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L'humain a toujours su se construire des royaumes et composer plus ou moins bien avec les élites voisines. Mais ces hommes et ces femmes n'étaient pas les seuls à fouler cette terre de leurs pieds éphémères. Perdus entre le prestige de la noblesse et la vie froide de la paysannerie, nombres de vies se sont tissées les unes aux autres pendants des siècles, jusqu'à ce que les Rois et les Reines finissent par lutter concrètement contre les engeances qu'étaient les vampires et les lycanthropes. Toujours dans la discrétion la plus totale, bien entendu.

Qu'en sera-t-il de vous?
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Sam 6 Fév - 2:08

Black Tower.
Ne trouver aucun répit dans les ombres de la nuit. Le soleil s’est tu depuis des heures, mais les pavés semblent encore trop chauds. Hurlant au loin, un enfant chétif exclame sa famine, une famille court comme les rats longeant les quais de Seine. La désolation est ineffable et écœurante. Ignare le peuple reste et restera. Douce est la croyance que l’ignorance protège les pauvres d’esprit.
Oui, ceux-là gagnent ton désintérêt le plus profond. Simple ombre longeant les débris, indifférent aux cris, aux gifles, aux jeunes âmes jouant un dernier souffle dans le creux d'un abysse perdu.
Là n’est pas ta mission, non.

Un homme se dresse au nord, groupe dissimulé dans l’obscurité d’une ruelle. Tous de capuches vêtues, tu ne questionnes pas par politesse. Scanner les faces affables et demander, sec, cassant.

« Avez-vous vu le Duc disparu ? » Rien. Imbéciles. Inutiles.

Pas absents contre la terre battue, Paris en ces lieux est ignominieuse. Le silence pèse, lourd, sur les sentiers désertés. A l’ouest, une ombre s’échappe dans les profondeurs d’un passage. La tour traque le pion, silencieux, habitué à la chasse. Les sous-bois sont moins pardonneurs qu’un terrain clair. La lune se voile sous les nuages, et ta main s’abat sur une épaule frêle. Les signes ne te tapent pas à l’œil. Femelle. Ta voix claque juste contre les murs.

« Avez-vous vu le Duc disparu ? »
Béatrice Botherel
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Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
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Espèce : Humaine.
Emploi : Au service du Grand Cardinal.
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Béatrice Botherel
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Sam 6 Fév - 3:31



The streetlights and the rivers
And my trails of misbehavior
Béatrice n’aimait pas perdre son temps : aussitôt qu’elle comprit que c’était l’un de ces soirs, à tourner et se retourner dans son lit, elle sortit de celui-ci. Elle n’était pas friande de cauchemars, de ces réveils multiples, le front en sueur tandis que les heures s’égrènent, d’images qui la hantent, de non-dits, de pensées coupables. Alors elle quitta sa robe de chambre pour ses vêtements de ville et alla battre les pavés de la capitale de ses pas impérieux.

Elle se changerait les idées. Elle s’oublierait, cette nuit encore, et retournerait dans sa couche comme simple Béatrice, délaissant son nom et ses souvenirs pour mieux dormir. Voir du panorama.

Elle n’imaginait pas que les fouilles puissent se poursuivre si tard, et en si grand nombre. Des foules compactes se pressaient dans les rues, appelant le duc disparu. Elle les considéra de loin, s’efforçant de rester hors de leurs chemins, sentant la vague de leur fatigue, leur impatience, leur inquiétude, leur heure de gloire, s’abattre sur une plage lointaine. Elle fronça les sourcils. Avec la capitale dans un tel émoi, ce n’était pas étonnant qu’elle ne parvienne pas à trouver le sommeil.

Elle s’éloigna de la lueur des lanternes, des appels et des noms, jusqu’aux quartiers de misère où personne ne se presse. Les rues étaient désertes, humides et brillantes à la lumière de la lune. Le duc disparu... Si son pouvoir lui donnait un net avantage pour retrouver celui-ci, elle n’en débordait pas d’envie : elle préférait éviter le feu des projecteurs autant que possible, et avec tout Paris à sa recherche, haute était la chance que cela tombe sur un badaud plus méritant.

