Sam 23 Oct - 22:47Put your loving hand out
Des regards. Des regards qui n’en finissent plus de la dévisager. Oh, Eve savait sans peine que danser était une chose pour laquelle elle avait toujours excellé mais… Cette attention là était en tout et pour tout néfaste. Les annonces de la reine avaient été plus que convenantes, et quand bien même la Petrova n’avait pu s’empêcher de surveiller l’échange entre Gabriel et Hermance… La présence de son adelphe à ses côtés avait eu le mérite de la rassurer…
Jusqu’à la Dame de Châtillon. Une femme… éminemment élégante… Et une femme qui ne manqua pas de faire jaser les derniers invités encore présents au bal. Bien vite, le poids rassurant de la main d’Andrei lui est arraché alors que le silence qui avait entouré l’annonce de ce prix s’était rapidement mu en un élan mitigé de remarques et de désapprobation. D’un sourire contrit, le Maréchal reprend contenance alors que bien du monde s'impose à ses côtés, et voilà qui opine du chef, écoutant de longues minutes les avis des uns et des autres… L’envie de disparaître n’aura que rarement été plus forte.
Alors il était évident que lorsqu’enfin, le reste de la foule s’était dissipée - lorsque le retrait de la Dame de Châtillon s’excusant pour retrouver ses appartements sonna enfin le glas de la soirée… - Eve avait pris congé de tous ces nobles, de tous ces êtres opiniâtres. Tenté, tout du moins... Il n'y a que trop peu de chance pour elle, ainsi emportée par cette même foule jusqu’au hall d’entrée, jusqu’aux marches et aux calèches apprêtées pour le retour des uns et des autres. Et le silence, subitement, est un poids qui semblerait prêt à écraser ses épaules.
Seule et perchée en retrait des marches guidant jusqu’aux pavés parisiens. Un pas puis deux, elle ne supporte plus les yeux curieux, les opinions à peine voilées. Hélène avait déjà quitté les lieux. Sûrement était-ce pour le mieux. Eve ne se pensait pas capable d’endurer à cet instant précis les conséquences de cette soirée.
Qu'est-il arrivé à leur projet de faire profil bas ? Ivana déjà sent un frisson la parcourir, consciente qu'Andrei sûrement abattrait sa fureur sur elle.
Une ruelle dérobée, le monde entier semble enfin s’apaiser. Et pourtant, là, tout contre son cœur, un malaise certain oppresse sa poitrine. Malgré elle, l’angoisse s’invite à ses pensées, réveillant la douleur si singulière qui s’était emparée d’elle.
A la nuit il ne reste que son regard cherchant désespérément la figure familière de l’être aimé.
Dieu seul pourtant sait qu’à cet instant précis, deux noms de battaient en duel dans ses pensées.
Des regards. Des regards qui n’en finissent plus de la dévisager. Oh, Eve savait sans peine que danser était une chose pour laquelle elle avait toujours excellé mais… Cette attention là était en tout et pour tout néfaste. Les annonces de la reine avaient été plus que convenantes, et quand bien même la Petrova n’avait pu s’empêcher de surveiller l’échange entre Gabriel et Hermance… La présence de son adelphe à ses côtés avait eu le mérite de la rassurer…
Jusqu’à la Dame de Châtillon. Une femme… éminemment élégante… Et une femme qui ne manqua pas de faire jaser les derniers invités encore présents au bal. Bien vite, le poids rassurant de la main d’Andrei lui est arraché alors que le silence qui avait entouré l’annonce de ce prix s’était rapidement mu en un élan mitigé de remarques et de désapprobation. D’un sourire contrit, le Maréchal reprend contenance alors que bien du monde s'impose à ses côtés, et voilà qui opine du chef, écoutant de longues minutes les avis des uns et des autres… L’envie de disparaître n’aura que rarement été plus forte.
Alors il était évident que lorsqu’enfin, le reste de la foule s’était dissipée - lorsque le retrait de la Dame de Châtillon s’excusant pour retrouver ses appartements sonna enfin le glas de la soirée… - Eve avait pris congé de tous ces nobles, de tous ces êtres opiniâtres. Tenté, tout du moins... Il n'y a que trop peu de chance pour elle, ainsi emportée par cette même foule jusqu’au hall d’entrée, jusqu’aux marches et aux calèches apprêtées pour le retour des uns et des autres. Et le silence, subitement, est un poids qui semblerait prêt à écraser ses épaules.
Seule et perchée en retrait des marches guidant jusqu’aux pavés parisiens. Un pas puis deux, elle ne supporte plus les yeux curieux, les opinions à peine voilées. Hélène avait déjà quitté les lieux. Sûrement était-ce pour le mieux. Eve ne se pensait pas capable d’endurer à cet instant précis les conséquences de cette soirée.
