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L'humain a toujours su se construire des royaumes et composer plus ou moins bien avec les élites voisines. Mais ces hommes et ces femmes n'étaient pas les seuls à fouler cette terre de leurs pieds éphémères. Perdus entre le prestige de la noblesse et la vie froide de la paysannerie, nombres de vies se sont tissées les unes aux autres pendants des siècles, jusqu'à ce que les Rois et les Reines finissent par lutter concrètement contre les engeances qu'étaient les vampires et les lycanthropes. Toujours dans la discrétion la plus totale, bien entendu.

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Béatrice Botherel
HUMAIN - PEUPLE

inventaire

Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
— Une dague classique
— Coupon de mission x1
Espèce : Humaine.
Emploi : Au service du Grand Cardinal.
Pièces : 5268

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Béatrice Botherel
Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
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Emploi : Au service du Grand Cardinal.
Pièces : 5268
Dim 17 Jan - 17:10
Béatrice referma sa valise : tout y était. Dans un accès de paranoïa, elle tata l’épée qui lui longeait la cuisse, comme si elle serait capable de l’oublier aussi — bien là ; La lettre de l’église, reçue il y a deux jours ? Elle vérifia les poches de son manteau jusqu’à sentir son papier revêche ; Quoi d’autre ? Ses gants ? Dans son autre poche ; Prévenir Constantin de son départ ? C’était fait aussi, et presque avant tout le reste : elle ne tenait pas à le voir courir après la calèche, s’inquiétant du devenir de sa petite protégée. Et puis, maladroit comme il était, il serait bien capable de se faire piétiner par les chevaux, et elle préférait autant éviter ça.

Elle s’avança jusqu’au miroir de sa chambre, ses yeux immédiatement attirés par l’or rayonnant de son pendentif. Même s’il ne la quittait jamais, Béatrice ne pouvait pas s’empêcher de vérifier sa présence par intermittence. Elle avait déjà perdu ses parents : elle ne tenait pas à égarer le peu qui lui restait d’eux, en prime.

Bon.
Elle était parée.

Enfilant son manteau d’un grand geste fluide, elle passa la porte de sa chambre, descendit les escaliers et quitta la demeure officieuse du grand cardinal. L’air glacé lui frappa le visage dès qu’elle mit un pieds dehors : si le printemps se montrait clément, le matin, lui, se disputait encore avec la nuit dans le ciel qui surplombait Paris.

Les rues de la capitale étaient presque vides : les gens dormaient encore. Mais les chasseurs, eux, n’avaient pas le droit au repos. Bagage à la main, Béatrice s’y avança avec ce pas assuré qu’ont ceux qui savent exactement où ils vont, et par quels moyens. Elle trouva bien vite la calèche espérée, et interpella son conducteur d’un :

« Monsieur ?
Ah ! Oui ? »

Lui qui s’apprêtait à monter au devant de son véhicule redescendit aussi tôt. Lorsqu’il se tourna vers elle, son visage s’illumina de surprise et de joie mélangée.

« Oh, mais c’est vous ! Mademoiselle Béatrice ! »

De dos, elle ne l’avait pas reconnu, mais maintenant qu’il se tenait bien face à elle, avec ce sourire candide, ce n’était pas bien difficile de le replacer : C’était le même cocher qui l’avait déposé à Paris, la nuit de son arrivée chez Constantin. Bruyant, trop curieux, mais gentil. Elle ne put s’empêcher de sourire tout pareillement, amusée de la coïncidence.

« Laissez-moi deviner. Ça ne s’est pas bien passé avec votre bonhomme, et vous devez quitter Paris en urgence. »

Elle rit. Lors du trajet effectué ensemble, elle avait laissé entendre qu’elle rencontrerait quelqu’un pour la première fois, un homme qui deviendrait sans doute important, qu’elle était un peu inquiète à ce sujet. Mais évasive comme elle était restée, le vieux cocher avait comblé les trous à sa manière.

« C’est exactement ça. » La plaisanterie était on ne peut plus évidente, et très fortuite : Monsieur posait beaucoup de questions, et avec le travail de la sorcière, la discrétion était de mise. Et comme elle n’aimait pas mentir...

« Je fuis jusqu’à la Chartreuse. Vous pouvez m’emmener ?
Oh là, c’est pas tout prêt ! Ça s’est vraiment vraiment mal passé, dis donc.
Il était avec une autre femme, dit-elle avec un air exagérément déconfit.
Non ! »

Ils éclatèrent de rire, mais n’avancèrent pas beaucoup. Ils s’en rendirent compte en même temps.

« Bon, c’est vous, je vous aime bien, alors pourquoi pas. Béatrice essaya de rester impassible, mais elle rayonnait d’un bonheur étrange devant la nouvelle. Elle devait contrebalancer ça avec un sarcasme, et vite.
Vous avouerez que ce n'est pas le meilleur modèle économique.
Oh, ne vous moquez pas de ce qui vous arrange, mademoiselle Béatrice. Et puis j'ai déjà quelqu'un à l'intérieur : mon profit, je le fais avec ou sans vous. »

Elle se mordit la lèvre. Elle ne devait surtout pas être en retard au rendez-vous avec son référent, par peur que l'église la pense en fugue, et c'était le seul fiacre aux alentours.

« Ça vous pose soucis ?
Je ne sais pas. Ce quelqu'un, il est bavard ? »

Elle ne tenait pas à encaisser un nouveau mal de tête. Comme seule réponse, le cocher se para d’un sourire mystérieux et ouvrit la porte.

« M’sieur Aimable, j’ai une petite qui va au même endroit que vous. Elle peut monter ? »

C’était beaucoup trop d’informations en même temps. M’sieur Aimable ? Couplé avec le petit rictus qu’il avait eu, elle supposait un surnom sarcastique. Mais tout de même, pour un client, ça ne se faisait pas.

Mais surtout.
Petite ?

Le cocher lui tournait le dos : elle ne se pria pas pour expier la moue boudeuse qui lui pendait au nez. Puis elle réalisa que, d’où elle s’était avancée, le passager pourrait la voir. Elle reprit son air indifférent comme si de rien était.

Ça allait être un long voyage.
Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

inventaire

Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3901

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
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Espèce : Humain
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Mar 19 Jan - 12:30
Une dernière caresse s’abandonne le long du pelage de sa jument, avant qu’il ne repose ses lèvres sur son museau frétillant.

Marthe et ses sabots puissants ont affronté les flancs escarpés des montagnes. Ses pattes ont su tenir la rigueur de l’hiver et les pentes qu’un homme seul ne pourrait franchir. Si vaillante, si brave, si douce, sa partenaire, son amie à qui il a confié tant de peines, l’une des seules montures au tempérament suffisamment docile pour l’accepter. Ils ont appris à se connaître et Aimable s’est doutée, lorsqu’elle remuait tant la tête, qu’une douleur avait commencé à naître.

_ J’suis désolé m’sieur, elle pourra pas faire l’chemin du retour. C’une brave bête, v’savez, mais l’usure, oh…

Aimable l’écoute à peine. Il a retiré ses gants, et ce sont ses mains nues qu’il glisse le long de ses mâchoires. Une étreinte. Il savoure sa chaleur familière, l’épaisseur de son pelage, son odeur de terre, de foins et d’herbes séchées. Oh, son pas chaloupé va tant lui manquer. Les pressions de son museau contre ses doigts, lorsque, gourmande, c’est une pomme qu’elle vient lui demander. Sa quiétude, lorsqu’elle l’attend dans le pré, jusqu’à s’approcher en remuant la tête. Les plus bêtes prétendront qu’un cavalier dompte sa monture, en réalité, c’est son caractère qui forge celui qui tente de la chevaucher. Marthe était si paisible, si tranquille, qu’Aimable acceptait de laisser aller toutes les tensions de son corps, se laissant conduire par son pas lent et assuré. Elle ne lui a jamais fait défaut… mais lui ? Lui, a-t-il fait preuve de négligence pour qu’elle soit ainsi épuisée ?

Jamais Marthe ne pourra répondre à cette question et cette nouvelle culpabilité est un coup de martinet sur son cœur déjà malmené. Ses paupières s’alourdissent sous la peine alors qu’il incline la tête. Jusqu’à ressentir un souffle familier à son oreille. Lorsqu’il entrouvre les yeux, Marthe le bouscule. A-t-elle compris ? Sait-elle qu’il s’agit probablement des derniers instants qu’ils passeront ? Les animaux sont parfois bien plus sages que les hommes. Aimable élève sa main et, du bout de l’index, trace l’élégante trace blanche qui parcourt le museau d’une de ses rares amies.

_ Prenez soin d’elle. Je repasserai la voir.

La pension, à Paris, va coûter une fortune. Il s’agit bien d’une des seules fois où Aimable accepte de s’offrir quelque chose – mais est-ce réellement pour lui ? Non. Pour remercier Marthe de sa patience, de cette vie passée dans les montagnes. Un jour, s’il le peut, il la ramènera au sein de leurs précieuses et tant aimées montagnes. C’est une dernière pomme qu’ils prennent le temps d’échanger, avant qu’Aimable ne quitte péniblement les écuries.

La peine bien ravalée au fond de son torse, il réhausse sa veste et se contente de passer une main le long de son visage tiré par la fatigue. Les yeux bleus tapis au fond de ses orbites, protégés de sourcils broussailleux, surmontent le nez autrefois droit ; à présent tordu. Une barbe de quelques jours apporte une sauvagerie étrange à ce tableau austère, fait de pommettes saillantes, de mâchoires carrées. Aimable s’avance, discret par son allure, alors qu’il remet ses gants sur ses mains.

Ulric est parti devant. L’état de sa femme se serait amélioré et l’aîné de sa fratrie n’a pas souhaité laisser cette chance s’échapper. Aimable s’est accordé quelques jours à la capitale, retrouvant Constantin, son précieux ami, et le fougueux June. Mais ses montagnes l’appellent à lui – et Côme a demandé sa visite.

Un regard vers les chevaux qui patientent à l’écurie – et surtout, le pincement qu’il ressent – l’invitent à s’en détourner. Non. Il ne se sent pas apte à chevaucher, pas n’importe quel animal. Ses bras solides entourent son torse, alors qu’il crache contre la brume matinale et c’est après quelques discussions qu’il finit par rejoindre une calèche toute désignée. L’homme l’accoste, à plusieurs reprises, mais Aimable ne l’écoute que d’une oreille et lui répond à peine. Entendre cet inconnu l’appeler par son prénom l’agace, mais Aimable s’efforce d’oublier cet orgueil mal placé, s’enfonçant dans son siège usé. Qui l’aurait crû ? Voir un grand Chevalier se rabattre dans une voiture – ses frères auraient tant ri. Plus encore s’ils avaient su qu’une simple peine de cœur le contraignait à s’abaisser de la sorte. Mais Marthe… Oh Marthe laisse un souvenir douloureux en lui.

Cette séparation est déchirante et malgré lui, il pense à tout ce qu’ils ont traversé ensemble. Comme ce matin à l’aube où il s’est éveillé, nu et brisé, dans un champ près de chez eux… Marthe veillant sur lui, s’étant allongé près de lui pour lui offrir sa chaleur. Lorsqu’il se sentait nerveux, c’est auprès d’elle qu’il allait se réfugier, trouvant une forme d’apaisement lorsqu’il brossait son pelage, tressait sa crinière ou curait ses sabots.
Finalement, sa main rejoint son col et il récupère son chapelet. Des anneaux de cotte de maille ont remplacé les perles, la croix est longue de deux phalanges, d’un argent précieux ; chacune de ses extrémités se termine d’un pic soigneusement taillé, sur lesquels il s’est tant de fois coupé. Alors, il laisse tourner la chaîne entre ses doigts, au fur et à mesure de ses prières. Ses yeux se sont clos, il attend le départ.
La porte s’ouvre.

Aimable sursaute légèrement et l’homme élève les yeux, tel un lièvre prêt à prendre la fuite… ou un chien prêt à bondir. Quelques secondes sont nécessaires pour qu’il s’arrache de ses pensées et une certaine confusion se trahit sur le visage naturellement figé. En un élan de timidité, Aimable dissimule pudiquement la croix sous son haut et rabat sa veste sur son vêtement, il va pour se redresser, l’espace étroit le contraint à se rasseoir.

_ Il est inconcevable de laisser une femme seule en compagnie d’un homme.

Ces propos sévères sont prononcées avec froideur, ses yeux d’acier transpercent le regard du vieil homme. Lorsque ses yeux reviennent sur la jeune femme, il la salut avec grand respect ; ses yeux se baissent face aux siens, sa tête s’incline alors qu’il repose son poing contre son torse.

_ Demoiselle, Aimable Eleuthère Seraphin De Bayard, Chevalier au Service de Sa Majesté. Je ne vais pas vous importuner plus longtemps.

Par politesse, Aimable tente une nouvelle fois de se redresser – sa tête heurte légèrement le plafond, il serre les dents et s’apprête à sortir, alors que le vieil homme prend la parole. De ce qu’il en entend, le bougre lui assure que la jeune fille est sûrement plus en sécurité auprès d’un Chevalier que n’importe quel autre – sa sécurité sera assurée et l’honneur scellera ses mains, l’alliance à son doigt témoigne qu’il est pris. De plus, pas d’autres fiacres avant quelques semaines et Aimable n’a pas les moyens de rester quelques jours de plus à Paris. Il n’osera jamais demander à Constantin le gîte et le couvert, comme à June. C’est un terrible conflit interne qui s’offre à lui.

Une femme, seule… Cela ne fait qu’une trentaine d’années qu’on les dit dotées d’une âme et combien même Aimable n’en a jamais douté, sa méfiance est tout naturellement éveillée. Que fait-elle, seule ? Fuit-elle un mariage non désiré ? Va-t-on l’accuser de l’avoir enlevée, va-t-on entacher sa réputation ? Jamais il ne trahirait son épouse, il l’aime éperdument et penser même qu’on pourrait le menacer de la sorte suffit à ce qu’une rage sourde se mette à gronder. A moins qu’il ne s’agisse d’une femme de joie, une prostituée ? En ce cas, il se refuse de partager un tel lieu, aussi près d’elle ; le Démon est bien assez présent dans ses veines pour ne pas le tenter. Est-elle une femme de Foi ? Si elle se rend au Monastère de la Chartreuse, peut-être, mais elle ne porte l’habit et ne voyage-t-elles donc pas toutes ensemble, loin de toute compagnie masculine ? Alors que son esprit évoque toutes les hypothèses possibles, le conducteur décide pour lui. Le départ est pour bientôt et déjà, l’homme invite la femme à monter, Aimable se retrouve contraint de reculer, finalement, c’est au plus profond de son siège où il va nerveusement se réfugier. Ses mains décrochent le fourreau de son épée, qu’il glisse à sa gauche et l’immobilise à l’aide de sa cuisse. Ses yeux bleus se détournent, s’évadent par la fenêtre, avant qu’il ne préfère tirer un rideau pour se dissimuler. Il se méfie des messes-basses qui peuvent naître d’une situation aussi ambigüe que celle-là… Il sera plus serein loin de Paris.

Inconsciemment cette fois, sa main récupère nerveusement le chapelet et se referme sur la croix.

Les pointes acérées se reposent contre la pulpe de ses doigts, ne demandant qu’une simple pression pour la transpercer. Ses épaules se relâchent, voyant en ce danger une familiarité reposante et alors que ses yeux se baissent, il reprend silencieusement sa prière, faisant tourner les anneaux de sa chaîne entre les doigts de sa main libre.

_ Je descendrai dès que possible et vous présente mes excuses quant à ce dérangement.

Bien qu’il murmure, sa voix grave et grondante recouvre les bruits de la calèche, les lointaines rumeurs de la ville. Sa voix est un son mêlant la rudesse d’une bête à la noblesse d’un homme, d’une tonalité si profonde qu’elle semble en faire vrombir son torse. L’éloquence trahit le bleu de son sang, et son attitude presque craintive trahit un respect bien différent de ce que l’on peut apercevoir dans certaines villes ; c’est cette peur instinctive d’un sexe féminin au final bien peu connu. Pourtant, c’est avec un certain empressement mêlé d’affection qu’il effleure l’alliance à son propre annulaire, une bague d’argent des plus simples où l’on discerne le dessein de montagnes finement ciselées.

Malgré la distraction impromptue, les dernières pensées qu’il a lorsqu’il franchit les portes de Paris sont adressées à Marthe, une des seules dont la compagnie n’aurait jamais menacé son honneur ou celui de sa tendre épouse. Ses épaules s’alourdissent et à son habitude, Aimable retombe dans un silence préoccupé, les sourcils songeusement froncés sur ses yeux d’un bleu glacé.
L'Oeil
ENTITE SUPERIEURE

inventaire

Inventaire : De quoi vous faire trembler.
Situation maritale : Marié.e au mystère.
Pièces : 3005

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L'Oeil
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Mar 19 Jan - 13:19
LA VOIX



Tout était calme, ou presque.
Puis, la Voix revient, plus vindicative que jamais.

"SES YEUX, SES YEUX ! LES MÊMES QUE- LES MÊMES ! LES MÊMES ! LES MÊMES ! LES MÊMES ! N-Non... Non... Elle... Elle les avait verts... Verts verts verts verts. VERTS ! JE N'AIME PAS LES YEUX BLEUS AAAAAAAAAAAAH. J'AIME PAS J'AIME PAS J'AIME PAS ! ARRACHES LES YEUX ! ARRACHES LES LUI !"

Béatrice Botherel
HUMAIN - PEUPLE

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Emploi : Au service du Grand Cardinal.
Pièces : 5268

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Béatrice Botherel
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Ven 22 Jan - 10:12
Un long voyage... Elle n’imaginait pas si bien dire.

Si elle laissait le cocher parler en son nom, voir en ses yeux était une autre paire de manche. Dès qu’elle entendit la discussion s’engager, elle exécute quelques pas devant elle — puisqu’elle avait déjà un pied métaphorique dans la calèche, elle pouvait bien se permettre d’en découvrir l’occupant.

Et quel occupant il était !

Aussi grand qu’elle était petite : Le voir assis dans cette boîte bien trop petite pour sa carrure dotait la situation déjà comique d’une couche de plus d’hystérie. Béatrice sourit nerveusement, de ce genre de rictus qui cache un éclat de rire derrière lui, répondant à son salut beaucoup trop solennel par un hochement de tête.

Et même si elle n’en montre rien, ce simple geste la touche : ça en fait, du temps, qu’on ne lui a pas témoigné autant de respect. Ça la ramène à une époque où son sang n’était pas rouge, mais bleu. Comme quoi, il suffit que des parents commettent un crime pour qu’il change de couleur.

La noblesse n’était pas aussi immuable qu’elle le portait à croire.

C’est peut-être par gratitude qu’elle esquisse un geste pour l’arrêter de descendre, puis ses doigts se crispent lorsque sa tête se heurte à ce plafond trop bas : ne pas rire, ne pas rire, ne pas rire. Elle déglutit, regardant droit devant elle en pensant à tout ce qu’il existe de triste dans ce monde, et croyez-bien que la liste est longue. Pourtant, elle évite les sujets les plus douloureux — sa rencontre avec l’énergumène de l’autre jour a suffi à déterrer ce qu’elle s’appliquait à ignorer aussi longtemps que possible.

