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Dim 27 Juin - 11:07Lay all your love on me
Une scène qui n’avait rien de normal. Pas en cette époque ni même en ce jour. Eve devrait craindre le monde entier. Remettre en question chaque chose et chaque instant. Sa main libre dissimulant ses insignes contre sa poitrine, ses cheveux ramenés contre elle. Tout était juste raison pour ne pas être reconnue. Pour se blottir encontre plus contre Gabriel et lutter contre la pluie. Contre cette sensation abjecte qui s’était emparée d’elle au cours de la soirée. Eve vulnérable et fragile entre les bras d’un loup qui a juré de tuer jusqu’au dernier des siens. Loup pourtant protecteur qui ne cessait de gronder au contact de la vampire. Qui ne cessait de marquer sa place contre elle, alors que les mains du Marquis ne tentaient en rien de la libérer de son emprise.
Et quel soulagement fut le sien lorsqu’il n’eut rien à demander. Lorsque le silence partagé des longues enjambées du brun les mena avec tant de certitude jusqu’aux appartements de ce dernier. Eve pouvait sentir la tension se dissiper. Pouvait retrouver l’esprit clair alors qu’il la dépose dans la sécurité de son foyer.
Ce n’est que lorsqu’il la fit s’asseoir qu’elle put enfin croiser son regard. Qu’elle osa laisser croiser le fer aux cieux contraires de leurs prunelles. Son geste avorté, ses mots sont pourtant si prudents. Eve referme ses bras autour de sa silhouette, comme pour se protéger d’un froid qui n’est pas le sien. Comme pour servir de bouclier contre un malaise qu’elle ne veut pas voir lui revenir. Cette scène n’est pas normale. Ces circonstances ne le sont pas non plus… Pourtant c’est d’un très léger hochement de tête qu’elle vient répondre à sa question. Le regard fuyant sur les quelques personnes encore présentes autres qu’eux. Elle les avait déjà vus. Avait déjà échangé avec ces personnes qui étaient les plus proches de la famille de Sercey. Ceux qui avaient la confiance de la meute, à défaut d’en être encore partie.
Distraite par les va et vient des domestiques, elle ne réalise que tardivement ce que Gabriel entreprend de faire et… Si sa peau n’avait pas été glacée par la pluie, probablement aurait-il rougi sous l’attention. Baisse les yeux et se laisse couver par le contact rassurant de Gabriel. Pour un homme qui avait ainsi fuit au matin venu… Eve semblait enfin réaliser l’étendue des paroles d’Antoine.
Peut-être ne lui en voulait-il pas. Peut-être y avait-il encore une chance… Peut-être…
C’était pourtant sans compter sur l’évidente nervosité du brun. Si la jeune femme perçoit sans peine son comportement, elle n’a pas la force de lui rendre la pareille. Non, cette journée avait été trop longue. Trop compliquée. Eve au regard voilé d’or repousse doucement le linge contre ses épaules et ose relever les yeux vers l’autre homme qui venait de s’installer près d’elle.
Là, dans la lueur des bougies, là où l’orage lèche encore de quelques flashs de lumière les lieux au travers du jour laissé par les rideaux tirés… Elle le trouve magnifique. Eve aux idées emmêlées se penche vers lui sans un bruit et saisit le coin du linge encore sec contre ses épaules pour venir essuyer la joue du loup où l’eau de pluie ruissèle encore.
« Merci… »
Mais n’était-ce pas ce que le loup grondait doucement aussi ? Un demi sourire étire ses lèvres et elle vient sans davantage y penser presser son front contre son épaule. Elle est fatiguée. Tellement épuisée.
« Je suis soulagée que vous soyez revenu sain et sauf… »
Sûrement ne veut-il pas de tout ceci. Sûrement n’était-il pas prêt pour répondre favorablement à cette missive qu’elle lui avait si silencieusement envoyée. Mais elle n’a plus les réserves pour être inquiète. Pour être sûre que ses mots ne dépassent pas ce qui pourrait être attendu. Pourtant un détail la pique. Un détail qu’elle ne peut laisser échapper à ses pensées.
« Gabriel… Avez-vous revu cet homme, depuis ce jour… ? »
Ses doigts se referment contre la manche du Marquis et elle relève les yeux, l’air hanté dans son regard trahit ses peurs. La peur que cet homme aux longs cheveux de feu puisse tenir quelque chose contre eux. Qu’il puisse, à sa seule décision, briser l’équilibre si incertain qu’eux deux tentaient désespérément de trouver.
Une scène qui n’avait rien de normal. Pas en cette époque ni même en ce jour. Eve devrait craindre le monde entier. Remettre en question chaque chose et chaque instant. Sa main libre dissimulant ses insignes contre sa poitrine, ses cheveux ramenés contre elle. Tout était juste raison pour ne pas être reconnue. Pour se blottir encontre plus contre Gabriel et lutter contre la pluie. Contre cette sensation abjecte qui s’était emparée d’elle au cours de la soirée. Eve vulnérable et fragile entre les bras d’un loup qui a juré de tuer jusqu’au dernier des siens. Loup pourtant protecteur qui ne cessait de gronder au contact de la vampire. Qui ne cessait de marquer sa place contre elle, alors que les mains du Marquis ne tentaient en rien de la libérer de son emprise.
Et quel soulagement fut le sien lorsqu’il n’eut rien à demander. Lorsque le silence partagé des longues enjambées du brun les mena avec tant de certitude jusqu’aux appartements de ce dernier. Eve pouvait sentir la tension se dissiper. Pouvait retrouver l’esprit clair alors qu’il la dépose dans la sécurité de son foyer.
Ce n’est que lorsqu’il la fit s’asseoir qu’elle put enfin croiser son regard. Qu’elle osa laisser croiser le fer aux cieux contraires de leurs prunelles. Son geste avorté, ses mots sont pourtant si prudents. Eve referme ses bras autour de sa silhouette, comme pour se protéger d’un froid qui n’est pas le sien. Comme pour servir de bouclier contre un malaise qu’elle ne veut pas voir lui revenir. Cette scène n’est pas normale. Ces circonstances ne le sont pas non plus… Pourtant c’est d’un très léger hochement de tête qu’elle vient répondre à sa question. Le regard fuyant sur les quelques personnes encore présentes autres qu’eux. Elle les avait déjà vus. Avait déjà échangé avec ces personnes qui étaient les plus proches de la famille de Sercey. Ceux qui avaient la confiance de la meute, à défaut d’en être encore partie.
Distraite par les va et vient des domestiques, elle ne réalise que tardivement ce que Gabriel entreprend de faire et… Si sa peau n’avait pas été glacée par la pluie, probablement aurait-il rougi sous l’attention. Baisse les yeux et se laisse couver par le contact rassurant de Gabriel. Pour un homme qui avait ainsi fuit au matin venu… Eve semblait enfin réaliser l’étendue des paroles d’Antoine.
Peut-être ne lui en voulait-il pas. Peut-être y avait-il encore une chance… Peut-être…
C’était pourtant sans compter sur l’évidente nervosité du brun. Si la jeune femme perçoit sans peine son comportement, elle n’a pas la force de lui rendre la pareille. Non, cette journée avait été trop longue. Trop compliquée. Eve au regard voilé d’or repousse doucement le linge contre ses épaules et ose relever les yeux vers l’autre homme qui venait de s’installer près d’elle.
Là, dans la lueur des bougies, là où l’orage lèche encore de quelques flashs de lumière les lieux au travers du jour laissé par les rideaux tirés… Elle le trouve magnifique. Eve aux idées emmêlées se penche vers lui sans un bruit et saisit le coin du linge encore sec contre ses épaules pour venir essuyer la joue du loup où l’eau de pluie ruissèle encore.
« Merci… »
Mais n’était-ce pas ce que le loup grondait doucement aussi ? Un demi sourire étire ses lèvres et elle vient sans davantage y penser presser son front contre son épaule. Elle est fatiguée. Tellement épuisée.
« Je suis soulagée que vous soyez revenu sain et sauf… »
Sûrement ne veut-il pas de tout ceci. Sûrement n’était-il pas prêt pour répondre favorablement à cette missive qu’elle lui avait si silencieusement envoyée. Mais elle n’a plus les réserves pour être inquiète. Pour être sûre que ses mots ne dépassent pas ce qui pourrait être attendu. Pourtant un détail la pique. Un détail qu’elle ne peut laisser échapper à ses pensées.
« Gabriel… Avez-vous revu cet homme, depuis ce jour… ? »
Ses doigts se referment contre la manche du Marquis et elle relève les yeux, l’air hanté dans son regard trahit ses peurs. La peur que cet homme aux longs cheveux de feu puisse tenir quelque chose contre eux. Qu’il puisse, à sa seule décision, briser l’équilibre si incertain qu’eux deux tentaient désespérément de trouver.
Dim 27 Juin - 18:42Lay all your love on me
Les choses n’étaient pas arrangées. Ne le seraient certainement pas ainsi, et encore moins ce soir, quand malgré elle, Eve ne parvenait plus à orienter ses pensées sans ce sens d’alerte qui bruissait en elle. Alors peut-être que ce bras contre sa taille, la ramenant si naturellement contre Gabriel, pourrait calmer ses peurs. Pourrait apaiser au moins de quelques degrés ce sentiment de ne plus être en sécurité. Tant de choses se sont passées récemment. Tant d’événements qui la laissait incertaine quant à ses choix et ses ambitions.
Mais il y a lui. Et lui seul semble trouver comment la rassurer lorsque tout semble sur le point de s’écrouler. Elle ne réalise pas, non, que cette faiblesse, aussi impromptue ait-elle été, est parvenue à la secouer de la sorte. Alors quand il ne comprend pas, c’est du bout de ses lèvres tremblantes qu’elle parvient à peine à esquisser un sourire. Soulagement. Oui. Lui n’était pas en danger. Personne ne savait rien. Aucune rumeur ne courait.
Pas encore.
« J’ai… J’ai craint qu’il ne vous soit arrivé quelque chose. »
Est-ce sa peur qui réveille chez Gabriel ce contact ? Sa paume chaude contre sa joue lui fait instinctivement fermer les yeux, et peut-être sentira-t-il la fatigue contre ses membres épuisés. Cette journée… Elle n’en voulait plus jamais une de la sorte. Jamais.
D’un léger signe négatif de la tête, elle reprend doucement.
