Sam 4 Sep - 18:55
Peut-être son père avait-il été motivé par le mariage de Dame de Navarre, tout récemment achevé, mais il avait visiblement trouvé un prétendant à qui offrir Françoise. Rien que de l’apprendre lui fit l’effet d’un couperet sur sa nuque. Elle savait qu’elle aurait dû avoir hâte, mais elle n’arrivait pas à prendre plaisir à cette annonce. Qui allait être son futur bourreau ?
Bon, de toutes les manières, cela ne pourrait pas être pire qu’avec son père… Elle espérait.
Alors, Françoise s’était apprêtée selon les volontés de son père, ce matin-là. Une toilette élégante, un peu de parfum et du maquillage comme le font les nobles dames de la Cour, pour impressionner son futur prétendant.
Elle eut une pensée pour Emilien. Sans bien se l’expliquer, elle aurait aimé lui parler de tout cela. Sans doute n’en aurait-il eu rien à faire, mais ce n’était pas un problème pour Françoise, elle avait l’habitude que l’on ne prenne pas en compte ses sentiments. Mais elle aurait simplement voulu lui parler.
Lorsque l’invité se présenta aux appartements que Françoise occupait avec son père, ce dernier vint l’accueillir chaleureusement. « Baron de Bray, merci à vous d’avoir fait le déplacement ! Venez, asseyez-vous confortablement, je vais vous présenter ma fille. »
… Un Baron ? Alors qu’elle était Marquise ? Françoise, qui déjà se sentait fort peu aimée de son géniteur, n’en doutait plus à présent : il voulait simplement se débarrasser d’elle. Quitte à la brader.
Mar 7 Sep - 0:47
C’est avec un sentiment des plus mitigés qu’Amaury se rend au Palais Royal afin d’honorer l’invitation du Marquis de Bellevallée. S’il est conscient des rumeurs qui courent toujours sur les hommes de son âge célibataires, il n’a guère envie de se hâter en ce qui concerne son statut marital. Les années ont passé et il a su esquiver autant que possible ce genre de sujet. Désormais à Paris, voilà que les choses se précipitent. Lors des quelques soirées faites à la Cour, il a déjà reçu bien des commentaires en ce sens, alors pourquoi, face au courrier du Marquis, il a accepté cette visite de courtoisie ?
Il n’en sait rien. S’il n’est pas pleinement au fait des usages en un tel moment, il a toutefois pris le temps de s’arrêter en chemin pour acheter un bouquet de fleurs, laissant le soin à la jeune fleuriste d’en choisir la composition. Des hibiscus rouges et blancs. S’il n’est pas expert au point d’en connaître le sens, il en apprécie l’élégance.
Une fois descendu du coche, il prend une longue inspiration. Il ne sait clairement pas ce qu’il fait là, ni ce que l’on attendra de lui et encore moins… ce qu’il devra décider. Si Maïeul était là au moins, il le guiderait, d’une façon ou d’une autre. Il n’a pas osé lui écrire à ce propos, ayant souvent l’impression de déranger son aîné pour des futilités. Cette rencontre avec le Marquis n’en est peut-être pas une. Allez savoir. S’il était pleinement honnête avec lui-même, il admettrait que les dernières volontés de la Comtesse ne sont sans doute pas étrangères au fait qu’il ait accepté une telle invitation.
Rapidement, il se fait annoncer. Un valet le guide jusqu’à une pièce où on l’invite à patienter. Il en profite pour réajuster son pourpoint bleu foncé et observe autour de lui. Il sent une forme de stress absurde monter en lui. Il n’est clairement pas adepte de ce genre de cérémonial et aux dernières nouvelles, ne se cherche pas particulièrement de femme. Ce sont les autres qui tiennent absolument à lui en mettre une dans les pattes.
Il a un soupir et déjà la porte à l’opposée de celle par laquelle il est entré s’ouvre. Un homme à l’air ravi entre et le salue. Amaury en fait de même, dans un signe de tête.
« Monsieur le Marquis, enchanté. »
Légèrement en retrait une toute jeune femme, rousse, qui a comme un temps d’arrêt en le voyant, les sourcils froncés. Amaury ne sait guère ce qui peut en être la cause. Est-il si repoussant que cela ? Voilà qui pourrait presque le vexer mais il ne dit rien et s’approche en quelques pas.
