Jeu 25 Mar - 0:43
L’agitation et la frustration qui se lisent le plus souvent sur le visage d’Amaury de Bray sont comme une carapace qu’il s’est forgé au fil du temps. Un bouclier nécessaire. Son sens moral, son empathie et son engagement pour la défense de l’humanité, eux, seront bien plus discrets.
Ce n’est pas qu’il en a honte, disons simplement qu’il sait très bien l’image qu’il dégage avec sa petite taille et ses grands yeux. Beaucoup le rajeunissent quand d’autres ne le considèrent absolument pas. Il n’est pas crédible aux yeux de beaucoup, c’est pourquoi il en est très tôt venu à se débattre, s’agacer et foncer tête baissée dans toutes sortes de combat. C’est ainsi qu’on le remarque. Ainsi et grâce à sa rigueur à l’entraînement et ses qualités d’épéiste. S’il en était autrement, s’il mettait à jour sa grande humanité et qu’on le voyait doux ou gentil, tous ses efforts tomberaient à l’eau. Ceux dont il est véritablement proches savent qu’il peut l’être mais ont appris à ne pas le relever, sans quoi il se renfrogne.
Ne vous fiez pas à son apparente immaturité : bien des causes l’animent et pour lesquelles il ne reculerait devant rien. Il est fier de son statut et honore la tête haute ses vœux de chevalier. Il est conscient des responsabilités qui sont les siennes et au-delà de sa grande vivacité respecte toujours ses engagements.
Une certitude toutefois : le Chevalier de Bray ne connaît pas les nuances. Il peut passer d’un profond mutisme, prompt à vous juger silencieusement, le regard noir et les lèvres pincées, à l’explosion de colère la plus vive et la plus brutale, le ton haut et sans filtre. Tout dépendra du contexte et surtout, de qui est présent. Il peut jouer les observateurs discrets, c’est vrai, mais manque véritablement de calme. Celui réel, pas feint. Des fois vous le verrez adossé à un mur ou crispé sur son cheval. S’il se passe des choses qui ne lui conviennent pas et auxquelles il n’est pas tenu de réagir, il sera raide, le regard sombre. Il lui faudra se défouler ensuite (par l’entraînement, généralement). C’est un homme entier, certes, mais n’est pas une mauvaise personne. Disons simplement qu’il vit les choses un peu trop intensément et n’a pas trouvé la meilleure manière de faire face aux contrariétés. Entre mutisme rageur et colère bruyante, son cœur balance.
Même s’il veut l’être, il n’est pas toujours juste, Amaury. Ni dans sa morale, ni dans ses actes. Il manque de recul et se laisse trop facilement porté par son besoin d’agir. Aussi, il juge facilement l’immobilité qu’il considère souvent comme de l’inaction ou de la mollesse. Il n’aime pas les gens mous. Il n’aime pas les gens qui lui paraissent plus sûrs d’eux qu’il ne l’est lui-même. Il y a tellement de traits de caractères face auxquels il n’agit pas comme il le devrait… parce qu’il est trop facilement envieux. Des envies qu’il ne veut pas nécessairement exprimer mais que ses gestes, empressés, trahissent parfois. Son attitude aurait pu lui jouer des tours dans bien des situations, mais il a la chance d’être au service d’un homme qui tolère certaine de ses sautes d’humeur.
Sans être un fervent dévot – il lui serait impossible de résister à bien des plaisirs terrestres – Amaury croit fortement en Dieu. Il croit cet être, tout là-haut, qui aurait un projet pour chacun des hommes et fait en sorte de les guider dans la bonne direction. Donnant tout aussi vite qu’il reprend, et attendant d’eux des actes de bonne foi. Sa dévotion est sans doute maladroite et pudique. Privée. S’il prie parfois, c’est à des horaires décalés, souvent avant ou après une mission difficile. Une croix pend au bout d’une longue chaîne et tombe sur son torse. Il en parle peu mais réfléchit beaucoup à ce qu’Il pourrait attendre de lui. Il est convaincu que son habilité à l’épée et au mousquet est un don qui lui a été confié pour protéger la vie humaine.
Fils cadet du Baron et de la Baronne de Bray, neuf années le séparent de son grand-frère, Maïeul. Très tôt, il a ressenti comme un fossé entre eux. Vu toutes les ambitions que plaçaient ses parents dans leur aîné, cela n’a rien d’étonnant. Adolescent, Maïeul était bien différent d’Amaury. Il était déjà bon et appliqué, cherchant à contenter tout le monde. Il accaparait malgré lui ses parents autant que ses instructeurs. Il était celui qui reprendrait le domaine, le titre, et faisait en sorte d’être à la hauteur de cette responsabilité, tout en étant toujours aimable avec son frère. Amaury, lui, n’était que le second, il arrivait après. Longtemps – à tort ou à raison – il s’est enfermé dans cette conviction et redoublait d’ingéniosité pour se faire remarquer. Il a fugué plus d’une fois, a manqué à l’étiquette lors de réceptions importantes et se souvient de bien trop de corrections douloureusement infligées par son père ou le majordome du château.
Le Baron de Bray était un homme qui s’intéressait particulièrement à ce que les autres pouvaient penser de lui et la résonance de son titre. Il voulait que tout aille dans son sens et travaillait son allure, ses longs cheveux noirs et sa moustache fine. Il s’informait de tout pour avoir les bons mots en présence d’autres nobles. Dès lors, il mesurait le moindre de ses gestes, la moindre de ses paroles. Tout devait être tel qu’il le souhaitait : il a forgé son aîné en ce sens et avait confiance en sa femme, toute aussi envieuse d’ascension sociale que lui. Occupé à soigner sa propre ambition et modeler Maïeul, il a négligé son deuxième fils, le laissant seul avec ses instructeurs. Le seul que l’enfant écouter : le maître d’armes. Faisant fi des punitions et autres menaces, Amaury préférait s’aventurer au-delà du domaine et croiser le fer, quand il en a eu l’âge, avec des paysans et autres apprentis forgerons nullement conscient qu’ils retenaient leurs coups, pour la plupart, informés de qui il était. La qualité de sa livrée ne laissait que peu de doute, après tout.
Alors son père a trouvé comment faire d’une pierre de coup : à treize ans, après avoir reçu l’instruction attendue pour tout jeune noble, Amaury est parti pour devenir écuyer, placé au près du Vicomte d’Émanville avec qui le Baron était en bon termes. D’une certaine façon, cette décision a contenté tout le monde. En s’éloignant de Bray, Amaury a cru gagner un semblant de liberté. Ce n’était pas complètement faux, mais il a surtout fait ses armes (au sens propre), recevant une instruction militaire chevronnée. Le Vicomte d’Émanville était un homme véritablement pieux qui souhaitait avoir à son service des hommes entièrement dévoués à la cause de Dieu et à sa protection. C’est auprès de ses chevaliers que le fils cadet de Bray a véritablement compris le sens profond de la chevalerie. Il s’est familiarisé avec toutes sortes d’armes, il a appris à nager et à perfectionner des techniques de chasse.
C’est également à cette période qu’il a découvert la fauconnerie. Personne n’attendait de lui qu’il devienne expert en la matière, mais simplement savoir correctement porter le gant, comprendre les techniques d’appel et maîtriser la façon de donner des directives aux faucons, ainsi de suite. Pourtant, en regardant ces animaux si majestueux, à ses yeux, parvenir à s’élever si haut et si vite, fonçant dans leur proie en quelques secondes, il a été scotché. Une forme de fascination qui a su calmer sa manie de constamment s’agiter en tout sens. Non, avec eux il était calme, posé, craignant de faire un mauvais geste et de perturber l’animal. Alors qu’il atteignait ses dix-huit ans, il était quasiment devenu un fauconnier accompli, possédait deux faucons (en plus de ceux du Vicompte) et était capable de prendre soin des rapaces et de leurs donner des instructions justes et comprises. Le maître fauconnier attitré du domaine d’Émanville, Granche, était devenu un homme important dans le quotidien du jeune homme. Il l’écoutait et le respectait.
