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L'humain a toujours su se construire des royaumes et composer plus ou moins bien avec les élites voisines. Mais ces hommes et ces femmes n'étaient pas les seuls à fouler cette terre de leurs pieds éphémères. Perdus entre le prestige de la noblesse et la vie froide de la paysannerie, nombres de vies se sont tissées les unes aux autres pendants des siècles, jusqu'à ce que les Rois et les Reines finissent par lutter concrètement contre les engeances qu'étaient les vampires et les lycanthropes. Toujours dans la discrétion la plus totale, bien entendu.

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Ven 19 Mar - 3:51
L’aube blanche est une tradition transmise de génération en génération. Nanna l’a portée. Sa tante l’a portée. Et aujourd’hui, aujourd’hui c’est à elle de le porter. Les éclats de voix sont pourtant ce qui berce les dernières heures du jour. June relève les yeux de ses livres, sa plume légèrement moite contre sa paume d’enfant, alors qu’il tente d’observer la scène. Son précepteur lui abat sa baguette sur le bout des oreilles et dans un glapissement de surprise, lèvres prises dans une moue blessée, il reprend le tracé prudent de ses lettres. Liturgie contre l’encre noire gratte le parchemin sous ses doigts potelés.

Sainte-Lucie est une lumière au cœur de la longue nuit. L’hiver est rude, la neige s’est invitée dans leur duché depuis des jours, et le domaine toute entier a revêtu un épais manteau blanc. Les entraînements ne se font désormais plus en extérieur, et les bottes fourrées sont une obligation. Oui, froid et tempêtes se sont succédés, véhéments et pénibles pour le peuple. Et si le soleil luit en fractales d’or sur la poudreuse fraîchement tombée, il est une étincelle qui ne réclame qu’à s’éteindre.

Une nouvelle explosion de voix. Mère s’emporte et la gifle claque, faisant se tendre l’enfant de tout son corps. Sa sœur aînée est butée. June repousse ses mèches brunes derrière son oreille et essaye d’expirer doucement pour ne pas se déconcentrer. Bout timide de sa langue rosée dépassant de ses lèvres alors qu’il étire une nouvelle prière sur le papier. Mais déjà l’horloge sonne la fin de sa leçon, et d’un point précipité, il repose sa plume et referme son encrier… Range ses affaires sans la plus grandes des précautions, houspillé par son précepteur… Puis fuit. Fuit très vite et très fort, ses jambes son encore trop courtes pour faire des pas d’adulte, mais il court comme le vent, talons bruyants claquant contre le sol de la demeure.

Lorsqu’il rejoint sa chambrée, il referme la porte à clé et abandonne ses affaires au sol. Demain il serait disputé d’avoir écorné ses ouvrages, mais ce soir, ce soir… Ce soir ils ont d’autres projets.

June atteint la porte communicante et y tapote de la pulpe de ses doigts la mélodie d’un secret. Le verrou se lève et la porte s’entrebâille. Sa sœur porte l’identique tenue de son frère. Un reflet idéal. Peaux au hale pâle du solstice d’hiver et prunelles saveur printemps, les jais longs qui parent leurs visages et lèchent leurs épaules les font sourire d’un commun accord. Ce soir, ils ont d’autres projets.

L’échange est discret. June se laisse traîner par son aînée le dévêt dans les chuchotements hâtifs de deux enfants jouant leur vie sur une farce complice. Les raisons ne sont plus justifiées ni justifiables. Depuis des semaines, déjà, June avait conclu ce marché avec elle. Il prendrait sa place cette nuit. Pour une seule nuit, il deviendrait Lucie.

La tenue est d’un blanc immaculé. La robe est épaissement doublée, sertie d’un épais ruban carmin ceignant à la taille. Tout jusqu’à l’imposante cape est aux couleurs d’une nacre idéale, tissée de soie, bordé d’hermine polaire. La tenue lui sied comme un gant, au même titre que le cuir et les sangles tromperaient quiconque quant à la nature de ta sœur. Vos deux allures adelphes vous pardonnent enfin. Ce soir tu n’es plus June. Lucie est tienne, comme elle fut Nanna il y a bien longtemps de cela. Sûrement sait-elle, de ses yeux clairs, la supercherie que vous jouez. Mais les contes qu’elle souffle les nuits d’hiver ont depuis longtemps terminé de faire rêver l’aînée van Heil. Seul June, intrépide et téméraire voulait vivre le danger. D’autres pleureront la possible perte de leur Lucie cette nuit. June, lui, inspire l’air glacial comme on s’apprête à se baptiser. Corps et âme.