« Mademoiselle, permettez-moi de vous offrir ces quelques fleurs. » Il lui tend le bouquet en un geste courtois et s’écarte. Une jeune servante non loin s’est approchée, attendant certainement de récupérer les fleurs par la suite afin de les mettre dans un vase.
Tout cela est très codifié (trop ?) et l’attention du Chevalier navigue entre la fille Bellevallée, une jeune femme d’apparence banale dont il ne sait rien et son père, visiblement très satisfait à l’idée de le rencontrer.
Il s’assoit finalement là où on le lui a indiqué et réprime du bout des lèvres un « Mon frère est le Baron de Bray, Monsieur, je suis simplement Chevalier. ». A la place, il opte pour : « Ravi de vous rencontrer vous et votre fille, Votre Excellence. »
Le chaos dans leurs yeux.
C’est avec un sentiment des plus mitigés qu’Amaury se rend au Palais Royal afin d’honorer l’invitation du Marquis de Bellevallée. S’il est conscient des rumeurs qui courent toujours sur les hommes de son âge célibataires, il n’a guère envie de se hâter en ce qui concerne son statut marital. Les années ont passé et il a su esquiver autant que possible ce genre de sujet. Désormais à Paris, voilà que les choses se précipitent. Lors des quelques soirées faites à la Cour, il a déjà reçu bien des commentaires en ce sens, alors pourquoi, face au courrier du Marquis, il a accepté cette visite de courtoisie ?
Il n’en sait rien. S’il n’est pas pleinement au fait des usages en un tel moment, il a toutefois pris le temps de s’arrêter en chemin pour acheter un bouquet de fleurs, laissant le soin à la jeune fleuriste d’en choisir la composition. Des hibiscus rouges et blancs. S’il n’est pas expert au point d’en connaître le sens, il en apprécie l’élégance.
Une fois descendu du coche, il prend une longue inspiration. Il ne sait clairement pas ce qu’il fait là, ni ce que l’on attendra de lui et encore moins… ce qu’il devra décider. Si Maïeul était là au moins, il le guiderait, d’une façon ou d’une autre. Il n’a pas osé lui écrire à ce propos, ayant souvent l’impression de déranger son aîné pour des futilités. Cette rencontre avec le Marquis n’en est peut-être pas une. Allez savoir. S’il était pleinement honnête avec lui-même, il admettrait que les dernières volontés de la Comtesse ne sont sans doute pas étrangères au fait qu’il ait accepté une telle invitation.
Rapidement, il se fait annoncer. Un valet le guide jusqu’à une pièce où on l’invite à patienter. Il en profite pour réajuster son pourpoint bleu foncé et observe autour de lui. Il sent une forme de stress absurde monter en lui. Il n’est clairement pas adepte de ce genre de cérémonial et aux dernières nouvelles, ne se cherche pas particulièrement de femme. Ce sont les autres qui tiennent absolument à lui en mettre une dans les pattes.
Il a un soupir et déjà la porte à l’opposée de celle par laquelle il est entré s’ouvre. Un homme à l’air ravi entre et le salue. Amaury en fait de même, dans un signe de tête.
« Monsieur le Marquis, enchanté. »
Légèrement en retrait une toute jeune femme, rousse, qui a comme un temps d’arrêt en le voyant, les sourcils froncés. Amaury ne sait guère ce qui peut en être la cause. Est-il si repoussant que cela ? Voilà qui pourrait presque le vexer mais il ne dit rien et s’approche en quelques pas.
« Mademoiselle, permettez-moi de vous offrir ces quelques fleurs. » Il lui tend le bouquet en un geste courtois et s’écarte. Une jeune servante non loin s’est approchée, attendant certainement de récupérer les fleurs par la suite afin de les mettre dans un vase.
Tout cela est très codifié (trop ?) et l’attention du Chevalier navigue entre la fille Bellevallée, une jeune femme d’apparence banale dont il ne sait rien et son père, visiblement très satisfait à l’idée de le rencontrer.