En parallèle, il accompagnait les chevaliers du Vicomte lorsque ces derniers agissaient auprès de la population, s’interposant entre des rixes ou imposant la loi du Seigneur et par extension, celle du Roi. Il a énormément appris d’eux et lorsqu’il retournait voir sa famille, à Bray, sa colère reprenait le dessus, souvent. Parce que son père ne le considérait que comme un pion qui, une fois Chevalier, pourrait asseoir la bonne réputation de la lignée. Cela ne changeait pas forcément du discours que le Baron tenait envers son aîné, commençant à envisager quel mariage serait le plus profitable. S’il savait bien que chaque titre allait de paire avec des enjeux de pouvoir, Amaury n’appréciait pas les méthodes de son père. Il n’était aucunement question d’honneur. Non. Uniquement des stratégies qui reposaient sur des discours faux et une image modelée. Par chance, le Vicomte ne voulait pas à son servir des hommes perturbés par le vœux du mariage et cela recula le sujet, quant à Amaury. Marier son aîné à un bon parti était une occupation à temps plein, pour le Baron.
Après une veillée d’arme faite de discussion avec le Vicomte d’Émanville et de prière, Amaury fut adoubé Chevalier. Le Vicomte était un homme âgé mais plein de sagesse, qui lui donna de bons conseils. Durant plusieurs années, le désormais Chevalier de Bray honora ses vœux, accompagnant son seigneur dans ses déplacements et rejoignant parfois les soldats lorsque nécessaire. Les brigands qui s’en prenaient aux paysans étaient nombreux.
Plus d’une fois, il passa au domaine de Bray. Pour le mariage de son frère et pour d’autres réceptions organisées par le Baron, se félicitant que ses deux fils suivent des voies façonnées par ses soins. C’est à cette période qu’Amaury commença à mieux comprendre son frère et le respecta dans son application en tant qu’héritier. Il gérait les finances du domaine sous la houlette de leur père et avait une façon bien à lui, faite de diplomatie et de douceur, pour parvenir à prendre la main sur certaines décisions. Maïeul gagna l’admiration de son cadet, tant il subissait tout, des caprices de leur mère aux humiliations de leur père, sans broncher avec un sourire doux. Amaury y parvenait nettement moins, et plus d’une fois il quitta rageusement le domaine en pleine réception, ne voulant pas entendre un mot de plus de ce père cherchant constamment à tirer profit de tout. Les dents du Baron de Bray raclaient le parquet et les seigneurs des environs ne se privaient pas de le dire. Ses genoux s’abîmaient à force de trop de courbettes. Là où il pensait séduire à tout va et se mettre dans les petits papiers de certains nobles (et, il l’espérait, le Comte d’Harcourt et par là même, le Duc de Bretagne), il en devenait risible. Ridicule. Il organisait dès qu’il le pouvait des bals avec musiciens et danseurs, pour être bien vu des grands de ce monde. Derrière, c’était à Maïeul de tenir les comptes pour que ces festivités ne ruinent pas définitivement le domaine.
Un jour, tandis qu’il posté en garde de nuit au château d’Émanville, le fauconnier, Granche, vint le voir, paniqué. L’homme était habituellement posé, cela ne lui ressemblait guère. En quelques mots il souffla « Cela recommence, la bête est revenue dans les fermes à l’Est du domaine. Il paraitrait que c’est une créature immense, grande comme trois hommes, poussée par une force obscure. » Une rumeur qui n’était pas nouvelle, les Chevaliers avaient déjà fait une battue dans ces terres lorsque des disparitions inquiétantes, de bétails tout d’abord puis d’hommes avaient été évoquées. Ils n’avaient rien trouvé.
« Tu es sûr ?
- Oui, j’habite par là-bas. Bruneval de la ferme voisine à ma demeure est venu me voir. Son apprenti a disparu. Il s’est approché de son étable, il parle d’une flaque de sang.
- C’était quand ?
- Il y a peu, je suis venu directement ici. »
Ni une ni deux, Amaury signala à l’un des écuyers qu’il quittait son poste et suivit Granche. Celui-ci ne serait pas venu jusqu’au château sans bonne raison. Une fois à la ferme en question, il descendit de cheval et demanda au fermier et au fauconnier de rester à distance. Son épée à la main, il entra prudemment dans l’étable. Des chevaux énervés qui soufflaient fort mais cela mis à part, pas de bruit. Il avança à pas lents jusqu’à ce qu’au détour de bottes de foin… du sang. Beaucoup de sang. Aucune présence, mais des traces comme il n’en avait jamais vu. Certainement pas un renard. C’était bien plus gros. Un loup ? C’était plus gros encore… Il détailla les traces et derrière lui Granche s’approcha :
« Un loup ?
- Je ne sais pas. Les traces…
- Elles sont énormes.
- Oui. »
Suffisamment imposantes pour être suivies dans l’humidité de la nuit. Ce qu’il fit. Elles s’enfonçaient dans la forêt voisine et même si ce n’était pas une bonne idée, il y alla. Il était hors de question qu’on dise que le Chevalier de Bray avait fait demi-tour. Et puis, s’il revenait de jour, la bête serait bien trop loin. Il chevauchait entre les arbres quand un bruit l’arrêta net. Il descendit de sa monture et, l’épée à la main, alla dans cette direction.
D’un coup, une gigantesque masse sombre surgit. La lueur de la lune lui permit à peine de voir deux grands yeux brillants et une gueule dont gouttait encore du sang. D’un bond l’impressionnante créature fonça sur lui. Il eut un mouvement d’esquive, asséna un coup d’épée… dans le vide. Il se retourna vite, elle était sur lui à nouveau, le faisant tomber sur le dos. Son épée toujours crispée au poing il essaya de se dégager, roula sur le côté, enfonça la pointe de sa lame dans le corps de la bête mais celle-ci ne parut pas plus gênée que ça. Déjà elle revenait sur lui, s’imposant de tout son poids. Il n’était pas de taille… dans tous les sens du terme. Qu’était-ce donc ? Était-ce ainsi que Dieu voulait le voir mourir ?
La créature… le loup ? (Car cela y ressemblait mais bien plus… démoniaque, grand, puissant, difficile à dire) le fixait avec des yeux envieux. Après le fermier cela allait donc être son tour. Il s’agita, essayant de se dégager mais d’un coup de griffe la créature lui lacéra le torse. Sa côte de maille résista seulement des griffes vinrent trancher son cou, laissant une plaie ouverte. L’animal voulut recommencer se délectant peut-être de cette proie à sa merci, approcha sa gueule et… eut un vif mouvement de recul, suivi d’un grognement. Amaury, sonné, ne comprit pas de suite. Il redressa sa tête et constata que lors de son précédent geste la bête avait tiré sur sa chaîne et sa croix chrétienne en argent était désormais visible sur son torse.
« Le… le divin te fait peur, créature ? » Il souffla, incrédule, avant de se redresser quelque peu sur ses jambes, douloureusement, maintenant son épée devant lui. Mais l’animal n’allait pas lui répondre et, bien au contraire, sembla se remettre de sa surprise prête à lui foncer dans les jambes. C’est alors qu’un bruit fusa sur eux suivi d’un autre, la bête se contorsionna de douleur. Une flèche était venue s’enfoncer dans son dos. Puis une deuxième. Puis une troisième. Amaury profita de la situation pour s’avancer vers la créature et lui asséna un nouveau coup d’épée, sur le flanc droit. Celle-ci grogna et se tomba au sol.
Un bruit de cheval alerta le Chevalier qui se recula. Un homme drapé de noir, un arc à la main, se tenait à quelques mètres. « Enfin trouvé. », murmura l’inconnu. Dans le silence de la forêt, simplement perturbé par la lourde respiration d’Amaury et les grognements de la bête, cela s’entendait assez bien. Rapidement, un autre cavalier arriva, l’épée à la main. Deux hommes, encapuchonnés.
