Sam 30 Oct - 18:55
@Eudes de Cluny
Le bal d'Augustine étant terminé, il est temps pour moi de quitter Paris. En vrai j'aurais pu rester mais la fin de la soirée m'a laissé un goût amer sur les lèvres alors autant faire ce que je fais le mieux : filer sans prévenir. Je n'aurais jamais eu de réponse de la part de Calla, en fait je n'aurais sans doute jamais grand chose de la part de Calla. Je m'en doutais, je le savais même mais que voulez-vous, il parait que l'espoir fait vivre et malgré tous mes efforts pour ne pas trop y songer, ces derniers jours toutes mes pensées vont à elle. Quelle plaie sérieusement !
▬ Non mais vraiment Marjorie ? Franchement qui préférerait le Grand Cardinal à moi ? Me suis-je exclamé en me retournant vers ma mule qui marche lourdement derrière moi. Celle-ci agite une oreille, me lance un regard vide d'intelligence (ou de sollicitude) puis souffle par les naseaux comme si elle soupirait avant de se remettre à mâchonner le vide. Marjoriiiiie ! Pourquoi même toi tu ne m'écoutes plus ?! Et j'ai beau lui gratter la tête en lui disant que c'est elle la plus belle des ânesses de Paris, elle ne semble nullement prêter attention à mes propos et fait même mine de me mordre quand je trébuche sur elle en geignant de plus belle parce que si même ma mule en a marre de moi, alors la vie ne vaut pas la peine d'être vécue.
On peut dire que le trajet vers la demeure de Philippe va être long. Déjà parce qu'on ne peut voyager que de nuit et qu'en plein été les soirs sont courts mais aussi parce qu'on évite les routes principales. Question de sécurité. Alors sur ce sentier désert, piétiné par le soleil en journée puis par les sabots de Marjorie, je suis surpris d'apercevoir plus loin une lumière. Tirant sur la longe de ma fidèle compagne, je l'arrête et plisse les yeux en direction de ce point qui tranche avec l'obscurité ambiante. De là où je suis, je ne distingue qu'une silhouette seule. Pas de monture, pas de charrette, rien. Un simple voyageur ? Ou une embuscade. Ah mais qui tendrait une embuscade sur ce chemin peu fréquenté ? Un groupe de gredins avec beaucoup de patience et qui n'a clairement pas trop de flair. Ceci dit, si piège il y a, je vois mal où peuvent se cacher les autres : la végétation ambiante n'est pas très abondante.
Oh et puis zut, de toutes façons, je vais pas faire demi-tour, j'ai du travail qui m'attend en Bourgogne !
Alors d'un claquement de langue, j'indique à Marjorie qu'elle peut partir la première à la rencontre de cette lumière. Marjorie reprend sa marche et se met même à trottiner, loin d'avoir peur au contraire. On dirait qu'elle a vu ou senti quelque chose qui lui plait. Bon si elle a confiance alors moi aussi. Alors, je la suis, serrant tout de même ma besace, prêt à bondir ou à filer dans l'autre direction quand je discerne enfin un visage.
▬ Eudes ! Tout joyeux, c'est en sautillant que je franchis la distance qui nous sépare et lui tapote le dos. Oh hé quelle feliz coincidencia mon ami ! Que fais-tu donc dans le coin ? Je vais finir par croire que tous les chemins mènent au cloître de Cluny !
Ce n'est après tout pas pas la première fois que je le croise sur la route.
▬ Non mais vraiment Marjorie ? Franchement qui préférerait le Grand Cardinal à moi ? Me suis-je exclamé en me retournant vers ma mule qui marche lourdement derrière moi. Celle-ci agite une oreille, me lance un regard vide d'intelligence (ou de sollicitude) puis souffle par les naseaux comme si elle soupirait avant de se remettre à mâchonner le vide. Marjoriiiiie ! Pourquoi même toi tu ne m'écoutes plus ?! Et j'ai beau lui gratter la tête en lui disant que c'est elle la plus belle des ânesses de Paris, elle ne semble nullement prêter attention à mes propos et fait même mine de me mordre quand je trébuche sur elle en geignant de plus belle parce que si même ma mule en a marre de moi, alors la vie ne vaut pas la peine d'être vécue.
On peut dire que le trajet vers la demeure de Philippe va être long. Déjà parce qu'on ne peut voyager que de nuit et qu'en plein été les soirs sont courts mais aussi parce qu'on évite les routes principales. Question de sécurité. Alors sur ce sentier désert, piétiné par le soleil en journée puis par les sabots de Marjorie, je suis surpris d'apercevoir plus loin une lumière. Tirant sur la longe de ma fidèle compagne, je l'arrête et plisse les yeux en direction de ce point qui tranche avec l'obscurité ambiante. De là où je suis, je ne distingue qu'une silhouette seule. Pas de monture, pas de charrette, rien. Un simple voyageur ? Ou une embuscade. Ah mais qui tendrait une embuscade sur ce chemin peu fréquenté ? Un groupe de gredins avec beaucoup de patience et qui n'a clairement pas trop de flair. Ceci dit, si piège il y a, je vois mal où peuvent se cacher les autres : la végétation ambiante n'est pas très abondante.
Oh et puis zut, de toutes façons, je vais pas faire demi-tour, j'ai du travail qui m'attend en Bourgogne !
Alors d'un claquement de langue, j'indique à Marjorie qu'elle peut partir la première à la rencontre de cette lumière. Marjorie reprend sa marche et se met même à trottiner, loin d'avoir peur au contraire. On dirait qu'elle a vu ou senti quelque chose qui lui plait. Bon si elle a confiance alors moi aussi. Alors, je la suis, serrant tout de même ma besace, prêt à bondir ou à filer dans l'autre direction quand je discerne enfin un visage.
▬ Eudes ! Tout joyeux, c'est en sautillant que je franchis la distance qui nous sépare et lui tapote le dos. Oh hé quelle feliz coincidencia mon ami ! Que fais-tu donc dans le coin ? Je vais finir par croire que tous les chemins mènent au cloître de Cluny !
Ce n'est après tout pas pas la première fois que je le croise sur la route.
@Eudes de Cluny
Mer 3 Nov - 22:51
Eudes/Titi
when the road darkens
Le couple de vieillard qui ont forcé le lampion que tu portes dans ta main ne se sont point trompé: la lune est complètement absente du ciel, et sans sa lumière, la campagne est recouverte d'un épais manteau sombre, comme si un ange maladroit avait renversé son encrier sur le monde.
Tu as beau avoir lu quelques manuscrits sur la lune, son fonctionnement et sa nature t'échappent toujours. Elle reste une énigme dont les réponses sont jalousement cachées derrière la barrière linguistique qui t'empêches de déchiffrer les écrits du moyen-orient sur le sujet, te forçant à te cantonner aux théories contradictoires qu’il t’es arrivé de lire.
De toute façon, à cause de la lumière de la lanterne, tu ne peux distinguer le ciel nocturne aussi bien que dans l’obscurité totale; mais sans elle, tu ne verrais probablement même pas le chemin devant toi.
(mais si tu peux voir, ça veut aussi dire que tu peux être vu)
(c’est pour cela que tu préfères voyager à la lumière de l’astre lunaire)
Dans l’obscurité, les idées sordides sont libres de grandir et de se manifester dans le moindre bruissement; tu te prends à tendre le lampion vers les plus petits craquements, t’arrêtant en chemin pour intensément fixer le lointain comme si qui que ce soit pouvait se cacher dans les hautes herbes. La pire chose qui pourrait s’en prendre à toi ici, ce serait une vipère; mais comme tous les serpents, éternels boucs émissaires de l’évangile, tu les sais timides, plus apeurés par l’Homme que l’Homme d’eux.
Du moins c’est ce qu’affirmait ton maître, et tu n’oserais remettre sa parole en question, alors tu continues ton chemin en essayant d’oublier la boule qui pèse sur ton ventre à l’idée de marcher sur l’une d’entre elles.
(il y a quelque chose dans l’air)(quelque chose de malsain sur lequel tu n’arrives à mettre le doigt)
(un pressentiment)
(là, au creux de tes entrailles)
Tu es censé être alerte et pourtant tu n’entends pas les bruits de sabot avant qu’ils ne soient proches: en te retournant, tu réalises que ce n’est qu’un âne, seul, trottant joyeusement jusqu’à toi. “Et bien…” Un sourire naît sur tes lèvres en venant caresser le museau chaud de l’animal. “Que fais-tu ici, toi ?” Occupé par ce visiteur inattendu, tu ne penses même pas à lever le nez.
Pas avant d’entendre sa voix.
Il y en a peu dans ce monde qui réussissent si vite à renverser ton humeur; à vrai dire, tu les comptes sur les doigts de ta main, mais s’il fallait les classer, alors celle de Titi, particulièrement lorsque c’est ton nom qu’il prononce, serait en première place.
(tu aurais dû te méfier de l'âne)(tu échanges un regard déçu avec la traîtresse en question, mais elle n’a pas l’air bien affectée)
“Ha… Titi…” Pas même la présence de celle que tu reconnais maintenant être la mule du barde ne réussit à mettre une once d’enthousiasme dans ta voix, car tu comprends bien vite qu’il est lui aussi en vadrouille et qu’il n’y a qu’un seul chemin en face de vous. Dire que le Seigneur t'avais gracié de ne pas croiser son visage depuis le fiasco de l’autre fois -dont tu as gardé un mal de tête lancinant le lendemain-, il fallait croire que cela ne pouvait durer longtemps…
“Je ne pensais pas que tu serais encore dans le coin…” Tu songes à haute voix, grattant distraitement derrière les oreilles de l’âne de ta main libre tout en priant silencieusement pour que vos chemins se contentent simplement de se croiser. “Je me rends à Notre-Dame de Cîteaux.” Le berceau de l’ordre cistercien ne peut en rien intéresser un individu comme Titi: frugalité, rigueur, labeur et surtout silence, c’est son parfait opposé… Impossible que la semaine de marche qui t’attend ne soit rythmée par sa compagnie.