Il s’assoit finalement là où on le lui a indiqué et réprime du bout des lèvres un « Mon frère est le Baron de Bray, Monsieur, je suis simplement Chevalier. ». A la place, il opte pour : « Ravi de vous rencontrer vous et votre fille, Votre Excellence. »
28 juin 1590
Mar 7 Sep - 22:53
Elle fut surement la première surprise en voyant le bouquet de fleurs lui être remis – et être reprit presque aussitôt par une domestique pour éviter d’en abimer les pétales. De toutes les attentions – ou les non-attentions que le Baron aurait pu avoir à son égard, Françoise ne s’était pas imaginé recevoir un cadeau, aussi petit soit-il. Peut-être avait-elle mal jugé cet homme, finalement ?
La voix de son père tonna presque sur ses épaules, la faisant sursauter.
« Françoise ?! Eh bien, dites quelque chose enfin ! »
« Père ? »
« Voici trois fois que je vous interpelle. Il n’est pas le temps pour vous perdre dans vos pensées. »
"Toutes mes excuses, Père. »
Docile enfant qui ne dira jamais un mot plus haut que l’autre devant ce géniteur qu’elle ne reconnait plus depuis des années. Alors, polie, Françoise s’incline légèrement – peu importe son rang supérieur à celui du baron, elle n’était plus à ça près maintenant… - « Messire, tous mes remerciements pour ce présent, il me va droit au cœur. »
Enfin elle se redresse et c’est à son père de reprendre la parole. Son rôle se limitera ainsi à du figuratif. « Comment vous acclimatez-vous à notre belle ville de Paris, Messire ? Je pourrais à loisir vous recommander quelques établissements, au besoin. »
Mar 7 Sep - 23:52
Même s’il n’est pas au fait de tous les us et coutumes de ce genre de rendez-vous, il sait que la galanterie et la courtoisie seront toujours à son avantage. Dans son esprit, il est toujours pleinement perdu mais moins cela se verra mieux ce sera, certainement. Sans doute a-t-il cela en commun avec la jeune femme devant lui, qui le dévisage l’air figé. Il ne sait guère décrypter ce qu’affiche son visage et a l’impression de la… décevoir ? Sans vraiment savoir pourquoi.
Pire, il n’a aucune idée de pourquoi cette sensation l’affecte. C’est absurde. Sa taille, son côté un peu trop « provincial » pour nombre des courtisans parisiens, il n’est pas né de la dernière pluie et a l’habitude qu’on le prenne de haut. Pourtant, il aimerait bien savoir ce qui traverse l’esprit de la dernière fille du Marquis. Ne serait-ce que pour savoir s’il doit réellement se sentir vexé ou non.
« Ce n’est rien, Mademoiselle. » Non, vraiment, ce n’est rien. Peu importe la personne qu’il aurait rencontré en une telle circonstance, les fleurs auraient été là. C’est peut-être l’une des rares choses qu’il a appris de sa mère, probablement. Des fleurs feront plaisir à n’importe quelle femme, disait-elle. Même si elle ne pensait guère « n’importe laquelle ».
Cela aussi fait parti des choses qu’il ne se précipitera guère d’évoquer auprès de sa mère, d’ailleurs. Il imagine déjà la scène si elle apprend qu’il a été « présenté » (et tout ce que cela peut sous-entendre) à la fille d’un Marquis. L’homme n’a-t-il pas trouvé meilleur parti pour sa progéniture, d’ailleurs ? Amaury n’a pas honte de ce qu’il est mais il est lucide tout autant. Au sein de la Cour parisienne, il y a probablement plus riche et plus glorieux qu’un Chevalier, fils et frère de Baron, descendu d’Harcourt.
Il y aurait-il des choses qu’on lui cache ? Il balaie du regard la jeune femme à l’air déconcerté et aux cheveux de feu. Elle ne serait pas… enceinte, au moins ? S’il doit réellement envisager de prendre une épouse, encore espère-t-il que cela soit pour avoir une descendance qui soit sienne. La question du Marquis le sort de ces considérations infondées et un sourire de circonstance naît sur ses lèvres.
« Oh, plutôt bien, Monsieur. J’ai rejoint les rangs des forces du Maréchal et j’apprécie découvrir différentes facettes de Paris par cette nouvelle fonction que j’ai embrassé. » Tout n’est pas simple, cela sous-entend un rythme de vie très occupé. Il n’en a pas conscience, d’ailleurs, mais en quelques mots le voilà qui réaffirme son statut d’homme d’épée avant tout, reléguant en arrière-plan un éventuel rôle d’époux modèle.