« Que… ?
- Écartez-vous ! »
Il fit ce qu’on lui demandait, trop surpris pour réfléchir et vit les deux hommes descendre de leur monture pour s’approcher de la bête. L’animal était en train de souffrir et le deuxième homme la transperça d’un coup d’épée. Une épée plus brillante que celle d’Amaury et, d’un coup, la créature sembla… remuer, bouger, et sa forme se mit à changer. Face à ce spectacle, Amaury ne put retenir une exclamation, tout en se tenant le cou qui continuait de saigner :
« Par tous les saints, qu’est-ce donc ?
- Rien qui ne vous concerne.
- P-pardon ?
- Allez-vous-en, retournez sur vos terres, oubliez tout cela.
- Oublier ?! »
L’homme arrivé en second déchira un bout de tissu de sa cape et le lui tendit : « Vous êtes blessé, mettez ça autour de votre cou et partez. » Amaury récupéra le tissu et se le noua autour du cou, sans pour autant détourner le regard du spectacle de cette bête qui avait perdu de sa splendeur et… « Partez je vous dis. » C’était prononcé comme un ordre. L’homme était plus grand que lui, bien entendu, et le fixait sans ciller. Mais c’était mal connaître le Chevalier de Bray, il n’allait pas se plier aux volontés du moindre inconnu croisé dans la forêt.
« Je suis Chevalier au service du Vicomte d’Émanville, je protège les paysans de ces terres. J’exige de comprendre ce… ce qui se passe.
- Vous n’exigez rien du tout, monsieur le Chevalier. Allez-vous-en, ce sera mieux pour vous. »
L’autre homme s’est détourné de la créature qui gémit toujours et ajoute « Vous avez eu de la chance. Vous avez la vie sauve grâce à ceci. » Il fit un signe en direction de la croix bien apparente sur le torse d’Amaury.
« Comment ?
- L’argent. Ils n’aiment pas l’argent. »
Cela expliquait tout, et probablement la brillance de l’épée et des flèches. L’homme à l’épée intervint « N’en dites pas plus. Et vous, êtes-vous donc sourd ? Partez, ou nous devrons vous y forcer. »
Amaury avait déjà le poing crispé sur son épée quand il remarqua que la bête n’était plus si bestiale que cela. La lune était haute, pleine, et sa lueur suffisamment importante pour déceler qu’à la place de poils il y avait maintenant de la peau ? Une silhouette. Un…
« Un homme ?! Quel est ce maléfice ?
- Rien qui ne vous concerne. »
Comme s’il en avait l’habitude, l’homme à l’arc se mit à attacher les jambes et les poignets de ce qui était devenu un homme, tandis que l’autre s’approcha d’Amaury, l’air mauvais :
« Une dernière fois, partez et oubliez, Chevalier.
- Non. Je veux des réponses. Qui êtes-vous ? Quelle est cette créature du diable ? »
L’autre avait déjà l’épée levée et Amaury se mit en posture de combat.
« Vous n’êtes pas Chevaliers.
- Non.
- Vous ne semblez pas surpris par un tel… phénomène.
- Non.
- Alors dites-moi !
- Nous ne vous dirons rien. Retournez sur vos terres, défendez vos paysans, partez je vous dis !
- Non. »
L’homme le dominait de sa taille mais Amaury en avait l’habitude, il attendait le premier coup, même si son corps était encore sous le choc de l’affrontement avec la créature. C’est l’autre homme, qui avait désormais chargé la créature sur sa monture qui prit la parole, cette fois :
« Vous n’êtes pas en état de vous battre, Chevalier. Cela ne servirait à rien.
- Expliquez-moi. Si des créatures pareilles existent, je veux… je veux les combattre !
- …
- Il a affronté la bête… peut-être…
- Non. Il n’a pas ce qu’il faut.
- Nous avons besoin d’épées, il a le courage, vous avez vu comme moi, il l’a combattu.
- Mais a-t-il l’âme ?
- Nous verrons bien. »
Amaury commençait à bouillonner. Ils parlaient de lui sans le considérer. Finalement, l’homme à l’arc se tourna vers lui.
« Tenez votre langue, Chevalier. Ne dites rien à personne de ce que vous avez vu cette nuit.
- Je…
- Personne ne vous croira, de toute façon.
- Tenez votre langue et réfléchissez. »
Les deux hommes se remirent sur leurs montures, tandis que le cheval d’Amaury s’était approché de lui. L’homme à l’épée commençait à s’éloigner quand le deuxième se retourna :
« Vous n’aurez jamais des réponses à tout. Nous ne les avons pas nous-mêmes. Mais si vous voulez véritablement vous battre contre ces créatures, Chevalier, venez un jour à Beaufour, ce tissu à la main, et nous vous trouverons. D’ici là, tenez votre langue. Si ce n’est pas le cas… nous vous trouverons aussi. »
C’était une menace autant qu’une invitation, et Amaury n’en comprit pas tout. Il rentra sur les terres d’Émanville, prétendit qu’il s’agissait bel et bien d’un loup et se fit soigner. Cette nuit-là, il pria longtemps, secoué par ce qu’il avait vu. Un homme habité par le malin, qui s’était transformé en bête assoiffée de sang. De ce qu’avaient dit les deux inconnus, ce n’était pas un cas isolé. Cela allait dans le sens des disparitions passées, alors. Dans les mois qui suivirent, il se fit plus vigilant envers toutes les histoires macabres qu’il pouvait entendre dans la région. Et il y en avait. Difficile toutefois de démêler le vrai du faux mais certaines paraissaient coller avec cette créature.
Peu de temps après, toutefois, le Vicomte d’Émanville mourut. Cela n’était pas véritablement une surprise, mais Amaury avait pris ses habitudes à Émanville et respectait le Vicomte. La femme de ce dernier, âgée elle aussi, le libéra de sa charge au service de son domaine. C’était une dame discrète qui estimait qu’à elle seule, elle n’avait pas besoin de tout ce faste.
Il avait vingt-six ans, il était « libre » mais sans raison d’utiliser son épée. Il se rendit finalement à Beaufour. Petit à petit il s’était mis en tête que tout cela n’avait rien d’un hasard, et que si cette créature démoniaque avait croisé sa route c’était qu’Il en avait décidé ainsi. Il n’allait pas se détourner de cette mission. Protéger la population c’était se mettre entre elle et ces… choses. C’était agir. Amaury de Bray n’était pas du genre à rester sans rien faire.
Alors… il fit ce qu’on lui avait demandé, le tissu accroché à son bras, il parcourut le village, le regard aux aguets. Jusqu’à ce qu’un homme aille à sa rencontre, visiblement prévenu. A partir de là, on testa sa ténacité et sa détermination. On le fit s’entraîner – énormément – et combattre sans explication dans un premier temps. Sans rien savoir. Une voix intérieure lui disait qu’il devait surpasser ça, se montrer à la hauteur. Il aurait eu bien des raisons d’abandonner… il ne le fit pas. Son honneur était en jeu autant que ses croyances. Jamais le mot « secret » n’avait ainsi revêtu tout son sens. Pendant plusieurs semaines, il fut malmené et entraîné… jusqu’à ce qu’un monde se dévoile progressivement à lui : celui de la Milice. Progressivement toutefois, car les bribes d’informations ne lui étaient données qu’au compte-goutte, s’il s’en montrait digne. Beaufour était l’un des chefs-lieux de la Milice en région et il dut faire ses preuves pour gagner la confiance de ses pairs. Ils n’étaient pas nombreux et la plupart étaient des gens de peu de foi, des rodeurs et mercenaires isolés, pour la majorité sans famille ou avec des convictions… variées. Il tranchait sur ce décor et le savait. Alors il apprit à ne pas poser trop de questions, agissant quand on le lui demandait. Il savait se battre et ne reculait pas. Il parvint à survivre à des chasses sanglantes. Au fond de lui il restait toute de même une forme d’incompréhension bien réelle quant à l’existence de ces créatures. Une incarnation du malin, il en était convaincu, qui jouait sur des vies humaines pour brouiller les pistes. Raison de plus pour combattre.