Satisfait dans ta certitude, c’est la moindre pour toi de retourner la curiosité. “Et toi donc ? As-tu été chassé de la capitale ?” Oh oui, tu ne peux que trop bien imaginer un mari vindicatif le pourchasser hors de la ville, épée à la main, et si tu réprouves la conduite qui pourrait mener à cette scène, le tableau dépeint dans ton esprit t’amuses bien malgré toi, en témoigne le petit sourire qui te monte aux lèvres.
Après tout, où est le mal, puisque Titi se tient devant toi en pleine santé ?
Tu as beau avoir lu quelques manuscrits sur la lune, son fonctionnement et sa nature t'échappent toujours. Elle reste une énigme dont les réponses sont jalousement cachées derrière la barrière linguistique qui t'empêches de déchiffrer les écrits du moyen-orient sur le sujet, te forçant à te cantonner aux théories contradictoires qu’il t’es arrivé de lire.
De toute façon, à cause de la lumière de la lanterne, tu ne peux distinguer le ciel nocturne aussi bien que dans l’obscurité totale; mais sans elle, tu ne verrais probablement même pas le chemin devant toi.
(mais si tu peux voir, ça veut aussi dire que tu peux être vu)
(c’est pour cela que tu préfères voyager à la lumière de l’astre lunaire)
Dans l’obscurité, les idées sordides sont libres de grandir et de se manifester dans le moindre bruissement; tu te prends à tendre le lampion vers les plus petits craquements, t’arrêtant en chemin pour intensément fixer le lointain comme si qui que ce soit pouvait se cacher dans les hautes herbes. La pire chose qui pourrait s’en prendre à toi ici, ce serait une vipère; mais comme tous les serpents, éternels boucs émissaires de l’évangile, tu les sais timides, plus apeurés par l’Homme que l’Homme d’eux.
Du moins c’est ce qu’affirmait ton maître, et tu n’oserais remettre sa parole en question, alors tu continues ton chemin en essayant d’oublier la boule qui pèse sur ton ventre à l’idée de marcher sur l’une d’entre elles.
(il y a quelque chose dans l’air)(quelque chose de malsain sur lequel tu n’arrives à mettre le doigt)
(un pressentiment)
(là, au creux de tes entrailles)
Tu es censé être alerte et pourtant tu n’entends pas les bruits de sabot avant qu’ils ne soient proches: en te retournant, tu réalises que ce n’est qu’un âne, seul, trottant joyeusement jusqu’à toi. “Et bien…” Un sourire naît sur tes lèvres en venant caresser le museau chaud de l’animal. “Que fais-tu ici, toi ?” Occupé par ce visiteur inattendu, tu ne penses même pas à lever le nez.
Pas avant d’entendre sa voix.
Il y en a peu dans ce monde qui réussissent si vite à renverser ton humeur; à vrai dire, tu les comptes sur les doigts de ta main, mais s’il fallait les classer, alors celle de Titi, particulièrement lorsque c’est ton nom qu’il prononce, serait en première place.
(tu aurais dû te méfier de l'âne)(tu échanges un regard déçu avec la traîtresse en question, mais elle n’a pas l’air bien affectée)
“Ha… Titi…” Pas même la présence de celle que tu reconnais maintenant être la mule du barde ne réussit à mettre une once d’enthousiasme dans ta voix, car tu comprends bien vite qu’il est lui aussi en vadrouille et qu’il n’y a qu’un seul chemin en face de vous. Dire que le Seigneur t'avais gracié de ne pas croiser son visage depuis le fiasco de l’autre fois -dont tu as gardé un mal de tête lancinant le lendemain-, il fallait croire que cela ne pouvait durer longtemps…
“Je ne pensais pas que tu serais encore dans le coin…” Tu songes à haute voix, grattant distraitement derrière les oreilles de l’âne de ta main libre tout en priant silencieusement pour que vos chemins se contentent simplement de se croiser. “Je me rends à Notre-Dame de Cîteaux.” Le berceau de l’ordre cistercien ne peut en rien intéresser un individu comme Titi: frugalité, rigueur, labeur et surtout silence, c’est son parfait opposé… Impossible que la semaine de marche qui t’attend ne soit rythmée par sa compagnie.
Satisfait dans ta certitude, c’est la moindre pour toi de retourner la curiosité. “Et toi donc ? As-tu été chassé de la capitale ?” Oh oui, tu ne peux que trop bien imaginer un mari vindicatif le pourchasser hors de la ville, épée à la main, et si tu réprouves la conduite qui pourrait mener à cette scène, le tableau dépeint dans ton esprit t’amuses bien malgré toi, en témoigne le petit sourire qui te monte aux lèvres.
Après tout, où est le mal, puisque Titi se tient devant toi en pleine santé ?
Dim 7 Nov - 23:54
@Eudes de Cluny
Un regard vers Majorie qui souffle plusieurs fois par les naseaux en agitant sa grosse tête sous les doigts du moine et je me dis que madame préfère nettement l'ecclésiaste à moi. M'enfin qu'est-ce que c'est que ça ? Les hommes d'Eglise sont à la mode cette année ou quoi ?
Ceci dit, je suis tout de même content de tomber sur le petit ermite. Je commence déjà à me lasser de mes conversations avec ma mule et puis franchement qui s'en prendrait à un troubadour accompagné d'un homme de foi ?
▬ Oh tu te rends en Bourgogne ! Cela tombe bien, moi aussi ! Mais je m'arrête du côté de Dijon ! Chez le Duc en personne et en son absence, mais il ne m'en tiendra certainement pas rigueur. C'est pour son propre bien !
Me reculant en posant une main sur mon torse, j'esquisse une grimace offusquée et me dépêche de défendre mon honneur :
▬ Chassé ? Une âme chaste et pure comme moi, allons ! Qui voudrait chasser un ange comme moi ? Les deux poings sur les hanches, je me redresse et gonfle la poitrine : Sache mon très cher Eudes, que c'est le Duc de Bourgogne lui-même qui me convoque pour un travail de la plus haute importance ! Bon d'accord, encore une fois, le Duc lui-même n'est pas au courant mais c'est comme si ! Je suis sûr qu'il sera plus que reconnaissant lorsqu'il aura enfin compris toute l'étendue de mes talents !
Marjorie, qui n'est plus retenue par les papouilles d'Eudes, s'est remise à marcher le long du sentier. Me penchant sur le côté pour la voir me montrer son derrière alors qu'elle s'enfonce dans l'obscurité, je lâche un sifflement qu'elle n'écoute pas et grogne :
▬ Veja mula ! Mon bras passe sous celui du moine et hop, je l'emmène avec moi, à marcher à la suite de l'animal car on ne va pas laisser cette brave Marjorie se promener toute seule dans le noir. Tu marches de nuit ? C'est pas très prudent mais pragmatique. En été ces sentiers sans ombres se transforment en véritable fournaise, on se croirait dans le trou du cul du Diable ! D'ailleurs, je crois que Marjorie et moi on s'arrêtera avant le lever du soleil. Et ça tombe bien, il y a une auberge à plusieurs lieux d'ici. Car il est vrai que faire route avec un humain n'est peut-être pas le plus prudent : c'est qu'ils voyagent souvent de jour et qu'un accident est si vite arrivé. Ah je m'en voudrais de faire du mal à cet adorable Eudes à la première malheureuse écorchure. Enfin la dernière fois ça c'est plutôt bien passé... Mais la dernière fois que nous avons fait route commune, on était pas en Août ! Heureusement que tu es tombé sur moi, parole de ménestrel, avec Titi la terreur à tes côtés, aucun malo ne viendra te chercher des noises ! Et si tel est le cas, on pourra mettre à profit la fameuse botte secrète de la carrera ! Alors mon ami ? Quoi de beau depuis la fête à Saint Cloud ? Pas trop dur le réveil le lendemain ? Héhé. Je ricane parce que je sais que pour une âme sensible comme celle de ce croyant, l'abus de pâtisseries (et d'alcool) peut nuire à l'estomac !
Ceci dit, je suis tout de même content de tomber sur le petit ermite. Je commence déjà à me lasser de mes conversations avec ma mule et puis franchement qui s'en prendrait à un troubadour accompagné d'un homme de foi ?
▬ Oh tu te rends en Bourgogne ! Cela tombe bien, moi aussi ! Mais je m'arrête du côté de Dijon ! Chez le Duc en personne et en son absence, mais il ne m'en tiendra certainement pas rigueur. C'est pour son propre bien !
Me reculant en posant une main sur mon torse, j'esquisse une grimace offusquée et me dépêche de défendre mon honneur :
▬ Chassé ? Une âme chaste et pure comme moi, allons ! Qui voudrait chasser un ange comme moi ? Les deux poings sur les hanches, je me redresse et gonfle la poitrine : Sache mon très cher Eudes, que c'est le Duc de Bourgogne lui-même qui me convoque pour un travail de la plus haute importance ! Bon d'accord, encore une fois, le Duc lui-même n'est pas au courant mais c'est comme si ! Je suis sûr qu'il sera plus que reconnaissant lorsqu'il aura enfin compris toute l'étendue de mes talents !
