Jeu 25 Fév - 0:19
And every word I've gotis foreign to me
Béatrice traversait Paris le pas léger, son sac alourdi de quelques provisions. Si elle était censée se rendre à la boutique en prévision de la prochaine mission que lui confierait l’église, rien ne lui interdisait un petit détour pour voir comment se portait un bon ami. Elle battit les pavés, longea les fleuves, esquiva les passants, supporta les souvenirs, tout cela jusqu’à être rendue à destination. Ce petit coin de la capitale, heureusement pour elle, ne rassemblait que les quelques initiés à son attraction principal : la boutique d’un herboriste grognon chez lequel elle n’était jamais rentrée.
Lors de ses occasionnelles visites dans le coin, elle entendait parfois des gens en claquer la porte, les bras pleins de marchandise mais le cœur rempli de désarroi. Ils pensaient souvent : je ne reviendrais plus ! et Béatrice percevait la couleur de leur âme désabusée la semaine suivante.
En conséquence, elle préférait se tenir à distance raisonnable de l’échoppe. Elle était la seule, dans son petit monde de murailles labyrinthiques, à pouvoir se protéger par un sale caractère impunément. C'était du bon sens pour elle, et des manières déplorables pour les autres.
Elle seule connaissait l'étoile véritable de ces quartiers. Où est-ce qu’il était passé, d’ailleurs ? Béatrice tourna la tête à droite et gauche à la recherche de ce pelage familier.
Le soleil, aujourd’hui, trônait fièrement dans son morceau tissé de ciel. Les températures étaient même plutôt chaudes pour la saison, ce qui donnait à la sorcière l’illusion d’un monde optimiste, cette fois, cette fois au moins. Avec un dernier regard à l’astre, elle poursuivit ses recherches jusqu’à entendre un miaulement capricieux dans son dos.
Léo trônait fièrement sur son petit pavé de rue, même si elle ne le connaissait pas sous ce nom là. Léo, le lion, le roi, mais celui-ci se comportait comme un prince avec elle. Un prince avec un dédain à peine voilé pour les roturiers comme elle, qui plus est ! En temps normal, Béatrice était facilement appréciée des créatures à poils avec lesquelles elle savait faire, mais ce petit bonhomme n’accordait pas sa confiance à n’importe qui. En ce sens là, sans doute s’en sentait-elle un peu proche.
Pliant les genoux pour tomber à une hauteur un peu moins intimidante et un peu plus égale, elle tendit la main avec ce petit bruit de bouche universel pour encourager un animal à s’approcher. Comme à son habitude, le chat la jaugea, pas le moins impressionné du monde. Elle persista sans s’approcher : c’était avant tout un exercice d’endurance.
De la dignité ? Face à une petite boule de poils aussi mignonne ? Même elle savait la mettre de côté si la cause était juste. Et elle s’avérait très, très juste.
Jugeant que l’humaine qui lui rendait parfois visite s’était suffisamment ridiculisée, Léo concéda à s’approcher à peu. Il regardait son sac avec une curiosité à peine voilée. Petite rapace. dit-elle d’un ton faussement choquée. Comme unique réponse, le chat ferma les yeux, avant de les ouvrir un peu plus brillants. Adorable petite rapace. Tu verras, quand je ne serais plus sensible à tes charmes.
Ça n’arriverait, bien entendu, jamais.
Abdiquant sans la moindre résistance, elle ouvrit son sac à la recherche d’un morceau de viande subtilement dérobé dans une assiette au repas d'hier. La sienne, en l’occurrence. Dérobé à elle-même pour le bonheur d’un ingrat. Déballant le tissu, elle tendit le morceau de poulet (paix à son âme) comme Constantin offrait des prières à Dieu. Il fut chapardée à la vitesse de l’éclair sur fond de ronronnement avec, peut être, si on tendait les oreilles, un soupçon de gratitude.
Lors de ses occasionnelles visites dans le coin, elle entendait parfois des gens en claquer la porte, les bras pleins de marchandise mais le cœur rempli de désarroi. Ils pensaient souvent : je ne reviendrais plus ! et Béatrice percevait la couleur de leur âme désabusée la semaine suivante.
En conséquence, elle préférait se tenir à distance raisonnable de l’échoppe. Elle était la seule, dans son petit monde de murailles labyrinthiques, à pouvoir se protéger par un sale caractère impunément. C'était du bon sens pour elle, et des manières déplorables pour les autres.
Elle seule connaissait l'étoile véritable de ces quartiers. Où est-ce qu’il était passé, d’ailleurs ? Béatrice tourna la tête à droite et gauche à la recherche de ce pelage familier.
Le soleil, aujourd’hui, trônait fièrement dans son morceau tissé de ciel. Les températures étaient même plutôt chaudes pour la saison, ce qui donnait à la sorcière l’illusion d’un monde optimiste, cette fois, cette fois au moins. Avec un dernier regard à l’astre, elle poursuivit ses recherches jusqu’à entendre un miaulement capricieux dans son dos.
Léo trônait fièrement sur son petit pavé de rue, même si elle ne le connaissait pas sous ce nom là. Léo, le lion, le roi, mais celui-ci se comportait comme un prince avec elle. Un prince avec un dédain à peine voilé pour les roturiers comme elle, qui plus est ! En temps normal, Béatrice était facilement appréciée des créatures à poils avec lesquelles elle savait faire, mais ce petit bonhomme n’accordait pas sa confiance à n’importe qui. En ce sens là, sans doute s’en sentait-elle un peu proche.
Pliant les genoux pour tomber à une hauteur un peu moins intimidante et un peu plus égale, elle tendit la main avec ce petit bruit de bouche universel pour encourager un animal à s’approcher. Comme à son habitude, le chat la jaugea, pas le moins impressionné du monde. Elle persista sans s’approcher : c’était avant tout un exercice d’endurance.
De la dignité ? Face à une petite boule de poils aussi mignonne ? Même elle savait la mettre de côté si la cause était juste. Et elle s’avérait très, très juste.
Jugeant que l’humaine qui lui rendait parfois visite s’était suffisamment ridiculisée, Léo concéda à s’approcher à peu. Il regardait son sac avec une curiosité à peine voilée. Petite rapace. dit-elle d’un ton faussement choquée. Comme unique réponse, le chat ferma les yeux, avant de les ouvrir un peu plus brillants. Adorable petite rapace. Tu verras, quand je ne serais plus sensible à tes charmes.
Ça n’arriverait, bien entendu, jamais.
Abdiquant sans la moindre résistance, elle ouvrit son sac à la recherche d’un morceau de viande subtilement dérobé dans une assiette au repas d'hier. La sienne, en l’occurrence. Dérobé à elle-même pour le bonheur d’un ingrat. Déballant le tissu, elle tendit le morceau de poulet (paix à son âme) comme Constantin offrait des prières à Dieu. Il fut chapardée à la vitesse de l’éclair sur fond de ronronnement avec, peut être, si on tendait les oreilles, un soupçon de gratitude.
Jeu 25 Fév - 18:53
Ah… Léo. L’herboriste était bien en mal de dire avec exactitude à quel moment cette boule de poils était entrée dans sa vie. La veille il était seul, le lendemain il râlait que le chat tentait de jouer avec ses plantes. Quelque chose comme ça. Plus il repoussait la bête, et plus elle semblait revenir à la charge, jusqu’au jour où résigné, il avait simplement abandonné la lutte et laisser l’animal faire ce qu’il désirait comme il désirait. Depuis d’un accord tacite, le chat squattait ses coussins et son bureau et de temps en temps, sortait faire un tour pour se balader dans le voisinage. Il n’avait jamais cherché à comprendre ni à le retenir.
Aujourd’hui, il pouvait le dire : il avait été tranquille. Il avait senti un courant d’air lui frôler les jambes lorsqu’il avait déverrouillé et ouvert la porte ce matin pour marquer le début de sa journée de travail et n’avait ni entendu de miaulement ni sentit de présence qui aurai pu trahir la présence de l’animal à ses côtés. Il en avait profité, oh oui. Et pour le reste ? Ce fut une journée lambda pour le moment.
Des clients, des fournisseurs, des paumés. Rien de nouveau dans sa tanière et l’heure du déjeuner lui parvint ainsi. Son estomac grondant pour lui indiquer que les aiguilles avaient tournées et il délaissa sa concoction (les herbes devaient mariner de toute façon) pour se relever. Habitué à son échoppe, il s’y déplaçait sans réelle difficulté. Il attrapa un verre délaissé dont il avala une partie du contenu avant de se diriger vers la porte d’entrée qu’il ouvrit. La chaleur de la journée le frappa et il se décida que peut être, rester un instant ici n’était pas une si mauvaise idée.
- Sac à puces… ? fut la simple injonction qu’il eut pour l’animal.
S’il sentait un frottement contre ses jambes… le chat était là et réclamerait bientôt sa pitance. Dans le cas contraire il se débrouillerait et lui repartirait se terrer. C’était le plan, c’était l’habitude. Sauf que pour le coup, les habitudes furent chamboulées sous la forme d’une petite voix fluette qu’il entendit gagatiser. Il avait beau être aveugle il ne mit pas longtemps à comprendre ni imaginer la scène qui ne se déroulait pas loin de lui.
- Ha, nouvelle victime hein ? fit-il avec un rire bas quelque peu… Moqueur ? oui moqueur.
Il s’accouda contre le chambranle de la porte d’entrée, les bras croisés sur le torse alors qu’il se concentrait un peu pour avoir des sons, des sensations. Aucune dans les pattes donc la boule de poil était restée auprès de la gamine. Quel traitre. Déjà avoir une aide qui disparaissait dans les pires moments n’était pas quelque chose qu’il appréciait particulièrement, alors que l’animal s’y mette aussi…
- Petit, fit-il finalement, corrigeant la voix fluette sans bouger de sa place, ce sale matou est un digne représentant de la gente masculine.
Peut-être s’il prêtait suffisamment l’oreille, pouvait-il discerner un certain son de mastication. Tss. Vendu pour de la nourriture. Après tout, il devait reconnaitre que c’était bien joué de la part de la gamine. La bouffe était pour sûr le meilleur moyen d’attirer un animal à soi.
- Ha. Si j’avais sût qu’un jour on essaierait de me faucher mon chat, fit-il neutre.
Est-ce qu’il blaguait ? Peut-être, allez savoir. Il n’était pas réputé pour son sens de l’humour ceci dit.
A foreigner’s god
Ah… Léo. L’herboriste était bien en mal de dire avec exactitude à quel moment cette boule de poils était entrée dans sa vie. La veille il était seul, le lendemain il râlait que le chat tentait de jouer avec ses plantes. Quelque chose comme ça. Plus il repoussait la bête, et plus elle semblait revenir à la charge, jusqu’au jour où résigné, il avait simplement abandonné la lutte et laisser l’animal faire ce qu’il désirait comme il désirait. Depuis d’un accord tacite, le chat squattait ses coussins et son bureau et de temps en temps, sortait faire un tour pour se balader dans le voisinage. Il n’avait jamais cherché à comprendre ni à le retenir.
Aujourd’hui, il pouvait le dire : il avait été tranquille. Il avait senti un courant d’air lui frôler les jambes lorsqu’il avait déverrouillé et ouvert la porte ce matin pour marquer le début de sa journée de travail et n’avait ni entendu de miaulement ni sentit de présence qui aurai pu trahir la présence de l’animal à ses côtés. Il en avait profité, oh oui. Et pour le reste ? Ce fut une journée lambda pour le moment.
Des clients, des fournisseurs, des paumés. Rien de nouveau dans sa tanière et l’heure du déjeuner lui parvint ainsi. Son estomac grondant pour lui indiquer que les aiguilles avaient tournées et il délaissa sa concoction (les herbes devaient mariner de toute façon) pour se relever. Habitué à son échoppe, il s’y déplaçait sans réelle difficulté. Il attrapa un verre délaissé dont il avala une partie du contenu avant de se diriger vers la porte d’entrée qu’il ouvrit. La chaleur de la journée le frappa et il se décida que peut être, rester un instant ici n’était pas une si mauvaise idée.
