Hunger means nothing when you’re full of joy.

Beryl est ce que l’on appelle communément une erreur de la nature. C’est comme si à la naissance on lui avait proposé une partie de courte paille, et qu’à répétition, il avait choisi la pire option. Beryl c’est la lie de sa propre espèce. Un infant lycan de second degré. Le genre qui plus que tout devrait ressembler à l’homme, mais n’a jamais autant ressemblé à l’animal.

Beryl vit les cycles lunaires avec une intensité déconcertante. Croisse et décroisse, emporte son enfant loup avec elle dans ses émois. Lorsque la lune est pleine, il cède à sa part bestiale. Garde le contrôle, là où plus jeune, il tenait le comportement d’un chiot féroce – plus de bruit que de crocs –. En grandissant, pourtant, il a appris à gérer ses comportements et ses instincts. S’il n’est pas capable de communiquer, ni même de se transformer à sa guise, il n’en est pas moins une bête pleine de son intellect humain. Seul problème ? Il reste terriblement petit pour son espèce… Mais quand même trop gros pour passer inaperçu au milieu de ses comparses animaliers.

La lune, elle est son vecteur infini. Trop de jours de pluie ou de ciel couvert à ne pas voir sa lumière influence grandement ses humeurs. Beryl se tord d’angoisse, perd ses repères, perd le sommeil, laisse la peur le ronger. La lune et les étoiles, il les aime plus que tout. La lune est comme Maman Marie. Nourricière et douce. Une perle de nacre dans le ciel.

Mais si ce n’était que ça, Beryl serait bien chanceux. Souillé des tares de sa race, ses oreilles humaines n’existent pas. Au sommet de sa caboche trônent deux triangles de fourrure délicats, se tordant au gré des sons qui l’entoure. Aujourd’hui, il est habitué à dissimuler sa différence, cheveux bouclés et sauvages un camouflage idéal, une fois ses oreilles rabattues en constante inquiétude. Pourtant, le plus dur vient à la pleine lune. Loup sauvage erre dans les bois. Et lorsque la course de sa belle sera achevée, c’est nu comme un ver qu’il retrouve ses deux pieds… Et entre ses jambes, une queue récalcitrante qui ne demande qu’à exister. Bat l’air d’excitation, fuit par peur… Puis à chaque jour qui l’éloigne d’une lune complète, sa queue, dans une douleur sidérante, réaligne ses vertèbres et reprend sa place, souvenir lointain d’une existence qui n’a rien à devoir à Dieu. Décroit comme la lune s’efface. Et lorsqu’enfin elle n’est plus, laisse à Beryl quelques semaines avant de tout recommencer.

Comprendre sa différence, il y a été forcé. Il n’en fait plus grand cas, à son âge. A appris à ses dépens que certains secrets ne peuvent être révélés. Qu’être appelé la maudite aberration du Seigneur n’est pas une chose qu’il souhaite à nouveau tester. Non, Beryl essaye seulement d’exister. Et si sa différence fait hurler… Cela fait désormais bien longtemps qu’il a appris à courir plus vite que ceux qui veulent le menacer.

Espiègle rayon de soleil ♧ Nuages inaccessibles ♧ Cacher son jeu mieux que personne ♧ Menteur de qualité ♧ Beau parleur, pour ne pas dire baratineur d’exception ♧ Voleur discret, mais promis, il a arrêté ♧ Bonne humeur communicative ♧ Franc parler à toute épreuve ♧ Un bon patois et des tournures de phrases familières comme on aime ♧ Loyal, mais pas crédule ♧ Fier, un peu trop pour son bien même ♧ Protecteur, mais ne sait que rarement jauger ses adversaires à leur juste valeur ♧ Pugnace, mais seulement pour avoir raison ♧ Bon, il sait frapper quand même, mais c’est pas du tout sa spécialité ♧ Amoureux de la nature, surtout des vaches ♧ Jure par le lait chaud ♧ Il n’est pas très croyant, quand bien même c’est un peu difficile à expliquer… Il n’a juste pas la ferveur ni la patience. Dieu c’est Dieu, thank you next ♧ Potites oreilles bien cachées sous sa tignasse ou sa capuche ♧ Il a toujours un foulard ou une écharpe avec lui s’il doit couvrir sa tête à la va vite ♧ Des pas légers ♧ Rire bruyant ♧ Farceur et roi des mauvais tours ♧ Curieux, beaucoup trop curieux, un jour ça va mal finir ♧ Champion pour ne pas savoir se taire quand il faut ♧ Mais sait parfaitement garder un secret ♧ Il adore apprendre ♧ Écrit comme un cochon, mais lit très bien et plutôt vite ♧ Déteste avoir les ongles sales ♧ Adore qu’on touche ses cheveux, mais en même temps, c’est trop dangereux, donc il déteste ça par extension – non – ♧ Très tactile, il adore les câlins, et toucher en général ♧ Gourmand, il adore goûter à tout ♧ Oreilles qui traînent partout et ouïe fine ♧ Ignorant de l'existence des vampires, il n'a d'ailleurs jamais vraiment fréquenté d'autres lycans, ni même fait partie d'une meute ♧ Instincts lupins un peu cassés



