..en espérant que le loup y soit.

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Une clairière s'ouvre devant moi, petite mais paisible ; humble oasis de verdure et de paix qui me change énormément de l'agitation parisienne.

Je m'avance dans la clairière et m'assied à même le sol, dos contre le tronc d'un arbre isolé. Si mon enquête n'a encore rien donné, cette première escapade en dehors de la capitale me fait un bien fou. Paris est au moins aussi grandiose qu'on me l'a décrite mais j'ai passé une grande partie de ma vie à la campagne, dans ce monastère où on a fait de moi une chasseuse, et je n'ai pas encore réussi à me faire à l'animation et au bruit de la ville. La nature et son calme m'avaient beaucoup manqué.

Si je me suis aventurée si loin de mes repères, c'est parce qu'un nombre conséquent de rumeurs concernant des attaques de loups sont parvenues jusqu'à mes oreilles et certains détails m'ont poussée à mener une petite enquête dans les environs.
Une bête affamée qui rôde autour des fermiers et de leurs animaux n'a rien d'étrange en soi mais toutes ces rumeurs faisaient mention de la taille du canidé, ce qui signifie que son gabarit hors norme a retenu l'attention.
Il a assurément retenu le mien.

J'ai passé la matinée à essayer de récolter plus d'informations sur ces attaques mais les habitants du coin m'ont fait plus de remarques sur mon accoutrement, pantalon et tunique, que de confidences sur cette bête qui, à priori, les terrorise.
Ils ne me faisaient sans doute pas confiance, amusés, souvent même indignés, qu'ils étaient par le fait que je m'habille comme un homme, que j'ose porter une lame à mon côté et, pire encore, que j'ose affirmer vouloir les aider à se débarrasser du prédateur. C't'un travail d'homme, gamine ; crachaient les plus productifs d'entre-eux.
Il y a des choses qui ne changent pas, même en France.

Y s'to grand comme so ; m'a tout de même affirmé un vieux fermier à qui il ne restait que quelques dents, plaçant sa main crochue au dessus de sa tête pour illustrer son propos. Waarf, waaaaaarhf ; m'a-t-il aussi postillonné au visage en tentant d'imiter le fameux loup, ses mains donnant des coups de griffes imaginaires dans l'air.
Autant dire que cette piste ne m'aurait pas convaincue si quelques femmes, inquiètes et plus ouvertes d'esprit, ne s'étaient pas décidées à venir vers moi en affirmant avoir vu une très grosse bête rôder dans les environs.

Ces quelques langues qui se sont déliées m'ont permis de réaliser que les attaques avaient eu lieu dans un certain périmètre autour de la forêt de Saint-Cloud, ce qui m'a poussée à explorer cette dernière à la recherche d'indices.
Je n'ai hélas rien trouvé de concluant et me voici désormais adossée à mon arbre, à me laisser bercer par le chant des oiseaux... Ah ! Je redresse ma tête, que je viens de sentir partir en avant, et serre le fourreau de mon arme contre moi. Je sens la fatigue s'emparer de moi, résultat sans doute de ces insomnies qui s'enchaînent, et me laisse aller aux bâillements. Pourtant, si cette après-midi ensoleillée se prête à la sieste, je ne peux me permettre de fermer les yeux et de me laisser aller.
Et si le loup y était, après tout ?

Non, encore quelques minutes de pause et je retournerai à mes recherches.
Je serre à nouveau mon arme contre moi.
Quelques minutes, c'est tout.
Juste..
...

..en espérant que le loup y soit.

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... Mmmh.. ?

Quelque chose est en train de toucher ma main... Mmgn.. J'ai encore sommeil, laisse-moi tranqu-aïe ! Une morsure ! LE LOUP ?! J'ouvre les yeux, confuse, paniquée, alors qu'un cri de surprise s'échappe de mes lèvres, un HIA! que je ne peux m'empêcher de trouver aussi aigu qu’embarrassant.