Le cocher, encore une fois, lui rendait grand service. Oubliant son hilarité, elle posa un regard reconnaissant sur son dos courbé comme un chêne, se promettant d’ajouter quelques pièces supplémentaires à la bourse qu’elle lui glisserait à l’arrivée. Et puis, pour quelqu’un qui se comportait de manière aussi légère, force était de constater qu’il savait faire preuve d’un argumentaire étonnement percutant — de quoi s’attirer le respect de la jeune fille.

Constatant que « M’sieur Aimable » avait matière à réfléchir, le conducteur se tourna vers elle, et elle se tourna vers lui. « Allez, maintenant que c’est réglé, on, euh, y va. » Il agita ses mains en direction du fiacre, pour encourager Béatrice à y monter aussi vite que possible, pendant que son autre client se remettait encore de sa rhétorique. Elle s’exécuta sans se faire prier.

Même si elle n’aimait pas ce genre de manège un brin manipulateur, elle ne voulait pas prendre la place légitime du Chevalier, et encore moins être en retard à son rendez-vous. Parfois, devant les à priori de certains, la chose la plus délicate à faire, c’était de tirer les pans de la nappe en plein repas, d’une main chargée d’assurance : la juste technique pour ne pas en bousculer les plats et renverser la soupe.

Béatrice prit donc place en face de lui, évitant son regard aussi longtemps que possible : l’affaire restait tout de même un peu embarrassante. Non pas qu’elle s’inquiétait d’être seule avec un homme — depuis qu’elle appartenait au petit peuple, ce genre de considérations pâlissaient en importance face à des questions capitales comme : qu’est ce que je vais manger à midi ? et qu’est-ce que je vais manger ce soir ? Mais elle était clairement une intruse, tombée comme un cheveu sur la soupe dans le voyage de ce monsieur qui ne l’attendait pas.

Et à vrai dire, ça ne l’arrange pas non plus — M’sieur Aimable était au service de la couronne, et Béatrice ne lui portait pas grande affection depuis l’arrestation de sa famille. Du coin de l’œil, elle l’observa alors qu’il rabattit le rideau de la fenêtre, cherchant à le reconnaître de cette nuit-là.

Mais rien. Il ne lui était pas familier.

Tant mieux.

Imitant le Chevalier, elle décrocha l’épée à sa cuisse qu’elle déposa à côté d’elle, priant que le geste du grand homme n’était pas une menace implicite. Il ne manquerait plus que ça, du grabuge avant même qu’elle n’arrive sur son lieu de mission.

C’était le monde à l’envers.

Et vu la pensée qui l’habite, ce n’est pas surprenant qu’elle sursaute quand il lui promet de descendre à la première occasion. En voilà, un garçon plein de contradictions.

« Oh. Euh... »

Elle regarde autour d’elle comme à la recherche d’une issue de secours. Mais au dehors, les rues défilaient déjà. Elle ne pouvait pas échapper à la méfiance qui régnait partout dans ces quelques mètres carrés.

« Vous étiez là le premier. C’est moi qui devrait vous présenter des excuses. »

Elle conjura un sourire maladroit, reposant sa tête contre la fenêtre pour mieux l’observer. Est-ce qu’ils arriveraient bientôt ? Faites qu’ils arrivent bientôt.

« C’est vraiment votre nom ? Aimable. »

Maintenant que Botherel n’était qu’un ramassis de syllabes et de lettres, elle ne se gênait plus pour poser les questions dès qu’elle se formait dans sa tête. Peut-être était-ce une conséquence insoupçonnée de son don d’empathie, mais Béatrice ne supportait pas d’ignorer quelque chose.

Et jusque là, son pouvoir se tenait tranquille, ce qu’elle trouvait franchement miraculeux vu la maigre distance entre elle et le soldat. Se tenir aussi près de quelqu’un, c’était lui dérouler le tapis rouge pour qu’il fasse n’importe quoi.

Donc elle est d’autant plus surprise lorsque le murmure de sa sorcellerie se vrille en un hurlement pareil à celui d’un loup, lorsqu’un sentiment lui secoue le cœur, lui hérisse le poil, lui écarquille les yeux : on lui crie, danger, danger, danger.

De l’hostilité et une rage bestial comme elle n’en a jamais senti. Devant les traits impassibles d’Aimable, elle ne songe même pas que celui-ci puisse naître en lui et se précipite à la fenêtre. Au dehors, une allée tout ce qu’il existe de plus ordinaire.

De quel cœur était né un tel courroux ? Et pour quel destinataire ? Elle plaignait celui-ci.

« Je suis désolée, j’ai... » Elle refit face au Chevalier, encore secouée par la violence de l’alerte. « J’ai cru entendre quelqu’un m’appeler. Vous disiez quelque chose ? »
Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

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Aimable E. De Bayard
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Dim 24 Jan - 12:32
Est-ce vraiment votre nom, Aimable ?

La question est une botte en touche. Décontenancé, le Chevalier cligne des paupières et élève alors les yeux vers la jeune femme. L’espace de quelques secondes, ses mains cessent de s’afférer alors qu’une légère inquiétude trouble ses yeux clairs. Interroger ainsi son prénom n’est, à ses yeux, pas une simple curiosité. Peut-être est-ce là une remarque qu’elle vient discrètement dissimuler. C’était toujours ainsi que sa mère agissait. Lorsqu’elle cherchait son regard et commentait « Je me demande bien qui a eu l’audace de tremper son doigt dans la crème » ou encore « quel est le petit sacripant qui sème le chaos dans mes rubans ».  Les attaques sont habiles, certains diront qu’elles sont sournoises ; mais elles attisent la responsabilité de chacun et invitent l’esprit à se débarrasser de sa passivité. Néanmoins, Aimable ignore que ces chemins de traverse dans lesquels il s’égare sont des plus éloignés de la réalité ; ce sont ses peurs, cette responsabilité qu’il se contraint de porter, qui le mènent bien loin de la vérité.

_ En effet, il s’agit bien de mon nom. Si j’ai pu manquer d’amabilité à votre égard, je vous prie d’accepter mes plus sincères excuses.

Un instant, il craint de l’avoir blessée. Pense-t-elle qu’il refuse sa compagnie ? La Dame, d’ailleurs, n’a daigné se présenter et l’homme préfère respecter son silence. Chacun ses secrets.

Est-elle une voleuse, alors ?

Le manque de connaissances s’allie à cette méfiance inscrite dans ses veines, les suspicions s’éveillent. Alors que la calèche s’avance, Aimable s’égare dans ce Bois des Charmes. Perdu dans ses pensées, l’esprit parfois malmené par les bourdonnements de ces questions sans réponse, de ces dangers abstraits, il se fige.

La Voix Hurle.

Elle Hurle, dans son esprit. Entre les arbres, il ne voit plus les lointaines étendues de ses pensées sans fins, l’Obscurité vient l’emprisonner. Elle l’étreint, il ne discerne plus son chemin. Le sol sous ses pieds semble s’effondrer, il sent son cœur chavirer. Il manque d’air. La douleur est soudaine. En quelques secondes, il sent ses muscles se contracter. Prisonnière de sa cage thoracique, il sent la Voix gronder, cela résonne jusqu’à son larynx et pourtant, aucun son ne franchit ses lèvres. D’un mouvement soudain, vif, il ouvre le rideau de la fenêtre. Ses prunelles s’échappent sur les étendues d’herbe mais la Voix est toujours là. Elle gagne en puissance. Il n’y a plus de pensées, non, il n’y a qu’elle et ses crissements, elle et ses hurlements.

Elle. Elle. ELLE.

Son cœur ralentit. La vision se trouble, alors que la menaçante somnolence gagne ses veines. Non. Non, il ne faut pas dormir, il sait que c’est tout ce qu’ELLE attend. C’est une question de secondes, il faut réagir.

A l’extérieur, l’homme est d’un calme olympien. Ses épaules relâchées, le souffle lent, paisible, il observe. Mais derrière ses cils, ses prunelles s’affolent ; malgré lui, elles se déplacent rapidement d’une colline à une autre, leur forme ronde témoigne d’un danger qu’il n’est plus le seul à ressentir.

Sa main rejoint son cou, se referme sur son chapelet, descend jusqu’à la croix d’argent. Il la récupère entre ses doigts ; la croix occupe toute sa paume, chacune de ses extrémités est armée d’un pic sur lequel il presse naturellement son pouce. Il ne se blesse pas, pas encore, mais sait que la douleur peut l’aider à rester conscient, à ignorer en partie les HurRrrLlemeeents dans son esprit.

La Voix se jette contre sa tête, il sent ses mots qui l’écorchent comme des griffes. Elle lacère son esprit, terrasse sa raison de ses crocs effilés, la Rage bouillonne dans ses veines. La Bête est emprisonnée dans cette cage faite de chairs et d’os, la souffrance gagne ses membres, sa cage thoracique, elle monte dans sa gorge. L’impression affreuse qu’elle se tortille dans ses propres viscères, se frayant péniblement un passage à coups de pattes, le déchirant de ses mâchoires pour le faire plier. Le souffle hésite, s’arrête, reprend avec lenteur. Face au Chaos, c’est l’Ordre qu’il appose. Il prie, dans sa tête, il prie pour couvrir les sons difformes qu’elle produit. Il s’enfonce dans son fauteuil, contracte son corps, sa musculature, pour contenir physiquement le Monstre, pour l’étouffer sous la pression de sa volonté. La peur est là, la peur humidifie ses paumes, sa nuque. Sa respiration se calque au rythme des prières qu’il récite inlassablement, sa main toujours précieusement refermée sur sa croix, cherchant la Paix et le soutien de Dieu face au Démon.





Aimable.
AIMABLE
Ą̵̢͔͙̳̗͔̻̫̹̤̤͓̦̜̬̺̥͍̣͖̲͖̮̤͚̜̳̥̩͖̟̪̤̙̘̦͔͓̳͛͒͐̐̀̈́͌̔̈́́̓̀̿̊͆̅̒̐̆̾̂̀̆̎̌̎Ȉ̶̧̨̟̬̫̟͖͚̫̳̘̝̯͔͍͚͋͂̍͐̋̋̉̍́̃̓̃͐͊͛̕̕M̴̢̢̢̧̢̡̢̗̺̜̞̫̙̰̲̬̳̖̭̤͍͈̟͍̘͇̱͓̰̱̖̟͕͍͈̪̖̻̜̖̳͈̌̆̀̔͌̿͌͆̿̑̀̄̈́͜ͅA̵̧̗̹͙̝̗͙̲̮̖͚̞̙̭͑̃̓̄́͗̉̋͑̊̈́͊͌̎͂̑͑̏̇̅̽̾̏̏̊̂̉̋̀͛͛̉̒̓͘̕͘͠͝B̷̢̢̨̠̻͔̳̻̙̪̟͍̦̹̟̟̹̫̻̯͚̖͔̹͔̯͍̰̦͔̗̣̟̬̰̥͍͙͔̪͕̻͎̓́̒̐͗̀̅̐̇̑͌̈́͗̈́̔̾͌̀͊̉̈́̾͛̍͌͘ͅL̴̛̛̤̥̺̮̹̲͇̦̗̼̺͐͆̄̽̄́̽͌̿͋̃̔̂͋͊̀̇̅̈́̅͊͌̇̀̓̀͌̂͌̽͋̒̒̊̏́̾̅̇̋̕̚͝͠E̷̛̛̛̱̣̣̣͖͖̙̗̬͍̩̒̌̿̓̓͑̊̅̓̒̓̔̽͑͋̇͋͑̍̃͌͒͂̋̐̆̔̑̎̈̈́͒̊̋̆̐́́͌̿̈́̈̚̚̕͝͝͝͝͠͝ͅ





Aimable.

C’est son nom.

C’est son nom et c’est à lui qu’il s’accroche, ses épaules se replient discrètement et finalement, son souffle le trahit, c’est un son rauque qui lui échappe.

Alors, sa main enserre la croix, assez pour que l’un des pics d’acier perce légèrement son derme… Une perle de sang rouge souille l’argent et Aimable, alors, s’apaise quelques secondes, son souffle reprend.

Béatrice Botherel
HUMAIN - PEUPLE

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Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
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Béatrice Botherel
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Lun 25 Jan - 0:08
Pour une fois, sa question n’est pas taquine : aucun sous-entendu ne se cache derrière l’évocation de son étonnant prénom, et encore moins une remise en cause de ce qu’il inspire — déjà parce que Béatrice ne connaissait pas le chevalier, ensuite parce qu’à son égard, il n’avait fait preuve de rien d’autre qu’une politesse certes froide mais respectueuse.

Ça n’en est pas moins ironique, qu’à elle dont on pardonne toutes les remarques gratuites, on tienne rigueur de l’interrogation la plus anodine qui soit. Tellement que d’abord, elle ne comprend pas sa réponse — elle retrace le chemin de leur courte conversation pour savoir ce qui les a mené à ce tournant, et puis quelle direction prendre, désormais ? Et l’évidence lui saute aux yeux.

L’évidence, et la voix qui bondit, agite, les jettent chacun d’un côté de la calèche pour une raison à la fois identique et différente. Le cœur de Béatrice ralentit, et avec lui, son alerte. Maintenant hors d’un danger aussi invisible qu’inexplicable, les mondanités peuvent reprendre leurs droits, pour peu qu’elles en possèdent le moindre dans ce fiacre qui poursuit son chemin liminal : ils étaient partout et nulle part à la fois — il sembla à la sorcière que les rues défilaient depuis des heures et quelques minutes, coincée comme elle était avec ce grand monsieur bourru au moins aussi étrange qu’elle.

Elle pense d’abord qu’il n’a pas entendu sa question mais le découvrir tourné dans le direction la plus opposée d'elle lui indique qu'il cherche à l'éviter. Ils sont désormais trois dans cette petite boîte qui roule : Béatrice, Aimable, et le Silence, qui prend plus de place qu’eux deux réunis. Il se pare de son gros manteau d’embarras, essuie ses pieds chaussés d’intrigue sur la banquette d'en face, croise les bras, et juge Béatrice qui le jauge en retour.

Elle secoue la tête.

Les choses étaient déjà assez difficiles ainsi — si elle l’avait vexé, eh bien soit, il n’appartenait qu’à elle de dissiper ce malentendu.

Elle aventure une main gantée en direction de l’épaule du Chevalier avant de se raviser quand un son rauque lui échappe jusqu'à prendre la place du Silence dans la cabine. Et alors, les doigts de la sorcière se tordent — elle sent quelque chose de pointu, là, contre sa peau.

Par chance, à force de subir tous les maux du monde au lieu de son bonheur, ce genre de douleur bénigne ne l’étonne même plus. Elle s’applique plutôt à en trouver la source, et elle se tient là, juste devant son nez, dans la figure du Chevalier qui se fait souffrir pour une raison qui lui échappe.

« Monsieur De Bayard ! » Son ton est clairement agacé, mais comme celui que prend une mère qui admoneste son enfant rentré à la maison couvert de boue. « Vous êtes en train de vous couper, faites donc attention. Je doute que le cocher apprécierait de retrouver l'intérieur de son fiacre repeint en rouge. »

Maintenant qu’elle la détient, cette attention, elle se rabat de son siège, les bras croisés. Elle finit par détourner les yeux, consciente qu’elle le regardait depuis trop longtemps — c’était là aussi ouvrir grand la porte à une autre lecture involontaire.

« Je ne faisais aucun sous-entendu, plus tôt. » Elle sourit sans pour autant le regarder, ce qui lui donna un air timide très étrange sur ses traits normalement assurés. « Si j’avais su que vous prendriez autant à cœur ma remarque... » son regard darda vers le maigre filet de sang qui maculait la croix « ... je me serais tue. »

Drôle de façon de détendre l’atmosphère, mais comme disait Oscar : La situation est terrible, ce qui veut dire que c’est le meilleur moment pour faire une blague.

« L’un de mes prénoms est Solaire. C’est pour cela que ça m’amusait. » Elle accompagnait ses mots de grands gestes, le signe des orateurs convaincus. « Il n’y a pas de mal à ne pas avoir la tête à l'emploi, vous savez ? Tant que vous en avez le comportement. Moi, j’ai l’un, mais pas l’autre. Vous, en revanche, » elle le montra du doigt, « vous avez l’autre, mais pas l’un. »
Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

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Situation maritale : Marié
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Aimable E. De Bayard
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Mar 26 Jan - 11:33
Du coin de l’œil, il croit percevoir un mouvement.

Le léger sursaut qu’il a trahit sa nervosité et ses yeux bleus se dirigent aussitôt vers la main de la jeune femme, alors que le son rauque franchit ses lèvres. Tel le grognement d’un chien blessé. Etonnant de voir le grand homme, si solide, ainsi frileusement réfugié contre le coin du fiacre. A bien y regarder, ce n’est pas avec colère ou mépris qu’il réagit, mais une peur viscérale.

Pour autant, le danger ne semble pas venir de la jeune femme. Lorsqu’elle hausse la voix, le houspille telle une mère, Aimable cligne quelques secondes des paupières. Béatrice l’arrache de ses pensées, de ce combat mental qu’il pense avoir gagné – et il ignore encore s’il s’agit d’une bonne chose. D’ailleurs, l’homme se ressaisi, le changement est à peine perceptible. Ses épaules semblent prendre plus de place encore, alors que son dos se tient droit, sa tête s’écarte de la fenêtre, ses yeux clairs effleurent les lèvres de la jeune femme. Aimable ne regarde que très rarement les y…. le haut du visage des autres. Les regards sont dangereux. Et la réaction de la Voix n’a fait que d’accroître sa réticence à s’égarer dans des prunelles adverses.

Sa main libre récupère son mouchoir brodé, à ses armoiries ; son autre main reste étonnamment, désespéramment, accrochée à la croix. L’espace de quelques secondes, on discerne le trouble de l’homme, qui hésite entre maintenir sa croix ou la relâcher. Les secondes deviennent des minutes, avant que ses doigts ne se détachent à contrecoeur de l’argent et il frotte le mouchoir contre la petite plaie. Le sang cesse rapidement de couler, la blessure n’est que légère, il soupire et range le mouchoir – le tissu est loin d’être immaculé. De nombreux crocus ensanglantés ont percé la surface cotonneuse du mouchoir, témoignant des plaies qu’il a régulièrement dues essuyer. Le tissu n’a plus le parfum de son épouse depuis de nombreux jours ; et depuis de nombreux jours, c’est son sang qui l’imprègne à présent. Le constater manque de le faire soupirer. Ces saignements intempestifs trahissent l’éveil de la Voix, elle le mord et le saigne, son corps porte les stigmates de ses attaques. Une part en lui… S’en rassure. Tout ce qu’il se passe… n’est pas que dans sa tête, n’est-ce pas ?

Mais ne serait-ce pas mieux que cela soit pourtant le cas ? Que la Voix ne soit qu’une folie parmi d’autres, quelque chose qui ne ferait de mal à personne d’autre qu’à lui.

_ N’ayez aucune inquiétude.

Il reprend enfin la parole. Sa voix est toujours si grave, posée, l’on ressent un accent que l’homme tente d’étouffer. Un accent qui accentue certaines syllabes, les o, les u, les r qui grondent comme l’orage.