Marjorie, qui n'est plus retenue par les papouilles d'Eudes, s'est remise à marcher le long du sentier. Me penchant sur le côté pour la voir me montrer son derrière alors qu'elle s'enfonce dans l'obscurité, je lâche un sifflement qu'elle n'écoute pas et grogne :
▬ Veja mula ! Mon bras passe sous celui du moine et hop, je l'emmène avec moi, à marcher à la suite de l'animal car on ne va pas laisser cette brave Marjorie se promener toute seule dans le noir. Tu marches de nuit ? C'est pas très prudent mais pragmatique. En été ces sentiers sans ombres se transforment en véritable fournaise, on se croirait dans le trou du cul du Diable ! D'ailleurs, je crois que Marjorie et moi on s'arrêtera avant le lever du soleil. Et ça tombe bien, il y a une auberge à plusieurs lieux d'ici. Car il est vrai que faire route avec un humain n'est peut-être pas le plus prudent : c'est qu'ils voyagent souvent de jour et qu'un accident est si vite arrivé. Ah je m'en voudrais de faire du mal à cet adorable Eudes à la première malheureuse écorchure. Enfin la dernière fois ça c'est plutôt bien passé... Mais la dernière fois que nous avons fait route commune, on était pas en Août ! Heureusement que tu es tombé sur moi, parole de ménestrel, avec Titi la terreur à tes côtés, aucun malo ne viendra te chercher des noises ! Et si tel est le cas, on pourra mettre à profit la fameuse botte secrète de la carrera ! Alors mon ami ? Quoi de beau depuis la fête à Saint Cloud ? Pas trop dur le réveil le lendemain ? Héhé. Je ricane parce que je sais que pour une âme sensible comme celle de ce croyant, l'abus de pâtisseries (et d'alcool) peut nuire à l'estomac !
@Eudes de Cluny
Mar 9 Nov - 23:04
Eudes/Titi
when the road darkens
Ta main s’arrête net et, sans caresse pour la retenir, la mule se désintéresse bien vite de toi, la laissant suspendue dans le vide.
Pas besoin de te remémorer beaucoup de sentiers pour savoir qu’entre la capitale, Dijon et l’abbaye, vos chemins ne vont pas se quitter avant plusieurs jours. Cette révélation draine toute couleur de ton visage, les élucubrations du barde se faisant lointaine, embuées par les premiers signes de faiblesses.
(peut-être faut-il mieux t’abandonner à l’inconscient maintenant)
Dans sa grande générosité, Titi fait vriller tes tympans en sifflant sa mule, t’arrachant au malaise en remettant ton cœur flageolant à l’ordre d’un sursaut.
(console-toi, ton pauvre corps finira bien par trépasser à force)
(mais à tous les coups, ce diable t’attendra de pied ferme dans l’autre monde)
Fidèle à lui-même, le barde continue à mener la danse, te prenant par le bras comme le plus rustre des cavaliers tout en s’occupant à lui seul de la conversation. Tu l’écouterais à moitié si il n’arrivait pas sans faute à attirer ton attention à grand coup de blasphème, mais ton tout petit “Voyons !” n’arrivera ni à lui apprendre à tourner sa langue sept fois dans sa bouche, ni à penser au bon Dieu avant de l’ouvrir, alors tu ne peux que soupirer. “Il est certain que personne ne risque de nous approcher…”
Tu ne peux toutefois le contredire: même si sa compagnie est une épreuve pour ta patience, c’est tout de même mieux que de tomber sur des bandits: après tout, tu n’aurais même plus de sandales à leur donner vu que tu n’as toujours pas remplacé les tiennes, ils n’auraient plus que la vie à te prendre.
Le barde changeant de sujet comme de compagne, ton esprit n’a fort heureusement pas le temps de s’attarder sur ces sinistres auspices. “Ça m'a appris à ne pas me laisser aller à la débauche.” rétorques-tu en levant le nez en l’air. “Le Seigneur me l’a fait dûment comprendre, et on ne m’y reprendra plus.”
(c’est plus une menace qu’une promesse)(les mailles du péché semble bien plus resserrée lorsque Titi est à ton bras)
Si tu te butes au sujet de la fête, la question te plonge tout de même dans les évènements de ces dernières semaines, même si ta réflexion n’a pas le luxe du silence. “J’ai rencontré une jeune femme dans la forêt.” Avant même de lui laisser l’occasion de salir sa mémoire par des polissonneries, tu enchéris. “Une personne respectable.”
(que tu as bien failli immoler)
A la déconfiture de ton visage, il est clair que les événements ont connu une fin tragique, et ce bien malgré le fait que tout le monde s’en soit sorti sain et sauf. Si ton entrevue avec le cardinal n’avait pas sonné la fin des pots cassés, tu craindrais qu’un malheur arrive aussi au barde, mais le souvenir n’en reste pas moins encore douloureux. “Oui, enfin… Rien qui puisse inspirer un grand intérêt, je lui ai juste montré le chemin.” Un maigre mensonge qui vaut bien d’éviter qu’une ballade sur ta maladresse mortelle ne voit le jour.
(de toute manière, la vie d’un moine n’a rien d'intéressant pour un artiste comme lui)
(alors pourquoi s'obstine-t-il à te questionner ?)
“J’y pense…” C’est bien la seule solution que tu as trouvé, interroger l’interrogateur pour ne pas avoir à t’épancher sur tes réponses. “Pourquoi le duc n’a pas fait envoyer un attelage pour venir te chercher ? Tu n’aurais pas à t’arrêter le jour pour dormir.” Vous avez beau être des habitués du sentier, si tu te mets à la place du Duc, tu souhaiterais que le barde arrive le plus vite possible pour accomplir son devoir. “Ce ‘travail’ peut vraiment attendre aussi longtemps si il est important ?”
(un vrai inquisiteur en devenir)
Pas besoin de te remémorer beaucoup de sentiers pour savoir qu’entre la capitale, Dijon et l’abbaye, vos chemins ne vont pas se quitter avant plusieurs jours. Cette révélation draine toute couleur de ton visage, les élucubrations du barde se faisant lointaine, embuées par les premiers signes de faiblesses.
(peut-être faut-il mieux t’abandonner à l’inconscient maintenant)
Dans sa grande générosité, Titi fait vriller tes tympans en sifflant sa mule, t’arrachant au malaise en remettant ton cœur flageolant à l’ordre d’un sursaut.
(console-toi, ton pauvre corps finira bien par trépasser à force)
(mais à tous les coups, ce diable t’attendra de pied ferme dans l’autre monde)
Fidèle à lui-même, le barde continue à mener la danse, te prenant par le bras comme le plus rustre des cavaliers tout en s’occupant à lui seul de la conversation. Tu l’écouterais à moitié si il n’arrivait pas sans faute à attirer ton attention à grand coup de blasphème, mais ton tout petit “Voyons !” n’arrivera ni à lui apprendre à tourner sa langue sept fois dans sa bouche, ni à penser au bon Dieu avant de l’ouvrir, alors tu ne peux que soupirer. “Il est certain que personne ne risque de nous approcher…”
Tu ne peux toutefois le contredire: même si sa compagnie est une épreuve pour ta patience, c’est tout de même mieux que de tomber sur des bandits: après tout, tu n’aurais même plus de sandales à leur donner vu que tu n’as toujours pas remplacé les tiennes, ils n’auraient plus que la vie à te prendre.
Le barde changeant de sujet comme de compagne, ton esprit n’a fort heureusement pas le temps de s’attarder sur ces sinistres auspices. “Ça m'a appris à ne pas me laisser aller à la débauche.” rétorques-tu en levant le nez en l’air. “Le Seigneur me l’a fait dûment comprendre, et on ne m’y reprendra plus.”
(c’est plus une menace qu’une promesse)(les mailles du péché semble bien plus resserrée lorsque Titi est à ton bras)
Si tu te butes au sujet de la fête, la question te plonge tout de même dans les évènements de ces dernières semaines, même si ta réflexion n’a pas le luxe du silence. “J’ai rencontré une jeune femme dans la forêt.” Avant même de lui laisser l’occasion de salir sa mémoire par des polissonneries, tu enchéris. “Une personne respectable.”
(que tu as bien failli immoler)
A la déconfiture de ton visage, il est clair que les événements ont connu une fin tragique, et ce bien malgré le fait que tout le monde s’en soit sorti sain et sauf. Si ton entrevue avec le cardinal n’avait pas sonné la fin des pots cassés, tu craindrais qu’un malheur arrive aussi au barde, mais le souvenir n’en reste pas moins encore douloureux. “Oui, enfin… Rien qui puisse inspirer un grand intérêt, je lui ai juste montré le chemin.” Un maigre mensonge qui vaut bien d’éviter qu’une ballade sur ta maladresse mortelle ne voit le jour.
(de toute manière, la vie d’un moine n’a rien d'intéressant pour un artiste comme lui)
(alors pourquoi s'obstine-t-il à te questionner ?)
“J’y pense…” C’est bien la seule solution que tu as trouvé, interroger l’interrogateur pour ne pas avoir à t’épancher sur tes réponses. “Pourquoi le duc n’a pas fait envoyer un attelage pour venir te chercher ? Tu n’aurais pas à t’arrêter le jour pour dormir.” Vous avez beau être des habitués du sentier, si tu te mets à la place du Duc, tu souhaiterais que le barde arrive le plus vite possible pour accomplir son devoir. “Ce ‘travail’ peut vraiment attendre aussi longtemps si il est important ?”
(un vrai inquisiteur en devenir)
Dim 21 Nov - 19:47
@Eudes de Cluny
Un rire franc vient percer la nuit lorsque j'entends le mot « débauche » sortir des lèvres du jeune moine. Qu'en sait-il de la débauche de pauvre Eudes ? Trois verres de vin et le Seigneur viendrait le punir, allons ! Je m'apprête à le taquiner sur ce point quand la suite de ses propos me laisse sans voix ou presque. Un petit « oh » avec des yeux brillants d'étonnement, suivi d'un sourire qui s'étire lentement, de plus en plus goguenard.
▬ Une jeune femme respectable dans la forêt... Et ce n'est pas la grimace de l'ermite qui va m'arrêter. Respectable hiiiiin. Ai-je répété en tapotant des doigts sur mon menton. Rien qui ne soit de grand intérêt, rien qui ne puisse mener bien sûr à la DÉBAUCHE ! Le mot explose, sous-entendu à peine voilée, plaisanterie au bord de la bouche. Oh non le Seigneur ne t'y prendra pas ! Enfin plus ! Et je ne ris plus mais j'en ai quand même presque les larmes aux yeux parce que c'est pas l'envie de m'esclaffer qui m'étouffe !