Une fois la confusion passée, mon regard se pose sur la bête féroce qui a planté ses crocs dans ma main. Qu'est-ce que c'est que cette chose ? Un.. chien ? Un petit chien qui me fixe en remuant la queue, visiblement satisfait de son méfait. Je n'arrive pas à croire que je me sois mise dans un tel état à cause de cette bestiole. Regardez-moi, fesses toujours au sol, rapière à moitié sortie du fourreau, cherchant désespérément à retrouver mon souffle alors que mon cœur peine à retrouver un rythme normal.
Je dois vraiment avoir l'air fine, tiens. Ça m'apprendra à m'endormir au milieu des bois alors qu'un Lycan rôde peut-être dans les parages.

Si j'ai beaucoup de chance de m'en sortir avec quelques perles de sang sur la main, à savoir trois fois rien, je ne peux m'empêcher de penser que cette sale bête n'a pas été bien dressée. Mmh. Il y a un dicton qui affirme qu'un chien ressemble à son maître et vu la dégaine du canidé qui se trouve sous mes yeux, je n'ose imaginer la tête de son propriétai-

Ah.

Une femme apparaît soudainement dans mon champ de vision, arrivant de derrière l'arbre contre lequel je me suis assoupie ; une femme armée dont l'accoutrement et la taille ne manquent pas de me rappeler mon infiltration nocturne au théâtre.

Stanislava.. ?

Si mes souvenirs ne me font pas défaut, il s'agit là de son nom. Je me souviens très bien, en revanche, qu'elle travaille pour la Couronne et que c'est au château que notre Duc disparu a été retrouvé. Il y a quelque chose de louche dans cette histoire mais ce ne sont pas mes affaires et je ne compte pas aller y fourrer le nez.
Je n'ai en tout cas pas eu l'occasion de voir les traits de son visage quand nous nous sommes rencontrées, à cause de la pénombre dans laquelle le théâtre était plongé, et je me rends compte que la jeune femme est vraiment très belle malgré sa cicatrice. Entre nous, cette dernière lui donne même un air de dure à cuire plutôt agréable.

Bon sang, je suis en train de la dévisager ! Vite, baisser les yeux. Rougir, aussi, parce qu'entre ce cri des plus virils qu'elle a forcément dû entendre et la manière dont je la reluquais, je me suis définitivement donnée en spectacle.
Mon regard fuyant se pose sur le chien mordeur, qui m'observe toujours, et j'en arrive à une réalisation soudaine.
Ne me dites pas...

Oh.. hum.. ce chien vous appartient-il ?

Tel maître, tel chien.. ?

..en espérant que le loup y soit.

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Stanislava réprimande son chien avec sévérité mais la scène prête à sourire, surtout à cause de la réaction du canidé abattu - comment rester fâchée contre cette pauvre bête après pareil spectacle ? Je veux en tout cas bien croire que son animal, Sire, se soit simplement montré trop excité par ses aventures en forêt. Il n'a pas l'air méchant pour un sou, après tout, c'est pourquoi je m'empresse de faire savoir à sa maîtresse que je ne lui en veux pas le moins du monde.

Ce n'est pas grave, ne vous en faites pas.

Stanislava, qui a également réussi à me reconnaître, à ma grande satisfaction, arrive à ma hauteur et semble vouloir examiner ma main.

Oh, ce n'est vraiment pas...

Grand chose est ce que je voulais ajouter mais la jeune femme s'est déjà accroupie à côté de moi et prend ma main dans la sienne afin de l’inspecter, teintant à nouveau mes joues en rouge. Que m'arrive-t-il, à me mettre dans cet état pour si peu ? Regard fuyant, je n'arrive qu'à souffler un d'accord gêné en réponse à ses instructions.
J'aurais aimé réussir à me débarrasser de ma rougeur mais comment suis-je censée y arriver lorsqu'une si belle femme m'aide à me redresser et, si proche de moi, balaie la verdure hors de mes cheveux ? Je suis vraiment incorrigible... Sa mention du loup m'aide heureusement à me sortir de mes inavouables émotions et je m'empresse de la rejoindre, lui laissant le soin de m'emmener où elle le souhaite.

J'ai entendu ces rumeurs ! Je suis venue jusqu'ici pour mettre fin aux attaques de la bête, si tant est qu'elle existe, mais les habitants des environs ne se sont pas montrés très coopératifs avec moi.

Je refuse de lui faire l'affront de lui expliquer pourquoi, les hommes sont assurément aussi intolérants avec elle qu'ils le sont avec moi après tout. Quant à la raison de mon intérêt vis à vis de ces rumeurs, à savoir la possibilité qu'il s'agisse d'un Lycan, je vais bien évidemment la garder pour moi.