_ Vos mots m’ont surpris mais ne m’ont pas blessé. Je me suis… un instant égaré dans mes pensées.

Des pensées sombres, au vu de son discret froncement de sourcils, avant qu’il n’élève les yeux vers elle. Son discours a – au moins – l’audace de le faire sourire. Le geste est pudique ; le coin de ses lèvres s’élève, ses yeux s’abaissent. Il dissimule pudiquement son amusement, préférant détourner les yeux vers la fenêtre. L’homme est farouche, mais pas inatteignable et l’on ressent presque sa timidité lorsqu’il hésite à prendre la parole. Si Béatrice est à l’aise, ses lèvres sont un coffre dont peu de mots s’échappent.

_ De nombreuses personnes à Paris m’ont pris pour un brigand ou un mercenaire au vu de mon apparence. La rigueur de mes terres contraint le corps et l’esprit à faire preuve d’une certaine… hm. Résistance, que certains rabaissent ici au rang de simple sauvagerie. Vous comme moi avons la rare capacité de surprendre et c’est un avantage indéniable lors d’un affrontement.

Il est rare de voir une femme seule, assez brave pour aborder un homme tel que lui. Les questions pressent dans son esprit, mais son éducation les musèle une à une. Disons qu’aucune formulation assez respectueuse ne lui vient à l’esprit pour la questionner sur ses activités.
Signe que sa tension se relâche, il repose finalement ses bras sur ses cuisses, ses mains se joignent sur ces dernières alors qu’il appuie son dos contre le dossier de la calèche. Les mouvements rudes malmènent son dos douloureux et il lâche un grognement lors d’un cahot plus violent. En réponse, il penche la tête sur le côté ; mouvement qui s’accompagne d’un craquement mécontent de ses cervicales. Bien qu’il appartienne à la Haute Noblesse, l’économe famille De Bayard préfère parfois se contenter du minimum, quitte à s’offrir quelques nuits dans une auberge sans prétention dans un lit de paille que ruiner leurs maigres économies. Leurs richesses se comptent davantage par leur bétail et par leurs faits d’armes. Doit-il faire la discussion ? Aimable est un homme habitué au silence – avoir voyagé avec Ulric d’ailleurs l’a plus accoutumé au bruit de ses propres pensées que ceux d’une voix.

Interroger cette femme sur sa vie ravirait sa curiosité et alimenterait probablement de nombreuses suspicions. Il craint d’être trop intrusif – que les informations apprises réveillent la Voix ou attisent sa méfiance. Mais rester dans le silence et l’ignorance n’est pas non plus ce qu’il peut se permettre, par crainte de paraître décidément peu éduqué.

_ Vous êtes-vous déjà rendue jusqu’au Monastère ?

Cette question lui convient : fermée, elle peut choisir d’y répondre simplement. Si elle développe sa réponse, elle démontrera probablement qu’elle sera ouverte à la discussion. Si elle se contente d’une réponse fermée, Aimable n’insistera pas davantage, comprenant par là qu’elle préférerait la compagnie du silence – ce sur quoi il ne peut lui en vouloir. Ce n’est pas comme s’il pouvait lui offrir des sujets pertinents de conversation. Il se considère comme un rustre, avec bien peu d’expériences ou de savoirs à offrir, plus encore à une femme. Quoi que, la vision de son épée l’a interpellé et malgré lui, son regard finit par s’y glisser.

A-t-elle peur d’être attaquée ? Il est plus prudent pour une femme seule d’être armé. As-t-elle entendu parler des attaques de brigands qui ont eu lieu, dernièrement, sur les routes en partance de Paris ? Finalement, ses yeux bleus s’élèvent jusqu’aux mains de la jeune femme, qu’il prend temps de détailler.
Béatrice Botherel
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Béatrice Botherel
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Ven 29 Jan - 19:06
Elle n’était pas certaine de ce qu’elle cherchait à faire : lui remonter le moral ? Si son empathie s’abstenait dans un silence relatif, ça n'exigeait pas d’être sorcier pour remarquer que quelque chose pesait sur les sourcils et commissures du Chevalier, bien au delà de son cœur. Pour quelqu’un qui avait espéré voyager dans une compagnie peu bavarde, elle était servie, servie et intriguée. Aimable était étrange, plus qu’elle ne l’était encore, et si cela présageait tout un paquet de problèmes, ça attisait également l’infatigable curiosité de la jeune femme.

Elle note sans un mot le mouchoir ensanglanté qu’il porte sur lui, puis ses yeux descendent jusqu’à sa main blessée. Ses propres poings se serrent pour se retenir d’examiner la blessure, la renverser sous toutes les coutures avant de gentiment taper l’épaule du soldat : ils se connaissaient à peine et voyageraient longtemps ensemble, mieux valait se tenir à carreaux.

Et le garder à l’œil.
Le trajet ne serait pas de tout repos.

Elle acquiesce lentement lorsqu’il cherche à la rassurer, ce qui ne fonctionne pas du tout — c’était un comble, tiens, de lui demander de ranger ses à priori alors qu’il se flagellait devant elle. Pour autant, elle ne se départ pas son sourire, aussi sincère que nerveux, qui s’agrandit lorsqu’il suppose son apparence responsable des méfiances d’autrui.

« Ah, oui, votre apparence. Ça doit être ça. » lâche-t-elle, les yeux plissées. « Le mouchoir en sang n’y est pour rien. »

Elle croise les bras, lui lançant un regard taquin : c’était dit sans méchanceté.

« Ces personnes sont sottes, Monsieur de Bayard. » Voilà qu’elle secoue la tête, se demandant si le silence dans lequel il s’enferme n’est pas dû à ces jugements hâtifs. « C’est vrai que vous avez l’apparence un peu austère, mais c’est là l’apanage d’un religieux, pas d’un brigand. » Elle pensa à Constantin. Si elle plissait des yeux, elle pourrait leur trouver une certaine ressemblance, si l’on omettait la différence de gabarit.

Elle ne releva pas le reste de sa remarque, puisque cela l’obligerait à mentir quant à ses vrais capacités au combat. De toute façon, si un affrontement devait avoir lieu au cours du voyage, elle avait l’intention de se cacher derrière le Chevalier, qui n’aurait sans doute pas grand mal à les débarrasser du moindre danger.

Le mieux serait encore qu’ils n’en arrivent pas là.
Ce genre d’imprévus l’exaspérait.

Elle remarqua le regard qu’il lança à son épée, mais ne répondit à aucunes de ses questions intérieures, préférant s’intéresser à celle posée de vive voix.

« Non. »

C’était un peu maigre, et elle était bien consciente qu’une réponse si courte frôlait l’hostile. Elle rajouta, sans se départir de son solaire : « Jamais. Et vous, Monsieur ? Je trouve que tous les monastères se ressemblent, mais peut-être pouvez-vous me le présenter d’une façon qui sorte de l’ordinaire. »

Son regard darda jusqu’à ses pupilles. Elle se devait d’en parler. « Vous avez des yeux exceptionnels. Je gage qu’ils embellissent tout ce qu’ils dévoilent. »
Aimable E. De Bayard
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Aimable E. De Bayard
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Lun 1 Fév - 10:59
La remarque sur le mouchoir ensanglanté fait légèrement réagir le chevalier. Aimable se contente d’un battement de paupières, décontenancé.

Ses mots sont comme un fauché de l’épée, il sent son esprit s’effondrer. La rhétorique de la jeune femme est une expertise de la langue qu’il est loin d’égaler. Il sait que ce combat est perdu d’avance et d’ailleurs, il ne tente pas même de protester ; il a conscience qu’elle saura contrecarrer sa riposte. Alors ses lèvres restent scellées, ses épaules s’affaissent un peu avant de s’hausser dans un soupir. Ce point, il le lui accorde pourtant volontiers. La jeune femme n’apparaît finalement plus si inoffensive ; elle semble armée face à un monde empli de vipères. Si Aimable a appris à leur trancher la tête ou à endurer leurs morsures, elle se protège par sa flûte.

D’ailleurs, elle devrait se fier davantage aux apparences et aux premières impressions qu’elles dégagent. L’esprit prudent d’Aimable s’est toujours appuyé sur ces premières sensations, qui n’empêchent pas la découverte et le plaisir de l’exploration, mais aident à se prévenir de certains dangers. Si elle ne se sent pas intimidée par lui, il se demande encore comment elle fait pour voyager seule – sans que son corps ou son esprit n’ait à endurer les séquelles de mauvaises rencontres. Sa verve atteste d’une assurance que ses expériences n’ont pas encore brisée.

Pour autant, il garde ses conseils sous couvert. Ses yeux esquivent une fois de plus les siens, pour autant, il décèle l’humour dans son ton. Sa main s’élève et se perd le long de sa nuque ; ses paupières se referment alors qu’un soupir relâche la pression contenue dans sa cage thoracique. Il commence à se détendre, ses muscles se relâchent. Le changement physique s’opère progressivement, les épaules plus avachies, les bras qui se croisent sur son torse, le souffle plus profond. Ses yeux ne sont plus fixes, ils acceptent de parcourir plus curieusement ce qui les entoure, reviennent parfois sur la silhouette de la jeune femme… Si pudique qu’en réalité, ses yeux l’effleurent à peine. Sa vision pourrait être le coup de pieds dans ses braises ; il craint la morsure de la Voix, son éveil.

Et alors, elle complimente ses yeux.

De nouveau, il a la sensation de tomber de son cheval. Ses paupières s’écarquillent et ses yeux, pour la première fois, s’élèvent jusqu’aux prunelles de la jeune femme. Tapis sous ses cils, craintivement blottis sous ses paupières, ses prunelles dévoilent alors leur charme unique. Ceux qui ont vu la mer y verront les derniers embruns d’une vague, le bleu s’abandonne sur une plage de perles d’argent. Ceux qui préfèrent la montagne, quant à eux, y reconnaîtront leurs précieux sommets, où la roche grise se fond dans le ciel de l’aube, cernés de nuages cotonneux. Beauté farouche, âme à l’état brut, être sauvage. Beauté est un terme bien abstrait, insuffisant pour décrire la mélancolie de son regard, la peine qui le transperce. Dans ses yeux, il y a cette plaie qui n’arrête pas de saigner, ce pus qui n’arrête pas de suinter. Peur, souffrance, monstruosité, oh il ne veut pas savoir ce qu’elle trouve d’exceptionnels dans ces yeux.

Ces yeux qu’il n’a pas le courage d’affronter. Fuyant sans cesse son reflet. Terrorisé par la vision qu’il a déjà aperçue.

Car bien loin du spectacle paisible de ses prunelles, il y a ces pupilles. Ces pupilles noires. Si sombres qu’elles absorbent toutes lumières. Elles le dévorent de l’intérieur, lorsque la Voix gronde, elles prennent de l’ampleur, elles avalent goulûment mer et ciel. Elles ne laissent que cette obscurité infernale et c’est au fond, fin fond de ses prunelles, qu’on peut La Voir, La Bête, la Voix.

Il détourne les yeux lorsqu’il ressent la sensation familière, ce picotement au fond des yeux. Son cœur s’accélère et il baisse timidement la tête, les rougeurs inondent ses pommettes, ses oreilles.

Il reçoit si peu de compliments – de plus, de la part d’une femme ! Il ne sait pas tant comment réagir face à cela bien que ses mots finissent par lui arracher un sourire. Les rides au coin de ses lèvres viennent élégamment l’entourer, alors qu’un son rauque franchit ses lèvres. Il pense à Constantin. A ce courrier qu’il lui a écrit. Où c’était à lui qu’il demandait de voir la beauté de ce monde qui les entourait. A croire que Dieu lui adresse finalement un signe, le renvoyant au discours qu’il a déjà tenu – bien qu’il ne se serait jamais permis de complimenter de la sorte Son Père !

_ Je… Hm… Je devrais vous remercier, j’imagine mais je… Prenez garde à vos mots et à ceux à qui vous les confiez. Certains considéreraient que hm… Enfin verraient une invitation là où votre intention est toute autre.

Il l’espérait. A moins qu’elle n’offre réellement ses charmes et en ce cas, il espérait qu’elle n’insisterait pas davantage. Il a chaud, à cause de son rougissement, préfère ouvrir légèrement son col alors qu’il reprend son souffle.

_ Hm… Je me suis souvent rendu au monastère. Je vais y retrouver mon frère. Ce monastère se situe en hauteur, à une altitude assez impressionnante. Dressé parmi les plus hautes montagnes, l’on prétend que Dieu n’entend que mieux nos prières et il est vrai que le silence de ces lieux invite à y croire. L’on y entend les chants des oiseaux, et à cette période de l’année, nous pourrons aussi percevoir la rumeur des ruisseaux, les meuglements des vaches au loin, plus bas dans la vallée. Le vent bruisse et s’engouffre parfois dans les couloirs de pierre ; il est frais, il rapporte les derniers soupirs de l’hiver, les premiers parfums des fleurs, de la sève naissante. Peut-être verrez-vous encore quelques neiges, qui borderont les chemins et se blottiront sous les branches des arbres, dans les dernières ombres de la montagne. Le soleil viendra éclairer la forêt qui nous protègera. J’aimerai vous dire qu’elle est d’un vert d’émeraude, mais ce serait rabaisser la beauté de toutes ces couleurs mêlées. Le sombre des pins, le vert bien plus tendre des chênes, des bouleaux, des tilleuls, le vert clair de l’herbe nouvelle, celui bleuté du lichen, et le vert profond de la mousse… Vous pourrez contempler le bleu des bleuets, le jaune des jonquilles, le blanc des narcisses. Ce monastère n’est pas seulement un lieu de prière ou de recueillement, c’est un sanctuaire où il existe encore la possibilité de contempler l’œuvre de Dieu, sans l’intervention de l’Homme pour la défigurer. C'est un des seuls endroits où je me sens... en paix. En sécurité.

Cela fait des mois qu’il n’a pas enchaîné tant de mots. La voix d’Aimable, d’ailleurs, est une harmonie faite d’ambiguïtés. Le choix des mots atteste de son éducation, d’un vocabulaire soigné et travaillé ; pour autant, la voix qui les prononce est rauque, grondante, tranche par son son guttural. Habituellement si secret, il a pris la peine de s’ouvrir et d’ailleurs, son visage s’en éclaircit. Aborder ce sujet sans danger suffit à ce que s’effacent les rides sur son front, ses sourcils abandonnent leur froncé défensif, et le sourire persiste prudemment sur ses lèvres abîmées. L’espace d’un instant, le chevalier grisonnant disparaît ; c’est un homme dans la force de l’âge, qui préserve un tant soit peu d’innocence. Assez pour s’émerveiller du spectacle que la Nature leur offre – spectacle qu’on oublie sous l’usure du quotidien.

_ Et vous ? Un monastère ou un lieu vous a-t-il… laissé un souvenir que le temps ne suffit pas à effacer ?

Ses yeux sont comme ceux d’un chien battu ; leur approche est maladroite, lorsqu’il observe ses lèvres, ses joues, ses cils. Ses prunelles se détournent, fuient, puis reviennent après quelques minutes, assez pour que leur regard se croise. Le contact ne dure qu’une seconde, le recul reprend place. Cependant, alors qu’ils discutent, Aimable accepte davantage l’approche de la jeune femme. La Bête farouche finit par ne plus s’enfuir et parfois, ils arrivent même à s’observer sans qu’Aimable n’en vienne à se contracter…
Béatrice Botherel
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Lun 1 Fév - 21:36
Il va sans dire qu’elle remarque l’ironie de la situation : Aimable, le Chevalier bourru à la voix de montagne, dont la simple carrure la presse dans un coin de la calèche. Et puis Béatrice, plus petite que les autres femmes, dont seule l’épée qui repose à côté d’elle trahit ses quelques rudes expériences. Les yeux purs et les mains gantées. Et pourtant, c’est bien elle qui se tient droite, confiante, cherche le regard fuyant de cet homme apeuré.

Elle a ce petit sourire qui grandit à mesure que le soldat se décontenance. Sur ses lèvres, cependant, ne se dévoile aucune moquerie : il ne s’agit que d’une indulgence certaine pour cette timidité attendrissante dont elle était la témoin. Elle atteint son paroxysme lorsqu’il trébuche sur son compliment, et pendant un instant, Béatrice le regrette — elle n’avait pas réfléchi avant d’ouvrir la bouche, comme c’était trop souvent le cas : son but, pourtant, n’était en rien de l’embarrasser.

À son tour de se sentir trop grande pour son propre corps, d’adopter cette posture de brique que tout abîme : elle se tient prête à s’excuser, guettant le malaise dans les yeux nuageux d’Aimable comme l’on guette le fond d’un gouffre.

Voilà qu’il rougissait.
Pour être tout à fait honnête, elle ne l’en pensait pas capable.
C’était certes inattendu, mais est-ce que c’était bon signe ?

Et puis enfin — un sourire. Celui de Béatrice, qui s’était changé en une moue coupable, réapparut après lui.

L’image de Constantin saute dans son esprit comme hors d'un fiacre dans une course furieuse, mais elle ne perd pas de temps à deviner quelle expression est responsable de cette nostalgie soudaine. Voir un Chevalier s’empêtrer dans ses mots, c’était trop beau et trop rare pour se permettre de donner son attention à qui, ou quoi, que ce soit d’autre.

Son avertissement tombe sur l’oreille d’une sourde, et à raison. Douée d’un pouvoir comme le sien, Béatrice pouvait se targuer de se faire une idée des gens aussi immédiate que juste : elle oublie parfois qu’il y a des choses si anciennes qu’elles échappent à cette autre paire d’yeux, celle qui scrute en permanence.

L’une d’elle se tapie au fond de ces mêmes pupilles qu’elle admire : elle n’en voit que la façade sans deviner la bâtisse.

« J’en ai bien conscience, Monsieur de Bayard. » Elle se pare de ses certitudes, de cette confiance aveugle qu’elle a en son jugement. Mais s’agit-il vraiment de ça ? N’est-ce pas plutôt la désinvolture de ceux qui ont trop peu à perdre ? Ou trop vécu, au contraire. « C'est pourquoi vous pouvez vous rassurer. Je n'en aurait pas fait la remarque à quelqu'un d'autre. »

Qu’il aurait été aisé de le taquiner.
Aisé, et sot.
Elle s’efforce de se taire alors qu’il aère son cou.

Les sujets défilent en même temps que les rues. Au dehors, les bâtiments deviennent épars, comme chassés par cette montagne qu’Aimable décrit — Béatrice tend l’oreille. Elle prend note, s’arrêtant dès les premiers mots, songeant si un jour, elle aussi pourra expliquer son voyage de cette façon : Je me rends à ce monastère pour y voir ma famille.

Bien sûr.
Évidemment que non.
Si elle travaillait dur.
Elle ne survivrait pas.

Et elle ne croyait plus en rien.

Le pic rocheux sur lequel elle imagine leur destination se couvre de nuage contre lesquelles ses médisances s’étouffent. À nouveau, elle reprend le fil du portrait que délie pour elle Aimable. Elle ne s’est pas trompée : ces yeux exceptionnels embellissent bien le sujet sur lequel ils se portent. Elle se demande à quoi elle ressemble, dans ces regards qu’il lui dérobe, mais choisit de ne pas épancher sa curiosité pour plutôt l’écouter.