Tapotant l'épaule de mon nouveau compagnon de route, je continue en sautillant sur le sentier, mon humeur définitivement allégée. Ah qu'il est comique ce cher Eudes !
▬ Je suis très fier de toi mon brave Eudes. Très, très fier. Il faudra que tu me décrives à quoi ressemblait cette respectable señorita des bois ! Après tout on a tout le trajet pour en parler. Mais le sujet dérive sur ma petite personne ce qui n'est pas non plus pour me déplaire.
▬ Un attelage ? Je m'arrête un instant de causer, réfléchissant et puis hausse les épaules. C'est une excellente idée mais vois-tu mon respectable Eudes, je ne voudrais pas trop puiser dans les ressources de la Bourgogne et faire passer mon immense talent avant les sujets du Duc ! Et puis tu sais, avec le Bal d'Augustine je ne compte plus les invitations ! Je ne voudrais pas que tout le monde soit au courant d'où je vais et qui je sers, je serais fort déconcentré si mes admirateurs venaient à me suivre dans tous les recoins de France ! Un mensonge pour une vérité. Mieux vaut rester un tantinet discret sur mes allers-et-venues pour l'instant. Je n'aime pas qu'on puisse me suivre à la trace. Et puis mon doigt désigne la croupe de Marjorie qui marche tranquillement devant nous, complètement indifférente à la conversation (et d'ailleurs peut-être soulagée de ne plus être prise à partie ?). En plus, il faudrait un carrosse énooooorme pour faire rentrer le cul de Majorie ! Réajustant la sangle de me besace, je lâche le moine et m'avance sur le sentier, tournant sur moi-même, les bras levés vers les cieux : Et puis si je venais à me déplacer en attelage, je ne pourrais pas profiter de la beauté des paysages français. La suite s'accompagne d'un clin d'oeil appuyé : Et de leur bonne compagnie aussi ! Ah peut-être que moi aussi je rencontrerai une respectable demoiselle dans la forêt !
L'inspiration comme les jolies demoiselles ne se trouvent pas entre les quatre parois étroites d'une calèche ! Enfin je crois ?
▬ Une jeune femme respectable dans la forêt... Et ce n'est pas la grimace de l'ermite qui va m'arrêter. Respectable hiiiiin. Ai-je répété en tapotant des doigts sur mon menton. Rien qui ne soit de grand intérêt, rien qui ne puisse mener bien sûr à la DÉBAUCHE ! Le mot explose, sous-entendu à peine voilée, plaisanterie au bord de la bouche. Oh non le Seigneur ne t'y prendra pas ! Enfin plus ! Et je ne ris plus mais j'en ai quand même presque les larmes aux yeux parce que c'est pas l'envie de m'esclaffer qui m'étouffe !
Tapotant l'épaule de mon nouveau compagnon de route, je continue en sautillant sur le sentier, mon humeur définitivement allégée. Ah qu'il est comique ce cher Eudes !
▬ Je suis très fier de toi mon brave Eudes. Très, très fier. Il faudra que tu me décrives à quoi ressemblait cette respectable señorita des bois ! Après tout on a tout le trajet pour en parler. Mais le sujet dérive sur ma petite personne ce qui n'est pas non plus pour me déplaire.
▬ Un attelage ? Je m'arrête un instant de causer, réfléchissant et puis hausse les épaules. C'est une excellente idée mais vois-tu mon respectable Eudes, je ne voudrais pas trop puiser dans les ressources de la Bourgogne et faire passer mon immense talent avant les sujets du Duc ! Et puis tu sais, avec le Bal d'Augustine je ne compte plus les invitations ! Je ne voudrais pas que tout le monde soit au courant d'où je vais et qui je sers, je serais fort déconcentré si mes admirateurs venaient à me suivre dans tous les recoins de France ! Un mensonge pour une vérité. Mieux vaut rester un tantinet discret sur mes allers-et-venues pour l'instant. Je n'aime pas qu'on puisse me suivre à la trace. Et puis mon doigt désigne la croupe de Marjorie qui marche tranquillement devant nous, complètement indifférente à la conversation (et d'ailleurs peut-être soulagée de ne plus être prise à partie ?). En plus, il faudrait un carrosse énooooorme pour faire rentrer le cul de Majorie ! Réajustant la sangle de me besace, je lâche le moine et m'avance sur le sentier, tournant sur moi-même, les bras levés vers les cieux : Et puis si je venais à me déplacer en attelage, je ne pourrais pas profiter de la beauté des paysages français. La suite s'accompagne d'un clin d'oeil appuyé : Et de leur bonne compagnie aussi ! Ah peut-être que moi aussi je rencontrerai une respectable demoiselle dans la forêt !
L'inspiration comme les jolies demoiselles ne se trouvent pas entre les quatre parois étroites d'une calèche ! Enfin je crois ?
@Eudes de Cluny
Lun 29 Nov - 22:16
Eudes/Titi
when the road darkens
Voilà pourquoi tu ne dois jamais rien dévoiler de tes faits et gestes, encore moins à Titi. Il y a tant d’autres activités auxquelles tu aurais pu prétendre avoir pris part qui aurait rapidement tué son intérêt, mais il fallait que tu laisses un soupçon d’honnêteté t’échapper.
(cette fois, ta punition n’est que sous-entendus graveleux)
(avec un autre, une autre fois, se pourrait être bien pire)
Malheureusement, si tu rechignes à l’admettre tant sa présence t'exaspères, plus encore à cet instant précis où chacun de ses mots te fait te réfugier un peu plus entre tes épaules, il y a dans ses taquineries incessantes une familiarité réconfortante, une camaraderie espiègle qu’il t’es arrivé mainte fois d’observer entre frères et amis. Elle existe même ton agacement à peine voilé.
(les railleries laisseront toujours le goût de l’amitié sur ton palais)
(c’est tout ce que tu connais)
Si tu l’ouvres encore, tu ne vas que donner de la nourriture aux serpents, alors tu te butes à ne pas répondre à ses provocations, pinçant les lèvres si fort qu’elles ressortent blanche au milieu de ton visage cramoisi. A force, il finira bien s’ennuyer de ton silence et passer à autre chose.
(n’est-ce pas ?)
Ta digression fait son effet un instant, laissant le temps à tes joues de reprendre leur couleur usuelle. Mieux encore, tu surprends un instant de réflexion chez ton compagnon de route, juste le temps d’une pensée médisante que tu n’oserais exprimer tout haut. “Mh.” réponds-tu simplement face à ses explications. “Je vois, oui.”
Si tu ne trouves rien à remettre en question, elles te laissent perplexe. Rien n’est jamais si simple avec Titi. Même en étant si friand de parler de sa personne, il demeure une énigme aussi complexe que la lune, si bien qu’il t’es impossible de comprendre ce qu’il a derrière la tête.
Pour le salut de son âme, tu pries pour qu’il soit honnête sur les raisons de ses déplacements, mais à cause de sa nature, tu ne peux t'empêcher d’avoir un mauvais pressentiment.
Il est bien vrai, au moins, que la pauvre Marjorie n’aurait pas sa place dans un carrosse.
Tu soupires, bien obligé d’admettre ta défaite sur cet interrogatoire, avant de poignarder le barde du regard face à son insistance vis-à-vis de ton escapade forestière. “Les jeunes filles respectables dans les bois, ce n’est pas monnaie courante.” Tu n’attends pas un battement avant de continuer afin de ne pas lui laisser l’occasion de mettre une nouvelle fois en doute la nature de ce qui s’est passé ce jour-là. “Tu as toutes les chances de tomber sur une sorcière.” Si le mot ne t’inspire aucun bon souvenir, l’idée d’inférer une once de crainte dans le cœur de Titi en rince un peu l’amertume. “Elle te jettera un maléfice pour s’approprier toute ta future fortune à ton insu.” La lumière de la lanterne joue avec les reliefs émaciés de ton visage pour y jeter des ombres inquiétantes, soutenant ton terrible récit alors que tu tends un doigt menaçant vers l’entrejambe de l’espagnol. “Et quand il ne te restera plus un sous, elle te frappera d’impuissance.”
La menace te ramènes avec nostalgie à l’époque où, ignorant les préceptes du Seigneur, tu riais à t’en tordre en deux après avoir prétendu lancer de telles malédictions à quelques garçons malotrus -ou tout du moins t’être tenu aux côtés de celle qui le faisait-, si bien que tu ne peux retenir un gloussement à peine dissimulé derrière ta manche. Pressant un peu le pas pour te retrouver à son niveau, tu ne prends même pas la peine d’essuyer le sourire restant. “Je pense qu’il est plus sage de te cantonner à la compagnie des dames du bal.” Et encore, tu crois bien te souvenir que le barde se lamentait d’avoir failli goûter à la dague d’une femme lors de votre dernière échange… Il semblerait que le goût du danger ne lui manque pas lorsqu’il s’agit de la gente féminine. “Ou au célibat.”
(cette fois, ta punition n’est que sous-entendus graveleux)
(avec un autre, une autre fois, se pourrait être bien pire)
Malheureusement, si tu rechignes à l’admettre tant sa présence t'exaspères, plus encore à cet instant précis où chacun de ses mots te fait te réfugier un peu plus entre tes épaules, il y a dans ses taquineries incessantes une familiarité réconfortante, une camaraderie espiègle qu’il t’es arrivé mainte fois d’observer entre frères et amis. Elle existe même ton agacement à peine voilé.
(les railleries laisseront toujours le goût de l’amitié sur ton palais)
(c’est tout ce que tu connais)
Si tu l’ouvres encore, tu ne vas que donner de la nourriture aux serpents, alors tu te butes à ne pas répondre à ses provocations, pinçant les lèvres si fort qu’elles ressortent blanche au milieu de ton visage cramoisi. A force, il finira bien s’ennuyer de ton silence et passer à autre chose.
(n’est-ce pas ?)
