Sam 10 Avr - 2:56
Basta Ya
Imane, aimes-tu encore Paris ? Ta ville est triste depuis des années. Regarde, même ton beau théâtre a vieilli. Je reste un instant interdit devant la bâtisse à l'abandon comme un fantôme devant l'ombre de sa crypte. Il fait nuit. Il fait toujours nuit pour moi maintenant, enfin ça tu le sais. Ce quartier qui autrefois a recueilli nos rires et nos étreintes a l'air bien vide désormais. À peine quelques passants, un chien errant qui file le museau au sol, coursant quelques rats. Volets fermés, silence respectueux. Mes doigts caressent les cordes de ma guitare, il me vient à l'idée que je pourrais secouer tout cette morosité par la peau du cou en hurlant de tout mon saoul un cancan espagnol. Je la range tout de même dans mon dos car il me vient également à l'idée qu'on serait bien capable de me jeter un seau de détritus sur la tête ou pire encore si je venais à agiter tout Paris à la tombée du soir. Depuis la peste, les gens ne savent plus rire. Dommage pour eux, je garde mes entrains pour moi.
Je suis pourtant bien habillé aujourd'hui et même parfumé. Je pensais bêtement pouvoir me faufiler au théâtre. J'avais complètement oublié que lorsque les gens meurent, on aime plus jouer la comedia del arte. Pourtant, c'est quand le malheur rode qu'on a jamais autant besoin du théâtre et de ses acteurs trop fardés.
Bah, tant pis. Où est le quartier rouge déjà ? Je n'ai qu'à aller me réfugier contre la poitrine d'une pauvre racoleuse. Il y en aura bien une qui se souviendra de moi et voudra bien me faire un prix. Elle aura pris des rides et moi non. Je lui dirais juste que Dieu m'a fait chanceux et que le soleil d'Espagne conserve bien en me perdant dans ses cheveux et son parfum. Oui je vais faire ça tiens.
Mains dans les poches, tête dans l'air frais du soir, je flane direction la maison de passe la plus proche. Je n'ai peur de rien, le noir m'appartient. L'avantage d'être honni de Dieu c'est qu'on a plus besoin de lui pour se défendre. Oh bien sûr je n'aime pas la violence. Mais j'aime encore plus ne pas avoir à dépendre de qui que ce soit pour pour me débrouiller. Les coupe-jarrets n'ont jamais les dents aussi longues que les miennes. Et quand bien même ce serait le cas, ils ne courent pas aussi vite que moi. Bien sûr Imane m'a appris qu'il faut prendre garder à filer le long des murs, ne pas trop s'attarder, rester aux aguets mais Imane n'est plus là et moi je suis plutôt occuper à suivre des yeux cette ombre encapuchonnée qui glisse sur le boulevard désert pile dans ma direction. Elle fait de son mieux la petite, mais on voit très bien à sa silhouette que c'est une fille. Et une fille ne devrait pas trainer tout seule à cette heure-là. Et moi je suis curieux à défaut d'avoir l'air bien méchant. Je fais semblant de ne pas lui prêter attention, je la laisse s'approcher et quand elle arrive à ma hauteur, oupsie mes pieds s'emmêlent dans les siens. On se percute, je la rattrape. J'en profite pour regarder son visage maintenant mis à nu sous les rayons de la lune.
▬ ¿Qué hace una estrella volando tan bajo? Me suis-je exclamé avec un sourire jusqu'aux oreilles. Bingo elle est jolie ! Ravissante même. Un peu jeune mais je ne crache pas sur une aubaine pareille. Peut-être... Peut-être que je peux tenter ? Allez, ça ne coute rien d'essayer. Je ne savais pas que les étoiles filantes volaient si bas ! Traduis-je alors en me reculant sans la lâcher. Mais je ne suis pas (trop) un rustre, je ne lui sers pas le poignet, en fait je ne lui sers rien du tout. Un geste brusque et elle est libre de détaler comme un lapin.
Je ne lui fais pas le coup du gars qui prétend vouloir la protéger même si ça me coûte. Je me doute qu'une fille qui s'aventure toute seule si tard n'a pas besoin d'un inconnu pour l'escorter.
▬ Tu es à deux pas du quartier chaud bella. Tu en reviens ou tu le cherches ? Elle me semble trop jolie pour être une fille à soldat ordinaire, peut-être une amante pour riches dévergondés mais normalement ces jolis coeurs là ne courent pas littéralement dans les rues. Moi je suis l'exception qui confirme la règle.
Je suis pourtant bien habillé aujourd'hui et même parfumé. Je pensais bêtement pouvoir me faufiler au théâtre. J'avais complètement oublié que lorsque les gens meurent, on aime plus jouer la comedia del arte. Pourtant, c'est quand le malheur rode qu'on a jamais autant besoin du théâtre et de ses acteurs trop fardés.
Bah, tant pis. Où est le quartier rouge déjà ? Je n'ai qu'à aller me réfugier contre la poitrine d'une pauvre racoleuse. Il y en aura bien une qui se souviendra de moi et voudra bien me faire un prix. Elle aura pris des rides et moi non. Je lui dirais juste que Dieu m'a fait chanceux et que le soleil d'Espagne conserve bien en me perdant dans ses cheveux et son parfum. Oui je vais faire ça tiens.
Mains dans les poches, tête dans l'air frais du soir, je flane direction la maison de passe la plus proche. Je n'ai peur de rien, le noir m'appartient. L'avantage d'être honni de Dieu c'est qu'on a plus besoin de lui pour se défendre. Oh bien sûr je n'aime pas la violence. Mais j'aime encore plus ne pas avoir à dépendre de qui que ce soit pour pour me débrouiller. Les coupe-jarrets n'ont jamais les dents aussi longues que les miennes. Et quand bien même ce serait le cas, ils ne courent pas aussi vite que moi. Bien sûr Imane m'a appris qu'il faut prendre garder à filer le long des murs, ne pas trop s'attarder, rester aux aguets mais Imane n'est plus là et moi je suis plutôt occuper à suivre des yeux cette ombre encapuchonnée qui glisse sur le boulevard désert pile dans ma direction. Elle fait de son mieux la petite, mais on voit très bien à sa silhouette que c'est une fille. Et une fille ne devrait pas trainer tout seule à cette heure-là. Et moi je suis curieux à défaut d'avoir l'air bien méchant. Je fais semblant de ne pas lui prêter attention, je la laisse s'approcher et quand elle arrive à ma hauteur, oupsie mes pieds s'emmêlent dans les siens. On se percute, je la rattrape. J'en profite pour regarder son visage maintenant mis à nu sous les rayons de la lune.
▬ ¿Qué hace una estrella volando tan bajo? Me suis-je exclamé avec un sourire jusqu'aux oreilles. Bingo elle est jolie ! Ravissante même. Un peu jeune mais je ne crache pas sur une aubaine pareille. Peut-être... Peut-être que je peux tenter ? Allez, ça ne coute rien d'essayer. Je ne savais pas que les étoiles filantes volaient si bas ! Traduis-je alors en me reculant sans la lâcher. Mais je ne suis pas (trop) un rustre, je ne lui sers pas le poignet, en fait je ne lui sers rien du tout. Un geste brusque et elle est libre de détaler comme un lapin.
Je ne lui fais pas le coup du gars qui prétend vouloir la protéger même si ça me coûte. Je me doute qu'une fille qui s'aventure toute seule si tard n'a pas besoin d'un inconnu pour l'escorter.
▬ Tu es à deux pas du quartier chaud bella. Tu en reviens ou tu le cherches ? Elle me semble trop jolie pour être une fille à soldat ordinaire, peut-être une amante pour riches dévergondés mais normalement ces jolis coeurs là ne courent pas littéralement dans les rues. Moi je suis l'exception qui confirme la règle.
Lun 12 Avr - 23:53
Withering wondersFlowers that lose their shape
Un concours de circonstances.
Les choses commencèrent ainsi : Béatrice passait, à l’occasion, près de cet endroit où se trouvait normalement son ami cocher lorsqu’il ne voyageait pas, attendant la clientèle. Il s’avérait, depuis quelques jours, qu’elle ne l’avait pas aperçu, là où elle devrait faire quelques pas, entendre un salut lointain, lui faire un signe, un sourire, et continuer sa route. Et certes elle ne nécessitait pas ses services pour une course, faute là encore de mission urgente, elle devait avouer le silence de l’avenue bien pesant lorsqu’elle était habitué à ses « Bonjour, Mademoiselle Béatrice ! » étouffés par le pas des passants.
Simple curiosité, se promit-elle, en demandant de ses nouvelles à qui de droit.
Une curiosité qui se transforma en conversation, puis en détails — le vieillard malade, les quartiers mal famés, famille décimée par la peste, pas beaucoup d’argent : l’apanage du petit peuple de Paris. Ce genre de choses arrivait tous les jours. Pourtant, elle y pensa pour le reste de la journée.