Et puis, sur quoi devait-elle pointer l’aiguille de sa boussole ? Elle ne le connaissait pas. D’un autre côté, plus tôt on retrouverait le noble, plus tôt elle pourrait dormir en paix. Elle soupira, jetant un coup d’œil aux alentours. Au détour d’un allée poignait la flamme de bougies. Elle s’éloigna de cet autre groupe, lâchant doucement les rênes de son pouvoir.

Le duc devait... Être paniqué, sans doute. En détresse, au moins. Mais tout autour d’elle, l'agonie du pauvre peuple s'écrasait contre les pavées, les murs, les fenêtres. Elle s’éloigna encore, les traits chiffonnés comme du papier.

Peut-être que regarder le plafond dans la chaleur de son lit n’était pas une si mauvaise idée, finalement. Au moins, entre ses draps, elle ne devait supporter que ses propres pensées trop lourdes. L’infâme misère lui montait à la tête. La faim, la soif, le froid, l’incertitude. Mieux valait —

Avez-vous vu le Duc disparu ?

Sainte Marie Mère de Dieu.
Aspirée par le siphon de son corps en alerte, elle retourna à elle-même. Béatrice sursauta comme un chat surpris d’un bruit sourd, un gémissement apeuré échappant malgré elle de ses lèvres, et fit volte-face avec un tel affolement qu'on aurait cru que la mort en personne avait posé cette main sur son épaule.

Cette main sur son épaule ?

Qu- ? Ôtez vos sales pattes —

Elle se déroba à lui avant même de terminer sa phrase. Ce n’était pas exactement le meilleur endroit de la ville pour faire de bonnes rencontres et elle n’était pas armée. Une fois à une distance raisonnable, elle prit enfin la mesure du malotru qui se permettait de laisser traîner ses paumes partout. Cela lui demanda de lever la tête, ce qui ne la rassura pas davantage : cet homme là dépassait Constantin en taille comme en carrure, et elle trouvait déjà le Grand Cardinal d’une hauteur plus qu’exagérée.

Ce n’était pas l’heure de se démonter.

... Bonsoir à vous aussi, Monsieur. Elle résista à l’envie de se mettre sur la pointe des pieds, se contentant de se tenir aussi droite que possible. Non, je n’ai pas vu le duc. Si c'était les cas, tout ce beau monde serait déjà chez soi. Elle fit un geste vague dans la direction où se pressaient les lanternes.
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Sam 6 Fév - 15:00

Black Tower.
Fougueuse enfant, bondissant telle une biche devant un chasseur. L’expression sur ta face reste neutre. Étiquette ta dernière considération alors que tu ôtes ta main sans hâte, désintérêt figé sur tes traits. Une dame, rien de plus. De haut nom, à n’en point douter, pour croire ainsi que la correction passe avant l’autorité. Un cœur jeune qui bat à la hâte. La peur. Tu n’as cure de ses émois ridicules. Les oisillons devraient dormir depuis longtemps.

Toisant l’insecte persistant, l’idée de l’écraser t’effleure, mais l’effort serait inutile. Humaine. Elle ne vaut rien pour ta cause. Du coin du regard tu suis simplement son ample mouvement. Fragile. Un instant il pourrait répondre mais décide simplement de la contourner, poursuivant son chemin sans un regard de plus. Elle ne cachait rien. Furieuse harpie. Paris n’est pas à ton goût. Un chat hurle à ton passage, délogé de son repère sous une pile de bois de cheminée, tu ne réfléchis pas et l’ignore. Toute cette ville est souillée, au même titre que ses habitants.

Mais tu persistes à ta chasse, élan patient et déterminé. Victoire veut ce Duc. Le Duc tu trouveras.
Béatrice Botherel
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Sam 6 Fév - 16:06



The streetlights and the rivers
And my trails of misbehavior
Pas de réponses. C’était bon, mauvais signe ? Elle lâcha encore les rênes de son pouvoir, laissant son empathie renifler les alentours : jusqu’ici, elle ne sentait pas de danger mortel, seulement un désintérêt ennuyé. Un chasseur concentré sur sa proie, une proie qui n’était pas elle. Un mercenaire ?

Elle leva les mains en guise d’avertissement lorsqu’il s’approcha, et les baissa lorsqu’il la contourna simplement : quel rustre ! Mais elle préférait cela à un brigand trop concernée par sa personne. Un cuisant rappel qu’il n’était pas bon de se promener dans les rues de la ville de nuit comme de jour, sans armes à la ceinture. Elle ferait mieux de rentrer. Elle ne tenait pas à rejoindre le nom du Duc dans les appels qui fusaient à travers la capitale.