Ta digression fait son effet un instant, laissant le temps à tes joues de reprendre leur couleur usuelle. Mieux encore, tu surprends un instant de réflexion chez ton compagnon de route, juste le temps d’une pensée médisante que tu n’oserais exprimer tout haut. “Mh.” réponds-tu simplement face à ses explications. “Je vois, oui.”
Si tu ne trouves rien à remettre en question, elles te laissent perplexe. Rien n’est jamais si simple avec Titi. Même en étant si friand de parler de sa personne, il demeure une énigme aussi complexe que la lune, si bien qu’il t’es impossible de comprendre ce qu’il a derrière la tête.
Pour le salut de son âme, tu pries pour qu’il soit honnête sur les raisons de ses déplacements, mais à cause de sa nature, tu ne peux t'empêcher d’avoir un mauvais pressentiment.
Il est bien vrai, au moins, que la pauvre Marjorie n’aurait pas sa place dans un carrosse.
Tu soupires, bien obligé d’admettre ta défaite sur cet interrogatoire, avant de poignarder le barde du regard face à son insistance vis-à-vis de ton escapade forestière. “Les jeunes filles respectables dans les bois, ce n’est pas monnaie courante.” Tu n’attends pas un battement avant de continuer afin de ne pas lui laisser l’occasion de mettre une nouvelle fois en doute la nature de ce qui s’est passé ce jour-là. “Tu as toutes les chances de tomber sur une sorcière.” Si le mot ne t’inspire aucun bon souvenir, l’idée d’inférer une once de crainte dans le cœur de Titi en rince un peu l’amertume. “Elle te jettera un maléfice pour s’approprier toute ta future fortune à ton insu.” La lumière de la lanterne joue avec les reliefs émaciés de ton visage pour y jeter des ombres inquiétantes, soutenant ton terrible récit alors que tu tends un doigt menaçant vers l’entrejambe de l’espagnol. “Et quand il ne te restera plus un sous, elle te frappera d’impuissance.”
La menace te ramènes avec nostalgie à l’époque où, ignorant les préceptes du Seigneur, tu riais à t’en tordre en deux après avoir prétendu lancer de telles malédictions à quelques garçons malotrus -ou tout du moins t’être tenu aux côtés de celle qui le faisait-, si bien que tu ne peux retenir un gloussement à peine dissimulé derrière ta manche. Pressant un peu le pas pour te retrouver à son niveau, tu ne prends même pas la peine d’essuyer le sourire restant. “Je pense qu’il est plus sage de te cantonner à la compagnie des dames du bal.” Et encore, tu crois bien te souvenir que le barde se lamentait d’avoir failli goûter à la dague d’une femme lors de votre dernière échange… Il semblerait que le goût du danger ne lui manque pas lorsqu’il s’agit de la gente féminine. “Ou au célibat.”
Dim 5 Déc - 1:00
@Eudes de Cluny
Sans forcément m'en rendre compte, ma tête dodeline légèrement de droite à gauche tandis que je jacasse, agitant les bras comme un pendule un peu fou, un peu heureux. Parce que oui ça me rend heureux d'avoir de la conversation sur la route. Et même les airs renfrognés de mon interlocuteur improvisé ne sauraient m'ôter ma joie. Bah allez dans le fond, je suis certain également que ce moine est content de m'avoir (re)croisé. S'il ne l'était pas, il pourrait tout simplement se murer dans un silence grave comme ont tendance à le faire certains de ses camarades. Il ne le sait sans doute pas, mais Eudes est l'un des frères les plus sympathiques qu'il m'ait été donné de rencontrer et cela vient de quelqu'un qui a problème personnel avec Dieu.
Aussi suis-je absolument ravi d'entendre le nom de sorcière sortir des lèvres de l'ermite. Oh oh, sorcière vraiment ? Ne risque-t-il pas de prendre feu sur place en évoquant le pouvoir des fiancées du Diable ?
Curieux, je me tais alors pour mieux écouter, me prêtant même au jeu du voyageur effarouché : yeux écartés, mine plus pâle, grimace contrariée. Oh non une sorcière vraiment que c'est terrifiant ! N'existe-t-il pas pires créatures que ces hérétiques et leurs pratiques impies, ces demoiselles qui refusent de se marier et pratiquent la sorcellerie comme je ne sais pas, attention, la contraception ! Doux Jesus Sainte Marie Joseph ! Un buveur de sang tel que moi ne ferait pas le poids !
Ceci dit, nonobstant mes indéniables qualités d'acteur, je ne peux pas m'empêcher de laisser tomber l'affaire et de sourire lorsque je vois où il veut venir, jusqu'à carrément éclater de rire lorsqu'il me parle de célibat.
▬ Oh Eudes, Eudes, Eudes, Eudes. N'as-tu donc pas deviné ? Je pensais que tu savais ! L'ai-je interrogé entre deux éclats de rire, essuyant d'un doigt un début de larmes. Je ne parle pas de ma nature de damné voyons, laissons-le dans la douce ignorance des mortels. Je pense à une toute autre condition qu'il m'est difficile de cacher bien longtemps. Dieu m'a peut-être béni d'un chant absolument angélique mais vois-tu, c'est la main de son serviteur qui m'a réellement hum... gracié de cet instrument. Je n'ai après tout pas simplement d'une voix de fausset outrageusement aiguë pour un homme de mon âge mais d'un timbre plus doux, plus clair que les autres contre-tenors. Parce que je suis resté coincé dans l'enfance que je n'ai jamais eu le droit d'avoir. Mimant un coup de ciseaux avec mes doigts, je m'explique : Je suis castrado, eunuquo ! COUIC COUIC quoi ! Alors l'impuissance franchement ! Je n'ai pas honte d'en parler, c'est comme ça. Et puis j'ai eu la chance au cours de mon existence de tomber sur de braves âmes qui m'ont appris que la bravoure d'un homme ne se mesure pas à ce qu'il a entre les jambes. Puis tu vois bien que je suis déjà fauché comme les blés sinon Marjorie aurait un nouveau filet en cuir avec des gravures !
Il y a ceci dit matière à discussion, alors je cesse de ricaner et reprends plus sérieusement :
▬ Mais m'est d'avis que certaines dames du bal sont pires que les sorcières. Je crois que l'une d'entre elles plus que ma virilité m'a volé mon coeur. Un soupir sincère suivi d'un gémissement : Je peux vivre sans argent et sans descendance mais je ne peux pas vivre sans mon coeur ! Bin voilà on en revient toujours à Calla ! Peut-être m'a-t-elle vraiment jeté un sort ? Peut-être que je devrais me consoler dans les bras d'une sorcière alors mais je crois qu'elle serait déçue de mon absence de coeur à dévorer. Tournant la tête vers mon vis-à-vis avec une lueur de curiosité dans les pupilles : Mais tu as l'air d'être bien au courant de la chose. Dis-moi Eudes, as-tu déjà prêté ton coeur ? Avant de le donner au Tout-Puissant bien évidemment ! Bien évidemment. Je me souviens que tu avais parlé d'une demoiselle aux démonstrations spéciales lors du mariage du Duc de Navarre...
Se pourrait-il qu'il s'agisse d'une autre jeune femme des bois ? D'une jeune femme un peu moins respectable que celles que l'on croise dans les bals ? De type... sorcière ? Ooooh que cela devient intéressant !
Aussi suis-je absolument ravi d'entendre le nom de sorcière sortir des lèvres de l'ermite. Oh oh, sorcière vraiment ? Ne risque-t-il pas de prendre feu sur place en évoquant le pouvoir des fiancées du Diable ?
Curieux, je me tais alors pour mieux écouter, me prêtant même au jeu du voyageur effarouché : yeux écartés, mine plus pâle, grimace contrariée. Oh non une sorcière vraiment que c'est terrifiant ! N'existe-t-il pas pires créatures que ces hérétiques et leurs pratiques impies, ces demoiselles qui refusent de se marier et pratiquent la sorcellerie comme je ne sais pas, attention, la contraception ! Doux Jesus Sainte Marie Joseph ! Un buveur de sang tel que moi ne ferait pas le poids !
Ceci dit, nonobstant mes indéniables qualités d'acteur, je ne peux pas m'empêcher de laisser tomber l'affaire et de sourire lorsque je vois où il veut venir, jusqu'à carrément éclater de rire lorsqu'il me parle de célibat.
▬ Oh Eudes, Eudes, Eudes, Eudes. N'as-tu donc pas deviné ? Je pensais que tu savais ! L'ai-je interrogé entre deux éclats de rire, essuyant d'un doigt un début de larmes. Je ne parle pas de ma nature de damné voyons, laissons-le dans la douce ignorance des mortels. Je pense à une toute autre condition qu'il m'est difficile de cacher bien longtemps. Dieu m'a peut-être béni d'un chant absolument angélique mais vois-tu, c'est la main de son serviteur qui m'a réellement hum... gracié de cet instrument. Je n'ai après tout pas simplement d'une voix de fausset outrageusement aiguë pour un homme de mon âge mais d'un timbre plus doux, plus clair que les autres contre-tenors. Parce que je suis resté coincé dans l'enfance que je n'ai jamais eu le droit d'avoir. Mimant un coup de ciseaux avec mes doigts, je m'explique : Je suis castrado, eunuquo ! COUIC COUIC quoi ! Alors l'impuissance franchement ! Je n'ai pas honte d'en parler, c'est comme ça. Et puis j'ai eu la chance au cours de mon existence de tomber sur de braves âmes qui m'ont appris que la bravoure d'un homme ne se mesure pas à ce qu'il a entre les jambes. Puis tu vois bien que je suis déjà fauché comme les blés sinon Marjorie aurait un nouveau filet en cuir avec des gravures !