Il alterna un temps présence sur Bray et déplacements pour la Milice. Officiellement, cependant, il n’était plus au service de personne et cela n’arrangeait pas les affaires de son père, le Baron de Bray. C’est ce dernier qui joua des coudes et de la bonne renommée acquise par Amaury auprès du Vicomte d’Émanville pour que son fils se place au service du Duc de Bretagne. Cela pris du temps mais parvint à se faire, tandis que des tensions avec une région voisine poussaient la Duc à renforcer le nombre de ses Chevaliers. Servir cet homme était un honneur infini, Amaury en avait bien conscience, et pris sur lui pour calmer ses sautes d’humeur et être le plus irréprochable
Il comprit assez vite, toutefois, qu’il était surtout attendu de lui de protéger l'une des filles du Duc, Héloïse. Au début, il le prit mal, se demandant pourquoi on l’assignait auprès d’une jeune fille… Il n’eut pas la réponse et se dévoua tout de même à sa tâche. C’était une mission comme une autre, bien plus calme en vérité que celle qui l’occupait autrement certaines nuits quand il était alerté d’une traque et autre chasse.
Chevalier pour la fille cadette du Duc de Bretagne, officiellement.
Milicien, officieusement.
Il avait vingt-neuf ans quand son père, finalement, décéda de la goutte. Il n’en fut pas affecté autant qu’il l’aurait dû, certainement. Maïeul reprit le titre de son père et la population de Bray ne cacha pas une forme de soulagement. Le tout nouveau Baron, même avant d’en avoir la charge, avait su se faire une réputation d’homme bon et à l’écoute. Sa femme était sage et Amaury avait conscience que son frère était certainement la meilleure personne pour reprendre la baronnie. A partir du moment où son père était alité, et bien plus après sa mort, il passa plus fréquemment sur les terres de son enfance et se rapprocha véritablement de son frère. Sa mère, quant à elle, était devenue aigrie suite à la mort de son mari et redoubla d’exigences envers son aîné.
Auprès de la jeune Héloïse, Amaury développa une forme de complicité qui allégeait la pression sur ses épaules, tant celle-ci était grande lorsqu’il agissait en milicien. Le secret et l’odeur du sang le suivaient partout, désormais. Cette dualité n’était pas simple mais il finit par y trouver un équilibre. Un équilibre un peu secoué lors du mariage de la seconde fille du Duc de Bretagne avec le jeune Comte d’Harcourt. La baronnie de Bray était rattachée au duché de Bretagne et lorsque le mariage fut scellé, les terres de Bray – entre autres – furent incluses dans la dot. Si bien qu’Amaury passa finalement du service d’Héloïse, désormais Comtesse, au service du Comte d’Harcourt en lui-même. Un jeune homme blond et désinvolte dont Amaury ne sut pas quoi penser, de prime abord. La jeune femme paraissait heureuse, c’était ce qui lui importait. Le Comte était différent, il n’avait pas le tempérament pétillant d’Héloïse et Amaury resta dans un premier temps en retrait, attendant de voir ce qu’on lui demanderait. Au fur et à mesure des premières semaines, leur relation s’assouplit un peu. Amaury comprit qu’auprès du Comte il pourrait véritablement tenir un rôle, comme il le désirait.
Le voyage de noces du couple fut préparé avec application et le Chevalier de Bray s’attendait à œuvrer à leur protection, bien entendu. Il fut surpris lorsque le Comte lui demanda, plutôt, de se rendre à la Cour de Paris avec ses autres chevaliers, afin de le représenter. Il précisa qu’il les rejoindrait bientôt et qu’il préférait être quasiment seul à seul avec sa belle et jeune épouse. Une demande qui allait à l’encontre des mœurs et des habitudes, dans ce genre de situation. Amaury avait bien compris jusque-là que le Comte n’était pas du genre à respecter l’étiquette à la lettre, mais tout de même…
Il se plia à la demande, cependant. Il n’avait jamais eu l’occasion de mettre les pieds à Paris, et était plus que curieux de ce qu’il y verrait. Pour son rôle de milicien, ce n’était pas non plus une mauvaise chose. La capitale était le siège de la Milice, c’était l’origine de tout. Une lettre de recommandation factice (inintéressante pour qui n’en connait pas les secrets) et des conseils lui furent donnés pour entrer en contact avec les miliciens de la capitale.
Une fois prêt, il prit donc la route de Paris.
Emme
Identité :
Amaury Isaure de BraySexe :
Masculin.Date et lieu de naissance :
Né le 27 mars 1559, dans le château de Bray (région de Haute-Normandie).Âge :
Avec le printemps est arrivée sa trente-et-unième année.Race :
Humain.Groupe :
Haute-noblesse, frère du Baron de Bray.Fonction :
Chevalier au service du Comte d’Harcourt. Il est également l'un des bras armés de la Milice.Condition sociale :
Des plus correctes, de par sa naissance et son titre de Chevalier. Amaury a entièrement confiance en son frère en ce qui concerne la santé financière des terres de Bray.À savoir :
1,60m (si vous osez faire une remarque là-dessus, c'est à vos risques et périls) ● Quand il n'agit pas pour la Milice, revêt très souvent une longue cape vert foncé ● A un grand respect pour son frère aîné, Maïeul, désormais Baron de Bray ● Ne craint pas la mort si elle survient pour une noble cause mais refuse de n'être qu'une vie inutile ● S'entraîne bien plus qu'il ne se cultive ● Laisse souvent ses yeux et ses oreilles traîner et possède une bonne mémoire ● Maîtrise parfaitement l'étiquette et sait qu'il suffit d'un mot pour monter haut (ou descendre tout aussi vite) ● Quand il pense à son père, associe systématiquement l'ambiance sombre et humide de la pièce où celui-ci a fini ses jours ● Tient mal l'alcool, une fois ivre a toujours envie de se battre ● Grand adepte de fauconnerie, possède deux faucons (un pèlerin et un crécerelle) formés au vol au poing.Caractère :
Impulsif ● travailleur ● envers une cause ou une personne qu’il respecte, il saura être des plus fidèles ● déterminé ● ambitieux ● courageux ● tenace ● croyant ● colérique ● compétiteur ● a tendance à se précipiter ● humain, dans tout ce que cela englobe de bon et de mauvais ● plutôt rancunier ● supporte mal l’échec ● a de fortes convictions ● convaincu d’être toujours dans le juste et peut s’entêter jusqu’au bout, par principe. L’agitation et la frustration qui se lisent le plus souvent sur le visage d’Amaury de Bray sont comme une carapace qu’il s’est forgé au fil du temps. Un bouclier nécessaire. Son sens moral, son empathie et son engagement pour la défense de l’humanité, eux, seront bien plus discrets.
Ce n’est pas qu’il en a honte, disons simplement qu’il sait très bien l’image qu’il dégage avec sa petite taille et ses grands yeux. Beaucoup le rajeunissent quand d’autres ne le considèrent absolument pas. Il n’est pas crédible aux yeux de beaucoup, c’est pourquoi il en est très tôt venu à se débattre, s’agacer et foncer tête baissée dans toutes sortes de combat. C’est ainsi qu’on le remarque. Ainsi et grâce à sa rigueur à l’entraînement et ses qualités d’épéiste. S’il en était autrement, s’il mettait à jour sa grande humanité et qu’on le voyait doux ou gentil, tous ses efforts tomberaient à l’eau. Ceux dont il est véritablement proches savent qu’il peut l’être mais ont appris à ne pas le relever, sans quoi il se renfrogne.
Ne vous fiez pas à son apparente immaturité : bien des causes l’animent et pour lesquelles il ne reculerait devant rien. Il est fier de son statut et honore la tête haute ses vœux de chevalier. Il est conscient des responsabilités qui sont les siennes et au-delà de sa grande vivacité respecte toujours ses engagements.