J'ai cru bon de chercher des indices dans cette forêt mais mes recherches n'ont rien donné et.. c'est la toute première fois que je m'éloigne de Paris depuis mon arrivée en France, j'avoue m'être laissée bercer par le calme qui règne ici.

Je n'arrive toujours pas à croire que je me sois assoupie et Stanislava doit me trouver bien stupide... Je me demande si elle est également venue investiguer ces rumeurs ? Se retrouver parce que nous enquêtons à nouveau sur la même chose serait tout de même une drôle de coïncidence, bien que malheureuse.

Êtes-vous aussi ici à cause de ces rumeurs ?

Stanislava est une femme forte, sans quoi elle ne travaillerait pas pour la Couronne, et elle a vécu ses propres aventures, aventures que je ne saurais imaginer, mais sait-elle seulement ce qu'est un Lycan ? Ça me semble peu probable, même si je ne peux en être sûre. La savoir aux trousses de l'un d'entre-eux, inconsciente du danger, ne me plaît pas mais.. que puis-je y faire ? Je suis tenue au secret, après tout, je ne peux pas la prévenir et je doute qu'elle croie à mes histoires de monstres.
Le mieux que je puisse faire pour l'instant est de la suivre tant qu'elle restera dans cette forêt et de la protéger en cas de mauvaise rencontre.

..en espérant que le loup y soit.

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Ainsi donc ses aventures en forêt ne servent qu'à tromper l'ennui en attendant qu'une autre affaire daigne enfin avancer. Ça me rassure énormément. Il ne me reste qu'à la suivre et assurer sa protection jusqu'à ce qu'elle quitte la forêt, même si cette pensée peut sembler arrogante. Que dirait-elle si elle pouvait m'entendre ? Je suis capable de me défendre toute seule, je suppose ; mais même si elle a plus d'expérience que moi de manière générale, c'est en tout cas l'impression que j'ai de sa personne, je sais que l'effet de surprise peut avoir raison des plus aguerris.

Enfin bon.. vu le calme ambiant et l'absence d'indices, je commence à douter qu'une créature se cache dans cette forêt. Une balade en charmante compagnie sans avoir à croiser un mange-personne serait on ne peut plus agréable.. ah, c'est évidemment sur cette pensée que Stanislava décide de me réprimander pour mon imprudence.
Je m'y attendais et elle a entièrement raison.
Je dois rester sur mes gardes.

Quelques instants plus tard, nous arrivons devant un point d'eau fort fréquenté à en croire ces nombreuses empruntes qui jonchent le sol : chevaux et chiens de chasse, rien, donc, qui sorte de l'ordinaire. Je vais rejoindre le petit chien au bord de l'eau et y plonge la main, suivant ainsi les conseils de la jeune femme.

C'est exact, répondis-je à sa question concernant ma nature de mercenaire ; un vilain mensonge que je ne peux éviter puisque ma véritable situation au sein de l'Église est un secret que j'ai le devoir de bien garder. Il s'agit même du meilleur mensonge que je puisse trouver, ce dernier expliquant pourquoi je me promène ainsi vêtue et armée.

Je tends la main vers Sire, qui vient me renifler le bout des doigts, et lui grattouille la tête en esquissant un sourire qui exprime plus de tristesse que de joie.

J'ai dix-neuf ans et.. pour être honnête.. je ne sais pas à quoi s'intéressent les jeunes filles.

Quelles auraient été mes passions si le destin m'avait épargnée ? Quelles sont celles des demoiselles ordinaires ? Pour moi, qui n'ait connu que la servitude et le fer dans un environnement exclusivement masculin, ces questions restent sans réponses.
Quant à l'idée de retrouver une vie normale un jour, mes espoirs se sont envolés il y a bien longtemps pour laisser leur place à de doux mais douloureux rêves.

Toujours accroupie au bord de l'eau, occupée à jouer avec le petit chien qui semble apprécier mes caresses, je ne peux m'empêcher d'exprimer ma curiosité vis-à-vis de Stanislava et de son parcours.