Qu'est-il arrivé à leur projet de faire profil bas ? Ivana déjà sent un frisson la parcourir, consciente qu'Andrei sûrement abattrait sa fureur sur elle.
Une ruelle dérobée, le monde entier semble enfin s’apaiser. Et pourtant, là, tout contre son cœur, un malaise certain oppresse sa poitrine. Malgré elle, l’angoisse s’invite à ses pensées, réveillant la douleur si singulière qui s’était emparée d’elle.
A la nuit il ne reste que son regard cherchant désespérément la figure familière de l’être aimé.
Dieu seul pourtant sait qu’à cet instant précis, deux noms de battaient en duel dans ses pensées.
Dim 24 Oct - 20:18
Paris la nuit
L'annonce de Madame de Châtillon tombe comme un coup de masse à l'arrière de la nuque. Imprévisible. Intraitable. Impardonnable. Comme son adelphe, Adam est pris par surprise, il sent son coeur s'accélérer, sa respiration se faire plus lourde, son esprit s'affoler. Son oeil cherche sa moitié, suit les mouvements de la duchesse qui se retire. Le temps semble s'arrêter autour de lui tandis que tous les regards sont tournés dans leur direction. Dans sa direction. Que faire ? L'idée de suivre leur hôtesse lui traverse l'esprit : il pourrait la prendre à son tour de façon inopportune dans la pénombre de sa chambre, lui tordre le bras, le cou, lui réclamer qu'elle revienne sur sa décision, sur son prix qui n'en est pas un. Pas pour Eve. Et lui faire payer. À cette détestable femme, cette détestable humaine le cadeau empoisonné qu'elle vient de déposer au sein de leur foyer. Adam doit faire un effort surhumain pour rester de marbre. Stoïque. L'expression passablement irritée, passablement ennuyée sur sa figure de Comte de Harcourt, celle qu'on lui connait bien.
Il ne faut pas que son reflet voit la peur traverser ses pupilles. Pas une ombre, pas un souffle de frayeur. Il lui faut rester droit, le menton haut, l'allure fière. Ah ! Ainsi le Maréchal devrait être promis à une étrangère ! Balivernes ! Un voile sombre tombe sur son visage. Pas tant qu'il est vivant. Il cogite. Trop pour retenir Eve s'échappant de son bras, happée par la foule qui l'emmène loin vers la sortie. Loin de lui. Tout ce monde qu'il ne peut contrôler.
Il ne faut pas qu'il prenne peur. Il n'a pas le droit. Il a promis.
Alors, il presse le pas, bouscule presque une dame au bras de son galant, s'excuse à mi-mot, repart de plus belle, claque ses talons au sol, écarte cette fois carrément un homme sur son chemin, pour mieux fuir le bruit, l'agitation, la lumière.
Où est Ivana ?
Dans la cour de l'immeuble, là où s'alignent les carrosses et leurs attelages, Adam prend une grande inspiration. L'air est encore chaud, saturé de parfum et de sueur. Il guette, il écoute les battements dans sa poitrine. De son coeur. Et entraperçoit cette trainée de cheveux blonds disparaitre à l'angle d'une ruelle.
Se lançant à sa poursuite, c'est presque en courant qu'Adam rattrape sa moitié, main crispée sur le tissu de son bras avec une fermeté justifiée par la hâte et peut-être le désarroi.
▬ Où vas-tu ? Notre voiture nous attend. Ses doigts s'enfoncent sur le blouson. Il la tire vers lui. Rentrons. Sa voix est froide. Assurée.
Mais son regard est fatigué.
Il ne faut pas que son reflet voit la peur traverser ses pupilles. Pas une ombre, pas un souffle de frayeur. Il lui faut rester droit, le menton haut, l'allure fière. Ah ! Ainsi le Maréchal devrait être promis à une étrangère ! Balivernes ! Un voile sombre tombe sur son visage. Pas tant qu'il est vivant. Il cogite. Trop pour retenir Eve s'échappant de son bras, happée par la foule qui l'emmène loin vers la sortie. Loin de lui. Tout ce monde qu'il ne peut contrôler.
Il ne faut pas qu'il prenne peur. Il n'a pas le droit. Il a promis.
Alors, il presse le pas, bouscule presque une dame au bras de son galant, s'excuse à mi-mot, repart de plus belle, claque ses talons au sol, écarte cette fois carrément un homme sur son chemin, pour mieux fuir le bruit, l'agitation, la lumière.
Où est Ivana ?
Dans la cour de l'immeuble, là où s'alignent les carrosses et leurs attelages, Adam prend une grande inspiration. L'air est encore chaud, saturé de parfum et de sueur. Il guette, il écoute les battements dans sa poitrine. De son coeur. Et entraperçoit cette trainée de cheveux blonds disparaitre à l'angle d'une ruelle.
