Dancing queen
Semble s’intéresser aux gens, quand en réalité, elle ne s’en soucie que très peu, pour ne pas dire pas du tout. Elle est simplement consciente que l’intérêt qu’on porte aux gens peut lui accorder beaucoup, et elle est bien décidée à l’utiliser au maximum ! Hum, quoi ? Des re-quoi ? regrets ? Pourquoi en aurait-elle ? Elle ne vit pas dans un monde où la compassion a sa place. C’est un luxe qui peut coûter cher, vous savez ? D’autant que même si elle ne fait *que* tenir le bordel, elle possède pas mal entre les mains. Alors pourquoi se priver ?

Faut bien quelques avantages à être une femme dans ce monde non ? Oui vous l’aurez compris, Lorelei derrière son joli minois innocent aime avoir le dessus.

Oh mais pas que ! En bonne demoiselle, elle aime aussi beaucoup les histoires. C’est une des raisons pour laquelle elle adore avoir les hommes de la cour dans son établissement (certains du moins) ou même leurs domestiques. Il s’y passe toujours tellement de choses. Des histoires d’amours qui finissent plus ou moins bien, des complots, du drame, parfois qui ne finit pas très bien. Peut-être que si elle peut filer un coup de pouce à son petit préféré, elle le fera. Juste pour pouvoir se vanter qu’elle a vu son potentiel avant tous les autres et qu’elle a vu juste ! Pour le reste, elle observe de loin, s’en amuse. Quel feuilleton mes aïeux !

Car des occupations, Lorelei en a besoin. Aussi lorsqu’elle n’est pas occupée à faire en sorte que son business continue de fleurir, alors elle est en train de danser quelque part. Elle aime danser.

Parce qu’elle souffre d’insomnie chronique, même si elle ne l’avouera jamais. Heureusement pour elle qu’elle vit la nuit du coup. Perdue dans des tenues toujours plus extravagantes les unes que les autres, s’assurant aussi qu’elle reste toujours jolie et désirable, malgré les quelques petits… changements, qu’elle a eu à affronter dans sa vie. Et quelle meilleure piste de danse que l’établissement dont elle a la charge. Elle n’est pas idiote cependant, elle cache son visage et son identité.
Mais de la danse et des jeux, c’est bien tout ce qu’elle fait. Pas de relation, plus de relation, elle n’aime pas les hommes à ce point. Danser est plus amusant. Au point qu’elle en oublie parfois de manger ou de dormir. Dommage. Tant qu’il n’y a pas de silence.

Puis comme ça elle peut voir ce que font les filles et comment ça se passe. On ne touche pas à ses filles. Le premier qui s’y risque sera viré à grand coup de pied dans l’arrière train. Voire plus.

Parce que si elle aime rigoler, elle reste consciencieuse dans les tâches que sont les siennes. Elle n’aime pas être remise en question, elle aime que les choses se déroulent correctement, sans accroche et fait en sorte que ça le reste.

Hey, c’est son portemonnaie qui est en jeu quand même.




Lorelei c’est l’histoire d’une petite charmeuse parisienne. Histoire qui commence dés la naissance. Elle n’est pas issue d’une famille particulière ça non. Elle n’avait même pas grand-chose d’autre que son sourire, son joli minois et son caractère. Ho rien qui ne tranchait avec les autres jeunes filles de l’époque, elle avait simplement quelque peu l’habitude d’être spoliée. Et en bon adolescente puis jeune femme, elle décida que trouver un mari quelconque et finir au foyer avec des enfants et une vie toujours aussi simple que celle qu’elle avait vécu jusqu’ici… Tout ça, elle n’en voulait pas.

Parce que s’il y avait une chose qu’elle aimait plus que le reste, c’était danser. C’était les jolies tenues, c’était s’amuser. Le tout en même temps. Elle aimait vivre.

Du haut de ses 16 ans, C’est ainsi qu’elle décida de partir en quête d’un parti plus acceptable, décidée à évoluer dans la société. C’est en cherchant un homme possédant une petite fortune qu’elle fit sa rencontre. André qu’elle apprit finalement. Qui tenait un commerce sans qu’elle ne puisse en apprendre davantage. Il refusait catégoriquement d’en parler, heureusement que ce n’était pas ça qui l’intéressait.
Fidèle à elle-même, et la technique ayant toujours marchée jusqu’ici, elle tenta alors de le charmer. Elle ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il lui rit au nez. Vexée, son intérêt fut cependant piqué face à cette personne qui ne marchait pas dans le jeu. Alors elle s’intéressa davantage à lui.