Et vous, Stanislava ? Quel âge avez-vous, si ce n'est pas indiscret ? Vous ne semblez pas être beaucoup plus vieille que moi mais vous avez réussi à capter l'intérêt de la Couronne.. vous devez être très douée.

Sans parler de son attirail, un peu plus fourni que le mien : outre la dague et la rapière, que nous avons en commun, elle est équipée d'un arc sur lequel vient se perdre mon regard. Si elle maîtrise aussi bien ses lames que je l'imagine et si elle maîtrise l'arc à flèches aussi bien que ces dernières, elle est indéniablement très douée.
Il m'a fallu m'entraîner toutes ces années juste pour apprendre à manier l'épée et je ne sais pas comment maîtriser un autre type d'arme en parallèle aurait été possible.

..en espérant que le loup y soit.

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Un sourire se dessine sur mes lèvres en entendant Stanislava affirmer n'avoir aucun intérêt pour les passions féminines, une déclaration qui ne me surprend absolument pas, s'il faut être honnête. Un sourire éphémère, qui s'efface à la seconde où elle pose sa question. Quel âge est-ce que je lui donne ? Aïe. Je ne suis pas très douée pour ce genre de devinettes et je crains de la froisser si ma réponse s'avère être trop éloignée de la réalité. Quoi qu'elle ne semble pas être le type de femme qui se vexerait pour si peu, pour quelques années manquantes ou quelques années en trop.
Je prends mon courage à deux mains et risque une réponse.

Je dirais.. vingt-cinq ans ?

Stanislava semble en tout cas avoir remarqué ces regards que je lançais à son arc et me propose de juger son talent par moi-même, s'éloignant ensuite pour planter une cible, un ruban blanc, dans le tronc d'un arbre. Il est évident qu'elle veut me faire une démonstration et cette idée n'est pas pour me déplaire, au contraire !
Je l'observe donc bander son arc avec engouement, curieuse de voir si elle atteindra sa cible, mais je me laisse captiver par sa concentration, par son visage si serein, et ne réalise qu'avec un instant de retard qu'elle a déjà décoché sa flèche.
Je tourne la tête afin de constater le résultat et m'exclame :

Ah !

En plein dans le mile ! Je me relève et reporte mon regard sur la jeune femme, des étoiles pleins les yeux, avec l'intention de la féliciter mais elle me propose d'essayer à mon tour avant que je n'aie eu le temps d'exprimer mon émerveillement.

Moi ?

Quelle idiote tu fais, Sara. Il n'y a que toi ici, à qui d'autre pourrait-elle demander ?

C'est que je n'ai jamais touché à un arc de ma vie, je ne sais pas comment...

Comment le tenir, comment m'en servir, comment éviter de me ridiculiser devant elle. Mais est-ce que ces choses importent vraiment ? Elle m'a demandé si je voulais, pas si je savais, me servir d'un arc ; auquel cas la réponse est assurément oui.
J'en meurs d'envie mais oserais-je exprimer mon désir ?

J'aimerais essayer, finis-je par déclarer avec timidité.

J'aurais normalement décliné son offre mais quelque chose en Stanislava me pousse à me montrer plus honnête, plus brave peut-être, et il ne me reste plus qu'à profiter de cette nouvelle expérience à ses côtés en espérant que je ne me ridiculiserai pas trop.

Pourriez-vous m'apprendre ?

..en espérant que le loup y soit.

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Au moins, mon estimation a réussi à la faire rire. Elle ne semble pas avoir la moindre intention de confirmer ou d'infirmer mais son amusement et la manière dont elle m'a ébouriffé les cheveux me donnent l'impression de l'avoir un peu rajeunie. Quel âge a-t-elle, dans ce cas ? Vingt-huit ? Trente ? Bah, qu'importe. Stanislava me demande de la suivre et je m'exécute sans poser de questions, restant tout de même sur mes gardes au cas où une vilaine bête voudrait nous croquer.
Tout de même.. un arc entre les mains à sept ans seulement ? À cet âge-là, je pleurais encore dans les jupes de Johanna et ma famille était toujours.. bref, on l'a entraînée à manier une arme très jeune et cela ne manque pas de m'impressionner.

Vous avez commencé tôt !

Stanislava me guide vers une clairière éloignée des sentiers, Sire gambadant devant nous, et dessine quelques cercles sur le tronc d'un arbre, une cible que je devrai sans doute essayer d'atteindre.