Oh, et puis n’importe quoi.
Comme si quelqu’un partirait à sa recherche, si elle venait à s’envoler.
L’église, peut-être — mais seulement parce qu’elle devait leur rendre des comptes.

Les manières se perdent, en plus des Ducs... finit-elle par murmurer, une main absente faisant tinter le soleil suspendu à son cou.

Sans demander son reste, elle poursuivit le chemin opposé dans les rues de ce Paris orphelin, appelant le nom d'un noble échoué comme Béatrice appelait celui de son père dans ses cauchemars.
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Dim 7 Fév - 3:10

Black Tower.
L’indifférence mène au vice. C’est ce que bien des ouvrages poussent à souffler, narrant l’histoire de ceux qui ne se sont pas suffisamment attachés aux détails et aux signes. Tu n’y crois plus depuis bien longtemps, ou peut-être même depuis encore plus de temps que cela. L’agacement ne te traverse pas, même lorsque la pluie commence à battre le pavé, le rendant humide et glissant. Les derniers cris, les derniers courageux, tous s’échappent dans la nuit, et sûrement devrais-tu en faire autant. Combien de temps dure ta quête infructueuse ? Pourquoi chercher encore ? Pour elle. Elle veut qu’il soit retrouvé. Tu ne peux que te plier à ce souhait de sa part.

Les ruelles se ressemblent toutes, l’odeur du feu des cheminées et des poêles laisse l’air âpre. La pluie, elle, ramène les odeurs de la Seine, nauséabondes et si proches. L’ondée s’intensifie et au détour d’une nouvelle ruelle, tu ne prends pas abri, non. Tu poursuis ta recherche jusqu’à apercevoir une silhouette, fine, à l’ombre d’une maisonnée vétuste. Malgré toi c’est surtout l’odeur de chien mouillé qui traîne dans l’air qui te hérisse. L’un de ces chiens. La silhouette à ta portée, tu n’as pas besoin de humer l’air pour savoir qu’il s’agit de la demoiselle aperçue plus tôt, avec ses grands airs de princesse et ses mimiques outrées de pince sec. Terriblement humaine en toutes ses conditions.

Tu t’arrêtes simplement à proximité, observant les alentours. Pas un mot. A quoi bon. Elle a déjà décidé de ton étiquette.
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ENTITE SUPERIEURE

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Inventaire : De quoi vous faire trembler.
Situation maritale : Marié.e au mystère.
Pièces : 3003

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L'Oeil
Inventaire : De quoi vous faire trembler.
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Dim 7 Fév - 12:33
Par le ciel !



Personne n'étant descendu si loin dans les quartiers délabrés, vous ne saurez pas que le Duc a été retrouvé avant le lendemain matin.

Nota Bene : Si vous n'aviez pas terminé votre rp au moment de l'intervention, ce n'est pas un problème. Vous pouvez le continuer et prendre en compte cette intervention à la fin de celui-ci. De cette manière, vous ne serez pas bloqués.

Béatrice Botherel
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Dim 7 Fév - 14:03



The streetlights and the rivers
And my trails of misbehavior
C’est ce moment là que la pluie choisit pour s’abattre.

Béatrice s’était arrêtée, levant une paume vers le ciel pour que quelques gouttes s’y écrasent. Si elle pressait le pas, elle pouvait être chez elle — non, chez Constantin, avant le plus gros de l’averse. Elle ne tenait pas à laisser des flaques d’eau partout dans l’entrée, ou dormir dans un lit humide à cause de ses cheveux mouillés.

C’est ce moment là que la pluie choisit pour s’intensifier.

Oh, vraiment... ?

Elle s’empressa de prendre refuge sous une devanture jusqu’à ce qu'elle ne passe. L’air s’était rafraîchi : elle s’emmitoufla dans le châle qu’elle portait sur le dos. Regardant ses mains nues, elle pensa à ce drôle d’homme qui s’était permis de lui toucher l’épaule : une chance qu’elles n’étaient pas découvertes, à ce moment là, ou que son pouvoir n'ait pas profité de la surprise et de la proximité. Béatrice pouvait survivre sans connaître les souvenirs, pensées et sentiments du premier inconnu qui passait.