La nuit tombe en un voile épais sur le duché. Leur village contre le crépuscule s’éclaire. Et dans les tréfonds des ténèbres les premiers enfants entonnent leurs plus beaux chants. Chœurs harmonieux bercent l’obscurité. Et d’une dernière touche de jade parant son cou, la couronne d’épines se glisse contre l’auréole de sa tête, et dans la pénombre, la lueur des bougies pare de soleil les anges ainsi apprêtés.

Lucie en sa plus belle tenue avance dans la nuit. Fredonne l’air des jours meilleurs et pourfends dans l’ombre les chemins tracés de bougies. Le chemin est silencieux, perturbé de ses seuls pas contre la neige glacée. Ses joues rougies par la température, et ses doigts, tenant une lanterne, glacés. Il ne prend pas les sentiers attendus. Avance dans les bois là où les autres enfants reprennent à plusieurs les fables et les lyres.

Mais cette nuit n’est qu’à lui. Lucie d’opale bercé, fuit dans les ombres qu’elle terrasse de sa lueur. Joue au jeu du destin, quand à l’émeraude de ses yeux tient l’espoir d’être comme sa Nanna : l’Élu.

Hors RP:
Vlad III Basarab
VAMPIRE - EX-PRINCE

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Inventaire : Une épée dont un des côtés est couvert d'une fine couche d'argent et une chevalière portant son sceau.
Espèce : Vampire
Situation maritale : Veuf x 2, engagé dans une relation à risques
Histoire : www
Ses liens : www
Pièces : 4844
DC : Noah / Hermance / Jean / Mihnea / Bénédicte

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Vlad III Basarab
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Ven 19 Mar - 10:42
La Suède était un pays magnifique. C’était avec cette certitude en tête que j’y avais conduit ma troupe. Je leur avais promis la paix pour quelques temps. Une petite interlude dans cette guerre qui n’en finissait pas. Tenue chaude était de rigueur dans cette contrée rude bien que notre perception du froid n’était pas la même que les humains.
Nous étions arrivés depuis une semaine. Voyageurs et mercenaires, voici comment nous nous présentions pour justifier notre port d’armes. Les regards curieux finirent par se dissiper quand les locaux constatèrent que nous ne causerions pas d’ennui. Nous nous fondions dans la masse. Enfin surtout mes compagnons. Pour ma part, j’évitais un peu la population. Je ne m’accordais aucun repos. L’instinct du chef d’armée.
Les nuits s’étiraient de plus en plus jusqu’à ne plus finir. J’aimais tout comme je détestais cela. Je n’avais plus à craindre les rayons du soleil. Mais plonger le monde dans les ténèbres avaient un côté oppressant. C’était comme si mon obscurité s’était matérialisée et avait décidé de tout engloutir. Le décor de neige qu’on m’avait souvent décrit comme réfléchissant la lumière devait se contenter des pâles lueurs des lanternes.
Nuit de Sainte Lucie. J’abandonnais enfin ma vigilance et mes camarades en les invitant à profiter de la fête. Ce n’était pas une fête à proprement parlé. On ne jouait pas de la musique bruyante ou à des jeux. L’ambiance était plus religieuse. Quant à moi, je me suis éloigné de la ville. Connaissant par cœur le chemin que la petite emprunterait, je comptais l’y attendre pour la regarder avancer et chanter avec sa couronne de bougie et sa lanterne.
Dans le bois qui bordait la ville, je me suis placé parmi les arbres. Haute silhouette couverte de sa cape de voyage et de sa capuche, c’était une habitude que j’avais déjà autrefois. Et j’ai attendu, observé ces lueurs lointaines dansantes. Puis petit à petit, un chant solitaire commença à percer l’obscurité accompagné d’une lueur se rapprochant. Son chemin passait tout près d’ici. Elle ne ferait sans doute pas attention à ma présence immobile dans la pénombre, mais ma petite flamme n’en fit qu’à sa tête. Sa lanterne continuait de se rapprocher de ma position dans un faible mouvement de balancier. J’aurais pu m’éloigner car je n’avais pas prévu autre chose que la regarder. Toutefois elle fut vite à portée de vue. Elle avait donc quitté son sentier éclairé pour chercher quelque chose. Je n’imaginais pas être l’objet de sa quête tout comme elle était le seul objet de ma présence.
Nos regards se croisèrent et je fus fasciné par sa beauté. Elle était toute immaculée et auréolée d’une aura d’innocence. Ses grands yeux telles deux pierres précieuses me fixaient. Sa beauté hâlée était rehaussée par le contraste de l’hermine polaire qui l’enveloppait. J’étais sous le charme de cet ange hivernal. Je m’abaissais à sa hauteur en posant un genou dans la neige. Mon tendre sourire lui fut adressé. Lucie était venue à moi. Elle était là pour moi, n’est-ce pas ? Sous le charme, j’attendais de connaître sa réaction dans le plus grand silence.
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Ven 19 Mar - 23:57
Lorsque l’on y vit, le froid n’est plus votre pire ennemi. La neige perd de sa splendeur, mais reste une douceur contre le cœur brûlant des habitants des pays du nord. Le métissage de June ne changeait rien à ses racines. Comme les imposants pins de la péninsule scandinave, vents, marées et températures rigoureuses ne parviendront jamais à le déraciner. June ne craint pas l’hiver. Sait que la nuit cache les monstres qui viendront peut-être le dévorer. Combien de jeunes filles avant lui ont péri des crocs de ce qu’ils appellent l’inexplicable ?

