Lun 12 Avr - 16:53
Paint the roses in white
Béatrice & Charles
Charles dut user de nombreuses stratégies et promesses pour pousser la petite Iris à prendre part à ses cours du jour. Elle n'était pas du genre à faire des caprices, en général, mais savoir que l'invitée qui viendrait aujourd'hui était une grande amie l'avait beaucoup excitée. Si bien qu'elle était même debout avant qu'on vienne de la réveiller. Avec ce trop plein d'énergie, nulle doute qu'elle s'endormira comme une masse à la fin de la journée. Il la laissa donc entre les mains de sa préceptrice et s'attela à peaufiner les derniers détails. Une légère collation avait été préparée, et n'attendait plus qu'à être servie dans le boudoir. Ils n'allaient être deux, après tout, inutile d'occuper la salle à manger et ils se rendraient dans le jardin un peu plus tard avec Iris.
Les chevaux pour la ballade étaient prêts, de même qu'une nouvelle collation pour combler les petites faims. Il avait mis un peu d'ordre dans son atelier, s'était débarrassé de la paperasse importante la veille. Pourquoi faire autant de manière et d'effort pour une simple demoiselle, loin d'être une noble, une enfant désargentée, par-dessus le marché? Parce que Charles était un homme qui tenait ses promesses. Il lui avait promis de faire de son séjour, certes court, sur son domaine, le plus agréables possibles, alors il le faisait. Et quand bien même elle n'avait plus de titre de noblesse, ce n'était pas une raison pour la traiter moins bien que les autres.
Noble ou pas, Charles n'allait pas entacher la réputation des d'Orléans.
Alors quand on lui annonça que la demoiselle Botherel était arrivée, il se rendit sur le parvis pour l'accueillir avec le sourire, une révérence et baise-main.
-Bonjour, Mademoiselle Botherel. Avez-vous fait bon voyage?
Question peut être un peu bête mais tout à fait légitime puisqu'il avait ouï dire récemment que les attaques de bandits se faisaient de plus en plus fréquents sur les grandes routes entre les villes, surtout dans la baronnie non loin de son duché. Il devrait peut-être y jeter un coup d'œil, voir s'il pouvait apporter une quelconque aide.
-Iris sera avec sa préceptrice toute la matinée. Elle nous rejoindra pour le déjeuner. Nous serons ainsi tranquille pour discuter et prendre vos mesures.
D'un geste de la main, il ordonna à ce qu'on monte les affaires de la jeune femme dans la chambre qu'elle occuperait, et de l'autre, il l'invita à la suivre à l'intérieur la dirigeant alors dans la pièce principale puis vers le boudoir au ton crème, dorée et bleu roi. Lorsqu'elle fut installée, thé et petits biscuits les attendaient sagement sur une petite table.
-Comment vous portez-vous, depuis la dernière fois?
Les chevaux pour la ballade étaient prêts, de même qu'une nouvelle collation pour combler les petites faims. Il avait mis un peu d'ordre dans son atelier, s'était débarrassé de la paperasse importante la veille. Pourquoi faire autant de manière et d'effort pour une simple demoiselle, loin d'être une noble, une enfant désargentée, par-dessus le marché? Parce que Charles était un homme qui tenait ses promesses. Il lui avait promis de faire de son séjour, certes court, sur son domaine, le plus agréables possibles, alors il le faisait. Et quand bien même elle n'avait plus de titre de noblesse, ce n'était pas une raison pour la traiter moins bien que les autres.
Noble ou pas, Charles n'allait pas entacher la réputation des d'Orléans.
Alors quand on lui annonça que la demoiselle Botherel était arrivée, il se rendit sur le parvis pour l'accueillir avec le sourire, une révérence et baise-main.
-Bonjour, Mademoiselle Botherel. Avez-vous fait bon voyage?
Question peut être un peu bête mais tout à fait légitime puisqu'il avait ouï dire récemment que les attaques de bandits se faisaient de plus en plus fréquents sur les grandes routes entre les villes, surtout dans la baronnie non loin de son duché. Il devrait peut-être y jeter un coup d'œil, voir s'il pouvait apporter une quelconque aide.