Le reste de la soirée, elle enfila ses bottes, son long manteau, rabattit sa capuche, et fit route jusqu’aux quartiers délabrés de la ville. L’allée se déroula sans encombre, tout comme l’arrivée. Et même leur discussion, tout embarrassée qu’était la sorcière alors qu’il rayonnait malgré sa quinte de toux. Le propre de ceux qui recevait rarement.
C’est le retour qui posa problème.
Des gens à cette heure, il y en avait quelques uns qui arpentaient les rues, mais celui là la suivait, elle en avait la certitude. Tandis qu’elle marchait, sentant à chaque enjambées le poids de sa dague contre sa cuisse, son autre paire d’yeux était rivée sur l’ombre mauvaise qui la côtoyait depuis trop longtemps déjà.
Il lui suffirait sans doute de sortir d’ici. Elle croisait parfois des gardes, dans le centre ville, effectuant quelques rondes pour la sécurité des citoyens. Leurs épées et leurs nombres devraient décourager n’importe qui. En attendant, la sorcière marchait droit devant elle, l’oreille tendue au cas où le pas deviendrait une course, et l’âme ouverte à l’alerte que son pouvoir sonnerait le cas échéant. Ce genre de confrontation la dégoûtait. Elle préférait encore ne pas avoir à sortir sa lame.
Et sur cette pensée —
Elle trébucha.
▬ ¿Qué hace una estrella volando tan bajo ?
— Je vous demande pardon ?
Qu’est-ce que c’était que ça encore ? Dans sa chute, son pouvoir avait tremblé : elle tenta de jeter un regard en arrière pour l’ancrer dans cette cible perdue, mais l’étranger eut la délicatesse de répondre à sa question très vite, ce qui la poussa à lui faire face, pas plus rassurée qu’auparavant. Ça lui apprendra à marcher droit sans vraiment regarder vers quoi.
Les étoiles filantes, donc. Béatrice n’était pas sûre que la comparaison avec un astre d’une beauté fugace et éphémère, qui flétrissait et disparaissait dans l’instant, lui plaisait beaucoup, mais il y avait assurément des questions plus importantes pour le moment.
Ce qui d’ailleurs, ne semblait faire ni chaud ni froid au garçon, qui poursuivit de plus belle. Au moins venait-il de crever cette bulle de misère dans laquelle elle s’était embourbée. Si les années l’avaient habitué à l’idée de se défendre des créatures, devoir en prime se défendre des humains lui laissait toujours un goût amer dans la bouche.
— Non. Je le fuis.
Elle s’apaisa un peu en sentant que son pouvoir aboyait encore sur la présence derrière elle... Mais pas celle devant. Si elle restait aussi raide qu’une planche de bois, peu habituée à une telle proximité avec un membre du sexe opposé, elle ne quitta pas pour autant sa présence qui était ce qu’il y avait de plus rassurant dans cette ruelle sombre où venait mourir les rayons de la lune.
— Vous ne devriez pas rester ici, Monsieur, ou on dira de vous que vous étiez au mauvais endroit au mauvais moment. Sans se tourner, elle indiqua l’arrière d’un coup d’œil entendu, avant de lui jeter un regard compatissant.
Les choses commencèrent ainsi : Béatrice passait, à l’occasion, près de cet endroit où se trouvait normalement son ami cocher lorsqu’il ne voyageait pas, attendant la clientèle. Il s’avérait, depuis quelques jours, qu’elle ne l’avait pas aperçu, là où elle devrait faire quelques pas, entendre un salut lointain, lui faire un signe, un sourire, et continuer sa route. Et certes elle ne nécessitait pas ses services pour une course, faute là encore de mission urgente, elle devait avouer le silence de l’avenue bien pesant lorsqu’elle était habitué à ses « Bonjour, Mademoiselle Béatrice ! » étouffés par le pas des passants.
Simple curiosité, se promit-elle, en demandant de ses nouvelles à qui de droit.
Une curiosité qui se transforma en conversation, puis en détails — le vieillard malade, les quartiers mal famés, famille décimée par la peste, pas beaucoup d’argent : l’apanage du petit peuple de Paris. Ce genre de choses arrivait tous les jours. Pourtant, elle y pensa pour le reste de la journée.
Le reste de la soirée, elle enfila ses bottes, son long manteau, rabattit sa capuche, et fit route jusqu’aux quartiers délabrés de la ville. L’allée se déroula sans encombre, tout comme l’arrivée. Et même leur discussion, tout embarrassée qu’était la sorcière alors qu’il rayonnait malgré sa quinte de toux. Le propre de ceux qui recevait rarement.
C’est le retour qui posa problème.
Des gens à cette heure, il y en avait quelques uns qui arpentaient les rues, mais celui là la suivait, elle en avait la certitude. Tandis qu’elle marchait, sentant à chaque enjambées le poids de sa dague contre sa cuisse, son autre paire d’yeux était rivée sur l’ombre mauvaise qui la côtoyait depuis trop longtemps déjà.
Il lui suffirait sans doute de sortir d’ici. Elle croisait parfois des gardes, dans le centre ville, effectuant quelques rondes pour la sécurité des citoyens. Leurs épées et leurs nombres devraient décourager n’importe qui. En attendant, la sorcière marchait droit devant elle, l’oreille tendue au cas où le pas deviendrait une course, et l’âme ouverte à l’alerte que son pouvoir sonnerait le cas échéant. Ce genre de confrontation la dégoûtait. Elle préférait encore ne pas avoir à sortir sa lame.
Et sur cette pensée —
Elle trébucha.
▬ ¿Qué hace una estrella volando tan bajo ?
— Je vous demande pardon ?
Qu’est-ce que c’était que ça encore ? Dans sa chute, son pouvoir avait tremblé : elle tenta de jeter un regard en arrière pour l’ancrer dans cette cible perdue, mais l’étranger eut la délicatesse de répondre à sa question très vite, ce qui la poussa à lui faire face, pas plus rassurée qu’auparavant. Ça lui apprendra à marcher droit sans vraiment regarder vers quoi.
Les étoiles filantes, donc. Béatrice n’était pas sûre que la comparaison avec un astre d’une beauté fugace et éphémère, qui flétrissait et disparaissait dans l’instant, lui plaisait beaucoup, mais il y avait assurément des questions plus importantes pour le moment.
Ce qui d’ailleurs, ne semblait faire ni chaud ni froid au garçon, qui poursuivit de plus belle. Au moins venait-il de crever cette bulle de misère dans laquelle elle s’était embourbée. Si les années l’avaient habitué à l’idée de se défendre des créatures, devoir en prime se défendre des humains lui laissait toujours un goût amer dans la bouche.
— Non. Je le fuis.
Elle s’apaisa un peu en sentant que son pouvoir aboyait encore sur la présence derrière elle... Mais pas celle devant. Si elle restait aussi raide qu’une planche de bois, peu habituée à une telle proximité avec un membre du sexe opposé, elle ne quitta pas pour autant sa présence qui était ce qu’il y avait de plus rassurant dans cette ruelle sombre où venait mourir les rayons de la lune.
— Vous ne devriez pas rester ici, Monsieur, ou on dira de vous que vous étiez au mauvais endroit au mauvais moment. Sans se tourner, elle indiqua l’arrière d’un coup d’œil entendu, avant de lui jeter un regard compatissant.
Dim 18 Avr - 23:02
Basta Ya
Imane, tu ne serais sans doute pas fière de moi. Vois comme mon sourire s'étend quand au minois de l'ange s'ajoute un adorable gazouillement. Le problème avec les étoiles c'est que quand elles vous tombent dessus (même avec un tout petit, petit coup de pouce du destin), on ne peut pas s'empêcher d'en tomber amoureux. Oui voilà, je le clame sur tous les toits, je suis sous le charme ! La voûte céleste peut bien s'écrouler sur ma tête, je ne quitterai pas des yeux cette belle comète blonde.
▬ Un copain trop insistant hein ?
Le problème avec les étoiles c'est aussi qu'elles entrainent souvent de la vermine dans leurs sillons. Mon oeil ne manque pas cette ombre à peine tapie dans l'obscurité qui nous regarde. Désolé mon gros, mais il va falloir changer de prise. Et d'approche aussi parce qu'on n'attrape pas les étoiles en les filant à l'anglaise comme un vieux clébard sur la piste d'une femelle en chaleur. Où sont passées les bonnes manières non mais ?
▬ Moi je crois au contraire être au bon endroit au bon moment parce qu'il faut quand même beaucoup de chance pour être pile à l'endroit où les anges tombent du ciel. Ou des bordels mais on s'en fiche, ça rime c'est presque pareil. Et puis toi aussi bella parce que je maîtrise une technique ancestrale infaillible pour me débarrasser des GROS MARGOULINS !
