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L'humain a toujours su se construire des royaumes et composer plus ou moins bien avec les élites voisines. Mais ces hommes et ces femmes n'étaient pas les seuls à fouler cette terre de leurs pieds éphémères. Perdus entre le prestige de la noblesse et la vie froide de la paysannerie, nombres de vies se sont tissées les unes aux autres pendants des siècles, jusqu'à ce que les Rois et les Reines finissent par lutter concrètement contre les engeances qu'étaient les vampires et les lycanthropes. Toujours dans la discrétion la plus totale, bien entendu.

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Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

inventaire

Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915
Mer 28 Juil - 10:21










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L’homme le bouscule. Le visage affublé d’un rictus carnassier.

Son poing, armé d’une lame qu’il pointe vers son ventre.

Aimable, dos contre le mur, sent la pointe acérée piquer le tissu de son vêtement – les dents glacées de l’acier effleurer sa peau. Le souffle froid de la mort contre sa nuque, et celui, bien trop chaud, qui franchit ses lèvres.


_ Qu’est-ce que vous voulez de plus ?


Le regard du vautour se dirige vers la chaîne qu’il aperçoit, autour du cou du Chevalier. Le sang d’Aimable se fige, dans ses veines. Son cœur s’accélère, ses muscles se contractent, en réponse, la pointe de l’épée perce légèrement son derme, au niveau de son nombril.

Une goutte de sang perle, s’épaissit, jusqu’à ce qu’un filet s’échappe le long de la lame. Le long de son nez. Aimable sent la douleur familière mordre son visage à pleins crocs, ses traits se contractent, son souffle devient plus pénible. Une boule monte dans sa gorge, elle écrase impitoyablement sa cage thoracique quand l’homme se saisit de la croix qu’il garde autour du cou.

Pas la croix. Je vous en prie. Pas la croix.


Ḻ̶͉̪͓̾͐͆͗͑͘͝ą̴̢̘̜͓̥̺̗̰̖̘̳͚̐͐͒̈́̈́̿̂͛͘ͅ ̴̨̼͓̱̜̑͂̒̏̇́C̶̢̱̘̝̤̭̩̱̺̆͒̏̓͂̈́̐̽̈́̀͑̚̕̚͝Ŗ̵̗̮̤͓̗̟̩̘̐́̿͒̊̈́̀̚͜ͅÖ̵̳͙͍̟̠̻̌̄̈́͗͌̓̚͜Ȉ̵̼̠̺̙̑̓̅̑͌Ẍ̸̞̯́̿̽̿̈́͊̑̒͝͠

La nuit est si paisible, ce soir.

La lune, langoureuse, plonge dans le ciel obscur : sa silhouette sensuelle s’esquisse sous une surface obscure. Parfois, elle émerge et sa chevelure d’argent abandonne un rideau laiteux sur le monde.

Les sons s’étouffent, appesantis par la lourdeur de l’air et l’humidité qui émane de l’atmosphère. Les arbres immergés étendent leurs branches, se balançant sous les remous du vent. Le chant vibrant de quelques grillons percent péniblement le silence alors que les lueurs des lucioles disparaissent sous les courants.

L’homme trébuche. Il ne reste de son sourire qu’une plaie béante.

Un glougloutement lugubre s’arrache de sa gorge alors qu’il trébuche ; il se noie dans son propre sang qu’il recrache vainement. Poisson hors de l’eau, c’est avec la force du désespoir qu’il s’avance, par spasmes, lorsqu’il traîne sa jambe blessée. Un regard en arrière.

L’ombre s’avance.

Elle est derrière lui. Elle le suit.

La lune, depuis le ciel, sourit. Malicieuse, elle repousse les nuages ; ses mains d’argent effleurent les os saillants, les lambeaux de chair, la Bête sourit de tous ses crocs.

L’homme aimerait hurler, mais seul un borborygme hoqueté lui échappe. Il lâche l’épée ensanglantée, qui tombe sur l’herbe, l’acier étouffé par la terre, le sang absorbé par l’herbe. Son autre main reste nerveusement agrippée à une chaîne d’argent, d’où pend une croix magnifiquement ouvragée. Une ancre à laquelle il s’accroche de toutes ses forces, dans l’espoir qu’elle l’arrachera à ce monde avant que la Bête ne le saisisse.
Mais Elle est là. Elle est déjà sur lui.

Son souffle froid sur sa nuque. Sa bave qui dégouline, par gouttes, sur son crâne.

Il sent les doigts osseux, immenses, se refermer autour de sa cage thoracique.

Il lâche la croix, qui tombe au sol ; l’argent reflète la lune, avant que du sang ne l’asperge. L’homme gémit, à moins que ce ne soit le son de sa propre chair qui se déchire.

La lune contemple la Bête, elle se reflète dans ses yeux noirs jusqu’à lui désigner la Croix. La CROIX.

Ce qu’il reste du corps tombe au sol dans un bruit mou. La Bête hésite, jusqu’à ce qu’une volonté autre que la sienne la contraigne à s’avancer. A ramasser la Croix.

La douleur revient.

La Bête gronde, sourdement. Dans un claquement lugubre, ses vertèbres se rassemblent, tirant à elles ses longs, très longs membres. L’Ouroboros retombe à 4 pattes, ses mâchoires s’écrasent, assez pour que ses crocs transpercent sa propre peau, pour que les os se brisent. La fourrure s’enfonce, une peau vient péniblement la contenir, recouvre les articulations saillantes et les fragments d’os, elle renferme la musculature, qu’elle écrase sous sa pression. L’Ouroboros se débat, son corps bouillonne de chair et de sang, les viscères retenues par une membrane si fine qu’on les devine ; la peau protectrice revient les recouvrir. Les côtes frémissent comme les pattes d’une araignée, elles hésitent puis se referment, broyant la cage thoracique du monstre qui entrouvre péniblement les mâchoires.

Aimable halète.

Prostré, nu, au sol. Son corps humain – humain – Ḫ̵̹̑̐̌͑̌̆̒̃́̾̃͒́̾̐U̷̞̼̫̞̟̞̳͈̅͆̒͐͜M̵̛̼̹̫̞̤̖̠̫͖͖͛̏̀̔̊̿͌̍͘̚͝͝͠Ạ̸̤̬̏́̇͒Ì̴̡̭̺̺̩͜N̵͎̻̰̳͔͕͇͇̹̜͙̳̩͇̼̒̄̈́̌̈́– en position fœtale sur la terre humide. Sa peau souillée de sang, le sang qui coule de son nez, de plaies encore visibles. Les os brisés se rassemblent, se réinstallent sous une musculature étirée, tordue et malmenée. Ses chairs sont brûlantes, gonflées, il a si mal qu’il en verse quelques larmes, les mâchoires serrées.

Le son qui s’échappe de ses lèvres lui paraît étouffé. Il cherche l’air, ses yeux s’élèvent vers le ciel en une prière qu’il n’arrive plus même à penser. Dans le vain but de se soulager, il laisse échapper un mouvement – le contact froid de l’argent. Sa main se saisit de la chaîne, il ramène la Croix à lui, la garde contre son torse. Sa croix. Sa croix…

Ses yeux se ferment à demi, il n’y a plus d’obscurité, au sein de ses orbites. Seul un ciel clair, semblable à celui de l’aube qui se lève.

La lune s’en est allée.

Eudes de Cluny
HUMAIN - PEUPLE

inventaire

Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928

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Eudes de Cluny
Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928
Sam 31 Juil - 18:36



Eudes/Aimable
which do you dread more, the echo or the answer ?
Les rayons de la lune baignent la province d’une lumière blafarde, guidant tes pas le long du sentier battu.

Une telle nuit est propice au voyage, alors tu n’as jamais arrêté de marcher; c’est dans un état presque méditatif que tu te laisses simplement vaquer depuis des heures, plongé si profondément en toi que tu ne perçois qu’à peine la fatigue enlaçant tes jambes.

Tu te sens si proche de Lui, si en phase avec ses messages que tu n’as pas même besoin d’entendre le murmure de sa voix pour obéir à sa volonté; tu sens sa présence dans la brise faisant bruisser l’herbe et caressant tes cheveux, dans la lueur des lucioles mouchetant l’obscurité comme des centaines d’étoiles tombées du ciel, dans le parfum de la nature après une chaude journée.


Une bourrasque amène à toi l’odeur métallique du sang,

et Son absence subite se fait sentir comme un coup de poignard,
te figeant sur place.


Les derniers rayons de la lune découpent une forme que ton esprit n’est même pas capable d’assimiler, un amalgame impossible de chair et d’os tordu de façon grotesque.

(tu as l’intime conviction
que ce spectacle n’est pas destiné à être perçu)

Tu es soudain trop alerte de tout:
la sueur roulant le long de tes mollets endolori
rendue aussi glaciale que celle qui vient mordre ta nuque,
la chaire de poule courant le long de ta chaire,
tes muscles tendus à leur paroxysme tremblant sous l’effort,
ta respiration coupée qui se met à s’emballer,
le sang battant à tout rompre dans tes tempes,
la nausée remontant alors que l’odeur putride de la mort embaume l’air,

le grondement de cette chose au loin que tu ressens au creux de tes os.


Si ce n’était pour la façon dont la forme monstrueuse tombe à terre, tu aurais détalé.

(un jour, ce sera ta perte)

Le monde peint en nuance de gris sous le ciel commençant à peine à s’éclaircir, tu ne vois que des flaques noires, comme des précipices vers l’enfer creusé dans le sol.

Un violent haut-le-coeur te prend lorsqu’en posant le pied par mégarde dans l’une d’elle, tu sens le liquide encore tiède s’insinuer entre tes orteils glacés.

Ce que tu vois en t’approchant achève la résilience de ton estomac.


Tu as toujours voulu aider à soigner les gens dans les Monastères dans lesquels tu as vécu.

(l’angoisse tord tes entrailles d’une façon telle que les contractions de ton abdomen te tirent les larmes)

Fractures, membres tordus par une chute, plaies suppurées, jambes gangrenées, tu as vu les milles et une façon dont le corps peut-être rendu méconnaissable.

(le goût amer de la bile se mêle étrangement à l’odeur pourtant familière de la mort)(sang mêlé de boue et d’immondice)

Mais tu n’avais encore jamais vu un corps réduit en charpie.

Tu n’oses même pas te retourner, de peur que tes yeux ne tombent par mégarde sur ce qui reste de l’homme au sol.

(mais tu le dois)(car il n’est pas seul à terre)


Tu te dis que c’est le choc qui t’as fait voir ce que tu as vu.

Ça, où alors c’est le diable en personne qui se tenait là où gît l’homme recroquevillé.

(couvert de sang et nu, tel un nouveau-né)

Si tu n’avais pas aussi peur du jugement de Dieu, tu le laisserais là.

(mais si tu ne sens plus Sa présence, tu sens Son regard transpercer ton dos
attendant
jugeant)

C’est donc à ça qu’Il te menait.


Agenouillé, tu approches une main tremblante du visage de l'inconnu.

(Tu ne sais pas si tu dois être soulagé ou non de sentir son souffle contre ton épiderme.)

En l’examinant, tu ne trouves d’autres blessures qu’une minuscule coupure sur son ventre. Une petite fente rouge qui se distingue à peine sur la peau maculée de sang poisseux.

Il t’es alors évident
qu'il ne s'agit pas du sien.



Une telle sauvagerie te révulse, et pourtant, tu pries pour son âme et celle du malheureux gisant à ses côtés.
A l’aide de ta serpette, tu déchires un morceau de ta manche et un grand pan de ta propre bure, ne possédant rien d’autre pour laver son corps et le garder de prendre froid.

(heureusement, si tu trembles comme une feuille, la température est douce)

En saturant le plus petit morceau dans le ruisseau le plus proche, tu dois rassembler tout ton courage pour ne pas faillir et réussir à y retourner.

Il t’en faut encore plus pour oser poser le chiffon sur son visage.

(tu n’as aucune peine à imaginer l’une de ses grandes mains s’enrouler autour de ta gorge)(des doigts puissants écraser ton larynx et briser tes vertèbres)

C’est pourtant une pointe de soulagement que tu ressens en constatant que sous le sang et les viscères se trouve bien les traits d’un simple homme. Plus tu laves son corps, plus tu essaies de te convaincre que tes yeux t’ont joué des tours.

(pourtant lorsque tu les fermes, l’image est imprimée sur ta rétine)

Son poing étroitement fermé attire ton oeil.
Et bien que ces mains te font peur, c’est plus fort que toi,
tu touches ses doigts pour essayer de voir ce qu’il tient là.
Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

inventaire

Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
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Espèce : Humain
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Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
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Espèce : Humain
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Jeu 19 Aoû - 10:36










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La Lune.

L’on prétend qu’elle passe ses nuits à chasser les cauchemars, ou à les enfanter. Quoi qu’il en soit, elle se contente d’un dernier regard, avant de s’effacer.

Laissant au sol, abandonné, la progéniture qu’elle n’a jamais portée. Son corps est nu. Prostré. Ses bras sont repliés contre son torse, ses jambes, ramenées avec maladresse contre son ventre. Son souffle hésite. Un spasme saisit sa cage thoracique. Il inspire un peu d’air, alors qu’un son rauque s’arrache. Péniblement. De ses lèvres.

Son corps est nu. Souillé de sang et de terre.

Au dessus d’eux, il ne reste de l’astre maternel, qu’une traînée ensanglantée souillant l’étendue céleste. Elle a délivré son fardeau, elle s’en est allée, elle l’a abandonné. Le monstre se meurt, alors que l’homme naît.

Ce n’est pour autant pas son premier jour. Ses cheveux sont bruns, méchés de gris. Derrière ses mains, il terre son visage, pour se dissimuler ou se protéger. Derrière ses paupières closes, ses yeux bougent encore, pourchassés par des cauchemars qu’il ne pourra jamais fuir – ils sont scellés dans sa chair. Dans sa tête.

Son front, le coin de ses yeux, de ses lèvres, portent les stigmates du temps, des soucis, d’une vie faite de combat. Les rides sont profondes, vallées obscures entre les sommets osseux de ses pommettes saillantes, d’arcades sourcilières dessinées, d’un grand nez maintes fois brisés, de mâchoires carrées. Sa peau est usée, rêche et parcourue de cicatrices, son dos est labouré de plaies à présent anciennes, celle de son ventre commence déjà à disparaître.

L’homme est-il grand ? Ainsi courbé, il est difficile de s’en rendre compte. Une musculature certaine consolide ses épaules, renforce son dos, ses membres. Parfois, un mouvement se tapit, sous la peau : ce n’est qu’un muscle qui se contracte, la vermine qui grouille, sous le couvert de sa chair. N’a-t-il pas une paire de côtes supplémentaire ?

L’humidité, sur son visage, le fait réagir. L’horreur qui bouge, derrière ses paupières, se fige. L’homme retient son souffle, comme par attente d’un coup, d’une douleur, d’autre chose, à moins que ce ne soit la Bête qui guette. Pour autant, il ne bouge pas ; il laisse l’homme à sa tâche, nettoyer, tant bien que mal, sa peau rêche, le cuir qui recouvre ses mains couvertes de corne. Dans l’une de ses mains, la Croix.

Le soleil, curieux, y adresse une œillade : ses rayons se reflètent sur la surface d’argent.

La Croix est de la taille de sa paume. Elle est d’un argent rustique, usé par le voyage et par cette main qui ne cesse de la serrer. Par endroit, le métal est lissé, poli par le passage incessant de son pouce lorsqu’il prie. Chaque extrémité de la Croix se termine d’un étrange pique, de la longueur d’une phalange. Pour autant, elle n’a rien d’une arme, une prière est même soigneusement gravée sur sa surface – Lux perpetua luceat eis -. Une autre, en français cette fois, est inscrite sur le côté visible de la Croix – Que Dieu protège l’homme que nous aimons -. Les inscriptions sont à peine perceptibles, à présent abîmées par les années… La Croix est attachée par d’étranges anneaux. Un chapelet, constitué des anneaux délaissés d’une ancienne cotte de maille.

Il suffit d’un geste pour que la main du Chevalier raffermisse son étreinte. Un mouvement lui échappe, alors que les yeux roulent, sous les paupières. Les barrières de chair s’entrouvrent – l’obscurité, en dessous. Non ? Non. L’obscurité se rétracte, elle se recule jusqu’à n’être qu’une simple pupille. Un puits obscur, au sein d’un océan céleste. Le bleu et le perle s’entremêlent, terre et ciel unis contre l’ombre, l’homme et sa foi, contre le monstre.

Ses paupières battent quelques secondes, l’homme s’éveille – s’éveille ? Ses lèvres s’entrouvrent, il happe désespéramment de l’air, c’est un râle de souffrance qui lui échappe. Dans un sursaut, Aimable tente de se redresser, pris de vertige, ce sont sur ses bras qu’il s’appuie, ses jambes peinent à lui obéir. Le souffle s’accélère, Aimable halète. Ses pensées bouleversées. La Croix. Il la sent, dans sa main. Comme la douleur qui pulse, partout, partout en lui. Il sent ses chairs gonflées, ses articulations malmenées, la brûlure qui remonte dans sa gorge, il crache un peu de bile. Le feu est si vif que quelques larmes viennent jusqu’à ses yeux, leur humidité ravive la sécheresse de ses prunelles, il cherche son souffle. Ses jambes, enfin, elles bougent et se replient sous lui, à 4 pattes, Aimable reste quelques secondes, le dos voûté, jusqu’à ce qu’un craquement lugubre lui permette de redresser légèrement la tête.

