Qu’est-ce qu’il lui a pris ?! Mais qu’est-ce qu’il lui a pris ?! Les chats ne l’aiment pas et il n’aime pas les chats ! Voilà une vérité mathématique qu’il devrait s’ancrer dans la tête une bonne fois pour toute ! Si le chaton semblait plutôt tranquille, c’est sans compter la mère qui, en une fraction de seconde est passée de « méfiante » à « furie ». Il n’a rien vu venir et la chatte lui saute au visage.

« Hé ?! » Il en tombe sur les fesses et ne percute pas tout de suite le nombre de coups de griffes qui lui lacèrent le visage et le cou. Ça fait mal, ça brule et il lui faut s’y prendre à deux mains pour reculer le corps félin de sa tête. Heureusement, il a maintenu les yeux fermés – réflexe salvateur – et lorsqu’il les rouvre c’est pour voir l’animal qui continue à s’agiter farouchement, dans le vide. Un diable sorti de sa boîte. La chatte remue tellement qu’elle parvient à se laisser tomber au sol, fuyant sans demander son reste.

Amaury, lui, a besoin de quelques secondes pour réaliser ce qui vient de se passer.

« Bon sang… » Il enlève le gant de sa main droite et la passe sur son visage. Quelques légères traces de sang lui confirme qu’elle ne l’a pas mangé. Il s’essuie d’un revers de la manche et retient une quantité phénoménal de jurons qui lui traversent l’esprit. Pourquoi s’est-il entêté à vouloir fouiller l’entièreté de cette maison ?

De toutes les cicatrices de guerre qu’il aurait pu envisager, celles faites par un chat enragé n’étaient pas sur la liste. C’est alors qu’il pose les yeux sur l’endroit où la chatte et ses chatons étaient posés, jusque-là. A la place des – diaboliques – boules de poils se trouve… quelque chose. Il remet son gant et vient récupérer, dans sa main, une espèce de boule verte, étrangement lumineuse. Il n’a jamais rien vu de tel.

Tant qu’à avoir été ainsi l’objet du déchaînement d’un chat, il se décide pour lui voler son butin. Il glisse l’objet dans l’une de ses poches. On ne sait jamais.

Il se relève ensuite en pestant, ressentant un sentiment d’inconfort à chaque mimique que peut réaliser son visage.

« Plus jamais. »

On ne l’y reprendra plus à s’approcher de ces créatures du démon. Il sort finalement de la maison, l’air mauvais.
Il n’a aucune idée d’où peuvent bien se trouver les deux autres mais de là où il est, il remarque une bâtisse en contre-bas.

Il descend en sa direction, tout en se passant sa main gantée sur la figure, en maugréant.

(Rejoint l'auberge (n°5).)

En s’approchant de la maison en question, Amaury en remarque la porte entrouverte. Rapidement, il comprend que c’est une auberge et entre. Devant lui, à même pas deux mètres, il reconnait sans mal le port altier du Duc d’Orléans. Bien, comme ça il n’a pas à chercher autre mesure.

Machinalement il baisse légèrement le visage, pas forcément fier des traces désormais rouges qu’il arbore. Il s’arrête en entendant la gérante, avec un drôle de cache-œil, discuter avec Charles. Ce n’est pas bien difficile de comprendre que ce dernier l’a interrogé sur les événements récents.

Amaury tend l’oreille mais n’a pas le temps de particulièrement observer les lieux que la femme réagit à sa vue.

« Hm. Quelque chose comme ça, oui. » Il murmure plus qu’il ne répond et salue simplement le Duc d’un hochement de la tête. Si on pouvait éviter de revenir sur son allure, ça l’arrangerait.

Machinalement, il glisse sa main dans la poche de son veston et s’assure que l’étrange boule verte est toujours là. Il regarde ensuite Charles qui pose des pièces sur le comptoir de l’auberge et s’avance pour être à son niveau.

« Du nouveau ? »

C’est la tenancière qui lui répond, finalement, ravie de constater que les pièces données par le Duc sont bien réelles. Amaury l’écoute, oubliant par là-même l’état de son visage et se concentre sur les éléments qui leur sont indiqués. S’ils veulent avancer dans leur enquête, il faut qu’il soit attentif.

« Encore cette histoire de boules blanches… » Il a un soupir et l’idée lui vient. D’une main, il sort l’objet farouchement – ce n’est pas peu dire – protégée par l’animal enragé de la maison précédente. Il tend sa main, à plat, et la sphère en occupe l’entièreté de sa paume. « Est-ce que ça aurait pu ressembler à ça, ces boules ? Vous avez une idée ? »

C’est un peu un coup d’épée dans l’eau, mais sait-on jamais. Un démon à l’apparence d’un enfant, voilà qui ne le réjouit pas non plus. Un enfant, est-il dit, et pourtant c’est l’image du vieillard hystérique qui lui vient en tête. Il pourrait être un démon, lui aussi, qu’il n’en serait pas étonné. Il a un mouvement de la tête pour chasser cette pensée.

« Hé bien, c’est charmant par ici. » Souffle-t-il. Il le pensait déjà au gré de ses visites chez les habitants.

Charles interroge fort à propos et Amaury acquiesce. « Oui, je sors d’une maison vide également, par derrière la bute un peu plus loin. »

Profitant du fait que la tenancière accepte de leur parler, le chevalier enchérit : « Est-ce que vous savez quelque chose d’un vieillard recueilli il y a peu par la dénommée Lilas ? Et… « Pen-Pen », ça vous parle ? » Tant qu’à avoir des interrogations, autant les exprimer.

Amaury n’apprécie pas la remarque de la gérante à qui il jette un regard noir. Il s’abstient de rebondir, pourtant, et laisse Charles faire preuve de diplomatie. Dans cette histoire abracadabrante, c’est sans doute ce qu’il y a de mieux à faire.

Il remet l’objet dans sa poche et soupire. « Cinq mois, c’est une éternité. » A l’évocation de la jeune femme et du vieux fou, il secoue la tête. Tout ce qui ne marche pas droit, c’est peu dire.

Il laisse le Duc remercier pour eux deux et jette un regard circulaire une fois sorti de l’auberge.

« Non, je ne l’ai pas recroisée après notre observation de la carriole. » Il essaie de se repérer et fait remarquer : « Puisque nous venons de là (il désigne l’axe menant à la maison de Marcus et Yves), sans doute a-t-elle progressé dans ce sens ? » Il dit cela en désignant les bâtisses à l'opposé, en redescendant. « Des gens l’ont peut-être aperçue.  Je viens de par-delà la butte, pour ma part. » Cela limite un peu le champ de recherche.

« Je propose de tenter notre chance par là. »

En marchant, il fait remarquer.

« Ça m’a l’air d’être une sacrée affaire, en tout cas. Ces boules blanches, ces disparitions. Si ce prétendu démon se cache il peut être n’importe où. »

(Propose de se rapprocher vers la zone auprès des maisons 9 et 10.)