Même qu'elle est mieux que la bagarre qui abime les costumes et tâche les mains ! Je bombe le torse, mains sur les hanches dans la rue, attendant de voir quelle sera la réaction du malotru. Si le pois chiche qui lui sert de cervelle fonctionne, il ferait mieux de recul... Oh non. Il est très grand. Il est énorme même ! Et il n'a clairement pas l'air d'être du genre à avoir peur de se salir la chemise. Vraiment elle a de la chance, la mignonne parce que je m'apprête à dégainer ma botte secrète.
▬ Ça s'appelle la carrera ! Me suis-je alors exclamé en tirant cette fois-ci vivement sur son poignet pour l'entrainer dans une ruelle adjacente, tapant mon plus beau sprint et l'entrainant avec moi à grandes enjambées folles dans une succession d'allées.
Ce serait un comble pour une étoile filante de... ne pas pouvoir filer.
▬ Un copain trop insistant hein ?
Le problème avec les étoiles c'est aussi qu'elles entrainent souvent de la vermine dans leurs sillons. Mon oeil ne manque pas cette ombre à peine tapie dans l'obscurité qui nous regarde. Désolé mon gros, mais il va falloir changer de prise. Et d'approche aussi parce qu'on n'attrape pas les étoiles en les filant à l'anglaise comme un vieux clébard sur la piste d'une femelle en chaleur. Où sont passées les bonnes manières non mais ?
▬ Moi je crois au contraire être au bon endroit au bon moment parce qu'il faut quand même beaucoup de chance pour être pile à l'endroit où les anges tombent du ciel. Ou des bordels mais on s'en fiche, ça rime c'est presque pareil. Et puis toi aussi bella parce que je maîtrise une technique ancestrale infaillible pour me débarrasser des GROS MARGOULINS !
Même qu'elle est mieux que la bagarre qui abime les costumes et tâche les mains ! Je bombe le torse, mains sur les hanches dans la rue, attendant de voir quelle sera la réaction du malotru. Si le pois chiche qui lui sert de cervelle fonctionne, il ferait mieux de recul... Oh non. Il est très grand. Il est énorme même ! Et il n'a clairement pas l'air d'être du genre à avoir peur de se salir la chemise. Vraiment elle a de la chance, la mignonne parce que je m'apprête à dégainer ma botte secrète.
▬ Ça s'appelle la carrera ! Me suis-je alors exclamé en tirant cette fois-ci vivement sur son poignet pour l'entrainer dans une ruelle adjacente, tapant mon plus beau sprint et l'entrainant avec moi à grandes enjambées folles dans une succession d'allées.
Ce serait un comble pour une étoile filante de... ne pas pouvoir filer.
Dim 25 Avr - 21:28
Withering wondersFlowers that lose their shape
Il aurait dû détaler aussitôt, mais voilà qu’il restait là, avec ces mêmes phrases enjôleuses et cet air de tombeur. S’efforçant de se faire toute petite dans les bras du garçon, sentant déjà la catastrophe arriver droit sur eux comme un cheval en panique, Béatrice ne put s’empêcher de se demander : venait-il la sortir d’affaire, ou au contraire empirer celle-ci ?
Il fallait dire que l’aura de confiance qui émanait de lui en beaux rayons perdait un peu de son lustre sur un tel gabarit. La sorcière était habituée à être entourée de géants (elle vivait bien avec l’un d’eux) et comptait en guise de collègues des hommes comme Caelestis ou Scar, qui mettrait l’agaçant poursuivant à terre avec une pichenette.
Mais ce jeune homme là... Disons que ça lui demanderait peut être deux ou trois pichenettes.
Ou cinquante.
Suffisamment en tout cas pour agacer cette ombre qui les filait, qu’elle parte d’ennui devant un tel acharnement.
Mais voilà qu’il parlait d’une technique ancestrale et infaillible. Voilà qu’il l’hurlait, même. Toujours dans son étreinte, Béatrice se mordit la lèvre, clairement timide de cette soudaine explosion quant bien même la situation ne s’y prêtait guère — qu’ils n’étaient certainement pas les plus malotrus de la ruelle. Derrière eux, l’ombre resta immobile un instant, comme surprise d’une telle audace, avant de quitter sa peau d’obscurité pour devenir un monsieur bien en chair, grand, très grand, en tout cas vu de leur point de vue respectif.
Elle sentit un rouge vindicatif émaner de lui, ponctué d’un peu de jaune embarrassé — la curieuse insulte de son sauveur avait au moins eu le mérite de faire mouche. Entre temps, ce dernier l’avait d’ailleurs lâché pour pouvoir bomber le torse et serrer les poings sans grand effet, poussant Béatrice à effleurer son poignet en guise d’avertissement. La nuit s’essorait de la tension qui gouttait en lourdes perles. Le premier coup allait filer, et Béatrice craignait aussi qu’il ne soit le dernier.
C’est ce moment que choisit le garçon pour dévoiler sa fameuse botte secrète : attraper ce même poignet que Béatrice avait abandonné près du sien et se tirer de là. Tandis que la sorcière commençait à courir, elle sentit les deux teintes distinctes se rassembler en un blanc confus dans son dos.
Dans sa course, elle regardait droit devant elle, et pourtant ne lâchait plus la couleur à quelques pas, puis quelques mètres, puis quelques dizaines de mètres d’eux, avant que les ruelles qui s’entrecroisaient ne la dévore. Eux même prirent nombre de virages, et sans cette couleur bien dans sa main, la chasseuse aurait pu craindre qu'ils ne reviennent sur leur pas et retombe sur ledit margoulin très en colère.
Mais plus rien.
Ils l’avaient semé.
À bout de souffle, Béatrice accrocha la main du jeune homme pour l’inviter à s’arrêter, jetant un dernier regard autour d’eux pour s’assurer que son don ne s’amusait pas avec une farce qui pouvait lui coûter très cher. Personne. Pas même le bruit des bottes qui claquaient sur le pavé.
— Je... Pense que ça suffit.
Elle reprit aussitôt sa main pour plutôt balayer la poussière de ses vêtements et resserrer ses gants autour de ses doigts.
— La « carrera », donc. Je vois le côté ancestral, mais pas infaillible.
Elle profita de ce répit pour remettre ses longs cheveux blonds en ordre, retrouvant son souffle égaré entre les pierres.
— C'est une technique que vous éprouvez si souvent que ça ? En voilà une façon bien originale de passer sa soirée.
Il fallait dire que l’aura de confiance qui émanait de lui en beaux rayons perdait un peu de son lustre sur un tel gabarit. La sorcière était habituée à être entourée de géants (elle vivait bien avec l’un d’eux) et comptait en guise de collègues des hommes comme Caelestis ou Scar, qui mettrait l’agaçant poursuivant à terre avec une pichenette.
Mais ce jeune homme là... Disons que ça lui demanderait peut être deux ou trois pichenettes.
Ou cinquante.
Suffisamment en tout cas pour agacer cette ombre qui les filait, qu’elle parte d’ennui devant un tel acharnement.
Mais voilà qu’il parlait d’une technique ancestrale et infaillible. Voilà qu’il l’hurlait, même. Toujours dans son étreinte, Béatrice se mordit la lèvre, clairement timide de cette soudaine explosion quant bien même la situation ne s’y prêtait guère — qu’ils n’étaient certainement pas les plus malotrus de la ruelle. Derrière eux, l’ombre resta immobile un instant, comme surprise d’une telle audace, avant de quitter sa peau d’obscurité pour devenir un monsieur bien en chair, grand, très grand, en tout cas vu de leur point de vue respectif.
Elle sentit un rouge vindicatif émaner de lui, ponctué d’un peu de jaune embarrassé — la curieuse insulte de son sauveur avait au moins eu le mérite de faire mouche. Entre temps, ce dernier l’avait d’ailleurs lâché pour pouvoir bomber le torse et serrer les poings sans grand effet, poussant Béatrice à effleurer son poignet en guise d’avertissement. La nuit s’essorait de la tension qui gouttait en lourdes perles. Le premier coup allait filer, et Béatrice craignait aussi qu’il ne soit le dernier.
C’est ce moment que choisit le garçon pour dévoiler sa fameuse botte secrète : attraper ce même poignet que Béatrice avait abandonné près du sien et se tirer de là. Tandis que la sorcière commençait à courir, elle sentit les deux teintes distinctes se rassembler en un blanc confus dans son dos.
Dans sa course, elle regardait droit devant elle, et pourtant ne lâchait plus la couleur à quelques pas, puis quelques mètres, puis quelques dizaines de mètres d’eux, avant que les ruelles qui s’entrecroisaient ne la dévore. Eux même prirent nombre de virages, et sans cette couleur bien dans sa main, la chasseuse aurait pu craindre qu'ils ne reviennent sur leur pas et retombe sur ledit margoulin très en colère.
Mais plus rien.
Ils l’avaient semé.
À bout de souffle, Béatrice accrocha la main du jeune homme pour l’inviter à s’arrêter, jetant un dernier regard autour d’eux pour s’assurer que son don ne s’amusait pas avec une farce qui pouvait lui coûter très cher. Personne. Pas même le bruit des bottes qui claquaient sur le pavé.