Malédiction, sacrifice, peur et effroi. June ne craint rien de tout ceci. Croit encore que la lumière le protégera. Que Nanna racontait vrai. Qu’il ne s’agit pas d’une créature terrifiante, mais d’un ange déchu que Lucie leur a confié. June n’a pas peur. Trace dans son sillage le chemin de ses ancêtres. Chante d’une voix claire et enfantine les contes de l’ancien temps. Neuf années n’enlèvent en rien la grâce de son pèlerinage. La danse de l’aube qui s’étire contre les flocons laisse crisser sous ses pas la neige épaisse ? Et là où les bougies filent dans la nuit, June poursuit un chemin qui n’est pas celui qu’on lui avait prédestiné.

Les pins résonnent en son écho charmant, suédois ancien contre sa langue une élégie à la pureté. La pénombre répond à sa voix en un silence qui serait étouffant si la lueur de sa lanterne ne traçait pas d’un tapis d’or sa traversée. Les oiseaux de nuit se sont tus, semblant à leur tour écouter l’histoire d’une bénédiction apportée à tout un village.

Peut-être que cette nuit June rencontrera sa fin, pense-t-il le regard luisant d’un curieux mystère. Car il ne pourrait savoir que ce qui se dresse devant lui forge son plus bel avenir.

Son souffle se condense en volutes opales dans l’air, terminant le portrait de ses joues et de ses doigts glacés. Un branchage craque à son est, et sans le réaliser, l’enfant change de trajectoire, encore. Réécrit ce qui adviendra dans le futur. Il n’est pas Nanna. Peut-être la promesse est-elle morte depuis bien longtemps. Peut-être est-ce un mirage.

Les ombres s’étirent, le bois est aussi vivant que ses pas sont lents. Souffle calme s’emballe pourtant lorsqu’à la périphérie de sa vision, l’élancée figure de noir enveloppé se meut. Le cœur de June s’emporte, oisillon frénétique contre la cage de ses côtes fragiles. Il n’est qu’un enfant. Il ne comprend pas le danger. Ne réalise pas que l’océan qui capte son regard est un sort dont il ne saura jamais se défaire. Lèvres entrouvertes sur un souffle surpris, son chant s’essouffle et l’air de sa curiosité stoppe ses pas.

Les yeux dans les yeux, le silence est un écrin cotonneux à leur rencontre. Et lorsque la créature s’affaisse et s’abaisse, June hésite un bref instant, le tissu couvrant ses empreintes effaçant le souvenir de son passage. Les racines ensevelies sous la neige rendent ses pas plus hésitants, plus prudents. Mais sans répit, à pas d’enfant, il approche et le rayon chaleureux de sa lanterne éclaire une peau de marbre cerclée de fils d’or. Un visage tel que les grands penseurs les ont confectionnés. Marmoréen et d’une élégance imparable.

Encore un pas puis deux, et ses petits pieds refroidis par la neige cessent enfin leur trajet. Entre eux une simple enjambée. Devant lui se tient un ange, un homme. Un mirage ou une vision. Lanterne basse n’apporte aucune chaleur si ce n’est aux couleurs dorées s’étalant sur leurs deux peaux. Souffle tremblant, regard timide, il est une biche sans défense s’approchant de son chasseur. Celui-là qui l’abattra.

Mais il n’a pas peur. Il n’a jamais eu peur.

Ses jeunes doigts encore potelés et rosis par le temps se relèvent. Freinent et frissonnent, arrêtés là, devant la peinture de la perfection. Jades espiègles se montrent plus sages, cherche sur cette face inconnue la réponse à une question qu’il ne connait pas. Et comme on se souvient de respirer, comme s’il priait la sainte qui devait ce soir l’accompagner, son chant reprend, léger comme un baiser. Une chance offerte. Sa main tendue.
Vlad III Basarab
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Inventaire : Une épée dont un des côtés est couvert d'une fine couche d'argent et une chevalière portant son sceau.
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Vlad III Basarab
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Sam 20 Mar - 1:27
Elle s’approcha et je pus apercevoir son visage plus clairement. Il me ramena instantanément plusieurs décennies en arrière. Une petite fille qui lui ressemblait à s’y méprendre s’était aussi trouvée dans cette situation. Sauf que c’était moi qui l’avais détourné intentionnellement de son chemin. Cette petite était plus tremblante et effrayée que celle-ci. J’avais passé un moment à la rassurer, malgré mes intentions. À force de douceur, elle s’était apaisée et avait acceptée son sort sans qu’il lui soit clairement exprimé.
Ce ne pouvait être elle qui était à nouveau ici. C’était impossible. Et pourtant j’avais l’espoir que, comme moi, elle s’était souvenue de ma promesse et m’avait attendu. Était-elle à ma recherche ?