-Iris sera avec sa préceptrice toute la matinée. Elle nous rejoindra pour le déjeuner. Nous serons ainsi tranquille pour discuter et prendre vos mesures.
D'un geste de la main, il ordonna à ce qu'on monte les affaires de la jeune femme dans la chambre qu'elle occuperait, et de l'autre, il l'invita à la suivre à l'intérieur la dirigeant alors dans la pièce principale puis vers le boudoir au ton crème, dorée et bleu roi. Lorsqu'elle fut installée, thé et petits biscuits les attendaient sagement sur une petite table.
-Comment vous portez-vous, depuis la dernière fois?
Ven 16 Avr - 17:40
Nobody has ever seen his faceBut fear his smile
Qui d’autre pour l’accompagner dans un énième voyage à la sagesse discutable que son ami cocher ? Ainsi le trajet se passa tranquillement, ponctué des plaintes du vieil homme sur ses articulations, l’état des routes, les bandits qui sévissaient dans la région et les maudits nobles qui ne levaient pas le petit doigt pour y faire quelque chose. Lorsqu’il comprit que sa passagère rendait justement visite à l’un d’eux, sans qu’elle en décline l’identité exacte, il lui demanda à demi-sérieux de faire remonter le message, parce qu’après tout ils seraient temps qu’ils s’intéressent aux honnêtes gens pour leurs problèmes, pas seulement leurs impôts.
Il se décomposa complètement en voyant le faste du manoir devant lequel il arrêta son cheval.
— Oubliez pour le message, chuchota-t-il un poil trop bruyamment. Les routes ne sont pas si mal finalement.
Apercevant le Duc d’Orléans qui se tenait prêt à l’accueillir, elle acquiesça avec un sourire taquin et descendit de la calèche. Ils avaient pris l’habitude, lorsqu’elle était l’unique voyageuse de sa course, de rester assis ensemble sur le siège du cocher pour que les paysages défilent plus vite. Ce n’était pas plus mal : en cas de problème sur la route, la chasseuse était ainsi aux premières loges pour y faire face.
Ils échangèrent quelques mots quant à leur organisation du lendemain, ce qui donna à Béatrice la désagréable impression qu’elle partait pour ne plus jamais le revoir, avant qu’elle ne saisisse sa valise, le salue d’un signe de tête et rejoigne Monsieur d’Orléans.
Elle abandonna Béatrice la chasseuse sur le chemin pour que seul Béatrice la fille de bonne famille ne lui sourit, imite sa révérence, et lui tende la main.
Le gant qui recouvrait celle-ci lui sembla presque en trop. Pour ce court, mais dangereux séjour, elle aurait besoin de toutes les informations qu’il lui serait possible d’obtenir. Et si elle avait toujours considéré son pouvoir comme une malédiction, peu importe ce que l’église pouvait en penser, elle ne rechignerait pas à l’utiliser s’il était question de la vérité sur ce qu’il s’était passé il y a cela 3 ans.
— Messire, dit-elle en ravalant le sourire qui avait tremblé sur ses lèvres à la question. Elle lui rappelait l’air ahuri du cocher lorsqu’il avait abandonné toutes grippes à l’encontre de l’état des chemins, et cela en dépit du fait qu’il s’en était plaint pendant deux heures. Comme vous pouvez le voir, ajouta-t-elle en écartant un peu les bras, je suis en un seul morceau.
Entière, et avec un sourire rayonnant. Il ne se troubla pas lorsque le Duc parla de discuter, quand bien même Béatrice se doutait très bien du genre de conversation qui était de trop pour les oreilles innocentes d’Iris.
— J’ai du mal à imaginer la petite fille qui court après les chats sagement attablée avec sa préceptrice... Une façon pleine d’euphémisme de dire : pauvre, pauvre professeure.
Elle suivit Charles les mains croisées devant elle, tâchant au mieux de contenir sa nervosité grandissante tandis qu’elle le suivait à travers les pièces. Force était de constater qu’il avait bon goût en matière de décoration, puisque le regard de Béatrice se fit appréciateur lorsqu’il se posa sur les teintes accordées de son boudoir, avant même qu’elle ne remarque les biscuits et le thé qui les attendaient sur une table.