Où est-il ? Que fait-il ici ? Ca pulse, dans sa tête, dans sa cage thoracique, tout tourne autour de lui. Il retombe, lourdement, sur le côté, il a si mal qu’il sent à peine l’impact. Le corps tétanisé, la peur qui revient, au galop. Que fait-il ici ? Où sont ses vêtements ? Il se sent mal. Si mal qu’un haut le cœur revient, il le ravale mais ne retient pas le son rauque qui s’arrache de ses lèvres. Ses yeux sont noyés de larmes, comme toujours, il se sent… Si fragile et vulnérable. Qu’a-t-il fait ? Qu’a-t-il… Il ne veut pas y penser, il ne peut pas y penser, jusqu’à ce qu’un mouvement attire enfin son regard.

Quelqu’un, près de lui.

Son cœur s’arrête.

L’a-t-on vu ? Qu’a-t-il vu ?

Q̴̛̥͂̅͆͂̄͂̔́̅͌̂̓̈́ü̴͔̮̞̰̳̥͎͋'̴̤͙̱͈̘̥̃ä̸̺̪̻̖̀̉̕̕-̸͎̰͎̖͔̜͎̬͓̹̪̻̞̖̹̐̒̎͗̄̄͆̈̍̌͆̕̕t̶̳͉̗̪̘́̓̑̓-̷͍̙͖͙͇̼̂̌͋̿̌̀̓̄̕͜͝i̵̧̛̳̘̪̖͈̳͈͇̯̬̝̪͖͑̽̉͐̚͜͠͝l̶̼̄͆͊̃̊̿̈́ͅ ̶̨̧̧̧͍̭̫̞͓̰̯̣̠̂̆̽̒͆̓͂̊̚̚v̷̡̞̹̲̅͛̔̍͊̑͘͘̚u̸̥̩̮͔̼̟͇͒͐̚ ̸̬̤͇͕̎̓̍̄͘͘ͅ?̵̨̪̪̥̹̹͙̳͔̙̮͍̥̈̄͌̉̑̿̓̔̊͝ ̸̨̮͙̩̜̹̦͈̚͠

La Voix revient, dans son esprit. Agacée ? Amusée ? Il ne sait pas, il sait juste qu’elle résonne bien trop près de son oreille. Qu’il l’a entendue venir du fond de ses os. Un mouvement fugace, qu’il dissimule heureusement ! Sous sa peau.

Homme ? Femme ? Autre ? Il ne sait pas, il ne peut pas savoir, il ne voit que ces yeux clairs fixés sur lui, ces yeux emplis de peur et d’autres choses. Ces yeux qui lui font mal – pourquoi ? Une part en lui veut l’aider, rassurer, l’autre, veut s’enfuir. Disparaître. Disparaître. Lui a-t-il fait du mal ? Est-ce qu’il l’a blessé.e.s ? La personne a du sang… Du sang sur les mains ? Le sien ? Le leur ? Les autres… Où sont les autres ? Sont-ils en danger ? Il doit le ou la prévenir, cette personne doit s’enfuir, les bandits ne sont pas loin, pas loin… Pas loin….



_ Je…  


Sa voix… Il entend sa voix et elle lui arrache les tympans, la douleur vrille son crâne. Il ne doit pas s’évanouir. Il ne faut pas.


_ Je…


Les bandits ne sont pas loin… Il faut prévenir, il faut que cette personne… S’enfuie. Se mette en sécurité... Il faut…. La protéger…

Les bandits. Les bandits.

Le corps. Déchiqueté. A coté. Il le voit. Les bandits ne sont pas loin.

La Voix, dans sa tête, rit. Un rire plein de crocs. Qui labourent ses tripes. Il va vomir. Il doit vomir. Un haut le cœur le saisit, bile, sang, autre chose, il ne sait pas, il vomit. Il tremble de tout son corps, ses doigts s’enfoncent dans la terre meuble alors qu’il essaye, tant bien que mal, de reprendre son souffle.


_ Je…


Un nouveau haut le cœur.


_ Je suis désolé… !


C’est presque un cri qui s’arrache de ses lèvres. C’est un râle guttural et pourtant, si humain, lorsqu’il sent son cœur se déchirer. Les larmes qui s’échappent, alors que son haut le cœur devient un sanglot désespéré.

Désolé. Il s’est senti tant de fois désolé. Toute sa vie, depuis sa naissance, il s’est senti désolé, désolé d’être ce qu’il est, désolé de tout ce qu’il fait. Mais qu’a-t-il fait ? Les souvenirs se brouillent, alors qu’il sent sa conscience vaciller. Effrayé, Aimable referme désespéramment les mains sur la Croix.
Nouveau né, il prend à peine conscience du mal qu’il a causé et qu’il continuera à semer. Nouveau né, chaque jour est un jour nouveau, avec son lot de tentations, d’erreurs et de rédemption.

Nouveau né, il demande déjà pardon alors qu’il vient à peine de s’éveiller.
Eudes de Cluny
HUMAIN - PEUPLE

inventaire

Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928

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Eudes de Cluny
Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
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Pièces : 2928
Ven 20 Aoû - 0:46



Eudes/Aimable
which do you dread more, the echo or the answer ?
La réaction est instantanée, et plutôt que de prendre peur, ton esprit est ramené subitement dans le passé, comme un tiroir ouvert de force.

“C’est un casse-tête.”
Te dit la voix chaude de tes souvenirs,
portant en ses mains une petite boîte ornée.

“De l’extérieur, elle semble impossible à ouvrir, et pourtant.”
En une pression de l’index en son centre, dans un claquement (craquement ?) clair, la rosace se détache et le couvercle s’ouvre sur un autre puzzle.
puis un autre puzzle
et un autre puzzle



Tu le fixes ainsi.

Sans un mot.

(quelle expression transpire sur ton visage ?)
(la peur ?)(le dégoût ?)
(la colère ?)

Devant toi ne s’articule pas un savant mécanisme.
Juste un homme.

(un homme ?)
(une bête ?)

Non non, il s’agit bien de l’homme que tu as extirpé de son enveloppe écarlate. Le morceau de tissu imbibé d’immondice que tu serres à t’en blanchir les phalanges en est la preuve, même si le spectacle qui se déroule devant toi tente de t’en faire douter.

(Il n’y a que des hommes en ce bas monde, plein de peur, d’aigreur et de chagrin.)

Tu reconnais la terreur primaire au fond de ses yeux lorsqu'il plonge dans les tiens.

Tu n’arrives pas à détourner le regard
ni même à ciller.

(tu sens pourtant le sang se remettre à palpiter dans tes tympans)(ta bouche s’assécher et tes doigts se crisper)

(comme une biche qui ne peut s’empêcher de soutenir le regard du loup)

Il ouvre la bouche.

Une goutte de sueur perle sur ta tempe et entame sa course le long de ton visage pâle.

Il réitère sa tentative de ce qui semble être une moquerie de la parole humaine.

C’est lui qui brise le contact en premier, rendant à son tour le contenu de son estomac dans l'herbe.

(tu comprends, te dis-tu avec un cynisme amer)

Tu réalises seulement à cet instant à quel point tes yeux sont secs. Tu as beau cligner des paupières, tu ne peux pas te débarrasser de cette sensation désagréable.

(elle semble logée tout au fond de ton cerveau)

Enfin, il explose, et tu tressaillis.
Non pas devant l’ouragan de souffrance qui déferle devant toi,
mais devant ton indifférence.

(non)
(pire encore que cela)
(tu le sens à la façon dont ta narine tressaille en le regardant)(dont tes yeux se plissent)

Aussi loin que tu te souviennes
tu ne crois pas avoir déjà ressenti un tel mépris.

(et cela t’effraie bien plus que l’homme devant toi)

Tu lisses les plis de ton visage comme on lisse un vêtement en se relevant.
Tes gestes sont lents,
calculés.

(tu n’es pas idiot)(tu sais très bien qu’il n’existe plus dangereux qu’une bête blessée)
(et cette blessure là est bien plus profonde que n’importe quelle plaie béante)

Pourtant, tu n’arrives pas à te sentir désolé pour lui.

(pas avec les restes de muscles et d’os pulvérisés
juste au coin de ton oeil)

La chaire de poule court sur la peau dénudée de tes cuisses, et ce malgré les rayons timides du soleil qui commencent à déverser leur flot d’or pâle sur la plaine, t'éblouissant en se reflétant sur ton teint diaphane.
Tu passes doucement le grand pan de ta bure que tu as déchiré un peu plus tôt autour du corps tremblant de l’homme.

“Que Dieu entende vos paroles.”

Ton geste est doux, mais ta voix est dure.

(n’es-tu pas censé pardonner à celui qui se repent ?)
(tu cherches désespérément le vrai toi, emprisonné quelque part derrière ce mur)(mais il n’y a qu’un silence glacial au creux de ton coeur)

“Vous êtes délirant.” Tu ne reconnais pas ce stoïcisme qui te permet de poser le dos de ta main sur son front sans craindre d’être mordu. “Il vous faut du repos.”

(serait-il possible que ta peur se soit volatilisée en voyant l’homme, et non la bête ?)
(où est-ce une partie de toi qui s'est brisée en assistant à de telles horreurs)

La brise matinale est douce sur ta nuque humide.

Il fait incroyablement bon, ce matin.
Incroyablement bon.

Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

inventaire

Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915
Lun 6 Sep - 11:59










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La nuit s’en est allée. La Lune l’a abandonné.

Où est Dieu ? Où est Dieu et sa lumière, sa chaleur, sa rédemption ? Sa libération.

Il n’y a aucune purification dans cette expiation : qu’une douleur, intolérable, qui déchire ses os et ses muscles. La Voix Hurle dans son esprit, ses pensées transpercent les siennes, ses crocs raclent l’intérieur de son crâne. Son sang pulse contre sa tête, la pression est telle qu’il a la sensation que les os se fendent à chaque battement.

Il veut bouger, mais il a peur que le moindre geste ne déchire ses muscles, qu’un os ne se disloque. Respirer est un supplice, ses côtes sont-elles brisées ? Il a l’impression que leurs flancs dardés d’épines transpercent ses organes à chaque inspiration. Sa peau est un carcan trop étroit, ses propres os sont une prison qui l’étouffe, où est son corps ? Sous cette carne, à lutter pour sortir ? Ou ses chairs gonflées de souffrance blotties contre sa propre peau, cherchant un semblant d’étreinte, une affection pour ce corps qu’il déteste, cette chair qu’il veut s’arracher.

Les larmes coulent de ses yeux, le sang, la bile, emplissent son nez et sa bouche, il crache et cherche son air, ses yeux s’élèvent vers le ciel alors que sa main reste étroitement serrée sur sa croix. Ses prunelles dévient nerveusement vers l’homme à ses côtés, vers ses yeux si clairs… Si clairs… Qu’ils lui paraissent morts.

Aimable se sent dénudé par ses yeux si froids. Aussi froids qu’une lame d’acier qu’il enfoncerait dans ses plaies ouvertes, dans ce cœur qui bat avec désespoir. Son corps est brûlant, ses blessures sont incandescentes, sa chair bouillonne, et pourtant, il désire une autre chaleur, une chaleur humaine. Celle d’une main sur son épaule, d’un regard aimant pour cette vie qu’il refuse d’abandonner, un encouragement. Il ne voit dans ses yeux qu’un mépris, un rejet, une froideur qui saisit tout son être et le ferait presque hurler. Hurler de rage et de douleur, hurler à s’en déchirer la gorge, l’envie de rompre son crâne contre la pierre, d’en finir avec ce supplice.

Il se sent si nu face à lui. Si vulnérable, face à lui.

Dieu a-t-il finalement décidé d’envoyer un ange pour le juger ? Pour mettre fin à son existence. Etait-ce le crime de trop ? Son esprit délire, sous l’emprise de la fièvre, de la douleur, de ce sang qui macule ses mains et qu’il ne veut pas voir. L’insoutenable vérité saisit son esprit pour l’écraser et ses lèvres entrouvertes ne laissent pas entrer assez d’air.

Le poids dans sa tête et sur ses épaules est si lourd que sa nuque s’incline. Son front se repose contre la terre alors qu’il désire disparaître. Sentir le mucus noir, humide, recouvrir son corps embrasé, éteindre cette rage qui bout au fond de lui. Il n’a plus la force de crier, il tremble sous les morsures d’une brise aride. Le jour dévoile, sous ses yeux, ses crimes, des flaques de sang, des morceaux de corps, ses ongles qu’il ronge jusqu’à s’en faire saigner.

Alors. Un vêtement recouvre son corps.

La surprise arrache un sursaut violent à son corps tremblant. Son souffle s’est figé, ses muscles se sont tendus, il s’est attendu à un coup – qui ne vient pas. Il n’y a que la caresse du tissu sur sa peau.

De longues secondes passent, alors que son cœur s’accélère. Son souffle s’est figé. C’est si doux. Sa main s’arrache du sol. Il sent le moindre tendon se tordre sous la pression de son mouvement, l’articulation qui roule et se grippe, bloquée par un os… déplacé. Qui se rétracte dans un craquement lugubre. Permettant à ses doigts d’effleurer la bure.

Le tissu est si doux, sous ses doigts. Il ressent la chaleur de l’homme qui l’a porté.

Il n’espérait pas tant. Instinctivement, viscéralement, son corps se pelotonne sous le tissu. Pour se protéger. Pour se dissimuler. Comme il a tant de fois espéré qu’on vienne l’abriter sous des bras aimants.

Vous êtes délirant, entend-t-il, de loin, parmi le chaos qui règne dans sa tête. Folie ? Oui, il l’est, il l’est, quand il entend la Voix, quand il entend les craquements des os, les hurlements des victimes, le silence morbide, les bruits de mastication. Quand il sent, dans sa bouche, parmi la bile, la viscosité de chairs fraichement arrachés. Oui ! Que Dieu fasse qu’il délire. Que tout cela cesse quand sa fièvre sera terminée.

Un contact, sur son front, l’invite à rouvrir péniblement les yeux dans un ultime frisson. Ses yeux clairs basculent jusqu’à ceux de l’homme et son visage blafard. La froideur est toujours là. Et pourtant, il sent la chaleur de sa peau contre la sienne. Un rappel à son humanité.

L’homme lui paraît si fragile. Ses cheveux d’un blond délavé tombent lourdement sur ses yeux d’un bleu délavé. Un nez droit, des lèvres à peine dessinées, des pommettes saillantes, des joues creusées. Une vie à peine éclose et déjà prête à s’éteindre, un lugubre crocus printanier.

Alors son esprit en errance se raccroche à ce qui fait de lui un homme. Un Chevalier. Le protéger. Il doit le protéger. Et si ce n’est pas des bandits, ça sera de lui. Il serre les dents et dans un râle, Aimable tente de se relever.

L’entreprise est audacieuse. Ses chairs se tordent, comme si des mains s’en saisissaient pour les déchirer de part en part. Il a l’impression que la forêt vient de se renverser, ne sont-ce pas des arbres qui viennent de se renverser ? Non, ces sons lugubres viennent de son dos, alors que ses vertèbres s’alignent. La tête lui tourne et d’ailleurs, le mouvement qu’il esquisse suffit à ce qu’il s’effondre de nouveau.  La douleur éclate, un coup fatal pour l’esprit du chevalier. Il s’évanouit, sa main restant nerveusement serrée sur sa croix et la bure qu’il garde contre lui.

La Lune les a abandonnés ; l’Homme de Dieu les a retrouvés. La Bête et le Chevalier.    
Eudes de Cluny
HUMAIN - PEUPLE

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Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928

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Eudes de Cluny
Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
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Mar 7 Sep - 0:22



Eudes/Aimable
which do you dread more, the echo or the answer ?
Comme c’est étrange de pouvoir soutenir ce regard sans ciller.
D’entendre les craquements grotesques de ses os sans tressaillir.
De lire les milles-et-unes émotions traversant ce visage sans en ressentir une seule.

Tu as devant tes yeux un immense enfant qui se débat avec la vie, hurlant à la première bouffée d’air, comme subitement conscient des affres de l’existence et du péché originel. Mais là où tu contemplerais ce spectacle avec émotion s’il s’agissait d’un nouveau-né, tu continues à n’être que le pâle reflet d’un humain.

Pourtant, lorsque l’homme bouge à nouveau, tu as enfin ton premier geste de recul, comme si la peur venait de se réveiller et te rattrapait soudainement.

(il va te tordre le cou pour l’avoir toisé ainsi, et tu l’auras bien cherché)

Tu tombes sur les fesses et tentes de t’éloigner de lui sans réussir à le quitter des yeux, tes semelles souillées arrachant l'herbe en poussant ton corps en arrière; mais tes supplications n’ont même pas le temps de sortir de ta bouche que déjà l’homme s’effondre.