Je repoussais ma capuche pour éclaircir mon champ de vision. Elle ne sembla pas me reconnaître et je remarquais enfin leurs différences. Il se pouvait qu’elles soient de la même famille. Cette idée m’attrista un peu, mais j’imaginais qu’il aurait été dommage qu’une si jolie enfant finisse vieille fille. Ne connaissant pas tous les détails de cette tradition, j’ignorais si le rôle de Lucie était tenu par une seule famille.

J’étais sûr que seul le froid la faisait trembler. Son cœur battait-il la chamade ? J’aimerais pouvoir l’entendre, mais je conservais encore un peu notre distance. Je l’observais tout comme elle le faisait. Cela dura un moment jusqu’à ce qu’elle tende cette petite main adorable. Je souris. Au vu sa peau rougie, elle devait avoir froid.
Sa voix reprenant sa chanson me surprit et je relevai le regard. L’écoutant sans un mot, je comprenais seulement quelques mots. Finalement je décidais de ne pas laisser sa main suspendue entre nous. Mes mains gantées vinrent la prendre, la mettre à l’abri du froid. En cet instant je regrettais ma propre température corporelle. Mon cœur se serra douloureusement à l’idée qu’il m’était impossible d’enlever mes gants et donc de la réchauffer de meilleure manière. Je l’attirai lentement un peu plus près pour porter sa main devant mes lèvres. Mon souffle n’était pas aussi chaud que celui d’un humain, mais il était toujours plus tiède que l’air ambiant. Cela lui ferait peut-être du bien. Je me retenais de lui faire un baisemain pour lui exprimer mon délice de la rencontrer.

Son chant était d’une douceur indescriptible. Je lui pris finalement la lanterne pour la poser au sol pour ainsi pouvoir prendre sa seconde main. Elle rejoignit sa jumelle entre mes gants que je serrais tendrement. Je me demandais si elle sentait comment elle m’était précieuse. Sa présence ici, en dehors du chemin qui lui était tracé, était pour moi un signe. Dieu ne m’avait guère abandonné et m’offrait aujourd’hui celle qui éclairerait ma vie. Je pouvais faire d’elle mienne, n’est-ce pas ? Sa lumière serait pour toujours au côté de mon cœur gelé.

Approchant à nouveau ses mains près de mes lèvres pour souffler dessus, mes yeux restaient figés dans les siens. Elle resterait à jamais cette belle enfant innocente. Serrant ses mains dans l’une des miennes, la seconde se porta à son visage. Les rougeurs qui croquaient ses joues étaient mignonnes et lui donnaient un air plus ingénu encore. Mon pouce caressa sa peau que je rêvais de pouvoir toucher sans mon gant. Je le ferais peut-être avant la fin, avant que mes lèvres ne se posent sur elle, avant que le voile de l’éternité ne la recouvre.

En attendant, je comptais me gorger de son chant. Ses accents fluets et sa ferveur donnaient l’impression qu’elle me priait. Ce n’était pas une supplique pour la laisser partir. Elle était déterminée à rester avec moi. Et moi, j’étais déterminé à repartir avec elle.
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Lun 22 Mar - 23:01
L’ange est diaphane sous la lueur de la lune. Le voile de ces bois est une protection contre le reste du monde. Ici, au cœur de nulle part, June n’est plus aux abords de son village natal. Il est là où il a toujours voulu être sans même le savoir. Il est là où la lumière l’a guidé sans que jamais il ne puisse le comprendre ou l’expliquer. Devant lui, point de Sainte Trinité. Mais il ne le regrette pas. Ne regrette rien. Peut-être est-ce cette nuit-là que June devint hérétique contre son cœur le plus innocent. Une nuit où les mystères du monde lui ont été montrés sans en révéler le moindre secret.

Sa chanson, il la connait par cœur. Il l’a répétée toutes les années, chantant aux fenêtres de la demeure familiale en observant la parade des jeunes filles du village. A chanté tant de fois sur les genoux de Nanna, ou simplement en chœur avec sa sœur. Un son qu’il connait comme celui de son propre nom. June a la voix claire, trop jeune pour que sa voix n’ait perdu son grain d’innocence candide. Pourtant, les notes qu’il pouvait d’autres fois chanter avec tant d’entrain revêtent les couleurs d’une prière. Douce comme le contact de cet ange se révélant à lui. Comme le toucher de ces mains gantées contre la pulpe froide de ses doigts. June n’ose cesser son ode à la nuit, et si son regard brille d’une émotion flamboyante, c’est celle de l’admiration.