- Sac à puces… ? fut la simple injonction qu’il eut pour l’animal.
S’il sentait un frottement contre ses jambes… le chat était là et réclamerait bientôt sa pitance. Dans le cas contraire il se débrouillerait et lui repartirait se terrer. C’était le plan, c’était l’habitude. Sauf que pour le coup, les habitudes furent chamboulées sous la forme d’une petite voix fluette qu’il entendit gagatiser. Il avait beau être aveugle il ne mit pas longtemps à comprendre ni imaginer la scène qui ne se déroulait pas loin de lui.
- Ha, nouvelle victime hein ? fit-il avec un rire bas quelque peu… Moqueur ? oui moqueur.
Il s’accouda contre le chambranle de la porte d’entrée, les bras croisés sur le torse alors qu’il se concentrait un peu pour avoir des sons, des sensations. Aucune dans les pattes donc la boule de poil était restée auprès de la gamine. Quel traitre. Déjà avoir une aide qui disparaissait dans les pires moments n’était pas quelque chose qu’il appréciait particulièrement, alors que l’animal s’y mette aussi…
- Petit, fit-il finalement, corrigeant la voix fluette sans bouger de sa place, ce sale matou est un digne représentant de la gente masculine.
Peut-être s’il prêtait suffisamment l’oreille, pouvait-il discerner un certain son de mastication. Tss. Vendu pour de la nourriture. Après tout, il devait reconnaitre que c’était bien joué de la part de la gamine. La bouffe était pour sûr le meilleur moyen d’attirer un animal à soi.
- Ha. Si j’avais sût qu’un jour on essaierait de me faucher mon chat, fit-il neutre.
Est-ce qu’il blaguait ? Peut-être, allez savoir. Il n’était pas réputé pour son sens de l’humour ceci dit.
Ven 26 Fév - 22:31
And every word I've gotis foreign to me
Et maintenant, le clou du spectacle : la vision de cette petite boule de poils capricieuse réduite au silence par la chair blanche du poulet. La tête posée sur ses bras croisées, Béatrice ne la quittait plus des yeux, profitant de la chaleur de l'instant, et celle des rayons qui tombaient sur son crâne et ses épaules. Une brise agréable soufflait dans les rues de Paris, ébouriffait les feuilles comme la main d’un père taquin sur les cheveux d’un enfant. La sorcière ferma les yeux, inspira et souffla au rythme de cette journée de printemps avant qu’une voix ne résonne dans son dos.
Sans prendre la peine de se lever, elle tourna la tête de sorte à voir quel genre de personnage venait interrompre sa pause. Elle dut tendre le coup pour en prendre la pleine mesure : il la dépasserait bien d’une trentaine de centimètres si elle se mettait debout. Cela devenait très récurrent, ces derniers temps, et pourtant elle aurait remarqué si elle rétrécissait entre deux nuits. Était-ce les gens autour d'elle qui grandissaient ?
Le chat, quant à lui, se débattait encore avec son morceau de viande. Durant ces quelques semaines passées à l’apprivoiser, elle avait remarqué qu’il était d’un naturel méfiant, mais la présence de ce grand monsieur ne le faisait même pas relever le museau. Son propriétaire ?
S’il se permettait de s’accouder à la boutique ainsi, il devait aussi en être le gérant, ou alors ne pas craindre le fou furieux dont se plaignaient les clients. Béatrice ressentait un soupçon de curiosité joviale à l’idée d’enfin rencontrer le grand manitou. Cependant, elle devait admettre qu'elle ne l'imaginait pas du tout ainsi : plutôt qu'un vieille homme aux articulations aussi noueuses que le tronc d'un chêne centenaire, voilà que débarquait l'ours qui en hantait la forêt.
C'est un mâle ? dit-elle en se retournant vers le félin, un sourire dans la voix. Ça explique le tempérament charmeur. C'est quoi, son petit nom ?
Elle éclata dans un rire cristallin lorsqu’il évoqua l’idée qu’elle le lui vole — un son pur et doux à l’oreille qui l’étonna alors même qu’elle en était la source. Béatrice était narquoise et taquine, mais ne riait pas souvent, pas aussi spontanément. C’était vraiment une belle journée. Elle ne se tiendrait pas rigueur de cette joie, même si elle lui semblait toujours intruse dans la gorge d’une jeune fille qui avait tant perdu.
Oh, ne vous inquiétez pas, je compte vous le voler dans la nuit. Vous devriez recevoir la demande de rançon d'ici demain matin. J'espère qu'une centaine de pièces d'or ne vous obligeront pas à fermer boutique ? Elle caressa la tête du chat avec un soupir tranquille avant de redonner son attention à l'herboriste. Elle le fixait avec des yeux perçants, des yeux qui le désassemblait avant de le réassembler. Il ne regardait jamais dans la bonne direction, ce monsieur. En fait, il ne regardait jamais.
Sans prendre la peine de se lever, elle tourna la tête de sorte à voir quel genre de personnage venait interrompre sa pause. Elle dut tendre le coup pour en prendre la pleine mesure : il la dépasserait bien d’une trentaine de centimètres si elle se mettait debout. Cela devenait très récurrent, ces derniers temps, et pourtant elle aurait remarqué si elle rétrécissait entre deux nuits. Était-ce les gens autour d'elle qui grandissaient ?
Le chat, quant à lui, se débattait encore avec son morceau de viande. Durant ces quelques semaines passées à l’apprivoiser, elle avait remarqué qu’il était d’un naturel méfiant, mais la présence de ce grand monsieur ne le faisait même pas relever le museau. Son propriétaire ?
S’il se permettait de s’accouder à la boutique ainsi, il devait aussi en être le gérant, ou alors ne pas craindre le fou furieux dont se plaignaient les clients. Béatrice ressentait un soupçon de curiosité joviale à l’idée d’enfin rencontrer le grand manitou. Cependant, elle devait admettre qu'elle ne l'imaginait pas du tout ainsi : plutôt qu'un vieille homme aux articulations aussi noueuses que le tronc d'un chêne centenaire, voilà que débarquait l'ours qui en hantait la forêt.
C'est un mâle ? dit-elle en se retournant vers le félin, un sourire dans la voix. Ça explique le tempérament charmeur. C'est quoi, son petit nom ?
Elle éclata dans un rire cristallin lorsqu’il évoqua l’idée qu’elle le lui vole — un son pur et doux à l’oreille qui l’étonna alors même qu’elle en était la source. Béatrice était narquoise et taquine, mais ne riait pas souvent, pas aussi spontanément. C’était vraiment une belle journée. Elle ne se tiendrait pas rigueur de cette joie, même si elle lui semblait toujours intruse dans la gorge d’une jeune fille qui avait tant perdu.
Oh, ne vous inquiétez pas, je compte vous le voler dans la nuit. Vous devriez recevoir la demande de rançon d'ici demain matin. J'espère qu'une centaine de pièces d'or ne vous obligeront pas à fermer boutique ? Elle caressa la tête du chat avec un soupir tranquille avant de redonner son attention à l'herboriste. Elle le fixait avec des yeux perçants, des yeux qui le désassemblait avant de le réassembler. Il ne regardait jamais dans la bonne direction, ce monsieur. En fait, il ne regardait jamais.
Dim 28 Fév - 15:58
- Lui ? Charmeur ?
La surprise est réelle, parce que c’était bien le dernier qualificatif qu’il aurait attendu pour décrire Léo. Le doute s’installa dans son esprit un instant. Est-ce qu’on parlait bien du même animal ? N’ayant aucun moyen de savoir vu que cette infernale boule de poil ne miaulait pas (seul moyen qu’il avait de pouvoir confirmer ou non l’information), il fronça les sourcils. Il n’y avait pas d’autres bestioles qui rôdait dans les parages. Il n’avait pas souvenir d’avoir entendu des sons allant dans ce sens, ni aucune bagarre qui pouvait témoigner d’un conflit de territoire.
- Léo, fit-il d’un ton autoritaire.
Pas tant pour répondre à la question qui lui fut posée que pour appeler ce foutu chat qui, après quelques longues secondes de silence, finit par lâcher temporairement son repas pour répondre d’un miaulement avant de repartir à manger tranquillement. Ouais, non, c’était bien le sien.
- Tu fais les yeux doux aux gamines toi maintenant, ronchonna-t-il en direction du chat.
Quel traitre, vraiment, il n’y avait pas d’autre terme. Eliandre secoua doucement la tête, désabusé, tandis qu’on lui parlait maintenant de kidnapping et de rançon.
- Oï. Je suis herboriste, pas banquier.
Peut-être avait-il un tel pécule quand on y pensait. Est-ce qu’il claquerait tout pour une canaille qu’on nourrissait avec … il ne savait quoi mais pour qu’il y aille et y reste, ça devait être définitivement meilleur que ce que lui pouvait lui offrir. Peut être pas en vrai. Et ainsi le matou mal léché des rues devenait un petit prince d’une maison bien. Il se marrait déjà à cette image.
- J’entends que t’as un joli rire, mais je doute que les sons soient toujours aussi agréables lorsqu’il te plantera ses crocs dans la main, si tu tentes de l’attraper.
Parce que les précédentes qui s’y été risqué lorsqu’elles avaient vu l’animal rouler en boule sur son comptoir l’avait amèrement regretté lorsque Léo avait été clair qu’il n’appréciait pas d’être dérangé dans sa sieste. Enfin, elle n’avait pas de nourriture pour l’amadouer non plus.
- Enfin, ce que j’en dis…
A foreigner’s god
- Lui ? Charmeur ?
La surprise est réelle, parce que c’était bien le dernier qualificatif qu’il aurait attendu pour décrire Léo. Le doute s’installa dans son esprit un instant. Est-ce qu’on parlait bien du même animal ? N’ayant aucun moyen de savoir vu que cette infernale boule de poil ne miaulait pas (seul moyen qu’il avait de pouvoir confirmer ou non l’information), il fronça les sourcils. Il n’y avait pas d’autres bestioles qui rôdait dans les parages. Il n’avait pas souvenir d’avoir entendu des sons allant dans ce sens, ni aucune bagarre qui pouvait témoigner d’un conflit de territoire.
- Léo, fit-il d’un ton autoritaire.
Pas tant pour répondre à la question qui lui fut posée que pour appeler ce foutu chat qui, après quelques longues secondes de silence, finit par lâcher temporairement son repas pour répondre d’un miaulement avant de repartir à manger tranquillement. Ouais, non, c’était bien le sien.
- Tu fais les yeux doux aux gamines toi maintenant, ronchonna-t-il en direction du chat.
Quel traitre, vraiment, il n’y avait pas d’autre terme. Eliandre secoua doucement la tête, désabusé, tandis qu’on lui parlait maintenant de kidnapping et de rançon.
- Oï. Je suis herboriste, pas banquier.
Peut-être avait-il un tel pécule quand on y pensait. Est-ce qu’il claquerait tout pour une canaille qu’on nourrissait avec … il ne savait quoi mais pour qu’il y aille et y reste, ça devait être définitivement meilleur que ce que lui pouvait lui offrir. Peut être pas en vrai. Et ainsi le matou mal léché des rues devenait un petit prince d’une maison bien. Il se marrait déjà à cette image.
- J’entends que t’as un joli rire, mais je doute que les sons soient toujours aussi agréables lorsqu’il te plantera ses crocs dans la main, si tu tentes de l’attraper.
Parce que les précédentes qui s’y été risqué lorsqu’elles avaient vu l’animal rouler en boule sur son comptoir l’avait amèrement regretté lorsque Léo avait été clair qu’il n’appréciait pas d’être dérangé dans sa sieste. Enfin, elle n’avait pas de nourriture pour l’amadouer non plus.
- Enfin, ce que j’en dis…
Lun 1 Mar - 18:28
And every word I've gotis foreign to me
Lorsque le gérant de boutique appela son chat par une syllabe autoritaire, humaine comme félin relevèrent le museau. Oui ? se retint de dire Béatrice, avant de réaliser que ce n'était pas elle qu'on appelait pas. Elle tourna la tête en direction de la petite boule de poils qui répondit à son maître par un miaulement presque sarcastique avant de retourner à son festin.