Une certitude toutefois : le Chevalier de Bray ne connaît pas les nuances. Il peut passer d’un profond mutisme, prompt à vous juger silencieusement, le regard noir et les lèvres pincées, à l’explosion de colère la plus vive et la plus brutale, le ton haut et sans filtre. Tout dépendra du contexte et surtout, de qui est présent. Il peut jouer les observateurs discrets, c’est vrai, mais manque véritablement de calme. Celui réel, pas feint. Des fois vous le verrez adossé à un mur ou crispé sur son cheval. S’il se passe des choses qui ne lui conviennent pas et auxquelles il n’est pas tenu de réagir, il sera raide, le regard sombre. Il lui faudra se défouler ensuite (par l’entraînement, généralement). C’est un homme entier, certes, mais n’est pas une mauvaise personne. Disons simplement qu’il vit les choses un peu trop intensément et n’a pas trouvé la meilleure manière de faire face aux contrariétés. Entre mutisme rageur et colère bruyante, son cœur balance.
Même s’il veut l’être, il n’est pas toujours juste, Amaury. Ni dans sa morale, ni dans ses actes. Il manque de recul et se laisse trop facilement porté par son besoin d’agir. Aussi, il juge facilement l’immobilité qu’il considère souvent comme de l’inaction ou de la mollesse. Il n’aime pas les gens mous. Il n’aime pas les gens qui lui paraissent plus sûrs d’eux qu’il ne l’est lui-même. Il y a tellement de traits de caractères face auxquels il n’agit pas comme il le devrait… parce qu’il est trop facilement envieux. Des envies qu’il ne veut pas nécessairement exprimer mais que ses gestes, empressés, trahissent parfois. Son attitude aurait pu lui jouer des tours dans bien des situations, mais il a la chance d’être au service d’un homme qui tolère certaine de ses sautes d’humeur.
Sans être un fervent dévot – il lui serait impossible de résister à bien des plaisirs terrestres – Amaury croit fortement en Dieu. Il croit cet être, tout là-haut, qui aurait un projet pour chacun des hommes et fait en sorte de les guider dans la bonne direction. Donnant tout aussi vite qu’il reprend, et attendant d’eux des actes de bonne foi. Sa dévotion est sans doute maladroite et pudique. Privée. S’il prie parfois, c’est à des horaires décalés, souvent avant ou après une mission difficile. Une croix pend au bout d’une longue chaîne et tombe sur son torse. Il en parle peu mais réfléchit beaucoup à ce qu’Il pourrait attendre de lui. Il est convaincu que son habilité à l’épée et au mousquet est un don qui lui a été confié pour protéger la vie humaine.
Histoire :
Sans trop de surprise, Amaury était un enfant difficile. Nourrisson, il pleurait et criait beaucoup trop. Enfant, il s’appliquait à faire toutes les bêtises possibles et inimaginables, pour le plus grand malheur de sa nourrice. Fils cadet du Baron et de la Baronne de Bray, neuf années le séparent de son grand-frère, Maïeul. Très tôt, il a ressenti comme un fossé entre eux. Vu toutes les ambitions que plaçaient ses parents dans leur aîné, cela n’a rien d’étonnant. Adolescent, Maïeul était bien différent d’Amaury. Il était déjà bon et appliqué, cherchant à contenter tout le monde. Il accaparait malgré lui ses parents autant que ses instructeurs. Il était celui qui reprendrait le domaine, le titre, et faisait en sorte d’être à la hauteur de cette responsabilité, tout en étant toujours aimable avec son frère. Amaury, lui, n’était que le second, il arrivait après. Longtemps – à tort ou à raison – il s’est enfermé dans cette conviction et redoublait d’ingéniosité pour se faire remarquer. Il a fugué plus d’une fois, a manqué à l’étiquette lors de réceptions importantes et se souvient de bien trop de corrections douloureusement infligées par son père ou le majordome du château.
Le Baron de Bray était un homme qui s’intéressait particulièrement à ce que les autres pouvaient penser de lui et la résonance de son titre. Il voulait que tout aille dans son sens et travaillait son allure, ses longs cheveux noirs et sa moustache fine. Il s’informait de tout pour avoir les bons mots en présence d’autres nobles. Dès lors, il mesurait le moindre de ses gestes, la moindre de ses paroles. Tout devait être tel qu’il le souhaitait : il a forgé son aîné en ce sens et avait confiance en sa femme, toute aussi envieuse d’ascension sociale que lui. Occupé à soigner sa propre ambition et modeler Maïeul, il a négligé son deuxième fils, le laissant seul avec ses instructeurs. Le seul que l’enfant écouter : le maître d’armes. Faisant fi des punitions et autres menaces, Amaury préférait s’aventurer au-delà du domaine et croiser le fer, quand il en a eu l’âge, avec des paysans et autres apprentis forgerons nullement conscient qu’ils retenaient leurs coups, pour la plupart, informés de qui il était. La qualité de sa livrée ne laissait que peu de doute, après tout.
Alors son père a trouvé comment faire d’une pierre de coup : à treize ans, après avoir reçu l’instruction attendue pour tout jeune noble, Amaury est parti pour devenir écuyer, placé au près du Vicomte d’Émanville avec qui le Baron était en bon termes. D’une certaine façon, cette décision a contenté tout le monde. En s’éloignant de Bray, Amaury a cru gagner un semblant de liberté. Ce n’était pas complètement faux, mais il a surtout fait ses armes (au sens propre), recevant une instruction militaire chevronnée. Le Vicomte d’Émanville était un homme véritablement pieux qui souhaitait avoir à son service des hommes entièrement dévoués à la cause de Dieu et à sa protection. C’est auprès de ses chevaliers que le fils cadet de Bray a véritablement compris le sens profond de la chevalerie. Il s’est familiarisé avec toutes sortes d’armes, il a appris à nager et à perfectionner des techniques de chasse.
C’est également à cette période qu’il a découvert la fauconnerie. Personne n’attendait de lui qu’il devienne expert en la matière, mais simplement savoir correctement porter le gant, comprendre les techniques d’appel et maîtriser la façon de donner des directives aux faucons, ainsi de suite. Pourtant, en regardant ces animaux si majestueux, à ses yeux, parvenir à s’élever si haut et si vite, fonçant dans leur proie en quelques secondes, il a été scotché. Une forme de fascination qui a su calmer sa manie de constamment s’agiter en tout sens. Non, avec eux il était calme, posé, craignant de faire un mauvais geste et de perturber l’animal. Alors qu’il atteignait ses dix-huit ans, il était quasiment devenu un fauconnier accompli, possédait deux faucons (en plus de ceux du Vicompte) et était capable de prendre soin des rapaces et de leurs donner des instructions justes et comprises. Le maître fauconnier attitré du domaine d’Émanville, Granche, était devenu un homme important dans le quotidien du jeune homme. Il l’écoutait et le respectait.
En parallèle, il accompagnait les chevaliers du Vicomte lorsque ces derniers agissaient auprès de la population, s’interposant entre des rixes ou imposant la loi du Seigneur et par extension, celle du Roi. Il a énormément appris d’eux et lorsqu’il retournait voir sa famille, à Bray, sa colère reprenait le dessus, souvent. Parce que son père ne le considérait que comme un pion qui, une fois Chevalier, pourrait asseoir la bonne réputation de la lignée. Cela ne changeait pas forcément du discours que le Baron tenait envers son aîné, commençant à envisager quel mariage serait le plus profitable. S’il savait bien que chaque titre allait de paire avec des enjeux de pouvoir, Amaury n’appréciait pas les méthodes de son père. Il n’était aucunement question d’honneur. Non. Uniquement des stratégies qui reposaient sur des discours faux et une image modelée. Par chance, le Vicomte ne voulait pas à son servir des hommes perturbés par le vœux du mariage et cela recula le sujet, quant à Amaury. Marier son aîné à un bon parti était une occupation à temps plein, pour le Baron.