« Mais je ne serais pas contre entendre vos recommandations pour les quelques moments où je peux reposer mon épée. » Comme souvent, il est plus facile pour lui de parler avec un homme qu’avec une femme. Il les catégorise le plus souvent comme futiles ou inintéressantes et ne sait guère quoi dire à cette jeune femme qui le dévisage avec ses grands yeux.
Pire, il n’a aucune idée de pourquoi cette sensation l’affecte. C’est absurde. Sa taille, son côté un peu trop « provincial » pour nombre des courtisans parisiens, il n’est pas né de la dernière pluie et a l’habitude qu’on le prenne de haut. Pourtant, il aimerait bien savoir ce qui traverse l’esprit de la dernière fille du Marquis. Ne serait-ce que pour savoir s’il doit réellement se sentir vexé ou non.
« Ce n’est rien, Mademoiselle. » Non, vraiment, ce n’est rien. Peu importe la personne qu’il aurait rencontré en une telle circonstance, les fleurs auraient été là. C’est peut-être l’une des rares choses qu’il a appris de sa mère, probablement. Des fleurs feront plaisir à n’importe quelle femme, disait-elle. Même si elle ne pensait guère « n’importe laquelle ».
Cela aussi fait parti des choses qu’il ne se précipitera guère d’évoquer auprès de sa mère, d’ailleurs. Il imagine déjà la scène si elle apprend qu’il a été « présenté » (et tout ce que cela peut sous-entendre) à la fille d’un Marquis. L’homme n’a-t-il pas trouvé meilleur parti pour sa progéniture, d’ailleurs ? Amaury n’a pas honte de ce qu’il est mais il est lucide tout autant. Au sein de la Cour parisienne, il y a probablement plus riche et plus glorieux qu’un Chevalier, fils et frère de Baron, descendu d’Harcourt.
Il y aurait-il des choses qu’on lui cache ? Il balaie du regard la jeune femme à l’air déconcerté et aux cheveux de feu. Elle ne serait pas… enceinte, au moins ? S’il doit réellement envisager de prendre une épouse, encore espère-t-il que cela soit pour avoir une descendance qui soit sienne. La question du Marquis le sort de ces considérations infondées et un sourire de circonstance naît sur ses lèvres.
« Oh, plutôt bien, Monsieur. J’ai rejoint les rangs des forces du Maréchal et j’apprécie découvrir différentes facettes de Paris par cette nouvelle fonction que j’ai embrassé. » Tout n’est pas simple, cela sous-entend un rythme de vie très occupé. Il n’en a pas conscience, d’ailleurs, mais en quelques mots le voilà qui réaffirme son statut d’homme d’épée avant tout, reléguant en arrière-plan un éventuel rôle d’époux modèle.
« Mais je ne serais pas contre entendre vos recommandations pour les quelques moments où je peux reposer mon épée. » Comme souvent, il est plus facile pour lui de parler avec un homme qu’avec une femme. Il les catégorise le plus souvent comme futiles ou inintéressantes et ne sait guère quoi dire à cette jeune femme qui le dévisage avec ses grands yeux.
28 juin 1590
Dim 12 Sep - 13:34
En retrait, Françoise faisait ce que l’on attendait d’elle, encore. Ses pensées voletaient à des années lumières de cet appartement, laissant à loisir son père et l’homme lui faisant face de converser. Elle pensa à Emilien, à la belle Elise de Navarre qu’elle enviait chaque jour un peu plus pour les libertés dont elle semblait jouir sans rougir. Ah, être Duchesse était donc une croix moins lourde que la sienne ?
Ses oreilles captèrent d’autres palabres et la jeune femme se reconcentra. « J’irais droit au but, Messire. Je cherche à ma dernière fille un mari qui serait en mesure de la protéger des malveillances de la vie. Vous avez retenu mon attention, cela va sans dire. »
Horrifiée, Françoise n’aurait su l’être davantage. Mais elle préféra baisser la tête pour regarder ses genoux, laissant sa chevelure masquer son regard. Elle devait recomposer son expression, ne rien laisser paraitre.