Contre sa peau glacée, le souffle qui s’étire là n’est pas brûlant comme peut l’être celui de son père. La sensation ne picote pas comme les bains d’eau brûlante contre son derme frigorifié. Délicat. Tout chez cette apparition est délicat. Cette petite main au creux de celles de l’inconnu tremblent à la réalisation de la température insidieuse qui tente de mordre ses os.

A-t-il compris, cet ange, que June ne le craint pas ? Relâche sans hésitation sa lanterne. Abandonne sa lumière pour ne garder ses prunelles de jades que sur lui. Il est un halo délicat autour d’eux. Un cocon de neige vêtu. Et de ses deux mains liées contre l’écrin rassurant des paumes plus larges de l’adulte, June hésite avant d’avancer d’un petit pas. Pourrait souffler qu’il ne s’agit que d’une illusion, mais sa marque contre le sol ne ment pas.

Antone l’air d’une nuit éternelle l’enfant qui ment pour découvrir la fin. Est-ce la mort qui se tient devant lui ? June n’en sait rien. Ne retient que le fait que les mains dissimulées sous des gants fins ne sont pas plus chaudes que les siennes. Sa chanson cesse un court instant alors que l’enfant récupère ses mains et se glisse éhontément entre les bras à sa portée. Il ne craint rien. N’a peur de rien.

Peut-on seulement enlacer un ange ?

Les pans de sa cape blanche se referment sur les épaules de l’apparition. Reprend sa douce chanson alors que ses bras étreignent doucement le cou de l’homme, plaçant son visage contre son petit torse, là où son cœur chante une toute autre chanson. Là où sans peine le vampire pourra entendre le tremblement si léger de sa voix. June n’abandonne personne. June aime le monde. June aime sans concession.

L’innocence referme ses yeux et dans la nuit, leur figure parée de blanc se fond en une seule silhouette. Cœur fervent retenant le vice au creux de ses bras tendres. Cœur d’or se noircissant contre la perfection de ce qui se voue à le détruire.
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Lun 22 Mar - 23:51
Y avait-il créature plus douce au monde qu’un enfant ? Impossible. Et celle qui était face à moi ne faisait pas exception. Je ne m’étais clairement pas attendu, ni préparé à son geste. Je l’interprétais comme un geste d’acceptation. Elle m’acceptait à ses côtés. Je n’avais pas la prétention de croire qu’elle voulait de moi. Toutefois au creux de ses petits bras, une fois la surprise passée, je me sentis bien. J’entendais un cœur battre pour la première fois depuis des années. Aussi calmement en tout cas. Glissant mes bras lentement sous sa cape, je serrais sa taille. Ma tendresse n’était pas équivoque. Au chaud, je frissonnais de délice. Je me demandais si c’était une odeur sucrée que je sentais. Une effluve aussi douce qu’elle s’il en était. Je ne pus retenir un soupir de délice et j’aimerais l’écouter pour l’éternité, mais mes projets étaient autres. Hors de question d’être séparés de ma petite flamme de pureté.

Gorgé de son chant et de celui de son cœur, je relevais la tête. Mes bras se détachant de son corps, je fis tomber lentement sa capuche. Ses iris semblèrent flamboyer plus fort. Deux jades d’une beauté à couper le souffle. Ma douce enfant… Je repoussais les cheveux cachant le côté de son cou. Il était fin, fragile, et j’allais y apposer ma marque. Je caressais son visage. Je me doutais qu’à son âge elle n’aurait aucune pensée indécentes concernant mes intentions et c’était très bien ici. Je ne voulais pas qu’elle s’effraye. Je me rapprochais d’elle, mes lèvres frôlant sa joue comme un baiser évité. Je descendis au niveau de sa gorge dégagée. La chaleur semblait s’en échapper ou c’était le froid ambiant qui l’absorbait. Je n’en avais cure car elle fera partie de moi avant que le temps n’ait raison d’elle. J’entrouvris les lèvres, canines dehors, prêt à prendre possession de cette vie.

— Țepeș, l’Inquisition est ici !