Après une veillée d’arme faite de discussion avec le Vicomte d’Émanville et de prière, Amaury fut adoubé Chevalier. Le Vicomte était un homme âgé mais plein de sagesse, qui lui donna de bons conseils. Durant plusieurs années, le désormais Chevalier de Bray honora ses vœux, accompagnant son seigneur dans ses déplacements et rejoignant parfois les soldats lorsque nécessaire. Les brigands qui s’en prenaient aux paysans étaient nombreux.
Plus d’une fois, il passa au domaine de Bray. Pour le mariage de son frère et pour d’autres réceptions organisées par le Baron, se félicitant que ses deux fils suivent des voies façonnées par ses soins. C’est à cette période qu’Amaury commença à mieux comprendre son frère et le respecta dans son application en tant qu’héritier. Il gérait les finances du domaine sous la houlette de leur père et avait une façon bien à lui, faite de diplomatie et de douceur, pour parvenir à prendre la main sur certaines décisions. Maïeul gagna l’admiration de son cadet, tant il subissait tout, des caprices de leur mère aux humiliations de leur père, sans broncher avec un sourire doux. Amaury y parvenait nettement moins, et plus d’une fois il quitta rageusement le domaine en pleine réception, ne voulant pas entendre un mot de plus de ce père cherchant constamment à tirer profit de tout. Les dents du Baron de Bray raclaient le parquet et les seigneurs des environs ne se privaient pas de le dire. Ses genoux s’abîmaient à force de trop de courbettes. Là où il pensait séduire à tout va et se mettre dans les petits papiers de certains nobles (et, il l’espérait, le Comte d’Harcourt et par là même, le Duc de Bretagne), il en devenait risible. Ridicule. Il organisait dès qu’il le pouvait des bals avec musiciens et danseurs, pour être bien vu des grands de ce monde. Derrière, c’était à Maïeul de tenir les comptes pour que ces festivités ne ruinent pas définitivement le domaine.
Un jour, tandis qu’il posté en garde de nuit au château d’Émanville, le fauconnier, Granche, vint le voir, paniqué. L’homme était habituellement posé, cela ne lui ressemblait guère. En quelques mots il souffla « Cela recommence, la bête est revenue dans les fermes à l’Est du domaine. Il paraitrait que c’est une créature immense, grande comme trois hommes, poussée par une force obscure. » Une rumeur qui n’était pas nouvelle, les Chevaliers avaient déjà fait une battue dans ces terres lorsque des disparitions inquiétantes, de bétails tout d’abord puis d’hommes avaient été évoquées. Ils n’avaient rien trouvé.
« Tu es sûr ?
- Oui, j’habite par là-bas. Bruneval de la ferme voisine à ma demeure est venu me voir. Son apprenti a disparu. Il s’est approché de son étable, il parle d’une flaque de sang.
- C’était quand ?
- Il y a peu, je suis venu directement ici. »
Ni une ni deux, Amaury signala à l’un des écuyers qu’il quittait son poste et suivit Granche. Celui-ci ne serait pas venu jusqu’au château sans bonne raison. Une fois à la ferme en question, il descendit de cheval et demanda au fermier et au fauconnier de rester à distance. Son épée à la main, il entra prudemment dans l’étable. Des chevaux énervés qui soufflaient fort mais cela mis à part, pas de bruit. Il avança à pas lents jusqu’à ce qu’au détour de bottes de foin… du sang. Beaucoup de sang. Aucune présence, mais des traces comme il n’en avait jamais vu. Certainement pas un renard. C’était bien plus gros. Un loup ? C’était plus gros encore… Il détailla les traces et derrière lui Granche s’approcha :
« Un loup ?
- Je ne sais pas. Les traces…
- Elles sont énormes.
- Oui. »
Suffisamment imposantes pour être suivies dans l’humidité de la nuit. Ce qu’il fit. Elles s’enfonçaient dans la forêt voisine et même si ce n’était pas une bonne idée, il y alla. Il était hors de question qu’on dise que le Chevalier de Bray avait fait demi-tour. Et puis, s’il revenait de jour, la bête serait bien trop loin. Il chevauchait entre les arbres quand un bruit l’arrêta net. Il descendit de sa monture et, l’épée à la main, alla dans cette direction.
D’un coup, une gigantesque masse sombre surgit. La lueur de la lune lui permit à peine de voir deux grands yeux brillants et une gueule dont gouttait encore du sang. D’un bond l’impressionnante créature fonça sur lui. Il eut un mouvement d’esquive, asséna un coup d’épée… dans le vide. Il se retourna vite, elle était sur lui à nouveau, le faisant tomber sur le dos. Son épée toujours crispée au poing il essaya de se dégager, roula sur le côté, enfonça la pointe de sa lame dans le corps de la bête mais celle-ci ne parut pas plus gênée que ça. Déjà elle revenait sur lui, s’imposant de tout son poids. Il n’était pas de taille… dans tous les sens du terme. Qu’était-ce donc ? Était-ce ainsi que Dieu voulait le voir mourir ?
La créature… le loup ? (Car cela y ressemblait mais bien plus… démoniaque, grand, puissant, difficile à dire) le fixait avec des yeux envieux. Après le fermier cela allait donc être son tour. Il s’agita, essayant de se dégager mais d’un coup de griffe la créature lui lacéra le torse. Sa côte de maille résista seulement des griffes vinrent trancher son cou, laissant une plaie ouverte. L’animal voulut recommencer se délectant peut-être de cette proie à sa merci, approcha sa gueule et… eut un vif mouvement de recul, suivi d’un grognement. Amaury, sonné, ne comprit pas de suite. Il redressa sa tête et constata que lors de son précédent geste la bête avait tiré sur sa chaîne et sa croix chrétienne en argent était désormais visible sur son torse.
« Le… le divin te fait peur, créature ? » Il souffla, incrédule, avant de se redresser quelque peu sur ses jambes, douloureusement, maintenant son épée devant lui. Mais l’animal n’allait pas lui répondre et, bien au contraire, sembla se remettre de sa surprise prête à lui foncer dans les jambes. C’est alors qu’un bruit fusa sur eux suivi d’un autre, la bête se contorsionna de douleur. Une flèche était venue s’enfoncer dans son dos. Puis une deuxième. Puis une troisième. Amaury profita de la situation pour s’avancer vers la créature et lui asséna un nouveau coup d’épée, sur le flanc droit. Celle-ci grogna et se tomba au sol.
Un bruit de cheval alerta le Chevalier qui se recula. Un homme drapé de noir, un arc à la main, se tenait à quelques mètres. « Enfin trouvé. », murmura l’inconnu. Dans le silence de la forêt, simplement perturbé par la lourde respiration d’Amaury et les grognements de la bête, cela s’entendait assez bien. Rapidement, un autre cavalier arriva, l’épée à la main. Deux hommes, encapuchonnés.
« Que… ?
- Écartez-vous ! »
Il fit ce qu’on lui demandait, trop surpris pour réfléchir et vit les deux hommes descendre de leur monture pour s’approcher de la bête. L’animal était en train de souffrir et le deuxième homme la transperça d’un coup d’épée. Une épée plus brillante que celle d’Amaury et, d’un coup, la créature sembla… remuer, bouger, et sa forme se mit à changer. Face à ce spectacle, Amaury ne put retenir une exclamation, tout en se tenant le cou qui continuait de saigner :
« Par tous les saints, qu’est-ce donc ?
- Rien qui ne vous concerne.
- P-pardon ?
- Allez-vous-en, retournez sur vos terres, oubliez tout cela.
- Oublier ?! »
L’homme arrivé en second déchira un bout de tissu de sa cape et le lui tendit : « Vous êtes blessé, mettez ça autour de votre cou et partez. » Amaury récupéra le tissu et se le noua autour du cou, sans pour autant détourner le regard du spectacle de cette bête qui avait perdu de sa splendeur et… « Partez je vous dis. » C’était prononcé comme un ordre. L’homme était plus grand que lui, bien entendu, et le fixait sans ciller. Mais c’était mal connaître le Chevalier de Bray, il n’allait pas se plier aux volontés du moindre inconnu croisé dans la forêt.