« Non, je – Je ne sais pas ce qu’il s’est passé… J’étais en compagnie de Monsieur Blanchard, et tout se passait normalement, puis… » Eve fronce les sourcils et ramène l’une de ses mains pour couvrir son visage. Ainsi recroquevillée contre le loup, elle ne paraissait plus être le fier Maréchal des armées de France. Bien loin de là.
« Emilien a évoqué que les bougies pouvaient accentuer les parfums de certaines plantes… Je… Je présume qu’il y a de la forsythia dans les jardins royaux pour que… Ah, je dois vous paraître bien idiote… »
Quelle honte elle faisait à son propre nom. Un rire maladroit et elle finit par oser effleurer ses doigts à ceux contre sa joue. Non, elle n’a pas la force de chercher plus. Son contact seul est déjà une source de réconfort qu’elle ne pourrait nier. Et ce grondement contre le torse de Gabriel ne parvient qu’à la rassurer chaque seconde un peu plus.
« Pardonnez-moi de m’être ainsi révélée à vous… »
Les choses n’étaient pas arrangées. Ne le seraient certainement pas ainsi, et encore moins ce soir, quand malgré elle, Eve ne parvenait plus à orienter ses pensées sans ce sens d’alerte qui bruissait en elle. Alors peut-être que ce bras contre sa taille, la ramenant si naturellement contre Gabriel, pourrait calmer ses peurs. Pourrait apaiser au moins de quelques degrés ce sentiment de ne plus être en sécurité. Tant de choses se sont passées récemment. Tant d’événements qui la laissait incertaine quant à ses choix et ses ambitions.
Mais il y a lui. Et lui seul semble trouver comment la rassurer lorsque tout semble sur le point de s’écrouler. Elle ne réalise pas, non, que cette faiblesse, aussi impromptue ait-elle été, est parvenue à la secouer de la sorte. Alors quand il ne comprend pas, c’est du bout de ses lèvres tremblantes qu’elle parvient à peine à esquisser un sourire. Soulagement. Oui. Lui n’était pas en danger. Personne ne savait rien. Aucune rumeur ne courait.
Pas encore.
« J’ai… J’ai craint qu’il ne vous soit arrivé quelque chose. »
Est-ce sa peur qui réveille chez Gabriel ce contact ? Sa paume chaude contre sa joue lui fait instinctivement fermer les yeux, et peut-être sentira-t-il la fatigue contre ses membres épuisés. Cette journée… Elle n’en voulait plus jamais une de la sorte. Jamais.
D’un léger signe négatif de la tête, elle reprend doucement.
« Non, je – Je ne sais pas ce qu’il s’est passé… J’étais en compagnie de Monsieur Blanchard, et tout se passait normalement, puis… » Eve fronce les sourcils et ramène l’une de ses mains pour couvrir son visage. Ainsi recroquevillée contre le loup, elle ne paraissait plus être le fier Maréchal des armées de France. Bien loin de là.
« Emilien a évoqué que les bougies pouvaient accentuer les parfums de certaines plantes… Je… Je présume qu’il y a de la forsythia dans les jardins royaux pour que… Ah, je dois vous paraître bien idiote… »
Quelle honte elle faisait à son propre nom. Un rire maladroit et elle finit par oser effleurer ses doigts à ceux contre sa joue. Non, elle n’a pas la force de chercher plus. Son contact seul est déjà une source de réconfort qu’elle ne pourrait nier. Et ce grondement contre le torse de Gabriel ne parvient qu’à la rassurer chaque seconde un peu plus.
« Pardonnez-moi de m’être ainsi révélée à vous… »
Dim 4 Juil - 22:56Lay all your love on me
Il importe peu de savoir ce que son corps tout entier a pu ressentir au cours de la soirée. Il importe peu de savoir si les choses avec Céline lui apporteraient plus d’ennuis que de solutions. Non, bien des choses, à commencer par ses devoirs et ses responsabilités ne demandaient d’à être définitivement effacées. Et pour ce faire, il ne suffit que de se bras à sa taille l’étreignant sans la moindre question. Que de cette odeur restée si rassurante par-delà les décennies pourrait certainement la bercer même au gré des vents et marées. Les tempêtes et les flots jamais ne sauraient émousser ce qui la fait se retenir si étroitement à cet homme. Ce qui fait que sous ses doigts, elle fond comme neige au soleil.
Un loup et une sang-froid. Toutes les probabilités sont contre eux. Sans exception. Leurs lois n’ont jamais interdit cette union, mais tous savent qu’il n’est pire alliance. Qu’il n’est plus funeste dessein que celui de leurs races croisées.
Bleu limpide s’emporte à l’ouragan de son bleu d’été. Eve cède et chuchote, le cœur plus léger. Comme si tout ceci n’était qu’une maigre impasse à une vie qui ne demandait que lui à ses côtés.
« Je n’ai pas peur, Gabriel. »
Pas avec vous. Plus avec vous.
Ne comprend-il pas que si c’est à son cou qu’elle s’est accrochée, c’est qu’elle le chérit plus qu’elle ne pourrait l’admettre ? Peu importe que ses pensées soient emmêlées. Peut-être en dira-t-elle plus qu’elle ne l’aurait souhaité. Mais il est là. Il est enfin là. Et rien ne saurait contrer le soulagement qui s’installe contre son ventre comme des papillons d’été avaient envahi son être il y a toutes ces années.
Mais voilà, il est d’un rationnel qu’elle ne peut contrer. Et lorsqu’il lui offre de la laisser se reposer, c’est d’un mouvement de tête léger qu’elle nie, qu’elle refuse. Qu’elle ose chercher ses doigts et les lier aux siens. Il n’y a pas de réponse plus explicite. Peut-être lui en voudra-t-il d’être ainsi. Gabriel lui a assuré ne plus devoir se cacher. Et Eve, ce soir, refuse de se cacher.
« Accordez-moi de rester en votre compagnie. »
Mon cœur se meurt de vous avoir ainsi attendu. Est-ce ceci que vous avez ressenti, lorsque je me suis enfuie ?
« Je regrette. Je regrette tellement… »
Car il était des choses dont son cœur entre bien jeune n’avait pas conscience. Car le tourbillon dans le sillage duquel son adelphe et elle avaient évolué avait blessé bien des âmes. Et la sienne… La sienne elle ne demandait qu’à pouvoir l’épargner. Ignorante idiote qui n’avait su voir. N’avait su comprendre. Son cœur manque un battement lorsqu’elle se détache à peine de lui pour chercher son regard. Cherche ses yeux comme l’océan croise le ciel à l’horizon. Invisible et pourtant si différent. Amoureux et pourtant séparés par tout ce que le monde a pu créer de juste et bon.
« Accordez-moi une nouvelle chance. »
Je vous en prie. Je vous en conjure.
Il importe peu de savoir ce que son corps tout entier a pu ressentir au cours de la soirée. Il importe peu de savoir si les choses avec Céline lui apporteraient plus d’ennuis que de solutions. Non, bien des choses, à commencer par ses devoirs et ses responsabilités ne demandaient d’à être définitivement effacées. Et pour ce faire, il ne suffit que de se bras à sa taille l’étreignant sans la moindre question. Que de cette odeur restée si rassurante par-delà les décennies pourrait certainement la bercer même au gré des vents et marées. Les tempêtes et les flots jamais ne sauraient émousser ce qui la fait se retenir si étroitement à cet homme. Ce qui fait que sous ses doigts, elle fond comme neige au soleil.
Un loup et une sang-froid. Toutes les probabilités sont contre eux. Sans exception. Leurs lois n’ont jamais interdit cette union, mais tous savent qu’il n’est pire alliance. Qu’il n’est plus funeste dessein que celui de leurs races croisées.
Bleu limpide s’emporte à l’ouragan de son bleu d’été. Eve cède et chuchote, le cœur plus léger. Comme si tout ceci n’était qu’une maigre impasse à une vie qui ne demandait que lui à ses côtés.
« Je n’ai pas peur, Gabriel. »
Pas avec vous. Plus avec vous.
Ne comprend-il pas que si c’est à son cou qu’elle s’est accrochée, c’est qu’elle le chérit plus qu’elle ne pourrait l’admettre ? Peu importe que ses pensées soient emmêlées. Peut-être en dira-t-elle plus qu’elle ne l’aurait souhaité. Mais il est là. Il est enfin là. Et rien ne saurait contrer le soulagement qui s’installe contre son ventre comme des papillons d’été avaient envahi son être il y a toutes ces années.
Mais voilà, il est d’un rationnel qu’elle ne peut contrer. Et lorsqu’il lui offre de la laisser se reposer, c’est d’un mouvement de tête léger qu’elle nie, qu’elle refuse. Qu’elle ose chercher ses doigts et les lier aux siens. Il n’y a pas de réponse plus explicite. Peut-être lui en voudra-t-il d’être ainsi. Gabriel lui a assuré ne plus devoir se cacher. Et Eve, ce soir, refuse de se cacher.
« Accordez-moi de rester en votre compagnie. »
Mon cœur se meurt de vous avoir ainsi attendu. Est-ce ceci que vous avez ressenti, lorsque je me suis enfuie ?
« Je regrette. Je regrette tellement… »
Car il était des choses dont son cœur entre bien jeune n’avait pas conscience. Car le tourbillon dans le sillage duquel son adelphe et elle avaient évolué avait blessé bien des âmes. Et la sienne… La sienne elle ne demandait qu’à pouvoir l’épargner. Ignorante idiote qui n’avait su voir. N’avait su comprendre. Son cœur manque un battement lorsqu’elle se détache à peine de lui pour chercher son regard. Cherche ses yeux comme l’océan croise le ciel à l’horizon. Invisible et pourtant si différent. Amoureux et pourtant séparés par tout ce que le monde a pu créer de juste et bon.
« Accordez-moi une nouvelle chance. »
Je vous en prie. Je vous en conjure.
Lun 5 Juil - 17:58Lay all your love on me
La nature du mal qui ronge l’homme devant elle lui est encore inconnue. Car elle sait l’avoir blessé, mais jamais n’aurait-elle pu croire ni même envisager que tout ceci puisse prendre une telle ampleur. Elle, une simple roturière. Elle, une fille de personne. Une moins que rien, rabaissée à l’absolu irrespect de sa propre race. Utilisée, fourvoyée, réduite à néant. Ivana Petrova n’est rien. N’existe qu’au travers de son triste adelphe, au cœur aussi brisé que le sien. Tant de noms se sont succédés. Tant de fois elle offrit un sourire à celui ou celle qui pense la tenir au creux de ses paumes avant de s’en défaire sans le moindre regard.
Et une seule fois avait suffi à ce qu’elle ne veuille plus partir.