Pour quelqu'un qui n'est pas sûre d'être bonne pédagogue, elle s'en sort plutôt bien à mes yeux même si je ne comprends pas tout - je suppose que certains ressentis sont difficiles à transmettre, surtout si ils viennent avec l'habitude. J'ajuste ma position et celle de mes doigts au fil des explications et des conseils, que j'écoute attentivement. Corps aligné sur la ligne de tir, jambes écartées et aussi droite que possible, je prends une grande inspiration et lève l'arc, prête à tirer.
Mes mains tremblent un peu et mon visage est loin d'être aussi serein que celui de la jeune femme. Quand tirer ? Bander l'arc demande plus de force que je ne l'imaginais, je ne pourrai donc pas continuer de viser éternellement..

Au bout d'un moment, je me décide enfin à lâcher la corde d'arc et la flèche file à une vitesse folle, passant toutefois bien loin de l'arbre et sa cible avant de s'enfoncer plus loin, dans des fourrés.

Mes joues, mon visage entier sans doute, virent au rouge sous l'effet de mon cuisant échec - comment ais-je réussi à manquer ma cible à ce point ? Je me retourne vers la jeune femme et passe ma main libre dans mes cheveux, un mouvement plutôt discret qui trahis cette gêne que je ressens.

Haha.. je suppose que c'était à prévoir..

Mon petit rire forcé avait pour vocation de camoufler ma déception mais je doute que ça ait fonctionné. Quand je pense qu'elle ne m'a sans doute pas placée trop loin de la cible pour mon premier tir.. Quand je pense, surtout, que j'ai secrètement espéré faire mouche dans le but de l'impressionner..

J'aimerais retenter ma chance, l'expérience était amusante après tout, mais j'ai déjà perdu l'une de ses flèches dans les buissons et je m'en voudrais de lui en gâcher une autre. Je tends donc l'arc vers elle afin de le lui rendre, non sans avouer :

Mais je me suis amusée, merci de m'avoir laissé essayer !

Ajouter un arc à mon équipement pourrait me faire gagner en polyvalence et l'idée ne m'a jamais semblé aussi séduisante qu'en ce moment mais il me faudrait apprendre à m'en servir correctement et je ne sais pas combien de temps cela me prendrait.

Combien de temps vous a-t-il fallu avant de maîtriser l'arc ?

Peut-être que ma question trahis mon intérêt pour cette nouvelle arme, d'autant plus que Stanislava me semble perspicace, mais je ne cherche pas à en faire un secret et je le lui avouerai volontiers si elle me pose la question.





1~15
     la flèche ne va même pas assez loin pour atteindre l'arbre
16 ~ 50
     la flèche rate l'arbre (plus le nombre est bas, plus le raté est impressionnant)
50 ~ 85 :
     la flèche touche la cible (plus le nombre est haut, plus elle est proche du centre)
86 ~ 100
     la flèche atteint le centre de la cible

..en espérant que le loup y soit.

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Ça me ferait plaisir d'apprendre avec vous.

Je ne m'attendais pas à sa proposition mais quelques leçons supplémentaires en sa compagnie ne me déplairaient pas.. ne reste plus qu'à acheter un arc, surtout s'il est possible de le maîtriser en seulement quelques semaines, une durée qui me surprend assez si je peux me montrer honnête. N'est-elle pas juste trop douée ?

J'ai commencé à manier l'épée il y a un peu plus de sept ans et je me concentre sur la rapière en particulier depuis.. environ deux ans.

Ais-je fait le bon choix ? Je n'en suis pas certaine et je songe de plus en plus souvent à revenir aux bases, à m'acheter une épée plus classique, mais je ne sais si c'est une bonne idée. Je me suis tournée vers la rapière uniquement parce qu'un chasseur plus expérimenté me l'a recommandé mais je ne cesse de douter de ce choix.
On ne peut m'en vouloir de douter autant vu ma fonction : la meilleure combinaison d'armes me permettra de survivre plus longtemps face aux créatures, il est donc très important que je trouve celles qui me conviennent le mieux, qui soient plus adaptées à mes tâches. Qui donc pourrait m'instruire et me conseiller au mieux.. ?