Et peut-être l’envie-t-elle un peu. Elle le sent assailli de peine et de peur conjuguées, des sentiments qu’elle porte en elle, elle-aussi, mais sans réussir à s’émerveiller comme lui y parvient. Cette nuit là, cette nuit abjecte, sa foi en quelque chose de beau, en quelque chose de juste, quelque chose de meilleur, s’était envolée. Et maintenant, il ne lui restait rien d’autre sinon la terreur que cela se reproduise.

Et pourquoi pas ?
C’était tombé de nulle part, alors qu’elle pensait faire face à un mariage imminent. À la place, on l’avait précipité dans des histoires à dormir debout, ces mêmes qu’elle cherchait à éviter autant que possible. Puisqu’elle affrontait désormais des créatures au delà de l’entendement humain, à quoi ressemblerait cette nouvelle épée de Damoclès qu’elle attendait depuis que la première lui avait crevé le cœur ?

Elle devint morose, se ferma autant qu’Aimable s’ouvrit, se cachant derrière une expression neutre comme un bouclier. Un contraste saisissant avec sa tendresse de plus tôt, qu’elle affichait sans honte. Elle déglutit. Ce n’était pas le moment de penser à ce genre de choses. Et dans les faits, ça ne le serait jamais.

Mais voilà qu’il lui posait une question qui la dirigeait encore vers cette abîme sans fond. D’indifférente, elle devint visiblement mal à l’aise, comme si elle était une élève à qui un précepteur avait posé une question dont elle n’avait pas écouté la réponse.

« Il y a... » finit-elle par articuler, consciente qu’il lui fallait bien dire quelque chose. « Il y a un endroit, oui. » Elle détourna les yeux. « Mais je crains d'en garder un souvenir moins impérissable que le vôtre. »

Elle s’était avancée de son siège pour prêter attention à la description d’Aimable — elle s’y rabattit aussitôt, comme pour prendre ses distances avec lui.

« Je crains aussi ne plus jamais avoir l’occasion de m’y rendre. Et qu’à force, j’oublierais tout de lui. Et cela, même si j'ai foulé ce lieu durant de longues années. Je pourrais sans doute vous décrire son verger. On y faisait pousser des pommes... Ou on les récoltait, tout du moins. » Elle rit un peu, mais d’un rire emprunt d’une nostalgie mélancolique. « La nature faisait le gros du travail. »

Penser à ce qui a été, et ne sera jamais plus.

« J’ai couru et marché dans ses couloirs. Dans cet ordre. » Elle acquiesça. « J’étais une enfant précoce, et je tenais toujours à faire le plus compliqué avant d’apprendre le plus simple. Je m’y suis faufilée la nuit pour rejoindre mon frère et explorer la ville... Mais je ne saurais plus vous dire quelle planche grinçait et trahissait nos escapades. »

Si elle avait su, ce soir là, qu’elle ne reverrait plus jamais sa maison, elle les aurait compté.

« Je me souviens encore des expressions de ma mère lorsqu’elle nous disputait, au matin, de comment elle nous appelait par tous nos prénoms l’un après l’autre, et qu’alors nous savions que nous avions de gros problèmes... » Elle soupira, le regard lointain. « Mais je ne saurais plus vous dire la couleur de ses yeux. Est-ce qu’ils étaient verts ? Ou bleus ? Ou cet entre-deux indécis, comme les miens...? »

À croire que ceux d'Aimable lui étaient désormais plus familiers.
Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

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Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
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Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
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Aimable E. De Bayard
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Mer 3 Fév - 9:54
L’homme est un contemplatif.

Habitué à observer, avant même de penser. Le visage de la jeune femme se ferme, quelque chose dans sa posture change, un nuage recouvre son sourire rayonnant. La morosité gagne ses traits, l’ambiance s’alourdit, il devine le fardeau sans le voir ; il ne connaît que trop bien le poids de ces émotions inavouée qui tire le coin de ses lèvres vers le bas. Qui pèse sur son âme, assez pour étouffer cette joie de vivre pétillante dont elle a fait preuve jusqu’à présent.

Inquiet, il détaille plus attentivement la jeune femme. Son rire cascade, mais n’a plus la vigueur d’un ruisseau printanier, ravivé par la fonte des neiges… Non, il est au contraire prisonnier d’une glace naissante, d’une peine perceptible, d’une mélancolie qui lui serre le cœur. Derrière les cicatrices, la peau tannée par le combat, le soleil et les voyages, derrière les muscles noueux et douloureux, c’est un cœur sensible qu’Aimable dissimule. Sa plus grande arme. Sa plus grande faiblesse.

Un silence respectueux accueille les paroles de la jeune femme. Aimable rabaisse songeusement les yeux, avant qu’un souvenir ne lui fasse soudain élever la tête. Sa main se réfugie dans la poche de son manteau et c’est une pomme qu’il récupère. Oh, Marthe. Lorsqu’il chevauchait, il emmenait toujours une pomme avec lui, qu’il coupait en deux pour la partager avec sa grande amie. Ce simple fruit et pourtant, si lourd de souvenirs. Si plein de moments complices. De douce quiétude, à savourer la chair au sucre acide. Sa main lui paraît bien grosse face à la pomme, face à celle de la jeune femme lorsqu’il lui confie timidement la pomme. Il n’entre pas en contact avec elle, laisse la surface de la pomme effleurer les doigts de l’inconnue jusqu’à ce qu’elle s’en saisisse, avant qu’il ne préfère rétracter sa main.

_ La vie est un chemin que nous cessons de remonter. Combien même souhaite-t-on rester à un endroit, une époque, le cours du temps nous conduit à nous en écarter. Nous laissons alors derrière nous de nombreux endroits, des êtres aimés ou même dépréciés, mais nous manquons de ceux qui nous apportaient de la joie. A force d’avancer, ils s’éloignent à l’horizon, certains disparaissent mais la silhouette d’autres persistent. Et bien qu’ils ne soient plus aussi vivaces qu’autrefois, nous pouvons conserver certaines de leurs traces. Je… Mes yeux ne me permettent pas d’embellir ce que je vois, non, mais j’essaye… j’essaye de porter mon regard en arrière, sur les souvenirs qui me font sourire, afin de les offrir à ceux dont le chemin est sombre. Il est difficile, très difficile, de voir la beauté ou le bonheur en ce monde. Et étonnamment, une fois que l’on a avancé, l’on regrette de ne pas avoir pris le temps de contempler davantage… ces belles choses que Dieu nous a offerts. Ce peut être un sourire. Une odeur, une pomme. Le craquement d’un plancher. Partagez vos souvenirs, pour qu’ils se ravivent en votre mémoire, pour qu’ils vous accompagnent encore quelques années et… et je ne puis que vous conseiller… de prendre soin, à chaque instant… de réfléchir aux souvenirs que vous aimeriez garder.

Ses yeux lui font voir tant d’horreurs. Son esprit est hanté, les cauchemars s’imposent sans cesse à ses yeux, hérésies et immondices susurrées à ses oreilles, le danger accompagne ses pas et ses mains lui paraissent souillées par le sang, engluées d’un mucus étrange fait de bile, de viscères et de chairs. Les sensations sont sans cesse déformées, influées par sa malédiction, sa perception du monde toujours dissociée entre l’Humain et la Bête, entre ses peurs, ses traumatismes, et le peu de rêves qu’il lui reste.

_ Il y aura toujours des vergers, mais les pommes n’auront jamais le même goût. Pourtant, ce sont des fragments de souvenirs. Une incarnation de moments passés et chéris. Décrivez moi donc ces vergers. Y alliez vous le matin, en après midi, au crépuscule ? Quand étaient-ils les plus beaux ? Et comment aimiez-vous vos pommes ? Fraiches, cuisinées ? Acides ou sucrées ? Que vous souvenez-vous de vos explorations nocturnes avec votre frère ?

Il espère que ses questions ne raviveront pas la souffrance. Qu’elles n’aggraveront pas l’absence. Il tente, à sa manière, de l’aider à entretenir ses souvenirs, mais peut-être devrait-il l’inviter à les oublier. A se concentrer davantage sur la création d’autres souvenirs à conserver, sur un présent bien réel plutôt qu’un passé qui s’efface. Certains préfèrent tourner la page – mais Aimable, lui, ne peut oublier les racines qui soutiennent son arbre. Sans elles, il ne se tiendrait pas aussi solide dans la réalité, malgré toutes les tempêtes qu’il a affrontées. Les échanges avec ses frères, sœurs, avec Constantin ou June, forment à présent des fondations sur lesquelles il doit s’appuyer pour tenir.
L'Oeil
ENTITE SUPERIEURE

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Inventaire : De quoi vous faire trembler.
Situation maritale : Marié.e au mystère.
Pièces : 3005

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L'Oeil
Inventaire : De quoi vous faire trembler.
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Mer 3 Fév - 11:33
LA VOIX


La Voix émerge encore, mais plus calmement, cette fois.
Un peu plus et vous la songeriez presque... perdue. Presque.

"FrèRE... Frè-... reeeeeeeeeee. Oui elle. Elle oui. Elle avait UN fr- un frère auSSiiiiiiiiiIIIi. Où- Où- OÙ. OÙ EST-IL ?!""

Béatrice Botherel
HUMAIN - PEUPLE

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Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
— Une dague classique
— Coupon de mission x1
Espèce : Humaine.
Emploi : Au service du Grand Cardinal.
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Béatrice Botherel
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Jeu 4 Fév - 22:27
Sa voix s’éteignit en même temps que son souvenir, la lueur des yeux de sa mère le teintant dans des couleurs changeantes avant de s’étouffer comme une flamme sans oxygène. Elle resta interdite devant l’immondice de cette absence, ce rien, ce grand vide — avoir tant cherché à éviter ces réminiscences qu’à son tour, elles l’évitaient aussi.

Sans même y faire attention, Béatrice replia ses jambes sur elle-même, comme la jeune fille de ce soir là, toute petite dans cette cellule trop grande, trop grande pour seulement elle et ses questions.

Elle écouta d’une oreille distraite les philosophies d’Aimable, songeant encore à cette couleur qu’elle connaissait forcément, n’osant même pas élargir sa recherche aux autres membres de sa famille. Ceux d’Oscar étaient verts et bleus, comme les siens, elle en était certaine : déjà avant, Béatrice s’accrochait à deux mains à ce commun entre eux.

De morose, elle devint peinée, mais s’efforça d’enfouir ses expressions loin d'elle, par habitude.

Ah, c’était donc pour ça qu’elle n’y pensait jamais : cette dague posée là, contre son cœur, qui s’appuyait sous le poids des questions d’Aimable. Une lame à double tranchant, cette nostalgie pour ce qui ne sera jamais plus, pas avec eux, pas avec personne. Lorsqu’elle se disputait avec son frère, Père et Mère lui disait toujours de présenter ses excuses — Après tout, on a qu’un frère, qu’une famille. Le compteur était tombé à zéro, et à l'image de ce temps bien heureux qui lui filait entre les doigts comme une poignée de grain de sable, plus jamais elle ne pourrait ramasser les morceaux de cette famille éclatée aux quatres coins de France.

Elle n’avait même pas vu leur cadavre.
Quand étaient-ils morts ? Quelle date devait-elle craindre, de ce grand calendrier, quelle date signifiait la fin des jours joyeux ?

Faute de mieux, il lui fallut choisir la nuit de leur arrestation. De toute façon, elle trouvait ça bête, de fêter l’anniversaire de disparus, alors qu’elle ne pouvait pas fleurir leurs tombes : sans doute les avaient-on jeté dans une fausse commune.

Elle portait déjà la pensée de tous les vivants — elle préférait ne pas se recueillir à la mémoire de tout les morts.

Elle regarda cette pomme, qu’elle n’était plus sûre avoir prise. Toutes celles qui n’étaient pas tombées des arbres Botherel lui paraissaient putréfiées.

« Non, je... »

Son regard devint lourd, plus lourd encore qu’il ne l’était, les sourcils bas, les yeux pitoyables. Des souvenirs qu’elle aimerait garder ? Elle préférait tout jeter à la poubelle, ce monde abject qui ne se révoltait pas, qui avait tourné, tourné sur lui même, détourné les yeux. Elle aimerait être amnésique de tout, pour les oublier eux, pour apprendre à vivre en dépit, amnésique du passé présent futur conjoints, pour que rien ne la marque plus jamais, rien ne la blesse, rien n’ait d’emprise comme ce maintenant qui plantait crocs et griffes.

Je n’aimerais rien garder.
Ni vous ni moi ni les autres ni personne.

« Je n’aurais pas dû. »

Elle déglutit douloureusement. Elle pensa aux vergers, qu’elle foulait à tous moments de la journée : c’était en marchant parmi leurs arbres qu’elle admirait la rosée du matin, sur leurs brins d’herbes fous qu’elle se prélassait l’après-midi, parmi les ombres de ses troncs qu’elle se faufilait avec Oscar dans leurs échappées nocturnes.

Elle posa la pomme. Elle devait arrêter. Un seul masochiste suffisait à cette calèche.

« Je suis désolée. »

Elle ferma les yeux un instant. Lorsqu’elle les rouvrit, son visage avait retrouvé de la couleur, mais pas l’émeraude-lazuli de ses prunelles. Ses longs cils étaient pareilles aux épines d’une rose : la jeune fille en fleur, invoquée par la nostalgie de ces temps plus doux, s’était retirée pour laisser place à une femme d’ivoire et de marbre.

« N’en parlons plus. » Ce n’était pas une suggestion.

Elle est distraite par le frisson qui la parcourt soudain, contemplant ses bras aux poils hérissés, mais ne se départ plus de son indifférence. À nouveau, elle se penche à la fenêtre dont elle écarte le rideau sans en trouver de source. Cette fois, elle n’avait rien entendu. Sans doute étaient-ce ses souvenirs ravivés qui la mettaient à cran : son pauvre pouvoir ne devait pas apprécier qu’elle passe son doigt dans la flamme d’une bougie ainsi, se brûlant, et recommençant malgré tout.

Elle finit par retourner dans son siège, les bras croisés, comme une reine sur les murailles d’un château fort imprenable. Aimable n’obtiendrait rien de plus d’elle.
Aimable E. De Bayard
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Aimable E. De Bayard
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Lun 8 Fév - 9:33
L’ordre.

Il claque, comme la lourde chausse d’Ulric lorsqu’elle heurte son tibia.

Silence. Tais-toi.

Ces mots sont une aiguille, ils s’arment d’un fil d’acier et referment ses lèvres. Il ne s’encombre plus de la culpabilité, non, le fardeau qu’il ressent n’est autre qu’une terrible résignation. Il reconnaît en ses intonations celles de ses frères, de ses sœurs, lorsqu’il faisait mention de la Voix, de ses cauchemars, lorsqu’il parlait lors des repas.

Le silence est d’or, la parole n’est pas même d’argent, c’est du temps que l’on gaspille, c’est de l’énergie qu’on sacrifie, ce sont des faiblesses qu’on dévoile. L’omerta date d’il y a plusieurs générations, quand son père parlait à des fantômes que personne ne pouvait voir, les secrets si profondément enfouis dans les viscères qu’ils ne parviennent plus à s’élever vers leurs lèvres. Leur tête s’efforce d’oublier, d’enterrer toujours plus loin cette terrible vérité, sans jamais réussir à l’effacer. Le silence est un des seuls moyens qu’ils ont trouvé pour les préserver.

Alors ce silence, il l’entend, le respecte. S’excuser ? Non, il assume sa responsabilité. L’homme a conscience du danger que sont les mots, du mal qu’ils peuvent causer ; ce sont les pires armes. Elles touchent l’âme et le temps ne suffit pas à soigner les plaies. Certaines d’entre elles sont même empoisonnées, et leur suc corrompt l’esprit. Certaines phrases sont telles les lanières d’un fouet et reviennent incessamment déchirer l’ego, malmener l’essence, jusqu’à les laisser rompus et ensanglantés. D’autres sont des caresses, des bénédictions, comme ceux que Constantin lui a tant de fois adressés. Mais lui n’a pas sa maîtrise, non. Sa langue maladroite est aussi dangereuse que le bras armé d’un jeune soldat – si l’un peut être désarmé, l’autre peut être scellée.

Il aimerait l’inviter à ne pas s’en sentir désolée, mais craint de rompre le silence auquel il s’est contraint. Cette promesse qui l’a emprisonné tant d’années. Les mots, il ne veut plus risquer de les prononcer. Après tout, peut-être est-ce à elle-même qu’elle s’excuse. Qu’elle demande pardon. Derrière son allure si froide et détachée, si austère et sévère, il croit voir, sentir, une peine, une responsabilité.

Le sang allèche la Bête. Les larmes attisent sa soif.

Aimable ferme les yeux pour s’isoler, seul avec Elle. Son frère ? La Voix l’a-t-elle connu ? Oscar… C’est ainsi qu’elle l’a nommé. Il a ses yeux. Probablement, au vu de la réaction de l’Ouroboros. Que sait-Elle de lui ? L’a-t-elle rencontré ? Leurs histoires sont-elles liées ?

Il n’est pas rare qu’Aimable échange avec l’Ouroboros. Sous le couvert de ses paupières, à l’abri au fond de sa tête, il s’imagine auprès d’Elle. Chacun de part et d’autre d’un feu, alimenté par son cœur qui bat, l’un éclairé, l’autre dans les ombres. Il l’imagine, il la voit, il la ressent. Il l’écoute, l’entend. Et en échange, lui offre ses pensées.

Enfant, il jouait avec Elle. En grandissant, Elle a gagné en vices, en puissance, elle n’en devenait que plus menaçante, plus dangereuse. Les cauchemars, les visions, cet autre être qui vit dans sa tête a eu sa propre existence, à présent enchaînée à la sienne. Alors, parfois, ils partagent leurs expériences. Aimable est toujours prudent. Il sait que l’Ouroboros peut l’attirer dans ses ombres. Jusqu’à ce qu’il abandonne la lumière. Il ne faut pas que cela arrive.

De temps en temps, sa main effleure la croix, ses yeux s’entrouvrent, observent, se referment. Bien loin du château de la guerrière, le chevalier s’égare dans ses forêts, sa main rencontre la peau déchiquetée, les os qui s’arrachent des chairs, ses yeux rencontrent les orbites de la Bête. Sa Voix couvre le brouhaha de la calèche et c’est presque dans un sursaut qu’il ressent l’arrêt.

Il laisse la jeune femme descendre, lui offrant quelques secondes salutaires pour voir qu’il fait nuit, à l’extérieur. Le cocher a décidé de s’arrêter près d’une auberge, pour s’y reposer. L’homme parlotte mais Aimable ne prend pas la peine de l’écouter ; il se redresse, se cogne une fois de plus la tête et retient un grognement. Heureusement qu’Ulric ne l’a pas accompagné. L’énorme chevalier aurait empli à lui seul la calèche ! Il se masse la nuque et descend en mouvements raides, jusqu’au sol. Il réinstalle le bouclier dans son dos, le dissimule sous sa cape et accroche son fourreau à sa ceinture.