Il y a ceci dit matière à discussion, alors je cesse de ricaner et reprends plus sérieusement :
▬ Mais m'est d'avis que certaines dames du bal sont pires que les sorcières. Je crois que l'une d'entre elles plus que ma virilité m'a volé mon coeur. Un soupir sincère suivi d'un gémissement : Je peux vivre sans argent et sans descendance mais je ne peux pas vivre sans mon coeur ! Bin voilà on en revient toujours à Calla ! Peut-être m'a-t-elle vraiment jeté un sort ? Peut-être que je devrais me consoler dans les bras d'une sorcière alors mais je crois qu'elle serait déçue de mon absence de coeur à dévorer. Tournant la tête vers mon vis-à-vis avec une lueur de curiosité dans les pupilles : Mais tu as l'air d'être bien au courant de la chose. Dis-moi Eudes, as-tu déjà prêté ton coeur ? Avant de le donner au Tout-Puissant bien évidemment ! Bien évidemment. Je me souviens que tu avais parlé d'une demoiselle aux démonstrations spéciales lors du mariage du Duc de Navarre...
Se pourrait-il qu'il s'agisse d'une autre jeune femme des bois ? D'une jeune femme un peu moins respectable que celles que l'on croise dans les bals ? De type... sorcière ? Ooooh que cela devient intéressant !
@Eudes de Cluny
Mar 7 Déc - 21:56
Eudes/Titi
when the road darkens
Lors de tes maints voyages littéraires à travers nombre de bibliothèques, tu as appris bien des choses; tu ne te permettrais point de t’en vanter, mais l’on pourrait dire que tu as une culture générale plutôt étendue.
Le problème avec les livres t’es pourtant pendu sous le nez présentement: lire à propos de certaines choses n’équivaut pas à les vivre et la part d’ombre subsistant entre les deux ne se fait que plus évidente en face d’une personne d’expérience. A présent, tout ce que la lumière de la lanterne dévoile sont tes joues écarlates, honteux d’être pris dans l’un de tes mensonges alors qu’il n’est pas même le sujet de cette conversation. “H-ha, comment ça ?”
Tout ce que tu as lu sur les eunuques ne pouvaient te préparer à en croiser un en la personne de Titi. Ça aurait dû te crever les yeux d’évidence, mais tu es si habitué à ta propre présence qu’il semblerait que tu aies oublié que la plupart des hommes adultes glabres à la voix aiguë ne pouvaient certainement pas l’être sans aucune raison.
Toi, de par ton appartenance au beau sexe, caché sous tes vêtements,
et d'autres, par des méthodes plus…
Radicales.
“M-mais pourquoi ? Pour quelles raisons ?” Voilà ce qui en coûte de se prétendre être une chose en étant tombé sur le terme qu’une poignée de fois à travers des ouvrages: ce n’était pas Matthieu et sa vague allusion au concept qui allait éclairer ta lanterne sur le pourquoi du comment. Tu t’es juste contenté de penser que c’était une bonne excuse, sans jamais y penser ni te douter que tu en croiserais un vrai. “Je suis sincèrement désolé je -je ne voulais pas tourner en ridicule ta condition, c’était une farce de mauvais genre je l’admet-”
(il semblerait aussi que tu sois trop bête pour lire la pièce)(alors même qu’il rit comme un bossu)
(c’est peut-être de la gêne)(rationalises-tu stupidement)
“Je suis sûr que le Duc te paiera généreusement…” marmonnes-tu la tête aussi basse que ta lanterne, comme si cela pouvait le consoler d’avoir été privé de virilité.
Fort heureusement, le barde a le chic pour te faire remonter la pente, et si tu l’écoutes d’abord attentivement raconter ses aventures amoureuses, tu finis bien vite par réaliser que l’offense n’a pas eu la portée dramatique que tu croyais -et avec cette réalisation, ton attitude apologétique se volatilise bien vite, remplacé par le plus habituel mélange de jugement et de gêne réservé pour sa personne. “Cela ne concerne que moi et le Seigneur.”
Pour quelqu’un qui était si effrayé d’avoir touché une corde sensible, il est évident que le barde vient de tirer sur la tienne, et à la façon dont tu détournes ton visage d’un mouvement sec, avec autant de délicatesse qu’un sonneur de cloche.
(au moins, tu ne risques plus d’être hanté par la culpabilité d’avoir été insensible avec lui)
Dire que si tu avais fais allusion à ton expérience, c’était pour le réconforter dans ses peines de coeur ! Cela te donne à peine envie de t’y investir à nouveau; cependant, tu ne peux ignorer la pointe de curiosité qui te taraude. “De toute manière, je ne comprends pas ce qui t’empêche de récupérer ton coeur.” Lâcheté ? Fierté ? Classe ?
En y réfléchissant, une pensée terrible a à peine le temps d’éclore derrière tes yeux que tu refais volte-face vers le barde, outré d’avance. “Ne me dit pas que c’est une femme mariée ?!”
Une alliance sacrée devant le Tout-puissant, ça ne se bafoue tout simplement pas ! Tu te prépares déjà à devoir annoncer au pauvre Titi qu’il ferait bien de s’habituer à vivre sans coeur.
Le problème avec les livres t’es pourtant pendu sous le nez présentement: lire à propos de certaines choses n’équivaut pas à les vivre et la part d’ombre subsistant entre les deux ne se fait que plus évidente en face d’une personne d’expérience. A présent, tout ce que la lumière de la lanterne dévoile sont tes joues écarlates, honteux d’être pris dans l’un de tes mensonges alors qu’il n’est pas même le sujet de cette conversation. “H-ha, comment ça ?”
Tout ce que tu as lu sur les eunuques ne pouvaient te préparer à en croiser un en la personne de Titi. Ça aurait dû te crever les yeux d’évidence, mais tu es si habitué à ta propre présence qu’il semblerait que tu aies oublié que la plupart des hommes adultes glabres à la voix aiguë ne pouvaient certainement pas l’être sans aucune raison.
Toi, de par ton appartenance au beau sexe, caché sous tes vêtements,
et d'autres, par des méthodes plus…
Radicales.
“M-mais pourquoi ? Pour quelles raisons ?” Voilà ce qui en coûte de se prétendre être une chose en étant tombé sur le terme qu’une poignée de fois à travers des ouvrages: ce n’était pas Matthieu et sa vague allusion au concept qui allait éclairer ta lanterne sur le pourquoi du comment. Tu t’es juste contenté de penser que c’était une bonne excuse, sans jamais y penser ni te douter que tu en croiserais un vrai. “Je suis sincèrement désolé je -je ne voulais pas tourner en ridicule ta condition, c’était une farce de mauvais genre je l’admet-”
(il semblerait aussi que tu sois trop bête pour lire la pièce)(alors même qu’il rit comme un bossu)
(c’est peut-être de la gêne)(rationalises-tu stupidement)
“Je suis sûr que le Duc te paiera généreusement…” marmonnes-tu la tête aussi basse que ta lanterne, comme si cela pouvait le consoler d’avoir été privé de virilité.
Fort heureusement, le barde a le chic pour te faire remonter la pente, et si tu l’écoutes d’abord attentivement raconter ses aventures amoureuses, tu finis bien vite par réaliser que l’offense n’a pas eu la portée dramatique que tu croyais -et avec cette réalisation, ton attitude apologétique se volatilise bien vite, remplacé par le plus habituel mélange de jugement et de gêne réservé pour sa personne. “Cela ne concerne que moi et le Seigneur.”
Pour quelqu’un qui était si effrayé d’avoir touché une corde sensible, il est évident que le barde vient de tirer sur la tienne, et à la façon dont tu détournes ton visage d’un mouvement sec, avec autant de délicatesse qu’un sonneur de cloche.
(au moins, tu ne risques plus d’être hanté par la culpabilité d’avoir été insensible avec lui)
Dire que si tu avais fais allusion à ton expérience, c’était pour le réconforter dans ses peines de coeur ! Cela te donne à peine envie de t’y investir à nouveau; cependant, tu ne peux ignorer la pointe de curiosité qui te taraude. “De toute manière, je ne comprends pas ce qui t’empêche de récupérer ton coeur.” Lâcheté ? Fierté ? Classe ?
En y réfléchissant, une pensée terrible a à peine le temps d’éclore derrière tes yeux que tu refais volte-face vers le barde, outré d’avance. “Ne me dit pas que c’est une femme mariée ?!”
Une alliance sacrée devant le Tout-puissant, ça ne se bafoue tout simplement pas ! Tu te prépares déjà à devoir annoncer au pauvre Titi qu’il ferait bien de s’habituer à vivre sans coeur.
Sam 18 Déc - 20:22
@Eudes de Cluny
Les sabots de Marjorie martèlent le sentier devant nous, ses fers tintent contre la terre et rythment paisiblement la conversation. Je ne le montre pas, mais je suis touché par la sollicitude d'Eudes. C'est... bien l'une des premières fois où la découverte de ma condition suscite de la compassion et non des moqueries ou du dégoût. Vraiment quel gentil petit moine cet Eudes. À croquer !
▬ Pourquoi t'excuses-tu Eudes ? Ce n'est pas comme si c'était lui qui avait tenu la lame il y a bien longtemps. Il n'y a pas mort d'homme... enfin pas littéralement ! Ai-je continué à rire pour bien lui indiquer qu'il n'y a pas de mal.
Enfin je ne m'éternise pas sur le sujet, comprenant bien qu'il y a de quoi être mal à l'aise.
▬ Entre toi et le Seigneur... Que de misterios ! C'est comme si tu avais quelque chose à cacher hmmm ? Je taquine, je taquine mais au ton sec de sa réponse suivie d'un mouvement de tête, encore une fois je préfère ne pas insister, de peur de finir par vraiment l'abimer ce petit croyant. Je suis un animal bête mais pas méchant et puis de toutes façons je préfère revenir à mon illustre personne, même si parler de cette (non) conquête me laisse un goût amer en bouche.