Pourtant le mal avait été fait. Elle s’était enfuie sans un regard en arrière, menée par Andrei. Menée par son cœur et cette conscience duale qui ne tient qu’à leur bien curieuse gémellité. Ivana n’était personne, et n’a existé aux yeux de Gabriel qu’au nom de Harcourt. Qu’importe son prénom, qu’importe ses atours et ses prétentions. Gabriel, devant elle, laisse se briser ce qu’il détient de plus précieux. Laisse tomber entre ses mains à elle ce qu’elle n’aurait jamais eu le droit de tenir jusqu’ici sciemment. Des cœurs, combien en a-t-elle brisé ?
Alors pourquoi celui-ci, un parmi tant d’autres, comptait tant pour elle ?
Doigts entrelacés se resserrent intimement. Gronde le loup qui rugit au fond de ce corps brisé. Eve voit plus qu’elle ne comprend que les choses lui ont échappé. Qu’Antoine, plus que quiconque avait eu raison. Sa propre douleur est un bref instant oublié alors qu’elle lit dans ses prunelles l’étendue de cette douleur qui est la sienne. Tend les doigts et cueille contre sa joue le sentiment d’impuissance qui vit en lui. Eve n’a pas besoin de rien. A appris, à ses dépens, qu’il n’est que ce qu’elle désire qui puisse compter à ses yeux.
Et ce qu’elle désire ? Ce qui hante désormais ses jours et ses nuits ?
Qu’importe que sa peau soit glacée, ou que les maux s’éveillent au plus profond d’elle. Qu’importe que ses doigts tremblent et qu’elle cille contre lui. Il va la rattraper. Il la retient là, dans cette entrave de leurs deux corps. Et si son cœur se noue, et que les papillons deviennent des couteaux, qu’importe. Effacer sa peine passe avant. Effacer la souffrance dans ses yeux passe avant.
« Je n’ai pas été suffisamment claire, cette nuit-là. »
Son souffle tremble, et la vague qui tente de l’emporter manquerait presque de la noyer. Le souffle irrégulier, là où elle sent que son monde ne demande qu’à sombrer à nouveau. Elle ferme les yeux et inspire avec peine. Elle semble chercher son courage quand en réalité, il n’en faut pas. Il ne lui en a jamais fallu. Il ne lui en faut plus. Alors lorsqu’elle rouvre les yeux, lorsqu’elle repousse ses mèches d’ébène de devant ses yeux clairs, elle chuchote, contre l’écho discordant de son cœur se tordant contre son gré.
« Je me battrai également. »
Sa détermination n’aurait pu être plus claire. Et si c’est fébrile qu’elle aimerait se plier à cet instinct infâme qui tente de la ronger de ce qu’elle pense être pure angoisse. Refuse de prendre conscience de cette rébellion que son propre corps tente d’opérer contre elle-même. Il compte davantage. Il a toujours bien plus compté qu’elle n’avait su se l’avouer. Et aujourd’hui il était enfin temps de le lui prouver.
« Pardonnez-moi de n'avoir su le dire plus tôt. »
Ils avaient passé l’âge. Elle ne voulait plus jouer. Ne voulait plus céder à ce que la société attend d’eux. Ils avaient déjà rompu trop d’interdits. Déjà franchi trop d’obstacles, et heurté tant d’autres. Son sourire est d’une tristesse infinie lorsqu’elle rajoute timidement, captant son regard avec la certitude que cette fois-ci serait la dernière. Que s’il n’y a pas d’aujourd’hui, demain n’aurait plus lieu d’être.
La nature du mal qui ronge l’homme devant elle lui est encore inconnue. Car elle sait l’avoir blessé, mais jamais n’aurait-elle pu croire ni même envisager que tout ceci puisse prendre une telle ampleur. Elle, une simple roturière. Elle, une fille de personne. Une moins que rien, rabaissée à l’absolu irrespect de sa propre race. Utilisée, fourvoyée, réduite à néant. Ivana Petrova n’est rien. N’existe qu’au travers de son triste adelphe, au cœur aussi brisé que le sien. Tant de noms se sont succédés. Tant de fois elle offrit un sourire à celui ou celle qui pense la tenir au creux de ses paumes avant de s’en défaire sans le moindre regard.
Et une seule fois avait suffi à ce qu’elle ne veuille plus partir.
Pourtant le mal avait été fait. Elle s’était enfuie sans un regard en arrière, menée par Andrei. Menée par son cœur et cette conscience duale qui ne tient qu’à leur bien curieuse gémellité. Ivana n’était personne, et n’a existé aux yeux de Gabriel qu’au nom de Harcourt. Qu’importe son prénom, qu’importe ses atours et ses prétentions. Gabriel, devant elle, laisse se briser ce qu’il détient de plus précieux. Laisse tomber entre ses mains à elle ce qu’elle n’aurait jamais eu le droit de tenir jusqu’ici sciemment. Des cœurs, combien en a-t-elle brisé ?
Alors pourquoi celui-ci, un parmi tant d’autres, comptait tant pour elle ?
Doigts entrelacés se resserrent intimement. Gronde le loup qui rugit au fond de ce corps brisé. Eve voit plus qu’elle ne comprend que les choses lui ont échappé. Qu’Antoine, plus que quiconque avait eu raison. Sa propre douleur est un bref instant oublié alors qu’elle lit dans ses prunelles l’étendue de cette douleur qui est la sienne. Tend les doigts et cueille contre sa joue le sentiment d’impuissance qui vit en lui. Eve n’a pas besoin de rien. A appris, à ses dépens, qu’il n’est que ce qu’elle désire qui puisse compter à ses yeux.
Et ce qu’elle désire ? Ce qui hante désormais ses jours et ses nuits ?
Qu’importe que sa peau soit glacée, ou que les maux s’éveillent au plus profond d’elle. Qu’importe que ses doigts tremblent et qu’elle cille contre lui. Il va la rattraper. Il la retient là, dans cette entrave de leurs deux corps. Et si son cœur se noue, et que les papillons deviennent des couteaux, qu’importe. Effacer sa peine passe avant. Effacer la souffrance dans ses yeux passe avant.
« Je n’ai pas été suffisamment claire, cette nuit-là. »
Son souffle tremble, et la vague qui tente de l’emporter manquerait presque de la noyer. Le souffle irrégulier, là où elle sent que son monde ne demande qu’à sombrer à nouveau. Elle ferme les yeux et inspire avec peine. Elle semble chercher son courage quand en réalité, il n’en faut pas. Il ne lui en a jamais fallu. Il ne lui en faut plus. Alors lorsqu’elle rouvre les yeux, lorsqu’elle repousse ses mèches d’ébène de devant ses yeux clairs, elle chuchote, contre l’écho discordant de son cœur se tordant contre son gré.
« Je me battrai également. »
Sa détermination n’aurait pu être plus claire. Et si c’est fébrile qu’elle aimerait se plier à cet instinct infâme qui tente de la ronger de ce qu’elle pense être pure angoisse. Refuse de prendre conscience de cette rébellion que son propre corps tente d’opérer contre elle-même. Il compte davantage. Il a toujours bien plus compté qu’elle n’avait su se l’avouer. Et aujourd’hui il était enfin temps de le lui prouver.
« Pardonnez-moi de n'avoir su le dire plus tôt. »
Ils avaient passé l’âge. Elle ne voulait plus jouer. Ne voulait plus céder à ce que la société attend d’eux. Ils avaient déjà rompu trop d’interdits. Déjà franchi trop d’obstacles, et heurté tant d’autres. Son sourire est d’une tristesse infinie lorsqu’elle rajoute timidement, captant son regard avec la certitude que cette fois-ci serait la dernière. Que s’il n’y a pas d’aujourd’hui, demain n’aurait plus lieu d’être.
Lun 5 Juil - 21:46Lay all your love on me
Le cœur en mal de plus, et le corps brisé par l'inexplicable. La peur est omniprésente et Eve s’impose de ne pas y céder. De ne pas se perdre dans les méandres du passé. Elle doit tenir, autant pour lui qu’elle-même. Et s’il faillit… S’il faillit, il lui reviendra de le rattraper.
Mais Gabriel n’est pas faible. Gabriel malgré le temps passé n’est ni l’adolescent d’une vie d’antan, et encore moins un inconnu qu’elle ne peut comprendre. Ses craintes sont partagées. Ses doutes sont à eux deux ce que leur espoir est au divin. Une attente inaccessible et pourtant si facile à rencontrer. Qu’il ferme les yeux est à son avantage alors qu’elle tremble et se cantonne à ses convictions. Il ne sera fait aucun mal à son loup. Et si le mal est en elle… Ah…
Du bout des doigts, Eve efface les traces de sa misère. Efface les mensonges et les silences. Essuie ces larmes qui sont à leur nom et à leur union. Caresse sa joue et ne regrette plus d’avoir cédé. D’avoir cru.
« Je n’ai besoin d’aucune excuse. »
Le soulagement ne défait pourtant pas ce qui la ronge. Et si la tension venait de se rompre, si elle tient presque désespérément à céder à cet instant, tout ceci est bonnement impossible. Et qu’importe le calme tout relatif de Gabriel. Qu’importe ces mots qu’elle souhaitait entendre depuis sa jeune enfance, rêvant du prince charmant, libérée de ses chaînes. La liesse devrait être sienne… et pourtant ses sourcils de froissant alors qu’elle presse lentement son front contre l’épaule de son homme. Pourquoi seulement ne pouvait-elle profiter de rien ? Chaque instant terni par ce qui n’a plus de raison ni de sens. Mais son loup l’étreint et elle n’a jamais semblé plus petite qu’en cet état. Recroquevillée d’une douleur qu’elle ne reconnaît pas comme la sienne. Comme le fantôme de cette vie oubliée. Comme s’il n’était pas autorisé de profiter d’un instant de sérénité.
« J’ai… »
Sa voix s’étrangle et la voilà à agrippa ses doigts à lui. A le retenir comme s’il pouvait lui échapper. Resserre sa prise en une étreinte maladroite. La douleur ne la paralyse pas non, mais le monde tangue et sa pâleur ne juge pas de son meilleur état. Pas plus que cette sueur froide qui frissonne contre sa peau. Elle aimerait rire de ce silence qu’elle ne désirait pas. Voudrait lui demander de la pardonner. Mais les mots en une trahison égale à celle de son corps restent silencieux. Inspire lentement et presse davantage son visage contre lu avant de chuchoter, le trait d’humour rendu obsolète par la douleur qui traverse une seconde sa voix.