Léo et Léonie se tenaient l’un en face de l’autre, à la même hauteur. Bien sûr, il serait inimaginable que l’herboriste connaisse son deuxième prénom, déjà que le premier lui échappait encore, mais il s’agissait là d’un réflexe : si, à cette autre époque, sa famille ne l’appelait Solaire que lorsqu’elle boudait, on l’appelait Léonie lorsqu’elle se montrait têtue — c’est à dire souvent. Et si ses trois patronymes se tenaient côte à côte dans une phrase, alors là, c’est qu’elle avait commise une énorme bêtise en compagnie d’Oscar.
Pourtant, lorsqu’elle avait achevé son plus grand caprice, lorsqu’elle avait répondu oui à la demande de cet homme là, lorsqu’elle avait senti la culpabilité, la déception et le désarroi de ses parents lui transpercer le cœurs comme des épées de tarot, on ne l’avait pas appelé du tout.
Il... Se trouve que je ne suis pas une gamine, merci beaucoup.
Elle avait manqué d’ajouter une sarcasme sur son sens de l’observation ou la qualité de sa vue, avant de se rendre compte que la situation ne s’y prêtait pas, ou s’y prêtait au contraire beaucoup trop. Continuant d’admirer Léo faire son affaire de ce morceau de poulet, elle eut un petit rire lorsque le gérant s’outra du montant de la rançon.
Et moi dérobeuse de chat, et non pas bonne sœur.
Elle espérait qu’il n’imagine pas vraiment qu’elle s’ose à lui voler son compagnon juste sous son nez... Et même loin de celui-ci. Elle connaissait la douleur de se voir dérober un animal auquel on s’était attaché avec le temps, de son plein gré ou malgré soi, et ne penserait jamais à l’infliger cela à quelqu’un d’autre.
Elle rougit un peu à sa remarque sur son rire, surprise qu’un grand monsieur grincheux le commente de cette façon, avant de se demander comment un homme aveugle pouvait bien trouver une fille belle. Au timbre de sa voix ? À ses mots ? À la douceur de sa peau ? Elle en oublia presque le défi implicite qu’il lui lançait.
... Si c’est ainsi, je lui ferais un chemin de viande. Jusqu’ici, ça semble efficace.
Elle caressa une dernière fois le front du chat, avant de perdre sa main en grattouilles dans son cou, jusqu’à descendre le long de son dos. Puis, puisque ce n’était pas très poli d’accorder plus d’attention à l’animal de compagnie plutôt qu'à l’homme qui s’en occupait, elle se leva dans un craquement d’os, épousseta sa longue jupe couleur terre, et fit un pas en direction du garçon.
Si vous êtes herboriste, est-ce que vous avez du forsythia ?
Léo et Léonie se tenaient l’un en face de l’autre, à la même hauteur. Bien sûr, il serait inimaginable que l’herboriste connaisse son deuxième prénom, déjà que le premier lui échappait encore, mais il s’agissait là d’un réflexe : si, à cette autre époque, sa famille ne l’appelait Solaire que lorsqu’elle boudait, on l’appelait Léonie lorsqu’elle se montrait têtue — c’est à dire souvent. Et si ses trois patronymes se tenaient côte à côte dans une phrase, alors là, c’est qu’elle avait commise une énorme bêtise en compagnie d’Oscar.
Pourtant, lorsqu’elle avait achevé son plus grand caprice, lorsqu’elle avait répondu oui à la demande de cet homme là, lorsqu’elle avait senti la culpabilité, la déception et le désarroi de ses parents lui transpercer le cœurs comme des épées de tarot, on ne l’avait pas appelé du tout.
Il... Se trouve que je ne suis pas une gamine, merci beaucoup.
Elle avait manqué d’ajouter une sarcasme sur son sens de l’observation ou la qualité de sa vue, avant de se rendre compte que la situation ne s’y prêtait pas, ou s’y prêtait au contraire beaucoup trop. Continuant d’admirer Léo faire son affaire de ce morceau de poulet, elle eut un petit rire lorsque le gérant s’outra du montant de la rançon.
Et moi dérobeuse de chat, et non pas bonne sœur.
Elle espérait qu’il n’imagine pas vraiment qu’elle s’ose à lui voler son compagnon juste sous son nez... Et même loin de celui-ci. Elle connaissait la douleur de se voir dérober un animal auquel on s’était attaché avec le temps, de son plein gré ou malgré soi, et ne penserait jamais à l’infliger cela à quelqu’un d’autre.
Elle rougit un peu à sa remarque sur son rire, surprise qu’un grand monsieur grincheux le commente de cette façon, avant de se demander comment un homme aveugle pouvait bien trouver une fille belle. Au timbre de sa voix ? À ses mots ? À la douceur de sa peau ? Elle en oublia presque le défi implicite qu’il lui lançait.
... Si c’est ainsi, je lui ferais un chemin de viande. Jusqu’ici, ça semble efficace.
Elle caressa une dernière fois le front du chat, avant de perdre sa main en grattouilles dans son cou, jusqu’à descendre le long de son dos. Puis, puisque ce n’était pas très poli d’accorder plus d’attention à l’animal de compagnie plutôt qu'à l’homme qui s’en occupait, elle se leva dans un craquement d’os, épousseta sa longue jupe couleur terre, et fit un pas en direction du garçon.
Si vous êtes herboriste, est-ce que vous avez du forsythia ?
Jeu 4 Mar - 21:15
- Réponse typique de gamine, fut le retour immédiat d’Eliandre, qui se fendit également d’un léger sourire moqueur.
Il avait croisé assez de personne dans sa vie, et entendu suffisamment de voix, pour être capable de donner un vague âge de ceux dont il percevait les sons. Et il donnerait sa main à couper que celle-ci n’avait pas encore la vingtaine.
- T’as quoi ? 15 piges ? 16 à tout casser.
C’était bien trop jeune, et il en avait conscience. Mais puisque la petite semblait vouloir s’amuser à ce petit jeu, il n’avait aucune raison de se priver. Lui aussi en son temps, se targuait de son âge et détestait qu’on lui rappelait qu’il devait encore faire ses preuves et non pas simplement profiter de sa vitalité.
- Tente, tente. Il faut au moins ça pour que je te prenne au sérieux. Un chemin de viande dis-tu ? j’espère que tu n’habites pas très loin alors.
Parce qu’il savait (et elle aussi, l’espérait-il quelque part) qu’une telle stratégie lui apporterait certes un animal, mais probablement pas celui qu’elle « désirait ». Et elle n’était définitivement pas une gamine du quartier, ce n’était pas non plus une gosse qui rodait dans les parages. Il n’avait jamais entendu cette voix auparavant.
Le chat quant à lui, profita de sa pitance, mâchouillant allégrement jusqu’à ce qu’il parvienne à engloutir le morceau tout entier. Il autorisa sa bienfaitrice du jour à le gratouiller sommairement, avant de se détourner pour revenir vers son territoire.
- Du Forsythia ? J’ai ça oui.
Est-ce qu’il bougea ? non.
- D’abord ça menace d’enlever mon chat et maintenant ça me demande si je vends des plantes médicinales…
Parce qu’il ignorait tout de l’utilisation sur les créatures de la nuit. Il ignorait seulement l’existence des dites créatures, pouvait-on le blâmer pour ça ? mais il connaissait les vertus thérapeutiques de la plante.
- Manque plus que tu me dises que tu veux les fleurs pour les manger en salade et je termine de me vexer gamine.
Ho, ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait non. Il commençait à se méfier de certaines demandes farfelues. Mais finalement, finalement, se décolla-t-il du mur pour se glisser de nouveau à l’intérieur des murs, pour se mettre à jurer quasi immédiatement lorsqu’une fusée noire lui passa entre les jambes, manquant de lui faire perdre l’équilibre.
A foreigner’s god
- Réponse typique de gamine, fut le retour immédiat d’Eliandre, qui se fendit également d’un léger sourire moqueur.
Il avait croisé assez de personne dans sa vie, et entendu suffisamment de voix, pour être capable de donner un vague âge de ceux dont il percevait les sons. Et il donnerait sa main à couper que celle-ci n’avait pas encore la vingtaine.
- T’as quoi ? 15 piges ? 16 à tout casser.
C’était bien trop jeune, et il en avait conscience. Mais puisque la petite semblait vouloir s’amuser à ce petit jeu, il n’avait aucune raison de se priver. Lui aussi en son temps, se targuait de son âge et détestait qu’on lui rappelait qu’il devait encore faire ses preuves et non pas simplement profiter de sa vitalité.
- Tente, tente. Il faut au moins ça pour que je te prenne au sérieux. Un chemin de viande dis-tu ? j’espère que tu n’habites pas très loin alors.
Parce qu’il savait (et elle aussi, l’espérait-il quelque part) qu’une telle stratégie lui apporterait certes un animal, mais probablement pas celui qu’elle « désirait ». Et elle n’était définitivement pas une gamine du quartier, ce n’était pas non plus une gosse qui rodait dans les parages. Il n’avait jamais entendu cette voix auparavant.
Le chat quant à lui, profita de sa pitance, mâchouillant allégrement jusqu’à ce qu’il parvienne à engloutir le morceau tout entier. Il autorisa sa bienfaitrice du jour à le gratouiller sommairement, avant de se détourner pour revenir vers son territoire.
- Du Forsythia ? J’ai ça oui.
Est-ce qu’il bougea ? non.
- D’abord ça menace d’enlever mon chat et maintenant ça me demande si je vends des plantes médicinales…
Parce qu’il ignorait tout de l’utilisation sur les créatures de la nuit. Il ignorait seulement l’existence des dites créatures, pouvait-on le blâmer pour ça ? mais il connaissait les vertus thérapeutiques de la plante.
- Manque plus que tu me dises que tu veux les fleurs pour les manger en salade et je termine de me vexer gamine.
Ho, ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait non. Il commençait à se méfier de certaines demandes farfelues. Mais finalement, finalement, se décolla-t-il du mur pour se glisser de nouveau à l’intérieur des murs, pour se mettre à jurer quasi immédiatement lorsqu’une fusée noire lui passa entre les jambes, manquant de lui faire perdre l’équilibre.
Sam 6 Mar - 1:03
And every word I've gotis foreign to me
Ah.
D’un coup, elle comprenait beaucoup mieux les clients qui quittaient sa boutique en claquant la porte. Une moue boudeuse collée sur le visage, la sorcière croisa les bras, considérant l’herboriste de bas en haut. Le trajet, bien sûr, lui prit du temps : il était aussi grand que rustre, c’est à dire beaucoup.
Elle haussa un sourcil lorsqu’il prétendit deviner son âge avec toute la mauvaise foi du monde. Habituée à ce qu’on la résume à lui, c’était d’autant plus horripilant qu’elle ne vivait pas du tout les expériences qui se prêterait aux jeunes filles d’autant de printemps qu'elle.
Gamine, oui — mais pas suffisamment pour que l’église s’en détourne et le sort la laisse en paix.
En bref : il allait voir ce qu’il allait voir, celui là.
Elle lança un regard interrogatif à Léo qui terminait tout juste son repas, comme s’il détenait la réponse à l’énigme qu’était son maître. Peu passionné par les affaires des humains, il se contenta de se frotter à sa jambe pour quémander des grattouilles, miaula ce qu’elle supposait être un remerciement, avant de rejoindre son compagnon.
Tiens donc. Il semblerait que votre chat soit plus aimable que vous. Elle dit cela avec un sourire audible. Deux pouvaient se montrer moqueur, oh ça oui. La prochaine fois, prenez un ours. Vous devriez vous entendre à merveille.
Le sous-entendu était clair.