▬ Bah si je pouvais le récupérer est-ce que tu crois que je serais là à geindre devant toi ! Ce n'est pas comme si ce genre de choses pouvaient facilement se décider. D'habitude je suis plutôt habile pour protéger mon coeur mais quand il s'agit de Calla, je dois admettre que j'ai toujours comme des pincements dans la poitrine. Ça passera. Tout finit par passer. Quitter Paris me fera du bien à l'âme comme au portefeuille ! Mariée, mariée... non... enfin si à son travail ! Son travail de bourreau. Une oeillade à Eudes et je reprends sans lui laisser le temps de m'interrompre. Et non ce n'est ni une nonne, ni une fille de noble alors je ne comprends pas pourquoi elle s'entête à se crever à la tâche ! Peut-être parce que l'Eglise souterraine l'a tuée il y a bien longtemps. Mais bon c'est peine perdue d'essayer d'expliquer quelque chose que je ne comprends moi-même pas à un simple humain.
Gonflant la poitrine et posant les poings sur les hanches, je m'exclame alors : Bin hé tant pis, la mancha de una mora con otra verde se quita ! Comme on dit par chez moi : une tâche de mûre peut être nettoyée avec une autre mûre verte ! Une affirmation que j'énonce plus pour moi-même que pour mon interlocuteur. C'est pas comme si y'avait plein de poissons dans l'océan. Y'en aura sûrement un qui aura un coeur de remplacement à me prêter ! Ou plutôt le temps finira par me le ramener. Dans quel état par contre, ça par contre c'est une autre histoire !
▬ Tu restes à Notre-Dame de Cîteaux longtemps ? Peut-être que je devrais faire pèlerinage moi aussi, ça me redonnerait de l'inspiration ! Ai-je demandé en me léchant les lèvres, pensant à toutes les beautés de France qu'il me reste encore à découvrir.
Puis bon il faut bien que je trouve quelque chose à faire une fois que j'aurais fini d'épuiser la patience du nouveau Duc de Bourgogne.
▬ Pourquoi t'excuses-tu Eudes ? Ce n'est pas comme si c'était lui qui avait tenu la lame il y a bien longtemps. Il n'y a pas mort d'homme... enfin pas littéralement ! Ai-je continué à rire pour bien lui indiquer qu'il n'y a pas de mal.
Enfin je ne m'éternise pas sur le sujet, comprenant bien qu'il y a de quoi être mal à l'aise.
▬ Entre toi et le Seigneur... Que de misterios ! C'est comme si tu avais quelque chose à cacher hmmm ? Je taquine, je taquine mais au ton sec de sa réponse suivie d'un mouvement de tête, encore une fois je préfère ne pas insister, de peur de finir par vraiment l'abimer ce petit croyant. Je suis un animal bête mais pas méchant et puis de toutes façons je préfère revenir à mon illustre personne, même si parler de cette (non) conquête me laisse un goût amer en bouche.
▬ Bah si je pouvais le récupérer est-ce que tu crois que je serais là à geindre devant toi ! Ce n'est pas comme si ce genre de choses pouvaient facilement se décider. D'habitude je suis plutôt habile pour protéger mon coeur mais quand il s'agit de Calla, je dois admettre que j'ai toujours comme des pincements dans la poitrine. Ça passera. Tout finit par passer. Quitter Paris me fera du bien à l'âme comme au portefeuille ! Mariée, mariée... non... enfin si à son travail ! Son travail de bourreau. Une oeillade à Eudes et je reprends sans lui laisser le temps de m'interrompre. Et non ce n'est ni une nonne, ni une fille de noble alors je ne comprends pas pourquoi elle s'entête à se crever à la tâche ! Peut-être parce que l'Eglise souterraine l'a tuée il y a bien longtemps. Mais bon c'est peine perdue d'essayer d'expliquer quelque chose que je ne comprends moi-même pas à un simple humain.
Gonflant la poitrine et posant les poings sur les hanches, je m'exclame alors : Bin hé tant pis, la mancha de una mora con otra verde se quita ! Comme on dit par chez moi : une tâche de mûre peut être nettoyée avec une autre mûre verte ! Une affirmation que j'énonce plus pour moi-même que pour mon interlocuteur. C'est pas comme si y'avait plein de poissons dans l'océan. Y'en aura sûrement un qui aura un coeur de remplacement à me prêter ! Ou plutôt le temps finira par me le ramener. Dans quel état par contre, ça par contre c'est une autre histoire !
▬ Tu restes à Notre-Dame de Cîteaux longtemps ? Peut-être que je devrais faire pèlerinage moi aussi, ça me redonnerait de l'inspiration ! Ai-je demandé en me léchant les lèvres, pensant à toutes les beautés de France qu'il me reste encore à découvrir.
Puis bon il faut bien que je trouve quelque chose à faire une fois que j'aurais fini d'épuiser la patience du nouveau Duc de Bourgogne.
@Eudes de Cluny
Lun 20 Déc - 23:03
Eudes/Titi
when the road darkens
Oh, des choses à cacher, tu en as tant; si le barde savait la moitié de la vérité sur toi, tu perdrais sans aucun doute toute son estime.
(si encore, il en a pour toi)
Mais il ne s’attarde point sur le sujet -à la bonne heure car tu préfères tout autant parler amourette. Etant privé de cette danse-là, il est amusant, et surtout bien innocent, de la vivre par procuration.
De plus, maintenant que tu es rassuré de ne pas le conseiller dans des entreprises impies, tu peux y consacrer toute ta réflexion. Le menton entre les doigts, tu tentes de trouver un moyen d’enlever la belle à son travail, mais si même l’amour de ton compagnon ne peut la convaincre, cela te semble peine perdue.
Du moins, pour l’instant !
“Soit sans crainte, Titi…” Tu poses ce que tu espères être une main rassurante sur l’épaule du malheureux. “Tôt où tard, elle finira par se rappeler de la raison pour laquelle le Seigneur l’a faite femme; et ce jour-là, elle s’apercevra enfin de ton amour.”
(si tu avais une quelconque idée de comment les enfants étaient faits, tu saurais qu’elle peinerait à satisfaire ses élans maternelles avec ton compagnon)(autant espérer une seconde immaculée conception)
Fier de ton travail, tu ne cherches d’abord point à comprendre la signification de ce que le barde baragouine, mais ce qui suit t’en donne une assez bonne idée pour que tu t’empresses de le tirer à nouveau sur le droit chemin. “Allons, il faut savoir s’armer de patience.” Ce serait trop bête de ruiner toutes ses chances pour aller courir les jupons. “Si j’étais elle, si l’homme qui me courtisait allait voir si l’herbe était plus verte ailleurs, ça ne m’aiderait pas à être convaincue.” Oh non, toi, par amour, tu voudrais que ton soupirant soit capable d’attendre le temps qu’il faudrait, sans jamais se détourner de toi.
(pour être honnête, tu préférerais surtout qu’aucun ne te tournes autour)(surtout pas une personne assez entêtée pour espérer que tu renonces à ta vocation)
“Tu pourrais prendre exemple sur elle et laisser le travail t’occuper l’esprit…” Moins il penserait à l’amour, moins dure sera l’attente, et à la réflexion, ce que le barde avance semble être une parfaite solution à cette impatience.
Même si tu agonisais déjà à l’idée de faire tout le trajet avec lui, tu ne veux pas décourager cet intérêt soudain pour l’abbaye ! “J’y resterai aussi longtemps que le Seigneur le désire.” Plus littéralement que ton compagnon ne doit le penser. “Mais je pense que cela te ferait le plus grand bien pour te changer les idées; après tout, c’est la paix intérieure que nos frères cisterciens recherchent avant tout. Tu pourrais même y faire une courte retraite, loin de toute tentation…”
Par contre, tu n’es pas certain qu’il soit capable d’observer la règle du silence… Et tu serais mortifié à l’idée qu’une personne que tu as conviée trouble la quiétude de l’Abbaye. Mais si la seule autre solution soit que ce pauvre Titi aille cuisser la première venue, ta petite personne pourra bien essuyer ses éventuels affronts. “Si tu y songes sérieusement, je devrais peut-être t’enseigner quelques signes élémentaires pour t’en sortir là-bas…” Qu’est-ce qu’une langue supplémentaire pour un polyglotte après tout ? “Ce n’est pas sorcier, tu verras…” Pour illustrer tes propos, tu fais un petit triangle avec tes indexes et tes pouces, ramenant la lampe avec ton geste en le montrant à ton compagnon. “Par exemple, ça, c’est le pain: un triangle, comme le Père du Christ, dont il est le corps. Logique, n’est-ce pas ?” Un moyen mnémotechnique qui avait déjà fait ses preuves avec toi et que tu es clairement enchanté de partager à ton tour. “Et mh… Un qui devrait t’être de grand intérêt…” Tu portes ton index plié contre tes lèvres où point un petit sourire entendu. “Le vin.”
(c’est fini, tu as clairement en tête que le barde voudra réellement aller s’ennuyer là-bas avec toi)
(si encore, il en a pour toi)
Mais il ne s’attarde point sur le sujet -à la bonne heure car tu préfères tout autant parler amourette. Etant privé de cette danse-là, il est amusant, et surtout bien innocent, de la vivre par procuration.
De plus, maintenant que tu es rassuré de ne pas le conseiller dans des entreprises impies, tu peux y consacrer toute ta réflexion. Le menton entre les doigts, tu tentes de trouver un moyen d’enlever la belle à son travail, mais si même l’amour de ton compagnon ne peut la convaincre, cela te semble peine perdue.
Du moins, pour l’instant !
“Soit sans crainte, Titi…” Tu poses ce que tu espères être une main rassurante sur l’épaule du malheureux. “Tôt où tard, elle finira par se rappeler de la raison pour laquelle le Seigneur l’a faite femme; et ce jour-là, elle s’apercevra enfin de ton amour.”
