Si elle se souvenait bien, Edelweiss était venu dans cette bourgade pour donner un coup de main à attraper une bête qui s’en prendrait à des moutons. Et pour être tout à fait honnête, désormais derrière des portes closes, elle avait presque envie d’oublier cette histoire et de se laisser aller dans les draps et les bras d’Ivana pour les quatre prochains jours. Et le désir semblait tout aussi réciproque à en juger par le changement d’atmosphère s’opérant dans leur modeste chambre, une fois la porte close. Si cette tension avait été légère la veille, elle était si palpable en cet instant précis, elle faisait tous les efforts du monde pour ne pas dévorer passionnément la belle qui la flattait de compliment.

Si les mains d’Ivana se permettaient quelques libertés, ce n’était pas Edelweiss qui allait se plaindre, loin de là. Ses propres mains vinrent effleurer son coude, effleurèrent sa peau de porcelaine avant de remonter jusqu’à son épaule nue et se glisser délicieusement dans les boucles blondes et soyeuses. Ses doigts se nouèrent étroitement au sien et un rire bref franchit ses lèvres à l’évocation de ce lieu mythique que l’on appelle Enfer. Là où brûlent éternellement flammes et âmes des damnés et des pêcheurs. Leurs lèvres se lièrent enfin, et pas de la plus chaste des façons, non. Edelweiss grognera contre ses lèvres tentatrices, grognera pour ses lèvres carmines mais principalement pour ses pas qui les interrompirent.

-Je préférerais brûler des flammes de ton désir, souffla-t-elle avant qu’elle ne se dérobe pour se réfugier sur le lit qui seraient le lieu de bien des secrets.

Sa langue récolta les quelques gouttes de sang sur ses lèvres et elle remercia d’un fin sourire pour avoir dissimuler ses armes. À vrai dire, elle s’en fichait un peu qu’elle les cache ou non. Edelweiss s’assumait pleinement comme guerrière. Elle n’y avait pas prêté attention, elle avait arrêté de le faire depuis si longtemps, mais sa façon de monter à cheval comme un homme avait sûrement déclenché quelques messes basses. Mais elle n’allait pas lui en vouloir d’être discrète. Elle vint donc s’asseoir sur le bord du lit et offrit un sourire à la gérante de l’auberge qui posa sur le petit bureau une assiette de leur repas ainsi qu’une carafe de vin et deux coupes. Elle fut également suivi par un jeune homme qui transporta le baquet-

-Oh, il y définitivement de la place pour deux, chuchota-t-elle à l’intention d’Ivana dans sa langue maternelle.

Puis vint un ballet de personnes pour remplir le baquet d’eau chaude. Ce ballet prenait certes un certain temps mais elle pouvait bien faire un compromis pour ce qui leur attendait une fois seule. Elle échangea quelques mots avec la gérante, s’assurant ainsi qu’elles ne seraient pas dérangée avant un bon moment : on viendra retirer le baquet en fin d’après-midi lorsqu’elles seront sortis pour régler quelques affaires en ville.

Le calme revint enfin. Un nouveau ballet pouvait commencer.

Émeraudes malicieuses cherchèrent ses jumelles azures. D’une marche féline, elle revint près du lit et tendit les mains pour relever la douce et l’attirer enfin à elle, dévorant non pas ses lèvres en premier mais butina son cou avec délice avant sceller leurs lippes à nouveau. Ses mains ne précipitèrent pas, glissèrent sur le corset, flattèrent délicieusement ses courbes avant qu’elle ne vienne se débarrasser des barrières de tissu l’empêchant d’accéder à l’objet de ses convoitises. Ah, nulle doute qu’un certain seigneur devait ruminer actuellement de ne pouvoir être à sa place.

Désormais à nues, Ivana pourra admirer les nombreuses cicatrices qu’arbore Edelweiss, celui attirant plus l’oeil étant la morsure de lycan sur son avant-bras droit. Mains fermes manipulèrent cet autre corps à sa merci et peau contre peau, la brune se glissa dans l’eau chaude, lui arrachant un soupir de bien-être. La belle aux boucles d’or face à elle, elle déposa quelques baisers sur sa peau délicieuse.

-Alors ? As-tu encore le coeur brisé par ce vil goujat? Que puis-je faire pour y remédier ? Susurra-t-elle dans une langue qu’elles seules comprendraient.

Oh, ces quatre jours promettaient bien des choses. Edelweiss avait hâte.

@feat eve de harcourt acte 0. scène ??

Quand fut la dernière fois qu’Edelweiss – ou même Stanislava – avait éprouvé autant de désir et d’excitation à passer les heures qui suivent dans les bras de quelqu’un ? Elle n’arrivait pas à s’en souvenir tant elle était accaparé à l’idée de profiter de la belle nymphe dans ses bras. Mais une chose était sûre : elle allait en profiter plus que jamais. Elle l’avait bien mérité après toutes ses contrariétés que lui offrait la guerre. Et Ivana semblait clairement dans le même état d’esprit qu’elle. Que demander de plus ?