Cette voix était sortie de nulle part dans mon dos. J’étais si absorbé par ma Lucie que je ne l’avais même pas entendu approcher, ni même senti. Elle avait accaparé tous mes sens avec ses chants et sa douceur. Le choc de cette interruption passée, les mots firent sens. J’entendis un pas venir dans notre direction et me retournai brutalement vers mon compagnon de voyage qui n’avait même pas pris la peine de mettre sa capuche alors que ce que j’allais faire à cette enfant était clair. Furieux, il comprit qu’il n’avait pas intérêt à approcher, ni même à la toucher. Puis il y eut des bruits de sabots. C’était donc des cavaliers. Mon compagnon s’éclipsa tandis que je me tournais vers la petite. Je ne demandais que quelques secondes supplémentaires et elle aurait été mienne. La précipitation ne ferait que la faire souffrir et ce n’était pas le dernier souvenir que je voulais lui offrir. Je pris son visage entre mes mains, mon regard planté dans le sien. Je craignais un peu ce que j’y verrai, mais j’y faisais face. Hésitant un long moment, je finis par ouvrir la bouche.

— Ce sera notre secret.

Ma voix était si basse, un murmure à peine audible qui fit disparaître mon timbre de voix. Je ne voulais pas qu’elle se souvienne de ma voix. Elle devait m’oublier, les années l’y aideraient. Je me relevai, non résolu à la lâcher. Me penchant une dernière fois sur elle, mes lèvres frôlèrent son front tandis que je lui remettais sa capuche. J’espérais qu’elle rentrerait chez elle sans encombre. Et moi, je la lâchais enfin. Tournant les talons avec regret, je m’en allais. Lorsque je me suis suffisamment enfoncé dans la forêt pour n’être plus qu’une vague silhouette, j’ai fui en courant pour retrouver les autres.

Ma capuche ramenée sur ma tête, je n’avais pas envisagé de revoir un visage familier. Celui de l’autre Lucie que j’avais approché par le passé. Elle était là, devant une maison. Elle semblait attendre quelqu’un. Qui ? Je voulus bifurquer pour aller la voir, mais me rappelai le nombre d’années passées. Avait-elle mûri notre rencontre ? Me pensait-elle monstre ? Et me revoir intact alors que les années ne l’avaient pas épargné pourrait l’effrayer. Je poursuivis ma route, malgré mon désir ardent.
Retrouvé mes compagnons était la meilleure chose à faire. Sauf quand votre cœur désire plus que tout ne pas partir de cette manière. Qui savait quand je reviendrais enfin… Je leur donnais des instructions pour qu’ils partent devant et m’attendent en sécurité. Évidemment le fils de Constance tenta de me retenir en disant qu’y retourner était folie. Mais tous ses arguments n’avaient aucune valeur à mes yeux. Je les ai donc abandonné là pour faire demi-tour.
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Mar 23 Mar - 23:54
Petite étreinte devient grand brasier. Au creux de ses bras, l’ange semble céder aux poids de choses que June ne comprend pas encore. Les comprendrait-il même s’il était plus grand ? Aucune autre idée que protéger cette personne ne l’effleure. Et sa chanson, il la poursuit comme il le fait les jours du seigneur, enfant d’un chœur solitaire, là où dans la nuit personne ne surprendrait l’échange surprenant qui s’étirait au regard témoin des étoiles.

June frissonne lorsque les bras de l’inconnu se referment sur lui. Il n’y a pas davantage de chaleur, non. Et l’enfant se dit en toute innocence qu’il devait être là depuis bien longtemps. Voyageur venu du bout du monde ou peut-être même du bout des cieux. Le froid devait l’incommoder, perdu sur le chemin de sa vie. June voulait offrir un répit, aussi bref eut-il été.

La voix douce cesse pourtant en une note surprise lorsque l’ange semble vouloir achever ce que June ne saisit pas. Se recule et croiser des océans de tristesse dans un regard intense. Un regard que jeune Lucie n’aurait jamais su saisir. Sa capuche repoussée, ses mèches brunes s’agitent doucement contre une brise glacée, mais l’ange repousse déjà les infidèles et June reste immobile, son souffle léger contre l’air. Y avait-il un mot pour souhaiter bon voyage ? June réfléchit et fronce doucement les sourcils dans sa concentration. Mais bien vite son attention se porte toute entière sur la caresse qui effleure sa joue. Père également, a ce genre de gestes parfois. Lorsqu’il est fier de son fils. Est-ce que l’ange est fier de June ? Involontairement, un petit sourire plein d’espoir fleurit à ses lèvres, là où brille une étincelle délicate dans ses grands yeux d’émeraude.

Mais le reste, June ne sut l’interpréter. Le souffle de l’ange sur sa joue lui apporte un frisson, mais il semble blessé. Détourne le visage. Son odeur est-elle incommodante ? L’enfant bat des cils et entrouvre les lèvres en un mouvement jumeau à celui du vampire. Mais leurs deux intentions se tuent lorsqu’une figure paraît dans l’obscurité. Et June, surpris, se recule instinctivement, ses deux mains revenant contre son torse comme pour se protéger. Un visage qu’il discerne sans peine à la lueur de la lanterne. Une langue qu’il ne comprend pas. Grandes prunelles surprises cherchent à comprendre.