« Tu me mets dans tous mes états. »
Pourtant elle ne bouge pas. N’essaye pas de s’éloigner, ni même de se cacher. Il suffit de quelques instants supplémentaires. Quelques minutes bien trop téméraires et sa respiration se calme enfin. La vague enfin passée. Le regard voilé elle n’ose qu’un maigre sourire et ses yeux papillonnent, un enfant rattrapé par la fatigue, oui, c’est ça.
Elle n’est pas fragile ni vulnérable.
Le cœur en mal de plus, et le corps brisé par l'inexplicable. La peur est omniprésente et Eve s’impose de ne pas y céder. De ne pas se perdre dans les méandres du passé. Elle doit tenir, autant pour lui qu’elle-même. Et s’il faillit… S’il faillit, il lui reviendra de le rattraper.
Mais Gabriel n’est pas faible. Gabriel malgré le temps passé n’est ni l’adolescent d’une vie d’antan, et encore moins un inconnu qu’elle ne peut comprendre. Ses craintes sont partagées. Ses doutes sont à eux deux ce que leur espoir est au divin. Une attente inaccessible et pourtant si facile à rencontrer. Qu’il ferme les yeux est à son avantage alors qu’elle tremble et se cantonne à ses convictions. Il ne sera fait aucun mal à son loup. Et si le mal est en elle… Ah…
Du bout des doigts, Eve efface les traces de sa misère. Efface les mensonges et les silences. Essuie ces larmes qui sont à leur nom et à leur union. Caresse sa joue et ne regrette plus d’avoir cédé. D’avoir cru.
« Je n’ai besoin d’aucune excuse. »
Le soulagement ne défait pourtant pas ce qui la ronge. Et si la tension venait de se rompre, si elle tient presque désespérément à céder à cet instant, tout ceci est bonnement impossible. Et qu’importe le calme tout relatif de Gabriel. Qu’importe ces mots qu’elle souhaitait entendre depuis sa jeune enfance, rêvant du prince charmant, libérée de ses chaînes. La liesse devrait être sienne… et pourtant ses sourcils de froissant alors qu’elle presse lentement son front contre l’épaule de son homme. Pourquoi seulement ne pouvait-elle profiter de rien ? Chaque instant terni par ce qui n’a plus de raison ni de sens. Mais son loup l’étreint et elle n’a jamais semblé plus petite qu’en cet état. Recroquevillée d’une douleur qu’elle ne reconnaît pas comme la sienne. Comme le fantôme de cette vie oubliée. Comme s’il n’était pas autorisé de profiter d’un instant de sérénité.
« J’ai… »
Sa voix s’étrangle et la voilà à agrippa ses doigts à lui. A le retenir comme s’il pouvait lui échapper. Resserre sa prise en une étreinte maladroite. La douleur ne la paralyse pas non, mais le monde tangue et sa pâleur ne juge pas de son meilleur état. Pas plus que cette sueur froide qui frissonne contre sa peau. Elle aimerait rire de ce silence qu’elle ne désirait pas. Voudrait lui demander de la pardonner. Mais les mots en une trahison égale à celle de son corps restent silencieux. Inspire lentement et presse davantage son visage contre lu avant de chuchoter, le trait d’humour rendu obsolète par la douleur qui traverse une seconde sa voix.
« Tu me mets dans tous mes états. »
Pourtant elle ne bouge pas. N’essaye pas de s’éloigner, ni même de se cacher. Il suffit de quelques instants supplémentaires. Quelques minutes bien trop téméraires et sa respiration se calme enfin. La vague enfin passée. Le regard voilé elle n’ose qu’un maigre sourire et ses yeux papillonnent, un enfant rattrapé par la fatigue, oui, c’est ça.
Elle n’est pas fragile ni vulnérable.
Mer 7 Juil - 19:59Lay all your love on me
En aucun cas ne voulait-elle l'alarmer. Pour ces choses-là, elle pouvait prendre sur elle. Qu'importe la peur ou l’angoisse. Elle avait connu pire. Bien pire. Et rien de tout ceci ne devrait être susceptible de l’arrêter. Mais son corps en défaut refuse de lui accorder le répit nécessaire à un instant volé. A ce moment qu’ils semblent avoir attendu si longtemps l’un comme l’autre. Un secret pour elle, une vérité infaillible pour lui. Eve devrait avoir honte d’ainsi se comporter auprès de l’homme qui avait un jour su ravir son cœur. Naïve comme une enfant quand elle n’en avait plus rien, pas même les traits.
Mais lui voit en elle ce qu’elle ne comprendra jamais. Voit en sa faiblesse une faille à combler. Et si ses paupières se ferment contre la chaleur de son amant, elle se laisse malgré tout surprendre lorsqu’il fait d’elle sa chose et la soulève sans préambule autre qu’une simple indication. Et elle n’a pas peur. Pourquoi diable devrait-elle s’inquiéter ? Relâchant sa position dans une évidente démonstration de la confiance qu’elle lui accorde, Eve laisse aller sa joue contre son épaule, riant d’un souffle terne.
« Me voir défaillir ne semble pas te déplaire, pourtant. »
Ses mots sont doux, à l’instar de la façon qu’il a de la tenir contre lui. Et si en aucun cas le doute quant à leur destination ne semble même s’imprimer à ses pensées, la vampire se contenta d’acquiescer à l’évidence. Antoine le lui avait répété bien des fois. Sûrement était-ce là la preuve qu’elle n’avait pas été tendre avec sa santé. Qu’immortel ou non, il est bien des choses que l’on ne peut pas affronter si l’on ne se limite pas à respecter le strict minimum.
Sauf que voilà… Si l’essentiel a été dit… Et si les draps sous elle sont doux, Eve ne peut retenir ses doigts d’agripper timidement la manche de Gabriel. Un regard peiné, perdu, c’est ça qu’elle lui offre en tirant timidement sur le tissu pour rapprocher sa main, si ce n’est pas lui tout entier. Ôte enfin ses gants et devrait certainement se débarrasser de ses vêtements trempés mais non. L’important c’est la chaleur sous ses doigts. C’est cette main rassurante sous laquelle elle vient faufiler sa peau pâle, gardant ses prunelles rivées sur lui à chaque instant. Jaugeant ce qu’elle peut s’autoriser. Invoquant ce qui fut oublié sans jamais oser en demander davantage.
« Ma requête semblera sans doute cavalière… »
Eve se mord la lèvre et finit par ravaler ses mots, détournant finalement les yeux. Comment lui demander sans sembler permissive ? Sans donner l’impression que –
Arrête de réfléchir. Agis. Dis.
« Je ne veux pas rester seule. »
Et quelle meilleure façon avait-elle à cet instant que de se laisser glisser contre les couvertures pour libérer la place près d’elle. De tirer doucement sur leurs deux mains jumelées et l’inciter sans le forcer. Pourquoi mentir lorsque l’évidence était telle ? Pourquoi ne pas simplement lui demander. Dire ce qu’eux deux pensent tout bas.
« J’ai bien assez longtemps vécu ainsi… Et… Je veux ce nous… » Une pause, et son sourire est timide, son regard incertain et pourtant, il n’est aucun doute que c’est son affection pour le Marquis qui brille dans ses iris azurées. « S’il te plaît. »
Sûrement auraient-ils l’air ridicules, ainsi. Dans ce monde trop petit où une moins que rien courtise la noblesse. Dans ce monde où tout les oppose, et pourtant, tout les attire. Eve soupire doucement et lie à nouveau leurs doigts, chuchotant comme on promet à la nuit.
« Je ne veux plus être loin de toi. »
En aucun cas ne voulait-elle l'alarmer. Pour ces choses-là, elle pouvait prendre sur elle. Qu'importe la peur ou l’angoisse. Elle avait connu pire. Bien pire. Et rien de tout ceci ne devrait être susceptible de l’arrêter. Mais son corps en défaut refuse de lui accorder le répit nécessaire à un instant volé. A ce moment qu’ils semblent avoir attendu si longtemps l’un comme l’autre. Un secret pour elle, une vérité infaillible pour lui. Eve devrait avoir honte d’ainsi se comporter auprès de l’homme qui avait un jour su ravir son cœur. Naïve comme une enfant quand elle n’en avait plus rien, pas même les traits.
Mais lui voit en elle ce qu’elle ne comprendra jamais. Voit en sa faiblesse une faille à combler. Et si ses paupières se ferment contre la chaleur de son amant, elle se laisse malgré tout surprendre lorsqu’il fait d’elle sa chose et la soulève sans préambule autre qu’une simple indication. Et elle n’a pas peur. Pourquoi diable devrait-elle s’inquiéter ? Relâchant sa position dans une évidente démonstration de la confiance qu’elle lui accorde, Eve laisse aller sa joue contre son épaule, riant d’un souffle terne.
« Me voir défaillir ne semble pas te déplaire, pourtant. »
Ses mots sont doux, à l’instar de la façon qu’il a de la tenir contre lui. Et si en aucun cas le doute quant à leur destination ne semble même s’imprimer à ses pensées, la vampire se contenta d’acquiescer à l’évidence. Antoine le lui avait répété bien des fois. Sûrement était-ce là la preuve qu’elle n’avait pas été tendre avec sa santé. Qu’immortel ou non, il est bien des choses que l’on ne peut pas affronter si l’on ne se limite pas à respecter le strict minimum.
Sauf que voilà… Si l’essentiel a été dit… Et si les draps sous elle sont doux, Eve ne peut retenir ses doigts d’agripper timidement la manche de Gabriel. Un regard peiné, perdu, c’est ça qu’elle lui offre en tirant timidement sur le tissu pour rapprocher sa main, si ce n’est pas lui tout entier. Ôte enfin ses gants et devrait certainement se débarrasser de ses vêtements trempés mais non. L’important c’est la chaleur sous ses doigts. C’est cette main rassurante sous laquelle elle vient faufiler sa peau pâle, gardant ses prunelles rivées sur lui à chaque instant. Jaugeant ce qu’elle peut s’autoriser. Invoquant ce qui fut oublié sans jamais oser en demander davantage.
« Ma requête semblera sans doute cavalière… »
Eve se mord la lèvre et finit par ravaler ses mots, détournant finalement les yeux. Comment lui demander sans sembler permissive ? Sans donner l’impression que –
Arrête de réfléchir. Agis. Dis.