S’asseyant en face du Duc, Béatrice attendit sagement qu’il ne lance les hostilités, sans se surprendre lorsque celles ci tardèrent à arriver. Si elle préférait en finir aussi vite que possible, ne serait-ce pour qu’il comprenne qu’elle pouvait difficilement répondre à ses questions, ce n’était effectivement pas une raison de manquer de grâce et se comporter en animal. Alors, attendant qu’il fasse les premiers pas pour se servir à son tour, elle répondit d’une voix tranquille :
— Bien, messire. J’espère que c’est aussi votre cas ?
Il se décomposa complètement en voyant le faste du manoir devant lequel il arrêta son cheval.
— Oubliez pour le message, chuchota-t-il un poil trop bruyamment. Les routes ne sont pas si mal finalement.
Apercevant le Duc d’Orléans qui se tenait prêt à l’accueillir, elle acquiesça avec un sourire taquin et descendit de la calèche. Ils avaient pris l’habitude, lorsqu’elle était l’unique voyageuse de sa course, de rester assis ensemble sur le siège du cocher pour que les paysages défilent plus vite. Ce n’était pas plus mal : en cas de problème sur la route, la chasseuse était ainsi aux premières loges pour y faire face.
Ils échangèrent quelques mots quant à leur organisation du lendemain, ce qui donna à Béatrice la désagréable impression qu’elle partait pour ne plus jamais le revoir, avant qu’elle ne saisisse sa valise, le salue d’un signe de tête et rejoigne Monsieur d’Orléans.
Elle abandonna Béatrice la chasseuse sur le chemin pour que seul Béatrice la fille de bonne famille ne lui sourit, imite sa révérence, et lui tende la main.
Le gant qui recouvrait celle-ci lui sembla presque en trop. Pour ce court, mais dangereux séjour, elle aurait besoin de toutes les informations qu’il lui serait possible d’obtenir. Et si elle avait toujours considéré son pouvoir comme une malédiction, peu importe ce que l’église pouvait en penser, elle ne rechignerait pas à l’utiliser s’il était question de la vérité sur ce qu’il s’était passé il y a cela 3 ans.
— Messire, dit-elle en ravalant le sourire qui avait tremblé sur ses lèvres à la question. Elle lui rappelait l’air ahuri du cocher lorsqu’il avait abandonné toutes grippes à l’encontre de l’état des chemins, et cela en dépit du fait qu’il s’en était plaint pendant deux heures. Comme vous pouvez le voir, ajouta-t-elle en écartant un peu les bras, je suis en un seul morceau.
Entière, et avec un sourire rayonnant. Il ne se troubla pas lorsque le Duc parla de discuter, quand bien même Béatrice se doutait très bien du genre de conversation qui était de trop pour les oreilles innocentes d’Iris.
— J’ai du mal à imaginer la petite fille qui court après les chats sagement attablée avec sa préceptrice... Une façon pleine d’euphémisme de dire : pauvre, pauvre professeure.
Elle suivit Charles les mains croisées devant elle, tâchant au mieux de contenir sa nervosité grandissante tandis qu’elle le suivait à travers les pièces. Force était de constater qu’il avait bon goût en matière de décoration, puisque le regard de Béatrice se fit appréciateur lorsqu’il se posa sur les teintes accordées de son boudoir, avant même qu’elle ne remarque les biscuits et le thé qui les attendaient sur une table.
S’asseyant en face du Duc, Béatrice attendit sagement qu’il ne lance les hostilités, sans se surprendre lorsque celles ci tardèrent à arriver. Si elle préférait en finir aussi vite que possible, ne serait-ce pour qu’il comprenne qu’elle pouvait difficilement répondre à ses questions, ce n’était effectivement pas une raison de manquer de grâce et se comporter en animal. Alors, attendant qu’il fasse les premiers pas pour se servir à son tour, elle répondit d’une voix tranquille :
— Bien, messire. J’espère que c’est aussi votre cas ?