Il ne reste que le bruissement de la brise dans les arbres
ta respiration haletante
et le regard de Dieu sur ton dos.



Le déplacer fut en soi une épreuve.
Avec tes petits bras maigrelets, rendu plus faible encore par l’émotion, tu n’as pas pû être très délicat.

(le gaillard semble résistant, il s’en remettra)

En plus, lorsque tu l’as ausculté, aucun n’os ne te semblait brisé, et ce malgré les étranges craquements entendus et la souffrance qui avait tiré les traits de l’homme, alors tu ne t’es pas senti trop mal lorsque tu as abandonné l’idée de le déplacer autrement qu’en le roulant comme une grosse bûche.

(tu ne t’es pas non plus senti complètement désolé lorsqu’au détour d’une légère pente, tu as perdu le contrôle et a dû le regarder rouler tristement jusqu’au fond)
(ça t’as fait gagner du temps, t’étais-tu dit avant de te réprimander mentalement)

Tu t’es efforcé de t’appliquer, pourtant. Tu as pris soin de le mettre à l'abri du soleil, déjà bien haut dans le ciel au moment où tu réussis à l'amener jusqu’au ruisseau; tu as placé son corps sur un lit de mousse que tu as toi-même rassemblé quand bien même tes muscles geignaient, puis recouvert à nouveau son corps du pan de bure avant de poser le torchon mouillé et frais sur son front bouillant.

Et même dans ta tenue peu décente, tu as guetté le passage de voyageurs sur la route pour quérir leur aide.

(omettant la présence de l’homme dans la forêt)

(c’est Dieu qui se chargera de son jugement, pas un bourreau)

Le ciel commence déjà à se parer de pourpre lorsque tu peux enfin t’asseoir devant le feu. Distraitement, tu tritures la peau morte de tes mains calleuses, regardant l’homme de l’autre côté du chaudron bouillonnant que l'on t’as gracieusement prêté, le millepertuis dansant avec la valériane et la mélisse que tu as cueillie.

Tu penses sans penser. A la gentillesse des voyageurs, pris d’inquiétude en te voyant dans cet état. A la douceur de l’air. A la quiétude de la forêt, à peine perturbée par le bruissement de l’eau et le pépiement de quelques oiseaux logés haut dans les arbres.

Ce serait une très bonne journée

si ce n’était pour ce que tu as vu cette nuit.

Tu clignes des yeux pour faire disparaître les images conjurées derrière tes paupières, un frisson venant te mordre la nuque. Elles te hantent alors qu’elles se font de moins en moins clairs, comme un mauvais rêve t’échappant au fil de la journée; pourtant, elles font remonter la nausée à tes lèvres chaque fois que tu les ressasses, si bien que tu n’as pris qu’une minuscule bouchée de la miche de pain qu’on t’as presque forcé à prendre.

(est-ce réellement une bonne chose de venir en aide à cet homme ?)

Non, non, ce n’est pas à toi d’en décider; tu dois venir en aide à ton prochain, quel qu’il soit.

Quoi qu’il ait fait.

Monstre ou non.

Le torchon doit être tiède, songes-tu en le fixant.
A contrecœur, tu te relèves et t’approches de l’homme pour pouvoir prendre le morceau de tissu et aller le rafraîchir dans le ruisseau.

Aimable E. De Bayard
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Aimable E. De Bayard
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Ven 10 Sep - 12:07










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TW : Mentions un peu gores, cadavres et monstruosités

Son corps ne possède plus la moindre trace de blessures.

Les chairs contusionnées et les os brisés sont dissimulés sous une peau abîmée par d’anciennes cicatrices. Des muscles épais, solides, écrasés les uns contre les autres, consolident la silhouette de l’homme : son dos est aussi solide que du bois. Une harmonie étrangement effrayante se dégage de sa corpulence, alliant force à une surprenante finesse. Ses articulations sont visibles, offrant une délicatesse tranchant avec l’épaisseur de ses membres : ses doigts paraissent courts au premier regard mais si Eudes les étudie, ils semblent comme… S’allonger sous son regard. Une main comme celle d’Aimable doit pouvoir aisément se saisir des deux mains d’Eudes pour les lui écraser.

Son corps est une arme de guerre, sous une écorce humaine. La charpente osseuse est épaisse et n’est-ce pas une paire de côtes supplémentaires qui protège sa cage thoracique ? Ses côtes, sont visibles, longs doigts squelettiques contenant ses viscères, les poumons et un cœur qui bat. Puissamment. Si fort qu’Eudes, s’il effleure son torse, peut le sentir résonner contre ses doigts.

Eudes n’a pas la moindre chance de le soulever, pas à la seule force de ses bras. C’est une masse de muscles et d’os, qui dépasse bien la centaine de kilos. Le poids de tous ses péchés scellés sous cette peau si fine, trop fine, épaisse comme du cuir. L’ultime bouclier dont peut se servir le Chevalier pour contenir la Bête. Elle porte les sévices de leurs affrontements et ceux des autres guerres que le Chevalier a dû mener. Malheureusement, son seul adversaire n’est pas seulement la Voix qui hante sa tête.  

Sa vie est faite d’affrontement. Chaque jour est un jour nouveau, où il devra saigner, lutter, prier pour une rédemption qu’il n’a pas méritée. Même plongé dans la plus profonde inconscience, son esprit n’est pas en paix : il se bat.

Dans les ombres, le Chevalier est au sol. Il reprend péniblement son souffle, observe autour de lui, la BETE est LA, elle ARRIVE, elle APPROCHE.

Tout est sombre, autour de lui. Il ne voit rien, il ne la sent pas, il ne l’entend pas mais Elle est là, Elle l’observe.

Son corps lutte, tous ses muscles se contractent, ses ongles se plantent dans le sol… le sol. Fait de chairs déchirées, d’os saillants, de cadavres déchiquetés.

Nos victimes, susurre la Voix. Difforme. Raclements lugubres, ses crocs qui s’entrechoquent à moins que ce ne soit ses propres tendons qui se déchirent. Il se sent perdre l’esprit.

Terreur.

Il s’enfonce. Dans sa folie. Il discerne la Bête sans la voir, alors que le sang monte à sa gorge, que les cadavres écrasent son corps.

La Voix émerge de l’obscurité. Pleine de crocs et d’os saillants. De muscles qui tressaillent. Elle est énorme. Enorme, chaque pas fait trembler non seulement le sol, mais le monde autour de lui. L’obscurité la protège, et le peu qu’il discerne est intolérable, il ne peut pas, ne veut pas voir. Il n’entend que son souffle, il s’exhale de tant de bouches à la fois, rit-elle, gronde-t-elle, discerne-t-il des mots au travers de son râle.

Le Chevalier hurle, aucun son ne sort de sa voix.

Elle, Elle, pas de mots pour décrire les sons qui sortent de ses gorges.

Elle est si proche. Entre ses pans de peau déchirés, grouille une chair putride, faite de carne ensanglantée et d’os brisés. Les étranges plaies sont parcourues de spasmes – toutes ces gueules, rient-elles de lui ?  

Le Chevalier veut se redresser, il ne peut pas. Le corps embourbé, la peur le paralyse.

Horreur.

L’ombre s’anime, autour d’eux, il sent Ses yeux l’observer – où sont-ils parmi cette masse broyée ? Ca se referme autour de son bras, la douleur le transperce de part en part, son bras disparaît entre les nombreuses mâchoires – la Voix tire, sa tête énorme s’agite en tous sens et aucun cri ne le libère de sa souffrance.

Il va mourir. Il va mourir, seul avec Elle. Sa tête est si proche de la Sienne et enfin, Son énorme œil noir roule jusqu’aux siens. L’obscurité. L’étouffante obscurité.

Tu vas mourir.

Rejoins mes ombres.

La gueule s’ouvre, libérant son bras, ce qu’il en reste, elle est si grande qu’elle l’entoure tout entier.

Tu vas mourir. Mourir. Mourir.

Son bras pend, se vide de son sang, il a mal, si mal qu’il s’effondre à genoux. Les crocs se referment, la langue râpeuse caresse sa joue alors que le monde gronde autour de lui, la Bête savoure sa victoire.

Le Chevalier baisse la tête. Vaincu. Un éclat d’argent. La croix. La croix gît. Entre les cadavres. Le Chevalier s’en saisit quand les crocs se referment sur lui.


Aimable se réveille dans un sursaut. Il est en sueurs, ses muscles sont saisis de spasmes douloureux. Sa gorge est sèche, sa bouche, emplie d’aigreur et de fragrances métalliques. Les yeux encore emplis de cauchemars, de longues minutes sont nécessaires pour qu’il reprenne pied à la réalité. Il doit se lever, il doit bouger, il doit… ! Sa main retrouve le sol, c’est mou, c’est humide, poussé par la peur, Aimable se lève d’un bond et manque de trébucher.

Son souffle est rauque, est-ce la Bête qui respire au travers lui ? Il titube sur quelques mètres alors qu’il porte une main à sa tête, sa paume presse son visage – visage, un nez, une bouche, une seule. A ses pieds… une bure. La bure ! Aimable tombe à genoux pour s’en saisir, est-ce qu’il a pu… est-ce qu’il a…

Un mouvement attire son regard et déjà, l’homme réagit. Avec vivacité, il a fait volte face, animal acculé. Le jeune homme est là. Il est en vie.

Le soulagement libère ses épaules d’un poids énorme. Celui d’un autre cadavre sur sa conscience.

Aimable se redresse, lentement, de toute sa hauteur. Le Chevalier… A-t-il réussi ? Il a survécu à la Bête, une nuit de plus. Un jour de plus. La bure entre ses doigts, Aimable la garde pudiquement contre son torse pour se dissimuler. Haletant, son cœur bat à tout rompre dans sa cage thoracique.

Que dire ? Il n’a qu’une envie : s’enfuir. Mais son humanité le contraint à rester ici – à moins que ce ne soit la Bête qui… Non. Non, ce n’est pas elle. Elle est loin, n’est-ce pas ? Elle est loin, elle s’est rétractée dans les ombres, mais les ombres sont si proches.


_ … M… merci de… de m’avoir… aidé.


Sa voix est rauque, sa gorge rongée par l’acidité de ses fluides gastriques. Il a soif, il est affamé, son corps est épuisé. La douleur lancinante se languit mais il ignore ses avances. Il ne devrait pas s’éterniser. Mais il n’a pas encore la force de s’éloigner.
Pourtant, il n’a plus de blessures visibles. Mais le sang qui coule de son nez atteste d’un mal encore latent, qu’il essuie du dos de la main en tremblant.


Doit-il se présenter… ? Doit-il donner son nom ? Et s’il… S’il avait vu… ? Non… Non, il ne doit pas y penser…


_ Je… Me nomme Aimable… Et vous ?


Son nom. Entendre son nom… le rassure.

Aimable Eleuthère De Bayard. Chevalier.
Eudes de Cluny
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Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
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Pièces : 2928

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Eudes de Cluny
Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
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Dim 12 Sep - 17:02



Eudes/Aimable
which do you dread more, the echo or the answer ?
La forêt manifeste sa vie en une multitude de bruissements; toi qui es si alerte, tu es si habitué à vivre en son sein que contre toute attente, du moment que la nuit n’est pas tombée, tu n’es pas du genre à sursauter au moindre craquement de branche.

Tu sais, cependant, reconnaître les bruits qui ne lui appartiennent pas.

Tu sursautes à l’unisson avec l’homme, tordant le torchon entre tes mains en le ramenant contre ta poitrine; c’est tout ce qui peut empêcher un glapissement de t’échapper. Mais s’il y a une chose que tu as apprise après des décennies de peur, c’est d’étouffer le moindre son lorsqu’elle surgit.

(il ne faut qu’un couinement au loup pour débusquer sa proie)

Doucement, presque imperceptiblement, tu te retournes vers l’homme, l’observe silencieusement, l’eau fraîche ruisselant du chiffon serré venant chatouiller l’intérieur de tes avant-bras.
Chaque goute d'eau froide s'écrasant sur tes cuisses nues comptant les secondes.

On dirait un animal blessé, doué de trop peu de conscience pour comprendre ce qui lui arrive.

(tu as déjà vu cette confusion sur le visage des blessés)(cette panique qu’engendre ces entrevues avec la mort)

Tu veux le sommer de ne pas se lever, mais ta voix reste coincée au fond de ta gorge.

(tu ne sais pas à quoi tu as affaire)(tu ne sais pas comment il va réagir en te voyant)

Tu es soudain bien trop conscient des grosses pierres moussues enlisées dans la terre, et à quel point il serait facile pour un homme de cette carrure d’en soulever une pour réduire ta tête en bouillie avec.

(tu avais eu tout le loisir d’en observer les détails)
(les cicatrices sinueuses jonchant sa peau battue)(la dureté de ses muscles semblant tendus même dans l'inconscient)(à quel point son corps semblait énorme à côté du tiens)

(la carrure d'un tueur)

Ses yeux pourtant te racontent une autre histoire; ils te traversent tel une flèche en se posant sur toi, te pétrifiant sur place d’un mélange d’incompréhension et de terreur.
Tu as eu soigné tout genre de personne ayant attenté à la vie d’autrui.
Chevaliers, mercenaires et coupe-jarrets,
sans distinction des bonnes gens se retrouvant au dispensaire,
sans plus de jugement qu’une prière pour leur âme.

Haïr le péché, non le pécheur.

Alors pourquoi,
même en entendant sa voix faible,
même en étant témoin de sa douleur,
n’arrives-tu pas à le prendre en pitié ?

(est-ce ta propre incapacité à lui pardonner qui fait grandir cette haine en toi ?)(est-ce ton propre égo qui t’en empêche ?)

(ou est-ce les images
piégées derrière tes paupières ?)

“Vous allez vous tuez si vous restez debout.”

Les mots sortent enfin, secs et rapides, plus encore que tes pensée.

(tu t’obstines pour te protéger de la réalité)

Ignorant sa question, tu te relèves enfin et marche d’un pas ferme vers le chaudron, mais tes mains tremblent au moment de remplir un bol de l’infusion pour l’homme. “Buvez. Ça calmera vos nerfs.” Tu ne le lui tends pourtant pas pour qu’il le prenne de tes mains, te contentant de le poser de son côté du feu, traçant de ce geste une ligne infranchissable entre vous.

“Si ça ne suffit pas, il faudra procéder à une saignée.” Tes gestes erratiques trahissent tes émotions, quand bien même tu n’arrives toi-même pas à les nommer; tu fends le pain avec hargne, mais tes bras fluets peinent à le faire, et tu batailles plus avec cette simple tâche que tu ne le voudrais.

Pas devant lui.

(comme s’il aurait eu de la peine à savoir que tu n’étais pas une menace)(un regard lui a probablement suffit)

Un peu de pain et de fromage, ce n’est qu’un maigre repas que tu peux lui offrir, mais les deux sont d’une fraîcheur qui t’es rare, embué de la générosité de ceux qui te l’ont donné. Tu maudis les horreurs de cette nuit de couper ton appétit, mais tu sais bien qu’il n’y a plus convaincant pour un malade que de suivre l’exemple, alors tu ravales péniblement la nausée et joins tes mains en prière, n’ouvrant les yeux que pour jeter un regard à l’homme.

Vu la croix qu’il serrait si ardemment tantôt, tu te doutes qu’il ne rechignera pas à participer au bénédicité.

(et pourtant, tu ne lui accordes même pas cette confiance)

“Les yeux de toutes les créatures espèrent en vous, Seigneur, et vous leur donnez la nourriture en temps opportun. Vous ouvrez votre main, et vous comblez de vos dons tout être vivant. Gloire soit rendue au Père, au Fils et au Saint Esprit. Amen.”

Aimable E. De Bayard
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Aimable E. De Bayard
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Mar 14 Sep - 9:07









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Sa chevelure pâle, son derme immaculé, le reflet d’un éclat de lune abandonné : loin de sa matriarche, sa clarté n’est plus que l’ombre de ce qu’il a été.

Une gloire passée, une étrange chute, une perdition, à moins qu’il ne soit les premières braises d’un feu prêt à se raviver. Aimable détaille prudemment celui qui l’a sauvé. Ses yeux ne prennent pas le risque de chercher les siens : par habitude, il observe ses lèvres, ses sourcils, son nez, ses mains, jamais son regard. Ses pupilles sont la porte d’un enfer qu’il se doit de garder. Et Dieu l’a doté d’un aspect de cerbère, avec ses traits usés, ses cicatrices, la dureté de ses muscles crispés : ils maintiennent toujours cette Porte fermée. Tant que l’obscurité ne vient pas le submerger.

Les mots du moine le surprennent par leur sécheresse, c’est comme une main couverte de cale qu’il frotte contre une plaie ouverte. Un pincement au cœur s’accompagne d’un maigre sourire de la part du Chevalier. Amusé de la douleur qu’il parvient encore à ressentir, de ce mépris qu’il a l’habitude de côtoyer et qu’il accepte de porter. Il l’a mérité, n’est-ce pas ? Après ce qu’il a fait. Mais qu’a-t-il fait ?