« Je suis Chevalier au service du Vicomte d’Émanville, je protège les paysans de ces terres. J’exige de comprendre ce… ce qui se passe.
- Vous n’exigez rien du tout, monsieur le Chevalier. Allez-vous-en, ce sera mieux pour vous. »
L’autre homme s’est détourné de la créature qui gémit toujours et ajoute « Vous avez eu de la chance. Vous avez la vie sauve grâce à ceci. » Il fit un signe en direction de la croix bien apparente sur le torse d’Amaury.
« Comment ?
- L’argent. Ils n’aiment pas l’argent. »
Cela expliquait tout, et probablement la brillance de l’épée et des flèches. L’homme à l’épée intervint « N’en dites pas plus. Et vous, êtes-vous donc sourd ? Partez, ou nous devrons vous y forcer. »
Amaury avait déjà le poing crispé sur son épée quand il remarqua que la bête n’était plus si bestiale que cela. La lune était haute, pleine, et sa lueur suffisamment importante pour déceler qu’à la place de poils il y avait maintenant de la peau ? Une silhouette. Un…
« Un homme ?! Quel est ce maléfice ?
- Rien qui ne vous concerne. »
Comme s’il en avait l’habitude, l’homme à l’arc se mit à attacher les jambes et les poignets de ce qui était devenu un homme, tandis que l’autre s’approcha d’Amaury, l’air mauvais :
« Une dernière fois, partez et oubliez, Chevalier.
- Non. Je veux des réponses. Qui êtes-vous ? Quelle est cette créature du diable ? »
L’autre avait déjà l’épée levée et Amaury se mit en posture de combat.
« Vous n’êtes pas Chevaliers.
- Non.
- Vous ne semblez pas surpris par un tel… phénomène.
- Non.
- Alors dites-moi !
- Nous ne vous dirons rien. Retournez sur vos terres, défendez vos paysans, partez je vous dis !
- Non. »
L’homme le dominait de sa taille mais Amaury en avait l’habitude, il attendait le premier coup, même si son corps était encore sous le choc de l’affrontement avec la créature. C’est l’autre homme, qui avait désormais chargé la créature sur sa monture qui prit la parole, cette fois :
« Vous n’êtes pas en état de vous battre, Chevalier. Cela ne servirait à rien.
- Expliquez-moi. Si des créatures pareilles existent, je veux… je veux les combattre !
- …
- Il a affronté la bête… peut-être…
- Non. Il n’a pas ce qu’il faut.
- Nous avons besoin d’épées, il a le courage, vous avez vu comme moi, il l’a combattu.
- Mais a-t-il l’âme ?
- Nous verrons bien. »
Amaury commençait à bouillonner. Ils parlaient de lui sans le considérer. Finalement, l’homme à l’arc se tourna vers lui.
« Tenez votre langue, Chevalier. Ne dites rien à personne de ce que vous avez vu cette nuit.
- Je…
- Personne ne vous croira, de toute façon.
- Tenez votre langue et réfléchissez. »
Les deux hommes se remirent sur leurs montures, tandis que le cheval d’Amaury s’était approché de lui. L’homme à l’épée commençait à s’éloigner quand le deuxième se retourna :
« Vous n’aurez jamais des réponses à tout. Nous ne les avons pas nous-mêmes. Mais si vous voulez véritablement vous battre contre ces créatures, Chevalier, venez un jour à Beaufour, ce tissu à la main, et nous vous trouverons. D’ici là, tenez votre langue. Si ce n’est pas le cas… nous vous trouverons aussi. »
C’était une menace autant qu’une invitation, et Amaury n’en comprit pas tout. Il rentra sur les terres d’Émanville, prétendit qu’il s’agissait bel et bien d’un loup et se fit soigner. Cette nuit-là, il pria longtemps, secoué par ce qu’il avait vu. Un homme habité par le malin, qui s’était transformé en bête assoiffée de sang. De ce qu’avaient dit les deux inconnus, ce n’était pas un cas isolé. Cela allait dans le sens des disparitions passées, alors. Dans les mois qui suivirent, il se fit plus vigilant envers toutes les histoires macabres qu’il pouvait entendre dans la région. Et il y en avait. Difficile toutefois de démêler le vrai du faux mais certaines paraissaient coller avec cette créature.
Peu de temps après, toutefois, le Vicomte d’Émanville mourut. Cela n’était pas véritablement une surprise, mais Amaury avait pris ses habitudes à Émanville et respectait le Vicomte. La femme de ce dernier, âgée elle aussi, le libéra de sa charge au service de son domaine. C’était une dame discrète qui estimait qu’à elle seule, elle n’avait pas besoin de tout ce faste.
Il avait vingt-six ans, il était « libre » mais sans raison d’utiliser son épée. Il se rendit finalement à Beaufour. Petit à petit il s’était mis en tête que tout cela n’avait rien d’un hasard, et que si cette créature démoniaque avait croisé sa route c’était qu’Il en avait décidé ainsi. Il n’allait pas se détourner de cette mission. Protéger la population c’était se mettre entre elle et ces… choses. C’était agir. Amaury de Bray n’était pas du genre à rester sans rien faire.
Alors… il fit ce qu’on lui avait demandé, le tissu accroché à son bras, il parcourut le village, le regard aux aguets. Jusqu’à ce qu’un homme aille à sa rencontre, visiblement prévenu. A partir de là, on testa sa ténacité et sa détermination. On le fit s’entraîner – énormément – et combattre sans explication dans un premier temps. Sans rien savoir. Une voix intérieure lui disait qu’il devait surpasser ça, se montrer à la hauteur. Il aurait eu bien des raisons d’abandonner… il ne le fit pas. Son honneur était en jeu autant que ses croyances. Jamais le mot « secret » n’avait ainsi revêtu tout son sens. Pendant plusieurs semaines, il fut malmené et entraîné… jusqu’à ce qu’un monde se dévoile progressivement à lui : celui de la Milice. Progressivement toutefois, car les bribes d’informations ne lui étaient données qu’au compte-goutte, s’il s’en montrait digne. Beaufour était l’un des chefs-lieux de la Milice en région et il dut faire ses preuves pour gagner la confiance de ses pairs. Ils n’étaient pas nombreux et la plupart étaient des gens de peu de foi, des rodeurs et mercenaires isolés, pour la majorité sans famille ou avec des convictions… variées. Il tranchait sur ce décor et le savait. Alors il apprit à ne pas poser trop de questions, agissant quand on le lui demandait. Il savait se battre et ne reculait pas. Il parvint à survivre à des chasses sanglantes. Au fond de lui il restait toute de même une forme d’incompréhension bien réelle quant à l’existence de ces créatures. Une incarnation du malin, il en était convaincu, qui jouait sur des vies humaines pour brouiller les pistes. Raison de plus pour combattre.
Il alterna un temps présence sur Bray et déplacements pour la Milice. Officiellement, cependant, il n’était plus au service de personne et cela n’arrangeait pas les affaires de son père, le Baron de Bray. C’est ce dernier qui joua des coudes et de la bonne renommée acquise par Amaury auprès du Vicomte d’Émanville pour que son fils se place au service du Duc de Bretagne. Cela pris du temps mais parvint à se faire, tandis que des tensions avec une région voisine poussaient la Duc à renforcer le nombre de ses Chevaliers. Servir cet homme était un honneur infini, Amaury en avait bien conscience, et pris sur lui pour calmer ses sautes d’humeur et être le plus irréprochable
Il comprit assez vite, toutefois, qu’il était surtout attendu de lui de protéger l'une des filles du Duc, Héloïse. Au début, il le prit mal, se demandant pourquoi on l’assignait auprès d’une jeune fille… Il n’eut pas la réponse et se dévoua tout de même à sa tâche. C’était une mission comme une autre, bien plus calme en vérité que celle qui l’occupait autrement certaines nuits quand il était alerté d’une traque et autre chasse.