Une autre âme s’invita dans les alentours. Béatrice leva les yeux jusqu’à croiser ceux de — lui. Peu importe comment il s’appelait. Elle se risqua une seconde de trop, dans cet ambre gris et morne comme une journée d'automne, avant de détourner le regard. Elle y était restée suffisamment longtemps pour que ses épaules se relâchent : toujours pas d’hostilité ou de mauvaises intentions. Il ne la suivait pas.

Il était si tard, et elle si fatiguée, que la scène ne lui paraissait pas réelle. Qu’est-ce qu’il faisait à attendre sous la pluie comme un chien perdu ? Son regard darda une nouvelle fois jusqu’à lui, y demeurant quelques secondes en proie à toutes les inquiétudes, avant de s’adoucir.

Elle se décala d'un pas pour l'inviter à s'abriter.

Vous n’avez pas froid ? Elle fit glisser le châle de ses épaules et le lui tendit. Il y a de la place pour deux, vous savez ?

Du peu qu’elle connaissait du personnage, elle se doutait qu'il ne lui répondrait pas, et plus improbable encore était la possibilité qu’il la rejoigne à l’abri de cette bâtisse. Ça ne l’empêcherait pas de proposer, ne serait-ce qu'au nom de la chose juste.

Même si elle se retrouvait à éternuer toute la journée du lendemain.
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Mer 10 Fév - 20:02

Black Tower.
Alors elle ne s’éloigne pas. Ne cherche pas à abuser de l’étiquette, ou de tout autre conception sociale qui lui a si bien été inculquée. Fragile et humaine, elle est vulnérable, ses cheveux blonds laissant perler quelques soubresauts d’une pluie alors moins drue, reflet des flammes bordant la scène, éclairant si mal la rue. Sa voix n’est pas bien brusque, pas bien haute. Et pourtant elle offre le répit que tu n’as pas demandé. Tu la jauges et si tu manques à répondre par le geste ou par le regard, toujours aussi impassible, tu prononces malgré tout.

« Vous pourriez attraper mal. »

Toi tu n’es que peau glacée et sang gelé. La pluie, le froid, tout ça ne t’atteint plus depuis bien longtemps. Le besoin de couvrir tes épaules à toi n’existe pas. Alors tu attrapes le châle tendu. Une hésitation avant d’effleurer le tissu, peut-être le salirais-tu. Mais il est trop tard, tes doigts caleux se referment sur l’étoffe et sans réfléchir, tu l’enveloppes à nouveau dedans. Sous tes doigts, la maille est chaude de son corps à elle, et tu ne cherches pas à y trouver quoi que ce soit. Tu ne la touches pas. Tu inclines simplement la tête, humble.

« Votre santé passe avant celle des autres. »

Car le vice et le mal se cache sous tous les traits. Toi le premier. Tu détournes le regard, tu n’as pas cherché particulièrement à croiser ses prunelles claires. L’endroit ne s’y prête pas. La situation ne s’y prête pas. Tu n’as pas besoin d’un contact humain. Le rares âmes se sont échappées à l’abri du monde, et désormais, dans les ombres de la nuit, vous êtes les deux dernières âmes s’étant égarées dans cet endroit lugubre et mal famé. Tu devrais partir. Retourner à ta quête. Mais le blond de ses cheveux te rappelle la candeur de Victoire, encore jeune, le regard inquiet, le regard enfant.

Jamais tu n’aurais dû, mais tu finis par te caler à l’endroit offert, une épaule encore partiellement sous la pluie pour ne pas manquer de l’effleurer, ta froideur ne devait pas l’atteindre. Tu ne dis rien. Tu attends simplement. Et si la pluie enfin venait à se calmer, tu sais que tu feras l’erreur une seconde de te détourner de ta tâche pour t’assurer de sa sécurité.
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Jeu 11 Fév - 0:13



The streetlights and the rivers
And my trails of misbehavior
Il parlait bel et bien ! Ce simple constat manqua de la faire sursauter, tant sa voix était grave et caverneuse. Lorsque, plus tôt, le taciturne inconnu l’avait questionné au sujet du duc, Béatrice n’était pas vraiment là : nulle part, et partout à la fois. Il lui semblait l’entendre — l’entendre avec ses oreilles, l’observer avec ses yeux, pour la première fois. Son pouvoir, cependant, demeurait muet. Ça ne pouvait qu’être bon signe.