L’auberge est accueillante ; ses fenêtres déversent une lumière chaleureuse. L’on entend des rires, des éclats de voix, la ballade d’un barde. L’odeur douceâtre du purin se mêle à celle de la fumée, des fragrances de soupes ou de ragoûts. Aimable préfère profiter, quelques longues minutes, du calme de la nuit et la fraîcheur du vent. Ses yeux se dirigent vers le ciel et observent les étoiles, accordant une prière à Dieu jusqu’à franchir le seuil de la bâtisse.

Ils ne sont pas encore très éloignés de Paris et il y a du monde ! Plusieurs groupes sont attablés ici et là, certains ont les joues et le ventre gonflés d’alcools, de pain. Un barde s’égosille près de la cheminée et déjà, la lassitude écrase ses paupières, ses sourcils se froncent, il s’enfonce sous sa cape. Discret, Aimable traverse l’assemblée jusqu’au comptoir sans réellement se faire remarquer. Instinctivement, ses yeux recherchent la jeune femme.

Elle, par contre, risque d’attirer les regards.

Et protecteur, le chevalier ne peut s’empêcher de veiller sur elle. Le repas ne coûte que quelques pièces ; grâce au cocher, la nuit leur revient à peu près à la même somme. Aimable demande à ce qu’un bac d’eau lui soit préparé. En temps normal, lorsqu’il voyage, l’hygiène est secondaire… Mais en présence d’une Dame, il se doit de veiller un tant soit peu à son apparence. Bien que rien ne le débarrassera totalement de son odeur de cuir.

Du pain, une assiette de ragoût et une chope de bière constituent son repas et Aimable émiette la tranche pour l’enfoncer dans la sauce. Il y a beaucoup d’eau, de pommes de terre, de poireau et très peu de viande, Aimable y est habitué. La bière est amère, elle rétracte les papilles de sa langue, il ressent la chaleur familière dans sa gorge. Il en oublie les tensions crées par la Voix, l’alcool éteint quelque peu le feu qui ronge son gosier.

Un mouvement attire son regard. Un homme s’est levé et s’est approché de Béatrice. Il se fond dans la foule, profitant du bruit et de l’agitation, il s’avance. Tel un loup se faufilant entre les arbres, sa pelisse efface sa présence, son pas est silencieux, son regard, vif. Ce regard qui se plante dans le sien.

L’échange ne dure que quelques secondes. Aimable se contente de reposer sa choppe et sa main se repose sur la table, s’apprêtant à se lever. S’il avait été un chien, ses oreilles se seraient dressées, ses babines se seraient retroussées.

L’intimidation suffit ; plutôt que loup, il s’agit d’un simple renard, voleur et couard. D’ailleurs, l’homme abandonne et se contente de dévier sa route, faisant mine de s’intéresser à la poitrine avenante de la tenancière plutôt qu’à la jeune femme. Aimable s’apaise et après un dernier regard adressé à Béatrice, reprend son repas dans un soupir.

Rrreine drEssée sur les mUrailles, vooIit-elle le Loup qui rrrôde ?
Béatrice Botherel
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Béatrice Botherel
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Lun 8 Fév - 17:13



le fruit du hasard
cette pomme étrange qui affame quand on la mange
Béatrice passa le reste du trajet à somnoler, les yeux à demi-clos, perdus en rêveries tandis que le paysage défilait comme une saison. Aimable n’ajouta rien de plus, respectant son souhait, son ordre, ce qu’elle trouva fort gracieux même si elle n’en dit rien. Pas de cauchemars derrière ces paupières lourdes, seulement des souvenirs amers et bienheureux, des brides de phrases entendues il y a longtemps, des morceaux de nostalgie éparpillés dans le vent.

Elle ouvrit les yeux aussitôt que la calèche s’arrêta. Instinctivement, sa main se porta à son arme, comme si la seule justification possible était la présence de brigands sur la route, avant que le conducteur ouvre la porte avec un grand sourire, expliquant à ses deux voyageurs qu’il vaudrait mieux s’arrêter à une auberge pour cette nuit. Les routes, plongées dans l’obscurité la plus totale, n’était pas sûres, et de toute façon il se faisait trop vieux pour continuer sans repos.

Béatrice s’essuya les yeux avec un sourire fatigué avant de sortir la première du fiacre. Une fois pieds au sol, elle s’étira longuement bras et jambes, avant de se retourner pour récupérer son épée toujours sur le siège : Aimable descendit à ce moment là, se cognant la tête une nouvelle fois contre le plafond bas.

Il y avait, après tout, quelques avantages à être d’une taille raisonnable, comme l’était Béatrice.

Elle se détourna, cachant un sourire derrière une mèche blonde qui tomba devant son profil d’une façon fort fortuite.

Alors ? Pas trop bavard, ce monsieur ? Il est aimable, au moins ?

Sa lame désormais suspendue à sa cuisse, Béatrice marchait jusqu’à la taverne, le conducteur de la calèche juste sur ses talons. Elle se retourna vers lui, avant que ses yeux ne tombe sur la figure austère du Chevalier, un peu en retrait, puis elle haussa les épaules.

Vous êtes une vrai commère.

Elle ne lui en tenait pas rigueur : un sourire sucré avait fleuri sur ses lèvres. Elle s’arrêta, jetant une dernière œillade à Aimable qui observait les étoiles, avant de lever le nez à son tour. Le ciel, au dessus d’eux, était écrasant.

Mademoiselle Béatrice ?

Elle cligna des paupières avant de se tourner vers le vieil homme. Il tenait la porte de l’auberge ouverte pour elle. Les lumières orangées de la pièce principale, la musique d’un barde fêtard, les rires éclatants de patrons ivres, tout cela offrait un contraste saisissant avec la fraîcheur de la nuit. Béatrice esquissa un pas vers l’entrée, avant d’être frappée de relents d’alcool, d’estomacs remplis, d’un peu de pensées salaces et de beaucoup de fatigue. Elle balaya l’air devant son nez avec dégoût, comme pour chasser une mauvaise odeur.

Il y avait du monde.

Elle se dépêcha de payer une chambre et un repas, cherchant, penchée contre le comptoir, un coin isolé dans la taverne. Malheureusement, les clients s’y éparpillaient en une vague égale et bienheureuse : elle nota, dans son rapide examen, que certains regards demeuraient fixés sur elle. Elle se retourna en direction de la tenancière, s’efforçant d’éloigner les brouhahas de pensées contradictoires loin de sa deuxième paire d’oreilles. Le vieil homme, à côté d’elle, lui racontait une histoire qu’elle peinait à entendre.

Le bruit était insupportable.

À travers les murmures et les cris, elle distingua une intention claire, qui tranchait avec les soupirs indistincts, et un peu plus loin — un grognement. Saisissant le bol tout juste servi par la tenancière, elle fit volte-face, prête à en chercher la source... et manqua de renverser son repas sur un homme qui passait derrière elle. Il s’époumona en excuses et elle en murmura une identique, avant de poursuivre sa route pour rejoindre la table d’Aimable, taper deux fois contre celle-ci pour attirer son attention, et lever un doigt vers le ciel.

Monter.

Ce n’était, là aussi, pas une suggestion.

Elle se tourna à nouveau, cherchant les yeux du conducteur de calèche. Une fois qu’ils furent trouvés, elle ferma les yeux, le dos de sa main contre sa tête penchée — dormir, fatiguée — et prit la direction des escaliers sans demander son reste.
Aimable E. De Bayard
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Pièces : 3901

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3901
Mer 10 Fév - 9:48
L’homme s’éloigne prestement.

Ses yeux le traquent, jusqu’à ce qu’il aille se terrer auprès de la cheminée ; le voleur lui adresse une œillade, l’animal acculé commence à montrer les crocs. La colère dans les prunelles, l’inconnu l’affronte finalement du regard, défiance, impudence, réconfortent l’ego malmené. Le voilà qui gonfle le torse – à distance, il reprend courage.

Aimable, alors, détourne le regard. Le voleur s’enorgueillit ; cette douce victoire panse la blessure de sa précédente défaite. Aimable sait que l’homme viendra. Plus tard. Lorsque le calme reviendra. Il se faufilera dans sa chambre, sans plus écouter l’alerte de ses sens.

Nous l’attendrons.

N̸̢̙̹͔͉̗̼̥̈̂ơ̷̮̗̤u̸̡̗̦͍̦͉̫̠̰̤̮̹̻̫̽́̋͐̿̈́̉̿̋́̕͝͠ͅş̶̩͊̒́̍̔̒̈̐͒̃̾͘͘ ̴͓̱͈̰͍̽̏̀̈́̆̍̇̾̓̍̀͂͠͝l̵̯̭̞̙̔̑̎͜͝'̵̣͚̹̗͚͓͚̮͎̩̈́̿͐̅̑̄̀̀a̵͍̫͋ť̶̡̜͈̲͙̭͙͙̪̜͈̈́̋͂̈́͗̽͑̂̾̈͑͐̈͝ͅț̸̡̲̞̠̬̣͍̤̽̈́͛̆̃͠e̷͉̖̘̳̜̟̲͍͖̟͎̐͂̄́̾̑̃̈́̀̕͝n̶̢̝͖̮̭̈̀ḑ̷̧͕̫̻̩̬͓̼͓̣̭̐͠ͅr̶͕͉͕̬̙͚̞͇͍̺͎͙̔̃͐̔̇̈́́̕̕͜͝ͅȍ̷̢̨̥̥͔̲̠̪̑n̴̢̛̗͈̝̺̭̹̥̤̜͕̓̇̓̒̆̄͌̕͘͝͝͝ś̶̨̻͍͔̫̅͒̉̎̎̏̄̿͗



Le rire ébranle sa cage thoracique, Aimable avale de travers et tousse dans son poing. Quelques secondes lui sont nécessaires pour réagir, lorsqu’elle cogne la table à deux reprises. Le chevalier prend une gorgée de sa pinte, comme si l’alcool pouvait remplir le gosier de la Voix et la faire taire. Ses yeux reviennent effleurer les lèvres de la jeune femme – Solaire est le seul nom qu’il lui connaît.

Lorsqu’elle indique le plafond, il hoche la tête. Ses yeux croisent ceux du cochet ; le vieil homme lui adresse quelques signes qu’il peine à comprendre. C’est lorsqu’elle s’éloigne qu’il saisit le sens de ces mouvements de tête appuyés. Alors, Aimable se redresse


N̷̨̗͓̽͊̚͝o̴̰̺̱͈̩̪͇̭̭̪̺͍̙͇̿͊̾͋͆͜͝u̵̡̢̡͎̱̬̱͕̟̙̮͖̗͋̔s̵̲̮̥̜͛̇ ̷̢̝̳̖̬̤͓̳̱͔̆͆̓́̔͒̈̉͘͜á̴͕̖̺̤̄v̶̡̹͈͓̭̺̊̐̐̋́ǫ̵̜̭͍͍͉͉̻̝̝̱̞́̊͜ͅn̷̥̈́̉̿̀̌̆͆s̸̱̥̱̭̤̦͚̼̟̈͑̈́̒̐̍́̿͐̇̅̀́̕͘ͅ ̵̧̧̠̘͎̳̲̯͉͇̞̗̥͇̎͛͆̏̔͛̆̉f̴̮̤͔̦̭̏͒̀̾͝ͅa̵̧̝̗̣̳̼͆͊͜i̸̧̪͍̺̯̠̦̗͍̦̟͇̖͑͒m̵̛͓̘͉̯̗̳̠̦̻͇̰̠͖̣̀̅̏̐̓́̔͂̈̕̕



Il récupère son assiette, termine sa bière d’une traite et va confier la choppe vide à la tenancière. Il éructe discrètement au creux de son poing, avant de soupirer et engager le pas à la jeune femme. Sa présence est un message ; elle n’est pas seule. Les lâches ou les solitaires n’ont plus aucun intérêt pour elle.

Les auberges sont comme les grottes de ses chères montagnes. Les troupeaux s’y réfugient lorsque le vent, la pluie ou la neige tombent. Les ours s’y reposent et les loups viennent y désosser leurs proies. L’Homme est la créature la plus dangereuse : c’est au fond de son être qu’il abrite le doux chien et l’enragé. L’agneau et le loup affamé. Leurs yeux ne sont qu’une fenêtre ; c’est parfois dans leurs gestes que l’animal s’exprime.

Aimable est bien placé pour le savoir.

Les sourires ne sont que dévoiler des crocs pour mieux mordre ; les regards qui s’éternisent sont ceux de prédateurs traquant la faiblesse, les échines qui se courbent se tapissent pour mieux bondir. Alors qu’ils montent les escaliers, Aimable reste en arrière, les sens aux aguets. Il dissimule le blason sur son bouclier, mais laisse l’éclat des flammes se refléter sur le fourreau de son arme, ses doigts gantés l’effleurent.
Ils rejoignent l’étage. Un long couloir où se trouvent une dizaine de chambres ; la chaleur est étouffante. La seule fenêtre, ouverte, ne laisse entrer qu’un peu de lumière. La charpente craque, l’odeur du bois chaud se mêle aux parfums de viande, de bouillon, d’alcool et de sueur. Aimable suit docilement la jeune femme, quelques secondes sont nécessaires pour que ses yeux s’habituent à la pénombre.

La Voix s’impatiente et la faim lui ronge le ventre, il déchire un peu de pain, le glisse entre ses lèvres pour étouffer les plaintes de son estomac. Il mange pour deux.

Lorsque la jeune femme entrouvre sa porte, Aimable se tient à un pas. La Lune doit être haute ; ses lames d’argent transpercent l’ombre. Ses paupières se referment, il est ébloui et s’en inquiète. Le picotement familier, dans ses yeux, lui annonce que ses prunelles reprennent leur aspect habituel. Ses épaules se relâchent et dans les bruits étouffés, il parvient à discerner de nouveau ses pensées.

_ Verrouillez la porte derrière vous.

Ce n’est pas seulement un conseil. Cette fois, c’est une mise en garde.

Ses yeux bleus reviennent prudemment effleurer les cils de la jeune femme. Comme si sa main longeait la sienne, avant de se rétracter. Un craquement et il se retourne, ce n’est que le bois. Que le bois. Celui d’une poutre ou de l’escalier ? Alerte, il manque de retrousser les lèvres, son nez se fronce. Son corps se tend ; les muscles se contractent sous le vêtement, la nuque s’enraidit, les yeux sont fixes. Il écoute.

Sont-ce des secondes ou des minutes ? Le son ne se réitère pas.

Alors le temps reprend son cours, les épaules d’Aimable se relâchent, ses yeux se détournent de la pénombre et observent songeusement le bas du visage de sa comparse. La fatigue se devine sur ses traits, une fatigue bien différente de celle du voyage. Les cernes sont profondes, enfouissent ses prunelles sous un voile d’obscurité. Les paupières en continuel mouvement, les traits tirés au coin de ses lèvres, la peur a tant de fois planté ses ongles dans sa peau qu’elle en a laissé des cicatrices. Les plaies déchirent ses joues, s’acharnent au coin de ses yeux, traversent son front de part en part, ce ne sont pas les séquelles du temps, mais des blessures.

La Voix marque son territoire.

S’aventurer dans ses yeux, c’est s’enfoncer dans cette grotte où elle s’est tapie. C’est sous sa peau qu’Elle attend.
Béatrice Botherel
HUMAIN - PEUPLE

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Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
— Une dague classique
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Espèce : Humaine.
Emploi : Au service du Grand Cardinal.
Pièces : 5268

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Béatrice Botherel
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Mer 10 Fév - 14:08



le fruit du hasard
cette pomme étrange qui affame quand on la mange
L’échange muet qui se déroule dans son dos, Béatrice ne lui accorde pas d’attention : elle est accaparée toute entière par les pensées contradictoires qui fusent à travers la taverne, lui monte à la tête mieux que n’importe quelle bière. C’est avec une main posée sur le front qu’elle gravit les escaliers, jetant un dernier coup d’œil à Aimable durant son ascension : il était bien là. Elle gratifie sa présence d’un maigre sourire et poursuit sa route.

En même temps qu’elle s’éloigne de la foule, leurs paroles secrètes deviennent indistinctes. Et bientôt, les épaules de Béatrice se décrispent, sa main retombe sur son pendentif (l’autre tient précautionneusement son bol de soupe), ses sourcils s’apaisent : le silence, enfin.

Vivement que tout ce beau monde soit couché. Elle leur en veut presque d’exister, simplement, parce qu’elle aurait aimé écouter les chansons joyeuses du barde, partager un verre avec ses compagnons, rire autour d’un repas aqueux, jouer aux cartes et gagner, encourager cette grande montagne d’Aimable à se détendre un peu avec une danse.

Peut-être plus tard, quand certains seront montés.

Elle peut enfin s’entendre — elle, et les autres. Elle peut enfin parler, à nouveau détentrice de ses mots, des mots à elle, qui lui appartiennent, plutôt que des syllabes volés à ceux aux idées trop bruyantes. Et maintenant qu’elle pense, elle pense tout haut : sa déception se lit sur son visage quand elle découvre enfin sa chambre et réalise qu’il n’y a pas de table. C’est trop tard pour retourner en bas, et elle préfère encore manger le dos courbé plutôt que de subir ce qu’il se passe au rez-de-chaussée.

Elle traverse la pièce pour déposer son bol sur le lit, prudemment, et s’en va fermer la porte. Le conseil — non, l’avertissement — d’Aimable fuse, et elle lui découvre son profil étonné.

Hm ? Mais il n’y a que des — » Humains. En tout cas, elle avait senti toutes les soifs, de bière, de soupe et de sexe, mais pas celle de sang. fêtards, en bas. De quoi avez-vous peur ?

Ses yeux se posent sur la figure du Chevalier, avant de descendre sur ses épaules noués. Il était inquiet. Si elle trouvait sa méfiance étrange, voir exagérée, elle décida de faire le nécessaire pour le mettre à l’aise, et tourna la clé de sa chambre dans la serrure. À vrai dire, il apparaissait à Béatrice qu’Aimable était d’un calme aussi olympien qu’immobile : Si un jour il se mettait à courir, c’était le signe qu’il fallait le suivre à la même vitesse, et vers la même direction.

Sur ce point là, alors, elle lui fit confiance — plus qu’elle ne l’accordait aux autres clients de l’auberge.

Faute de siège, elle récupéra sa soupe sur le lit, s’assit, et la posa sur ses genoux. Puis elle tapota l’endroit à côté d’elle, sur ce matelas pas bien grand, pour inviter Aimable à faire de même. Elle était bien embarrassée de ne pas pouvoir lui proposer un endroit plus confortable où se reposer le dos.

Elle tenait simplement à ce qu’il mange en une compagnie un peu plus joyeuse que le vide — Aimable lui semblait si seul, par moment. Sans doute l’étaient-ils tous les deux un peu.

Pardon, vous n’avez pas dû comprendre grand chose. Le bruit me montait à la tête. Rien que d’y penser, un frisson d’horreur effleura ses bras. Elle fit tourner la cuillère dans sa soupe, de toute évidence peu enthousiasmée à l’idée de la boire. Mais je pensais qu’on serait mieux ici. Vu le regard déconfit qu'elle lançait aux alentours, elle s'était trompée.