Au demeurant, elle commençait à se demander s’il craignait vraiment qu’elle ne vole son chat. Il réagissait comme elle lorsqu’on se montrait un peu trop curieux, qu’on empiétait un peu trop sur ses murailles. Comme un chien qui aboie pour défendre son territoire. En soi, un homme étrange mais pas méchant. Après une courte inspiration, elle concéda à agir comme une adulte, ne serait-ce pour ne plus se sentir autant visée par le surnom dont il l’avait affublé.
Une réponse typique de gamine...
Oh, mais n’exagérez pas. Elle esquissa de le suivre d’un pas indolent, avant de se précipiter en avant quand Léo manqua de le faire tomber. Dieu merci, le mystérieux gérant ne chuta pas — elle s’éloigna doucement avec un soupir rassuré, avant de reprendre.
... Je ne vais pas en faire une salade.
Avec une démarche fluette, elle passa devant lui, curieuse d’enfin découvrir à quoi ressemblait cette petite échoppe de l’intérieur.
Je vais en faire une tarte. Nuance. Un autre petit rire avant qu’elle ne cherche Léo du regard. Il s’était hissé sur le comptoir comme un trône. Béatrice s’en approcha à distance respectueuse tandis qu’un silence tranquille s’installait dans la boutique.
D’un coup, elle comprenait beaucoup mieux les clients qui quittaient sa boutique en claquant la porte. Une moue boudeuse collée sur le visage, la sorcière croisa les bras, considérant l’herboriste de bas en haut. Le trajet, bien sûr, lui prit du temps : il était aussi grand que rustre, c’est à dire beaucoup.
Elle haussa un sourcil lorsqu’il prétendit deviner son âge avec toute la mauvaise foi du monde. Habituée à ce qu’on la résume à lui, c’était d’autant plus horripilant qu’elle ne vivait pas du tout les expériences qui se prêterait aux jeunes filles d’autant de printemps qu'elle.
Gamine, oui — mais pas suffisamment pour que l’église s’en détourne et le sort la laisse en paix.
En bref : il allait voir ce qu’il allait voir, celui là.
Elle lança un regard interrogatif à Léo qui terminait tout juste son repas, comme s’il détenait la réponse à l’énigme qu’était son maître. Peu passionné par les affaires des humains, il se contenta de se frotter à sa jambe pour quémander des grattouilles, miaula ce qu’elle supposait être un remerciement, avant de rejoindre son compagnon.
Tiens donc. Il semblerait que votre chat soit plus aimable que vous. Elle dit cela avec un sourire audible. Deux pouvaient se montrer moqueur, oh ça oui. La prochaine fois, prenez un ours. Vous devriez vous entendre à merveille.
Le sous-entendu était clair.
Au demeurant, elle commençait à se demander s’il craignait vraiment qu’elle ne vole son chat. Il réagissait comme elle lorsqu’on se montrait un peu trop curieux, qu’on empiétait un peu trop sur ses murailles. Comme un chien qui aboie pour défendre son territoire. En soi, un homme étrange mais pas méchant. Après une courte inspiration, elle concéda à agir comme une adulte, ne serait-ce pour ne plus se sentir autant visée par le surnom dont il l’avait affublé.
Une réponse typique de gamine...
Oh, mais n’exagérez pas. Elle esquissa de le suivre d’un pas indolent, avant de se précipiter en avant quand Léo manqua de le faire tomber. Dieu merci, le mystérieux gérant ne chuta pas — elle s’éloigna doucement avec un soupir rassuré, avant de reprendre.
... Je ne vais pas en faire une salade.
Avec une démarche fluette, elle passa devant lui, curieuse d’enfin découvrir à quoi ressemblait cette petite échoppe de l’intérieur.
Je vais en faire une tarte. Nuance. Un autre petit rire avant qu’elle ne cherche Léo du regard. Il s’était hissé sur le comptoir comme un trône. Béatrice s’en approcha à distance respectueuse tandis qu’un silence tranquille s’installait dans la boutique.
Sam 6 Mar - 18:08
- Les habitants ont déjà assez peur de l’ours déjà présent pour qu’on leur en impose un second.
Oui, il savait parfaitement la réputation qu’il avait, entendait suffisamment les remarques plus ou moins désobligeantes lorsqu’il rabrouait vertement les gens, la colère dans leur voix. Il était passé outre depuis longtemps. Mais après tout, savoir l’utilisation potentielle de ce qu’ils achetaient ne le regardait ou ne l’intéressait pas et beaucoup avait tendance à s’épancher un peu trop sur le pourquoi qu’il venait acheter telle ou telle plante.
… Encore moins quand on venait lui demander des plantes très précieuses pour faire n’importe quoi avec.
C’est pour ça que lorsqu’il rentra dans son entre et qu’il sentit la jeune fille suivre, niant la salade, il soupira, sachant très bien ce qui allait tomber derrière.
- Original tiens, maugréa-t-il, la lubie de certaines personnes m’étonnera toujours.
L’intérieur du bâtiment était simple, l’atmosphère chargée de l’odeur des différentes plantes suspendues par bouquets ici et là. Si l’avant de la boutique était assez sobre, derrière le comptoir sur lequel s’étalait différentes fioles et bouteilles ainsi qu’une sonnette, c’était autre chose. On pouvait distinguer de quoi faire chauffer un récipient, une balance et un livre fermé, ainsi que dans le fond, des grands tiroirs étalés sur tout un mur. Des escaliers indiquaient la présence d’un étage mais dissimulai aussi un passage vers une autre partie privée.
- Je t’en foutrais des tartes tiens.
Eliandre fit le tour du comptoir sans difficulté, ayant bien trop l’habitude des lieux pour se cogner encore contre quoi que ce soit avant de se diriger vers le fond. Il grogna un instant, devant se souvenir du tiroir dans lequel se trouvais la Forsythia. Ce n’était pas une plante qu’on lui demandait souvent. Finalement il se déplaça, ses mains se relevant pour effleurer la surface et chercher l’indication qu’il était arrivé au bon endroit.
- Alors gamine, combien t’en veux ? Si t’en veux toujours.
Sur le comptoir, le chat s’était installé sur un coussin posé contre le mur. A la quantité de poil, nul doute qu’il se l’ait approprié depuis longtemps.
A foreigner’s god
- Les habitants ont déjà assez peur de l’ours déjà présent pour qu’on leur en impose un second.
Oui, il savait parfaitement la réputation qu’il avait, entendait suffisamment les remarques plus ou moins désobligeantes lorsqu’il rabrouait vertement les gens, la colère dans leur voix. Il était passé outre depuis longtemps. Mais après tout, savoir l’utilisation potentielle de ce qu’ils achetaient ne le regardait ou ne l’intéressait pas et beaucoup avait tendance à s’épancher un peu trop sur le pourquoi qu’il venait acheter telle ou telle plante.
… Encore moins quand on venait lui demander des plantes très précieuses pour faire n’importe quoi avec.
C’est pour ça que lorsqu’il rentra dans son entre et qu’il sentit la jeune fille suivre, niant la salade, il soupira, sachant très bien ce qui allait tomber derrière.
- Original tiens, maugréa-t-il, la lubie de certaines personnes m’étonnera toujours.
L’intérieur du bâtiment était simple, l’atmosphère chargée de l’odeur des différentes plantes suspendues par bouquets ici et là. Si l’avant de la boutique était assez sobre, derrière le comptoir sur lequel s’étalait différentes fioles et bouteilles ainsi qu’une sonnette, c’était autre chose. On pouvait distinguer de quoi faire chauffer un récipient, une balance et un livre fermé, ainsi que dans le fond, des grands tiroirs étalés sur tout un mur. Des escaliers indiquaient la présence d’un étage mais dissimulai aussi un passage vers une autre partie privée.
- Je t’en foutrais des tartes tiens.
Eliandre fit le tour du comptoir sans difficulté, ayant bien trop l’habitude des lieux pour se cogner encore contre quoi que ce soit avant de se diriger vers le fond. Il grogna un instant, devant se souvenir du tiroir dans lequel se trouvais la Forsythia. Ce n’était pas une plante qu’on lui demandait souvent. Finalement il se déplaça, ses mains se relevant pour effleurer la surface et chercher l’indication qu’il était arrivé au bon endroit.
- Alors gamine, combien t’en veux ? Si t’en veux toujours.
Sur le comptoir, le chat s’était installé sur un coussin posé contre le mur. A la quantité de poil, nul doute qu’il se l’ait approprié depuis longtemps.
Lun 8 Mar - 16:10
And every word I've gotis foreign to me
Béatrice haussa un sourcil. Peur de l’ours, disait-il ? Elle n’eut cesse de le fixer en vain pour chercher ce qu’il y avait de si terrible à son sujet. Hormis sa taille, qui pourrait effectivement intimider une personne plus petite (c’est à dire l’écrasante majorité de la population), elle ne lui trouvait rien de faramineux. Après un petit silence à débattre sur le sujet, elle finit par admettre :
Peur ? Mais vous n’êtes pas effrayant. Vous êtes désagréable.
Elle ne cherchait même pas à l’insulter : une attitude pareille ne pouvait qu’être volontaire, mûrement réfléchie, et Béatrice ne devait rien lui apprendre, sinon que son stratagème était efficace. Une façon de s’éloigner des gens ? Ou, en tout cas, des les éloigner eux. Elle supposait qu’une cécité aussi grave que la sienne appelait à la méfiance des autres. Le gérant de boutique restait une proie facile dans un monde qui aimait à s’entre-dévorer, et moins l’on cherchait sa présence, moins on le remarquait, mieux devait-il se porter.
Elle pouffa, détournant les yeux, lorsqu’il se hérissa au sujet de cette tarte hypothétique. Le second degré n’était décidément pas son fort. Béatrice songea un instant qu’il ne devait pas fréquenter des gens très marrants, avant de réaliser qu’il devait surtout se fier à sa voix, et uniquement sa voix, pour déceler le sarcasme. Elle eut la désagréable impression que, du point de vue de l'herboriste, il n’entendait que de jolis phrases avec l’intonation du mensonge, et se résolut à se montrer sans fioritures pour le reste de leur entretien.
Elle repensa aux fleurs en salade. Ce qu’elle avait compris comme une moquerie un peu étrange se recontextualisa en une véritable inquiétude. Béatrice savait que certaines fleurs étaient comestibles, mais elle avait envisagé la chose comme un dernier recours, et non pas un dîner banal de mardi soir. Mais puisqu’il parlait de lubie... Elle ne pouvait qu’imaginer les requêtes entendues au sein de ces quatre murs.
Dit ainsi, on croirait que vous aimeriez me frapper. Elle secoua la tête avant d’ajouter, au cas où : Ce que je vous saurais gré de ne pas faire.
Quelle étrange après-midi. Elle fixa Léo avec un petit air de reproches, car au fond, tout ça était de sa faute. Elle se demandait presque si le chat ne l’avait pas attiré jusqu’à la boutique en connaissance de cause, pour distraire un maître qui s’ennuyait et, sans doute, se sentait un peu seul.
Elle se mit sur la pointe des pieds pour se pencher par dessus le comptoir, notant la quantité de Forsythia.
Deux poignées suffiront.
Sa main s’aventura jusqu’au museau de félin pour qu’il puisse renifler sa peau, son odeur, et accepter la caresse implicite dont elle l’avertissait. Il baissa doucement la tête, désormais paresseux sur son bel oreiller pour qu’elle lui gratte derrière l’oreille. Ah, si Constantin était là...
Ah, et puisque je suis là. Un...
Ami ? Le prêtre ne devait certainement pas la voir ainsi.
... Quelqu’un de ma connaissance fait beaucoup de cauchemars. Quelle plante conviendrait-il d'infuser, le soir, pour les alléger ?
Peur ? Mais vous n’êtes pas effrayant. Vous êtes désagréable.
Elle ne cherchait même pas à l’insulter : une attitude pareille ne pouvait qu’être volontaire, mûrement réfléchie, et Béatrice ne devait rien lui apprendre, sinon que son stratagème était efficace. Une façon de s’éloigner des gens ? Ou, en tout cas, des les éloigner eux. Elle supposait qu’une cécité aussi grave que la sienne appelait à la méfiance des autres. Le gérant de boutique restait une proie facile dans un monde qui aimait à s’entre-dévorer, et moins l’on cherchait sa présence, moins on le remarquait, mieux devait-il se porter.