Y penser le fait trembler, son cœur s’accélère, ou ralentit, il ne sait pas. Sa vision se brouille, la nausée se ravive, c’est le vide dans sa tête, un vide effrayant qui se creuse sous ses pieds. Aimable ne veut pas s’effondrer : d’un bond, ses pensées s’échappent, elles reviennent sur le présent, la réalité, la croix qu’il serre entre ses doigts. L’acier froid contre son derme brûlant, empli de flammes qu’il peine à maîtriser.

Il se sent si mal. Ce n’est pas seulement la douleur, non, c’est pire que cela. C’est un dégoût viscéral pour sa propre chair, qu’il aimerait arracher. Il a envie de pleurer, mais ses yeux sont secs, ils le brûlent, comme rongés par la bile qui monte dans sa gorge, qu’il ravale en frottant ses yeux du dos de la main. Il est fatigué et la bure contre son torse est un contact qu’il raffermit. Illusion d’étreinte, un réconfort dont il a besoin.

Le moine s’approche. Il lui paraît si… si fragile. Si fragile qu’il en éveille le Chevalier protecteur. Comme par peur de le briser simplement en l’effleurant, Aimable accepte de se rassoir malgré les protestations de ses articulations – tout son corps craque, il est raide comme du bois.
Si différent de la veille où, malgré son corps difforme, la Bête avançait avec une souplesse effrayante.


_ Merci,
répond-t-il. Il tend le bras pour récupérer le bol, son bras qui se déplie, ses doigts qui s’étirent, des doigts bien humains quand ils se referment sur le bol pour l’approcher jusqu’à lui. Il est affamé, assoiffé, malgré ses viscères douloureuses et ce poids qu’il garde sur l’estomac. Il hume l’eau infusée et malgré sa chaleur, en prend une gorgée : l’eau brûlante et parfumée submerge ses papilles. Il ferme les yeux, s’apprêtant à savourer les fragrances des herbes mais est contraint d’avaler. Les relents d’acidité lui rappellent une terrible réalité… Qu’il ne peut et ne veut pas se souvenir. Deux autres gorgées arrivent à le soulager, pour de bon, avant qu’il n’essuie une fois de plus son nez. Pas de sang, cette fois.

La promesse d’une saignée le ferait presque sourire, bien qu’il se retienne. S’il savait combien de fois ces stratégies ont été employées pour purger son Mal – et combien de fois il s’est flagellé en espérant que son sang se viderait du vice qui l’infecte.

Ses yeux se relèvent vers l’inconnu lorsqu’il voit tenter de fendre le pain. Ses mouvements sont vifs, empressés. Ils lui rappellent ceux d’une biche aux aguets, avant qu’elle ne prenne la fuite. Un élan de tendresse le saisit mais il se retient, préférant détourner les prunelles pour ne pas infliger davantage d’inquiétudes à son compagnon. Il s’est retenu de tendre la main – il sait qu’il aurait rompu le pain sans le moindre effort, malgré la douleur qui vrille dans son corps.

Aimable n’est pas si grand, ni tellement solide, comparé à d’autres. Face à son frère aîné, il est même chétif. Mais le moine a pu voir la réalité tapie sous cette peau usée. Celle d’un corps faite pour le combat, la violence, heureusement mené par un Chevalier protecteur – tristement guidé par une Bête avide de massacres.


_ … Je ne vais pas vous faire de mal,
glisse, timidement, l’homme du bout des lèvres. Lui est sûr de ce qu’il dit – une part de lui en doute et ce doute, il l’évince d’un battement de paupières. Il n’a rien contre les simples humains… n’est-ce pas ? L’Ouroboros a bien assez de proies, pourquoi faut-il qu’il étende son terrain de chasse jusqu’à eux ? Songeusement, Aimable masse ses paupières dans un soupir : ses épaules s’affaissent et sa main retombe sur sa cuisse.

Voyant le moine joindre les mains, Aimable cligne des paupières. Aussitôt, la posture du Chevalier change. Ignorant son manque de souplesse, il s’assoit sur ses talons et joint les mains à son tour en fermant les yeux. Le bol, le pain et le fromage posés devant lui, c’est sa croix qu’il dresse et repose contre son front en un geste de totale dévotion, la nuque courbée face à Dieu.

La prière l’a toujours soulagée. Elle couvre les sons de la Voix et apaise le Chevalier. C’est un rituel qu’il a l’habitude de mener, traçant inlassablement, de son pouce, les pans de sa Croix d’argent.


_ Bénissez-nous, Seigneur, nous et la nourriture que nous allons prendre, et faîtes-nous la grâce d’en bien user pour votre Gloire et notre Salut,
ajoute le Chevalier. Il s’accorde encore quelques minutes avant de baisser la croix qu’il glisse à son cou. Son poids familier est un soulagement, avant qu’il ne récupère le bol pour en boire une gorgée, puis le pain qu’il déchire sans difficultés. Plus il y a de morceaux, plus le repas pourra durer. Il porte un morceau entre ses lèvres en retenant un grognement de satisfaction.


_ Je… Sommes-nous loin de l’endroit où vous m’avez trouvé ? Je… Je dois y avoir égaré mes affaires, je pourrais vous rendre une partie de ce que vous m’avez donné…

Eudes de Cluny
HUMAIN - PEUPLE

inventaire

Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928

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Eudes de Cluny
Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928
Mer 15 Sep - 21:20



Eudes/Aimable
which do you dread more, the echo or the answer ?
Combien de fois t’as-t-on dit cela ?

La phrase te tourne en tête et t’empêche même de te consacrer à ta prière; à l’instant, ce n’est pas au Seigneur que tu penses, mais à tout ce que cette affirmation t’inspire. Tu es pris d’une irritation qui frémit sous ta peau, se mue au fur et à mesure que tes pensées s’emballent. Une irritation bien plus profonde et ancienne que ce que les mots de l’homme voulaient soulever, embrasée par le choc de ce à quoi tu as assisté ce matin.

(Il te disait aussi qu’Il ne te ferait pas de mal)(du moment que tu gardais ta jolie bouche fermée)

Une vague de nausée vient instantanément brûler le fond de la gorge. Contrairement à l’homme, tu ne peux simplement pas te mettre à manger, tes poings restant fermés sur tes cuisses, les phalanges blanchies tant tu les serres fort.

La dernière personne qui t’a dit ça, tu étais prêt à la tuer ! La tuer !

(s’Il avait failli te coûter toute chance d’entrer dans le royaume de Dieu)
(alors c’est que l’homme en face de toi n’en a aucune)

(qu’est-ce qu’il le garderait de recommencer, alors ?)

(quel est le poids de cette promesse dans la bouche d’un tueur ?)

Tu tentes d’évacuer ton tumulte d’un soupir tremblotant, mais tu n’arrives à rien, alors tu te saisis d’un gobelet que tu remplis d’infusion avec telle hâte qu’elle éclabousse ta main.

Tu grimaces, mais tu ne fais pas un bruit; par contre, lorsque l’homme t’adresse la parole, c’est un regard noir que tu tournes vers lui, la douleur ayant jeté de l’huile sur le feu qui grandit en toi. “Je n’ai besoin de rien.” siffles-tu en te détournant de lui.

Tu ne laisses pourtant pas le silence peser longtemps, bien conscient qu’éluder toutes ses questions te fait courir des risques inutiles. “Nous sommes juste en bas du chemin.”

Impatient de pouvoir anesthésier cette colère insensée, tu hasardes une petite gorgée même si ta décoction est un peu trop carabinée pour un simple problème d’humeur; en ayant vu ce que l’homme avait laissé derrière lui, tu avais jugé plus prudent de ne pas lésiner sur les plantes calmantes.

(il a de la chance que tu n’as pas l’âme d’un juge)(lui qui n’a même pas attendu que tu y trempes les lèvres pour la boire)

(la confiance qu’il te fait est totale)

(ou alors c’est qu’il est aussi stupide que toi)

“Par contre, je ne peux pas vous garantir que vos affaires soient toujours là.”

Même avec la charpie laissée derrière, tu as vu des hommes parcourir des champs de bataille jonchés de cadavre pour leur faire les poches et creuser des tombes sans ciller fasse à la décomposition.

(l’Homme est vil)
(sale, corrompu)
(une immondice capable des pires atrocités)

La violence de tes pensées t’effraie, alors tu prends une gorgée pour les faire taire avant de joindre tes mains pour prier silencieusement le Seigneur de te ramener sur le chemin de l’espoir, de te rappeler la bonté des voyageurs, de te donner la force de pardonner à tous ceux qui t’ont offensé, passé, présent et futur.

Peut-être devrais-tu commencer par l’homme, si tu souhaites redevenir toi-même.

“… Mais je peux aller voir, si vous le voulez.”

Tu n’as pas envie d’y retourner.

“C’est mieux pour vous de vous reposer.”

Tu n’as même pas touché ton repas tant ce qui t’attends là-bas te hante.

“Si il reste quelque chose, je ne pense pas que ça survivra la nuit, autant y aller quand il fait encore clair…”

Comme ceux qui gisent là-bas.

Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

inventaire

Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915
Ven 17 Sep - 10:39









--------------------------------------------------------------------------------------------

Ses yeux ne s’unissent jamais à ceux de ses interlocuteurs.

Ils observent. Les bouches, les plissements des rides, les mouvements et là, ses mains. Les phalanges blanchies, si serrées que ses articulations saillantes semblent prêtes à percer son derme abîmé.

Qu’a-t-il fait pour éveiller… une telle haine ? Un tel dégoût, chez quelqu’un qui ne connaît pas même ? Son cœur se serre, il ressent une certaine aigreur. Il n’a pas d’autres mots pour définir cette sensation étrange qui se répand dans sa cage thoracique. Ses pensées pressent des plaies qui ne guérissent jamais ; leur pus souille son âme de tristesse, de honte, d’une peur viscérales.

Qu’a-t-il vu ? Que sait-IL ? Gronde la Voix. Menaçante.

L’est-elle pour lui ou le moine à ses côtés ? Peut-être un peu des deux. Pour autant, le Chevalier reste paisible, aussi tranquille qu’il puisse l’être. Il mange avec lenteur, prenant le temps de savourer le pain et le fromage crémeux qui fond sur ses papilles.

Il pense, et il pourrait passer des heures à subir les affres de la Voix, à laisser défiler ses prières ou ses questions sans réponses. Que faire ? Se demande-t-il. S’excuser, comme il passe son temps à le faire – s’excuser de quoi ? Il ne se souvient plus, il ne doit ne veut pas se souvenir. Quand il ferme les yeux, il ne perçoit qu’un grand voile obscur, une amnésie qui préserve un tant soit peu son esprit. Le soulever est un effort qui prend une grande partie de ses forces et le peu qu’il dévoile… oh, il sent tout son être défaillir. La vision est insupportable, il préfère s’écarter, laisser l’oubli préserver un minimum son humanité.

Est-il lâche ? Est-on lâche quand l’on fuit un combat perdu d’avance ? Ses yeux s’entrouvrent. Qu’abandonnerait-il, s’il soulevait ce voile ?
La force qui le pousse à tenir, le droit de vivre, une partie de lui, ses espoirs. Peut-il encore espérer une rédemption ? Chaque jour, il se bat, il purge le mal qu’il a commis par son sang qu’il verse, par la souffrance familière, ce n’est jamais assez, les jours continuent, les crimes s’accumulent et son fardeau s’alourdit. Un jour, son corps ne tiendra plus. Un jour, son esprit défaillira.

Il aimerait s’excuser. Quoi qu’il ait fait, même s’il ne s’en souvient pas, il le regrette, il n’a pas voulu le faire. L’homme le croirait-il ? Probablement pas, quand il sent son regard se tourner vers lui… Et le fuir lorsqu’il élève les yeux.

L’inconnu tremble tellement qu’il peine à tenir son gobelet. Aimable s’apprête à lui demander s’il a froid, s’il souhaite récupérer la bure qu’il lui a confiée. Avant qu’il n’ait formulé sa demande, la réponse s’abat. Besoin de rien. Aimable cligne des paupières mais n’insiste pas. Poliment, il hoche la tête.



_ N’hésitez pas si je puis vous aider, d’une quelconque manière,
encourage-t-il, levant une main pour masser sa nuque endolorie. Il retrouve le poids familier sur ses épaules. Ses pensées s’appesantissent, assez pour que les rides sur son front se redessinent. Il a terminé sa boisson d’une dernière gorgée, termine son pain, la croûte qu’il a gardée pour la fin. En espérant apaiser cette faim terrible qui ronge continuellement son estomac.

L’inconnu reprend la parole et apporte, enfin, quelques réponses. Soulagé, Aimable sent la pression de ses épaules se relâcher. Certes, « en bas du chemin » n’indique pas clairement où ils se trouvent, mais c’est un premier repère dont il est prêt à se contenter.

L’homme à ses côtés paraît si mal. Le Chevalier protecteur ne peut pas rester indifférent à sa nervosité, mais il connaît sa maladresse. Il cherche ses mots. Aimable sait qu’il est pataud, qu’il commet bien des erreurs, il ne maîtrise pas tant les mots contrairement à certains nobles et les mots font mal. Si, encore, il maîtrisait son corps ! Cependant, combien de fois a-t-il cogné un meuble ou bousculé quelqu’un par inadvertance ? Il n’a conscience ni de sa masse, ni de sa force.

Mais quand il voit dans quel état est le jeune homme, Aimable n’hésite pas. Il repose le bol et en ignorant les protestations de ses muscles endoloris, se redresse lentement. Il retient son souffle, mais la douleur… Se rétracte. Elle l’abandonne, elle aussi, libérant son corps d’un poids ! Et pourtant, il se sent toujours aussi lourd.


_ Vous avez fait beaucoup,
glisse Aimable.

Et pour une des rares fois, un sourire éclaire son visage.

C’est un geste discret, pudique, il se contente d’un plissement du coin des lèvres. Pour autant, tous ses traits s’apaisent, gagnés d’une sérénité et d’une chaleur timides, présentes, fragiles, qu’il efface d’un battement de paupières.


_ Je vais m’y rendre. Merci pour votre aide. Restez ici, en sécurité et reposez vous. Je vous retrouverai au plus tard d’ici quelques heures… J’aimerai réellement vous dédommager pour vos efforts. Et je dois vous rendre votre bure. A tout à l’heure.


Il lui adresse un discret regard avant de s’éloigner vers le chemin. Lors de ses premiers pas, un vertige le saisit, il sent tous ses membres tirailler sur ses articulations et craint même de régurgiter ce qu’il vient d’avaler. Cependant, l’air frais d’une nuit à venir apaise sa fièvre. La chaleur logée dans ses muscles se disperse, chassée par la brise.

A croire que la Lune revient lui offrir de son attention : l’atmosphère se charge d’humidité, il entend les bruits apaisants de la forêt, ses sens se réveillent. Il perçoit le craquement lointain d’une branche, le son de son propre pas, étouffé dans l’herbe. Il se sentirait presque bien, l’esprit encore embrumé, à retrouver ses inquiétudes familières.

Au fur et à mesure qu’il monte le chemin, son pas se ralentit. Son cœur bat plus fort, dans sa cage thoracique. Et la couronne de plomb revient broyer son front. Il peine à suivre le cours de ses pensées. Il a envie de s’arrêter. Qu’est-ce qu’il y a, là haut ?

L’étau enserre sa gorge et sa cage thoracique cette fois. C’est une pression ferme, il peine à trouver son air et glisse, il retombe un genou à terre. Il porte une main à ses paupières pour se débarrasser de sa nausée, de cette migraine qui vrille son crâne, il se redresse dans un grognement sous l’effort et reprend son ascension.

Aimable rejoint la lisière de la plaine. Quelques secondes, il se sent soulagé à la vue de l’étendue herbeuse bordée de forêt. D’un chemin qui rejoint le sien, s’étire, plus loin, beaucoup plus loin, entre les collines, les murets, jusqu’à disparaître. Il entend les grillons et le vent se jette dans ses bras, s’engouffrant dans ses cheveux grisonnants. Il essuie, d’un revers de bras, la sueur qui trempe son front et s’avance d’un pas.  

Mais Sisyphe n’arrive au sommet que pour voir son rocher lui échapper. Et rouler jusqu’en bas de la montagne qu’il vient de gravir.

Sous ses yeux, entre les ombres crépusculaires, il discerne des tâches sombres imprégnées dans la terre. Son cœur se fige, dans sa cage thoracique, alors que la boule dans sa gorge prend de l’ampleur. Il peine à respirer. A plusieurs mètres de lui, des silhouettes se penchent avant de se reculer, effrayées, des fragments de corps qui gisent entre les bosquets.

Un bras, un torse, des morceaux arrachés, Aimable sent le voile noir s’abattre devant ses yeux.

Où va-t-il ? Que doit-il faire ? Sa gorge lui est sèche et ses viscères lui font mal, il a envie de vomir et se sent affamé à la fois. Que vient-il faire, déjà ?
Comme Sisyphe, il vient endosser la responsabilité de ses actes. Ses actes ?

