeureux. Qu’il était courageux et capable de faire le bien. En cet instant, il ne voit que sa lâcheté, son étrangeté, l'agacement du Maréchal, sa suspicion. Il est le seul responsable. Il aurait dû réfléchir avant d’agir, il aurait dû mieux contrôler l’Ouroboros et surtout garder le silence. Ne pas vouloir aider  - pour l’aider, il aurait dû se contenter de faire ce qu’on lui demandait. Hocher la tête et s’excuser.

Il incline alors sa nuque, ses épaules, courbe docilement l’échine, les mains nerveusement jointes contre son ventre.

_ Je vous demande pardon. Ces erreurs ne seront pas réitérées. Je n’avais pas conscience de l’impétuosité de mes paroles et les regrette.

Il est responsable de ses propos et bien qu’il s’impose le silence, le respect l’emporte. Il lui est nécessaire de présenter ses excuses, sans savoir et sans réellement attendre que le Maréchal lui accorde sa clémence.

_ Je vous remercie de cet honneur et réaliserai toutes les tâches que vous me confirez. Merci pour votre bienveillance et votre générosité.

Pour qui se prend-t-il ?

Pour une bête enchaînée.

Qui entend, au loin, les rumeurs d’une chasse à cours.

Qui voit, si près, la bouche éclairée d’un sourire lugubre, emplie de menaces qui le font frémir.

L’Ouroboros, au fond de lui, jubile.

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