Pour être tout à fait honnête, elle ne s’attendait pas à découvrir que l’homme ne tenait rien de moins qu’une maison close. Ce qui doucha net ses ardeurs… Dans un premier temps.

Comment expliqué ce qui la poussa à en franchir le seuil. Elle, femme. En pleine journée lorsque les lieux étaient calmes. Pour observer les lieux richement décorés, l’opulence omniprésente avec les diverses dorures, les lourdes tentures, les alcôves ici et là, les accès dérobés. Elle se souvint aussi du regard particulièrement amusé que lui lança le maître absolu des lieux et celui plus mitigé des autres filles.
Peu de temps après pourtant, alors qu’elle atteignait sa vingtième année, elle devenait l’une d’elle. André traitait bien ses filles. Il fallait le reconnaître. Une certaine protection, un apprentissage à ses côtés et elle se retrouvait sous le feu des projecteurs. Que demander de plus lorsqu’elle avait une scène où se produire tous les soirs, des tenues si différentes de toutes celles qu’elle avait pu voir ou porter jusqu’à présent et des spectateurs qui ne décrochaient pas leurs regards d’elle.

Elle adora cette attention qui ne fit que croitre au fil des années. Bien sûr ce n’était pas sans point négatif. Mais force était de constater que Lorelei trouva là le moyen de s’épanouir comme jamais. Il fallut simplement qu’on lui donna sa chance. Sa beauté et la joie transparaissant lorsqu’elle avait l’occasion de se donner en spectacle la rendit très vite populaire.

De plus en plus populaire. Elle eut ses petits favoris, ses réguliers. Parmi eux un homme, galant s’il en était, commença à revenir de plus en plus souvent pour la voir, venir discuter avec elle, lui offrir quelques petits cadeaux. Jeune Lorelei ne tarda pas à tomber sous son charme, à se plaire à croire à ses mots d’amours, à ses promesses d’éternité.
La seule chose qu’elle lui refusa fut l’exclusivité. Il voulut la tirer de là, lui offrir une vie plus « convenable » comme il la décrivait lui-même. Lorelei aimait beaucoup trop danser pour vouloir changer son train de vie. Il n’apprécia pas. Il y a bien des soirs où elle pleurait plutôt que chanter, parce qu’il était parti après une énième dispute à ce sujet.

Au final, elle refusait de céder, et le lendemain il revenait la voir en s’excusant. Pour mieux recommencer. André ne l’aimait pas. André l’a prévenu de se méfier mais la jeune femme, peut être trop aveuglée, ne l’avait pas écouté.

Cela avait commencé comme toutes les autres fois. Il avait payé pour passer la soirée à ses côtés, ils étaient montés, avaient eu la même conversation encore une fois. Sauf qu’au lieu de partir comme il avait l’habitude, il lui avait affirmé que s’il ne pouvait pas l’avoir, alors personne ne l’aurait. L’instant d’après, elle apercevait un éclat argenté, juste avant que la lame ne la transperce. Elle ne s’entendit pas crier. N’eut que le temps de voir l’homme s’enfuir avant que, bientôt, le visage d’André n’entre dans son champ de vision et que tout ne devienne noir.

La douleur.

Tout ce qui suivit ne fut que douleur. Une douleur indicible dans chaque fibre de son corps, une fièvre tandis que son corps changeait, se transformait. Et finalement le froid. Le vide. Lorelei était habitué aux attentions et à la douceur, pas à ça. Elle pensa que c’était ainsi que se terminait sa vie. Pourtant à sa grande surprise, elle se réveilla au final, son regard se posant sur le plafond caractéristique des combles de la maison close, affamée, et la rage au ventre.
Face à elle, André, toujours André, l’air pensif, tandis qu’il l’observait. Il va falloir que tu restes calme, lui avait-il dit, les choses allaient quelque peu changer à partir de maintenant. Lorelei, officiellement, était bel et bien morte. C’est une nouvelle vie qu’elle débutait maintenant, en tant que vampire.