L’ange déjà a détourné son attention. Sont-ils amis ? Est-ce que l’ange avait été retrouvé ? Attentif, June tente de comprendre l’échange silencieux entre eux deux. Ne saisit pas pourquoi l’un s’enfuit alors que l’ange se tourne à nouveau vers moi, imposant dans toute sa haute stature. Petit June relève le visage lorsque les mains gantées s’en saisit en coupe, et forêt de jades retrouve l’océan de peine. Si bleu. Si puissant. Si captivant. Que se passe-t-il, voulait-il demander. Devez-vous déjà partir ? June l’observe sans comprendre, la peur n’existe pas. Il n’y a qu’une innocente incompréhension.

Et les mots viennent. Une voix presque fantomatique tant l’écho contre le vide s’étire et se tue. Et dans un battement de cils, June réalise que les mots lui échappent. Qu’il ne saisit pas. Que la voix des anges lui est inaccessible. Le choc le fait inspirer et dans la surprise, il se sent blessé de ne pas être l’élu. De ne pas être suffisant. Les larmes lui montent doucement aux yeux. Il n’y a pas de grande vérité. Pas de grande révélation. June scrute l’ange et veut demander plus. Veut des réponses. Il voudrait tant de choses. Mais il ne gagne que le contact froid et éthéré d’un baiser contre son front. Et déjà… déjà l’ombre séraphique s’échappe. June est idiot. June avant d’un pas puis deux, précipité. Il veut le rattraper. Mais ses pieds glacés se prennent à la racine d’un arbre terré sous la neige alors que dans la longue traîne de son aube, il s’échoue au sol dans un son mat.

Déjà, devant lui, ne s’étire plus que le blanc infini mêlé à la nuit. L’écho lointain de chevaux. Ses doigts se refermant, impuissants, sur la neige glacée.

Cette nuit-là, June ne chanta plus. C’est les yeux rougis de ses larmes, à l’instar de sa peau rosie par le froid qu’il avait retrouvé le perron de leur demeure, lanterne tremblante à sa main. Nanna l’avait accueilli d’une étreinte rassurante, et lorsque la porte de la maison se referme, c’est une remontrance digne de ce nom qui lui fit siffler les oreilles. La gifle avait été à la hauteur de sa peine. La marque resterait sur son minois quelques jours sûrement. Méritée, voilà ce que Mère lui signifia, indignée, jetant un regard également courroucé à sa fille à la joue de laquelle trônait une marque jumelle.

June pourtant, s’il pleura à nouveau, le fit au gré d’un ange parti trop vite. Et toutes les punitions du monde n’auraient su le calmer. Caché sous les épais édredons couvrant son lit, il renifle une énième fois avant de s’enfuir dans la nuit. Sur le bois des planches, aucun son contre ses pieds nus. June traine en une cape incertaine sa plus chaude couverture alors qu’il se faufile sans un bruit dans la chambre de Nanna. Elle lisait à la lueur d’une bougie, et invite d’un sourire et d’une tape contre le matelas. June, n’hésite pas.

Dans le silence feutré de la nuit, Nanna écoute les pleurs silencieux de June, l’histoire d’une nuit qu’il ne pourra jamais oublier. Toutes les choses qu’ils se seront racontées ne changeront rien à la vérité, les ans n’auront pas réalisé une promesse éternelle. C’est dans les bras rassurants de sa Nanna que June parvint, après de longues minutes, à trouver le sommeil.

Et lorsque Nanna soufflera sa bougie une ultime fois, Sainte-Lucie se sera envolée.
Vlad III Basarab
VAMPIRE - EX-PRINCE

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Inventaire : Une épée dont un des côtés est couvert d'une fine couche d'argent et une chevalière portant son sceau.
Espèce : Vampire
Situation maritale : Veuf x 2, engagé dans une relation à risques
Histoire : www
Ses liens : www
Pièces : 4844
DC : Noah / Hermance / Jean / Mihnea / Bénédicte

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Vlad III Basarab
Inventaire : Une épée dont un des côtés est couvert d'une fine couche d'argent et une chevalière portant son sceau.
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Mer 24 Mar - 2:15
Quelle folie de faire marche arrière ! Quelle folie. J’avais beau me le répéter inlassablement, je ne supportais pas de partir comme ça. Je me fichais de me faire attraper. L’avoir revue avait suffi à me décider. Je me faisais peut-être de fausses idées. Pour une vie aussi courte que celle d’un humain, s’attacher au passé était une perte de temps. Je le savais.