Se lançant à sa poursuite, c'est presque en courant qu'Adam rattrape sa moitié, main crispée sur le tissu de son bras avec une fermeté justifiée par la hâte et peut-être le désarroi.
▬ Où vas-tu ? Notre voiture nous attend. Ses doigts s'enfoncent sur le blouson. Il la tire vers lui. Rentrons. Sa voix est froide. Assurée.
Mais son regard est fatigué.
Dim 21 Nov - 20:50Put your loving hand out
Pour la première fois depuis bien longtemps, Eve aurait aimé pouvoir disparaître. L’idée de ne plus être ici, de ne plus être à Paris, de ne plus être une figure connue de la cour… Tout ceci aurait été un tel soulagement. Mais l’alternative n’existe pas. Le souffle haletant qu’elle retient malgré elle cache avec peine la vérité d’un état qu’elle ne parvient pas à s’expliquer.
Il n’y a aucun son dans la ruelle. Il n’y a que cette main assurée contre son bras qui la fait réagir d’un mouvement de recul involontaire jusqu’à voir le visage de son adelphe. Leurs prunelles croisées laissent se heurter deux océans aux courants contraires. Pourquoi ne l’a-t-elle pas entendu ? Pas senti ? Elle voudrait se laisser choir dans ses bras. Mais le temps n’est pas à l’oubli. Il est à la dureté des propos d’Andrei. A la réalisation que son comportement pourrait leur porter préjudice.
Eve incertaine referme ses doigts sur la main d’Adam et si sa paume tremble au creux de la sienne, elle a conscience qu’il ne la laissera pas entacher leur histoire.
« Pardonne-moi… »
Il n’était pas d’excuse suffisante. Pas plus qu’elle ne pouvait justifier comment ses jambes avançaient pour quitter l’embrasure de cette ruelle étroite. Mais à son angle se tient la figure du loup régnant en maître à son cœur. Et pourtant, oh pourtant, rien sur ses traits ne laisse entendre son soulagement.
« Monsieur le Marquis. » Souffle-t-elle en réponse à l’étincelle luisant dans son regard d’azure.
Relevant les yeux sur son reflet, elle le retient un instant par nécessité protocolaire et lui indiquer, un sourire forcé étirant son minois bien trop pâle. A cet instant précis, Adam représente la splendeur de la maisonnée Petrova, lorsqu’Eve n’en est plus que l’ombre.
« Adam, permets-moi de te présenter le Marquis de Sercey, Colonel sous mes ordres au sein de notre armée… »
Oh, il y aurait bien d’autres choses qu’elle pourrait lui dire. Mais aucun mot ne saurait trahir le secret de leur idylle. Pourtant ce léger pincement à ses lèvres lorsqu’elle sourit à Gabriel en dit bien plus encore que tous les discours du monde.
« Je vous présente mon bien aimé frère, Adam de Harcourt… »
Ce geôlier dont elle ne saurait se séparer. Celui dont la main saura toujours la subtiliser à l’attention de Gabriel. Ce monde est à eux deux. Et jusqu’à ce que le silence les sépare, les doubles Petrova n’ont cure d’une âme parasitant le calme de l’onde s’étendant à leur horizon.
Pour la première fois depuis bien longtemps, Eve aurait aimé pouvoir disparaître. L’idée de ne plus être ici, de ne plus être à Paris, de ne plus être une figure connue de la cour… Tout ceci aurait été un tel soulagement. Mais l’alternative n’existe pas. Le souffle haletant qu’elle retient malgré elle cache avec peine la vérité d’un état qu’elle ne parvient pas à s’expliquer.
Il n’y a aucun son dans la ruelle. Il n’y a que cette main assurée contre son bras qui la fait réagir d’un mouvement de recul involontaire jusqu’à voir le visage de son adelphe. Leurs prunelles croisées laissent se heurter deux océans aux courants contraires. Pourquoi ne l’a-t-elle pas entendu ? Pas senti ? Elle voudrait se laisser choir dans ses bras. Mais le temps n’est pas à l’oubli. Il est à la dureté des propos d’Andrei. A la réalisation que son comportement pourrait leur porter préjudice.
Eve incertaine referme ses doigts sur la main d’Adam et si sa paume tremble au creux de la sienne, elle a conscience qu’il ne la laissera pas entacher leur histoire.
« Pardonne-moi… »
Il n’était pas d’excuse suffisante. Pas plus qu’elle ne pouvait justifier comment ses jambes avançaient pour quitter l’embrasure de cette ruelle étroite. Mais à son angle se tient la figure du loup régnant en maître à son cœur. Et pourtant, oh pourtant, rien sur ses traits ne laisse entendre son soulagement.