Moi c’est Beryl. Et Beryl c’est un môme comme les autres, né d’un papa et d’une maman. Sauf que papa il était pas comme les autres. Quand c’était la pleine lune, il devenait tout poilu. Mais maman elle l’aimait quand même alors elle lui a fait un enfant. Mais papa il a disparu. Puis quand maman elle a vu mes oreilles poilues, ben elle aussi elle a disparu.

Spoiler:

Elle m’a abandonné dans la petite commune de Bonnevalle-Sur-Arc dans les Alpes. Sur le parvis d’une église. Et c’est le Père Camille qui m’a récupéré. Il a pas questionné ce que j’étais. Il a juste fait avec, parce que le saigneur aime tout ses enfants, ou quelque chose comme ça. Pis c’est là que j’ai grandi. Avec les cloches en haut de la tour. C’est joli comme tout.

Spoiler:

J’ai bien grandi, mais ça se voit pas sur le dessin. J’étais devenu plus haut que trois pommes ! Et j’aime bien ça les pommes en plus… On était plusieurs enfants avec Père Camille. Et tout se passait drôlement bien, même si je faisais les 350 coups. Ou quequ’chose comme ça. J’avais fêté mes six ans ! Bon par contre j’ai plus toutes mes dents… Mais y’avait tout qui allait bien. Puis un jour ça allait plus. J’étais avec Père Camille et puis d’un coup il est tombé. J’ai eu beau appeler, y’a personne qu’est venu m’aider. Pas au début en tout cas. Et quand ils nous ont retrouvés, Père Camille il bougeait plus. Ils ont dit que c’était ma faute. Que j’étais un mot dit. J’ai pas compris. Mais ils m’ont fichu dehors. J’ai essayé de revenir et ils m’ont chassé encore et encore. Alors j’suis parti…

Spoiler:

J’avais vraiment trop peur. Les Alpes c’est rigolo quand il fait beau, mais après y’a l’hiver qu’est arrivé. Et quand il a commencé à neiger, ben j’ai dû trouver une solution… J’me souviens juste que j’ai marché longtemps… Vraiment longtemps… Et puis que j’étais triste aussi… Les câlins de Père Camille me manquaient…

Spoiler:

J’ai dû voler pour manger, et me cacher pour dormir à l’abri. J’avais les oreilles gelées, et c’était vraiment pas drôle. Un jour j’ai volé une pomme. Et le monsieur était si méchant qu’il m’a chassé à la fourche. J’ai jamais autant pleuré. Il m’a fait mal en plus. J’ai vraiment cru que j’allais mourir.

Spoiler:

Faut pas le dire mais je vais dire un secret. Les étables c’est trop bien. On peut se cacher dans la paille, et quand y’a des petits veaux, on peut boire du lait au pis. La première fois ça fait tout bizarre, mais c’est chaud et c’est bon. J’me souviens plus combien de temps j’me suis caché. J’sais juste que j’ai vu plein de villages. Mais y’en avait aucun aussi beau que Bonnevalle-Sur-Arc.