Dim 18 Avr - 20:34
Paint the roses in white
Béatrice & Charles
Comme chaque fois que la discussion tournait autour de sa petite fille adorée Iris, Charles arborait un doux sourire. Il voyait parfaitement où Béatrice voulait en venir. Enfant plein d’énergie et d’amour à donner, la petite d’Orléans tenait rarement en place plus de dix minutes. Et pourtant, souhaitant absolument bien faire, elle était capable de tenir tranquille le temps de ses cours. Elle n’était pas une enfant difficile, loin de là même. Mais lorsqu’elle était très excitée, comme ce matin, la raisonner était parfois plus ardue. Surtout lorsqu’elle attendait avec impatience sa grande amie.
-C’est difficile à imaginer, je vous le concède. Mais elle sait faire la part des choses, parfois. Et elle sait qu’elle ne pourra pas profiter de la balade à cheval si elle n’est pas attentive aujourd’hui.
Charles n’avait jamais usé de la menace avec sa fille. Et il mentirait s’il n’avait pas trouvé presque adorable sa bouille outrée d’apprendre qu’elle risquait la punition de ne pas voir la demoiselle Botherel si elle continuait ses caprices. Même y penser encore lui arracha un petit sourire qu’il cacha en buvant une gorgée de thé.
-Je me porte comme un charme, je vous remercie.
Il reposa sa tasse et croisa les jambes, avant de planter ses yeux saphirs dans ceux de la demoiselle.
-N’allons pas par quatre chemins puisque ce sera le seul moment où nous pourrons en parler tranquillement. Au sujet de votre famille.
Mettre les pieds dans le plat. Quelque qui n’était nullement agréable. Surtout pour la demoiselle assise face à lui.
-Si votre nom me disait quelque chose, c’est parce que votre famille a été accusée de lèse-majesté, il y a trois ans. Sommes-nous d’accord à ce sujet ?
Après mûre réflexion et quelques recherches dans ses souvenirs, Charles se rappelait de cette affaire, qui avait fait du bruit au sein de la Cour. Cela faisait à peine un an qu’il avait été nommé Duc et Iris encore toute jeune, il n’avait pas vraiment eu le temps de s’y intéresser. Chose qu’il regrettait un peu, aujourd’hui.
-Je pense connaître la réponse, mais par hasard, saviez-vous que d’autres familles ont été également exécutés pour le même crime ? Vous souvenez-vous du nom des nobles avec qui votre défunt père fut proche ?
Il devrait noter ces noms sur un papier et faire quelques recherches supplémentaires dans les archives au palais lorsqu’il sera montera sur Paris à la fin du mois mais quelque chose lui disait que cette affaire avait une part bien plus sombre qu’une simple histoire de trahison pour la couronne. Il y avait anguille sous roche et Charles était prêt à la débusquer par tous les moyens. Il avait encore tant de questions à lui poser mais une chose à la fois. Il la brusquait peut-être, paraissait peut-être pour un rustre. Mais pour sa défense, il l’avait prévenu qu’il la laisserait tranquille pendant un temps. Elle devait se douter qu’en venant ici, elle risquerait d’être confrontée à nouveau sur cette discussion et elle avait largement eu le temps de s’y préparer mentalement. Charles appréciait la dentelle à sa juste valeur, il n’était pas le moment d’en jouer en cet instant.
-C’est difficile à imaginer, je vous le concède. Mais elle sait faire la part des choses, parfois. Et elle sait qu’elle ne pourra pas profiter de la balade à cheval si elle n’est pas attentive aujourd’hui.
Charles n’avait jamais usé de la menace avec sa fille. Et il mentirait s’il n’avait pas trouvé presque adorable sa bouille outrée d’apprendre qu’elle risquait la punition de ne pas voir la demoiselle Botherel si elle continuait ses caprices. Même y penser encore lui arracha un petit sourire qu’il cacha en buvant une gorgée de thé.
-Je me porte comme un charme, je vous remercie.
Il reposa sa tasse et croisa les jambes, avant de planter ses yeux saphirs dans ceux de la demoiselle.
-N’allons pas par quatre chemins puisque ce sera le seul moment où nous pourrons en parler tranquillement. Au sujet de votre famille.
Mettre les pieds dans le plat. Quelque qui n’était nullement agréable. Surtout pour la demoiselle assise face à lui.