« Je ne veux pas rester seule. »
Et quelle meilleure façon avait-elle à cet instant que de se laisser glisser contre les couvertures pour libérer la place près d’elle. De tirer doucement sur leurs deux mains jumelées et l’inciter sans le forcer. Pourquoi mentir lorsque l’évidence était telle ? Pourquoi ne pas simplement lui demander. Dire ce qu’eux deux pensent tout bas.
« J’ai bien assez longtemps vécu ainsi… Et… Je veux ce nous… » Une pause, et son sourire est timide, son regard incertain et pourtant, il n’est aucun doute que c’est son affection pour le Marquis qui brille dans ses iris azurées. « S’il te plaît. »
Sûrement auraient-ils l’air ridicules, ainsi. Dans ce monde trop petit où une moins que rien courtise la noblesse. Dans ce monde où tout les oppose, et pourtant, tout les attire. Eve soupire doucement et lie à nouveau leurs doigts, chuchotant comme on promet à la nuit.
« Je ne veux plus être loin de toi. »
Jeu 8 Juil - 21:29Lay all your love on me
Pourquoi les choses n’avaient-elles pas été aussi faciles depuis le départ ? Eve croise le regard de Gabriel et elle ne saurait pas ne pas fondre devant la rougeur qui marque ses hautes pommettes. Des hommes, combien en a-t-elle fréquenté ? De tous les rangs, de toutes les origines, des femmes, même. Rien ne l’avait jamais arrêtée. Nul n’avait jamais su retenir suffisamment son attention pour venir ravir son cœur. Pourtant voilà. Même la meilleure partie d’un siècle n’aurait su effacer ce qui fait tordre le jeune cœur de la blonde. Qu’importe son âge, ou même le sien, Eve n’a pas besoin de plus. Pas besoin de plus que d’entendre le son de sa voix. Que de voir qu’il ne rechigne pas à la rejoindre, et même à la déshabiller, même sommairement. Il est délicat. Tendre et consciencieux. Elle n’est pas fragile non, mais elle comprend sans peine qu’entre les bras de cet homme, elle est choyée au même titre qu’un trésor.
Prudence est maître de mot dans chacun de ses touchers. Et lorsqu’enfin il la rejoint, là, si près d’elle, Eve peut sentir une émotion lointaine la dépasser. Sent ses yeux la brûler lorsqu’il effleure sa joue, comme il y a tant d’années. Mais aujourd’hui, le marquis n’est pas celui protégé par l’étreinte de sa belle. C’est elle qui se perd contre lui. Elle qui trouve refuge au creux de ses bras et enfouit son visage contre son torse. Gabriel ne ment pas. Gabriel ramène leurs corps à l’unisson et c’est sans la moindre honte ni gêne qu’elle vient agripper ses vêtements dans son dos, finissant de refermer ses cocons qui n’est qu’à eux deux.
Que faut-il de plus pour apaiser son âme, lorsque son corps tout entier frissonne encore d’une sensation désagréable. Non, cette nuit, ce n’est pas elle qui flattera sa nuque comme elle l’avait si souvent fait. Cette nuit, elle n’est pas celle aux commandes… Et si elle devait être honnête, pour la première fois sûrement, sont-ils tous les deux maîtres de la situation à leur hauteur. Les choses seraient sûrement encore compliquées pour un temps, il n’y avait aucun doute à avoir sur la question mais… N’était-il pas plus important qu’ils soient avant tout ensemble ?
Après tout, n’est-ce pas ce que j’ai souhaité tout ce temps ?
Pourtant tout lui souffle de ne pas fermer les yeux. De profiter autant que possible du maigre répit qu’ils viennent d’arracher à la vie. Eve resserre sa prise sur lui et enfouit un peu plus son visage contre sa peau, chuchotant doucement.
« Peu importe le temps passé ton odeur est toujours ce qu’il y a de plus doux à mes sens… »
S’éprendre d’un loup. Ce que sa race n’autorise pas. Ce que si peu conviennent de réaliser. Il n’y a que les paroles rapportées. Qui donc viendrait les empêcher de s’aimer ? Eve soupire et refuse de céder à cette fatigue qui vrille sa perception du monde. Elle a besoin de lui. Besoin de plus. Mais avant tout elle a besoin de savoir. Savoir que ces choses-là ne l’arrêteront pas non plus.
« Est-ce que… Cela te dégoûte… Que je ne sois pas comme toi… ? »
La guerre elle l’avait fuie comme la peste. Mais Eve sait que lui y a perdu énormément. Sait qu’il est encore meurtri de tout ceci. Ils devraient reconstruire ensemble. Apprendre à ne plus rien craindre que ce qu’ils auront eux-mêmes décidé d’affronter de leur propre gré. Eve ramène sa main libre contre son torse et rompt encore une fois le silence, sa voix douce quand bien même si faible. Comme ces conversations volées en des temps plus simples. Sa vision du monde à elle… elle ne voulait qu’un monde à eux deux. Là où il n’y aurait que leurs noms et leurs choix à protéger. Là où leurs crocs n’auraient pas la force de briser leurs liens.
Un jour peut-être sera-t-elle part à sa meute.
Pourquoi les choses n’avaient-elles pas été aussi faciles depuis le départ ? Eve croise le regard de Gabriel et elle ne saurait pas ne pas fondre devant la rougeur qui marque ses hautes pommettes. Des hommes, combien en a-t-elle fréquenté ? De tous les rangs, de toutes les origines, des femmes, même. Rien ne l’avait jamais arrêtée. Nul n’avait jamais su retenir suffisamment son attention pour venir ravir son cœur. Pourtant voilà. Même la meilleure partie d’un siècle n’aurait su effacer ce qui fait tordre le jeune cœur de la blonde. Qu’importe son âge, ou même le sien, Eve n’a pas besoin de plus. Pas besoin de plus que d’entendre le son de sa voix. Que de voir qu’il ne rechigne pas à la rejoindre, et même à la déshabiller, même sommairement. Il est délicat. Tendre et consciencieux. Elle n’est pas fragile non, mais elle comprend sans peine qu’entre les bras de cet homme, elle est choyée au même titre qu’un trésor.
Prudence est maître de mot dans chacun de ses touchers. Et lorsqu’enfin il la rejoint, là, si près d’elle, Eve peut sentir une émotion lointaine la dépasser. Sent ses yeux la brûler lorsqu’il effleure sa joue, comme il y a tant d’années. Mais aujourd’hui, le marquis n’est pas celui protégé par l’étreinte de sa belle. C’est elle qui se perd contre lui. Elle qui trouve refuge au creux de ses bras et enfouit son visage contre son torse. Gabriel ne ment pas. Gabriel ramène leurs corps à l’unisson et c’est sans la moindre honte ni gêne qu’elle vient agripper ses vêtements dans son dos, finissant de refermer ses cocons qui n’est qu’à eux deux.
Que faut-il de plus pour apaiser son âme, lorsque son corps tout entier frissonne encore d’une sensation désagréable. Non, cette nuit, ce n’est pas elle qui flattera sa nuque comme elle l’avait si souvent fait. Cette nuit, elle n’est pas celle aux commandes… Et si elle devait être honnête, pour la première fois sûrement, sont-ils tous les deux maîtres de la situation à leur hauteur. Les choses seraient sûrement encore compliquées pour un temps, il n’y avait aucun doute à avoir sur la question mais… N’était-il pas plus important qu’ils soient avant tout ensemble ?
Après tout, n’est-ce pas ce que j’ai souhaité tout ce temps ?
Pourtant tout lui souffle de ne pas fermer les yeux. De profiter autant que possible du maigre répit qu’ils viennent d’arracher à la vie. Eve resserre sa prise sur lui et enfouit un peu plus son visage contre sa peau, chuchotant doucement.
« Peu importe le temps passé ton odeur est toujours ce qu’il y a de plus doux à mes sens… »
S’éprendre d’un loup. Ce que sa race n’autorise pas. Ce que si peu conviennent de réaliser. Il n’y a que les paroles rapportées. Qui donc viendrait les empêcher de s’aimer ? Eve soupire et refuse de céder à cette fatigue qui vrille sa perception du monde. Elle a besoin de lui. Besoin de plus. Mais avant tout elle a besoin de savoir. Savoir que ces choses-là ne l’arrêteront pas non plus.
« Est-ce que… Cela te dégoûte… Que je ne sois pas comme toi… ? »
La guerre elle l’avait fuie comme la peste. Mais Eve sait que lui y a perdu énormément. Sait qu’il est encore meurtri de tout ceci. Ils devraient reconstruire ensemble. Apprendre à ne plus rien craindre que ce qu’ils auront eux-mêmes décidé d’affronter de leur propre gré. Eve ramène sa main libre contre son torse et rompt encore une fois le silence, sa voix douce quand bien même si faible. Comme ces conversations volées en des temps plus simples. Sa vision du monde à elle… elle ne voulait qu’un monde à eux deux. Là où il n’y aurait que leurs noms et leurs choix à protéger. Là où leurs crocs n’auraient pas la force de briser leurs liens.
Un jour peut-être sera-t-elle part à sa meute.
Ven 9 Juil - 21:52Lay all your love on me
Le cœur a ses raisons… La littérature en ces mots se retrouve bien des fois. L’idée est pourtant claire, les sentiments sont à la subjectivité ce que la pluie est à l’eau. Une évidence qui ne peut se prédire ni se parer. Une force supérieure qui, venue des cieux, abat son jugement sur toute chose et tout être sans la moindre considération. Qu’importe que la pluie soit à notre goût ou non… Les sentiments ne jugent pas, ils s’imposent et s’infiltrent sans répit. Inlassablement.
C’est sûrement en cela qu’Eve se perd sans peine dans l’étreinte si possessive de Gabriel. Elle n’est ni vampire, ni comtesse, ni simple fille du peuple. Elle est ce qu’il désire, et il est ce qu’elle chérit. Dans les bras l’un de l’autre, rien ne semble capable de les atteindre. Pas la peur qui se nourrit de ses angoisses. Pas plus que les doutes qui font trembler la voix de son loup.
Douce et patiente, elle effleure sa gorge et remonte ses doigts contre sa nuque. Joue de ses doigts fins contre la naissance de l’ébène de ses cheveux et s’oublie au battement régulier de son homme. A la chaleur rassurante de cet âtre au creux duquel il l’enferme. Il n’est plus beau nid que celui de deux oiseaux éternels, accouplés pour la vie. L’éternité pourrait être triste, mais il est des faits qui ne peuvent être oubliés.
Faits qu’il balaie sans considération d’une main tranquille. Prise ferme et rassurante, ses mots, a contrario de ses pensées, sont fermes et assurés. Le silence n’aura pu laisser sa marque. Et qu’importe ses raisons.