Stanislava me tire de mes interrogations avec une proposition qui, je dois l'avouer, me plaît énormément. Quoi de mieux qu'un petit duel amical pour se jauger l'une l'autre ? Rencontrer une autre combattante est assez rare pour me donner envie de voir où je me situe par rapport à elle et je suppose que c'est la même chose de son côté.

Ce serait avec plaisir !

Je la suis donc vers une zone plus dégagée, non sans m'amuser du fait que son chien soit allé récupérer sa flèche perdue, et me met en position face à elle, rapière tendue dans sa direction et prête à frapper à son signal.
Galante, la jeune femme me laisse porter le premier coup et notre ballet commence, le cliquetis de nos armes qui s'entrechoquent raisonnant à travers la forêt. Esquives, parades et attaques s'enchaînent sans répit et chacun de nos échanges me prouve que je n'ai effectivement pas affaire à une amatrice. Quelle étrange sensation, tout de même, que de croiser le fer avec quelqu'un sans risquer la mort à chaque instant.. ça ne m'étais plus arrivé depuis mes entraînements au monastère et à cette époque, mes duels étaient dépourvus de gentillesse et de respect - les garçons n'aimaient pas ma présence et cherchaient sans cesse à m'humilier.
En l'instant présent, il n'y a pas de peur, pas de sang et encore moins de moqueries.
Il n'y a que Stanislava et moi.
C'est.. grisant.

Ah ! Je m'élance vers ce qui me semble être une ouverture en espérant que ma force et ma technique suffiront à lui faire sauter la lame des mains, en espérant surtout que ma tentative ne se retournera pas contre moi.

..en espérant que le loup y soit.

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Cœur battant à cent l'heure, un sourire satisfait se dessinant sur mes lèvres, je fixe la lame de Stanislava, cette épée que j'ai su envoyer rouler dans l'herbe en profitant d'un moment d'inattention. Je suis victorieuse ! Oh, ça ne veut évidemment pas dire que je suis meilleure qu'elle, ce n'était rien de plus qu'un duel amical et j'ai bien senti qu'elle ne donnait pas le meilleur d'elle même, mais j'ai à priori pu faire bonne impression et rien ne saurait me faire plus plaisir.

Mon contentement et mon sourire ne sont hélas que de courte durée : la rousse me désarme en un éclair, profitant de ma propre inattention, et je me retrouve mains dans le dos, prise au piège, incapable de me défaire de son emprise peu importe combien je me débat.

Qu'est-ce que vous..

La lame de sa dague se pose sur ma gorge et j'arrête immédiatement de parler, arrête également de lui résister, inquiète et déboussolée. Que compte-t-elle faire de moi ? À en croire ces mots qu'elle me glisse au creux de l'oreille, rien du tout.
Il s'agit simplement d'une.. leçon, comme elle l'affirme en me relâchant, une leçon que j'ai du mal à digérer et, donc, que je ne risque pas d'oublier de sitôt. Je croyais, naïve, que ne jamais baisser sa garde ne s'appliquait qu'aux combats sérieux mais la petite démonstration de Stanislava me prouve qu'on n'est jamais à l'abri.

J'ai effectivement une question, répondis-je en massant mes poignets douloureux et en affichant une mine boudeuse, mes joues en feu à cause de ce souffle délicat venu caresser ma peau. Êtes-vous toujours aussi mauvaise perdante ?

Il n'y a aucune colère dans ma voix, aucune rancœur et aucune méchanceté, juste la malice infantile de celle qui cherche à se venger d'une grosse frayeur sans chercher à blesser qui que ce soit ; une gentille vengeance qui continue lorsque je m'accroupis et tends les bras vers Sire, qui me rejoint en courant.

Est-ce qu'elle est méchante avec toi aussi ?

Je me demande s'il a eu peur lorsque sa maîtresse et moi nous sommes affrontées ? Pauvre bête. Je lui offre quelques caresses amplement méritées avant de me lever et de récupérer ma rapière, que la jeune femme est allée ramasser pour moi.

Tout de même.. Je ne savais pas qu'affronter quelqu'un pouvait être aussi amusant.