— Je... Pense que ça suffit.
Elle reprit aussitôt sa main pour plutôt balayer la poussière de ses vêtements et resserrer ses gants autour de ses doigts.
— La « carrera », donc. Je vois le côté ancestral, mais pas infaillible.
Elle profita de ce répit pour remettre ses longs cheveux blonds en ordre, retrouvant son souffle égaré entre les pierres.
— C'est une technique que vous éprouvez si souvent que ça ? En voilà une façon bien originale de passer sa soirée.
Mer 12 Mai - 0:03
Basta Ya
Paris est comme toutes les grandes villes : ses rues s'emmêlent les unes sur les autres, créent des coupes-gorges, des passages étroits qui s'entrechoquent dans des carrefours mal éclairés et créent des serpentins de pavés sur lesquels il est aisé pour deux jeunes gens agiles de disparaitre dans la noirceur des soirées même si dans ma course moi je ne peux m'empêcher de rire parce qu'avec mes sens, je devine très vite que le gros balourd perd vite notre trace. C'en est presque décevant. Mais le jeu du chat et de la souris n'est pas complètement fini.
Au bout de quelques minutes de cavalcade, on s'arrête à l'angle d'une ruelle sous une lanterne à la chandelle à bout de souffle. Et j'ai beau faire semblant de respirer plus vite, feindre l'halètement, un peu plié sur moi-même, une main sur mon torse, mon coeur ne bat plus fort que d'ordinaire. Il bat même très, très lentement. À l'intérieur de moi tout est froid, tout est éteint depuis longtemps. Sous l'éclairage timide de cette bougie à demi-mourante, j'ai les yeux qui brillent. Comme un chat. La souris a repris son poignet. Ses moustaches frétillent alors qu'elle replace sa chevelure et lâche un commentaire qui me fait aussitôt répliquer :
▬ Jusqu'ici elle ne m'a jamais failli c'est donc qu'elle est infaillible bella !
Je me redresse alors fièrement, balaye d'un grand geste dramatique une des mèches à mon front, feignant d'essuyer l'inexistante sueur à mon front et puis jette un coup d'oeil aux alentours. Vide. Pour le moment. Il n'y a que nous je crois, peut-être au loin quelques autres promeneurs nocturnes mais ils ne font que passer. De toutes façons, j'ai déjà ma souris pour ce soir. Alors je mime un petit air affolé, plisse un peu les lèvres, fronce les sourcils et m'exclame :
▬ Misère ! Je ne reconnais pas du tout l'endroit ! Je crois que nous sommes égarés ! Mais je suis moins bon acteur que ce que je veux croire : dans ma voix on sent bien comme une pointe d'enthousiasme. Bella ! Tu es ma seul lueur d'espoir ! Accepterais-tu d'éclairer un peu ma nuit et de me guider à bon port ?
Je m'incline bien bas lui tendant un bras, lui offrant cette fois-ci le choix de se coller à moi (on est galant homme ou on ne l'est pas). Ça c'est comme la carrera c'est une technique infaillible, sauf que je relève légèrement la tête et...
▬ Avec des yeux lumineux comme les tiens, qui a besoin d'une lanterne ? J'ai pas pu me retenir.
Je vous jure que ça sonne mieux en espagnol.
Au bout de quelques minutes de cavalcade, on s'arrête à l'angle d'une ruelle sous une lanterne à la chandelle à bout de souffle. Et j'ai beau faire semblant de respirer plus vite, feindre l'halètement, un peu plié sur moi-même, une main sur mon torse, mon coeur ne bat plus fort que d'ordinaire. Il bat même très, très lentement. À l'intérieur de moi tout est froid, tout est éteint depuis longtemps. Sous l'éclairage timide de cette bougie à demi-mourante, j'ai les yeux qui brillent. Comme un chat. La souris a repris son poignet. Ses moustaches frétillent alors qu'elle replace sa chevelure et lâche un commentaire qui me fait aussitôt répliquer :
▬ Jusqu'ici elle ne m'a jamais failli c'est donc qu'elle est infaillible bella !
Je me redresse alors fièrement, balaye d'un grand geste dramatique une des mèches à mon front, feignant d'essuyer l'inexistante sueur à mon front et puis jette un coup d'oeil aux alentours. Vide. Pour le moment. Il n'y a que nous je crois, peut-être au loin quelques autres promeneurs nocturnes mais ils ne font que passer. De toutes façons, j'ai déjà ma souris pour ce soir. Alors je mime un petit air affolé, plisse un peu les lèvres, fronce les sourcils et m'exclame :
▬ Misère ! Je ne reconnais pas du tout l'endroit ! Je crois que nous sommes égarés ! Mais je suis moins bon acteur que ce que je veux croire : dans ma voix on sent bien comme une pointe d'enthousiasme. Bella ! Tu es ma seul lueur d'espoir ! Accepterais-tu d'éclairer un peu ma nuit et de me guider à bon port ?
Je m'incline bien bas lui tendant un bras, lui offrant cette fois-ci le choix de se coller à moi (on est galant homme ou on ne l'est pas). Ça c'est comme la carrera c'est une technique infaillible, sauf que je relève légèrement la tête et...
▬ Avec des yeux lumineux comme les tiens, qui a besoin d'une lanterne ? J'ai pas pu me retenir.
Je vous jure que ça sonne mieux en espagnol.
Dim 30 Mai - 19:08
Withering wondersFlowers that lose their shape
Et par originale, elle entendait déplaisante.
Ce genre de course, pour ce genre de raison, elle préférait les vivre dans le cadre de son emploi, fuyant la poursuite sauvage d’une bête qui en voulait à sa vie. Quoi que préférer était un grand mot — au fond comme en surface, elle n’appréciait rien de ces situations mortelles, ici ou ailleurs, mais à choisir : plutôt les limiter au strict nécessaire. Celles auxquelles elle ne pouvait pas réchapper. Les dangers auxquelles sa dette la forcerait à se confronter, encore et toujours.
Or elle ne devait rien aux rues de Paris, et aux rustres sans manières qui arpentaient celles-ci.
Déplaisante, donc.
— Bien entendu. Et comme vous n’êtes jamais mort, ça veut donc dire que vous êtes immortel. Je commence à comprendre.
Elle dit cela avec un petit sourire, n’imaginant pas l’ironie brûlante de ce sarcasme ordinaire. Avec moins de grandiloquence que lui, Béatrice acheva de reprendre son souffle, rodée à de telles errances par les fuites et combats qui composaient son existence aussi insignifiante que ses dérisions.
Devant l’exclamation peu crédible du garçon, la sorcière ne put que croiser les bras en secouant doucement la tête, l’air désespéré malgré les commissures de ses lèvres qui ne voulaient plus redescendre.
— Vous êtes très mauvais comédien.
Et très mauvais tout court. Héros, fuyard, acteur, mauvais à tout ça. Personne ne s’exclamait misère naturellement, et personne ne s’exclamait tout court, à part peut-être Constantin, mais Constantin était un homme sensible : il ne pouvait pas s’en empêcher.
— Et je suis difficilement meilleure guide.
Pour illustrer son propos, Béatrice regarda autour d’elle avec une mine perplexe. Où est-ce qu’ils étaient ? Elle venait rarement dans les quartiers les plus délabrés pour des raisons qui persistaient à s’illustrer sitôt qu’elle oubliait pourquoi. Et étrangement, à chaque fois qu’elle s’y risquait, elle les quittait accompagnée d'un énergumène étrange. Il ne manquerait plus qu’elle croise aussi celui-ci au cours d’une prochaine mission...
Malgré tout, ils devaient sortir d’ici et palabrer éternellement ne les y aiderait pas. Fixant le bras qu’on lui tendait, puis remontant jusqu’au visage enjôleur du garçon, avant de redescendre vers son bras de nouveau, elle tendait tout juste les mains quand il ajouta :
— Avec des yeux lumineux comme les tiens, qui a besoin d'une lanterne ?
Elle arrêta aussitôt son geste, fermant ses doigts contre sa paume dans un geste exaspéré.
— Où est-ce que vous trouvez toutes ces répliques ? demanda-t-elle avec une réelle curiosité dans les voix. Est-ce qu’elles fonctionnent ? En temps normaux, j’entends.
Sans cette précision, Béatrice sentait d’ores et déjà venir le « Oh, je ne sais bella, à toi de me le dire » ponctué d’un clin d’œil séducteur.
Seigneur Dieu. Voilà qu’elle commençait à en inventer, elle aussi.
Avec un soupir, elle lança un regard aussi attendri qu’agacé, avant qu’il ne se solidifie en un autre plus sérieux. Pendant un instant, le garçon lui avait semblé très triste, et puis plus rien.