Elle s’efforça de rester bien droite, de ne pas esquisser de pas en arrière, lorsqu’il s’approcha, la plongeant dans son ombre pour saisir le châle du bout des doigts. Béatrice se montra tout aussi prudente, ses gants encore sur la table de chevet à côté de son lit. Juste alors qu’elle se réjouissait de cette image fort cocasse qu’elle risquait d’avoir sous les yeux, l’inconnu la surprit encore, repassant son vêtement autour de ses épaules désormais nues.

Elle leva les yeux, mais ne croisa pas les siens. Il fuyait son regard ?

Euh, d’accord. De l’éloquence. C’est tout ce qu’elle trouva à redire à son constat, prendre soin d’elle-même avant les autres. Elle voulait lui rétorquer : Mais monsieur, noblesse oblige — mais elle n’appartenait ni à celle-ci, ni au peuple, figée dans cet entre-deux contradictoire comme à demi-morte et vivante.

Mais avec votre tête de chien battu, il ne faut pas s'étonner que l'on s'inquiète pour vous. De la délicatesse. Elle croisa les mains de part et d’autre de son châle pour éviter qu’il ne tombe, le tirer un peu plus fort contre elle. Elle réalisait seulement qu’aucune chaleur n’émanait des doigts du grand homme, quand il l’avait déposé sur elle, il y avait de cela quelques instants. Le pauvre devait vraiment être frigorifié.

Finalement, il concéda à la rejoindre à l’abri de cette toiture, quoiqu’à distance respectueuse. Elle trouvait cela un peu étrange : plus tôt, lorsqu’il avait eu la gentillesse et le bon goût de complètement l’ignorer, d’envoyer une bourrasque si vive, si énorme, si incomparable à sa figure que les torrents qui tombaient désormais du ciel pâlissait en comparaison, il n’était pas apparu à Béatrice comme quelqu’un de particulièrement poli. Elle haussa les épaules à sa propre pensée, et reporta son attention sur la pluie qui battait les pavés jusqu’à ramper à leurs pieds.

Un silence inconfortable s’installa, tempéré d’intempéries. Vous êtes mercenaire ? Si c’était le cas, elle espérait qu’il ait quelques histoires à raconter jusqu'à ce que les nuages ne s'essorent.
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Mer 17 Fév - 19:54

Black Tower.
Une langue bien pendue. Tout ce dont tu as horreur. Les conversations pour ne rien dire ne t’ont jamais plu. Ne te plairont probablement jamais, toute aussi longue soit l’éternité que ta condition t’inflige. Pourquoi écouter cette oiselle ? Pourquoi perdre son temps ainsi, lorsqu’il vaudrait mieux traquer un homme perdu ?

Parce qu’elle lui ressemble. Sa sécurité compte.

Silence, la remarque ne te fait pas réagir, du moins, pas sur le coup. Tu pourrais te dire qu’elle n’avait pas meilleure mine. Mais l’idée ne t’effleure même pas, trop apathique, trop détaché. A quoi bon perdre du temps en tergiversations ? Ton apparence n’est pas ce qui te garde en vie. Encore moins un élément sur lequel tu aurais joué pour obtenir un quelconque avantage. Au mieux, la pitié des gens leur ferait simplement baisser leur garde.

Pour autant la dernière question eut le mérite de distraire ton attention. Le regard perdu sur la pluie coulant le long d’une gouttière délabrée, tu observes finalement la jeune fille à tes côtés et sans la moindre expression sur le visage, lâche d’un ton lassé.

« Et si c’était le cas ? »

Qu’est-ce qui pouvait bien pousser une demoiselle à ainsi interroger un homme qui n’avait rien de rassurant ? Tu te moques ouvertement de son opinion, mais de toute évidence, l’instinct de survie de la personne qui se tient devant toi ne doit même pas être à la hauteur d’un chaton juste né.

En réalité, tu ne devrais probablement pas attendre une accalmie…
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Dim 21 Fév - 0:14



The streetlights and the rivers
And my trails of misbehavior
Béatrice ne savait pas, avant cette rencontre, qu’on pouvait appliquer l’expression « Tirer les vers du nez » à une conversation tout à fait banale. Pourtant, alors qu’elle cherchait à faire défiler les nuages plus vite avec un peu de divertissement, c’était exactement le sentiment qu’elle avait : celui de tirer sur un tissu comme un magicien sans que ça n’ait jamais de fin. Plutôt que les applaudissements de spectateurs ébahis, elle ne recevait que quelques mots, pareils à des miettes de pain jetés à un pigeon, avant qu’un nouveau silence gênant ne s’installe.