Elle pouffa, détournant les yeux, lorsqu’il se hérissa au sujet de cette tarte hypothétique. Le second degré n’était décidément pas son fort. Béatrice songea un instant qu’il ne devait pas fréquenter des gens très marrants, avant de réaliser qu’il devait surtout se fier à sa voix, et uniquement sa voix, pour déceler le sarcasme. Elle eut la désagréable impression que, du point de vue de l'herboriste, il n’entendait que de jolis phrases avec l’intonation du mensonge, et se résolut à se montrer sans fioritures pour le reste de leur entretien.
Elle repensa aux fleurs en salade. Ce qu’elle avait compris comme une moquerie un peu étrange se recontextualisa en une véritable inquiétude. Béatrice savait que certaines fleurs étaient comestibles, mais elle avait envisagé la chose comme un dernier recours, et non pas un dîner banal de mardi soir. Mais puisqu’il parlait de lubie... Elle ne pouvait qu’imaginer les requêtes entendues au sein de ces quatre murs.
Dit ainsi, on croirait que vous aimeriez me frapper. Elle secoua la tête avant d’ajouter, au cas où : Ce que je vous saurais gré de ne pas faire.
Quelle étrange après-midi. Elle fixa Léo avec un petit air de reproches, car au fond, tout ça était de sa faute. Elle se demandait presque si le chat ne l’avait pas attiré jusqu’à la boutique en connaissance de cause, pour distraire un maître qui s’ennuyait et, sans doute, se sentait un peu seul.
Elle se mit sur la pointe des pieds pour se pencher par dessus le comptoir, notant la quantité de Forsythia.
Deux poignées suffiront.
Sa main s’aventura jusqu’au museau de félin pour qu’il puisse renifler sa peau, son odeur, et accepter la caresse implicite dont elle l’avertissait. Il baissa doucement la tête, désormais paresseux sur son bel oreiller pour qu’elle lui gratte derrière l’oreille. Ah, si Constantin était là...
Ah, et puisque je suis là. Un...
Ami ? Le prêtre ne devait certainement pas la voir ainsi.
... Quelqu’un de ma connaissance fait beaucoup de cauchemars. Quelle plante conviendrait-il d'infuser, le soir, pour les alléger ?
Sam 13 Mar - 11:26
- Désagréable hein. Dis-moi quelque chose que je ne sais pas déjà.
Ils étaient ainsi rentrés à l’intérieur. Eliandre était reparti à son occupation première, sans se démonter du fait que son apprenti n’avait pas pointé le bout de son nez, probablement sorti faire il ne savait quelle bêtise dehors. Décidément…
- Allons gamine, ne dis pas de sottise. Même si j’en avais envie, tu serais déjà bien loin avant que je n’aie pu rejoindre l’endroit où tu es maintenant.
Il y a un temps où il se serait volontiers bagarré avec le ou les premiers venus, dans toute son mauvais caractère et le côté désagréable qui le caractérisait si bien. Pour autant il était tout aussi lucide sur ses capacités actuelle et le fait que s’il était parvenu à s’accommoder de sa cécité et du fait de vivre dans le noir, il restait tout de mêmes certaines choses qu’il était incapable désormais de faire seul. Et si l’idée l’ennuyait et l’énerver, il n’y avait rien, rien qui ne puisse l’aider dans sa tâche.
A part une aide extérieure qu’il ne possédait pas.
- De ta connaissance hein ?
Oh non, il ne chercherait pas à savoir. Alors qu’il s’emparait avec une certaine délicatesse des pétales demandées pour ne pas les abimer, une nouvelle demande lui était parvenue. Il se fit pensif un instant alors qu’il revenait vers le comptoir, déposant la précieuse fleur devant lui.
- Malheureusement les plantes ne peuvent soigner une blessure de l’âme ou de l’esprit. Simplement celles du corps. Rien ne peut alléger les cauchemars de ton compagnon tant qu’il n’aura pas fait la paix avec lui-même.
Pour un peu, il était redevenu calme et presque… amical ? Non, il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin, il était toujours aussi bourru. Mais faire appel à ses connaissances le rendait toujours immédiatement plus sérieux, abandonnant ses sarcasmes au profit d’un savoir pur.
- Tout ce que je peux proposer, c’est de l’assommer suffisamment pour lui accorder une nuit sans rêve. Mais réalise bien, gamine, que cela ne peut être qu’une solution temporaire.
Il n’avait pas connaissance d’une certaine addiction concernant les plantes qu’il avait en tête. Enfin du moins, il ne se souvenait pas que le but de certaines visites fréquentes était la plane elle-même. C’était plutôt ses effets qui étaient recherchés, comme un désespoir de ne plus pouvoir s’en passer plutôt que de prendre le problème à la racine.
- Quel âge a cette connaissance donc ?
A foreigner’s god
- Désagréable hein. Dis-moi quelque chose que je ne sais pas déjà.
Ils étaient ainsi rentrés à l’intérieur. Eliandre était reparti à son occupation première, sans se démonter du fait que son apprenti n’avait pas pointé le bout de son nez, probablement sorti faire il ne savait quelle bêtise dehors. Décidément…
- Allons gamine, ne dis pas de sottise. Même si j’en avais envie, tu serais déjà bien loin avant que je n’aie pu rejoindre l’endroit où tu es maintenant.
Il y a un temps où il se serait volontiers bagarré avec le ou les premiers venus, dans toute son mauvais caractère et le côté désagréable qui le caractérisait si bien. Pour autant il était tout aussi lucide sur ses capacités actuelle et le fait que s’il était parvenu à s’accommoder de sa cécité et du fait de vivre dans le noir, il restait tout de mêmes certaines choses qu’il était incapable désormais de faire seul. Et si l’idée l’ennuyait et l’énerver, il n’y avait rien, rien qui ne puisse l’aider dans sa tâche.
A part une aide extérieure qu’il ne possédait pas.
- De ta connaissance hein ?
Oh non, il ne chercherait pas à savoir. Alors qu’il s’emparait avec une certaine délicatesse des pétales demandées pour ne pas les abimer, une nouvelle demande lui était parvenue. Il se fit pensif un instant alors qu’il revenait vers le comptoir, déposant la précieuse fleur devant lui.
- Malheureusement les plantes ne peuvent soigner une blessure de l’âme ou de l’esprit. Simplement celles du corps. Rien ne peut alléger les cauchemars de ton compagnon tant qu’il n’aura pas fait la paix avec lui-même.
Pour un peu, il était redevenu calme et presque… amical ? Non, il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin, il était toujours aussi bourru. Mais faire appel à ses connaissances le rendait toujours immédiatement plus sérieux, abandonnant ses sarcasmes au profit d’un savoir pur.
- Tout ce que je peux proposer, c’est de l’assommer suffisamment pour lui accorder une nuit sans rêve. Mais réalise bien, gamine, que cela ne peut être qu’une solution temporaire.
Il n’avait pas connaissance d’une certaine addiction concernant les plantes qu’il avait en tête. Enfin du moins, il ne se souvenait pas que le but de certaines visites fréquentes était la plane elle-même. C’était plutôt ses effets qui étaient recherchés, comme un désespoir de ne plus pouvoir s’en passer plutôt que de prendre le problème à la racine.
- Quel âge a cette connaissance donc ?
Dim 14 Mar - 14:21
And every word I've gotis foreign to me
Comme supposé par Béatrice, l’herboriste se parait de la même assurance qui composait les plaques de son armure : il savait qui il était et comment les autres le percevaient, ne s’offusquaient pas lorsqu’on lui disait que le ciel est bleu, et son caractère pareil à celui d'un chien. Elle sourit pour elle-même, se sentant d’un coup proche de quelqu’un qui partageait ses mécanismes.
La perspective qu’elle lui échappe si d’aventure il s'essayait à lui faire du mal la fit rire. À force d’années de service envers l’église souterraine, la sorcière avait acquis quelques automatismes dont il lui était difficile de se détacher. Si elle gardait une certaine méfiance, compensée par sa solitude qui la poussait à s’attacher vite et fort, elle ne pouvait pas se débarrasser si facilement de ses autres réflexes : bondir de son lit au moindre bruit dans sa chambre, dormir avec son épée à côté d'elle, voir même en l’enserrant comme une peluche et, dans la panique, frapper la première. Elle ne fuirait pas le gérant, même dans sa propre boutique, ni ne tendrait l’autre joue, mais affligerait en retour, avec autant de véhémence, sinon plus.
Quelle chance que les fameuses tartes ne soient ici qu’une pâtisserie et non quelques coups jetés ci et là.
— De ta connaissance hein ?
Elle s’attendit à une nouvelle remarque moqueuse, ponctuée d’un gamine à l'abandon, mais elle ne vint jamais. Béatrice n’était même pas certaine qu’il l’ait pensé. Elle se contenta d’acquiescer solennelle, avant de se souvenir qu’il n’en prendrait pas conscience, et produit un son d’agrément en attendant qu’il poursuive. S’enfoncer dans des explications sur qui était Constantin pour elle ne servirait qu’à lui tendre des carreaux supplémentaires à tirer avec son arbalète caustique, et elle-même ne détenait pas la réponse à cette question.
Un vent de sérieux professionnel souffla les derniers relents d’humour narquois. L’herboriste sembla d’un coup plus grand, ce que Béatrice n’imaginait pas possible, tandis qu’il expliquait ce qu’elle craignait d’entendre. Elle croisa les bras par habitude, poussant un soupir lorsqu’il eut terminé : il lui semblait qu’il parlait autant de Constantin que d'elle mais elle espérait que les cauchemars du Cardinal n’aient pas les mêmes causes que les siens.
Faire la paix avec soi-même...
Et quoi d’autre, encore ? Accepter ce qu’il s’était passé ? Qu’on tue ses parents ainsi, du jour au lendemain, qu’ils disparaissent alors qu’ils étaient juste là, à la regarder avec ces regards chargés, à dire qu’ils étaient fiers d’elle comme s’ils ne la reverraient plus jamais, à cacher quelque chose — mais quelque chose qu’elle était trop lâche pour leur arracher, parce qu’elle avait mieux à faire, qu’elle avait la tête déjà pleine de ces histoires de fiançailles ?
— Je vois. Ne peuvent-elles pas au moins réduire les symptômes ?
— Tout ce que je peux proposer, c’est de l’assommer suffisamment pour lui accorder une nuit sans rêve. Mais réalise bien, gamine, que cela ne peut être qu’une solution temporaire.
Sa langue claqua sans même qu’elle ne risque une blague. Son humeur ne s’y prêtait plus. Léo, sur son bel oreiller, s’était endormi. Elle le fixa un instant, cherchant à retrouver un peu de son calme dans ces petits yeux clos, cette tranquillité et ce confort dont il irradiait, avant de reprendre la parole.
— Mieux vaut une nuit sans rêve que pervertie de songes.
Cette semaine encore, elle s’était glissé dans sa chambre pour doucement lui secouer les épaules, lui essuyer le front et lui murmurer que tout allait bien, qu’elle était là, qu’il n’y avait aucun danger, aucune horreur.
Mais combien de temps encore à lui mentir ainsi ?
Elle ne lui en tenait pas rigueur — avec ou sans terreurs pour la réveiller, Béatrice dormait mal, d'un sommeil sans repos.
— Un peu plus de la trentaine. Elle réfléchit, la main sous le menton, avant d’ajouter : Vous posez la question pour le dosage, le choix des plantes ?
Car de toute évidence, l’herboriste ne lui semblait pas du genre à s’intéresser à ce genre de détails pour simplement faire la conversation. Béatrice se remit une nouvelle fois sur la pointe des pieds pour regarder ses mains travailler. L’affaire la rendait très curieuse.
— Si c’est le cas, considérez que le remède sera utilisé par deux personnes. Un homme trentenaire et une jeune femme approchant la vingtaine.