Spoiler:

Maintenant sûr je suis haut comme cinq pommes. J’suis sûr que je suis un grand… Même si je suis vraiment pas aussi grand que les grands. Un jour j’ai encore volé du pain au boulanger. Et ici, ils voulaient vraiment pas de moi. Alors j’suis retourné me cacher dans une étable. Mais même au fond de la paille, j’étais pas assez bien caché. Y’a une grande silhouette qui m’a attrapé et m’a mis la fessée. J’ai crié et j’ai essayé de m’enfuir mais la silhouette m’a récupéré et promené comme un sac à patates. Ça se mange pas le Beryl ! Ils sont fous ces gens-là !

Spoiler:

J’ai eu vraiment trop trop peur. J’ai cru que j’allais mourir même ! Mais en fait la maison dans laquelle la grande personne m’a laissé, c’était la maison de Maman Marie. C’est la dame la plus gentille du monde. Y’avait d’autres enfants aussi, des petits comme moi. Pas avec des oreilles poilues, mais avec pas de parents ! Et c’est ici que j’ai grandi après. J’me suis fait plein de copains, et même mon meilleur copain, il est roux, et il s’appelle Jean ! Vous le reconnaîtrez facilement il porte souvent une épée, comme un chevalier. Pis y’a toute la famille de Bayard. Ils sont tous immenses, mais quand on apprend à les connaître, ils sont vraiment trop trop gentils.

Spoiler:

Et depuis ? Depuis je n’ai jamais plus eu à m’enfuir. Ils m’ont élevé dans des valeurs que j’honore du mieux que je peux. J’ai arrêté de voler, depuis. J’ai toutes mes dents, aussi. Mes oreilles sont toujours là, mais ça j’y peux rien. Y’a que ça qui change pas. Ça et la lune.

Mais tant que personne le sait, j’imagine que c’est pas si important.


EN VRAC :

♧ Beryl c’est le nom que lui a donné le Père Camille quand il a vu la couleur de ses yeux.
♧ Le Père Camille avait pleinement conscience de la différence de Beryl et l’a accepté comme il était. Il l’a caché au village au départ, avant de réaliser qu’un couvre-chef ferait l’affaire… Mais un enfant, ça fait des erreurs. Ils les ont vues ses oreilles difformes. Père Camille a tout fait pour protéger Beryl pendant toutes ces années. Mais ce que le peuple ne comprend pas, la piété seule ne peut l’excuser.
♧ Père Camille n’était pas bien vieux mais souffrait d’une maladie cardiaque. Il est mort d’un infarctus à l’âge de 34 ans.
♧ Beryl ne se souvient plus de combien de temps il a erré. Il a perdu la notion du temps, entre les jours et les saisons qui passaient. Il aurait sûrement pu compter les lunes, mais à son âge, on pense avant tout à manger et se cacher. Il a été chanceux de ne pas se faire dévorer et que les Alpes regorgent de hameaux et habitations éparses où se terrer. Il a aussi eu une veine indécente de ne pas se faire écorcher vif pour tous ses vols. Ou abattre comme une misérable bête.
♧ C'est en volant une pomme à un maraîcher qu'il a gagné la cicatrice qui lui barre la frimousse.
♧ Il a tellement passé de temps dans les étables et écuries qu’il a appris à adorer dormir dans la paille. Ça le réconforte, peu importe sa forme.
♧ C’était encore un tour de la chance qu’il finisse sur le domaine de Bayard… Il a beau tous les aimer très fort (surtout Marie), il a encore très peur d’Hildegard malgré les années.
♧ Il adore la tomme au marc de raisin… Comment ça c’est pas important ?
♧ Il a une confiance absolue en certains enfants avec qui il a grandi… Les de Bayard savent aussi, pour certains, ce qu’il est… Pour le reste, il se sent profondément redevable à l’égard de Marie… C’est même pour cette raison qu’il a décidé de travailler dès qu’il a pu. Marie l’a forcé à faire ses propres économies. Mais dès qu’il a pu, il a aidé. Parce qu’elle le méritait, et parce qu’il voulait aider les autres enfants aussi.
♧ Il a rêvé d’être écuyer, quand il était plus jeune. Aimable et Jean lui ont même appris quelques petites choses. Il ne dirait pas qu’il sait se battre, mais au moins maintenant il sait se défendre !
♧ Il est parti des Alpes au début du mois de Mars et est arrivé à Paris depuis deux semaines ! Il espère bien que la missive qu’il a faite envoyer à Jean l’a trouvée avant que lui-même ne le retrouve.