Aimable baisse les yeux vers ses mains, ses mains humaines qui lui paraissent si étrangères. Il tremble et serre frileusement les poings, ses paupières battent, il doit rester conscient, il ne doit pas se laisser mener par la peur, il ne doit pas laisser ses cauchemars le submerger. Que vient-il faire déjà ?

Chercher ses affaires. Il reprend sa marche en avant. Il a l’impression que tout son être va défaillir. Qu’il va s’effondrer. La bile revient mordre sa gorge, il déglutit difficilement et finalement, il tombe à genoux. A quelques pas de la route, il hésite puis plonge ses mains dans la terre meuble, qu’il creuse.
Son châtiment, il doit l’endurer. Il doit accepter la destinée que Dieu lui a choisie. C’est son fardeau, c’est sa – leur – responsabilité. Qu’avons-nous fait ? Murmure Aimable, dans son esprit, d’une voix brisée. La réponse est devant ses yeux. L’affreuse vérité est là. Il peine à la regarder. Elle reste insoutenable.

Ses yeux se souillent d’humidité, lorsqu’il se lève pour récupérer le bras abandonné au sol, il va le déposer dans la tombe qu’il vient de creuser. Il en fait de même avec le torse qu’il a aperçu, bien qu’à plusieurs reprises, il doive s’arrêter pour respirer, pour s’éloigner, pour se ressaisir. Il se sent dans un état second, son esprit est ailleurs, détaché de cette vérité qu’il ne peut pas accepter.

Puis il rabat la terre sur le corps, ce qu’il en reste, jusqu’à unir ses mains en prière, sa croix entre les doigts.

Il prie pour leur âme. Pour la sienne, aussi, peut-être.

Chevalier vêtu de bure, voilà qu’il en deviendrait presque moine…

Que sait-IL ? Qu’a-t-il VU ? Gronde la Voix.

Aimable ne répond pas. Il prie. Pour son âme, celle de ceux qu’il enterre et celle de l’homme qui l’a trouvé.

Si on lui refuse une rédemption, qu’Elle leur soit offerte.

L’Ouroboros lui rappelle la dureté du regard qu’il a croisé, la froideur de sa voix, ses gestes tremblants. Tout ce mépris, cette haine et cette peur que le moine a témoignées. Vengeance ! Propose la Voix dans un rictus carnassier, Vengeance comme à tous ceux qui nous ont blessés !

Non, répond le Chevalier. Non.

L’homme les a recueillis, les a soignés. Il leur a donné sa bure et partagé son repas. Il a prié, il a voulu aider.

L’Ouroboros gronde de rage et de frustration. L’Ouroboros ne pardonne pas, JAMAIS ! Le corps déchiqueté en témoigne. La Seule réDemption est une Mort Douloureuse, Longue et DOULOUREUSE !

C’est ce qui les attendra, songe tristement Aimable en entrouvrant les paupières.

TUE-LE !
Exige la Voix, IL PARLERA !

Et que dira-t-il ? Qu’avons-nous fait ?

Le voile de son esprit s’entrouvre, mais Aimable détourne les yeux. Il ne peut pas voir. Il n’y arrive pas. C’est trop dur à voir. La Voix rit, elle se moque.
Tu n’es pas en colère ? Il t’a fait du MAL !

Non, répond de nouveau le Chevalier en raffermissant ses mains, jointes en un geste de prière, Non.

Ses yeux s’entrouvrent. L’inconnu l’a aidé. L’inconnu l’a soigné, l’a nourri, l’a même habillé.

La bure, contre son corps, est un geste d’une bonté qu’il ne pouvait pas même espérer.

Si l’inconnu a vu ce qu’ils ont fait… Son mépris et sa haine ne sont qu’un rocher qu’il devra porter. C’est sa responsabilité.

Notre responsabilité, ajoute même le Chevalier à l’adresse de l’Ouroboros, qui bougonne en réponse.

Notre responsabilité ! Le tuer et PLUS de rrEsponsabilités !


Un soupir s’arrache simplement des lèvres d’Aimable.
Eudes de Cluny
HUMAIN - PEUPLE

inventaire

Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928

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Eudes de Cluny
Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928
Sam 18 Sep - 0:33



Eudes/Aimable
which do you dread more, the echo or the answer ?
Tu n’as jamais été tout à fait sage; sinon, on aurait jamais eu à te taper sur les doigts.

(comme on piétine un feu pour l’étouffer)
(en oubliant de noyer les cendres)

(et la brise estivale suffit à faire reprendre les flammes de la rébellion qui vit au fond de toi)

Si l’homme veut ignorer ta mise-en-garde, alors tu peux ignorer ses mots.

Tu ne protestes pas en le voyant se lever. Te te contente de l’observer, le suivre du regard comme tu le fais rarement, surpris de le voir capable de tenir sur ses deux jambes.

(tu brûles d’envie de lui faire remarquer que tu ne pourras faire grand chose de ta bure une fois retournée)
(que si il veut tant faire quelque chose pour toi, qu’il n’a qu’à la recoudre lui-même)

L’image que te conjure cette pensée t’arrache un petit rictus que tu effaces vite de ton visage: tueur ou non, cette médisance te colle à la peau, et tu ne connais qu’un moyen de t'en laver.

Mais pour le moment, tu peux le suivre, t’assurer qu’il ne perde pas conscience en chemin, buté comme il est.
Tu étouffes le feu, emballe le reste de ton repas pour que les bêtes ne soient pas attirées près de votre campement de fortune et laisse tes sandales derrière toi; tu connais bien le sol de la forêt, sais où poser tes pieds nus pour éviter tout bruissement suspect. La mousse qui borde les arbres est fraîche, et si tu n’étais pas en train de suivre quelqu’un comme un renard guettant sa proie, tu t’enivrerais de la sensation; mais présentement tous tes sens sont concentrés sur ta filature, débarrassés un peu plus de ton tumulte à chaque seconde où l’infusion fait effet.

Lorsque l’homme failli, tu ne bouges pas tout de suite, l’observant au loin, caché derrière un arbre. Tu te dis que si il cesse de bouger le temps de compter jusqu’à trente, tu iras à son aide.

Tu n’as même pas le temps d’arriver à dix.

(tu ne devrais pas le suivre)

L'ascension te fascine, ta peur battant discrètement derrière la curiosité.

(tu veux être témoin davantage d’horreur ?)

Tu ne peux pas t’en empêcher, engaillardi par ton anxiété anesthésiée et l’agacement de ne pas avoir été écouté.

(le risque vaut-il de le voir choir pour pouvoir lui dire que tu l’avais prévenu ?)  

(stupide lièvre qui se jette dans la gueule de l’ours)

Tu t’arrêtes à la lisière de la forêt: au-delà, il n’y a plus d’arbre pour te cacher.
Au-delà, il y a les souvenirs de ce que tu as vu cette nuit.
Alors, tu restes là, à l'abri, regardes l’homme s’éloigner et devenir de plus en plus petit sur le terrain plane, avant de le voir s’arrêter.

Tu regardes sa petite silhouette s’affairer un long, long moment.

(tu te demandes si ce corps-là pèse aussi lourd sur les épaules de l’homme que celui d'un papillon mort sur celles d'une fourmi)


Les derniers rayons du soleil ne baignent plus que la cime des arbres de leur lumière orange singulière; tout ce qui se tient en dessous est déjà teinté par l’obscurité bleue de la nuit.

Tu as l’impression de te tenir au fond d’un lac peu profond d’où tu peux voir la lumière à la surface de l’eau. Mais l’homme commence à se fondre avec l’herbe dans cette pénombre crépusculaire, alors tu ne t'attarde pas sur ce spectacle et fais enfin un pas en dehors de ta cachette.

Tu t’étonnes toi-même de ne pas flancher en t’approchant du lieu du sinistre.

(ce ne serait probablement pas possible si tu n’étais pas sous l’effet des calmants)

En arrivant à son niveau, tu comprends enfin ce qu’il faisait durant tout ce temps en voyant la petite bute de terre meuble par-dessus son épaule.

(ne t’approche pas trop, ou c’est toi qui finira sous une fine couche de terre)
(les charognards auraient tôt fait de te déterrer et de s’arracher le peu de chair sur tes os)

Tu ne devrais pas le déranger dans sa prière, mais tu commence à te demander s’il est mort tant il est immobile.

“Je m’inquiétais de ne pas vous voir revenir.” dis-tu pour briser le silence.

Un demi-mensonge qui, mêlé à ton ton adoucis par l’infusion, semble presque doux par rapport à vos précédents échanges.

(ta colère, en plus de la journée, t’a drainé)
(tu n’as plus la force de haïr, pas ce soir)

A vrai dire, alors que tu te tiens dans ce lieu teinté de cauchemars, tu sens les prémisses de la somnolence s’emparer de toi. “Si vous n’avez plus besoin de moi…”

(serait-ce une pointe de vexation cachée derrière ton bâillement ?)(déçu de ne pas avoir eu le dernier mot ?)
(te voilà en train de te laisser aller à l’orgueil…)

Tu tournes les talons sans demander ton reste, retournant en direction de la forêt. Tu ne te sens pas le courage de chercher un endroit où crécher; ce sera une autre nuit d’été à la belle étoile.

Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

inventaire

Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915
Mar 21 Sep - 14:37









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Le jour se meurt.

Ses derniers rayons chaleureux effleurent son corps. Un geste d’adieu, avant qu’une brise fraiche ne les sépare.

La pénombre l’enlace, protectrice, intimiste, possessive. Son étreinte humide pèse et apaise les souffrances de ses muscles. La fièvre le quitte. Il perçoit les bruissements des herbes, le craquement d’une branche et le chant des grillons émergeant des ombres. La lumière s’efface à l’horizon. L’obscurité revient, familière à l’Ouroboros, étrangère au Chevalier.

Il le sent avant de l’entendre.

Il… S’inquiétait ?

La surprise l’arrache de sa méditation. Ses yeux s’entrouvrent et battent à plusieurs reprises, avant qu’il n’adresse un regard à l’inconnu. Son cœur… S’est accéléré. Seule sa femme s’est inquiétée pour lui, jusqu’à aujourd’hui. Ce mot, aussi simple soit-il, le renvoie à une touchante vérité : sa vie… Aurait-elle de la valeur ? Assez pour que l’homme vienne jusqu’à lui. Qu’il l’aborde, malgré sa peur et sa haine.

Le jeune homme baille et dans son retrait, il sent une aigreur dans sa voix. Comme une goutte de sang dans un ruisseau. Une peine, une colère, une blessure, de l’orgueil ? Ses bras retombent de chaque côté de son corps. S’appuyant au sol, c’est avec lenteur mais force qu’il se redresse pour se tourner vers l’inconnu. Sa propre faiblesse l’abandonne au fur et à mesure que le soleil disparaît à l’horizon : c’est dans les ombres qu’il se renforce.



_ Souhaitez-vous m’accompagner ?
Invite-t-il, avant de tourner les yeux vers la frontière du bois, à la lisière des collines, à l’opposé de leur campement, Mes affaires doivent se trouver là bas.

Ses yeux reviennent étudier l’inconnu, avec une curiosité mêlée de reconnaissance. Une étrange tendresse dans les prunelles. L’homme n’apparaît plus si menaçant. Il y a cette étrange douceur, perceptible dans le grondement naturel de sa voix rauque. Tel le ronflement d’un vieux chien à l’approche d’une caresse. Il paraît si simple, grand et pataud, les mains timidement jointes contre son ventre à chercher son regard… Sans pour autant unir ses yeux aux siens. Quand leurs prunelles se croisent, il baisse aussitôt les yeux vers ses lèvres.


_ Merci de m’avoir aidé… Merci pour votre bonté. Elle est rare en ce monde,
glisse Aimable du bout des lèvres. Il n’a pas besoin d’hausser la voix pour se faire entendre : comme un craquement de branche, le roulement d’une pierre ou le grondement d’un ours, c’est un son qui recouvre les murmures de la nuit. Bien différent de l’étrange silence qui entourait la Bête lorsqu’elle s’avançait, silence troublé de craquements d’os et d’un souffle aussi grave que celui d’une forge, retenu par un carcan de chair.

Sa voix est différente. Elle résonne dans ses os, dans sa cage thoracique, témoignant d’un coffre particulièrement profond – si profond qu’il a englouti tant de vies et a encore faim, une faim qu’il a pris l’habitude de vivre.

L’inconnu lui a tant donné ce soir. Aimable ne s’arrête pas au mépris de sa voix ou à sa froideur. Il voit que l’homme l’a habillé, soigné, qu’il l’a nourri, qu’il l’a accompagné jusqu’ici. En réponse, il lui offre sa confiance – et aimerait lui donner tant de plus. Ses remerciements sont insuffisants, sa reconnaissance ne comble pas sa dette.

Son faciès porte les séquelles de combats incessants. Ce sont des cernes, des rides, des traits taillés à la serpe, une vie marquée par la peur et la souffrance. Un Chevalier qui se bat constamment contre la Bête, tous prisonniers d’un même corps, sa chair et ses os ne sont que le champ de bataille de ces batailles effroyables. La Bête se soigne dans l’obscurité, elle se réfugie dans la pénombre, pour mieux attaquer. Et le Chevalier tient : son bouclier ? Sa foi. Son courage ? Vient de tous ces petits actes de compassion, de miséricorde, d’altruisme qu’on lui offre. Il en oublie ses douleurs, il en oublie son désespoir : il tient. Il tient pour toutes ces personnes qui l’ont aidé. Qui l’ont aimé. Toutes ces personnes plus valeureuses que lui.

N’est-ce pas pour cela que Dieu lui a offert la vie ? Pour contenir le Démon et protéger, au mieux, l’humanité. Son sacrifice ? Il l’a depuis longtemps accepté. Il sait que sa vie sera une guerre sans fin ; elle ne se terminera que lorsque la Bête l’aura vaincu ou qu’on détruira le corps qu’ils partagent. Ce sera une mort sanglante et douloureuse. La destruction de son identité. Il sait qu’à cet instant, sa vie n’aura plus la moindre valeur : elle sera terminée et l’on ne retiendra de lui que la folie ou la faiblesse d’un homme. Sans savoir ce pourquoi il s’est battu toute sa vie. Pour rendre la bonté qu’on lui a offerte, pour protéger.


_ Vous n’avez pas idée… Enfin…


Il marque une hésitation.


_ Tous vos efforts… représentent beaucoup pour moi. Merci.  


Un sourire éclaire faiblement, discrètement, ses traits tirés. Comme une accalmie. Un dernier rayon de soleil, avant que la nuit ne vienne l’engloutir. Une lumière brille, au fin fond de la plus sombre des obscurités.
Eudes de Cluny
HUMAIN - PEUPLE

inventaire

Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928

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Eudes de Cluny
Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
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Mer 22 Sep - 21:22



Eudes/Aimable
which do you dread more, the echo or the answer ?
Malgré le sommeil, tu ne peux t’empêcher de penser, l’esprit d’une rare clarté sans la peur pour l’embrouiller.

(peut-être devrais-tu toujours t'assommer ainsi)(errer dans un état d’apaisement total)
(à quoi te sers ta peur, si tu t’en remets toujours au Seigneur ?)
(à quoi bon t’en encombrer si tu passes ton temps à l’ignorer ?)

Mais l’ordre du jour n’est pas à cette question; non, ce qui t’agaces, c’est l’homme.

La tombe qu’il a creusé.

(c’est pour cacher les preuves)
(c’est pour son propre salut qu’il devait prier)

Ce n’est pas ce que dit le timbre de sa voix,
ses manières presque timides devant toi,

ses yeux qui fuient les tiens.

Ça ne fait pas de sens.

Pour une fois, ce n’est pas que tu veux l’ignorer ou le punir de ton silence en ne répondant pas. Si la dissonance te préoccupe, ce n’est plus vraiment de la colère qui t’animes.

Comment l’homme en face de toi peut être le même que celui qui a commis ce massacre ?

Lors de tes voyages, tu as vu bien des gens aux double-visages -dans l’Eglise même, il existe un nombre incalculable d’hommes dont l’avenance n’est qu’un masque. Il est souvent trop tard pour toi lorsque tu t’aperçois des fêlures, mais une fois leur vraie nature révélée, elles sautent à l'œil.

Alors, si tu connais la vraie nature de cet homme, comment se fait-ce que même en cherchant sur ce visage fatigué, tu n’en trouves aucune ?

(le sang et les viscères que tu as lavées de son corps
les flaques de sang encore tièdes dans l’herbe,
les os éclatés et la chaire déchirée,
ont bien dû appartenir à quelqu’un)

Le compliment de l’homme arrive tout de même à se faufiler à travers ta réflexion; même venant de sa bouche, tu ne peux t’empêcher de rosir, et enfin tu cesses de le fixer.

(l’odeur de la mort,
les rayons de la lune découvrant les entrailles brillantes,
les restes de corps tordus de façon méconnaissable)

Et il en rajoute, encore et encore,
plus de couches qui ne font pas de sens avec ce dont tu te souviens.