Elle se remémora les pouces levés inexplicables du conducteur, aperçus du coin de l’œil avant qu’elle ne quitte la pièce.

Étrange.
Mystérieux, même.
Ça ne devait pas être bien grave.
Aimable E. De Bayard
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Aimable E. De Bayard
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Mer 10 Fév - 15:48
De quoi avez-vous peur ?

De tant de choses, tapies sous les ailes du silence ; certains diraient qu’un ange passe, mais Aimable lui voit les plumes d’un corbeau. Les guerres sont la terre où s’enracinent les royaumes, l’humanité naît dans une gerbe ensanglantée, la souffrance accompagne le premier cri. Le sang alimente la chair, la douleur est inhérente à la vie et c’est de là d’où naissent les cauchemars, les démons. Sans misère, sans désespoir, il n’y aurait pas tant de mort, pas tant de violences, l’Homme n’aurait pas besoin de la Bête. Et pourtant, tous ont la main sur le collet d’un prédateur qu’ils sont prêts à lâcher.

Ce dont il a peur ? De son reflet. De l’obscurité. De ce qu’il y a sous leurs pieds et sous les peaux.

De cette peau qu’elle vient de fermer.

Ses yeux s’écarquillent, il fait un pas en avant, comme pour prendre la fuite. L’a-t-elle enfermé avec elle ? Il entrouvre les lèvres, mais les protestations s’étouffent dans sa gorge, il lutte contre le désir impétueux de sortir. Elle doit fermer la porte pour se protéger du danger. Pas pour s’emprisonner avec lui. Elle serait plus en sécurité en bas, entourée de voleurs, qu’avec lui.

Son cœur bat dans ses tempes, il se sent à l’étroit dans son vêtement, il cherche l’air. Elle bouge, dans son dos. Prend-t-elle son épée ? Se serait-il trahi ? Etait-ce un piège de sa part ? Les doutes éclatent en pensées éparses, elles traversent son esprit.  Des flèches embrasées. Leur lumière attire toute son attention et leur brûlure contracte ses muscles. La raison l’emporte, étouffe les flammes alors qu’il expire, ses paupières se ferment, enferment bien au loin ces peurs imbéciles.

Il n’est qu’un lâche. Passant toute sa vie à craindre le pire.

Il a eu tant de fois peur pour sa vie. Pour ce don qu’il ne retient pas toujours et pour cette Voix qui a hurlé. Solaire… L’a-t-elle entendu ? Non, dans sa mémoire, il traque tous les souvenirs qui peuvent lui répondre. Mais la Voix les a déchirés, comme toujours, il ne reste de son passé que des bribes déchiquetées. Il essaye de rassembler le déroulement des événements, et la présence de ces trous l’inquiète. Ils sont si nombreux.

Parfois, il s’étonne de son âge. Du peu dont il se souvient alors que cela fait plus de 30 ans qu’il parcourt la terre.

La Voix se repaît de tant de choses. De victimes, de son âme qu’elle désosse. C’est son identité qu’elle déforme, ce sont ses souvenirs qu’elle dévore, c’est sa conscience qu’elle emporte.

Aimable. Est-ce vraiment son nom ?

La question est douloureuse. Il s’accroche désespéramment à ces quelques syllabes. Aimable. Il est Aimable Eleuthère Séraphin De Ba

N̶̡̲̲̬̩͈̟͇͎͇̬̥̗̏̆̾̀̉̓̊̈́̓́̕͠ǫ̴̡̰͔̞̭̳̯͔̞̲͙̹̘̔̄̒̋̑̈́̎͜͝ṷ̵͔̜̤͕̯͙̗̻̣̙̂́͠ͅś̸̨̢̡͖̠͎̙̞̞̙̯̥̮̀̈́̒͗̈́̇̎͋͋͘͜͠͝ ̷̨͕̻̻̻͍͍͉̦͎̬̩͛̂̉̾́́́̀̈́̃͜ͅS̸̨̖͇̻͕̻̮͊̌͛̋̎̆ớ̵̡̛͍̩͓̅͗̓̒̓͛̿̈́͘̕͜͜Ǫ̵̬̝̩̦͈̙͙͚̪͙̱͕̙̌̊̈̌̇͐͒͛̎̓͒́̉m̸̧̛̬͇̼̯͎̳̯̩͎̣̹̹̌̉̔͋̽̒͛̓͗́͒͝m̶̧̡̧͎̙͇̹̰̥͔̻̣͈̭̠͐̈͌̒̔͗̎͌̆̏ȩ̶̧̮͉̦̩̳̞̺̱̘̭̓͝ş̴̗̘̦̰͍͍͙̭̈́́́̋̆͗̈́́͘͜  


De Bayard.

Un mouvement et il tourne la tête, observe la place qu’elle tapote près d’elle. Aimable hésite, il se tient légèrement dos à elle, on pourrait croire qu’il écoute les sons du couloir. En réalité, ce sont les battements de son propre cœur qu’il surveille. Il doit s’apaiser. Tout va bien. Elle ne lui fera rien. Ils sont

E̷̬̝͇̥̖̗͙͋̚ņ̸͎̏̈́̅́̑ñ̷̨̧̦͍͚̰͓̤̻̫̆͂̍̃ͅ ̵̨̢̧̮̘͖̠͎͓̤̦͊͗͐̾̅̈̒̎͊́̈́͠͝ͅḎ̷̨̟͒̈́̾̉̃̋͒̈́̚͠ą̶̛̩̜̭͚̼͚̙̑͛Ā̴̡̨̟̹̙̟̺͈̝̿̈̔͒̉̔͋̈͋̽͜n̵͚̤̫͔̭͇̄̋̑͐̉̂̕͠͝͠ͅg̷̛̥̤̭͓̘͍͎̥̲͓͊̏͋̔̐́̈́̎̊̈́͝͝e̶̼͕͂̽̎̽̆̓̈̓̀̓̈̀͒͘͝ŗ̴̘͚̫̻̩̍͒̿͋̈̽̑͗͠


En sécurité. Aimable s’approche et s’assoit, le geste est raide, il sent la tension dans ses hanches. Le matelas grince sous son poids et la jeune fille manque probablement de renverser sa soupe ; il faut dire que le Chevalier pèse son poids. Sous la cuirasse et les protections, son ventre offre une certaine tendresse que les mains de son épouse se plaisent à taquiner. Penaud, il garde son repas entre ses grandes mains et s’efforce de manger en faisant peu de bruits, il a déjà presque fini d’engloutir son assiette. L’appétit est vorace, la faim est là.

Il ne veut pas prendre son couteau. La tentation serait trop grande, pour l’Ouroboros. Il finit par essuyer ses mâchoires d’un revers de manche et se redresse légèrement, son dos émet un craquement de bois sec. Aucune grimace ne perturbe son faciès, il se contente de faire rouler l’une de ses épaules avant de reposer son bras sur sa cuisse.

_ Ne vous excusez pas. Vous n’avez fait aucun mal. Ici… Comme dans la calèche.

Enfin, il a pu le lui dire. Un certain soulagement saisit son torse et il baisse les yeux, écoutant les chants des saoulards qui s’égosillent. La voyant tourner sa cuillère dans sa soupe, il en atteste le volume décidément peu épais de son repas. Il s’en inquiète et finalement, fronce légèrement les sourcils.

_ Souhaitez-vous du pain ? Ça vous remplirait davantage le ventre.

Il regrette d’avoir dévoré le sien – d’ailleurs, où est passée la pomme qu’il lui avait confiée ?

Tu aurais dû la garder. Nous l’aurions M̵̨͕̆͆̓͛ͅa̷̰̝̹̝͎̦̳͍͎͕͇̫̅̄̓̀̂͝͝A̵͙̾̃͌̋̂͂̊͛̏͛̈͘n̸̨͖͚͆͗̓̈́͝͠n̴̡̛̯͕̆̕͝g̸̨̡̤̪̬̬̞͓̭̼̰̽͘é̶͕̺͔̻̦̼̘̻͈̝̈́̑͗͂̆͐̔̌́̾̓͠E̴̗͙͖͇͆̒͗̌͑͒̈́̄̐̀



_ … Nous sommes plus au calme, ici. Il fait aussi plus frais, dans votre chambre.


Ses coudes se reposent sur ses cuisses, il se penche, le lit craque de nouveau. Elle devine peut-être la silhouette de ses épaules épaisses, le dos solide, la charpente qui soutient et anime toute sa masse. Il décroche son bouclier et le repose près de sa jambe. Le cerf d’argent apparaît, fièrement dressé sur ses pattes arrières, les sabots et la tête levée, les cornes dressées. Noble guerrier.

_ Le voyage vous a-t-il incommodée… ? Comment vous sentez-vous ?

Aimable, comme toujours, n’ose pas la regarder. Pour autant, ses mots, son ton, trahissent l’intérêt qu’il accordera à sa réponse. Il observe la pièce dans la pénombre et entend

L̴̘͆͋̾̾̀͊̈́̚̚e̴̛͍̺̝̯̼͙͔̤͕̩͍͍͚̩̾̔͛͑̅̌̃̑͊̇̉͘͝͝ ̸̛̺͉͊̃͛̑̃̉̔̒̀̔͘̕P̵̖̂̀̽ä̴̧̧̻̟̖͓͉̺͈̯̪̘͚͙͛A̸̬̼͉̙͈̺̘͉͍̍͜à̸̡̛͓̩̣͔͉̯̟̪͙̈̑̆̓̈̔́͆̚͜͝͝s̵̢̨̻̱̩͚̙̻̜̤̪̣͚̠̹̃͑̋̋̿̈ ̴̪̓͐̃͑̚͝R̶̢̜̪̺̯̳͔̝̳͎͚̹͈̎͛̽̏͠͝ē̴̯̑̋̉̚p̶̩̹̰̓̔͘ṙ̵̢̠͖͂͊́͑̑͛̆͗̀̉͘͝͝ȩ̵̧̝̙̫͉̼͙̬̜̈́̒͒ͅE̷̺̾͆̊̅͌̒̐̉̐͋̑̀͜͠͠e̴̢̝͍̰̖͓͔̟̗̬̺̅̔̈̉̔͆̌̚n̷͇̺̫̭̳̟͙̻͚̤̈͋d̶̢̳̹͖͕̰̰͉̭͉͔̻͙̓̊́̂̍́͋́͗̚


Dans l’escalier. Les craquements sont discrets. L’intrus s’arrête à quelques marches. Puis reprend son ascension. C’est au bout du couloir qu’il s’arrête.

Est-il trop ivre pour marcher ? Ou se veut-il discret ? Le silence retombe, Aimable tend de nouveau l’oreille.

De quoi avez-vous peur ?

Des monstres.


Béatrice Botherel
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Béatrice Botherel
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Sam 13 Fév - 18:35



le fruit du hasard
cette pomme étrange qui affame quand on la mange
Il émanait d’Aimable une telle détresse lorsqu’elle tourna la clé dans la serrure que Béatrice ne pouvait qu’imaginer ce qui lui passait par la tête. Elle se retourna, traversant la vague de méfiance qui souffla jusqu’au mur, interloquée, avant de prendre conscience, réellement conscience, de ce qui devait l’inquiéter. Alors ses lèvres se plissèrent en une fine ligne, un rouge discret lui monta aux joues, et ses yeux jugèrent le parquet comme le sujet le plus intéressant de la modeste chambre.

Si la sorcière n’avait plus de réputation à tenir, et que son pouvoir se contenait d’hausser les épaules à la vue de ce grand gaillard, les femmes comme elle ne devaient pas s’enfermer avec les hommes comme lui dans une chambre sans avoir mûrement pondéré la question.

Un silence inconfortable tomba sur la pièce. Béatrice, elle, n’en finissait plus de touiller sa soupe sans se départir de son air perplexe. Lorsqu’enfin Aimable ouvrit la bouche, elle releva la tête pour le dévisager, surprise, tandis qu’il évoquait leur voyage en calèche, et dans quelle ambiance il s’était terminé. Elle n’imaginait pas qu’il en parle si vite, d’autant plus que le Chevalier ne lui paraissait pas très courageux dès lors qu’il était question de s’exprimer un peu. Un instant passa alors qu’elle cherchait quel mal elle aurait pu craindre de faire, là-bas comme ici, avant de réaliser qu’il parlait de ses excuses.

Oh, ça.

Elle posa sa cuillère sur le bord de son bol, semblant réfléchir un instant, avant de rectifier :

D’accord, je retire ce que j’ai dit alors. Je ne suis pas désolée du tout.

Ses épaules, jusque là aussi crispées que celles du soldat, s’affaissèrent et elle lui sourit avec complicité. De quoi détendre l’atmosphère, alors qu’elle réalisait se faire de soucis pour rien — elle préférait encore être enfermée ici que subir le brouhaha et l’attention des badauds en bas. Et puis Aimable n’avait fait preuve de rien d’autre à son égard sinon de la délicatesse. Comme l’avait justement supposé le conducteur de la calèche, l’honneur du grand homme la protégeait de tous les dangers.

S’en suivit trois questions qui agrandirent encore ce sourire, jusqu’à ce qu’elle ferme les yeux et se détourne, amusée qu’il se fasse autant de soucis pour elle. Mais il y avait autre chose, dans la courbure de ses lèvres : peut-être un peu de gratitude. Depuis la — depuis que ses parents étaient partis, elle devait prendre soin des autres, soin d’elle-même, ses frères et sœurs, ses compagnons d’armes, et désormais, Constantin.

C’était agréable que l’inverse se produise. Nostalgique, presque.

Merci, mais je n’ai pas vraiment faim. Les ventres bien remplis des clients du rez-de-chaussée s’étaient chargés de lui couper l’appétit, et la soupe à l'eau n’avait pas une apparence ni une odeur particulièrement ragoutante. Elle porta les yeux sur l’écuelle d’Aimable, presque vide, avant de secouer lentement la tête. Contrairement à vous. Cela vous dérangerait de finir mon assiette ? Elle savait pertinemment que si elle lui proposait comme un don, au lieu de lui demander comme un service, il refuserait.

Son oreille droite siffla. Béatrice se figea, à son tour attentive aux sons autour d’eux, devinant les craquements des escaliers, les pas s’enchaînaient jusqu’au fond du couloir, mais ce n’était pas ça, pas ça, le plus dangereux. Il y avait autre chose, un pressentiment qui lui collait à la peau comme du sang séché depuis qu’elle avait gravi les quelques marches de la calèche.

Elle se tourna prudemment vers Aimable, et se rendit compte qu’il était plus tendu qu’elle encore. Monsieur de Bayard ? Elle approcha lentement la main de son épaule avant d’effleurer celle-ci, ses gants couvrant toujours la longueur de ses doigts. Rien, dans ce qu’il avait vu en montant à l’étage, ne justifiait une telle alerte. La sorcière resta interdite un instant, ses yeux cherchant des explications dans l’invisible de la pièce, avant de retrouver sa détermination caractéristique.

Monsieur de Bayard. Elle claqua des doigts devant ses yeux : accrocher son attention et ne plus la perdre. Est-ce qu’on vous suit ? Vous regardez la porte comme si vous vous attendiez à ce que quelqu’un la défonce d’un instant à l’autre. Elle posa la main sur son épée, étendue sur le lit. Je sais me défendre, mais je préfèrerais savoir contre quoi.
Aimable E. De Bayard
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Aimable E. De Bayard
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Lun 15 Fév - 12:19
Son sourire complice est un éclat de soleil dans la pénombre.

Eblouissant, surprenant. Et suffisant pour que sa chaleur le touche. Le sourire qu’il lui rend est plus timide, ce n’en est qu’un pâle reflet. Poignant par sa sincérité, avant qu’il ne se dissimule naturellement sous ses traits préoccupés.

Pas faim ? Comment fait-elle ? Lui est affamé. La Voix dévore son énergie, elle le laisse épuisé ; le sucre, la viande, des plats qui tiennent au ventre, c’est ce qui l’aide à tenir face à elle. Alors à la proposition de la jeune femme, il hésite, sa main finalement, offre sa paume pour qu’elle y dépose le bol. Sa petite moue lui rappelle celle de Richard ou d’Isabeau lorsqu’ils peinent à finir leur assiette ; après les avoir encouragés à prendre quelques bouchées supplémentaires, leur père finit toujours par les libérer.

_ Prenez au moins une dernière cuillère et je terminerai.

Il accepte. Et cette douce nostalgie apaise quelque peu la Voix dans sa tête. Elle gronde, mord son cœur, reprend de l’ampleur lorsqu’elle monte dans son torse, c’est à son oreille qu’elle murmure.

Solaire effleure son épaule. Par pur réflexe inconscient, Aimable s’écarte d’un discret mouvement. Seule son épouse l’effleure. Et ce n’est qu’au Prêtre qu’Aimable a accepté de confier ses mains. Les contacts, tout son corps les fuit alors que son cœur les recherche. Une chaleur humaine, une étreinte affective, une simple main compatissante sur son épaule. Oh ces gestes, il en a tant besoin mais se les interdit. La Bête ne lui laisse pas le choix.

Lorsque la main s’élève devant ses yeux, il l’ignore ; il est difficile d’écouter la Voix, les sons dans le couloir et celle de la jeune femme. C’est lorsqu’elle claque des doigts que ses paupières se ferment, l’arrachent à Elle et le contraignent à revenir à la femme à ses côtés.

_ C’est vous que l’on suit.

Sa voix est différente. C’est un murmure. Qui s’arrache de ses lèvres. Un son rauque, grave, si rocailleux que les derniers mots s’étouffent en un grondement lointain. Ses lèvres se scellent, pour autant, l’étrange vibration persiste dans l’air ; écho dans sa cage thoracique, les os le résorbent, le frisson agite ses chairs. Bouger ! Il faut bouger alors Aimable se redresse et c’est à pas lents qu’il approche de la porte.
Il n’accorde qu’un regard à ses magnifiques yeux verts bleus – c’est elle qu’on suit.

C̴̣̯̠̰̋͐́̀̈́̿͆͛̍'̵͍̲̣͙̟̗͂̈̉e̸̛̠̤̺͕̜̜͙̣̪̮̫͂́̋͜ş̷̛̺̖̗̰̬̣̠̥̱͖͖̻̾̐͆̀̉t̶̞͍̰̦̫͇͖̲̦̞̳́͋̈́̑̑̑̋͜ͅ ̷̨̣͕̘͆̄̽̒̽͛͆̈́̽̓̉ę̴̌͆̑́̆l̸̜̔͊͒̓͝l̸̜̱̜̈́͑̌̎ẹ̴̛͇̠͓̱̿͑͛͜͠͝ ̸̣̪͚̎̇͒̌q̷̝̺̝̬̥͖̘̠͈̒ǘ̸̘̯̟̤̘̗͐̈̀̎͋̒̈̋̀́͝͝'̸̩̘̳̳͇̯̽̓͑̐o̷̮̜̠̣̙̼̅̕̕n̵̪͓͊̈́ ̵̨͈̼̩̜̺̳̊̔̈́́́̀c̸̡̼̟̪͇̳͖͕̬̹̣͍̉́͌h̵̨̢̢͖͈͍̘͈̋̽̈͌͜͝ǎ̶͎̖̦̤̰̞̍͊͆̀̒͆̐͋̈́̚͝ͅs̴̰͍̻̬̀s̴̙̬̮̱̱̰͇͔̜̟̀͛̒̊̈͝͝e̵̡̥̝͇̥͚̦̠̋̌

L’homme l’a repérée. Elle et son argent. Il n’en a que faire de son épée. Il n’est sûrement pas seul et c’est en tant qu’éclaireur qu’il s’aventure dans le couloir. Qu’il cherche sa porte.