Le cœur a ses raisons.
« Il m’importe peu de comprendre tant que tout ceci est bien réel. »
Sa voix est basse, un souffle à peine murmuré qui n’appartient qu’à eux deux. Qu’il lui rend de ce petit nom qu’il lui avait accordé il y a de ça bien des années. Et pour toute réponse, c’est son rire qui résonne un bref instant. Léger, le temps de quelques secondes seulement. Les choses avaient bien changé, mais il est certains éléments qui jamais ne pourraient s’altérer. Et si le vertiges se calment uniquement à l’idée de ne s’offrir que l’obscurité, ses inquiétudes, elles, s’apaisent de son simple toucher. De sa seule voix.
« Qu’ai-je fait pour te mériter… ? »
Un soupir lui échappe et elle ne cherche plus à se battre. Elle ne veut plus. N’en a plus la force. Entend, pourtant, qu’il n’est pas encore prêt à briser le voile de l’intimité dans sa façon de s’adresser à elle et ne peut s’empêcher de sourire, faisant tendrement écho à ses paroles.
« Vous m’avez manqué également… »
Qui aurait pu croire que les années n’y changeraient rien ? Qu’il serait toujours tout ce qu’elle souhaitait. Qu’il serait toujours…
« Parlez-moi de votre mission… De la fête… Qui donc était votre partenaire… ? » Une pause et elle murmure avec une pointe de déception. « Je regrette de n’avoir pu vous voler une danse… »
Eve rouvre les yeux et relève le visage, cherchant son regard. La question lui brûle les lèvres… Jusqu’à ce qu’autre chose ne lui coupe le souffle. Ses sourcils se froncent d’une pointe d’inquiétude alors qu’elle fredonne d’une voix prise d’émotion. Les mêmes mots qu’elle lui a tant de fois susurrés.
« Embrassez-moi, Gabriel… »
Qu’importe les raisons. Elle aurait toute la vie pour danser avec lui.
Le cœur a ses raisons… La littérature en ces mots se retrouve bien des fois. L’idée est pourtant claire, les sentiments sont à la subjectivité ce que la pluie est à l’eau. Une évidence qui ne peut se prédire ni se parer. Une force supérieure qui, venue des cieux, abat son jugement sur toute chose et tout être sans la moindre considération. Qu’importe que la pluie soit à notre goût ou non… Les sentiments ne jugent pas, ils s’imposent et s’infiltrent sans répit. Inlassablement.
C’est sûrement en cela qu’Eve se perd sans peine dans l’étreinte si possessive de Gabriel. Elle n’est ni vampire, ni comtesse, ni simple fille du peuple. Elle est ce qu’il désire, et il est ce qu’elle chérit. Dans les bras l’un de l’autre, rien ne semble capable de les atteindre. Pas la peur qui se nourrit de ses angoisses. Pas plus que les doutes qui font trembler la voix de son loup.
Douce et patiente, elle effleure sa gorge et remonte ses doigts contre sa nuque. Joue de ses doigts fins contre la naissance de l’ébène de ses cheveux et s’oublie au battement régulier de son homme. A la chaleur rassurante de cet âtre au creux duquel il l’enferme. Il n’est plus beau nid que celui de deux oiseaux éternels, accouplés pour la vie. L’éternité pourrait être triste, mais il est des faits qui ne peuvent être oubliés.
Faits qu’il balaie sans considération d’une main tranquille. Prise ferme et rassurante, ses mots, a contrario de ses pensées, sont fermes et assurés. Le silence n’aura pu laisser sa marque. Et qu’importe ses raisons.
Le cœur a ses raisons.
« Il m’importe peu de comprendre tant que tout ceci est bien réel. »
Sa voix est basse, un souffle à peine murmuré qui n’appartient qu’à eux deux. Qu’il lui rend de ce petit nom qu’il lui avait accordé il y a de ça bien des années. Et pour toute réponse, c’est son rire qui résonne un bref instant. Léger, le temps de quelques secondes seulement. Les choses avaient bien changé, mais il est certains éléments qui jamais ne pourraient s’altérer. Et si le vertiges se calment uniquement à l’idée de ne s’offrir que l’obscurité, ses inquiétudes, elles, s’apaisent de son simple toucher. De sa seule voix.
« Qu’ai-je fait pour te mériter… ? »
Un soupir lui échappe et elle ne cherche plus à se battre. Elle ne veut plus. N’en a plus la force. Entend, pourtant, qu’il n’est pas encore prêt à briser le voile de l’intimité dans sa façon de s’adresser à elle et ne peut s’empêcher de sourire, faisant tendrement écho à ses paroles.
« Vous m’avez manqué également… »
Qui aurait pu croire que les années n’y changeraient rien ? Qu’il serait toujours tout ce qu’elle souhaitait. Qu’il serait toujours…
« Parlez-moi de votre mission… De la fête… Qui donc était votre partenaire… ? » Une pause et elle murmure avec une pointe de déception. « Je regrette de n’avoir pu vous voler une danse… »
Eve rouvre les yeux et relève le visage, cherchant son regard. La question lui brûle les lèvres… Jusqu’à ce qu’autre chose ne lui coupe le souffle. Ses sourcils se froncent d’une pointe d’inquiétude alors qu’elle fredonne d’une voix prise d’émotion. Les mêmes mots qu’elle lui a tant de fois susurrés.
« Embrassez-moi, Gabriel… »
Qu’importe les raisons. Elle aurait toute la vie pour danser avec lui.
Sam 10 Juil - 7:11Lay all your love on me
Gabriel détient cet étrange pouvoir sur elle. Une magie incroyable qu’elle n’a jamais connue qu’après de lui. Les amants – et leur contrepartie féminine – avaient pourtant été nombreux. Et si elle pouvait encore sans peine nommer les rares individus qui l’avaient délicieusement marquée, il n’en est aucun à son cœur qui puisse arriver à la cheville du marquis. Un homme tendre et aimant, un cœur resté pur malgré la guerre et les années. Eve ne doute pas de l’obscurité qui rampe dans ses pensées. Ne doute pas qu’eux deux partagent tristement plus qu’une intense passion, aussi éphémère eut-elle été par la force des choses.
Non, Eve sait qu’il est bien des choses passées sous silence qu’ils partagent sans parvenir à se l’avouer. Sans même le réaliser. Bleu contre bleu, elle voudrait lui demander une danse. Lui demander de ne jamais la lâcher. De rester ainsi pour l’éternité.
Mais tout ceci n’est qu’un bien joli rêve. Impossible à réaliser. Une peine qu’elle ne veut pas admettre peser sur elle.
Un mensonge.
La vampire ferme les yeux. Cherche à oublier contre ses lèvres et ce n’est qu’à chaque fois un peu plus dur. Plus dur de résister, plus dur de lui cacher l’évidence. Eve le cœur en peine laisse échapper un léger son de détresse et presse la pulpe de ses doigts aux lèvres si invitantes de son vis-à-vis. Fronce les sourcils et admet, la gorge nouée.
« Vous avez conscience… Que rien ne sera réellement possible dans cette vie… ? »
Les mots sonnent comme un glas. Pire encore que ces moments volés lors d’une adolescence glorieuse. Aujourd’hui Eve n’est ni comtesse, ni libre. Des chaînes qui lui furent imposées sans qu’elle n’ait le temps de le réaliser. Des chaînes qui pourraient blesser Gabriel. Une évidence si claire qu’il lui semblait nécessaire de le rappeler.
« Je ne pourrais… pas honorer notre promesse. » Est-il seulement nécessaire de rappeler laquelle ? Elle n’a même pas l’idée que ceci devrait se faire. Qu’elle attend que cela se réalise non. Ce qu’elle veut dire… « Mon statut à la cour nous empêchera de vivre au grand jour… »
Aurait-il pu croire que derrière ses grands yeux espiègles se cachait une telle fleur bleue ? Romantique et blessée à l’idée de ne pas pouvoir tenir sa main en publique. A l’idée qu’ils devraient toute une vie rester cachés au monde. Sa peine s’accroît alors qu’elle murmure doucement.
« Votre titre vous réclamera auprès d’une épouse… » La marquise de Bellevallée. Qui donc à la cour n’avait pas ouïe dire des déboires de cette potentielle relation morte dans l’œuf. Avec le recul, Eve ne pouvait qu’en être soulagée… Mais là où sa boussole interne semble encore si perturbée, elle ne réalise pas combien sa peur est idiote. Combien Gabriel pourrait se rire d’elle.
Sauf qu’il y a quelque chose dans ses yeux. Quelque chose qui ne parvient pas à s’exprimer. La terreur d’être abandonnée. De n’être voulu que pour son corps de femme. Pour ce que ce simple fait a à offrir. – Elle n’est pas prête. Elle ne pense pas un jour l’être. –
« Je ne veux plus vous décevoir… Je veux… Je veux seulement... »
Un cœur blessé, des lèvres rougies et des prunelles d'où l’océan perle, prêt à déborder.
Gabriel détient cet étrange pouvoir sur elle. Une magie incroyable qu’elle n’a jamais connue qu’après de lui. Les amants – et leur contrepartie féminine – avaient pourtant été nombreux. Et si elle pouvait encore sans peine nommer les rares individus qui l’avaient délicieusement marquée, il n’en est aucun à son cœur qui puisse arriver à la cheville du marquis. Un homme tendre et aimant, un cœur resté pur malgré la guerre et les années. Eve ne doute pas de l’obscurité qui rampe dans ses pensées. Ne doute pas qu’eux deux partagent tristement plus qu’une intense passion, aussi éphémère eut-elle été par la force des choses.
Non, Eve sait qu’il est bien des choses passées sous silence qu’ils partagent sans parvenir à se l’avouer. Sans même le réaliser. Bleu contre bleu, elle voudrait lui demander une danse. Lui demander de ne jamais la lâcher. De rester ainsi pour l’éternité.
Mais tout ceci n’est qu’un bien joli rêve. Impossible à réaliser. Une peine qu’elle ne veut pas admettre peser sur elle.
Un mensonge.
La vampire ferme les yeux. Cherche à oublier contre ses lèvres et ce n’est qu’à chaque fois un peu plus dur. Plus dur de résister, plus dur de lui cacher l’évidence. Eve le cœur en peine laisse échapper un léger son de détresse et presse la pulpe de ses doigts aux lèvres si invitantes de son vis-à-vis. Fronce les sourcils et admet, la gorge nouée.