La tentation de se vieillir la prenait aux tripes, surtout avec tous ces gamines disséminés dans ses phrases pour qu’elle trébuche dessus, mais on ne mentait pas à un soigneur — et de préférence, on ne mentait pas du tout.
La perspective qu’elle lui échappe si d’aventure il s'essayait à lui faire du mal la fit rire. À force d’années de service envers l’église souterraine, la sorcière avait acquis quelques automatismes dont il lui était difficile de se détacher. Si elle gardait une certaine méfiance, compensée par sa solitude qui la poussait à s’attacher vite et fort, elle ne pouvait pas se débarrasser si facilement de ses autres réflexes : bondir de son lit au moindre bruit dans sa chambre, dormir avec son épée à côté d'elle, voir même en l’enserrant comme une peluche et, dans la panique, frapper la première. Elle ne fuirait pas le gérant, même dans sa propre boutique, ni ne tendrait l’autre joue, mais affligerait en retour, avec autant de véhémence, sinon plus.
Quelle chance que les fameuses tartes ne soient ici qu’une pâtisserie et non quelques coups jetés ci et là.
— De ta connaissance hein ?
Elle s’attendit à une nouvelle remarque moqueuse, ponctuée d’un gamine à l'abandon, mais elle ne vint jamais. Béatrice n’était même pas certaine qu’il l’ait pensé. Elle se contenta d’acquiescer solennelle, avant de se souvenir qu’il n’en prendrait pas conscience, et produit un son d’agrément en attendant qu’il poursuive. S’enfoncer dans des explications sur qui était Constantin pour elle ne servirait qu’à lui tendre des carreaux supplémentaires à tirer avec son arbalète caustique, et elle-même ne détenait pas la réponse à cette question.
Un vent de sérieux professionnel souffla les derniers relents d’humour narquois. L’herboriste sembla d’un coup plus grand, ce que Béatrice n’imaginait pas possible, tandis qu’il expliquait ce qu’elle craignait d’entendre. Elle croisa les bras par habitude, poussant un soupir lorsqu’il eut terminé : il lui semblait qu’il parlait autant de Constantin que d'elle mais elle espérait que les cauchemars du Cardinal n’aient pas les mêmes causes que les siens.
Faire la paix avec soi-même...
Et quoi d’autre, encore ? Accepter ce qu’il s’était passé ? Qu’on tue ses parents ainsi, du jour au lendemain, qu’ils disparaissent alors qu’ils étaient juste là, à la regarder avec ces regards chargés, à dire qu’ils étaient fiers d’elle comme s’ils ne la reverraient plus jamais, à cacher quelque chose — mais quelque chose qu’elle était trop lâche pour leur arracher, parce qu’elle avait mieux à faire, qu’elle avait la tête déjà pleine de ces histoires de fiançailles ?
— Je vois. Ne peuvent-elles pas au moins réduire les symptômes ?
— Tout ce que je peux proposer, c’est de l’assommer suffisamment pour lui accorder une nuit sans rêve. Mais réalise bien, gamine, que cela ne peut être qu’une solution temporaire.
Sa langue claqua sans même qu’elle ne risque une blague. Son humeur ne s’y prêtait plus. Léo, sur son bel oreiller, s’était endormi. Elle le fixa un instant, cherchant à retrouver un peu de son calme dans ces petits yeux clos, cette tranquillité et ce confort dont il irradiait, avant de reprendre la parole.
— Mieux vaut une nuit sans rêve que pervertie de songes.
Cette semaine encore, elle s’était glissé dans sa chambre pour doucement lui secouer les épaules, lui essuyer le front et lui murmurer que tout allait bien, qu’elle était là, qu’il n’y avait aucun danger, aucune horreur.
Mais combien de temps encore à lui mentir ainsi ?
Elle ne lui en tenait pas rigueur — avec ou sans terreurs pour la réveiller, Béatrice dormait mal, d'un sommeil sans repos.
— Un peu plus de la trentaine. Elle réfléchit, la main sous le menton, avant d’ajouter : Vous posez la question pour le dosage, le choix des plantes ?
Car de toute évidence, l’herboriste ne lui semblait pas du genre à s’intéresser à ce genre de détails pour simplement faire la conversation. Béatrice se remit une nouvelle fois sur la pointe des pieds pour regarder ses mains travailler. L’affaire la rendait très curieuse.
— Si c’est le cas, considérez que le remède sera utilisé par deux personnes. Un homme trentenaire et une jeune femme approchant la vingtaine.
La tentation de se vieillir la prenait aux tripes, surtout avec tous ces gamines disséminés dans ses phrases pour qu’elle trébuche dessus, mais on ne mentait pas à un soigneur — et de préférence, on ne mentait pas du tout.
Mar 16 Mar - 7:46
A foreigner’s god
Une nuit sans rêve que pervertie de songe. L’herboriste ne répondit que d’un haussement d’épaule, peu enclin à discuter cette philosophie de vie. Chacun luttait comme il voulait ou pouvait et il n’était pas celui qui jugerait ou commenterait. Des cauchemars, il en faisait depuis qu’il avait cinq ans après tout et de ce qu’il pouvait (ne pas) entendre, la gamine elle-même semblait peser la question. Cela confirma une partie des doutes d’Eliandre mais, une fois de plus, il se garda de dire quoi que ce soit.
Un adulte. Eliandre se fit pensif un moment tandis qu’il cherchait dans sa mémoire la plante qui conviendrait le mieux à la demande du client. Son fil de pensée fut néanmoins stoppé rapidement par une nouvelle remarque.
- Heureux de constater que tu utilises ta tête gamine, maugréa-t-il en une vague confirmation.
Ce n’était pas tant pour le dosage que pour le choix, pour le coup, tandis qu’il rejoignait de nouveau ses tiroirs pour se mettre à la recherche de celui qui l’intéressait. Finalement il sembla trouver tandis qu’il l’ouvrit et en tirait un récipient puis deux, s’autorisant un léger sourire tandis que l’odeur des fleurs séchées lui parvenait brièvement avant qu’il ne referme le tout.
- Approchant la vingtaine hein. Tu as bien le temps d’y arriver ne l’espère pas trop vite.
Non. La voix qu’il percevait n’était définitivement pas une de vingt ans. Mais pour le reste il s’en moquait, s’amusait juste de cette volonté de la jeunesse de paraître plus que ce qu’ils n’étaient avant de le regretter quelques années plus tard et de chercher à faire l’inverse. Les nouvelles fleurs trouvèrent place à côté des premières, tandis que l’herboriste indiquait le prix du tout d’une voix amusée, légèrement moqueuse peut être.
- Une cuillère à café de fleurs pour une tasse. Matin et soir. Je vais considérer que tu es de bonne fois et te donner la dose pour deux personnes. Tu en as pour 10 jours.
Et l’air d’Eliandre se fit soudainement plus sérieux alors qu’il plaquait ses mains sur le comptoir pour se pencher en direction de la voix, presque menaçant, alors qu’il reprenait avec un certain mécontentement.
- Ne t’avise pas de changer les doses ou de t’amuser à sacrifier la part de l’un pour en donner plus longtemps à l’autre, compris gamine ?
Parce qu’il voulait bien croire que certains ne pensait pas à mal en le faisant. Mais ses indications n’étaient pas pour des prunes et il serait absolument impitoyable si on revenait chouiner dans ses pattes suite à une bavure.
- Continue d’utiliser ta cervelle ou je refuse d’être responsable de ce qui pourrait se passer.
Il n’était pas rassurant et ? Il avait une réputation à tenir.
Un adulte. Eliandre se fit pensif un moment tandis qu’il cherchait dans sa mémoire la plante qui conviendrait le mieux à la demande du client. Son fil de pensée fut néanmoins stoppé rapidement par une nouvelle remarque.
- Heureux de constater que tu utilises ta tête gamine, maugréa-t-il en une vague confirmation.
Ce n’était pas tant pour le dosage que pour le choix, pour le coup, tandis qu’il rejoignait de nouveau ses tiroirs pour se mettre à la recherche de celui qui l’intéressait. Finalement il sembla trouver tandis qu’il l’ouvrit et en tirait un récipient puis deux, s’autorisant un léger sourire tandis que l’odeur des fleurs séchées lui parvenait brièvement avant qu’il ne referme le tout.
- Approchant la vingtaine hein. Tu as bien le temps d’y arriver ne l’espère pas trop vite.
Non. La voix qu’il percevait n’était définitivement pas une de vingt ans. Mais pour le reste il s’en moquait, s’amusait juste de cette volonté de la jeunesse de paraître plus que ce qu’ils n’étaient avant de le regretter quelques années plus tard et de chercher à faire l’inverse. Les nouvelles fleurs trouvèrent place à côté des premières, tandis que l’herboriste indiquait le prix du tout d’une voix amusée, légèrement moqueuse peut être.
- Une cuillère à café de fleurs pour une tasse. Matin et soir. Je vais considérer que tu es de bonne fois et te donner la dose pour deux personnes. Tu en as pour 10 jours.
Et l’air d’Eliandre se fit soudainement plus sérieux alors qu’il plaquait ses mains sur le comptoir pour se pencher en direction de la voix, presque menaçant, alors qu’il reprenait avec un certain mécontentement.
- Ne t’avise pas de changer les doses ou de t’amuser à sacrifier la part de l’un pour en donner plus longtemps à l’autre, compris gamine ?
Parce qu’il voulait bien croire que certains ne pensait pas à mal en le faisant. Mais ses indications n’étaient pas pour des prunes et il serait absolument impitoyable si on revenait chouiner dans ses pattes suite à une bavure.
- Continue d’utiliser ta cervelle ou je refuse d’être responsable de ce qui pourrait se passer.
Il n’était pas rassurant et ? Il avait une réputation à tenir.
Mar 16 Mar - 11:13
And every word I've gotis foreign to me
Il prenait définitivement plaisir à l’appeler ainsi. Avec un énième soupir, Béatrice secoua la tête, désespérée de ce caractère de cochon, donnant plutôt son attention au félin ensommeillé, dont les poils brillaient sous les rayons du soleil. Difficile d’imaginer une créature aussi adorable sous la garde d’un maître pareil. Elle releva des yeux soupçonneux sur la figure sévère de l’herboriste. Est-ce qu’il était du genre à s’extasier devant son chat dès qu’on tournait le dos ? Il l’appelait bien sac à puces, mais ne manquait pas de laisser malencontreusement (oups) un oreiller précieux sur le comptoir pour qu’il y soit confortable.
Elle regarda ses grandes mains travailler avec curiosité et, il fallait le reconnaître, une certaine admiration. Si l’idée d’un soigneur aveugle pourrait faire hausser les sourcils à plus d’un, Béatrice pouvait au moins lui accorder sa confiance sous la réserve d’une clientèle fidèle, si perpétuellement agacée en sortant de sa boutique.
Un sourire fugitif passa sur les lèvres du garçon. Appuyée sur le comptoir comme elle l’était, la sorcière manqua de trébucher de choc, hésitant presque à se frotter les yeux (sarcastiquement) pour vérifier qu’il ne s’agisse pas d’un mauvais tour de son esprit.
— Tiens donc. Vous êtes bel et bien capable de sourire avec autre chose que de l’aigreur. Merveilleux.
Elle leva les yeux au ciel à cette énième remarque sur sa — pfff — prétendue jeunesse, mais Dieu, bien confortable dans son Paradis, ferma les rideaux.
— Vous devriez vous y essayer plus souvent. Si vous n’étiez pas aussi rustre, vous seriez presque charmant.
Elle repoussa le fil qui fermait sa bourse avant d’en sortir le montant nécessaire, et de placer les pièces en une pile organisée sur le comptoir. Certes, cet herboriste était un goujat, et, elle osait à peine le penser, un pétrousquin, mais ce n’était pas une raison de lui compliquer la transaction.