Je fixe mon arme avec une certaine douceur dans le regard, les souvenirs encore tout frais de notre duel me revenant en tête. Pour être honnête, je suis presque triste que ce dernier se soit terminé aussi rapidement. Est-ce qu'elle accepterait de m'affronter à nouveau dans le futur.. ?

Je range ma lame au fourreau et c'est en reportant mon regard sur Stanislava qu'une idée germe dans mon esprit, une nouvelle manière de l'embêter suite à sa leçon trop musclée à mon goût.

Mais il a fallu que vous me malmeniez, dis-je sur un ton faussement sérieux avant de m'avancer vers elle, mains dans le dos et sourire taquin aux lèvres.
Comment comptez-vous vous faire pardonner ?

..en espérant que le loup y soit.

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Est-il nécessaire de préciser que mes joues se sont furieusement embrasées lorsque ses lèvres se sont délicatement posées sur ma main, lorsque son regard de jade s'est ancré dans le mien ? Plutôt ironique étant donné que je cherchais à l'embarrasser un peu.. je suppose que mon plan s'est retourné contre moi. Je ne m'attendais pas à ce.. baiser magique, que je n'ai pu m'empêcher de trouver agréable malgré ma gêne, mais c'est sa question qui me trouble le plus - un seul baiser est-il vraiment suffisant ?
Mon imagination s'emballe et me voici en train d'imaginer où ses lèvres pourraient se poser sur ma personne.. et si c'était sur ma joue ou, mieux encore, dans mon cou ? Et si c'était sur.. sur mes propres lèvres ? Ah ! Dans quelles inavouables fantaisies suis-je encore en train de me laisser entraîner ? Ce n'est pas comme si Stanislava avait ce genre de choses en tête, pas vrai.. ? Une partie de moi espère que ce soit le cas, est à peu près sûre que c'est le cas mais comment en être certaine ?
Est-ce que je devrais simplement tenter ma chance ?

Je...

Juste au moment où j'allais m'exprimer, quelques voix lointaines se font entendre, des voix d'hommes visiblement à la recherche de quelqu'un : dame Braginsky, s'écrient-ils encore et encore, où êtes-vous ? Ces voix ont le mérite de me ramener à la raison et je m'empresse de retirer ma main de la sienne.

Vous êtes incorrigible.

Braginsky, un nom bien étrange que j'associe immédiatement à un prénom tout aussi exotique : Stanislava. Je suis toutefois assez mal placée pour juger de la singularité de son nom étant donné qu'il n'existe sans doute qu'une seule van Helzen en France.
Quoi qu'il en soit, ces hommes sont-ils des collègues à elle ?

Je crois qu'on vous cherche.

Je réalise évidemment que ces voix annoncent la possible fin de notre rencontre et si j'aurais aimé passer encore un peu de temps en sa compagnie, la triste réalité est que chaque chose a une fin, surtout les meilleures.
Voyons le bon côté des choses : je rentrerai chez moi avec la promesse de quelques sessions d'entraînement au tir à l'arc et elle semble vivre sur Paris, ce qui signifie que je serai amenée à la rencontrer à nouveau.

Mmmh.. Est-ce que j'oserais.. Regard fuyant, je prends mon courage à deux mains et m'empresse d'ajouter un petit quelque chose avant que ces hommes ne vienne nous interrompre.

Mais qui sait, peut-être viendrais-je vous réclamer un autre baiser la prochaine fois que je me blesserai.

Mes joues, en tout cas, sont toujours un peu rouges.

..en espérant que le loup y soit.

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Stanislava rassemble ses affaires mais elle avoue sa volonté de recevoir mes baisers avant de se mettre en route pour rejoindre ses collègues, une volonté à laquelle je ne peux m'empêcher de répondre un évidemment gêné.

Prenez soin de vous également.

Elle m'offre un clin d’œil, je lui fais un petit signe de la main en retour et la voici partie vers de nouvelles aventures. Au bout du compte, nous avons eu la chance de ne pas rencontrer la moindre créature. Tant mieux. Quant à moi, je suppose que je ferais bien de retourner à mes recherches, ne serais-ce qu'une heure ou deux même si trouver un indice dans cette botte de foin proverbiale me paraît bien compliqué.

En tout cas, un sourire s'est formé sur mon visage et je doute qu'il s'efface de sitôt.
Si seulement chaque journée pouvait être comme celle-ci !