Ce genre de course, pour ce genre de raison, elle préférait les vivre dans le cadre de son emploi, fuyant la poursuite sauvage d’une bête qui en voulait à sa vie. Quoi que préférer était un grand mot — au fond comme en surface, elle n’appréciait rien de ces situations mortelles, ici ou ailleurs, mais à choisir : plutôt les limiter au strict nécessaire. Celles auxquelles elle ne pouvait pas réchapper. Les dangers auxquelles sa dette la forcerait à se confronter, encore et toujours.
Or elle ne devait rien aux rues de Paris, et aux rustres sans manières qui arpentaient celles-ci.
Déplaisante, donc.
— Bien entendu. Et comme vous n’êtes jamais mort, ça veut donc dire que vous êtes immortel. Je commence à comprendre.
Elle dit cela avec un petit sourire, n’imaginant pas l’ironie brûlante de ce sarcasme ordinaire. Avec moins de grandiloquence que lui, Béatrice acheva de reprendre son souffle, rodée à de telles errances par les fuites et combats qui composaient son existence aussi insignifiante que ses dérisions.
Devant l’exclamation peu crédible du garçon, la sorcière ne put que croiser les bras en secouant doucement la tête, l’air désespéré malgré les commissures de ses lèvres qui ne voulaient plus redescendre.
— Vous êtes très mauvais comédien.
Et très mauvais tout court. Héros, fuyard, acteur, mauvais à tout ça. Personne ne s’exclamait misère naturellement, et personne ne s’exclamait tout court, à part peut-être Constantin, mais Constantin était un homme sensible : il ne pouvait pas s’en empêcher.
— Et je suis difficilement meilleure guide.
Pour illustrer son propos, Béatrice regarda autour d’elle avec une mine perplexe. Où est-ce qu’ils étaient ? Elle venait rarement dans les quartiers les plus délabrés pour des raisons qui persistaient à s’illustrer sitôt qu’elle oubliait pourquoi. Et étrangement, à chaque fois qu’elle s’y risquait, elle les quittait accompagnée d'un énergumène étrange. Il ne manquerait plus qu’elle croise aussi celui-ci au cours d’une prochaine mission...
Malgré tout, ils devaient sortir d’ici et palabrer éternellement ne les y aiderait pas. Fixant le bras qu’on lui tendait, puis remontant jusqu’au visage enjôleur du garçon, avant de redescendre vers son bras de nouveau, elle tendait tout juste les mains quand il ajouta :
— Avec des yeux lumineux comme les tiens, qui a besoin d'une lanterne ?
Elle arrêta aussitôt son geste, fermant ses doigts contre sa paume dans un geste exaspéré.
— Où est-ce que vous trouvez toutes ces répliques ? demanda-t-elle avec une réelle curiosité dans les voix. Est-ce qu’elles fonctionnent ? En temps normaux, j’entends.
Sans cette précision, Béatrice sentait d’ores et déjà venir le « Oh, je ne sais bella, à toi de me le dire » ponctué d’un clin d’œil séducteur.
Seigneur Dieu. Voilà qu’elle commençait à en inventer, elle aussi.
Avec un soupir, elle lança un regard aussi attendri qu’agacé, avant qu’il ne se solidifie en un autre plus sérieux. Pendant un instant, le garçon lui avait semblé très triste, et puis plus rien.
Mar 1 Juin - 22:25
Basta Ya
Ma moue devient boudeuse. Mauvais acteur vraiment ? Ne vient-elle pas pourtant de m'appeler immortel ? C'est bien la preuve qu'elle est loin de se douter de ma vraie nature. Mais ça impossible de lui faire comprendre, ah que c'est tragique que d'être un artiste incompris !
Me penchant alors sur la petite insolente, j'appose une pichenette le bout de son nez en répliquant avec les lèvres pincées
▬ Et toi tu es de mauvaise foi bella. En voilà des façons de remercier ton bienfaiteur !
Ça ne règle pas le problème de savoir où aller. Apposant mes mains sur mes hanches et rétractant mon invitation à la laisser prendre mon bras - un privilège qui d'ailleurs doit se mériter, je fais de même plusieurs tours sur moi-même. Et oui plus besoin de feindre quoi que ce soit, j'avoue tout. J'avoue que je suis réellement perdu.
▬ Ce n'est pas moi qui trouve mes répliques, c'est elles qui viennent me trouver ! Quand on voit un joli coeur, la moindre des choses c'est de lui dire ! L'enfant en moi, brimé, muselé, avili par l'Église a toujours eu en admiration cette figure vulgaire et macho du roublard espagnol. J'aime à penser que mon père était un beau marin, un de ceux avec une femme à chaque port et qui sème des bâtards aux quatre vents. Celui que je ne serais en sommes parce que cette opportunité m'a été arrachée il y a très longtemps. Je le sais que mes accroches ne trouvent pas forcément leurs cibles, mais que voulez-vous ? Vampire ou pas je reste ce rejeton pondu par un père absent et une Église amorale : je joue le rôle que le monde attend de moi. Et d'habitude, elles ont au moins le mérite de faire rire mes répliques ! Vous les parisiennes vous n'y connaissez décidément rien en passion ! Votre beauté, elle ne sert qu'à sermonner et fustiger. Vous êtes toujours froides et fières comme les vierges Marie en marbre de Notre Dame ! Il faut vivre un peu Mademoiselle ! J'ai pris la mouche parce que s'il y a bien une chose que je ne supporte pas c'est qu'on me prenne en pitié et dans son regard bleu j'ai bien reconnu l'étincelle de condescendance propre aux bourgeoises des grandes villas. Qu'est-ce qu'une chipie aussi bien léchée fait donc seule à cette heure indécente de la nuit ?
▬ Bon c'est simple, on a qu'à trouver la Seine. À partir de là on aura qu'à s'orienter en fonction de si nous sommes à l'est ou à l'ouest de l'Île de la Cité. Le tout c'est juste de ne pas se faire égorger sur le trajet parce que vu l'état des maisons et l'éclairage désastreux des ruelles, je crois qu'on est en plein coeur des quartiers délabrés.
Fini le coup du chat et de la souris, je ne vois que deux gamins perdus dans la forêt aux sorcières.
Et même pas de petits cailloux ou de miettes de pains pour retrouver la route, ô misère !
Me penchant alors sur la petite insolente, j'appose une pichenette le bout de son nez en répliquant avec les lèvres pincées
▬ Et toi tu es de mauvaise foi bella. En voilà des façons de remercier ton bienfaiteur !
Ça ne règle pas le problème de savoir où aller. Apposant mes mains sur mes hanches et rétractant mon invitation à la laisser prendre mon bras - un privilège qui d'ailleurs doit se mériter, je fais de même plusieurs tours sur moi-même. Et oui plus besoin de feindre quoi que ce soit, j'avoue tout. J'avoue que je suis réellement perdu.
▬ Ce n'est pas moi qui trouve mes répliques, c'est elles qui viennent me trouver ! Quand on voit un joli coeur, la moindre des choses c'est de lui dire ! L'enfant en moi, brimé, muselé, avili par l'Église a toujours eu en admiration cette figure vulgaire et macho du roublard espagnol. J'aime à penser que mon père était un beau marin, un de ceux avec une femme à chaque port et qui sème des bâtards aux quatre vents. Celui que je ne serais en sommes parce que cette opportunité m'a été arrachée il y a très longtemps. Je le sais que mes accroches ne trouvent pas forcément leurs cibles, mais que voulez-vous ? Vampire ou pas je reste ce rejeton pondu par un père absent et une Église amorale : je joue le rôle que le monde attend de moi. Et d'habitude, elles ont au moins le mérite de faire rire mes répliques ! Vous les parisiennes vous n'y connaissez décidément rien en passion ! Votre beauté, elle ne sert qu'à sermonner et fustiger. Vous êtes toujours froides et fières comme les vierges Marie en marbre de Notre Dame ! Il faut vivre un peu Mademoiselle ! J'ai pris la mouche parce que s'il y a bien une chose que je ne supporte pas c'est qu'on me prenne en pitié et dans son regard bleu j'ai bien reconnu l'étincelle de condescendance propre aux bourgeoises des grandes villas. Qu'est-ce qu'une chipie aussi bien léchée fait donc seule à cette heure indécente de la nuit ?
▬ Bon c'est simple, on a qu'à trouver la Seine. À partir de là on aura qu'à s'orienter en fonction de si nous sommes à l'est ou à l'ouest de l'Île de la Cité. Le tout c'est juste de ne pas se faire égorger sur le trajet parce que vu l'état des maisons et l'éclairage désastreux des ruelles, je crois qu'on est en plein coeur des quartiers délabrés.
Fini le coup du chat et de la souris, je ne vois que deux gamins perdus dans la forêt aux sorcières.
Et même pas de petits cailloux ou de miettes de pains pour retrouver la route, ô misère !