Elle aurait voulu éclater de rire devant cette idiotie. Un vampire, vraiment ? Oui ma fille. Vraiment. Comme le démontrait ta nouvelle apparence, tes crocs nouveaux, le fait qu’elle désirait du sang et non plus de nourriture humaine.

André lui expliqua tout. Lui réexpliqua aussi. Parce qu’effectivement, beaucoup de choses n’étaient plus les mêmes. Elle apprit au passage que la maison close servait aussi pour les créatures. Parce que c’était la guerre dehors. Une guerre invisible et qu’elle devait rester prudente pour cette raison. Pas comme le propriétaire de la maison close dont le nom commençait à se faire un peu trop connaître, tout comme ses actions. Pour ça qu’il se faisait plus discret ces derniers temps. Ça lui passa un peu au-dessus, ayant du mal à tout assimiler.
Il y a tout de même une chose qui lui resta. La danse, la séduction, la vie de la nuit. Passé le premier temps où elle resta recluse dans son coin, elle se risqua finalement à revenir sur la scène sous un autre nom, sous une autre identité. Pour autant, elle ne nia pas qu’elle n’avait qu’une crainte à ce moment-là : voir un certain homme franchir à nouveau les portes de la maison close. André lui assura que non, mais ses danses et son attitude trahissait son état et ses pensées. Elle n’était plus aussi joyeuse, plus aussi séductrice.

Elle dut admettre que son mentor fut un soutien indispensable. Prenant son rôle à cœur, sans doute un peu trop pour une raison qui lui échappait, il l’accompagnait tant bien que mal dans la découverte de sa nouvelle vie. Pas d’amour cette fois mais une amitié bien réelle qui finit par s’instaurer entre les deux vampires, qu’elle fit tout pour cultiver.

Son mentor décida de l’aider à passer au-delà d’une méthode bien à lui. La nuit, il lui demanda de le suivre. Il lui apprit à devenir autonome. Si c’était lui qui chassait majoritairement au départ, il lui apprit à trouver elle-même ses proies, les suivre et à maîtriser son agressivité pour ne pas tuer. S’il la laissa se débrouiller seule, il lui indiqua une piste à suivre. Piste qui la fit remonter lentement mais surement vers son repas du jour… un repas bien connu puisqu’il s’agissait de son ancien amant.
Ce ne fut pas l’amour qui l’aveugla cette fois là mais bel et bien la rage, tandis qu’elle voyait son visage se déformer sous un mélange de haine et de peur quand il l’a reconnu. Elle tua. Elle n’aima pas ça. André en avait ri. Pas elle.

Elle s’était refermée sur elle un peu plus. S’enfermant dans sa chambre et refusant d’en sortir. Refusant également de voir qui que ce soit.

Lorsqu’elle en sortie cependant, elle était de nouveau elle-même. Et elle se jeta de nouveau sur la piste, plus flamboyante et plus séductrice que jamais. André s’en inquiéta un peu au début mais elle eut vite fait de le rassurer. Enfin, en apparence. Elle faisait son travail, et le faisait mieux que jamais, libéré des contraintes du cœur, alors il y avait peu de reproche à lui faire, vraiment.
Tout comme elle continuait d’apprendre sous la coupe de son tuteur, la guerre ne fit que s’intensifier et André lui annonça un beau jour qu’il devait filer en douce, sous peine de voir bientôt les ennuis arriver à leur porte. Une fois de plus elle ne comprit pas, ne voulut pas comprendre. Tout ce qu’elle vit, c’est qu’on lui confia les clés de la maison close et qu’André disparu pour, à ce jour, ne jamais revenir.

Alors vraiment, qu’était-elle sensée faire d’autre qu’assumer les responsabilités au mieux de ses capacités, faire en sorte que les lieux restent plein de vie, plein de dorures, plein de paillettes et que les gens y viennent toujours plus nombreux.
Elle se décida à cacher son identité derrière un masque, moins présente sous les feux des projecteurs mais toujours aussi resplendissante dans ses apparitions, maintenant les apparences.

30 ans plus tard, c’est un jeu qu’elle joue toujours.