Elle se retint de commenter sur la qualité déplorable de la conversation de l'étranger. D’autant plus que, pour sa défense, il était tard, Béatrice était une parfaite inconnue, et même elle, s’il n’y avait pas ce silence qui lui vrillait les oreilles, ne serait pas beaucoup plus motivée à l’idée de converser avec quelqu’un.

Au moins, cette fois, il fit l’effort de la regarder dans les yeux. La sorcière déploya la même délicatesse, mais ne chercha pas à contenir l’expression absolument dépassée qui chiffonnait son visage — c’était déjà bien assez d'efforts de garder son amertume pour elle.

...

Sa circonspection était tellement bruyante qu’on pourrait presque la lire en mots de ses lèvres. Elle ouvrit la bouche une première fois avant de se raviser, détourner les yeux comme si la marche à suivre pour sortir de cette situation horrible était écrite quelque part sur les murs des maisons aux alentours, puis se retourna de nouveau vers lui.

Vous savez quoi ? Laissez-tomber. Ce n’est pas important.

Elle se força à sourire pour paraître cordiale, et repartit admirer les gouttes qui s’écrasaient sur le sol avec la même expression de malaise. Comme pour lui épargner une autre minute insupportable, ils se firent moins nombreux et moins brutaux : l’averse, par la grâce du Dieu et de tout ce qui était sain, ne tarderait pas à passer.

Oh. On dirait bien que nous nous séparons là. Elle voulait clairement ajouter quelque chose, mais, au regard de la situation, trouva plus sage de garder sa remarque pour elle.
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Dim 21 Fév - 18:22

Black Tower.
Le genre humain n’avait jamais été à ta grande compréhension. Encore du temps où tu l’avais toi-même été, la conversation anodine n’était pas dans tes habitudes. Mais elle semblait particulièrement décidée à ne pas se taire. Et quand bien même elle garda le silence, l’insistance de ce regard sur ta personne te laisse ennuyé. Qu’avait-elle, cette oiselle, à ainsi se frotter au danger comme si elle pouvait se protéger de la moindre chose avec ses bras frêles ?

Aucun effort n’est fait pour calmer l’embarras évident de la jeune fille, pas un geste, pas un mot, pas un sourire. Bras croisés sur ton torse, tu observes seulement la pluie, remarquant que les gouttes heurtent ton épaule hors de la protection du toit à un rythme plus calme. De toute évidence tu n’es pas le seul à le constater puisqu’elle se sent obligée de préciser l’évidence. Tu n’y penses pas. Peut-être est-elle simplement en retard. Ces choses-là arrivent, la consanguinité n’aidant en rien les provinces du monde. Tu finis par soupirer et tourne les yeux vers elle. Mais elle ne bouge pas. Qu’attendait-elle encore ? Que l’orage commence à gronder ? Ou que l’accalmie ne reprenne ?

Un sourcil haussé et tu lâches, visiblement ennuyé.

« Avancez. Je vous raccompagne. »

Oh, il n’était pas question d’une proposition, non. Les rues sont malfamées à ces heures de la nuit, surtout dans les quartiers pauvres. Tu l’observes et relève le menton, attendant qu’elle se décide enfin à ouvrir la marche.
Béatrice Botherel
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Mer 24 Fév - 16:15



The streetlights and the rivers
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Malgré l’envie de se précipiter sous les quelques gouttes qui pleuvinaient encore pour fuir cette horrible, horrible conversation, Béatrice s’efforça de rester bien en place jusqu’à ce que lune se fasse. Et puis, une fois qu’il ne restait de cette averse que le pavé humide, elle lanca un signe de tête à l’étranger avant d’esquisser quelques pas devant elle. Le bruit de ses chaussures, dans la nuit froide et les rues vides, résonnaient contre les devantures.

Avancez. Je vous raccompagne.