(les articulations déchirées comme une vulgaire volaille,
la blancheur de la colonne vertébrale sous l’intestin débordant grossièrement du corps,
le visage rendu méconnaissable-)

Il te sourit,
un tout petit sourire,
mais qui fait éclater quelque chose en toi.

“Alors rendez-la autour de vous-”

Tu réponds, comme un aboiement aigu,
les sueurs froides ayant percés le voile des anxiolytiques
roulant le long de ton dos.

Tu as lâché ton repas emballé, tes propres bras enlacés autour de toi; même ton corps ne sait plus quoi penser, ton cœur pacifié par l’infusion alors que ton esprit, lui, se souvient, te pétrifies sur place.

(tu aurais dû partir tant que tu étais indolent)

Mais est-ce responsable de laisser cet homme vaquer sans surveillance ?

“Je veux dire… J’espère que cela peut vous inspirer à… Aider votre prochain en retour.”

Tu trembles comme une feuille.

(ce n’est pas que la brise)

“Allons donc…” Tu devrais le fuir, et pourtant c’est vers lui que tu avances. “Il ne faut pas plus tarder à récupérer vos affaires, sinon vous allez attraper la mort…” Tu mets un point d’honneur à ignorer la petite butte de terre meuble. “Et puis…” À ignorer son visage, aussi.

(l’imitant, lui qui a les yeux si fuyant)
(comme tous les gens coupables)

(tu ne le sais que trop bien)

“Je vais avoir besoin d’aide pour ramener ce que les voyageurs m’ont prêté…” Tu es dos à lui à présent, regardant le soleil mourir derrière les arbres. “C’est grâce à leur bonté que j’ai pu vous aider…”

(décharge-toi de cette dette)

Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

inventaire

Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
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Espèce : Humain
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Mer 29 Sep - 16:28









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L’inconnu est si farouche.

Sous ses mèches claires, ses yeux morts luisent d’émotions viscérales. La peur, le rejet, une étrange curiosité morbide, quelque chose qui les lie, un lien qu’Aimable effleure sans s’en saisir. Chaque approche le conduit à planter son cœur sur ses piques acérées et malgré le cuir qui recouvre sa peau, malgré les cicatrices qui le labourent, malgré toute la souffrance qu’il a vue et subie, celle-ci lui fait mal.

Elle fait partie de ces souffrances auxquelles il ne s’habitue pas, malgré tous ses efforts pour ravaler la douleur.
Il l’a méritée. Comme toutes ces fois où le martinet laboure son dos. Où il se saigne, en espérant purger le mal qu’il a pu faire. Et pourtant, il sait qu’aucune épreuve ne parviendra réellement à le libérer de son fardeau. De ses péchés et de toute cette destruction qu’il a menée.

Que répondre au moine ? Qu’il se bat pour protéger les plus faibles ? C’est ce que le Chevalier s’efforce de faire. Mais que fait la Bête ? Se justifier serait nier ses responsabilités. Sa culpabilité. Alors Aimable se contente de baisser les yeux. Les épaules courbées sous le poids de cette pierre qu’il ne pourra jamais abandonner.

Ce qu’il voit ? La tombe qu’il a creusée. Sous ses yeux, l’incarnation même de sa terrible ambiguïté – de cette fracture qui sépare deux âmes, réunies sous une même écorce. Son corps est un champ de bataille. Ses muscles douloureux, les déchirures, les vergetures et les cicatrices qui parcourent son derme, ne sont que les témoins de cet affrontement perpétuel. Il sent le découragement le saisir et sa main se referme sur la croix d’argent qu’il garde autour du cou.

Dire que son père s’était pendu. Il y pense toujours, quand il sent l’étreinte de la chaîne sur sa nuque.

Un mouvement attire son regard. L’inconnu a lâché son repas soigneusement emballé. Aimable hésite mais, d’un pas, s’approche. Il incline ses épaules, le reste de son dos suit avec raideur. Son bras s’étend, s’étire, jusqu’à ce que ses doigts se referment sur le paquet qu’il ramène à lui. Puis il se redresse avec la même raideur – chaque vertèbre se déplie, jusqu’à être debout de nouveau. Il n’ose pas toucher l’inconnu, il ne sait pas s’il supporterait son contact. Ses yeux effleurent les siens, pour s’assurer qu’il ait capté son attention. Puis il lui lance son repas pour qu’il le rattrape.

Aider son prochain, hm ? Un faible sourire éclaire ses traits – un sourire désolé. Désespéré, alors qu’il hausse lentement ses épaules si pesantes.



_ Je ferai de mon mieux…,
assure-t-il.

Promet-il. Leurs yeux se fuient et pourtant, c’est avec une pudeur emplie de sincérité qu’Aimable élève difficilement ses yeux vers ceux de l’inconnu. Il arrive à fixer ses cils si clairs. Son cœur bat plus fort, dans sa cage thoracique. Plus fort… Ou résonne-t-il dans le silence de son esprit ? Il ravale sa salive.



_ Je ferai de mon mieux
, répète-t-il. D’une voix plus assurée. Plus déterminée. L’homme reprend sa volonté.

Le désespoir gît au creux de ses paumes. Le Chevalier s’en débarrasse, il les jette à la gueule de la Bête, Elle les engloutit. Elle n’en sera que plus forte.

Libéré de son fardeau, le Chevalier reprend vaillance. Malgré les traînées macabres laissées par ces espoirs putréfiées. Son armure n’est plus aussi claire, à dire vrai, elle ne retrouvera jamais sa clarté. Elle est fendue – comme sa peau -. Et pourtant, le Chevalier tient. Son semblant d'humanité soutenu par cette promesse. Celle d’aider. Celle de protéger. Pour remercier toutes celles et tous ceux qui ont su lui offrir sa bonté.



_ J’aiderai… Tous ceux dans le besoin. J’aiderai tous ceux que je pourrais protéger.


Il l’a juré. Devant Dieu. Devant le Cardinal. Devant son miroir. C’est le serment qu’il a crié à la Bête, lorsqu’elle a refermé ses crocs sur son corps, lorsqu’Elle s’est apprêtée à le dévorer. Quand il a planté sa croix dans ses mâchoires béantes – Je protégerai. Je protégerai.
La tombe, sous ses yeux, est le triste rappel de son impuissance – et pour autant, représente à elle seule, toute sa défiance face au Monstre. Il ne Lui succombera pas. Malgré tout le poids qu’Elle fait peser sur ses épaules. Bien qu’Elle tente de l’entraîner avec Elle dans ces abysses sans rêves, peuplés de cauchemars et de massacres, de douleur et de désespoir. Ce monde où la violence est extase. Où la puissance n’est pas celle du cœur, mais celle de mâchoires. Où l’humanité n’est vue que comme une fragilité – Non, il La défendra.

Le Chevalier est l’ultime rempart.

Ce n’est plus l’espoir de sa rédemption qui l’anime, non. Il sait qu’un Homme comme lui n’aura droit qu’aux Enfers, jusqu’au jour où Dieu estimera qu’il aura suffisamment souffert pour mériter sa place au Paradis.

Il doit remplir sa mission. Son devoir. Protéger celles et ceux qui font le bien. Protéger la bonté, l’espoir, l’humanité – combien même doit-il se sacrifier pour cela.

L’inconnu lui tourne le dos, Aimable l’a suivi du regard, avant de relever les yeux vers la forêt à l’orée de la colline. Il sait… que ses affaires sont là-bas. Il ne se souvient pas pour autant les y avoir déposés et pourtant, il sait qu’elles s’y trouvent.


_ Bien. Je vous aiderai. Venez avec moi
, invite le Chevalier avant de s’éloigner. Il s’écarte rapidement du chemin et traverse la petite prairie de son pas chaloupé.

- La Bête avançait sur deux pattes, dressée vers le ciel. Sa silhouette. Hérissée de pics osseux. Agités par le vent et les tendons saisis de crampes, les muscles pulsant–

Le Chevalier est plus petit, bien plus raide, sont-ils les mêmes ? Ses mouvements trahissent ses douleurs, les protestations de ses articulations, alors que la Bête progressait avec une souplesse effrayante.

La Bête avait le pas assuré, sans se laisser troubler par les défauts du terrain – malgré ses os saillants, les articulations déboitées et brinquebalantes, le corps animé d’une harmonie inquiétante. Les fractures et les déchirures visibles, insuffisantes pour entraver ses mouvements.

Le Chevalier, lui, trébuche sur une racine et manque de basculer au sol, il se rattrape de justesse en quelques pas maladroits. Penaud, honteux, Aimable se redresse et préfère faire comme si rien n’était, reprenant son avancée. Ses sens, aux aguets. Il perçoit, au loin, dans la forêt, le craquement d’une branche – biche, murmure la Voix en un grondement satisfait.  

A l’approche de la forêt, le Chevalier ralentit l’allure. Il observe autour d’eux et s’avance dans la forêt. Aimable n’a pas eu besoin de lever les yeux – pourtant, à quelques mètres de lui, l’écorce d’un arbre a été marquée. Un fragment d’écorce a été arraché. Certains y verraient l’empreinte territoriale d’un ours. Le Chevalier ne l’a pas même remarquée – ne veut pas la regarder.

Il se penche entre les racines d’un arbre et, sans hésiter, plonge ses deux bras pour extirper une boule de vêtements. Un frisson glacé remonte la colonne vertébrale alors qu’il déplie le tout. Une longue cape sombre, de voyage, une chemise abîmée, un pantalon, une veste aux boutons arrachés. Un regard vers l’arrière, Aimable demande silencieusement à son comparse de se retourner pour s’habiller.

Il enfile ses vêtements avec lenteur. Le pantalon, les chausses. La chemise. La veste. Il referme, à ses poignets, des gantelets d’acier, abîmés. Il les observe et soupire à la vue de quelques boutons manquants sur ses vêtements. La cape rejoint ses épaules : elle dessine leur musculature.

Et alors, l’épée rejoint sa ceinture. Une épée longue d’un bras. Glissée dans un fourreau en cuir sombre. Un pommeau rond, usé, une poignée protégée de lanières de cuir usées.

Enfin, le bouclier rejoint son épaule. Son bouclier. Le bleu qui le recouvre atteste d’une noblesse tranchant avec l’aspect rustique du Chevalier. Ses traits taillés à la serpe trahissent une majesté sauvage. Sous ses sourcils broussailleux, ce n’est pas seulement l’ambigüité d’un homme, ce sont deux mondes qui se battent au sein d’un même regard : le chaos s’oppose à l’ordre, la lumière, à l’ombre. Un bleu céleste, où la mer et le ciel s’affrontent tout en contenant cette pupille si obscure, un puits qu’Aimable dissimule sous ses paupières. Sur son écu, s’étire un être d’argent, un Cerf : une représentation du Christ alliée au Roi Païen des Forêts.

Aimable est un Chevalier. L’Héritier d’une Haute Noblesse. Bien loin d’un simple erre. Il est un Monstre, reclus de toute civilité.

Se retournant alors vers l’inconnu, Aimable toussote prudemment pour se signaler. Il hésite mais glisse la main au petit sac qu’il garde en bandoulière : il récupère du fil, une aiguille tordue. Redressant timidement les yeux vers l’inconnu, sans oser unir ses yeux aux siens, Aimable reprend d’une voix prudente :


_ Je… Pourrais recoudre votre bure.


Un sourire éclaire prudemment son visage lorsqu’il mentionne, avec une certaine fierté.


_ Ma… Ma femme m’a appris.

Certains dissimulent, sous leurs sourires charmants, les pires des vices.

Aimable n’a pas cette chance. Dieu lui a offert ce physique effrayant – combien recule face à lui, combien se méfie, combien le rejette ? Sous son masque usé, marqué de peines et de souffrances, se tapit une discrète innocence. Au plus profond de l’obscurité, persiste une lumière. Celle d’un cœur encore bien fragile malgré le cuir qui le recouvre, d’une âme capable d’aimer.  Une naïveté déroutante. Celle qui le convainc, encore, d’approcher de l’inconnu, malgré la distance, malgré les piques assassines, les regards si noirs. De partager le peu de lumière qui lui reste.

Aider. Offrir, lui aussi, sa bonté.

Aider.
Eudes de Cluny
HUMAIN - PEUPLE

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Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
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Eudes de Cluny
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Lun 4 Oct - 23:26



Eudes/Aimable
which do you dread more, the echo or the answer ?
L’homme semble avoir repris du poil de la bête, et si en vertu de guérisseur cela devrait te soulager, ça ne te fait que serrer un peu plus fort le paquet qui semble peser bien lourd dans tes bras endoloris.

Tu ne peux t’empêcher de repasser le fil de cette journée encore et encore. Les promesses solennelles de l’homme détonnent avec ce dont tu as été témoins; tu ne sais si tu peux te fier à la sincérité de ses mots, ni quel est le sens de cette épreuve que le Seigneur t’envoie. Est-ce ta compassion ou ta capacité à discerner le mal même lorsqu’il se revêtit de repentance qui est mise à l’épreuve ?

(ce loup-là est trop grand pour sa peau d’agneau)(grotesque sur ce corps énorme qu’il tente de cacher)

C’est ce que tu ne peux t’empêcher de te dire en fixant son dos, marchant derrière lui avec l’agilité de celui qui a grandi sur ces terrains, en parfaite opposition avec sa démarche lourde et mal assurée.

(on trouverait difficilement plus opposé que vous)(et pourtant tu l’as bien vu)

(l’étincelle de similarité dans la culpabilité que vous portez)

Homme ou bête, tu n’arrives pas à choisir, mais sa maladresse a quelque chose de bien plus drôle que la rage animale que tu as entrevue tantôt. Un ours, c’est bien ce à quoi tu l’as comparé, et l’image ne devient que plus seyante au fur et à mesure que tu le côtoies: grand et effrayant mais empoté par sa carrure, capable de violence extrême et toutefois terriblement pleutre, doté de petits yeux sombres et doux mais aussi de mâchoires puissantes…

Lorsqu’il se retourne vers toi, tu lui renvoies d’abord un regard confus teinté de méfiance, avant de comprendre et de te retourner prestement. Tu as passé trop de temps en compagnie d'hommes sans gêne, si bien que tu en avais oublié que certains partagent ta pudeur…

(la vérité, c’est qu’il n’y a pas grand-chose de lui que tu n’as pas déjà vu)
(mais tu comprends)(même si tu ne veux pas l’admettre)

Tu t’efforces de l’ignorer alors qu’il retrouve un peu de décence, triturant le bord du torchon dans lequel ton repas est emballé. Tu te décides à tenter une minuscule bouchée, occupant ta bouche pour l’empêcher de laisser s’échapper les questions qui te taraudent.

Les vêtements de l’homme te donnent quelques réponses, et tu te sens pâlir.

(avec ton teint, c’est à peine perceptible)

Tu le pensais bandit ou mercenaire, un tueur sans droits ni nom, mais si ses vêtements et ce bouclier lui appartiennent bien, tu n’aurais pas pu plus mal juger. Cette réalisation tombe comme une pierre dans ton estomac, te faisant regretter d’avoir avalé quoi que ce soit; tu as beau appartenir au clergé, ça ne te donne pas le droit de parler de la manière dont tu l’as fait à quelqu’un de si haut rang, tueur ou non.

(ça t’apprendra à ne pas garder ta langue de vipère pour toi)

L’homme pourtant s’entête; ne se gêne-t-il donc pas de se rabaisser si bas ? Est-ce pour ça qu’il ne t'a donné aucun nom ? Pour ne pas le ternir en se comportant ainsi ? Ou cherche-t-il a acheter ton silence par cette bonté exacerbée ?

(tu te refuses à lui accorder la possibilité que ce ne soit que de l’humilité)
(ça lui donnerait trop de grandeur d’âme)(et plus de poids à la gravité de ton comportement envers lui)

“V-voyons !” bafouilles-tu en reculant d’un pas, écarlate. “Et comment ??”
Comme le présente avec évidence tes cuisses nues, et bien que tu n’oses l’exprimer tout haut, tu es de ceux qui ne portent rien sous la bure -une forme de pénitence répandue dans les ordres monastiques, et pourtant, à l’instant présent, te sentir mis à nu est une bien plus grande torture que le textile rêche contre ta peau.

Pire encore, l’imaginer recoudre ta bure à même ton corps, à genoux devant toi, enflamme ton visage de plus belle, mortifié en conjurant seulement cette image dans ton esprit.

Mais il a l’air si résolu à trouver un peu de pardon et si fier de ce talent que tu aurais l’impression non-seulement de porter atteinte à son honneur, mais aussi à celui de sa femme en le refusant tout bonnement. “… Si vous y tenez tant que ça, prêtez-moi au moins votre cape.” A la façon dont tu évites son regard, la pointe d’exaspération dans ta voix n’est que le fruit de ton embarras. De toute manière, sans le soleil, il fait trop froid pour que tu te contentes de te cacher derrière un arbre -et puis, tu te sens bien assez vulnérable ainsi. “Mais vous allez vous blesser si vous le faites dans la pénombre.” Tu tournes les talons avant même de terminer ta phrase. “Vous serez plus à l’aise à la lueur du feu.”