Béatrice écouta docile ses instructions, avant de froncer les sourcils lorsqu’il assuma si gentiment qu’elle était de bonne foi. Qu’est ce que c’était censé vouloir dire ? Levant la main dans un signe interrogatif, elle se rappela aussitôt qu’il pouvait tout au plus l’entendre bouger, sans la voir faire, et demanda :
— De bonne foi ? À l’opposé de... ?
La mauvaise foi, oui, mais elle concevait difficilement qu’on puisse abuser d’herbes qui facilitaient le sommeil. Que craignait-il ? Qu’elle plonge Constantin dans le coma ? Qu’elle se réveille à midi passé parce qu’elle avait trop poussé sur les plantes ?
Elle manqua de perdre l'équilibre lorsqu’il se pencha vers elle — de toute évidence, il l’avait estimé beaucoup plus loin qu’elle ne l’était en réalité. Ça lui apprendrait, à fureter pendant que l’herboriste travaillait. Léo avait haussé une oreille paresseuse à l’entente du sursaut aigu de sa bienfaitrice, un son qui aurait pu embarrasser Béatrice pour le restant de ses jours si seulement elle n’avait pas d’autres chats métaphoriques à fouetter.
— Je vous demande pardon ? Pour quel genre d’idiote... ?
Elle n’appréciait pas du tout son avertissement, qui ressemblait étrangement à un sous-entendu. Et là, juste sous la surface de son irritation devant autant de condescendance, se cachait la réelle angoisse de ne jamais être prise au sérieux par autre chose que le sort, qui, gamine ou pas, ne se gênait pas pour lui faire traverser des épreuves normalement réservés aux sages pétris d’expériences.
— Ne répondez pas, finit-elle par dire après un soupir agacé. Peu importe.
Cette façon vulgaire qu'il avait d'éloigner les autres ne lui faisait aucune faveur. Au fond, c'était même si transparent qu'elle serait presque tentée de le sortir de l'isolation qu'elle lui devinait, si seulement il n'était pas aussi désagréable.
Elle regarda ses grandes mains travailler avec curiosité et, il fallait le reconnaître, une certaine admiration. Si l’idée d’un soigneur aveugle pourrait faire hausser les sourcils à plus d’un, Béatrice pouvait au moins lui accorder sa confiance sous la réserve d’une clientèle fidèle, si perpétuellement agacée en sortant de sa boutique.
Un sourire fugitif passa sur les lèvres du garçon. Appuyée sur le comptoir comme elle l’était, la sorcière manqua de trébucher de choc, hésitant presque à se frotter les yeux (sarcastiquement) pour vérifier qu’il ne s’agisse pas d’un mauvais tour de son esprit.
— Tiens donc. Vous êtes bel et bien capable de sourire avec autre chose que de l’aigreur. Merveilleux.
Elle leva les yeux au ciel à cette énième remarque sur sa — pfff — prétendue jeunesse, mais Dieu, bien confortable dans son Paradis, ferma les rideaux.
— Vous devriez vous y essayer plus souvent. Si vous n’étiez pas aussi rustre, vous seriez presque charmant.
Elle repoussa le fil qui fermait sa bourse avant d’en sortir le montant nécessaire, et de placer les pièces en une pile organisée sur le comptoir. Certes, cet herboriste était un goujat, et, elle osait à peine le penser, un pétrousquin, mais ce n’était pas une raison de lui compliquer la transaction.
Béatrice écouta docile ses instructions, avant de froncer les sourcils lorsqu’il assuma si gentiment qu’elle était de bonne foi. Qu’est ce que c’était censé vouloir dire ? Levant la main dans un signe interrogatif, elle se rappela aussitôt qu’il pouvait tout au plus l’entendre bouger, sans la voir faire, et demanda :
— De bonne foi ? À l’opposé de... ?
La mauvaise foi, oui, mais elle concevait difficilement qu’on puisse abuser d’herbes qui facilitaient le sommeil. Que craignait-il ? Qu’elle plonge Constantin dans le coma ? Qu’elle se réveille à midi passé parce qu’elle avait trop poussé sur les plantes ?
Elle manqua de perdre l'équilibre lorsqu’il se pencha vers elle — de toute évidence, il l’avait estimé beaucoup plus loin qu’elle ne l’était en réalité. Ça lui apprendrait, à fureter pendant que l’herboriste travaillait. Léo avait haussé une oreille paresseuse à l’entente du sursaut aigu de sa bienfaitrice, un son qui aurait pu embarrasser Béatrice pour le restant de ses jours si seulement elle n’avait pas d’autres chats métaphoriques à fouetter.
— Je vous demande pardon ? Pour quel genre d’idiote... ?
Elle n’appréciait pas du tout son avertissement, qui ressemblait étrangement à un sous-entendu. Et là, juste sous la surface de son irritation devant autant de condescendance, se cachait la réelle angoisse de ne jamais être prise au sérieux par autre chose que le sort, qui, gamine ou pas, ne se gênait pas pour lui faire traverser des épreuves normalement réservés aux sages pétris d’expériences.
— Ne répondez pas, finit-elle par dire après un soupir agacé. Peu importe.
Cette façon vulgaire qu'il avait d'éloigner les autres ne lui faisait aucune faveur. Au fond, c'était même si transparent qu'elle serait presque tentée de le sortir de l'isolation qu'elle lui devinait, si seulement il n'était pas aussi désagréable.
Dim 21 Mar - 10:15
Haaa, la bonne vieille leçon de morale sur comment il devait se comporter avec les autres, fait par une gamine à une homme qui, il en était persuadé, pouvait aisément être son père.
- J’y penserai. Eventuellement.
Jamais.
Aucune utilité de se retourner davantage dessus lorsqu’il avait l’habitude de s’attirer les foudres de ses visiteurs à un moment donné ou un autre. Il semblerait d’ailleurs que ce soit le cas pour la demoiselle dont il venait de rogner définitivement la patience avec ses « consignes ».
En tant que vendeur, il ne pouvait que se fier à la demande que lui formulait le client pour donner des plantes qui semblaient correspondre au mieux. Il n’avait jamais de réelle certitude quand au fait que les personnes n’allaient pas se mettre d’un seul coup à jouer au petit chimiste et décider que mettre un peu plus (ou un peu moins, les deux se valaient) était sans conséquence.
- Le genre qui pense que les plantes, parce qu’elles sont jolies et sentent bons, ne peuvent pas tuer un homme et qui serait tenté de dévier de la route.
En soit… Il s’en moquait bien. Lui vendait et le reste n’était plus son affaire. Il savait que la gamine prendrait la remarque pour elle quand c’était quelque chose qu’il faisait à tout le monde sans distinction. Mais il ne comptait plus le nombre de retour qu’il avait pu avoir au cours de sa carrière, de gens qui avaient ignoré délibérément ses indications et étaient revenus se plaindre que l’état du malade ne s’améliorait pas dans le meilleur des cas, s’était dégradé pour disparaitre dans le pire.
On ne pouvait plus dire qu’il ne prévenait personne.
- Enfin tu fais bien ce que tu veux, mais te voilà prévenue. Le reste n’est plus mon problème.
Il hausse les épaules, tandis que ses doigts passent doucement sur le comptoir, récupérant l’argent pour le faire disparaitre sur le petit bureau présent derrière le comptoir, comptant rapidement et mentalement tandis que les pièces disparaissaient les unes après les autres dans l’endroit où il les gardait précieusement enfermée pour la journée. Le bruit attira l’attention du chat qui releva la tête, s’avançant entre les deux humains sans se soucier de la conversation, se penchant sur le bord pour tenter d’attraper les pièces roulantes dans cette boite. Il fut ignoré par le vendeur, son intervention sans conséquence.
- Pas la peine de bouder pour ça non plus.
Il se sentait mal ? Non pas du tout. Mais il sentait clairement qu’il venait de la chiffonner et en d’autres circonstances, il s’en serait volontiers moquer.
A foreigner’s god
Haaa, la bonne vieille leçon de morale sur comment il devait se comporter avec les autres, fait par une gamine à une homme qui, il en était persuadé, pouvait aisément être son père.
- J’y penserai. Eventuellement.
Jamais.
Aucune utilité de se retourner davantage dessus lorsqu’il avait l’habitude de s’attirer les foudres de ses visiteurs à un moment donné ou un autre. Il semblerait d’ailleurs que ce soit le cas pour la demoiselle dont il venait de rogner définitivement la patience avec ses « consignes ».
En tant que vendeur, il ne pouvait que se fier à la demande que lui formulait le client pour donner des plantes qui semblaient correspondre au mieux. Il n’avait jamais de réelle certitude quand au fait que les personnes n’allaient pas se mettre d’un seul coup à jouer au petit chimiste et décider que mettre un peu plus (ou un peu moins, les deux se valaient) était sans conséquence.
- Le genre qui pense que les plantes, parce qu’elles sont jolies et sentent bons, ne peuvent pas tuer un homme et qui serait tenté de dévier de la route.
En soit… Il s’en moquait bien. Lui vendait et le reste n’était plus son affaire. Il savait que la gamine prendrait la remarque pour elle quand c’était quelque chose qu’il faisait à tout le monde sans distinction. Mais il ne comptait plus le nombre de retour qu’il avait pu avoir au cours de sa carrière, de gens qui avaient ignoré délibérément ses indications et étaient revenus se plaindre que l’état du malade ne s’améliorait pas dans le meilleur des cas, s’était dégradé pour disparaitre dans le pire.
On ne pouvait plus dire qu’il ne prévenait personne.
- Enfin tu fais bien ce que tu veux, mais te voilà prévenue. Le reste n’est plus mon problème.
Il hausse les épaules, tandis que ses doigts passent doucement sur le comptoir, récupérant l’argent pour le faire disparaitre sur le petit bureau présent derrière le comptoir, comptant rapidement et mentalement tandis que les pièces disparaissaient les unes après les autres dans l’endroit où il les gardait précieusement enfermée pour la journée. Le bruit attira l’attention du chat qui releva la tête, s’avançant entre les deux humains sans se soucier de la conversation, se penchant sur le bord pour tenter d’attraper les pièces roulantes dans cette boite. Il fut ignoré par le vendeur, son intervention sans conséquence.
- Pas la peine de bouder pour ça non plus.
Il se sentait mal ? Non pas du tout. Mais il sentait clairement qu’il venait de la chiffonner et en d’autres circonstances, il s’en serait volontiers moquer.
Sam 27 Mar - 22:25
And every word I've gotis foreign to me
Bien évidemment, il lui répondit tout de même.
Béatrice avait dit : peu importe, mais à ses sourcils froncés, ses bras croisés sous sa poitrine et sa moue boudeuse, force était de constater que ça lui importait beaucoup. Elle se revoyait encore dans la bibliothèque de son père, pondérant sur des livres d’herboristerie rébarbatifs dans l’espoir de trouver un remède à la condition de sa mère.
Et, de préférence, un qui ne ruinerait pas sa famille plus qu’elle ne l’était déjà. La dernière chose qu’elle désirait, pour ses frères et sœurs, était qu’ils connaissent le besoin. Elle pouvait bien accepter que le nombre de servants soient réduits pour faire des économies, que certaines tâches lui incombent à elle malgré sa stature, que Françoise l’éblouisse avec ses robes sans qu’elle ne puisse l’impressionner pareillement, mais qu’eux en souffrent aussi lui paraissait criminel.
Quand le vicomte lui demanda sa main, elle accepta sur le champ.
L’état de sa mère, après tout, s’aggravait. Elle restait parfois à son chevet, à lui tenir la main, lui raconter les bêtises d’Oscar quand elle était trop faible pour sortir du lit et les voir pour elle-même. Et si elle s’attristait parfois de ne jamais connaître l’idylle idéale, l’idylle romantique, l’amour vrai, le rire cristallin d’Agnès lui confirmait qu’elle avait fait le bon choix.
Quel dommage alors, que malgré cette main tenue pendant de longues heures, ces recherches, ces réflexions, ces sacrifices, et cette certitude, celle d’avoir sauvé une vie au péril d'un futur en chimère, ce soit la garde qui l’achève, et même pas la maladie. Quel dommage, oui, et quelle insulte.