Elle se retourna, de toute évidence peu enchantée à l’idée. Mais, avant de rétorquer un simple nonçavamerciaurevoir, choisit de considérer la situation un peu plus en détails. Elle n’était pas armée. Ce quartier là de Paris n’était pas le plus sûr. Et même si elle avait l’impression de parler à une porte de geôle ambulante, au moins n’alertait-il pas son pouvoir. D’un autre côté, avec la disparition du Duc, il faudrait être un piètre voleur pour choisir d’agresser une passante alors que la garde tournait dans les rues ce jour plus que tous les autres.

Et malheureusement, les piètres voleurs existaient.

Si seulement elle avait pu croiser Monsieur de Sercey ce soir, au lieu de cette espèce de montagne au visage figé dans une expression de misère.

En fait, pourquoi perdait-elle son temps à chercher quoi lui répondre ? Elle doutait qu’il lui témoigne la même délicatesse. Avec un haussement d’épaules qui ne l’engageait à rien, Béatrice ouvrit la marche en silence, gardant un œil perçant sur les alentours.
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Ven 26 Fév - 3:25

Black Tower.
Quelle curieuse créature qu’était la donzelle te précédant. Tu aurais pensé que ta présence l’aurait indisposée, à la manière dont elle semblait verbaliser chacune de ses pensées. Comme si chaque idée qui effleurait cette jolie tête blonde devait franchir ses lippes. Tu ne comprends pas. Tu n’avais sûrement jamais compris, la verve infinie des dames, qui se sentaient l’obligation de partager le poids de chaque souffle, chaque rêve, chaque espoir. Les mâles étaient-ils donc si différents ? Ou était-ce alors seulement toi qui n’étais pas fait pour cette réalité où les mots portent un poids que tu ne souhaites pas leur donner ?

Tu ne t’attardes pourtant pas davantage sur cette complexe question. La pluie n’est plus aussi drue, mais il suffira du seul temps que leurs pas mettront à les ramener jusque chez la demoiselle pour que l’eau se soit invitée sur leurs silhouettes. Les nuages se sont enfin dégagés, et la lune fait danser une lueur délicate sur l’ondée perlant à la chevelure d’or. Tu n’es pas poète. Pas plus que tu n’es un homme de mots… Mais elle est semblable à ces nymphes diaphanes qu’elle lui contait il y a bien longtemps. Créature de rêves. Ces temps absurdes où la nuit n’était que quelques heures vous séparant de l’aube suivante.

Tu détournes pourtant les yeux. Refusant de penser à elles. Tu observes les pavés et oublie, flaque après flaque, écoutant, muet, ce que Paris accepte de souffler à ceux qui veillent aux heures sombres de la vie. Mais rien ne survient. Rien n’interpelle tes sens. Vous quittez les quartiers défavorisés, et personne ne semble plus se hâter de retrouver ce Duc perdu. Peut-être les gentes gens avaient-ils préféré favoriser leur sommeil à l’idée de prendre leurs torches et d’assister leur prochain. Tu n’abandonneras pas. Tu en sais tant.

Lorsqu’enfin, l’oiselle semble ralentir le pas, approchant, tu le crois, de sa demeure, tu laisses lentement la distance se marquer entre vous deux. Ton intention n’avait jamais été de faire peser la moindre pression sur ces frêles épaules. Tu attends un long moment, attendant la certitude qu’ici se trouvait la fin de votre chemin et d’une voix aussi claire que sombre, tu prononces, le regard détourné, mèches d’ébène voilant ton visage, semblant presque vouloir effacer ton identité de la mémoire d’une innocente colombe.

« Bonne nuit, ma Dame. »

Finir ce que l’on a commencé.
Béatrice Botherel
HUMAIN - PEUPLE

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Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
— Une dague classique
— Coupon de mission x1
Espèce : Humaine.
Emploi : Au service du Grand Cardinal.
Pièces : 5266

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Béatrice Botherel
Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
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Sam 27 Fév - 23:59



The streetlights and the rivers
And my trails of misbehavior
Le silence s’allongea, et s’allongea, et s’allongea, jusqu’à remplir l’espace des rues, des virages, des carrefours, l’espace entre ciel et terre. Seuls les quelques gouttes de pluie qui s’osaient encore à tomber parvenaient à l’érafler sans en éclater le marbre solide. Comme elle s’y attendait, le sombre inconnu n’ajouta rien. Béatrice, pour sa part, ne voyait pas quoi discuter. Sans doute le dérangeait-elle dès qu’elle ouvrait la bouche.