(si tu avais une quelconque idée de comment les enfants étaient faits, tu saurais qu’elle peinerait à satisfaire ses élans maternelles avec ton compagnon)(autant espérer une seconde immaculée conception)
Fier de ton travail, tu ne cherches d’abord point à comprendre la signification de ce que le barde baragouine, mais ce qui suit t’en donne une assez bonne idée pour que tu t’empresses de le tirer à nouveau sur le droit chemin. “Allons, il faut savoir s’armer de patience.” Ce serait trop bête de ruiner toutes ses chances pour aller courir les jupons. “Si j’étais elle, si l’homme qui me courtisait allait voir si l’herbe était plus verte ailleurs, ça ne m’aiderait pas à être convaincue.” Oh non, toi, par amour, tu voudrais que ton soupirant soit capable d’attendre le temps qu’il faudrait, sans jamais se détourner de toi.
(pour être honnête, tu préférerais surtout qu’aucun ne te tournes autour)(surtout pas une personne assez entêtée pour espérer que tu renonces à ta vocation)
“Tu pourrais prendre exemple sur elle et laisser le travail t’occuper l’esprit…” Moins il penserait à l’amour, moins dure sera l’attente, et à la réflexion, ce que le barde avance semble être une parfaite solution à cette impatience.
Même si tu agonisais déjà à l’idée de faire tout le trajet avec lui, tu ne veux pas décourager cet intérêt soudain pour l’abbaye ! “J’y resterai aussi longtemps que le Seigneur le désire.” Plus littéralement que ton compagnon ne doit le penser. “Mais je pense que cela te ferait le plus grand bien pour te changer les idées; après tout, c’est la paix intérieure que nos frères cisterciens recherchent avant tout. Tu pourrais même y faire une courte retraite, loin de toute tentation…”
Par contre, tu n’es pas certain qu’il soit capable d’observer la règle du silence… Et tu serais mortifié à l’idée qu’une personne que tu as conviée trouble la quiétude de l’Abbaye. Mais si la seule autre solution soit que ce pauvre Titi aille cuisser la première venue, ta petite personne pourra bien essuyer ses éventuels affronts. “Si tu y songes sérieusement, je devrais peut-être t’enseigner quelques signes élémentaires pour t’en sortir là-bas…” Qu’est-ce qu’une langue supplémentaire pour un polyglotte après tout ? “Ce n’est pas sorcier, tu verras…” Pour illustrer tes propos, tu fais un petit triangle avec tes indexes et tes pouces, ramenant la lampe avec ton geste en le montrant à ton compagnon. “Par exemple, ça, c’est le pain: un triangle, comme le Père du Christ, dont il est le corps. Logique, n’est-ce pas ?” Un moyen mnémotechnique qui avait déjà fait ses preuves avec toi et que tu es clairement enchanté de partager à ton tour. “Et mh… Un qui devrait t’être de grand intérêt…” Tu portes ton index plié contre tes lèvres où point un petit sourire entendu. “Le vin.”
(c’est fini, tu as clairement en tête que le barde voudra réellement aller s’ennuyer là-bas avec toi)
Sam 15 Jan - 19:54
@Eudes de Cluny
Ah le travail, le travail. C'est vrai, en soit mon travail est important et si je ne crois pas en Dieu c'est peut-être la vie ou le destin qui me rappelle que j'ai juré auprès d'Imane de reprendre son rôle d'archiviste. Ah que c'est ennuyeux ! De se faire rappeler à l'ordre par un petit ermite qui n'y connait rien à rien ! Mais c'est sans doute pour ça qu'on a besoin des ermites comme Eudes : coupés du monde comme ils sont, ils développent comme une forme de sagesse infantile, ah infantile oui c'est le mot ! On dit que la vérité sort de la bouche des enfants alors la force d'Eudes ça doit être quelque chose comme ça ! Tout le monde aime les enfants en plus.
▬ Je déteste l'admettre mais je crois que tu tiens peut-être le bon bout mon très cher ami... Je devrais sans doute me focaliser sur mon art et le reste viendra de lui-même. Ah quelle chance ai-je de t'avoir comme compagnon de route ! 10 minutes en ta présence et me voilà déjà plus sérieux, aurais-je été touché la grâce de Saint-Eudes-des-chemins-de-nuit-de-Bourgogne ? Ai-je badiné en joignant mes deux mains devant moi pour mimer la prière, histoire qu'on ne me prenne pas trop au mot. Il ne faudrait pas que ce gentil moine crie victoire trop vite et pense avoir domestiqué l'oiseau aussi facilement ! La route est encore longue et nous avons encore tant de choses à discutailler.
Et si je connais un peu la langue des signes pour avoir eu mon propre code avec Imane, je m'interromps pour observer les gestes de mon interlocuteur avec un air dubitatif. Qui de censé s'interdirait l'usage des mots ? Comme si Dieu avait quelque chose contre les papotages, lui qui ne peut s'empêcher de dégoter des prophètes ici et là pour répéter ses bonnes paroles.
Enfin mon silence ne dure pas longtemps car mon professeur improvisé m'arrache un rire franc quand il me fait le signe du vin.
▬ Ah ! Si on peut encore boire du vin chez les cisterciens alors tout va bien. Vraiment tu me donnes presque envie de te rejoindre ! Mais place aux choses réellement importantes : Maintenant comment dit-on : « vous trouvez pas que soeur Thérèse a de belles miches » ? Après tout y'a pas de raison que ça n'existe pas en langue muette ! Il faut bien qu'ils s'occupent ces pauvres frères et soeurs coincés dans leur abbaye !
Quand je disais que la route était longue !
Mais le chemin est vite remonté, surtout avec pareilles discussions qui font passer autant le temps que les kilomètres. Eudes, Marjorie et moi-même arrivons aux abords d'une auberge ce qui tombe assurément bien car l'aube ne devrait plus trop tarder à pointer le bout de son nez.
▬ Allez je m'arrête là mon cher Eudes. Marjorie en a plein les sabots ! Une tape amicale de circonstances et je fais mes adieux. Mais cette fois-ci parce que je suis de bien meilleure humeur et sincèrement plus éclairé dans la suite de mes aventures grâce à notre conversation, je rajoute une couche de mièvrerie : En espérant qu'on se reverra bientôt ! Enfin pas trop tôt quand même, le temps que je cochonne un peu plus ma vertu histoire que tu aies de quoi la blanchir à nouveau ! Sortant un objet de ma besace, je le place dans les mains du jeune homme et me recule sans lui laisser le choix d'accepter ou non mon présent emmitouflé dans un fin tissu blanc. Aquí está une preuve de mon estime ! Je doute que tu t'en serves mais sait-on jamais, peut-être qu'il te portera chance ? Et, me dirigeant vers les portes de l'établissement, je lui fais un dernier signe de la main accompagné d'un sourire en coin.
▬ Hasta la vista Eudes ! Que la fortune soit avec toi.
J'ignore si nous nous aurons l'occasion de nous revoir de si tôt mais je sais que les belles âmes comme la sienne sont assez rares pour qu'on prenne le temps de leur dire merci.
▬ Je déteste l'admettre mais je crois que tu tiens peut-être le bon bout mon très cher ami... Je devrais sans doute me focaliser sur mon art et le reste viendra de lui-même. Ah quelle chance ai-je de t'avoir comme compagnon de route ! 10 minutes en ta présence et me voilà déjà plus sérieux, aurais-je été touché la grâce de Saint-Eudes-des-chemins-de-nuit-de-Bourgogne ? Ai-je badiné en joignant mes deux mains devant moi pour mimer la prière, histoire qu'on ne me prenne pas trop au mot. Il ne faudrait pas que ce gentil moine crie victoire trop vite et pense avoir domestiqué l'oiseau aussi facilement ! La route est encore longue et nous avons encore tant de choses à discutailler.
Et si je connais un peu la langue des signes pour avoir eu mon propre code avec Imane, je m'interromps pour observer les gestes de mon interlocuteur avec un air dubitatif. Qui de censé s'interdirait l'usage des mots ? Comme si Dieu avait quelque chose contre les papotages, lui qui ne peut s'empêcher de dégoter des prophètes ici et là pour répéter ses bonnes paroles.
Enfin mon silence ne dure pas longtemps car mon professeur improvisé m'arrache un rire franc quand il me fait le signe du vin.
▬ Ah ! Si on peut encore boire du vin chez les cisterciens alors tout va bien. Vraiment tu me donnes presque envie de te rejoindre ! Mais place aux choses réellement importantes : Maintenant comment dit-on : « vous trouvez pas que soeur Thérèse a de belles miches » ? Après tout y'a pas de raison que ça n'existe pas en langue muette ! Il faut bien qu'ils s'occupent ces pauvres frères et soeurs coincés dans leur abbaye !
Quand je disais que la route était longue !
Mais le chemin est vite remonté, surtout avec pareilles discussions qui font passer autant le temps que les kilomètres. Eudes, Marjorie et moi-même arrivons aux abords d'une auberge ce qui tombe assurément bien car l'aube ne devrait plus trop tarder à pointer le bout de son nez.
▬ Allez je m'arrête là mon cher Eudes. Marjorie en a plein les sabots ! Une tape amicale de circonstances et je fais mes adieux. Mais cette fois-ci parce que je suis de bien meilleure humeur et sincèrement plus éclairé dans la suite de mes aventures grâce à notre conversation, je rajoute une couche de mièvrerie : En espérant qu'on se reverra bientôt ! Enfin pas trop tôt quand même, le temps que je cochonne un peu plus ma vertu histoire que tu aies de quoi la blanchir à nouveau ! Sortant un objet de ma besace, je le place dans les mains du jeune homme et me recule sans lui laisser le choix d'accepter ou non mon présent emmitouflé dans un fin tissu blanc. Aquí está une preuve de mon estime ! Je doute que tu t'en serves mais sait-on jamais, peut-être qu'il te portera chance ? Et, me dirigeant vers les portes de l'établissement, je lui fais un dernier signe de la main accompagné d'un sourire en coin.
▬ Hasta la vista Eudes ! Que la fortune soit avec toi.
J'ignore si nous nous aurons l'occasion de nous revoir de si tôt mais je sais que les belles âmes comme la sienne sont assez rares pour qu'on prenne le temps de leur dire merci.
@Eudes de Cluny