Chevalier pour la fille cadette du Duc de Bretagne, officiellement.
Milicien, officieusement.
Il avait vingt-neuf ans quand son père, finalement, décéda de la goutte. Il n’en fut pas affecté autant qu’il l’aurait dû, certainement. Maïeul reprit le titre de son père et la population de Bray ne cacha pas une forme de soulagement. Le tout nouveau Baron, même avant d’en avoir la charge, avait su se faire une réputation d’homme bon et à l’écoute. Sa femme était sage et Amaury avait conscience que son frère était certainement la meilleure personne pour reprendre la baronnie. A partir du moment où son père était alité, et bien plus après sa mort, il passa plus fréquemment sur les terres de son enfance et se rapprocha véritablement de son frère. Sa mère, quant à elle, était devenue aigrie suite à la mort de son mari et redoubla d’exigences envers son aîné.
Auprès de la jeune Héloïse, Amaury développa une forme de complicité qui allégeait la pression sur ses épaules, tant celle-ci était grande lorsqu’il agissait en milicien. Le secret et l’odeur du sang le suivaient partout, désormais. Cette dualité n’était pas simple mais il finit par y trouver un équilibre. Un équilibre un peu secoué lors du mariage de la seconde fille du Duc de Bretagne avec le jeune Comte d’Harcourt. La baronnie de Bray était rattachée au duché de Bretagne et lorsque le mariage fut scellé, les terres de Bray – entre autres – furent incluses dans la dot. Si bien qu’Amaury passa finalement du service d’Héloïse, désormais Comtesse, au service du Comte d’Harcourt en lui-même. Un jeune homme blond et désinvolte dont Amaury ne sut pas quoi penser, de prime abord. La jeune femme paraissait heureuse, c’était ce qui lui importait. Le Comte était différent, il n’avait pas le tempérament pétillant d’Héloïse et Amaury resta dans un premier temps en retrait, attendant de voir ce qu’on lui demanderait. Au fur et à mesure des premières semaines, leur relation s’assouplit un peu. Amaury comprit qu’auprès du Comte il pourrait véritablement tenir un rôle, comme il le désirait.
Le voyage de noces du couple fut préparé avec application et le Chevalier de Bray s’attendait à œuvrer à leur protection, bien entendu. Il fut surpris lorsque le Comte lui demanda, plutôt, de se rendre à la Cour de Paris avec ses autres chevaliers, afin de le représenter. Il précisa qu’il les rejoindrait bientôt et qu’il préférait être quasiment seul à seul avec sa belle et jeune épouse. Une demande qui allait à l’encontre des mœurs et des habitudes, dans ce genre de situation. Amaury avait bien compris jusque-là que le Comte n’était pas du genre à respecter l’étiquette à la lettre, mais tout de même…
Il se plia à la demande, cependant. Il n’avait jamais eu l’occasion de mettre les pieds à Paris, et était plus que curieux de ce qu’il y verrait. Pour son rôle de milicien, ce n’était pas non plus une mauvaise chose. La capitale était le siège de la Milice, c’était l’origine de tout. Une lettre de recommandation factice (inintéressante pour qui n’en connait pas les secrets) et des conseils lui furent donnés pour entrer en contact avec les miliciens de la capitale.
Une fois prêt, il prit donc la route de Paris.
Extra :
Dans une autre vie je m'appelais Santiago et j'ai croisé des plumes superbes et des personnes géniales. Vu qu'elles ont posé leurs bagages ici, j'ai décidé de les rejoindre. Après tout, y'avait de la lumière et la porte était grande ouverte.feat. Levi Ackerman, Shingeki no Kyojin.
Jeu 25 Mar - 1:18
My oh my, je m'attendais pas à trouver mon nom dans ta fiche... Et du coup je prévois que ça va probablement pas très bien se passer.
Je réitère le plaisir de découvrir ta plume dont on m'a tant parlé ! Hâte de lire la suite.
Je réitère le plaisir de découvrir ta plume dont on m'a tant parlé ! Hâte de lire la suite.
Jeu 25 Mar - 8:55
Omg ! Trop d'impatience de voir ce chevalier (un an seulement de différence avec Aimable et pourtant, Aimable à côté, on lui donne limite 10 ans de plus orz)
Super idée de personnage du peu que j'en ai vu, le Comte est décidément très bien entouré ** (vivement qu'on s'fasse un rp, tu envoies du rêve )
Super idée de personnage du peu que j'en ai vu, le Comte est décidément très bien entouré ** (vivement qu'on s'fasse un rp, tu envoies du rêve )
Jeu 25 Mar - 10:21
Comment te dire à quel point c'est un plaisir de te voir ici ? J'aime déjà beaucoup le petit Amaury et je sens qu'on va arriver à refaire des feelz comme avec Santiago
Des bisous sur toi, jotem fort
Des bisous sur toi, jotem fort
Jeu 25 Mar - 12:17
Le caractère ?????
L'avatar ????
Le début de cette fiche ????
OMG tout est TROP bien olala ! j'ai hâte de pouvoir lire la suite !
Bienvenue Amaury
L'avatar ????
Le début de cette fiche ????
OMG tout est TROP bien olala ! j'ai hâte de pouvoir lire la suite !
Bienvenue Amaury
Jeu 25 Mar - 15:05
Bienvenue!
ta fiche est tout simplement WHAOU! Et ce feat! Je fond!
Hâte de pouvoir lire la suite! <3
ta fiche est tout simplement WHAOU! Et ce feat! Je fond!
Hâte de pouvoir lire la suite! <3
Jeu 25 Mar - 17:42
ALLEZ LE PETIT JEU DE MOT "C'est Amauryr de rire !"
*tousse*
Oh my gooooooood ce vava !!!
J'adore beaucoup trop ton style !
Au plaisir de te rencontrer un jour en rp !
Bienvenue !!
*tousse*
Oh my gooooooood ce vava !!!
J'adore beaucoup trop ton style !
Au plaisir de te rencontrer un jour en rp !
Bienvenue !!
Jeu 25 Mar - 18:52
Bah hé d'habitude je commente que après lecture de la fiche mais là je tenais juste à dire que j'arrive pas à lire le titre autrement que "Amaury de Baby" et ça me parait correspondre parfaitement au personnage
Jeu 25 Mar - 20:17
Oooh, un grand merci à tous pour l'accueil ! Vous êtes choux !
@Eve de Harcourt : héhé, surpriiiiise :p !
@Aimable E. De Bayard : ta remarque sur le fait que ton perso fait plus vieux me fait rire, c'est pas "on dirait qu'il a 10 ans de plus", c'est qu'en vérité ton perso d'avatar a bien 10 ans de plus xD !
Au plaisir de vous croiser tous (sauf ceux qui font des jeux de mots pourris... OK, ça veut dire pas mal de monde) en RP ou sur la CB ! Je fais en sorte de finaliser la fiche au plus vite :)
@Eve de Harcourt : héhé, surpriiiiise :p !
@Aimable E. De Bayard : ta remarque sur le fait que ton perso fait plus vieux me fait rire, c'est pas "on dirait qu'il a 10 ans de plus", c'est qu'en vérité ton perso d'avatar a bien 10 ans de plus xD !
Au plaisir de vous croiser tous (
Dim 28 Mar - 23:59
Quelle fiche, quel personnage ! Houloulou, mais c'est que je suis bénis d'avoir de si bonnes lectures moi
C'est un véritable plaisir que de voir Amaury vivre sa vie comme il le peut. J'ai hâte de le voir en action maintenant
En attendant tu peux déjà aller recenser sa trogne et commencer l'administratif de ton bébé juste là
Bravo tu es validé.e !
Le grand moment est enfin arrivé
Quelle fiche, quel personnage ! Houloulou, mais c'est que je suis bénis d'avoir de si bonnes lectures moi
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