-Si votre nom me disait quelque chose, c’est parce que votre famille a été accusée de lèse-majesté, il y a trois ans. Sommes-nous d’accord à ce sujet ?
Après mûre réflexion et quelques recherches dans ses souvenirs, Charles se rappelait de cette affaire, qui avait fait du bruit au sein de la Cour. Cela faisait à peine un an qu’il avait été nommé Duc et Iris encore toute jeune, il n’avait pas vraiment eu le temps de s’y intéresser. Chose qu’il regrettait un peu, aujourd’hui.
-Je pense connaître la réponse, mais par hasard, saviez-vous que d’autres familles ont été également exécutés pour le même crime ? Vous souvenez-vous du nom des nobles avec qui votre défunt père fut proche ?
Il devrait noter ces noms sur un papier et faire quelques recherches supplémentaires dans les archives au palais lorsqu’il sera montera sur Paris à la fin du mois mais quelque chose lui disait que cette affaire avait une part bien plus sombre qu’une simple histoire de trahison pour la couronne. Il y avait anguille sous roche et Charles était prêt à la débusquer par tous les moyens. Il avait encore tant de questions à lui poser mais une chose à la fois. Il la brusquait peut-être, paraissait peut-être pour un rustre. Mais pour sa défense, il l’avait prévenu qu’il la laisserait tranquille pendant un temps. Elle devait se douter qu’en venant ici, elle risquerait d’être confrontée à nouveau sur cette discussion et elle avait largement eu le temps de s’y préparer mentalement. Charles appréciait la dentelle à sa juste valeur, il n’était pas le moment d’en jouer en cet instant.
Mar 20 Avr - 23:12
Nobody has ever seen his faceBut fear his smile
Comme un charme, disait-il. Tandis qu’une moue pensive s’installait doucement sur son visage, Béatrice effleura l’or précieux de son pendentif. Lorsqu’elle releva les yeux, elle croisa ceux soudain déterminés du Duc d’Orléans. Un tel regard ne trompait pas : il s’apprêtait à poser ses questions difficiles. Avec la même résolution, la sorcière se redressa donc, quittant à contre cœur la familiarité de son collier pour plutôt lier ses mains sur ses jambes croisées.
Elle appréciait au moins sa franchise : les ronds de jambes interminables alors qu’un sujet si grave lui pesait sur la nuque comme une épée de Damoclès l’auraient vite fatigué. À défaut de sourire au Duc pour le féliciter de son initiative, elle acquiesça au moins lorsque sa voix se fit sérieuse, bien loin des mondanités désormais révolues.
Sa famille, donc.
Ils étaient deux à table, mais Béatrice pouvait presque s’imaginer ses parents et son frère les rejoindre, postés à sa gauche et droite, écoutant avec la même attention la première question de Charles. Son père froncerait les sourcils, secouant la tête de dérision, tandis que la main de son épouse demeurerait sur sa cuisse pour l’encourager à prendre part aux frivolités qu’il détestait tant. Quant à Oscar, le peu de sérieux qu’il était capable de montrer se réservait pour ces occasions là.
— Lèse-majesté ?
Ses spectres volèrent en poussière.
Elle était seule.
— Vous... Vous me l’apprenez, ajouta-t-elle d’une petite voix qu’elle se détesta aussitôt.
À l’entente de leur crime, ses pensées s’étaient enchaînées jusqu’à que l’une d’elles, tenace, pire que tout, ne lui brise le cœur. Béatrice serra les dents, vidée de toutes ses couleurs. Et pourtant, malgré sa gorge sèche et son cœur en morceaux, elle s’efforça de déglutir, parce qu’être ici, en cette compagnie, c’était la meilleure chance qu’elle avait depuis toujours de comprendre ce qui l’avait condamné à la vie qu’elle vivait aujourd’hui.
— Je ne le savais pas non plus. Suite à ma libération, je n’ai plus eu de contact avec les — amis. Nobles que je fréquentais par le passé.
Elle hésitait malgré tout à dire leurs noms. Le Marquis de Bellevallée, au moins, n’était pas mort, à moins d’avoir réussi à calomnier Monsieur de Sercey depuis la tombe. Mais les autres seraient-ils aussi intouchables ? Elle baissa les yeux.