« Vous avez conscience… Que rien ne sera réellement possible dans cette vie… ? »
Les mots sonnent comme un glas. Pire encore que ces moments volés lors d’une adolescence glorieuse. Aujourd’hui Eve n’est ni comtesse, ni libre. Des chaînes qui lui furent imposées sans qu’elle n’ait le temps de le réaliser. Des chaînes qui pourraient blesser Gabriel. Une évidence si claire qu’il lui semblait nécessaire de le rappeler.
« Je ne pourrais… pas honorer notre promesse. » Est-il seulement nécessaire de rappeler laquelle ? Elle n’a même pas l’idée que ceci devrait se faire. Qu’elle attend que cela se réalise non. Ce qu’elle veut dire… « Mon statut à la cour nous empêchera de vivre au grand jour… »
Aurait-il pu croire que derrière ses grands yeux espiègles se cachait une telle fleur bleue ? Romantique et blessée à l’idée de ne pas pouvoir tenir sa main en publique. A l’idée qu’ils devraient toute une vie rester cachés au monde. Sa peine s’accroît alors qu’elle murmure doucement.
« Votre titre vous réclamera auprès d’une épouse… » La marquise de Bellevallée. Qui donc à la cour n’avait pas ouïe dire des déboires de cette potentielle relation morte dans l’œuf. Avec le recul, Eve ne pouvait qu’en être soulagée… Mais là où sa boussole interne semble encore si perturbée, elle ne réalise pas combien sa peur est idiote. Combien Gabriel pourrait se rire d’elle.
Sauf qu’il y a quelque chose dans ses yeux. Quelque chose qui ne parvient pas à s’exprimer. La terreur d’être abandonnée. De n’être voulu que pour son corps de femme. Pour ce que ce simple fait a à offrir. – Elle n’est pas prête. Elle ne pense pas un jour l’être. –
« Je ne veux plus vous décevoir… Je veux… Je veux seulement... »
Un cœur blessé, des lèvres rougies et des prunelles d'où l’océan perle, prêt à déborder.
Dim 11 Juil - 10:11Lay all your love on me
Faussaire. Pariat. Menteur. Les vices qui criblent sa personne suffiraient à l’envoyer en Enfer. Prendre à ceux qu’elle convoite ce qu’elle désire, et laisser derrière elle un sillage de chaos et de flammes. Combien de vies a-t-elle brisées ? Combien de fois ne s’est-elle pas retournée sur ses propres actes. Il suffisait d’une seule personne pour la faire regretter. Une seule personne sur laquelle elle ne s’était initialement pas retournée, une fois la fuite opérée. Une seule personne qui pourtant pendant près d’un siècle hantait sa peau et ses pensées.
Eve ne veut pas se briser. Ne veut plus revivre la peine ineffable des adieux faits en silence. Est-ce cela que Gabriel avait ressenti lorsqu’elle s’était enfuie ? Cela qui avait gangrené son cœur sans qu’elle ne parvienne à le saisir. Une place trop importante occupée par ce déni florissant. Eve avait si bien fermé les yeux et voilé cette part d’elle. Caché au regard des autres que ce pendentif n’était pas qu’un accessoire, mais bien plus. Mais elle en aimait seulement la forme. Pourquoi quiconque y verrait la moindre déduction plausible ?
Attachée à une promesse rendue vaine par le temps qui court. A une promesse qu’il offre désormais de briser.
Peut-il être plus clair que dans les yeux de sa belle qu’Eve à cette simple idée se meurt de peine ? Referme ses doigts sur les siens, là où il effleure cette rose éternelle et secoue doucement la tête.
« Je vous en prie. Ne faites pas ça… »
Elle ne voulait pas le perdre. Elle ne voulait pas perdre ce souvenir, ni même cet avenir. Eve rouvre les yeux et là contre ses prunelles, ses larmes sont sincères. Remuée par la douleur et la simple pensée de se voir arracher son seul bien, elle chuchote, la voix brisée.
« Je l’aurai regretté. »
Des mots qu’il lui avait lui-même soufflé. Des choses qu’elle n’est en capacité de comprendre que maintenant que la réalité s’étale si justement devant elle. Crispe ses doigts sur les siens et l’empêche de lui voler son présent. De lui voler cette promesse qu’ils se sont faite… Cette promesse qui…
Mais lui ne s’y attarde pas. Ces mots qu’Eve avait entendu comme une menace n’en étaient pas. Une simple explication. Une boutade et elle cherche son regard, tremblante. Ne réalise-t-il pas tout ce que cela implique ? Non. Non lui ne voit que le positif. Ne voit que le fait que désormais, si les choses n’étaient plus pas comme avant, elles ne demandaient qu’à le redevenir. Elle bat des cils, larmes échouées contre ses joues et elle lui fait lâcher prise, doucement, avant de venir nicher son minois contre sa paume. Sa peau est brûlante, et son corps à elle, tout entier, semble vouloir se rebeller. Eve ferme les yeux.
« Je n’ai pas changé… Il est seulement des choses que je ne peux me permettre au grand jour. »
Peut-être trouverait-elle l’équilibre. Mais une femme sans devoirs était, par une belle ironie, bien plus libre qu’un homme de travail. Comment ce masque imposé pour se protéger se retournait-il contre elle ? Elle pourrait en sourire… Si seulement les mots de Gabriel n’avaient pas d’ores et déjà réalisé cet exploit.
Que devait¬-elle dire, désormais ? Quels seraient les mots justes ?
« Je le veux. »
Une vie, deux, toutes.
« Et… Je vous honorerai… » Elle inspire doucement et presse davantage son visage contre sa main. Voile son regard comme on se cache du monde. Lui donne, sur elle, le pouvoir d’être celui qui pourra la briser ou l’épanouir. Il n’y a que lui. Que lui et nul autre. « A chacune de ces vies… Je vous le promets… »
Tout ceci était prématuré. Tout ceci… Manquait de sens. Mais lorsqu’elle rouvre les yeux, l’observant au travers de ses doigts. Lorsqu’elle repousse sa main et vient l’attirer à elle pour sceller cette promesse d’un baiser… Il n’y a pas cette peur inexpugnable. Il n’y a que les restes de cette soirée injuste. Il n’y a qu’eux deux, blottis l’un contre l’autre, et le murmure léger de leurs lippes se retrouvant comme s’ils n’avaient jamais été séparés.
Faussaire. Pariat. Menteur. Les vices qui criblent sa personne suffiraient à l’envoyer en Enfer. Prendre à ceux qu’elle convoite ce qu’elle désire, et laisser derrière elle un sillage de chaos et de flammes. Combien de vies a-t-elle brisées ? Combien de fois ne s’est-elle pas retournée sur ses propres actes. Il suffisait d’une seule personne pour la faire regretter. Une seule personne sur laquelle elle ne s’était initialement pas retournée, une fois la fuite opérée. Une seule personne qui pourtant pendant près d’un siècle hantait sa peau et ses pensées.
Eve ne veut pas se briser. Ne veut plus revivre la peine ineffable des adieux faits en silence. Est-ce cela que Gabriel avait ressenti lorsqu’elle s’était enfuie ? Cela qui avait gangrené son cœur sans qu’elle ne parvienne à le saisir. Une place trop importante occupée par ce déni florissant. Eve avait si bien fermé les yeux et voilé cette part d’elle. Caché au regard des autres que ce pendentif n’était pas qu’un accessoire, mais bien plus. Mais elle en aimait seulement la forme. Pourquoi quiconque y verrait la moindre déduction plausible ?
Attachée à une promesse rendue vaine par le temps qui court. A une promesse qu’il offre désormais de briser.
Peut-il être plus clair que dans les yeux de sa belle qu’Eve à cette simple idée se meurt de peine ? Referme ses doigts sur les siens, là où il effleure cette rose éternelle et secoue doucement la tête.
« Je vous en prie. Ne faites pas ça… »
Elle ne voulait pas le perdre. Elle ne voulait pas perdre ce souvenir, ni même cet avenir. Eve rouvre les yeux et là contre ses prunelles, ses larmes sont sincères. Remuée par la douleur et la simple pensée de se voir arracher son seul bien, elle chuchote, la voix brisée.
« Je l’aurai regretté. »
Des mots qu’il lui avait lui-même soufflé. Des choses qu’elle n’est en capacité de comprendre que maintenant que la réalité s’étale si justement devant elle. Crispe ses doigts sur les siens et l’empêche de lui voler son présent. De lui voler cette promesse qu’ils se sont faite… Cette promesse qui…
Mais lui ne s’y attarde pas. Ces mots qu’Eve avait entendu comme une menace n’en étaient pas. Une simple explication. Une boutade et elle cherche son regard, tremblante. Ne réalise-t-il pas tout ce que cela implique ? Non. Non lui ne voit que le positif. Ne voit que le fait que désormais, si les choses n’étaient plus pas comme avant, elles ne demandaient qu’à le redevenir. Elle bat des cils, larmes échouées contre ses joues et elle lui fait lâcher prise, doucement, avant de venir nicher son minois contre sa paume. Sa peau est brûlante, et son corps à elle, tout entier, semble vouloir se rebeller. Eve ferme les yeux.
« Je n’ai pas changé… Il est seulement des choses que je ne peux me permettre au grand jour. »
Peut-être trouverait-elle l’équilibre. Mais une femme sans devoirs était, par une belle ironie, bien plus libre qu’un homme de travail. Comment ce masque imposé pour se protéger se retournait-il contre elle ? Elle pourrait en sourire… Si seulement les mots de Gabriel n’avaient pas d’ores et déjà réalisé cet exploit.
Que devait¬-elle dire, désormais ? Quels seraient les mots justes ?
« Je le veux. »
Une vie, deux, toutes.
« Et… Je vous honorerai… » Elle inspire doucement et presse davantage son visage contre sa main. Voile son regard comme on se cache du monde. Lui donne, sur elle, le pouvoir d’être celui qui pourra la briser ou l’épanouir. Il n’y a que lui. Que lui et nul autre. « A chacune de ces vies… Je vous le promets… »
Tout ceci était prématuré. Tout ceci… Manquait de sens. Mais lorsqu’elle rouvre les yeux, l’observant au travers de ses doigts. Lorsqu’elle repousse sa main et vient l’attirer à elle pour sceller cette promesse d’un baiser… Il n’y a pas cette peur inexpugnable. Il n’y a que les restes de cette soirée injuste. Il n’y a qu’eux deux, blottis l’un contre l’autre, et le murmure léger de leurs lippes se retrouvant comme s’ils n’avaient jamais été séparés.