Ses yeux. Ses yeux d’émeraude où les saphirs se mêlent. Nous enfoncerons nos doigts dans ses orbites, nous creuserons la chair et c’est entre nos doigts que nous les saisirons. Nous les arracherons. Ils s’écraseront comme des raisins entre nos doigts et nous lécherons avidement le jus qui en coulera. Nous Voulons ses YEUX entre nos DOIGTS

Il faut lui répondre. Le regard de la jeune femme est une pression, semblable à celle des pas qui s’immobilisent devant la porte. Entend-t-il le souffle de la Voix ou celle de l’homme qui s’impatiente ? Il s’approche. Le plancher craque, Aimable est déjà devant la porte. Aussi massif soit-il, c’est sans un bruit qu’Aimable s’est avancé. Le Chevalier n’a pas produit le moindre son et guette, alors que le silence Nous irons la chercher lorsqu’elle dormira. Nous grimperons sur elle – c’est sa gorge dont il faut s’occuper. Lame de couteau pour déchirer, ou nos crocs pour la saisir, l’écraser et la déchiqueter, mais ses yeux, ses yeux, il nous les fa

La poignée s’abaisse. Grince.

Solaire a bien fait de fermer le verrou.

Le coup résonne dans la pièce. Aimable a fermé le poing, l’a abattu contre la porte, à proximité de la serrure. Il a frappé avec une telle force que la porte a tremblé, les pierres répercutent l’impact. L’homme, de l’autre côté, sursaute, on entend quelques excuses bafouillées, un mouvement de recul précipité, la fuite dans les escaliers.

Depuis sa place, elle ne devine probablement que son dos, sa tête légèrement penchée. L’éclat de ses yeux vifs dans la pénombre. Son visage n’a pas changé ; et pourtant, il y a quelque chose de différent. Différent, dans sa posture, dans cette manière de s’être avancé sans un son, dans cette attaque soudaine, brutale et précise. Il n’est pas seulement Chevalier, non. C’est un homme habitué à chasser.

Mais l’animal se rétracte. Aimable se redresse, le mouvement est raide, son dos craque et le Chevalier masse sa nuque. En cet instant, il redevient un homme approchant de la quarantaine. Timide, fatigué, usé. Inquiet. Il se retourne vers la jeune femme et la dévisage quelques secondes, avant de baisser les prunelles.

_ Une femme seule attire des regards. Des convoitises. Il vous a remarquée depuis que nous sommes entrés. Vous vous êtes bousculés et j’ai eu crainte qu’il n’en ait profité pour saisir votre bourse… Puisqu’il est remonté jusqu’ici, j’imagine qu’il n’a pas réussi. Il allait retenter sa chance. C’est ce pourquoi je vous conseillais de fermer votre porte. Au moins, il vous laissera en paix pour ce soir.

Qu’il essaye. Nous l’attendrons.

Abandonnant toute menace, il revient alors près d’elle et n’ose pas demander le bol. Si elle le lui confie, c’est avec appétit qu’il dévore le reste de soupe, regrettant de ne pas avoir un peu de pain pour l’épaissir. Il a faim. Il est – nous sommes – affamés.

Ses yeux rencontrent l’éclat de l’épée. Il repose alors le bol sur ses cuisses s’il l’avait et reste quelques secondes silencieux, s’intéressant au fourreau et à l’arme.

_ Il est rare que l’on apprenne à une femme le maniement de l’épée…

Ses mots ne révèlent aucun mépris. Seule une surprise mêlée de curiosité, tues par son éducation et son respect. Sa remarque suffit à exprimer les questions qu’il n’ose pas formuler, avant qu’il ne rabaisse les yeux vers sa propre épée. Il l’a presque oubliée. Lorsqu’il pensait à l’homme du couloir, il n’avait que le désir d’abattre ses poings sur son visage, de sentir ses os se briser sous l’assaut des coups. Cette violence, il la renferme d’un battement de paupières. Ce n’est pas la sienne.

Béatrice Botherel
HUMAIN - PEUPLE

inventaire

Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
— Une dague classique
— Coupon de mission x1
Espèce : Humaine.
Emploi : Au service du Grand Cardinal.
Pièces : 5268

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Béatrice Botherel
Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
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Mer 17 Fév - 17:42



le fruit du hasard
cette pomme étrange qui affame quand on la mange
Qu’il soit poursuivi par un mercenaire expliquerait au moins la méfiance et la retenue dont Aimable se parait à tous les instants. Béatrice se tenait prête, à saisir son épée, la sortir de son fourreau, se battre, se défendre — merci bien, mais ce monsieur était son compagnon de voyage : jusqu’à ce qu’elle arrive au monastère, ses problèmes étaient donc les siens, et elle préférait qu’ils parviennent à temps et en un seul morceau à destination.

Alors la réponse du Chevalier l’étonne. Elle ne rentre pas dans cette histoire qu’elle n’a même pas conscience de s’être imaginée — elle, suivie ? Mais elle l’aurait remarqué ! Son don l’aurait —

Averti.
Si seulement ce brouhaha de pensées et d’envies ne le perturbait pas.

C’était comme un kaléidoscope agité devant la pupille de ces yeux mystiques. Et maintenant, maintenant que la sorcière savait où diriger son regard, dans quelle direction ordonner son pouvoir, elle sent le danger qui vibre tout autour d’elle, bourdonne dans ses oreilles, glisse des sueurs froides le long de son dos, accélère son cœur et sa respiration.

Elle se tient sur le lit, la lame dégainée, tournée vers la porte, prête à bondir : mais n’aperçoit qu’un dos qui lui semble plus dangereux que tous les apprentis brigands réunis. Béatrice finit par se lever, non pas pour se défendre, mais les défendre eux, ces hypothétiques voleurs qui feraient bientôt éruption dans sa chambre : Elle avait la certitude que si elle ne le calmait pas, Aimable les massacrerait tous, jusqu’à couvrir la pièce du même écarlate dont grondait son âme.

Il tape un coup sur la porte — la sorcière se tient prête. Personne ne mourrait ce soir, et cela peu importe son camp.

Dans le couloir adjacent, un homme détale comme un lapin.

La tension, tout autour d’eux, explosa comme une bulle de savon. Ils étaient en sécurité. Poussant un soupir, la main toujours serrée sur la garde de son épée, elle finit par rencontrer les yeux gris du Chevalier. L’espace d’un instant, elle est presque surprise que ceux-ci n’ait pas viré dans un rouge ou doré prédateur, avant de se rendre compte de combien absurde cela serait. La figure d’Aimable a retrouvé la timidité et la réserve qu’elle lui connaît du voyage : si elle ne sentait pas encore la sueur lui dévaler le dos, elle croirait presque avoir imaginé le danger qui avait suinté comme du sang partout dans la chambre.

... Je vois. S’il avait mis sa main sur ma bourse, le pauvre bougre aurait été déçu. Après une maigre hésitation, elle finit par tourner le dos au chevalier et reprendre sa place sur le lit. Sa soupe, qui y patientait toujours, était froide. Saisissant son fourreau, elle fit glisser sa lame à l’intérieur avec soin, avant de la poser en équilibre entre la table de chevet et le mur.

Après un tel geste, la question implicite d’Aimable ne la surprend pas, mais l’embarrasse certainement. Mieux valait faire profil bas, et se forcer à proférer les mêmes mensonges qu’avalaient ses instructeurs de combat au monastère. Oh, le maniement est un grand mot. Je me contente de l’agiter dans une direction générale, et espérer toucher quelque chose. Quoique ce n’est pas totalement faux : Béatrice se battait avec la force, le désespoir, et l’urgence d’un animal acculé. Si l’idée de danser sur le champ de bataille comme un papillon ou un cygne sonnait plus douce à ses oreilles, force était de constater que face à la sauvagerie des monstres que l’église chassait, le mieux était encore de répondre avec la même soif de carnage.

Elle est surtout là pour intimider et dissuader. Disant cela, elle tapota son fourreau comme on félicite un cheval. Dommage que ça ne fonctionne pas à tous les coups. Reprenant son bol sur ses genoux, elle en prit une cuillère si petite que ça en devenait presque sarcastique, avant de le tendre à Aimable. Peut-être que je devrais vous engager comme mercenaire, à la place. Je gage que vous seriez beaucoup plus efficace pour éviter les ennuis.

De l’art de renvoyer le projecteur sur son interlocuteur.
Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

inventaire

Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
- Bouclier supérieur (marqué du blason des De Bayard)
- Bon pour un item chez May
- 1 Onguent
Espèce : Humain
Emploi : Chevalier - Soldat
Situation maritale : Marié
Pièces : 3901

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Aimable E. De Bayard
Inventaire : - Epée d'élite (Bois du Cerf d'Argent)
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Ven 19 Fév - 10:19
Le calme est revenu. Ses épaules se sont relâchées, son esprit s’est apaisé. Le danger est écarté. Pour lui, cet évènement n’est qu’un parmi tant d’autres. Ce n’eut été qu’un battement de paupières, un battement qui a ouvert la porte à la Bête avant qu’un autre ne la referme. Ou s’est-Elle simplement tapie, à l’abri de sa conscience, présente et prête à bondir. Loin de lui. Loin de ses sens. Mais si proche, à guetter la moindre ouverture pour surgir.

Sa vie est faite de méfiance, de poursuite, de doutes et d’errances. D’instants de rares accalmies entre deux tempêtes, où l’épuisement et le soulagement ne sont qu’éphémères. Ce sont les arbres derrière lesquels l’Ouroboros se cache, sans qu’Aimable ne puisse le voir. Lui ne croit qu’à une victoire passagère.

Il revient près de la jeune femme et s’assoit malgré la protestation du sommier.

La cuillère qu’elle approche à ses lèvres décidément minuscule. Si elle lui eut tiré la langue tout en l’approchant de ses lèvres, il n’en aurait pas été surpris.

Il pense à Richard. A son fils aîné qui, malgré sa précocité, rechigne toujours à manger sa soupe. Le regarder manger est semblable au chemin de croix du grand Martyr, à cela s’ajoute les simagrées d’un artiste en devenir. Le nez qui se fronce, les soupirs à fendre l’âme, son joli minois qui se froisse comme un chiffon, les grognements écœurés qu’il laisse échapper à chaque bouchée. Même Aimable peine à retenir son sourire lorsqu’il le voit faire – et sa tendre Eleanor murmure malicieusement à son oreille que c’est ainsi que Richard charmera ces dames. En faisant la grimace à sa soupe ? Répond l’époux. Non, en faisant semblant d’être blessé lors d’un entraînement, à faire rouler son épaule dans une grimace, à offrir sa vulnérabilité sur un plateau d’argent jusqu’à ce qu’un cœur aimant accepte de s’en saisir.

D’ailleurs, le calvaire de la jeune femme atteint le cœur si tendre du chevalier ; il choisit de la libérer de son fardeau sans plus insister. Il récupère la soupe et porte le bol à ses lèvres, le terminant en quelques gorgées goulues, jusqu’à essuyer ses lèvres d’un revers de manche, par habitude. Il repose le bol auprès de l’épée, et profite de ces quelques secondes pour en observer le fourreau. Le connait-il ? Y’a-t-il la marque d’un forgeron, la lame est-elle d’une forme particulière ? Les rapières sont les armes privilégiées par la noblesse, les épées plus classiques sont préférées par les guerriers – ceux qui arpentent la terre plutôt que les grandes Cours. Ses yeux s’abaissent quelques secondes sur sa poignée, son pommeau, avant qu’il ne revienne s’installer près d’elle.

Sa propre arme repose à ses côtés. La poignée est protégée de bandes de cuir, afin que sa main ne glisse pas. Il a assez de longueur pour la saisir à deux mains, si cela est nécessaire ; le pommeau est en fer plein. Sous le fourreau, la lame comme la pointe sont épaisses. Il ne s’agit pas d’une arme pour trancher, mais pour frapper. Assommer, enfoncer l’armure ou les os, les briser, plutôt que simplement couper. Tuer un homme est une tâche relativement complexe, mais le blesser est bien plus aisé. L’on dit que les De Bayard naissent avec de l’acier dans les yeux et une arme à la main. Et toutes rumeurs possèdent leur fond de vérité.

Il suffit de voir Ulric pour le comprendre. Aimable est plus discret que son frère aîné… Ulric, lui, est un rocher qui s’est arraché au sommet d’une montagne. Sa chute l’a brisé. Et à force de coups, c’est une forme humaine qui s’est dessinée. Il est immense, énorme, massif, les traits burinés faits de pommettes, mâchoires saillantes, d’un nez tordu et traversé de cicatrices, d’une peau rugueuse et solide comme la pierre. L’épée qu’il manie à deux mains tient plus du gourdin ; Aimable l’a déjà vu écraser le casque d’un brigand d’un seul coup. Le tout accompagné d’un râle digne d’un bûcheron, avant qu’il ne repousse le corps du malheureux d’un coup de pied. Ce jour là, leurs adversaires ont pris la fuite avant même qu’Aimable n’ait le temps de se saisir de son épée.

Lui n’est pas si rapide. Lui est toujours distrait, les erreurs qu’il commet sont nombreuses, comme en témoignent les cicatrices sur ses mains, ses bras, son dos et le reste de son corps. Les douleurs dans les membres.

N̸̢̙̗͕͉̓̀̽̓̊̍͒̓͝o̸̱̊̇̏̂̈́̇̒̑̽̀̍̑̚u̵͇̥͂́͌̿̾š̶̢̯̤̤͝͝ ̴̩͓̑̆̄̈͂̋̓̄͆͘̚j̸̡̯͚̜̥̱̦̮̱̣̻̼͆̏̃̏̾͑̊̈́͋̀͒o̸̧̧̢̡̮͈̯͈̠̗͇͖̩͑̏͗̃͑̽́̇́͐̿̓̍̎ų̸͉̟̲̫͕̞͖̮̓͋̍ͅo̵̩͆́͊̈n̶̢̢̥̫̫̭̜̤̜̜͍͕͙͚̙̊̿̇́̄̃̅̔́̿͐̚s̸͔͈̯̄͆̆̋̎̈̌̕ ̷̛̤̣̬̗̄̌͂̔̀́̒̌͋̽̊̕à̵̢͍̫̳̰͑͒ͅv̷͈̪͓͔̭͚̬̍̽̑̿̔̈̍͗̉̒͌̈́̈͒͜͜͠ȃ̵̧̬̘͉̟̖̫͍̦̰̺̳̿̂ń̷̡̛̼̼̩̫̞̼̹̬͖̯̜̩̭̉̇̕͘t̷̡̨̢̡̛͔̦̠̺͚̹̲̠͍͕̦̓͆͋̈́̄ ̶̡͕̯̯̦͓͖͈̫̩̫̻͎͕̖͋d̴̡̛̛͍͓̝̳͕̽̓͐̈́́̈̓̔̐e̷̹̝̻̭̲̞͈̜͓̠̼̔͝ ̴̹̫̜̪̦̭̹͚̆͋̋̉̽̎́̋̈͊̈͘͘ṭ̶̢̢͓͉̭̭̰̳̙̮̥̜̗̪͛́̽̐̎̄͗͐̀̕ù̸̢̪̱̪̖̯̈́̂̋̕͘ẽ̶̛̯̮͙̖̦͎̲̲͒͆̃̍̎̈́̈͗͒ŗ̵̧̦͈̟̩̉̏͌͂̎̾̓͛̈͑̌͘͘͜

Le sang, les carnages. Les combats n’ont rien de beau, et ce ne sont pas lors de ces batailles que les Hommes se démarquent non. Ils ne sont que des survivants, ceux dont l’instinct de survie d̸̡̲̘̭̩̱̉̈́̀̌͊̈͆͒̆̔̕͝e̵͇̦̭̹̓̆̊̏̆̔̀̎̔̏͊̀̕͝͠ ̶̨͔̪͙̫̫͓̠͌́̓̓̋̓͆̕͝͝c̸̨̟͔̹̻̳̤̽̔͆̏̃̓̽́̕͝͠ͅh̸̞̻̃͌͐̀̓̈͒̌̀̀̉̕̚͝a̷̼̤̿̋̒͐̆͌̚̚s̴̻̤̩͖͔̭̖̭͐̃̋̄̊́̾̀̚s̵̫̲̥̼̝̞̣̟͕̫̺̤̫̙̈͑̽̉͌̐̈́͆e̷͎̭̙̠͕̤͗̅͋̀́̾̀̂͘͜͝͠ͅ  est le plus fort.

Ses yeux reviennent sur Solaire, observent ses mains. Sont-elles différentes des siennes ? Que cache-t-elle, sous ses manches ? Ongles rongés ? Peau abîmée ? Corne ou plaies ? Ou sont-ce celles d’une femme habituée à l’étreinte du coton, du satin, des plumes ou de mains gantées ? L’épée qu’elle a négligemment déposée est un signe qu’il ne sait comment interpréter. Maîtrise, maladresse ou négligence volontaire ? Elle est si emplie de mystères et malgré toutes ces heures passées ensemble, il a l’impression de n’avoir rien vu d’elle.

Sa remarque parvient à le faire sourire ; enfin, sourire, non, ses lèvres n’esquissent pas un mouvement. Mais l’amusement lui échappe lorsque ses yeux se plissent avec une certaine malice, ses rides s’effacent, il paraît plus jeune d’une dizaine d’années, soudainement.

_ Détrompez-vous. Je crois que j’attire plus les ennuis que je ne les dissuade.


N̴̥̰͔̪̩̖̖͖̻̯̿̀̄͗̈́̇̌͘͝o̵̳͊͑ừ̵̧͕̲̯͇̟̺̯̩͔̙̣̻͎̋͛̎̇͑͌͂͘̚͘͠s̵̡̧̧̤̝̲̮̹͉͕͌͗ ̷̧̢̨̺͙̲̞̟̯͍̭͖̉͗̅͘͝ͅ?̸̢̦̝͍̖̥͓̰̞͋́̉͘͘͘ͅ ̶̛̼͖̦͉̻̼̪̖̻͓̞̝̠̍͊̈͜E̷̡͖̘̬͎̥̯̺̲͍̳̓̐̀̅̆̆̔͐͂̎̚͝ͅn̷̜̦̗͎̙̜͓̼̓̅̎n̷̜̜͖̋̈́͆̒̚ŭ̶̝̫̥͎̻͜į̷̲̞͔͚̱̘͖̩̩̦̼̪͓͋̉̑͊́̀́̂̍̀́͑̽͗̚ś̴̥̯̮̘͚̦̮̰̖̎̽̋͊͑͘͠͝ ̴̺͖͚̗̄̆͊͠͝?̵͇̀̌̄̈́̐͋͒!̷̞̯̹̠̘͆͑


Nous te protégeons des ennuis, ī̷̢̡͈͈̭͓͖̩̙̬͓͚̤͈͐́̊̕n̵̢̡̡̰̗̙͓͍̮̗̜̺̎̈́̇̑̽͗͆̃̄͝͠ģ̶̖̻̫̥̹̺͇̭͋́͂̀̊̆́̅̑́̉͌̏́̚r̵̨̠̘̤̦̂͗̿̕͜͜a̷̟͔͎͗̄̏̏̚͠ẗ̴̛̺͕̎̒̇̈́̊́̍͊ ̸̢̢̣͉̻̱͓̩̱̼̮̪̹̱͊̎̌̊̑͒̂̿̆̄͂̕͝ͅq̵̛͙͎͖̞̻̼̪̭̱͍͓̤͇͍͚̆͋̽̂̿̈́̔͐̃͘͘̕̚̕ư̷͔͙͊͛͌͛́̈́̄ḛ̷̫̱̝̟̥̣͈͔̝͘ͅ ̴̩͚̩͕̩̤̫͌́̊̂̓͐̂t̵̜̬͖̻͕̾̍̽̀u̵̼̥̺͚͒ ̵͚̹̽̆̅̈́̈̉̈̉̐͊̃̚e̷̹̭̠̮̬̍̅̆̽̂̀͝ͅş̷̢͕̭̯͚̺̭̃̇͝


_ Le cocher semblait vous connaître. Vous semblez habituée à parcourir les routes.