C’était un test, tout au plus. Elle n’avait pas d’informations que le Duc ne pourrait pas obtenir de lui-même, simplement en demandant à d’autres des rumeurs sur son défunt père, ou consultant les archives pour vérifier ses liens de parentés. Et puisqu’on avait exécuté ses parents sans sommation et qu’elle avait elle-même manqué de peu ce sort, quiconque de près ou de loin lié à cette affaire avec le moindre élément à son encontre serait déjà six pieds sous terre.
— Mon père s'entendait avec le marquis de Bellevallée, je suppose. Nous recevions aussi des visites du Baron Sémaphore Maréchal de temps en temps. Hm... Le Vicomte Théodore Chevalier également. Et...
Une nouvelle hésitation. Leurs liens étaient de toute façon trop gros pour être dissimulés : mentir ne ferait que le desservir. Et pourtant, elle s’était senti le besoin de le protéger, comme par réflexe, pour ne pas le lier à cette histoire.
— Bellami de Bartels. Un vicomte également.
Son fiancé.
Elle appréciait au moins sa franchise : les ronds de jambes interminables alors qu’un sujet si grave lui pesait sur la nuque comme une épée de Damoclès l’auraient vite fatigué. À défaut de sourire au Duc pour le féliciter de son initiative, elle acquiesça au moins lorsque sa voix se fit sérieuse, bien loin des mondanités désormais révolues.
Sa famille, donc.
Ils étaient deux à table, mais Béatrice pouvait presque s’imaginer ses parents et son frère les rejoindre, postés à sa gauche et droite, écoutant avec la même attention la première question de Charles. Son père froncerait les sourcils, secouant la tête de dérision, tandis que la main de son épouse demeurerait sur sa cuisse pour l’encourager à prendre part aux frivolités qu’il détestait tant. Quant à Oscar, le peu de sérieux qu’il était capable de montrer se réservait pour ces occasions là.
— Lèse-majesté ?
Ses spectres volèrent en poussière.
Elle était seule.
— Vous... Vous me l’apprenez, ajouta-t-elle d’une petite voix qu’elle se détesta aussitôt.
À l’entente de leur crime, ses pensées s’étaient enchaînées jusqu’à que l’une d’elles, tenace, pire que tout, ne lui brise le cœur. Béatrice serra les dents, vidée de toutes ses couleurs. Et pourtant, malgré sa gorge sèche et son cœur en morceaux, elle s’efforça de déglutir, parce qu’être ici, en cette compagnie, c’était la meilleure chance qu’elle avait depuis toujours de comprendre ce qui l’avait condamné à la vie qu’elle vivait aujourd’hui.
— Je ne le savais pas non plus. Suite à ma libération, je n’ai plus eu de contact avec les — amis. Nobles que je fréquentais par le passé.
Elle hésitait malgré tout à dire leurs noms. Le Marquis de Bellevallée, au moins, n’était pas mort, à moins d’avoir réussi à calomnier Monsieur de Sercey depuis la tombe. Mais les autres seraient-ils aussi intouchables ? Elle baissa les yeux.
C’était un test, tout au plus. Elle n’avait pas d’informations que le Duc ne pourrait pas obtenir de lui-même, simplement en demandant à d’autres des rumeurs sur son défunt père, ou consultant les archives pour vérifier ses liens de parentés. Et puisqu’on avait exécuté ses parents sans sommation et qu’elle avait elle-même manqué de peu ce sort, quiconque de près ou de loin lié à cette affaire avec le moindre élément à son encontre serait déjà six pieds sous terre.
— Mon père s'entendait avec le marquis de Bellevallée, je suppose. Nous recevions aussi des visites du Baron Sémaphore Maréchal de temps en temps. Hm... Le Vicomte Théodore Chevalier également. Et...
Une nouvelle hésitation. Leurs liens étaient de toute façon trop gros pour être dissimulés : mentir ne ferait que le desservir. Et pourtant, elle s’était senti le besoin de le protéger, comme par réflexe, pour ne pas le lier à cette histoire.
— Bellami de Bartels. Un vicomte également.