Dim 6 Juin - 19:54
Withering wondersFlowers that lose their shape
Bienfaiteur ? Elle haussa un sourcil. Avec ou sans lui, elle aurait détalé comme un lapin tout pareillement. Si Béatrice devait lui accorder quelques crédits, ce serait celui de lui tenir compagnie pendant qu’elle trouvait l’issue des quartiers mal famés. Lorsqu’il s’éloigna un peu d’elle pour tourner sur lui-même, à la recherche d’un chemin de toute évidence bien dissimulé, la sorcière comprit que l’affaire n’était pas gagnée.
— Uh, se contenta-t-elle de répondre, dubitative devant son argument des jolis coeurs. Ce n’est pas épuisant à la longue ? Il y a beaucoup de belles femmes à Paris.
Elle l’imagina incapable de se rendre d’un point A à un point B à cause de la foule de jolie dame croisée sur la route. L’image eut le mérite de la faire sourire. Et son sourire s’agrandit lorsqu’il se vexa de — elle n’était pas sûre, son manque de réceptivité peut-être ? Plaçant ses mains devant elle en signe d’apaisement, elle lui offrit une expression un peu désolée.
— D’accord, d’accord, vous avez raison.
Pas sur tous les points, bien sûr : pour commencer, elle n’était pas parisienne. Mais elle devait bien admettre ne rien y connaître en passion, et, sans doute, devoir vivre un peu. Les bras croisés, elle fixa le garçon avec un petit sourire tandis qu’il échafaudait un plan pour les sortir de là. La Seine ? Ce n’était pas une mauvaise idée. Mais trouver la Seine, c’était comme trouver la sortie : plus facile à dire qu’à faire. Haussant les épaules, Béatrice tira sur la manche du jeune homme pour l’attirer dans une direction au hasard : il finirait bien par tomber sur quelque chose qui leur donnerait une idée un peu plus claire de leur position !
— Oh, mais ne vous inquiétez pas, répondit-elle en marchant devant lui, tournant la tête pour lui dévoiler son profil tandis que sa tresse tanguait dans son dos. Si on fait une autre charmante rencontre, il nous restera toujours la carrera. Elle est infaillible après tout.
Et surtout, elle devrait pressentir celle-ci avant qu’on ne leur tombe dessus, et gentiment les encourager à emprunter une autre ruelle.
— Le langage que vous parliez tout à l'heure... Vous êtes espagnol ?
— Uh, se contenta-t-elle de répondre, dubitative devant son argument des jolis coeurs. Ce n’est pas épuisant à la longue ? Il y a beaucoup de belles femmes à Paris.
Elle l’imagina incapable de se rendre d’un point A à un point B à cause de la foule de jolie dame croisée sur la route. L’image eut le mérite de la faire sourire. Et son sourire s’agrandit lorsqu’il se vexa de — elle n’était pas sûre, son manque de réceptivité peut-être ? Plaçant ses mains devant elle en signe d’apaisement, elle lui offrit une expression un peu désolée.
— D’accord, d’accord, vous avez raison.
Pas sur tous les points, bien sûr : pour commencer, elle n’était pas parisienne. Mais elle devait bien admettre ne rien y connaître en passion, et, sans doute, devoir vivre un peu. Les bras croisés, elle fixa le garçon avec un petit sourire tandis qu’il échafaudait un plan pour les sortir de là. La Seine ? Ce n’était pas une mauvaise idée. Mais trouver la Seine, c’était comme trouver la sortie : plus facile à dire qu’à faire. Haussant les épaules, Béatrice tira sur la manche du jeune homme pour l’attirer dans une direction au hasard : il finirait bien par tomber sur quelque chose qui leur donnerait une idée un peu plus claire de leur position !
— Oh, mais ne vous inquiétez pas, répondit-elle en marchant devant lui, tournant la tête pour lui dévoiler son profil tandis que sa tresse tanguait dans son dos. Si on fait une autre charmante rencontre, il nous restera toujours la carrera. Elle est infaillible après tout.
Et surtout, elle devrait pressentir celle-ci avant qu’on ne leur tombe dessus, et gentiment les encourager à emprunter une autre ruelle.
— Le langage que vous parliez tout à l'heure... Vous êtes espagnol ?
Jeu 17 Juin - 0:54
Basta Ya
Ma tirade terminée je reprends un peu mon calme, notamment parce que la mignonne va dans mon sens - ou du moins fait semblant d'aller dans mon sens, sûrement pour me faire taire (je connais la technique à force). Tous les moyens sont bons vous dis-je.
▬ Oh si tu n'as pas idée bella ! Parce qu'il y a aussi beaucoup de beaux hommes à Paris ! Tu n'en as pas un d'ailleurs ? Pourquoi faire la fine bouche quand on est bon vivant ? Il faut savoir goûter à tous les plaisirs ! C'est pour cela que je me laisse très volontiers entrainer dans une direction qu'elle vient de choisir par hasard j'imagine. Ça c'est très vrai ! Peut-être que la prochaine fois avec un peu de chance on tombera directement sur la Seine !
Mes yeux suivent naturellement le mouvement de balancier de sa tresse par-dessus sa cape. Comme un pendule. Qui rebondit juste au-dessus de ses reins. Je ralentis un peu le pas pour me placer derrière elle. C'est presque hypnotisant. Ses cheveux sont de la longueur parfaite si vous voulez mon avis. Puis zut, non d'accord finalement je la retrouve mignonne malgré ses airs de pimbêches voilà vraiment il faut se mettre à ma place, c'est vrai que c'est épuisant d'aimer les jolies choses dans la vie ! J'en oublie clairement de surveiller nos arrières ou de guetter l'odeur caractéristique des bords de Seine. De l'humide, du floral et du croupi en même temps. C'est bien plus ragoutant que cette peste de blondinette.
▬ Hm ? Je relève la tête - non je suis pas du tout en train de mater son arrière-train, je réfléchissais voilà tout. À quoi exactement ? Ça c'est une excellente question. Ah sí. On peut... dire ça comme ça. Je suis d'un peu partout. Je tapote le manche de la guitare dans mon dos. Elle ne me quitte presque jamais elle, plus fidèle que bien de mes partenaires. Un bon ménestrel c'est quelqu'un d'un peu toutes les contrées ! Et puis surtout mon aversion envers la couronne d'Espagnol m'empêche formellement de me définir comme espagnol. De toutes façons le patriotisme, les nationalités, ce sont des concepts que j'ai abandonné avec ma vie de mortel. Mon vrai métier m'oblige d'être détaché des affaires de ce monde. Parfaitement détaché. Je suis simplement là pour exécuter le travail qu'on m'en demande. Le reste n'est pas censé me concerner. J'ai promis à Imane.
Ça ne m'empêche pas de pouvoir faire un peu de conversation à une charmante inconnue.
▬ Tu connais l'Espagne ? Tu as voyagé ? Une fille qui se promène seule la nuit et armée, j'imagine qu'elle est assez brave pour se balader d'un bout à l'autre du pays ! Évidemment l'épée attachée à sa ceinture ne m'a pas échappée. Mais je me dis que ça doit être une genre de fille de riches en quête de sensations fortes. Ou une chasseuse. Mais ça c'est impossible. De ce que je sais, l'Église et la Milice n'engagent que des portes de prison femelles, pas de ravissantes et jeunes demoiselles. Bon il y a bien Calla mais Calla on la voit arriver à deux kilomètres à la ronde avec ses airs grognons et tous ses couteaux. Tu sais t'en servir au moins ? Ai-je demandé en pointant du doigt la lame sur un ton aussi curieux que cynique.
Je doute sincèrement qu'un petit brin de femme comme elle tienne longtemps face à une créature de la nuit. C'est pour ça qu'elle a vraiment de la chance d'être tombée sur moi, dîtes !
▬ Oh si tu n'as pas idée bella ! Parce qu'il y a aussi beaucoup de beaux hommes à Paris ! Tu n'en as pas un d'ailleurs ? Pourquoi faire la fine bouche quand on est bon vivant ? Il faut savoir goûter à tous les plaisirs ! C'est pour cela que je me laisse très volontiers entrainer dans une direction qu'elle vient de choisir par hasard j'imagine. Ça c'est très vrai ! Peut-être que la prochaine fois avec un peu de chance on tombera directement sur la Seine !
Mes yeux suivent naturellement le mouvement de balancier de sa tresse par-dessus sa cape. Comme un pendule. Qui rebondit juste au-dessus de ses reins. Je ralentis un peu le pas pour me placer derrière elle. C'est presque hypnotisant. Ses cheveux sont de la longueur parfaite si vous voulez mon avis. Puis zut, non d'accord finalement je la retrouve mignonne malgré ses airs de pimbêches voilà vraiment il faut se mettre à ma place, c'est vrai que c'est épuisant d'aimer les jolies choses dans la vie ! J'en oublie clairement de surveiller nos arrières ou de guetter l'odeur caractéristique des bords de Seine. De l'humide, du floral et du croupi en même temps. C'est bien plus ragoutant que cette peste de blondinette.