Aux abords de la ville, il fut question d’être prudent. J’ai évité tous les hommes armés en me tapissant dans l’ombre et j’ai évolué jusqu’à la grande demeure où je l’avais aperçu. Elle était issue d’une noble famille pour vivre aussi confortablement. Ce n’était pas plus mal. Je pouvais m’assurer d’un moment seule à seul. Mes oreilles résonnaient encore du chant de la fillette que j’avais abandonné. Je m’étais pas rendu compte que dans la précipitation, je lui avais parlé dans la langue qui m’était le plus familier. Une enfant ne pouvait la comprendre. J’avais été bête.

Repérant une lumière à l’étage, j’ai grimpé jusqu’au balcon et me suis caché. Manque de chance, c’était la chambre d’une enfant. J’ai donc progressé vers un autre balcon. Aucune lumière dans la pièce, je la pensais donc vide. Passant à la suivante, je m’arrêtais. Il n’y avait pas de lumière non plus, mais un feu de cheminée crépitait doucement, suffisamment pour dessiner les contours d’une forme dans le lit. J’essayais de regarder discrètement sans grand succès. Un mouvement et son visage m’apparut plus clairement. C’était elle et elle me remarqua. Je me rendis compte de mon allure étrange et effrayante, alors je laissais ma capuche tomber. Elle se glissa lentement hors de son lit comme si on pouvait l’entendre et elle ouvrit sa porte-fenêtre. Elle la referma sans un bruit et me fit signe de son doigt en travers de ses lèvres. Pas un bruit évidemment. Puis elle m’indiqua son lit. J’arquais un sourcil et d’un regard je compris. Une petite silhouette s’y dessinait. Un enfant. Et l’idée qu’elle n’aurait jamais eu de famille si je l’avais emporté cette nuit-là me fendit le cœur. Je l’aurais privé de ce bonheur. Un voile de tristesse se posait sur mes yeux. Il en était de même pour la petite de cette nuit. Elle avait eu de la chance finalement. Soulager ma solitude voulait dire priver quelqu’un de son bonheur. Je le comprenais maintenant et n’avait pas à m’excuser de ne pas l’avoir emmené, ni même de ne pas être venu la chercher plus tôt. Je n’aurais jamais dû venir ici.
Le cœur serré à en exploser, je commençais à me rediriger vers la sortie. Des doigts fins mais fermes me saisirent par le poignet, me forçant à faire face. Lucie porta ses mains à mon visage et son sourire me désarma. C’était comme si elle pouvait voir tout ce que je ressentais. Elle semblait comprendre alors que nous n’avions jamais véritablement échangé. Pas plus aujourd’hui. Entre ses mains, j’avais envie de m’effondrer. De tout abandonner pour profiter enfin de cette chaleur fugace. Pourquoi n’avais-je pas le droit à ça ? Pourquoi devais-je abandonner mes désirs pour le bien des autres ?
Elle relâcha enfin mon visage mais pour prendre ma main. Elle m’invitait à la suivre jusque son lit. Et lentement elle écarta la couverture pour dégager le petite visage de l’enfant. C’était la Lucie. Celle de ce soir. Je détournais aussitôt le regard. Une gifle ? Non, ce fut bien pire que cela.
J’avais failli la priver d’avoir une famille. Et ce soir j’avais failli la lui enlever. Je m’en voulais d’être un tel monstre. Mon regard se voila à nouveau, mais les images se firent floues. Des mains suivies de bras m’enlacèrent alors que je me laissais submerger en silence. Comment pouvait-elle être tendre avec moi ? Persuadé que sa petite-fille lui avait raconté sa rencontre, je ne ressentais rien d’autre que de la tristesse et du remord. Peut-être qu’elle me remerciait de la lui avoir rendu tout simplement. C’était un sentiment tellement douloureux. Je ne saurais de toute manière jamais ce qu’elle pensait, car je décidais de ne plus m’approcher d’eux. Je ne reviendrais jamais ici. Je devais les oublier. Tout oublier.

Après m’être calmé, je m’écartais de cette dame. Son air était inquiet, mais je détournais les yeux. Les reposant sur la petite endormie, je remontais la couverture sur sa joue rouge. Résolu, je me dirigeais vers le balcon et me faufilais comme on disparaissait après avoir commis un crime. J’entendis la porte se refermer derrière moi comme le glas d’une sentence.

En quittant cette demeure, puis cette ville, je ne voulais plus rien désirer qui ferait souffrir qui que ce soit. Je ne voulais plus être ce monstre. Je n’avouerai probablement jamais que les mois qui suivirent furent les plus difficiles de ma vie. Mes pensées étaient très sombres et ne réclamaient qu’à se réaliser. Tant de fois je m’endormi avec l’espoir de ne plus me réveiller. Je ne pensais guère à hiberner, car ce ne serait que remettre à plus tard le mal qui me rongeait.

Je ne devais ma survie qu’à ceux qui comptaient sur moi pour les faire traverser cette guerre. Ma propre personne et mes aspirations disparurent pour le bien commun.
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