Cela, bien sûr, la perturbait. Avant qu’on ne la pousse dans l’église souterraine comme une poussière dans la pelle d’une balayette, on lui disait que ses lèvres seraient son plus bel atout. Elle était née femme : on se battrait pour l’embrasser et on se divertirait en compagnie de sa rhétorique. Et Béatrice trouvait toujours les mots, posait les questions avec l'innocence de ceux qui n’ont jamais rien vu.

Sa langue avait enflé et pourri, en même temps que sa foi en quelque chose de doux, quelque chose de bon, quelque chose de juste. Sa lame s’était affûtée, et au lieu de réparer les armures des uns et des autres, elle les perçait de piques et de rancœur. Mais au moins trouvait-elle du réconfort dans le fait qu’elle visait juste, avec cette répartie qui s’était aiguisée sur les barreaux sombre de sa geôle.

Mais ici, avec lui, plus rien.
Juste le silence, la poussière et la pluie.

Elle voulait l’observer du coin de l’œil, tendre sa troisième main, lui effleurait le front avant d’en voler les idées, étudier son âme comme une pierre précieuse, et savoir, savoir, savoir, quelle genre de pensées il gardait si farouchement. Son don demeurait muet, et pour la première fois, Béatrice souhaita de lui un caprice, un petit accident.

Mais voilà qu’ils arrivaient. Par obligation envers Constantin autant que par méfiance, elle ne pouvait pas le mener jusqu’à chez lui. Elle choisit de s’arrêter dans une rue adjacente, cessant la marche pour signifier qu’ils n’iront pas plus loin. Pas ensembles.

Les mains derrière le dos, elle se retourna dans une vague de cheveux flavescents, posant ses yeux aux couleurs d’aurore boréale sur le visage barré de cicatrices. L’étranger, pourtant, tournait la tête. Il évitait son regard ?

Je sais que je suis éblouissante, mais il est d’usage de regarder quelqu’un dans les yeux lorsqu’on lui parle, monsieur. Après tout, elle ne portait pas le nom de Solaire pour rien.

L’ironie de la situation lui échappait complètement. On ne demandait pas à un vampire d’apprécier le soleil sauf si l’on souhaitait sa mort.

Enfin. Merci de m’avoir raccompagné.

Un sourire fleurit en pétales sincères sur ses lèvres de roses. Avant de se séparer de lui, elle accorda un long regard aux alentours, notant que les rues s’étaient vidées de leur foule comme un abcès crevé. Les effets de la pluie ? Sur tout ce monde ? Quelques gouttes d’eau suffisaient donc à abattre la détermination de grands gaillards en mal de gloire ?

Elle exécuta un pas en arrière, et fixa un point pour se donner l’air de réfléchir. Elle cherchait en vérité âme qui vive, enjambant celle du garçon avec une prudence respectueuse.

Elle avait froid et mal aux pieds. Quelle idée de se traîner aussi tard à la recherche d’un duc dont on avait pas la moindre idée de l’emplacement ! Et puis ce temps ! Ses chaussures avaient bu la tasse dans une flaque peu profonde d'apparence, mais d'apparence seulement. Ah ça ! La reine savait taxer les honnêtes travailleurs, mais dès qu’il s’agissait de réparer la chaussée, tout de suite, plus personne. Au moins maintenant que le duc avait été retrouvé —

Elle secoua la tête avec un frisson d’horreur, cherchant à chasser les pensées intruses. Ce n’était pas très sage d’utiliser son pouvoir à ce genre de fin, mais puisque l’étranger s’était montré aimable en la raccompagnant, elle pouvait bien lui rendre ce service. Jetant à regard à ses bottes gelées, comme si elle débordait d’eau refroidie d’étoiles et de nuit, elle comprit ce qu’elle avait pris de ce plongeon là. Elle rentrerait frigorifiée chez Constantin : ce n'était pas faute d'avoir attendu que la pluie passe.

Jetant un dernier regard au garçon, elle se détourna de lui, ne laissant à voir que son profil et un œil bleu où débordait l’océan.

... C’est étrange qu’il n’y ait plus personne dans les rues. Quand je les ai traversé, tout à l’heure, il y avait foule. Elle cilla avant de se détourner de lui. Si vous comptez poursuivre vos recherches, assurez-vous que le duc n'ait pas été retrouvé avant. Passez une bonne soirée, Monsieur, pour ce qu’il en reste.
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