Et toi aussi.
Aimable E. De Bayard
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Aimable E. De Bayard
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Lun 11 Oct - 10:25









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Les joues de l’inconnu se teintent de

Rouge. Le ciel se teinte de sang quand le soleil se meurt à l’horizon. Plongés dans la pénombre, la Voix frissonne et s’extase à cette vision. Elle sent le Sang sous sa peau Claire. Sa chair qui palpite, sous cette mince barrière. Il suffirait d’une égratignure pour qu’elle dévoile un bouquet de carne, l’ossature qui en émerge, les racines de son être. Il y aurait cette odeur douceâtre, le mucus de l’âme

Son visage si pâle s’anime d’une vie qui surprend le Chevalier. Sa vision repousse celle affreuse de l’Ouroboros. L’humain, lui, reconnaît les premiers pétales des crocus quand fond le linceul neigeux. L’inconnu dévoile une gêne, une vulnérabilité, qu’Aimable ne pensait pas percevoir. Surpris, il s’en sent tout autant attendri et pourtant, se contente de baisser humblement les yeux. Il sait ce que c’est, d’être pudique. Et à dire vrai, le Chevalier était tant emporté par son besoin de bien faire qu’il n’a pas pensé à la nudité à laquelle il contraindrait le moine…

A son invitation, Aimable hoche la tête et laisse l’inconnu le devancer. Aimable n’adresse qu’un regard aux ténèbres qui se rassemblent, sous le couvert des arbres. Un frisson lui échappe. La désagréable sensation… que cet endroit lui est peut-être plus familier que la lumière qu’ils vont retrouver. Non. Le Chevalier doit se reprendre. Fermant le poing, Aimable s’efforce d’avancer. De réduire au plus vite la distance avec l’Ombre – tout en sachant que cet effort sera vain. Le vrai Mal n’est pas tapi dans le bois. Il Les attend au plus profond de son inconscience.

L’air lui semble plus léger, bien qu’il s’alourdisse d’obscurité. Aimable emplit ses poumons des fragrances de terre humide et de végétaux en putréfaction. Il n’a pas froid. Il retrouve la Nuit et son étreinte possessive, la lune, lascive, dévoile ses bras tendres entre deux nuages. Aimable lui adresse un regard. Ce soir, ce n’est pas la Bête qu’elle accueillera et, déçue, elle se dissimule sous un voile obscur. Ses yeux reviennent sur le dos de l’inconnu. Si frêle. Nous avançons, d’un pas rapide, il ne nous voit pas. Nous entendons son souffle, il a les yeux baissés, les épaules voûtées. Notre main se referme sur ses cheveux, il CRIE ! Notre bras se referme sur sa gorge, Silence, Silence, nous le traînons près des racines, nous

Aimable chasse la vision d’un battement de paupières. Son cœur s’est ralenti, un vertige manque de le saisir, en réponse, il accélère le pas. Son cœur s’accélère. Le Chevalier reprend l’autorité sur la Bête. Malicieuse, son rire résonne dans sa tête, un rire fait de crocs et d’os qui s’entrechoquent, d’un son grave qu’il ravale. Il essuie son front souillé de sueurs du plat de la main, à croire que la tisane ne suffit pas tellement à apaiser ses nerfs.

Le Chevalier redresse les yeux vers l’inconnu.

Qu’a-t-il vu ? Susurre la Voix. Que sait-il ?  

Ses questions s’accompagnent d’un léger éclat de lune – Elle leur jette un regard. Elle aussi, Elle sait.

Le silence s’accompagne d’une tension imperceptible. Est-ce la sienne, celle de la Bête aux aguets ou du moine qui s’empresse de rejoindre la lumière ?

Il est encore temps d’agir,
murmure la Voix, l’emmener. Dans l’obscurité. Ce qu’il a vu, ce qu’il sait, dispaRrAitrAa entre nos CROCS ! Nous SerRons LIBRES ! Il ne pArrlera Pas, PLUS !

Aimable se sent frémir. D’horreur.

S’il rrreste en VIE, s’il DIT, PLUS d’ELEANOR, PLUS DE RICHArd, pluS d’ISABEAu ! PLUS RIEN !

Le réaliser fait se figer le Chevalier. Décontenancé, Aimable cligne des paupières. Instinctivement, il retient son souffle – à moins que ce ne soit l’Ouroboros qui broie sa gorge ? Son cœur bat. Plus lentement. Comme un glas au fond de son poitrail.

S’il parle. S’il dit quoi que ce soit. Sa vie, leur vie, ne sera plus. On l’exécutera. Que fera-t-on à son épouse ? Ses enfants ? Il la voit. Si belle, quand le soleil se lève. Blottie entre ses folles mèches rousses, à l’observer, ses yeux verts mêlés de brun tapis sous ses sourcils broussailleux, ses  tâches de rousseur éparpillées sur son nez, il les embrasse un à un, glisse ses grandes mains sur ses hanches rondes, presse son ventre solide couvert de cicatrices contre le sien si tendre, rond de vie. Ses cuisses généreuses l’entourent, ses lèvres l’embrassent. Eleanor. Elle caresse sa nuque et chasse ses cauchemars d’un sourire. Richard. Son petit garçon déjà si grand. Ses yeux bleus timidement blottis sous ses mèches brunes, son sérieux trahissant ses doutes. Son rire, si rare et pourtant, si précieux à entendre, quand Aimable le prend sur son dos pour le faire traverser la cour. Sa main qui s’unit à la sienne lorsqu’ils marchent, sa détermination lors de leurs entraînements. Sa passion pour les textes sacrés, les écritures, comme celles qu’il lui a confiées, qu’il garde toujours dans son sac. Sa première enluminure. Isabeau. D’une poignée d’années, avec sa tignasse d’un roux éhonté, ses yeux bruns emplis d’une innocente bravoure. Prêt à affronter tous les dangers, chargeant, son épée en bois à la main. Son rire qui résonne dans la cour, son pas précipité dans le couloir quand il se jette contre les genoux de son père pour le renverser – combien de fois Aimable l’a-t-il porté sous son bras pour le jeter sur le lit ? Isabeau et sa curiosité, Isabeau qui marche jusqu’au torrent, Isabeau qui récupère des têtards dans les grands bols en bois pour les laisser dans sa chambre, au grand dam de sa mère.

S’il parle… tout serait fini.

Aimable n’a pas bougé. Son souffle est lent, entre ses lèvres. Il est encore à portée. Bien que quelques mètres les séparent. Il sait – il ne sait que trop bien que son corps aurait la rapidité nécessaire pour s’en saisir et l’entraîner.

Pour se sauver. Sauver lui et tout ce qui tient son humanité.

L’inconnu rejoint le feu, sa clarté se répercute sur sa peau claire.

Il est déjà mort,
murmure la Voix. Comme pour lui retirer cette culpabilité.

Aimable sent la sueur dégringoler le long de sa nuque, une douleur qui transperce son ventre, la faim – ou autre chose ? Son corps fait un pas en avant, la croix bringuebale contre son torse – la Croix.

Sa main s’en saisit.

La Croix.

Le Chevalier se reprend. Il ravale sa salive. Péniblement.

Il ne peut pas faire ça. Il ne peut pas.

Il tremble. Il a peur. Il prend conscience des risques qu’il encourt à le laisser en vie – mais il ne peut pas, il ne veut pas le tuer.

Aider votre prochain en retour.

L’inconnu l’a aidé. Il a pansé ses blessures. Il l’a soigné, malgré… malgré tout ce qu’il a vu. Il l’a aidé…

Aimable sent la culpabilité l’écraser. Les larmes aux yeux, il ferme les paupières et, courbé par le poids de ses péchés, rejoint le feu de bois devant lequel il s’assoit dans un mouvement raide. Aimable ravale ses larmes, sa peine, il masse sa nuque dans un soupir tremblant jusqu’à reposer la main contre sa cuisse. Il repose son bouclier au sol, la besace qu’il ouvre, plongé dans ses pensées.

Il sort quelques vêtements, une bourse emplie de quelques pièces. Un bout de tissu, le doudou qu’Isabeau lui a donné. « Pour que tu dormes bien sur la route », a-t-il dit. L’enluminure de Richard, soigneusement refermée d’un cachet de cire qu’Aimable a dû rompre avec la lame d’un couteau pour l’ouvrir. Le mouchoir d’Eleanor, qu’il récupère entre ses grands doigts. Un carré de tissu, si fin, si petit, au creux de son énorme paume. Il caresse rêveusement le tissu du bout de l’index puis récupère l’aiguille qui y a été glissée. Il fouille encore dans sa besace jusqu’à en récupérer une bobine de fil, puis retire sa cape pour la proposer à l’inconnu. Au fond de sa besace, restent une Bible et un martinet.



_ Je vous laisserai l’enfiler à votre guise… Je… Ca me laissera le temps de glisser le fil dans le chas.


L’esquisse de sourire qu’il laisse échapper trahit la maladresse à venir. La cape est particulièrement épaisse, d’un noir assez sombre, d’un tissu assez rêche sur l’extérieur. L’intérieur est plus doux. Le tissu est imprégné des odeurs de l’extérieur, pluie, poussière, terre, accompagnée d’odeurs plus corporelles – un parfum humain mêlé à des fragrances plus musquées. Détournant les paupières, Aimable élève l’aiguille pour la placer devant la lumière du feu. Avec ses gros doigts, quelques essais sont nécessaires pour parvenir à glisser le fil dans l’aiguille. Il noue le fil avec application et quand la bure lui est confiée, il commence à s’atteler à la tâche.

Les sourcils froncés sous la concentration, Aimable s’applique, avec minutie.

Sa bonté est rare en ce monde – et la Voix a bien failli le convaincre de l’arracher au monde.

C’est terrible. C’est terrible, d’avoir de telles pensées. Malgré ses convictions, malgré ses valeurs, le Monstre en lui a bien failli le tenter. Il a failli succomber. Et il a honte. Il a honte de ce qu’il est. Il est si faible. Il n’a qu’à assumer les conséquences de ses actes. Au lieu de sans cesse les fuir. La première chose serait peut-être d’entendre ce qu’il a fait. Se repentir. Demander pardon – comme si le pardon pouvait lui être accordé ! Malgré lui, Aimable sent sa vue se brouiller de nouveau et un soupir s’arrache de ses lèvres, il frotte ses paupières du plat de la main.

Doit-il lui demander ce qu’il s’est passé ? Rien qu’à y penser, son cœur se serre dans sa cage thoracique. La pression s’étale sur son thorax, il inspire profondément avant de lâcher un soupir inquiet.


_ Je… Je ferai de mon mieux pour la bure, j’espère que la réparation vous conviendra,
tente Aimable, C’est la première fois que je couds pour quelqu’un d’autre…

Le laisser en vie. Il doit le faire. N'est-ce pas ça... Qui sauvera son humanité ?
N'est-elle pas déjà condamnée ?
Sa nature le révulse.
S'il pouvait, il arracherait sa peau, sa chair, il se déchirerait pour purger ce mal inscrit jusqu'à ses os.
Mais il sait que ça serait vain - qu'il risquerait même de libérer la Bête pour de bon. Son corps est sa prison. Elle est son châtiment et son devoir est de la porter Elle et tous ses - leurs crimes.


_... Qu'est-ce qu'il s'est passé hier soir...?


Est-ce que savoir... Non, savoir ne sera pas une aide. Mais savoir serait le premier pas pour accepter, le premier pas pour tenter d'expier ce qu'ils ont fait.


_ Je... Je ne me souviens pas...


Tant de menteurs ont prononcé ces mots. Mais ses tremblements, eux, trahissent une inquiétude réelle. L'amnésie qui frappe. Encore une fois.  Tant de vides dans son existence. Tant d'absences. Dans son essence.
Eudes de Cluny
HUMAIN - PEUPLE

inventaire

Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928

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Eudes de Cluny
Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928
Sam 16 Oct - 18:49



Eudes/Aimable
which do you dread more, the echo or the answer ?
L’herbe chatouille la plante de tes pieds à chaque enjambée, l'ébullition de la gêne hâtant tes pas. Maudit-soit la lubricité humaine qui ne cesse jamais de te torturer tel le diable sur ton épaule, toujours prêt à tordre les mots et la réalité pour les rendre graveleuse et l’afficher sur ton visage, nourrit par les tordus qui ne cessent de croiser ton chemin.

(celui-ci, au moins, a le mérite de n’être que meurtrier)
(quel soulagement)

Au milieu de ton tumulte, tu ne faillis pas à lui prêter une oreille attentive; son souffle laborieux, le froissement de ses vêtements et le battement de son épée contre sa cuisse qui tous ensemble s’emballent lorsqu’il presse le pas.

Tu croirais presque entendre son coeur, mais c’est bien le tiens qui palpite au fond de tes tympans.

(tu marches devant lui, avec une longueur d’avance)(avec ta détente, serait-ce suffisant pour lui glisser entre les mains s’il décidait de s’en prendre à toi ?)
(toi qui t’enfonces dans la forêt, arriverais-tu à le semer à travers les arbres ?)

Tu ignores le spasme qui mord ton mollet, repousses cet instinct plus loin au fond de toi; l’envie de lui faire faux-bon, d’abandonner tes sandales et de lui lancer ton repas au visage pour gagner ne serait-ce qu’une seconde salvatrice, de courir loin, loin, le plus loin possible, jusqu’au prochain village s’il le faut.

Non, à la place, tu t’agenouille pour souffler sur les cendres encore rouges, le menton effleurant la terre, leur faisant regagner de l’ampleur.

(comme tu attises les flammes meurtrière en te faisant si vulnérable)

Tu t’évertues à ne pas le croiser ses yeux, mais tu ne peux t’empêcher de regarder le contenu de sa besace au fur et à mesure qu’il la vide, conforté dans l’idée qu’un monstre n’aurait que faire de possessions inutiles; toi-même qui voyage si léger, la valeur émotionnelle de ta serpette se lit bien sur sa lame éméchée…

(qui te dit que ce sont les siennes ?)(et non un souvenir d’origine plus lugubre ?)

Tu tressaillis, mais tu peux au moins prétendre que c’est à cause de la brise. Tu ne vois pas son sourire en agrippant la cape, la tête basse et le bras tendu au plus loin, comme si revenir au campement avait rétabli la ligne imaginaire que tu avais tirée entre vous. Même ton mince “Merci.” trahis cette distance retrouvée.

A l’abri de l’obscurité, l’épaisse cape entre tes mains, tu songes, une seconde à peine.

(il est assis, et il y a plusieurs bons mètres de distance entre vous)(il serait si facile de t’enfuir)(il aurait à peine le temps de t’entendre avant que la nuit ne t’engloutisse)
(c’est maintenant

Ou jamais !)

Recroquevillé, tu serres l’étoffe contre toi,
étouffant le moindre sanglot entre tes mâchoires tremblantes,
priant le Seigneur de te protéger,
et de te donner le courage de ne pas faillir.


La cape est assez grande pour que tu l’entoures presque deux fois autour de toi: après avoir tendu ce qui reste de ta pauvre bure à l'homme, ton bras fin disparaît entre ses pans. Tu as l’impression d’être une chenille dans sa chrysalide ou une chauve-souris emmitouflée dans ses propres ailes, et un faux sentiment de sûreté naît dans l’étroite chaleur.
Plutôt que de regarder l’homme coudre, tu fixes le feu, te perd dans les bulles de l’infusion traîtresse qui recommence à bouillir dans le petit chaudron, mais vu qu’il s’entête à converser, tu n’as pas trop le choix que de sortir le menton de ton cocon. “C’est généreux de vous en occuper… Quel que soit le résultat…” Ton ton ne suit pas exactement tes mots, mal assuré sur ceux que tu peines encore à attribuer à quelqu’un capable d’une telle sauvagerie; toi qui es si bon menteur, peut-être le souvenir est-il encore trop frais pour maquiller tes émotions aussi habilement qu’à l’habitué.

Lui aussi en semble bien incapable: le trouble se lit sur lui comme un livre ouvert. Tu penses aux premiers abords qu’il ne s’agit réellement que de la pression de bien faire maintenant que ta bure se trouve entre ses mains, mais la source redevient évidente lorsqu’il remet la nuit passée sur la table.

Tu restes silencieux. Tes yeux cette fois, ne flanchent pas, cherchent la vérité sur son visage.

(toi qui es si grand amateur de lecture, lis donc !)(est-ce le visage d’un homme honnête)
(ou d’un menteur ?)

“Je crois que vous le savez mieux que moi.”

(toi, tu te décides enfin à revêtir le second)(regardant nonchalamment vers le ruisseau)

“Quand je vous ai trouvé, vous étiez déjà évanoui.”

(ce n’est pas à toi d’épeler ses péchés pour lui)
(s’il veut s’endetter d’un mensonge supplémentaire plutôt que de les confesser,
c’est son problème)

(toi, tu n’as fait que l’aider)

“Comment se fait-ce que votre femme vous ait appris la couture ?” Tu clos le sujet en tirant la conversation ailleurs: s’il souhaite tant parler, tu ne l’en priveras pas, mais ce sera selon tes termes. “J’ai rarement vu des hommes en dehors du cloître prendre cette peine… Et encore, il n’est pas rare qu’ils donnent leurs vêtements à rapiécer aux Soeurs.” Tu ne cherches même pas à l’émasculer en le questionnant sur le sujet: tu te fiches bien de la raison si cela peut vous tirer loin de cette effroyable nuit.