▬ Hm ? Je relève la tête - non je suis pas du tout en train de mater son arrière-train, je réfléchissais voilà tout. À quoi exactement ? Ça c'est une excellente question. Ah sí. On peut... dire ça comme ça. Je suis d'un peu partout. Je tapote le manche de la guitare dans mon dos. Elle ne me quitte presque jamais elle, plus fidèle que bien de mes partenaires. Un bon ménestrel c'est quelqu'un d'un peu toutes les contrées ! Et puis surtout mon aversion envers la couronne d'Espagnol m'empêche formellement de me définir comme espagnol. De toutes façons le patriotisme, les nationalités, ce sont des concepts que j'ai abandonné avec ma vie de mortel. Mon vrai métier m'oblige d'être détaché des affaires de ce monde. Parfaitement détaché. Je suis simplement là pour exécuter le travail qu'on m'en demande. Le reste n'est pas censé me concerner. J'ai promis à Imane.
Ça ne m'empêche pas de pouvoir faire un peu de conversation à une charmante inconnue.
▬ Tu connais l'Espagne ? Tu as voyagé ? Une fille qui se promène seule la nuit et armée, j'imagine qu'elle est assez brave pour se balader d'un bout à l'autre du pays ! Évidemment l'épée attachée à sa ceinture ne m'a pas échappée. Mais je me dis que ça doit être une genre de fille de riches en quête de sensations fortes. Ou une chasseuse. Mais ça c'est impossible. De ce que je sais, l'Église et la Milice n'engagent que des portes de prison femelles, pas de ravissantes et jeunes demoiselles. Bon il y a bien Calla mais Calla on la voit arriver à deux kilomètres à la ronde avec ses airs grognons et tous ses couteaux. Tu sais t'en servir au moins ? Ai-je demandé en pointant du doigt la lame sur un ton aussi curieux que cynique.
Je doute sincèrement qu'un petit brin de femme comme elle tienne longtemps face à une créature de la nuit. C'est pour ça qu'elle a vraiment de la chance d'être tombée sur moi, dîtes !
Lun 19 Juil - 17:15
Withering wondersFlowers that lose their shape
Béatrice peinait à comprendre ce que les bels hommes venaient faire dans cette histoire jusqu’à ce qu’il ne pose une question anodine qui ne l’était pas tant que ça. Plissant des yeux, dubitative face à cet intérêt soudain pour sa vie sentimentale, elle prit tout de même le temps de considérer la question.
Si depuis qu’elle était au service de l’église souterraine, elle avait côtoyé son nombre de jolis garçons, bien plus en tout cas que lorsqu’elle était juste la fille de ses parents (les regards noirs de son père aidaient beaucoup à dissuader les attentions masculines...), les affaires de romance étaient bien la dernière chose qui pesaient à l’esprit de tous. Chasser les créatures, côtoyer ce que le monde avait de plus terrible et bas, cela conduisait irrémédiablement au cynisme et l’antipathie. Et puis à quoi bon s’attacher à quelqu’un qu’on devrait tuer le lendemain, pour peu qu’il se fasse déchoir par la morsure d’un vampire ?
— Je ne suis ni fiancée ni mariée, non.
À son âge, c’était tout de même quelque chose, mais elle préférait ne pas y penser trop longtemps. À quoi bon ? Certes, elle gardait son romantisme de jeune fille, mais les mœurs du petit peuple étaient bien différentes de celles des demoiselles de bonne famille.
Bien sûr, les affaires de la chambre à coucher l’intriguait, ne serait-ce parce que tout le monde en faisait toujours des tonnes lorsqu’il en était question, mais après toute une adolescence à lui répéter qu’un seul homme au monde devait la voir nue dans une occasion très spécifique, elle pouvait difficilement jeter les enseignements de ses parents par la fenêtre par simple curiosité. Certes, elle était du peuple désormais, mais elle ne pouvait pas peindre par dessus la peinture de son passé comme si rien ne se trouvait en dessous de son pinceau. Se détacher complètement de sa vie d'avant reviendrait à effacer tout ce qu'elle trouvait encore de bon chez elle.
La sorcière finit par se retourner en direction de l’énergumène qu’elle trouvait étrangement silencieux, remarquant son regard rivé sur ses cheveux. Saisissant sa longue tresse pour la passer par dessus son épaule, elle caressa celle-ci nerveusement... Mais aussi avec une certaine fierté, comme à chaque fois qu’il était question de sa chevelure.
— Ah, donc vous êtes bien ménestrel.
Son regard darda de son luth jusqu’à son visage jusqu’à ce qu’elle acquiesce : l’histoire lui semblait plausible. Puisqu’elle aimait elle-aussi la musique, plus que la danse, la poésie ou le dessin, elle s’en sentit tout de suite plus proche. Et puis un voyageur ! Il devait avoir de sacrés histoires à raconter. Elle s’excita par habitude, avant de se rappeler qu’elle aussi avait vu des choses — des choses qui, même à quelques lieus de Paris, dépassaient celles des autres contrées par leurs étrangetés.
Mais ces choses là étaient laides et elle préférait encore ce qui était joli.
— Pas vraiment, finit-elle par avouer, déconfite de son ignorance. Je ne comprends pas l’espagnol non plus, mais je sais le reconnaître, ajouta-t-elle avant qu’il ne s’embarque dans un long monologue en cette autre langue.
Au final, même si ce garçon était un peu étrange, de ce profil typique charmeur qu’elle aurait normalement dû s’appliquer à éviter, elle devait avouer apprécier cette conversation éloignée des soucis habituelles.
Elle eut un petit rire lorsqu’il la qualifia de brave puis balaya l’idée d’un revers de main.
— Je n’en ai jamais eu l’occasion malheureusement. En revanche, cela m’arrive de voyager d’une région à l’autre de France.
Béatrice lâcha finalement sa natte, reprenant la marche un peu moins rapidement que tout à l’heure.
— Même avec tout le courage du monde, il serait sot pour une demoiselle de s’embarquer seule dans une telle aventure. Il suffit de voir ce qu’il s’est passé ce soir : c’est déjà suffisamment compliqué d’éviter les dangers de la capitale...
Jetant un coup d’œil à son épée, elle considéra sa question à ce sujet. Si d’habitude, elle prétendait celle-ci d’apparats pour éviter la suspicion d’autrui, elle trouvait son ton dubitatif un poil agaçant. Rien que pour cela, elle avait de le surprendre avec la réponse qu’il n’attendait pas... Mais préféra se détacher de la question avec un trait d’humour.
— Il suffit de l’agiter dans une direction, non ? Ce n’est pas bien sorcier.
Avec un haussement de sourcils espiègle, elle tapota deux fois sur le fourreau à sa ceinture.
— Si vous avez peur qu’on retombe sur notre charmant ami sans pouvoir fu... Pratiquer l’art ancestral de la carrera, je suis sûre qu'un bon coup de luth sur la tête peut être tout aussi dévastateur.
Si depuis qu’elle était au service de l’église souterraine, elle avait côtoyé son nombre de jolis garçons, bien plus en tout cas que lorsqu’elle était juste la fille de ses parents (les regards noirs de son père aidaient beaucoup à dissuader les attentions masculines...), les affaires de romance étaient bien la dernière chose qui pesaient à l’esprit de tous. Chasser les créatures, côtoyer ce que le monde avait de plus terrible et bas, cela conduisait irrémédiablement au cynisme et l’antipathie. Et puis à quoi bon s’attacher à quelqu’un qu’on devrait tuer le lendemain, pour peu qu’il se fasse déchoir par la morsure d’un vampire ?
— Je ne suis ni fiancée ni mariée, non.
À son âge, c’était tout de même quelque chose, mais elle préférait ne pas y penser trop longtemps. À quoi bon ? Certes, elle gardait son romantisme de jeune fille, mais les mœurs du petit peuple étaient bien différentes de celles des demoiselles de bonne famille.
Bien sûr, les affaires de la chambre à coucher l’intriguait, ne serait-ce parce que tout le monde en faisait toujours des tonnes lorsqu’il en était question, mais après toute une adolescence à lui répéter qu’un seul homme au monde devait la voir nue dans une occasion très spécifique, elle pouvait difficilement jeter les enseignements de ses parents par la fenêtre par simple curiosité. Certes, elle était du peuple désormais, mais elle ne pouvait pas peindre par dessus la peinture de son passé comme si rien ne se trouvait en dessous de son pinceau. Se détacher complètement de sa vie d'avant reviendrait à effacer tout ce qu'elle trouvait encore de bon chez elle.
La sorcière finit par se retourner en direction de l’énergumène qu’elle trouvait étrangement silencieux, remarquant son regard rivé sur ses cheveux. Saisissant sa longue tresse pour la passer par dessus son épaule, elle caressa celle-ci nerveusement... Mais aussi avec une certaine fierté, comme à chaque fois qu’il était question de sa chevelure.
— Ah, donc vous êtes bien ménestrel.