Dim 11 Juil - 21:29Lay all your love on me
Combien d’années étaient passées ? Quand fut la dernière fois qu’on l’avait ainsi rassurée ? Aussi loin qu’Eve se souvienne, il n’est qu’entre les bras d’Andrei, contre la raison froide et placide de son adelphe, qu’elle n’était jamais parvenue à retrouver le sens de son nord. Mais jamais n’aurait-elle pensé que le nord puisse être quelque chose d’aussi chaud.
Comment Gabriel sait-il les mots justes ? Sait-il seulement, que bien malgré lui, c’est un cœur meurtri qu’il panse sans en prendre conscience ? Sèche ses larmes et apaise son cœur, là où rien ne pouvait jusque-là la tempérer. Pourtant le brun ne semble trouver aucune peine à effacer une par une ses larmes. A évaporer et essuyer les chagrins qui semblaient la ronger depuis tant d’années. Mais lui ? Lui balaye tout d’une caresse du bout de ses doigts. Calme son être sans qu’elle ne puisse lui résister. Et devant la tristesse de son sourire elle ne peut que fondre encore. Indéniablement éprise de cet homme. De ce loup.
Mon Gabriel.
Lèvres jumelles, embrasser son amant n’a jamais été plus doux. Et si ses promesses sont le miel dont sa vie avait récemment été dénué, elle hoche doucement la tête et perd son regard dans le sien, la mine encore pâle, mais semblant malgré tout plus détendue. Lie timidement ses jambes aux siennes et chuchote dans la pénombre.
« Oui. Grâce à vous, mon Tendre… »
Presse un nouveau baiser contre ses lèvres avant de presser ses paumes contre son torse. Non, jamais plus elle ne le repoussera. Jamais plus elle ne se mentira. Elle veut seulement sentir la vibration de son loup. De cette créature exquise qui accepte de la faire sienne. Peut-être pour une fois pouvait-elle s’autoriser cet écart. Se permettre de définitivement baisser les armes.
« Serez-vous toujours à mes côtés à mon réveil… ? »
Doucement, elle ferme les yeux et se niche un peu plus contre lui. Les draps sous elles sont humides de leurs vêtements trempés, mais tout contre elle, la fournaise qu’est le lycan la laisse plus profondément tranquille qu’elle ne l’a été depuis des semaines.
Comme Antoine, pense-t-elle doucement, enfouissant son visage sous celui de Gabriel, son nez quelque peu froid contre sa gorge brûlante. Eve soupire de soulagement et reprend d’une voix plus joueuse. Plus elle.
« Finalement… Tout ceci tenait peut-être réellement du destin… »
Et si jusqu’ici, tout les avait opposés… Elle a le cœur de croire que cette nuit sera la première de leur éternité.
Combien d’années étaient passées ? Quand fut la dernière fois qu’on l’avait ainsi rassurée ? Aussi loin qu’Eve se souvienne, il n’est qu’entre les bras d’Andrei, contre la raison froide et placide de son adelphe, qu’elle n’était jamais parvenue à retrouver le sens de son nord. Mais jamais n’aurait-elle pensé que le nord puisse être quelque chose d’aussi chaud.
Comment Gabriel sait-il les mots justes ? Sait-il seulement, que bien malgré lui, c’est un cœur meurtri qu’il panse sans en prendre conscience ? Sèche ses larmes et apaise son cœur, là où rien ne pouvait jusque-là la tempérer. Pourtant le brun ne semble trouver aucune peine à effacer une par une ses larmes. A évaporer et essuyer les chagrins qui semblaient la ronger depuis tant d’années. Mais lui ? Lui balaye tout d’une caresse du bout de ses doigts. Calme son être sans qu’elle ne puisse lui résister. Et devant la tristesse de son sourire elle ne peut que fondre encore. Indéniablement éprise de cet homme. De ce loup.
Mon Gabriel.
Lèvres jumelles, embrasser son amant n’a jamais été plus doux. Et si ses promesses sont le miel dont sa vie avait récemment été dénué, elle hoche doucement la tête et perd son regard dans le sien, la mine encore pâle, mais semblant malgré tout plus détendue. Lie timidement ses jambes aux siennes et chuchote dans la pénombre.
« Oui. Grâce à vous, mon Tendre… »
Presse un nouveau baiser contre ses lèvres avant de presser ses paumes contre son torse. Non, jamais plus elle ne le repoussera. Jamais plus elle ne se mentira. Elle veut seulement sentir la vibration de son loup. De cette créature exquise qui accepte de la faire sienne. Peut-être pour une fois pouvait-elle s’autoriser cet écart. Se permettre de définitivement baisser les armes.
« Serez-vous toujours à mes côtés à mon réveil… ? »
Doucement, elle ferme les yeux et se niche un peu plus contre lui. Les draps sous elles sont humides de leurs vêtements trempés, mais tout contre elle, la fournaise qu’est le lycan la laisse plus profondément tranquille qu’elle ne l’a été depuis des semaines.
Comme Antoine, pense-t-elle doucement, enfouissant son visage sous celui de Gabriel, son nez quelque peu froid contre sa gorge brûlante. Eve soupire de soulagement et reprend d’une voix plus joueuse. Plus elle.
« Finalement… Tout ceci tenait peut-être réellement du destin… »
Et si jusqu’ici, tout les avait opposés… Elle a le cœur de croire que cette nuit sera la première de leur éternité.
Mer 14 Juil - 17:01Lay all your love on me
Si la nuit n’est pas la plus calme, elle aura au moins le mérite d’être en partie réparatrice. L’esprit encore perdu à l’obscur silence qui tapit ses rêves depuis toujours, Eve fronce doucement les sourcils et cherche un peu plus cette chaleur qui l’enveloppe. Au départ elle ne dit rien. Ne réalise pas que ce confort n’a rien d’habituel. Qu’elle ne devrait pas se sentir si apaisée. A dire vrai, plus aucun mal ne semble subsister à son corps… Comme si la nuit passée n’avait été qu’un mauvais rêve. Respiration lente et mesurée, ses mains prises contre la chaleur d’un corps solide, elle ne réalise qu’à l’inspiration suivante qu’elle n’est pas là où elle devrait être.
Ou tout au contraire.
Prunelles d’azur s’ouvrent d’un mouvement lent qui ne cache en rien que ses pensées sont allées plus vite que son éveil. Et là… Là dans l’étau brûlant d’une étreinte qu’elle ne saurait oublier, la peur se lit quelques secondes dans son regard. Car la dernière fois, c’est à l’aube naissante que tout a éclaté. C’est à l’aube naissante que –
Eve n’a pas la force. Pas le courage de le confronter s’il a changé d’avis. Retient le moindre son et referme les yeux, comme pour fuir un cauchemar éveillé. Doigts inquiets se referment sur la chemise du loup et malgré elle, bien malgré elle, elle frissonne d’appréhension.
Était-il resté de son plein gré… ? S’était-il senti obligé ? Son comportement de la veille avait été si indigne, la prenait-il désormais pour une créature fragile ? Tant de questions se bousculent et c’est par un instinct idiot qu’elle laisse échapper un léger son. Pas un mot, non. Une complainte légère et prise d’un tourment qu’il ne pourra ignorer.
« Dites-moi que je n’ai pas rêvé… »
Qu’importe les faux semblants. Elle n’était pas prête à perdre à nouveau le seul rempart à sa chute. Doucement, ses deux mains viennent voiler son visage et elle chuchote contre lui, sans courage ni force de s’éloigner. De constater par elle-même que cette idylle futile était désormais à tout jamais brisée.
« Dites-moi que vous êtes toujours mien… »
Pourquoi sa voix chevrote-t-elle ainsi, elle qui n’avait jamais craint la moindre chose ? Elle qui se croyait supérieure à tout ce sentimentalisme. Qu’elle a été naïve de croire qu’elle pourrait fuir toute sa vie les forces contraires d’une attraction qui jamais plus ne relâcherait son emprise sur elle.
Est-ce que tout ceci est bien vrai ?
Si la nuit n’est pas la plus calme, elle aura au moins le mérite d’être en partie réparatrice. L’esprit encore perdu à l’obscur silence qui tapit ses rêves depuis toujours, Eve fronce doucement les sourcils et cherche un peu plus cette chaleur qui l’enveloppe. Au départ elle ne dit rien. Ne réalise pas que ce confort n’a rien d’habituel. Qu’elle ne devrait pas se sentir si apaisée. A dire vrai, plus aucun mal ne semble subsister à son corps… Comme si la nuit passée n’avait été qu’un mauvais rêve. Respiration lente et mesurée, ses mains prises contre la chaleur d’un corps solide, elle ne réalise qu’à l’inspiration suivante qu’elle n’est pas là où elle devrait être.
Ou tout au contraire.
Prunelles d’azur s’ouvrent d’un mouvement lent qui ne cache en rien que ses pensées sont allées plus vite que son éveil. Et là… Là dans l’étau brûlant d’une étreinte qu’elle ne saurait oublier, la peur se lit quelques secondes dans son regard. Car la dernière fois, c’est à l’aube naissante que tout a éclaté. C’est à l’aube naissante que –
Eve n’a pas la force. Pas le courage de le confronter s’il a changé d’avis. Retient le moindre son et referme les yeux, comme pour fuir un cauchemar éveillé. Doigts inquiets se referment sur la chemise du loup et malgré elle, bien malgré elle, elle frissonne d’appréhension.
Était-il resté de son plein gré… ? S’était-il senti obligé ? Son comportement de la veille avait été si indigne, la prenait-il désormais pour une créature fragile ? Tant de questions se bousculent et c’est par un instinct idiot qu’elle laisse échapper un léger son. Pas un mot, non. Une complainte légère et prise d’un tourment qu’il ne pourra ignorer.
« Dites-moi que je n’ai pas rêvé… »
Qu’importe les faux semblants. Elle n’était pas prête à perdre à nouveau le seul rempart à sa chute. Doucement, ses deux mains viennent voiler son visage et elle chuchote contre lui, sans courage ni force de s’éloigner. De constater par elle-même que cette idylle futile était désormais à tout jamais brisée.
« Dites-moi que vous êtes toujours mien… »
Pourquoi sa voix chevrote-t-elle ainsi, elle qui n’avait jamais craint la moindre chose ? Elle qui se croyait supérieure à tout ce sentimentalisme. Qu’elle a été naïve de croire qu’elle pourrait fuir toute sa vie les forces contraires d’une attraction qui jamais plus ne relâcherait son emprise sur elle.
Est-ce que tout ceci est bien vrai ?
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