Au loin, dans la même plaine où tu l’as trouvé, le chant des grillons noient ce qui reste de silence entre le crépitement du feu et le ruissellement de l’eau, et sur ton visage repose un sourire de convenance qui ne se reflète pas dans tes yeux, en parfait accord avec le manteau paisible de la nuit qui vous enveloppe comme la cape sombre autour de toi.

Tu ne souhaites qu’en finir avec tout ça, rendre leurs affaires au voyageurs et reprendre ton chemin loin, loin de cet homme.

Mais tu as encore du sang séché entre les orteils qui se sont enfoncés dans la flaque tiède,
les mains calleuses d'avoir déplacé le corps du coupable,
et les yeux vides de s'être posé sur la mort elle-même.

Une chouette hulule dans un arbre au-dessus de vous.

Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

inventaire

Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3915
Mer 24 Nov - 12:22









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La lumière libératrice.

La perception des braises qui étincelle sous le souffle du moine est une lueur d’espoir : il s’en saisit. Les flammes repoussent l’Obscurité. Celle de ses yeux se rétracte au fond de ses pupilles, plus loin encore, elle devient imperceptible.

La Voix n’est plus qu’un murmure. Un bruissement dans le lointain. Son cœur qui bat, le sang qui coule dans ses veines, entre ses lèvres, dans sa tête. Aimable préfère s’assoir, le contact de la terre contre son séant l’ancre dans le présent. Vider son peu de possession, c’est se rappeler son histoire, ce qui fait de lui un Chevalier. L’homme qu’il aimerait être – qu’il n’est qu’à moitié. Un père aimant, un époux amoureux, un homme au cœur tendre.

Usé, comme ses mains couvertes de cornes, il recupère tendrement le bout de tissu qu’Isabeau lui a laissé. Ce n’est qu’une caresse, pour se donner le courage de continuer. L’enluminure, qu’il récupère pour la serrer au creux de sa paume, une prière à Dieu, pour leur protection. Pour ne pas faillir, pour tenir. Un jour de plus. Le mouchoir d’Eleanor. Sans un effort, il sent son parfum.

Son odeur corporelle, épicée et sucrée, lui rappelle les blés dorés par le soleil, la terre meuble, humide, fertile. Il reconnaît les fragrances lointaines des vaches qu’ils élèvent ensemble, les montagnes puissantes et austères, leur vent froid qui apaise l’enfer dans ses veines.

Finalement, il récupère la bobine et la simple aiguille pour se mettre à l’ouvrage. Le grand homme courbe son dos épais, il incline sa nuque, ses sourcils se froncent. Il ne paraît pas moins intimidant, et pourtant, il se dégage peu de menace de ce trentenaire qui s’use les yeux pour percevoir le chas dans la pénombre. Ses doigts ont perdu leur sensibilité depuis des années à présent : plusieurs efforts sont nécessaires jusqu’à ce que le fil, enfin ! Se faufile dans l’endroit escompté. Le nœud est le plus facile à réaliser, avant que le Chevalier ne récupère les pans de bure pour se mettre à l’ouvrage.

Un mouvement attire ses yeux. Ses pupilles s’échappent le long de ses paupières, du coin des yeux, il perçoit les tremblements qui saisissent le jeune homme.

Peur ? Demande la Voix. Sourit-Elle ? Probablement. Aimable l’ignore. Abandonnant un instant sa tâche, sa main se referme sur une branche un peu plus loin, d’un geste habitué, il ravive les braises jusqu’à ce qu’une véritable flammèche s’extirpe du centre du brasier. Ce démon n’arrache aucun frisson de la part du Chevalier. Il se contente de le défier du regard, jusqu’à ce qu’il prenne assez d’ampleur pour qu’une réelle chaleur se dégage du feu de bois.

D’un mouvement de tête timide, Aimable invite le moine à se rapprocher, s’il désire se réchauffer, puis reprend sa tâche. Sans se douter qu’il n’attend que de s’enfuir. Sans vouloir y penser, plutôt.

Les mots du jeune homme tombent comme un couperet sur ses épaules. Pourtant, sa tête ne tombe pas : elle tient. Toujours attachée à cette nuque épaisse, à cette colonne vertébrale qui pèse dans tout son corps, il sent le fardeau s’alourdir sur ses épaules, ses muscles se contractent, ils tiennent, ils tiennent sans jamais se déchirer. Malgré la tension qui s’accroît, la culpabilité qui, sournoise, monte dans ses entrailles, écrase sa cage thoracique, broie son cœur de sa poigne.

Je suis désolé, je suis désolé, répète-t-il inlassablement, mais ces mots, ces mots, il n’a plus le droit de les prononcer. Il n’a qu’à assumer ses crimes. Il n’a pas à attendre le pardon, de qui que ce soit, pas même de Dieu. Ca, il le sait. Il sait aussi que le sang qu’il a eu sur ses mains n’est pas le sien, il sait qu’il a fait du mal. Il ne sait plus exactement comment, il ne sait plus exactement ce qu’il s’est passé, il se souvient de la douleur, de son dos qui s’est déchiré. Du craquement des os, de sa peau qui s’ar r r r rache et des c r r r rris

Aimable tremble. Il sait ce qu’il est. Un monstre qui se veut – se prétend humain. Qui aimerait l’être, en tous cas.

Le dégoût pour lui-même se ravive, sa rage aussi, mais son visage, ses yeux, n’expriment qu’une gravité absolue. Celle du rocher qu’il continue sans cesse de pousser. La nécessité de continuer. Car s’il ne le faisait pas, ce fardeau serait passé à quelqu’un d’autre. Car s’il ne le faisait pas… Peut-être y aurait-il plus de morts.

La question sur son épouse l’arrache de ses pensées. Surpris, il lève les yeux vers son interlocuteur. Ironie du sort : maintenant que sa gorge est nouée, étranglée, voilà que le moine l’invite à parler. Parler, alors que cette boule dans sa gorge plante ses épines dans son larynx, parler, c’est forcer sur ces muscles déjà crispés, c’est sentir les cordes vocales se frotter. C’est une des punitions qu’il a méritées.

Penser à Eleanor le soulage un peu. Il voit son sourire, sent ses mains potelées recueillir les siennes, la tendresse de sa peau contre la sienne abîmée. Ses lèvres caresser ses cicatrices, ses yeux unis aux siens, emplis d’un amour si vrai qu’il sent tout son être protégé de sa tendresse. Sa main récupère son mouchoir, qu’il caresse et repose sur sa cuisse, comme pour la sentir à ses côtés. Les cadeaux de ses enfants, près d’eux. Seraient-ils fiers de lui ?
Il doit agir comme l’homme qu’il aimerait être. Il doit être fort. Assumer ses actes et leurs conséquences. Jusqu’au jour où Dieu décidera la fin de son éternel combat – où il décidera qu’il aura suffisamment payé.

Il reprend courage, assez pour répondre, malgré sa voix rauque.


_Je voyage beaucoup. Et mes enfants sont turbulents.


Un sourire fugace, lui échappe, du coin des lèvres. Avant qu’il ne baisse tendrement les yeux, désignant le doudou et l’enluminure que Richard et Isabeau lui ont laissé.


__ Elle en avait assez de rapiécer nos vêtements et m’a mis à l’ouvrage.


Bien que Chevalier, Aimable n’en reste pas moins un homme humble. Sa famille était nombreuse et sans connaître la pauvreté, n’a pas bénéficié de l’aisance de certains Nobles. Ils n’avaient jamais eu réellement de serviteurs, peut-être quelques uns qui prêtaient main forte à leur mère et encore ! La femme austère avait imposé à sa progéniture de s’investir dans la vie quotidienne de leur demeure. Etendre le linge, le laver dans la rivière en contrebas, le passage du balai dans la cour ou l’écurie dégénérant en combats d’épées…

Il s’est marié à Eleanor assez jeune. Contrairement à lui, elle était issue d’une famille paysanne progressivement devenue bourgeoise à la seule force de leur travail. Elle s’occupait du bétail, préparant le fromage et le lait que ses frères vendaient. Sa dot était constituée d’une quinzaine de vaches et bien décidée à conserver son train de vie, elle entraîna Aimable à l’aider.

Et Aimable y a pris goût. Travailler de ses mains l’occupe. Il entend moins la Voix. Il se sent enfin présent, là ! Avec les autres, les deux pieds dans la réalité. La compagnie des vaches l’apaise, leurs odeurs le rassurent, et lorsqu’il en croise, il ne peut s’empêcher de descendre de sa monture pour aller à leur rencontre.


__ Je suis né de poussière et je redeviendrai poussière quand Il me rappellera à lui. Je n’oublie pas d’où je viens.


Si certains ou certaines considèrent les Sœurs comme leurs servantes… Qu’ils aillent donc à la rencontre de sa sœur. Hildegard. Ils seraient bien reçus ! Amusé, Aimable hausse finalement les épaules.


__ Et puis… Coudre m’occupe l’esprit.  


Le silence retombe, troublé par le lointain hululement d’une chouette. Finalement, une fois sa tâche terminée, Aimable vérifie la solidité de l’ensemble, jusqu’à ajouter une nouvelle couture aux zones qui lui semblent plus fragiles. Il finit par reposer la bure à proximité du moine, sans le toucher, rassemblant ses affaires dans sa besace. La nuit est à présent bien avancée : il lève les yeux pour l’observer.

La fatigue est là. Mais il peut encore l’ignorer.

Ses yeux reviennent timidement effleurer la silhouette du moine, puis se détournent. Retenant un grognement, il se redresse.


__ Je vous remercie de l’aide que vous m’avez offerte. Je…  


Aimable hésite quelques secondes, puis récupère sa bourse qu’il dépose près de la bure du jeune homme.


__ Pour vous remercier. Je vais récupérer ma cape, je… Je ne vais pas abuser davantage de votre temps ou de votre bonté.


Aimable n’est pas à l’aise lorsqu’il s’agit de s’exprimer. Et cette situation est des plus complexes pour lui. La culpabilité est toujours là. La peur de le blesser. De lui faire du mal. La peur de ce qu’il pourrait dire, de ce qu’il pourrait dénoncer. De ce qu’il peut penser de lui.

Toutes ces peurs, tous ces doutes, où se dégage une seule certitude.

Celle de le gêner. De l’inquiéter, de le menacer ne serait-ce qu’en étant à ses côtés.

La nécessité de le préserver, ne serait-ce que pour le remercier de tout ce qu’il lui a apporté.

S’il parle… C’est que Dieu en aura décidé ainsi. Peut-être serait-ce la fin de son chemin ? Le haut de la montagne. Où le rocher cessera enfin de tomber.

S’il garde le silence, alors il sera de son devoir d’assumer le poids de ses actes et de sa culpabilité. Les chaînes qui lient son âme au monstre, à cette chair maudite qui n’est pas que la sienne. D’un corps qu’un autre être habite, maltraite et souille de son essence.

Sont-ils différents ? Il l’espère. Il prie Dieu pour que ce monstre ne soit pas lui. [/i][/color]

Et dans ce geste de s’en aller, dans cette séparation, il voit l’occasion de laisser le moine s’échapper. De l’épargner, comme il a tout fait pour en épargner d’autres.

Quel que soit son choix, il ne lui en voudra pas.


_ Si vous le souhaitez, je peux ramener ce que les voyageurs ont pu vous prêter… Ou vous pourrez leur donner l’argent que je vous ai laissé.


Qu’au moins, le jeune homme puisse se reposer. Qu’il puisse bénéficier d’une nuit sans avoir à s’inquiéter, sans avoir à le surveiller. Il sera plus serein loin de lui.

Aimable a fait vœu de protection. Et il est prêt à assumer son devoir et ses responsabilités. Quitte à s’isoler pour ne nuire à personne.


_  … Vous avez fait preuve de compassion et de courage, ce soir. Merci d’avoir… été là.


Pudique, Aimable détourne honteusement les yeux et rassemble ses affaires, se détournant pour laisser à l’inconnu se changer en toute tranquillité. Jusqu’à rejoindre l’abri de la nuit. Retrouver l’obscurité.

Les épaules croulant sous un fardeau et pourtant, l’âme étrangement libérée d’un poids.
Eudes de Cluny
HUMAIN - PEUPLE

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Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928

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Eudes de Cluny
Inventaire : ✦ Une petite serpette émoussée
✦ Un mystérieux masque (don de Titi)
Espèce : Humain
Emploi : Moine gyrovague
Situation maritale : Quelle idée voyons
Pièces : 2928
Dim 5 Déc - 0:10



Eudes/Aimable
which do you dread more, the echo or the answer ?
(cw: mention tacite de l'agression d'Eudes, ça prend fin après le premier mot en gras)

Si corruptible est-il, l’Homme reste l’Homme, capable des pires choses comme des meilleurs. Dans le cas contraire, pourquoi l'appeler à se repentir s'il ne peut faire le bien après avoir fait le mal ? Pourquoi le pousser à ne pas faillir si seul les saints sont à l'abris du péché ?

C’est ce que ton maître t’avait dit alors que tu sentais encore bouillir en toi les sentiments les plus abjectes à l’égard de ton tourmenteur, et ce bien après avoir quitté le monastère de Cluny; hanté à jamais, il semblerait, par la blessure béante burinée sur ton âme inlassablement, des jours durant, poussé au précipice de l’abysse où tu demeurais.

Les êtres capable des pires vices ont des amis, des familles, un but ou des rêves, la plus infime étincelle d’humanité vit en toute personne, car aussi éloigné de Sa lumière soient-ils, ils n’en restent pas moins ses Enfants.

(donc même lui, tu devrais lui pardonner ?)(lui, qui continue à vivre impunément, sans châtiment ni justice divine ?)(lui, qui continue à te souiller jusque dans ton sommeil ?)

(tu connaissais la réponse)(il n’avait même pas besoin de te le dire)

(l’idée-même te déchirait les entrailles)

(et tu portes, honteux, la certitude de ne pas y être arrivé)
(car encore à ce jour tu lui souhaites de crever)

Tu regardes l’homme parler de sa femme,
ses enfants,
les yeux viré sur lui,
le regardant sans le voir.

(des hommes, comme ça, qui sème la terreur et le chaos)(se foutent de la vie)
(ils ne méritent pas un foyer)(la chaleur de l’amour)(un endroit où rentrer)

Et pourtant son sourire ne t’échappe pas,
la sincérité de ses traits,
la douceur de ses mots,
tu peux presque palper l’affection.

(tu te pares de nobles valeurs)(mais au fond, ce qui te donne envie de hurler à cette idée
n’est-ce pas la jalousie
tarie tout au fond de tes viscères
te bouffant de l’intérieur ?)

(non, bien pire encore)

(c’est de l’envie)

Un hululement te fait presque bondir hors de ta peau, la sueur froide qui perlait dans ta nuque roulant sous l’effet du soubresaut. La chaleur du feu est insoutenable et pourtant ton sang est glacé.
Tu as enfin détourné les yeux et ne tourne qu’à peine le visage lorsque tu l’entends se relever. Ses paroles, pour une fois, te délestent d’un poids: tu seras bientôt libéré de la présence suffocatrice de ses péchés. Tu regardes ta bure, la bourse, ne trouve même pas en toi la force de protester.

(il achète ton silence !)(pour qu’il puisse retourner, impunément, auprès de sa femme et de ses enfants)

Tu portes ta paume moite à ton visage, avant de répondre d’une voix chevrotante. “N-ne vous en encombrez pas…” Qu’il parte, et vite, au lieu de te torturer ainsi, c’est ce que ta gorge sèche meurt d’envie de crier. Laissez exploser tout ce qui bout plus furieusement encore que l’infusion sous les flammes, attisées par la main de ce meurtrier comme il le fait avec la lie de ton cœur, faisant remonter à la surface ce qu’il y a de pire en toi.

(de la compassion ?)
(quelle idiotie)

Tu te débarrasses hâtivement de la cape sans même prendre le couvert de l’obscurité, ne prenant pas plus de temps pour revêtir tes vêtements. Tu veux la lui jeter, mais tu ne peux que la lui tendre, à bout de bras, la tête basse et les jambes flageolantes.

(montrant la nuque telle une proie se soumettant à son prédateur)

“Que le Seigneur vous garde et qu’Il ait pitié de vous.”

(car toi, tu n’en as pas la force)

Ta prière semble exaucée et l’obscurité ne tarde pas d’engloutir enfin la silhouette de l’homme pour de bon.
Il ne reste que le crépitement du feu, le murmure des grillons,
le sang séché sous tes ongles
et la fatigue, immense.

A la lueur de la lune, tu observes la couture sur le fond de ta bure, passe la pulpe de tes doigts le long des points faits avec soin, régularité, une pointe de maladresse… Ce n’est pas beau, une énième cicatrice cheloide comme celles tapissant ta chaire, et pourtant, tu ne peux que joindre les mains et implorer le Seigneur de te pardonner ta faiblesse.

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