Son regard darda de son luth jusqu’à son visage jusqu’à ce qu’elle acquiesce : l’histoire lui semblait plausible. Puisqu’elle aimait elle-aussi la musique, plus que la danse, la poésie ou le dessin, elle s’en sentit tout de suite plus proche. Et puis un voyageur ! Il devait avoir de sacrés histoires à raconter. Elle s’excita par habitude, avant de se rappeler qu’elle aussi avait vu des choses — des choses qui, même à quelques lieus de Paris, dépassaient celles des autres contrées par leurs étrangetés.
Mais ces choses là étaient laides et elle préférait encore ce qui était joli.
— Pas vraiment, finit-elle par avouer, déconfite de son ignorance. Je ne comprends pas l’espagnol non plus, mais je sais le reconnaître, ajouta-t-elle avant qu’il ne s’embarque dans un long monologue en cette autre langue.
Au final, même si ce garçon était un peu étrange, de ce profil typique charmeur qu’elle aurait normalement dû s’appliquer à éviter, elle devait avouer apprécier cette conversation éloignée des soucis habituelles.
Elle eut un petit rire lorsqu’il la qualifia de brave puis balaya l’idée d’un revers de main.
— Je n’en ai jamais eu l’occasion malheureusement. En revanche, cela m’arrive de voyager d’une région à l’autre de France.
Béatrice lâcha finalement sa natte, reprenant la marche un peu moins rapidement que tout à l’heure.
— Même avec tout le courage du monde, il serait sot pour une demoiselle de s’embarquer seule dans une telle aventure. Il suffit de voir ce qu’il s’est passé ce soir : c’est déjà suffisamment compliqué d’éviter les dangers de la capitale...
Jetant un coup d’œil à son épée, elle considéra sa question à ce sujet. Si d’habitude, elle prétendait celle-ci d’apparats pour éviter la suspicion d’autrui, elle trouvait son ton dubitatif un poil agaçant. Rien que pour cela, elle avait de le surprendre avec la réponse qu’il n’attendait pas... Mais préféra se détacher de la question avec un trait d’humour.
— Il suffit de l’agiter dans une direction, non ? Ce n’est pas bien sorcier.
Avec un haussement de sourcils espiègle, elle tapota deux fois sur le fourreau à sa ceinture.
— Si vous avez peur qu’on retombe sur notre charmant ami sans pouvoir fu... Pratiquer l’art ancestral de la carrera, je suis sûre qu'un bon coup de luth sur la tête peut être tout aussi dévastateur.
Lun 16 Aoû - 22:46
Basta Ya
Ni fiancée, ni mariée dîtes donc ! J'hausse un sourcil et fais semblant d'être surpris même si en réalité j'ai bien compris ne pas être en face d'une demoiselle ordinaire. Il y a l'arme, la balade nocturne, le joli minois les manières... Ce n'est pas une voleuse de bas étage, pas une fille de la nuit (ou alors elle ne travaille pas ce soir ?) pas plus qu'une fille de bonne famille. Vraiment très intriguant. Je pense à chasseuse alors et puis je pense à Calla. Non rien à voir ! Dans l'Église souterraine comme à la milice il n'y a que des rabats-joie au coeur de pierre. Celle-là est trop jeune et trop mignonne pour être une tueuse de créatures pas vrai ?
▬ Pas d'homme vraiment ? Oh c'est normal après tout, les étoiles filantes sont les plus dures à attraper ! Et les poèmes racontent qu'elles meurent une fois le sol touché. Je suis un peu déçu, moi qui pensait que tu filais vers la demeure de ton amant bella ! Mensonge, je suis content. Mais quelle autre raison aurait-elle de se balader la nuit ?
Alors les mains jointes derrière mon dos j'écoute sagement les quelques réponses que la blonde daigne me prodiguer au détour des ruelles mal éclairées. Un ricanement léger me vient à la gorge quand il est fait mention de cette fameuse épée.
▬ Ça me parait tout aussi simple que de s'attirer le mauvais oeil en dehors de la capitale hm ? Mais la suite me fait bondir en arrière avec un air outré, deux mains sur la sangle de ma précieuse guitare qu'on vient de sauvagement menacer. Ah non ça va pas la tête espèce de salvaje ! On frappe pas les malotrus avec des oeuvres d'art ! C'est pas comme ça qu'on cultive les gens ! Pour avoir essayé, je confirme que ça ne les rend pas plus intelligents bien au contraire. Et puis j'ai mal au coeur rien qu'à imaginer mon magnifique instrument s'éclater sur le crâne cracra du premier pouilleux venu. En vrai les crocs et les poings suffisent généralement mais c'est toujours mieux d'éviter les ennuis avant qu'ils vous tombent dessus. Ou juste de les embrouiller à coups de promesses et de belles paroles. C'est donc en finissant par croiser les bras que j'ajoute : Si nous tombons sur ton prétendant, j'espère plutôt assister à une démonstration de tes talents d'épéiste puisque la carrera ne te sied pas ! Enfin de toutes façons... Je pointe une ruelle voisine débouchant sur les quais bordant la Seine. Je crois que nous sommes bientôt à bon port !
Devançant alors la demoiselle, je m'élance alors gaiement dans cette direction et bondis sur un des rebords, scrutant l'horizon jusqu'à pointer l'imposante silhouette de Notre-Dame qui s'élève sans mal au milieu du fleuve, surplombant tous les autres bâtiments de l'île de la Cité.
▬ Tous les chemins mènent à Madame ! Plissant les yeux pour me repérer sur la carte mentale que j'ai de la capitale, je commence donc à réfléchir à voix haute : Bon moi je vais du côté de la place Maubert au sud du Petit Pont donc par làààà ! Mains sur les hanches, sourire sur les lèvres, je continue : Et toi ? Si tu sais pas quoi faire, tu peux venir chez moi peut-être même que je te montrerai comment on utilise pour de vrai une guitare ! Qui ne tente rien n'a rien. Sauf si tu veux que je te raccompagne dans ton chez toi. Normalement je n'accepte pas les paiements en nature mais pour un beau sourire et un baiser on peut s'arranger !
Et puis je suis curieux de savoir où elle vit cette drôle de blondinette.
▬ Pas d'homme vraiment ? Oh c'est normal après tout, les étoiles filantes sont les plus dures à attraper ! Et les poèmes racontent qu'elles meurent une fois le sol touché. Je suis un peu déçu, moi qui pensait que tu filais vers la demeure de ton amant bella ! Mensonge, je suis content. Mais quelle autre raison aurait-elle de se balader la nuit ?
Alors les mains jointes derrière mon dos j'écoute sagement les quelques réponses que la blonde daigne me prodiguer au détour des ruelles mal éclairées. Un ricanement léger me vient à la gorge quand il est fait mention de cette fameuse épée.
▬ Ça me parait tout aussi simple que de s'attirer le mauvais oeil en dehors de la capitale hm ? Mais la suite me fait bondir en arrière avec un air outré, deux mains sur la sangle de ma précieuse guitare qu'on vient de sauvagement menacer. Ah non ça va pas la tête espèce de salvaje ! On frappe pas les malotrus avec des oeuvres d'art ! C'est pas comme ça qu'on cultive les gens ! Pour avoir essayé, je confirme que ça ne les rend pas plus intelligents bien au contraire. Et puis j'ai mal au coeur rien qu'à imaginer mon magnifique instrument s'éclater sur le crâne cracra du premier pouilleux venu. En vrai les crocs et les poings suffisent généralement mais c'est toujours mieux d'éviter les ennuis avant qu'ils vous tombent dessus. Ou juste de les embrouiller à coups de promesses et de belles paroles. C'est donc en finissant par croiser les bras que j'ajoute : Si nous tombons sur ton prétendant, j'espère plutôt assister à une démonstration de tes talents d'épéiste puisque la carrera ne te sied pas ! Enfin de toutes façons... Je pointe une ruelle voisine débouchant sur les quais bordant la Seine. Je crois que nous sommes bientôt à bon port !
Devançant alors la demoiselle, je m'élance alors gaiement dans cette direction et bondis sur un des rebords, scrutant l'horizon jusqu'à pointer l'imposante silhouette de Notre-Dame qui s'élève sans mal au milieu du fleuve, surplombant tous les autres bâtiments de l'île de la Cité.
▬ Tous les chemins mènent à Madame ! Plissant les yeux pour me repérer sur la carte mentale que j'ai de la capitale, je commence donc à réfléchir à voix haute : Bon moi je vais du côté de la place Maubert au sud du Petit Pont donc par làààà ! Mains sur les hanches, sourire sur les lèvres, je continue : Et toi ? Si tu sais pas quoi faire, tu peux venir chez moi peut-être même que je te montrerai comment on utilise pour de vrai une guitare ! Qui ne tente rien n'a rien. Sauf si tu veux que je te raccompagne dans ton chez toi. Normalement je n'accepte pas les paiements en nature mais pour un beau sourire et un baiser on peut s'arranger !
Et puis je suis curieux de savoir où elle vit cette drôle de blondinette.