— Vous vous trompez sur mon compte.
Un ton amer — il l’avait blessé.
— Le lotier peut être mortel à trop forte dose dans une journée, ou même à petite en cas de prise prolongée sur une longue période. Disant cela, elle leva un doigt comme un élève récitant son texte à un précepteur. Certes je veux aider ma connaissance à s'endormir, mais c'est avec l'intention qu'il se réveille, de préférence, au petit matin.
Elle voulut ajouter qu’elle ne boudait pas, d’un ton boudeur, avec la même moue boudeuse qui ne voulait plus disparaître, avant de se rendre compte que ça ne lui donnerait que de nouveaux carreaux à tirer avec son arbalète caustique, à ce maudit gérant de boutique.
— Enfin bref. Le compte y est ?
Jusqu’alors, elle pensait qu’Alfred était la personne la plus désagréable qu’elle côtoierait à Paris. Cette rencontre venait de lui donner tort.
Béatrice avait dit : peu importe, mais à ses sourcils froncés, ses bras croisés sous sa poitrine et sa moue boudeuse, force était de constater que ça lui importait beaucoup. Elle se revoyait encore dans la bibliothèque de son père, pondérant sur des livres d’herboristerie rébarbatifs dans l’espoir de trouver un remède à la condition de sa mère.
Et, de préférence, un qui ne ruinerait pas sa famille plus qu’elle ne l’était déjà. La dernière chose qu’elle désirait, pour ses frères et sœurs, était qu’ils connaissent le besoin. Elle pouvait bien accepter que le nombre de servants soient réduits pour faire des économies, que certaines tâches lui incombent à elle malgré sa stature, que Françoise l’éblouisse avec ses robes sans qu’elle ne puisse l’impressionner pareillement, mais qu’eux en souffrent aussi lui paraissait criminel.
Quand le vicomte lui demanda sa main, elle accepta sur le champ.
L’état de sa mère, après tout, s’aggravait. Elle restait parfois à son chevet, à lui tenir la main, lui raconter les bêtises d’Oscar quand elle était trop faible pour sortir du lit et les voir pour elle-même. Et si elle s’attristait parfois de ne jamais connaître l’idylle idéale, l’idylle romantique, l’amour vrai, le rire cristallin d’Agnès lui confirmait qu’elle avait fait le bon choix.
Quel dommage alors, que malgré cette main tenue pendant de longues heures, ces recherches, ces réflexions, ces sacrifices, et cette certitude, celle d’avoir sauvé une vie au péril d'un futur en chimère, ce soit la garde qui l’achève, et même pas la maladie. Quel dommage, oui, et quelle insulte.
— Vous vous trompez sur mon compte.
Un ton amer — il l’avait blessé.
— Le lotier peut être mortel à trop forte dose dans une journée, ou même à petite en cas de prise prolongée sur une longue période. Disant cela, elle leva un doigt comme un élève récitant son texte à un précepteur. Certes je veux aider ma connaissance à s'endormir, mais c'est avec l'intention qu'il se réveille, de préférence, au petit matin.
Elle voulut ajouter qu’elle ne boudait pas, d’un ton boudeur, avec la même moue boudeuse qui ne voulait plus disparaître, avant de se rendre compte que ça ne lui donnerait que de nouveaux carreaux à tirer avec son arbalète caustique, à ce maudit gérant de boutique.
— Enfin bref. Le compte y est ?
Jusqu’alors, elle pensait qu’Alfred était la personne la plus désagréable qu’elle côtoierait à Paris. Cette rencontre venait de lui donner tort.
Lun 29 Mar - 21:50
… D’accord. La gamine le cherchait clairement, y’avait pas vraiment à hésiter. Déjà qu’il ne se sentait pas spécialement honteux ou regrettait ses paroles quand la gosse l’avait ouvertement mal pris ce qui n’était que des indications claires qu’il donnait à tout le monde, mais voilà qu’il se faisait offrir en prime un cours sur les effets de la plante qu’il venait de lui donner. Dieu seul savait comment il parvint à rester impassible devant le ton moralisateur sur lequel le dis cours lui fut donné.
- Sans rire ? fit-il d’une voix doucereuse, beaucoup trop pour être sincère ou bienveillante.
Sans préciser s’il s’agissait d’une réponse à la première ou deuxième remarque. Parce que pour être honnête, la gosse se comportait pour l’instant à s’y méprendre à l’image qu’il avait d’elle. Une gamine qui boudait et tentait d’avoir le dernier mot parce qu’il l’avait froissé. Oh il ne voyait pas le doigt levé de la bonne élève récitant sa leçon, mais il l’imaginait très clairement.
- Incroyaaaable… Qui aurait pu croire que de simples fleurs pouvaient avoir un tel effet ? railla-t-il, C’est dingue mais j’aurais su ça plus tôt, je t’aurais dit de faire attention.
Il aurait eu l’usage de ses yeux, qu’il aurait probablement fusillé Béatrice du regard. Entre eux, l’animal, ayant senti le changement d’atmosphère se referma sur lui-même, opérant un repli stratégique vers son coussin, les oreilles un peu basses et surveillant la scène qui se déroulait sous ses yeux.
- Ouais, c’est bon, je te souhaite à toi et ta connaissance de beaux rêves gamine.
L’herboriste croisa les bras sur son torse, visiblement a fermé à plus de discussion. Surtout si celle-ci impliquait de lui apprendre son travail. Qu’importe pour le coup s’il vexait Béatrice autant que lui pouvait être vexé à cet instant précis, qu’elle parte bouder et qu’il puisse retourner à ses petites affaires et surtout à ses décoctions et ses plantes. Elles au moins ne lui sortait pas des énormités pareilles.
Et où était son disciple en vrai ? Marmonnant dans se moustache, il referma son bureau et se détourna pour retourner à ses préparations sans plus de cérémonie, s’attendant à entendre la porte se refermer bientôt. Qu’il avait hâte tiens.
A foreigner’s god
… D’accord. La gamine le cherchait clairement, y’avait pas vraiment à hésiter. Déjà qu’il ne se sentait pas spécialement honteux ou regrettait ses paroles quand la gosse l’avait ouvertement mal pris ce qui n’était que des indications claires qu’il donnait à tout le monde, mais voilà qu’il se faisait offrir en prime un cours sur les effets de la plante qu’il venait de lui donner. Dieu seul savait comment il parvint à rester impassible devant le ton moralisateur sur lequel le dis cours lui fut donné.
- Sans rire ? fit-il d’une voix doucereuse, beaucoup trop pour être sincère ou bienveillante.
Sans préciser s’il s’agissait d’une réponse à la première ou deuxième remarque. Parce que pour être honnête, la gosse se comportait pour l’instant à s’y méprendre à l’image qu’il avait d’elle. Une gamine qui boudait et tentait d’avoir le dernier mot parce qu’il l’avait froissé. Oh il ne voyait pas le doigt levé de la bonne élève récitant sa leçon, mais il l’imaginait très clairement.
- Incroyaaaable… Qui aurait pu croire que de simples fleurs pouvaient avoir un tel effet ? railla-t-il, C’est dingue mais j’aurais su ça plus tôt, je t’aurais dit de faire attention.
Il aurait eu l’usage de ses yeux, qu’il aurait probablement fusillé Béatrice du regard. Entre eux, l’animal, ayant senti le changement d’atmosphère se referma sur lui-même, opérant un repli stratégique vers son coussin, les oreilles un peu basses et surveillant la scène qui se déroulait sous ses yeux.
- Ouais, c’est bon, je te souhaite à toi et ta connaissance de beaux rêves gamine.
L’herboriste croisa les bras sur son torse, visiblement a fermé à plus de discussion. Surtout si celle-ci impliquait de lui apprendre son travail. Qu’importe pour le coup s’il vexait Béatrice autant que lui pouvait être vexé à cet instant précis, qu’elle parte bouder et qu’il puisse retourner à ses petites affaires et surtout à ses décoctions et ses plantes. Elles au moins ne lui sortait pas des énormités pareilles.
Et où était son disciple en vrai ? Marmonnant dans se moustache, il referma son bureau et se détourna pour retourner à ses préparations sans plus de cérémonie, s’attendant à entendre la porte se refermer bientôt. Qu’il avait hâte tiens.
Sam 3 Avr - 1:19
And every word I've gotis foreign to me
Il parlait avec cette voix mielleuse, mais Béatrice sentit le rouge teinter la pièce avant que le reste de ses mots n’y éclatent. Son pouvoir l’avertit comme une main ferme posée sur son épaule, les pensées en silence, oui, mais pas les couleurs. De toute façon, le danger était maigre. Elle ne se démonta pas, croisant les bras, penchant la tête, sans réellement comprendre ce qui l’avait poussé à bout : elle ne cherchait qu’à lui montrer qu’il n’était pas la gamine ignorante pour laquelle il s’évertuait à la prendre.
Mais la soufflante qu’elle s’apprêtait à entendre ne vint jamais. Le ton monta à peine, comme si par respect pour Léo, plutôt que l’un et l’autre, il comprenait la nécessité d’agir en personnes civilisées. Du sarcasme, oui — mais elle y était habituée, à l’entendre et à le dire, parfois à son propre sujet.
Les sourcils froncés, elle considéra la situation, sentant déjà une pointe d’agacement s’effiler en épée, ce qui n’était jamais bon signe. La transaction avait été faite, le chat caressé (très important) et ce n’était pas le seul herboriste de la ville. Toute susceptible qu’était Béatrice, elle se rendait tout de même compte que certains combats étaient plus importants que d'autres... Et que certains étaient perdus d'avance. De toute façon, son statut de noble déchue lui enseignait perpétuellement qu’il y avait des calomnies qu’on ne pouvait démentir que par les actes.
Elle soupira.
— Quelle délicate attention.
À son tour de croiser les bras. Elle se mordit la lèvre pour ne pas commenter la posture, presque amusée qu’il ne soit pas plus mature qu'elle, avant de déposer les sachets d’herbes dans son sac. Avec un peu de chance, peut être que cette étrange après midi, qui se terminait sur une note amère, servirait au moins à alléger son sommeil, et celui de Constantin.
Puisque le gérant se détourna d’elle, Béatrice imita son geste, lançant néanmoins un dernier regard à l’attention du chat, qui gardait ses oreilles baissées dans cette atmosphère encore tendue. Elle culpabilisa sans savoir de quoi.
— Bonne journée, conclut-elle, sans penser que le jour était particulièrement bon.
Mais la soufflante qu’elle s’apprêtait à entendre ne vint jamais. Le ton monta à peine, comme si par respect pour Léo, plutôt que l’un et l’autre, il comprenait la nécessité d’agir en personnes civilisées. Du sarcasme, oui — mais elle y était habituée, à l’entendre et à le dire, parfois à son propre sujet.
Les sourcils froncés, elle considéra la situation, sentant déjà une pointe d’agacement s’effiler en épée, ce qui n’était jamais bon signe. La transaction avait été faite, le chat caressé (très important) et ce n’était pas le seul herboriste de la ville. Toute susceptible qu’était Béatrice, elle se rendait tout de même compte que certains combats étaient plus importants que d'autres... Et que certains étaient perdus d'avance. De toute façon, son statut de noble déchue lui enseignait perpétuellement qu’il y avait des calomnies qu’on ne pouvait démentir que par les actes.
Elle soupira.
— Quelle délicate attention.
À son tour de croiser les bras. Elle se mordit la lèvre pour ne pas commenter la posture, presque amusée qu’il ne soit pas plus mature qu'elle, avant de déposer les sachets d’herbes dans son sac. Avec un peu de chance, peut être que cette étrange après midi, qui se terminait sur une note amère, servirait au moins à alléger son sommeil, et celui de Constantin.
Puisque le gérant se détourna d’elle, Béatrice imita son geste, lançant néanmoins un dernier regard à l’attention du chat, qui gardait ses oreilles baissées dans cette atmosphère encore tendue. Elle culpabilisa sans savoir de quoi.
— Bonne journée, conclut-elle, sans penser que le jour était particulièrement bon.