Cette fois, il ne doute plus. Bien qu’il soit un homme distrait, bien qu’il s’égare, les informations auxquelles il accorde son attention finissent toujours par se lier entre elles. Est-elle messagère ? Non. Est-elle une espionne ? Peut-être. Il a entendu parler de ces femmes qui pouvaient rejoindre les Cours de certaines dames, ou approcher d’autres hommes pour ensuite transmettre des informations compromettantes. Ou est-elle en fuite ?

Il pense aux vergers. Il pense à la peine dans ses yeux. A son cœur, son visage, qui se sont fermés. Comme une porte que l’on claque. Comme Ulric l’a fait lorsque Baptiste a poussé son dernier soupir. Cachant sa peine sous cette couche en bois, comme lui enterre tant bien que mal son désespoir. Comme si cette souffrance pouvait belle et bien mourir, disparaître, au fond de ces cercueils.

Fuit-elle ? Est-elle en danger ? Lui veut-on du mal ?

La méfiance affronte ses devoirs chevaleresques. Cette femme a les épaules droites, solides, et des mains si menues. Cette femme est armée d’un esprit vif, d’un verbe éloquent, d’un sourire qui fend l’âme, de répliques qui désarçonnent, cette femme est une guerrière. Elle intimide par son épée, par cette langue qui tranche mieux qu’un couteau, et combien même le danger s’est avancé, elle a dégainé son épée et n’a pas reculé. Il l’a vue, la Reine du haut de ses hautes murailles, il ressent sa force et s’en étonne à chaque seconde passée à ses côtés. Si protectrice, si protégée derrière ces murs qu’elle y est inatteignable.

Mais dans cette calèche, elle a laissé une ouverture.

Lorsqu’elle a parlé des vergers. De son frère et que la Voix a hurlé. Par une meurtrière, elle a laissé apercevoir son œil, une plaie encore saignante, une peine qui a attisé la Faim du Monstre… Et qui éveille l’instinct du Chevalier.

Que peut-il faire ? Probablement pas grand-chose. Mais le peu qu’il peut faire, il le fera. Alors il reprend son souffle. Etouffe les questions, c’est elles qu’il enfonce sous terre. Il sait qu’il suffit de voir, d’observer, pour avoir certaines réponses.

_ Je ne puis que vous encourager à la discrétion, pour votre sécurité. Je ne me prétends pas maître d’armes… Mais je suis accoutumé depuis très longtemps au maniement de l’épée.

Sang et acier coulent dans ses veines. Chevalier.

_ Si… Si vous le souhaitez et si cela peut vous rassurer, nous pourrons profiter de ce voyage pour vous entraîner. Peut-être pourrais-je… vous conseiller ou vous aider dans le maniement de votre épée. Qu’elle ne soit pas là seulement pour intimider ou dissuader, mais qu’elle vous permette de vous protéger. Voyager est dangereux. Que l’on soit seul ou accompagné. Alors mettons toutes les chances de votre côté.

Peut-être se sentirait-il rassuré de cela. Si elle se doit de voyager, qu’elle soit capable de se protéger. Aimable baisse humblement les yeux et récupère la croix qu’il garde autour de son cou : son pouce trace naturellement les imperfections de l’argent, l’usure due au temps.

_ Même si cela n’est pas… encouragé chez les femmes, je dois admettre que j’ai appris à mon épouse à manier une dague. Ses mains sont plus petites que les vôtres. Je… Je suis rassuré de savoir qu’elle peut se défendre combien même je ne suis pas présent. Bien que je prie tous les soirs Dieu pour qu’elle soit en sécurité, elle et mes enfants.

Béatrice Botherel
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Béatrice Botherel
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Lun 22 Fév - 17:12



le fruit du hasard
cette pomme étrange qui affame quand on la mange
Aimable engloutit le reste de la soupe sous le regard admiratif de Béatrice. Au réveil, ou peut-être même dans la nuit, sa sensation de ventre bien rempli disparaîtrait en même temps que le reste des clients dans les bras de Morphée, mais en attendant, la sorcière ne regrettait pas son choix : ne serait-ce qu’à leur différence de carrure, il était évident que l’un d’eux avait davantage besoin de subsistance que l’autre.

Son regard se mit à pétiller lorsque le Chevalier lui parla d’ennuis. Elle connaissait bien cela, le sentiment que tous les problèmes de la terre attendait qu’elle passe en dessous d’eux pour s’abattre. Même si vous les attirez, le principal est de savoir y faire face. Disant cela, elle levait son index comme une préceptrice inculquant une leçon. Et à en juger par votre carrure, il faut plus que quelques petits soucis pour vous mettre à terre.

En ce qui la concernait, Béatrice courrait très vite. Peu importait d’être particulièrement résistante si elle pouvait esquiver le danger par la force de ses petites jambes.

Les autres théories d’Aimable agrandirent son sourire. Elle ne pouvait pas lui reprocher d’être curieux à son sujet : après tout, elle détonnait clairement avec les jeunes femmes qu’il avait l’habitude de croiser... S’il en croisait. Pourtant, elle devait éviter d’épiloguer sur son histoire personnelle, et cela même si Aimable n’attirait pas particulièrement sa méfiance. C’est la deuxième fois que nous voyageons ensembles, oui. De là à dire que nous nous connaissons... Elle manqua de préciser qu’alors, elle se rendait à Paris, avant de juger que ce n’était pas nécessaire qu’il l’apprenne.

Cela l’agaçait un peu de devoir se parer d’autant de secret, mais c’était préférable à ce qu’il se rapproche, même un petit peu, de la vérité. Cet autre monde était dangereux, et elle ne souhaiterait à personne d’en faire partie — et encore moins à un simple humain, aussi bon combattant soit-il.

En même temps qu’il continuait, Béatrice hocha doucement la tête, jugeant en effet sage de lui recommander la discrétion, sans forcément comprendre où il voulait en venir. Elle finit par se figer, battant des paupières une, deux, trois fois, avant d’à nouveau acquiescer comme pour mieux saisir sa proposition.

C’était exactement le contraire de la réaction qu’elle espérait de lui.

Oh ! Euh...

Elle chercha comment gentiment refuser son offre tandis qu’Aimable poursuivait son raisonnement. Puis il dit la phrase.

Ses mains sont plus petites que les vôtres.

Les couleurs se drainèrent du visage de Béatrice avant qu’elle ne se tourne vers le Chevalier, les lèvres plissées en une fine ligne, les yeux hésitants, les traits malhabiles.

Mes... Mes mains ?

Il venait, de toute évidence, de toucher une corde sensible. Tirant sur le gant de sa main gauche, le regard de la sorcière se posa sur sa paume, puis ses doigts, de taille, elle espérait, respectable.

Mes mains sont normales. De taille tout à fait appropriées pour une jeune femme de mon âge. Elle dit cela avec un peu trop d’empressement, comme si elle cherchait aussi à se convaincre que c’était la vérité. Elles sont normales. Elle s’appuya sur le matelas pour se pencher vers Aimable, l’air décidément très déterminé. Elles le sont.

Elle se retint de proposer à Aimable de les toucher pour attester de leur douceur et leur délicatesse.
Aimable E. De Bayard
HUMAIN - CHEVALIER

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Situation maritale : Marié
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Aimable E. De Bayard
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Dim 28 Fév - 11:56
Les murs de son château s’effondrent.

Aimable pense n’avoir que cogné à la porte ; en réalité, c’est avec un bélier qu’il a fait s’effondrer l’un de ses murs porteurs. La jeune femme, livide, perd toute assurance ; ses lèvres, pour la deuxième fois, se referment. Et elles lui rappellent l’aspect de ces plaies que l’on referme à l’aide d’un fil et d’une aiguille, les chairs boursoufflées entourent péniblement l’estafilade, comme si ces chairs tuméfiées pouvaient contenir le sang qui ne demande qu’à sortir… Quel venin va-t-elle cracher ? Quel sang va-t-elle vomir ?

Quel mal lui a-t-il fait ?

Elle perd ses moyens. Elle si assurée, elle qui bascule avec tant d’aisance d’une pique à une autre, la voilà sans mots, désarmée. Elle balbutie, ses paupières battent avec la précipitation d’un cœur affolé, le sang doit affluer mais s’enfuit probablement vers la plaie qu’il ne peut voir. Son visage perd soudainement de sa structure, comme si ses muscles quittaient l’ossature, les traits se relâchent, ses yeux tressautent dans ses orbites, la vie pulse toujours dans ses veines malgré le coup mortel que ses syllabes ont porté. C’est à elle d’être désarçonnée et c’est même pire… C’est même pire, lorsqu’il la voit ainsi décomposée, fuyant son regard pour observer ses mains. Son empressement trahit son état de panique, la Reine s’affole, donne ses ordres, dresse une défense face à son assaut. Elle redresse tant bien que mal des barricades le temps de consolider ses remparts, et prête à l’attaque, elle se penche vers lui, l’agressivité s’arme d’une volonté taillée dans l’acier. Face à sa vulnérabilité, la Reine s’arme et le menace de son épée. De ses yeux bleus, verts, qui viennent traquer les siens, son corps qui se rapproche pour l’acculer et ses mains fermement cramponnées sur le matelas.

Elle montre les crocs, mais cette réaction, il la connaît, c’est celle d’une bête acculée. Blessée.

Alors lorsqu’elle s’approche, Aimable se recule. Son corps s’enfonce légèrement jusqu’à ce que le mur rencontre son dos. Et face à son regard, humblement, penaud, ses yeux se détournent et ses mains reviennent contre son ventre. Une étrange attitude craintive – il craint qu’elle ne le touche et il craint de la blesser davantage. Alors son corps se rétracte, la peur familière revient dans son esprit. S’il a effondré ses murs c’est auprès de sa forêt qu’il se retire, où l’Ouroboros gronde et l’accueille d’une morsure dans le cœur. La Voix gronde, rit dans ses viscères, elle s’amuse du mal qu’il fait – sans son aide. Il est devenu Chevalier pour protéger et pourtant, sa présence ou ses mots suffisent parfois à blesser. Un léger fardeau sur les épaules, Aimable retient un soupir ; il s’est habitué à ce poids et sait d’avance qu’il s’alourdira. Jusqu’à ce que ses épaules ne soient plus capables de porter. C’est l’épreuve que Dieu lui a donnée et c’est à lui d’assumer ses fautes et d’accepter le poids de chaque mal qu’il a pu infliger.

Ses coudes se reposent sur ses cuisses, alors qu’il récupère sa croix entre ses doigts, l’argent épouse sa paume et son pouce dessine les défauts de son collier.

_ Je… Je vois que mes mots vous ont… impactée. Je vous prie de m’excuser. Je n’insisterai pas davantage. Vos mains sont normales, n’ayez crainte. Je vais vous laisser vous reposer.

Aimable, finalement, préfère se redresser. Il serre les dents, ressent la tension naturelle de ses muscles et les craquements de ses articulations ; il n’a qu’une trentaine d’années, mais son corps lui semble comme rouillé. Les douleurs qu’il ressent sont de plus en plus présentes, c’est au matin et lorsque la nuit tombe qu’elles se manifestent avec le plus d’intensité. Parfois, la douleur est telle qu’il peine même à se mouvoir ; il n’est pas rare, le matin, de le voir marcher péniblement en posant une main en bas de son dos, comme un vieillard. D’ailleurs, son corps s’est tassé avec les années – le poids de l’armure, essaye-t-il de se dire.

Une fois debout, il étire ses bras vers le ciel ; son dos craque et l’une de ses épaules émet un claquement lugubre. Il ira probablement s’entraîner ou au moins, s’étirer pour essayer de se soulager. Il espère que son absence apaisera la jeune Solaire et finalement, il esquisse deux pas en direction de la porte avant de tourner les yeux vers elle.

_ Prenez soin de vous. Reposez-vous bien. J’ai pris la chambre au fond du couloir. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas…

Aimable récupère le bol vide, qu’il va descendre. Il s’avance encore d’un pas et cette fois, sa main se repose alors sur la poignée de la porte. Il va pour l’ouvrir, oubliant qu’elle avait été verrouillée – voyant qu’il ne parvient pas à la pousser, il va pour la tirer. Quelques secondes lui sont nécessaires avant qu’il ne rougisse en se souvenant de la clef encore insérée.

_ Oh. Je. Tenez. Refermez derrière moi.

Il tourne la clef pour ouvrir la porte et hésite à la lui confier directement, mais préfère réduire la distance entre eux pour reposer la clef sur le drap. Aimable est un homme loin d’être tactile… Il s’effraie même du peu de contacts qu’il peut avoir. Ses yeux reviennent effleurer la lèvre inférieure de sa partenaire.

Il cherche quoi dire, maladroit, avant de détourner les yeux.

_ Bonne nuit. Dormez bien.
Béatrice Botherel
HUMAIN - PEUPLE

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Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
— Une dague classique
— Coupon de mission x1
Espèce : Humaine.
Emploi : Au service du Grand Cardinal.
Pièces : 5268

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Béatrice Botherel
Inventaire : — Un pendentif doré en forme de soleil et une chaine de la même teinte
— Une broche offerte par une vieille amie il y a longtemps
— Une épée d'élite
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Lun 1 Mar - 15:48



le fruit du hasard
cette pomme étrange qui affame quand on la mange
À en juger par son mouvement de recul alors qu’elle se penchait vers lui, Aimable ne tenait pas à vérifier les dires de la sorcière. Soit ! C’est qu’il n’en doutait pas. Visiblement satisfaite d’avoir remis les choses au clair, Béatrice se recula avant de glisser sa main (de taille normale) dans son gant noir (de taille tout aussi normale). Le Chevalier, pourtant, ne retrouvait pas son assurance maintenant qu’il était dos au mur. Devant ses piètres excuses, Béatrice ne put qu’hausser un sourcil avant de dire, là encore trop vite.

Oh, quoi, non, pas du tout. S’en suivit le sourire le moins convaincant de la région. Elle ajouta tout de même : Je sais que c’est faux. Pourquoi — Pourquoi est-ce que j'en serais impactée ?

De la logique, pure et simple. Malheureusement, ce complexe sur son corps qui se raffermissait au fil des chasses n’était pas rationnel. Au demeurant, que sa peau soit douce et délicate ou barrée de cicatrices, que ses lèvres soient pulpeuses ou enflées, que son œil soit clair ou cerné — quelle importance ? Ce n’est pas les engeances au bout de son épée qui complimenteraient sa beauté. Et les maris, ah, les maris, n’étaient pas destinés aux femmes que le métier rendait éphémère, les femmes comme elle.

Pourtant, elle s’y attachait encore, comme à ses robes et ses cheveux trop longs. Qu’on lui laisse au moins ça, à défaut de ces souvenirs d’un autre temps, des yeux de sa mère.

Aimable ne la croyait pas. Il se releva sous le regard interrogatif de la jeune fille, sans qu’elle n’ait un geste pour l’arrêter. Après tout, la soirée était en effet bien avancée, et vu l’heure à laquelle elle s’était réveillée, une bonne nuit de sommeil lui ferait le plus grand bien.

Je... D’accord, oui. Elle acquiesça sans commenter son empressement par autre chose qu’un air de plus en plus circonspect. Elle ne le connaissait pas depuis longtemps, mais Béatrice se rendait bien compte que pour beaucoup de choses au sujet de son compagnon, mieux valait ne pas se poser de questions et laisser faire, les mains derrières le dos.

Mais voir ce grand bonhomme tâtonner la porte avec une panique évidente ne put que la faire rire dans sa barbe.

Attendez — Aimable ? Elle attrapa sa manche du bout des doigts pour ne pas qu’il ne parte trop vite. Son prénom lui était venu si naturellement qu'elle n'avait même pas conscience de l'avoir appeler ainsi. ... Passez une bonne nuit, vous aussi. Et merci pour ce soir. De m’avoir protégé. L’emprise de ses doigts sur le tissu s’allégea doucement, jusqu’à ce qu’il leur échappe. Avec un dernier sourire à son attention (c’est étrange, elle avait le sentiment que ce serait la dernière fois qu’elle ne le verrait jamais), elle s’appliqua à retirer son pendentif pendant qu’il fermait la porte.

Elle n’avait plus de peluche à son âge, mais le petit soleil doré veillait sur elle de la table de nuit tout pareillement. Elle s’endormit en fixant le reflet pâle de la lune sur son métal brillant, son épée serrée contre sa poitrine comme le corps de son grand frère quand elle faisait un cauchemar.

La nuit se passa sans encombre. Suivant les conseils d’Aimable, la sorcière avait bien ferma sa porte à clé, mais personne n’essaya de l’ouvrir, ou en tout cas pas d’une façon suffisamment bruyante pour la réveiller. Et le sommeil de la jeune fille, bercée d’horreurs et de chimères, était léger, comme si elle attendait la première excuse pour ouvrir les yeux.

Elle se réveilla aux aurores et remit son collier avant même de sortir du lit. Une fois dans sa tenue de ville, ses cheveux tressés pour ne pas qu’ils la gênent, elle descendit les escaliers, constatant que le calme régnait encore dans l’auberge. Aussitôt qu’elle posa le pieds sur la dernière marche, elle entendit une voix joviale, bien trop de si bon matin, l’interpeller.

Mademoiselle Béatrice ! Bien dormi ?

L’infatigable conducteur lui faisait de grands signes de main comme si elle risquait de ne pas le voir dans la brume matinal. Elle s’assit à côté de lui, retenant un bâillement. Pas suffisamment il semblerait. Je rattraperais ma nuit durant le reste du voyage. Elle força un maigre sourire, avant de tourner la tête en direction de l’escalier qui commençait à grincer sous le poids d’un certain chevalier. Quel timing !

Oh, je vois comment c’est, lui répondit le cocher avec un clin d’oeil qu’elle ne vit pas. Elle se tourna lentement vers lui tandis qu’il hochait vivement la tête en grand conspirateur.
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