« Bien sûr, je ne vous demande pas de réponse dans la seconde. Mais si vous acceptiez de faire connaissance avec ma fille, j’en serais ravi. Et elle également, n’est-ce pas, Françoise ? »
« O-Oui. Avec plaisir, évidemment. »
Si tel était son rôle, après tout.
Dim 12 Sep - 14:24
Amaury aurait préféré que la discussion courtoise prenne son temps, nettement plus intéressé par ce que le Marquis pouvait lui apprendre que le véritable sujet de sa venue ici. L’autre homme, pourtant, n’est pas de ceux qui tournent autour du pot et parvient à déstabiliser quelque peu le de Bray. Il prend sur lui, entend ce que le Marquis a à lui dire et hoche la tête. Est-ce donc pour cela qu’il l’a choisi ? Par protection pour sa fille ? L’argument se tient mais Amaury ne parvient pas à complètement enfouir son étonnement.
« Je suis flatté et en même temps un peu surpris que vous pensiez à moi pour cela, Monsieur le Marquis. » Chevalier inconnu à la Cour il y a peu, voilà un tournant inattendu. « Je vous rejoins cependant, je me dévouerais entièrement à la protection de la femme que je prendrais pour épouse. »
« La » question lui est finalement posée sans que ce dernier n’ait réellement réussi à prendre une décision. Est-ce qu’une autre occasion se présentera un jour ? S’il n’accepte pas un tel mariage de convenance, croit-il réellement que son destin soit d’attendre un mariage de sentiment ? La pensée lui traverse l’esprit avec ironie. Non, bien sûr que non.
Les yeux d’Amaury glissent sur la jeune femme. Elle n’a pas de charme particulier et semble résignée. Il sait qu’elle n’a pas son mot à dire mais peut-être aurait-il plus été attiré par une femme avec un tempérament plus affirmé. Quoique… cela ne serait sans doute pas un cadeau non plus. Il ne voit rien de tout cela comme un « cadeau », d’ailleurs. Plutôt une énième formalité à laquelle il doit se plier. Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera quand ? Et qui ? Pourquoi elle plus qu’une autre ?
Ou plutôt… pourquoi pas elle ? C’est une fille de Marquis, d’autres envieraient sa position. Rien de tout cela ne l’enchante mais il s’entend tout de même répondre : « Je serais heureux de faire plus amplement votre connaissance, Mademoiselle de Bellevallée. » Il a un sourire appuyé en sa direction puis se tourne vers l’autre homme.
« Serait-ce trop audacieux de ma part que de proposer une promenade avec votre fille en bord de Seine, un de ces jours ? »
« Je suis flatté et en même temps un peu surpris que vous pensiez à moi pour cela, Monsieur le Marquis. » Chevalier inconnu à la Cour il y a peu, voilà un tournant inattendu. « Je vous rejoins cependant, je me dévouerais entièrement à la protection de la femme que je prendrais pour épouse. »
« La » question lui est finalement posée sans que ce dernier n’ait réellement réussi à prendre une décision. Est-ce qu’une autre occasion se présentera un jour ? S’il n’accepte pas un tel mariage de convenance, croit-il réellement que son destin soit d’attendre un mariage de sentiment ? La pensée lui traverse l’esprit avec ironie. Non, bien sûr que non.
Les yeux d’Amaury glissent sur la jeune femme. Elle n’a pas de charme particulier et semble résignée. Il sait qu’elle n’a pas son mot à dire mais peut-être aurait-il plus été attiré par une femme avec un tempérament plus affirmé. Quoique… cela ne serait sans doute pas un cadeau non plus. Il ne voit rien de tout cela comme un « cadeau », d’ailleurs. Plutôt une énième formalité à laquelle il doit se plier. Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera quand ? Et qui ? Pourquoi elle plus qu’une autre ?
Ou plutôt… pourquoi pas elle ? C’est une fille de Marquis, d’autres envieraient sa position. Rien de tout cela ne l’enchante mais il s’entend tout de même répondre : « Je serais heureux de faire plus amplement votre connaissance, Mademoiselle de Bellevallée. » Il a un sourire appuyé en sa direction puis se tourne vers l’autre homme.
« Serait-ce trop audacieux de ma part que de proposer une promenade avec votre fille en bord de Seine, un de ces jours ? »
28 juin 1590