-Dans ce cas, laisse moi t’aider à oublier…

Si quelqu’un passait devant leur porte en ce moment, ils entendraient sûrement rires légers et soupirs lascifs sans aucun doute. Dessiner chaque courbe de la jolie blonde pour savourer chacun de ses sons délicieux qui glissaient de ses lèvres toutes aussi délicieuses. Mains remontant le long de ses bras, caressant du bout des doigts cette nuque gracile qu’elle croqua du bout des lèvres, elle vint les lier avec douceur, caressant les boucle d’or.

-Je veux tout de toi… Ce que tu m’as offert et que ce tu n’as pas encore offert… Tourne-toi…

Elle laissa sa consœur se mouvoir librement avant de revenir poser ses mains sur ses hanches. Se relevant légèrement, elle lui prit les mains et les posa sur le rebord du baquet pour qu’elle s’appuie dessus avant de se mettre debout derrière Ivana et saisir doucement sa mâchoire pour venir accaparer ses lippes une nouvelle fois dans un nouveau ballet. De sa main libre, elle dégagea sa nuque de ses longs cheveux blonds pour apposer ses lèvres sur la peau tendre, effleurant l’épiderme du bout de ses canines. Edelweiss forma un chemin de baiser le long de sa colonne vertébrale, insistant malicieusement sur chacune des marques parsemant sa peau pâle.

-Laisse-moi te dévorer entière, ainsi je dévorerai ta peine, souffla-t-elle dans le creux de ses reins.

Doigts malicieux caressèrent une nouvelle fois cette peau offerte et tentatrice. Elle cajola encore une fois – pas la dernière fois – les belles courbes avant de venir cueillir le fruit d’un jardin secret qu’elle était prête à explorer sans s’en lasser une seule seconde. Quatre jours allaient être courts et, comme Ivana l’avait si bien dit, hors de question d’en prendre une seule miette.

@feat eve de harcourt acte 0. scène ??

Les moments de sa vie où Stanislava s’était sentie calme étaient rares. Si rares qu’il pouvait sûrement se compter sur les doigts de la main. Mais ce qui rendaient ces moments encore plus uniques et chers à son coeur. La première qui lui venait en tête immédiatement se profilait sous un ciel bleu infini et sans nuage. Un matin d’hiver, le froid mordant ses joues, la neige recouvrant arbres et plaines de son épais manteau immaculé. Le Temps était figé. Seul le bruit de la nature et de sa respiration perturbait le silence. Ce moment de quiétude avant d’aller chasser, au petit matin, était son moment préféré. Boris lui répétait sans d’être à l’affût, d’avoir les yeux partout. Pourtant, elle ne pouvait détacher son regard de l’infini bleuté au-dessus de sa tête.

Ce même bleu qu’elle retrouvait dans les prunelles désireuses de la belle nymphe dans ses bras. Ce souvenir semblait encore plus pur si elle resongeait à ses quatre jours emplis d’interdits et de désirs charnels. Dans cette chambre d’une auberge quelconque, le temps d’un soupir, le temps de plusieurs nuits, Edelweiss n’était plus Edelweiss. Stanislava n’existait pas. Il ne restait que d’elle soif et luxure. Fondre et s’unir avec cette âme peut-être aussi en perdition comme elle. Une âme capable de comprendre que même en abandonnant tout, le poids sur son coeur ne s’allégeait en rien. Il n’en devenait que plus lourd. Les mots ne franchiront jamais mais ils étaient là. Sur le bout des lèvres, de leurs doigts, dans le creux de leurs mains. Et c’était bien suffisant. Amplement suffisant.

Mais le Temps manquait.

Et le Destin semblait les tirer sur des chemins différents.

Pour mieux se retrouver, essaya-t-elle de s’en convaincre. Dans une un an, dans cinq ans, dans une autre vie. Toutes deux n’en savaient rien mais elles en étaient persuadées.

Une main dans la cascade d’or qui avait illuminé ces dernières nuits, Edelweiss chercha les mots pour répondre à ses interrogations.

Elle fuyait. Comme moi. Mais était-ce vraiment la solution ?

Pouvaient-elles fuir éternellement ? Non. Bien sûr que non.

-Je partirai au Nord… Plus au Nord encore… J’ai des comptes à régler là-bas, répondit-elle du bout des lèvres.

Sa main libre vint caresser tendrement sa nuque, effleura à peine la rose bleue à son cou avant de les glisser doucement contre la pulpe de ses lèvres.

-Je t’aurai sans doute ravie dans une autre vie… Mais tu as ma parole. Si nos chemins venaient à se recroiser, quelque que soit tes choix, je t’aiderai dans l’ombre.

Promesse scellée d’un baiser.

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