« Monsieur le Marquis. » Souffle-t-elle en réponse à l’étincelle luisant dans son regard d’azure.
Relevant les yeux sur son reflet, elle le retient un instant par nécessité protocolaire et lui indiquer, un sourire forcé étirant son minois bien trop pâle. A cet instant précis, Adam représente la splendeur de la maisonnée Petrova, lorsqu’Eve n’en est plus que l’ombre.
« Adam, permets-moi de te présenter le Marquis de Sercey, Colonel sous mes ordres au sein de notre armée… »
Oh, il y aurait bien d’autres choses qu’elle pourrait lui dire. Mais aucun mot ne saurait trahir le secret de leur idylle. Pourtant ce léger pincement à ses lèvres lorsqu’elle sourit à Gabriel en dit bien plus encore que tous les discours du monde.
« Je vous présente mon bien aimé frère, Adam de Harcourt… »
Ce geôlier dont elle ne saurait se séparer. Celui dont la main saura toujours la subtiliser à l’attention de Gabriel. Ce monde est à eux deux. Et jusqu’à ce que le silence les sépare, les doubles Petrova n’ont cure d’une âme parasitant le calme de l’onde s’étendant à leur horizon.
Mar 23 Nov - 20:05
Paris la nuit
Aux aguets, main dans la main, c'est à petits pas en longeant les murs que les Petrova s'apprêtent à filer pour mieux disparaître dans leur royaume mère de la nuit. S'apprêtent seulement car au détour d'une ruelle, voilà que surgit une ombre. Intruse. Indésirable.
Incommodante.
Instantanément, les paumes se séparent, les deux adelphes se redressent, fiers. L'un méfiant, l'autre poli. Adam reconnaît effectivement cette figure. Ce marquis. Trop proche de sa moitié, trop proche de lui. Il est sur leur chemin. Que veut-il ? Le Comte songe que ce beau général cherchait la présence du Maréchal. Il balaye cette pensée, hoche la tête et adresse un regard tout aussi glacé que ses salutations à cet importun :
▬ Bien le bonsoir Marquis. J'aurais voulu ajouter « enchanté de faire votre connaissance » d'autant plus que j'ai déjà eu vent de vos qualités. Malheureusement je crains que l'heure ne soit pas aux présentations car mon frère et moi-même sommes pressés. Le message est clair : Adam veut partir. Être seul avec sa moitié. Il n'a que faire de ce noble militaire qui a eu tout le temps le loisir d'accaparer le Maréchal ces derniers mois. Tout le loisir... Un frisson le parcourt. Il ne veut pas y penser.
Alors peu importe de passer pour un rustre, ce Gabriel comprendra que le duo a mieux à faire que de rester planté dans la ruelle. Le Comte s'avance, prêt à le dépasser, son bras effleure discrètement celui de son reflet dans un geste secret, un ordre caché de lui emboîter le pas sans plus tarder.
▬ Il se fait tard et je suis frappé d'épouvantables maux de tête. Veuillez nous excuser, notre cocher nous cherche.
Nous.
Car c'est eux contre lui.
Indubitablement.
Incommodante.
Instantanément, les paumes se séparent, les deux adelphes se redressent, fiers. L'un méfiant, l'autre poli. Adam reconnaît effectivement cette figure. Ce marquis. Trop proche de sa moitié, trop proche de lui. Il est sur leur chemin. Que veut-il ? Le Comte songe que ce beau général cherchait la présence du Maréchal. Il balaye cette pensée, hoche la tête et adresse un regard tout aussi glacé que ses salutations à cet importun :
▬ Bien le bonsoir Marquis. J'aurais voulu ajouter « enchanté de faire votre connaissance » d'autant plus que j'ai déjà eu vent de vos qualités. Malheureusement je crains que l'heure ne soit pas aux présentations car mon frère et moi-même sommes pressés. Le message est clair : Adam veut partir. Être seul avec sa moitié. Il n'a que faire de ce noble militaire qui a eu tout le temps le loisir d'accaparer le Maréchal ces derniers mois. Tout le loisir... Un frisson le parcourt. Il ne veut pas y penser.
Alors peu importe de passer pour un rustre, ce Gabriel comprendra que le duo a mieux à faire que de rester planté dans la ruelle. Le Comte s'avance, prêt à le dépasser, son bras effleure discrètement celui de son reflet dans un geste secret, un ordre caché de lui emboîter le pas sans plus tarder.
▬ Il se fait tard et je suis frappé d'épouvantables maux de tête. Veuillez nous excuser, notre cocher nous cherche.
Nous.
Car c'est eux contre lui.
Indubitablement.
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