Son fiancé.
Jeu 22 Avr - 23:50
Paint the roses in white
Béatrice & Charles
Apprendre que Béatrice était nullement au courant du véritable motif de l’arrestation de ses parents et de son frère lui confirmait quelque soupçon. La demoiselle n’était pas du tout au courant des crimes de sa famille, encore moins des raisons qui les ont poussé à le faire. C’était sans aucun doute làla raison principale de pourquoi elle avait été épargnée. Et aucun noble ne lui a tendu la main pour la simple et bonne raison que personne ne souhaitait s’associer avec des traites à la Couronne. Rien d’étonnant à ce qu’ils coupent les ponts avec la demoiselle.
Charles ne la pressa pas pour répondre à sa question suivante. Il l’observa en silence, la vit hésiter à lui livrer des noms. Quoi de plus normal lorsqu’on se trouvait face à un parent de la Couronne. Le Duc la testait, tout au plus. Voulait savoir si elle désirait connaître le fin mot de l’histoire. Savoir enfin pourquoi elle s’était retrouvé arrachée de sa petite vie de noble. Souhaitait-elle la retrouver ? Qui sait. Que faisait-elle désormais ? Avait-elle suivi une vie religieuse comme Hildegard ? Une transition des plus simples, selon lui. Mener la vie du bas peuple alors qu’on est habitué au faste rebuterai plus d’un.
Finalement les noms tombèrent et les lèvres de Charles frémirent à peine. Son visage resta imperturbable jusqu’à la toute fin. Nota la nouvelle hésitation pour le dernier nom évoqué, qui attirera sa curiosité autant que le premier.
Allons bon, Belligrad Botherel aurait été jeté en pâture par Oscar de Bellevallée, un ami, d’après les dires de la fille. D’ailleurs, si ces souvenirs ne lui faisaient pas défauts, n’avait-il pas une fille, qui aurait sans doute environ le même âge que Béatrice ? Charles ne lui donnait pas plus de 20 ans en tout cas. Si les deux s’entendaient, leurs filles avaient du également se fréquenter. Quant à Semaphore, Théodore et de Bartels, voilà trois noms qui méritaient d’être étudiés également. Charles reprit finalement la parole après quelques secondes de silence.
-Comment vivez-vous désormais, Mademoiselle Botherel ? Vous ne semblez pas être spécialement dans le besoin. Avez-vous pu toucher un héritage de votre famille malgré la situation ? Exercez vous une profession sur la Capitale ?
Puisqu’elle n’avait pas l’air de savoir grand-chose sur sa famille, autant l’interroger sur sa propre personne.
Charles ne la pressa pas pour répondre à sa question suivante. Il l’observa en silence, la vit hésiter à lui livrer des noms. Quoi de plus normal lorsqu’on se trouvait face à un parent de la Couronne. Le Duc la testait, tout au plus. Voulait savoir si elle désirait connaître le fin mot de l’histoire. Savoir enfin pourquoi elle s’était retrouvé arrachée de sa petite vie de noble. Souhaitait-elle la retrouver ? Qui sait. Que faisait-elle désormais ? Avait-elle suivi une vie religieuse comme Hildegard ? Une transition des plus simples, selon lui. Mener la vie du bas peuple alors qu’on est habitué au faste rebuterai plus d’un.
Finalement les noms tombèrent et les lèvres de Charles frémirent à peine. Son visage resta imperturbable jusqu’à la toute fin. Nota la nouvelle hésitation pour le dernier nom évoqué, qui attirera sa curiosité autant que le premier.
Allons bon, Belligrad Botherel aurait été jeté en pâture par Oscar de Bellevallée, un ami, d’après les dires de la fille. D’ailleurs, si ces souvenirs ne lui faisaient pas défauts, n’avait-il pas une fille, qui aurait sans doute environ le même âge que Béatrice ? Charles ne lui donnait pas plus de 20 ans en tout cas. Si les deux s’entendaient, leurs filles avaient du également se fréquenter. Quant à Semaphore, Théodore et de Bartels, voilà trois noms qui méritaient d’être étudiés également. Charles reprit finalement la parole après quelques secondes de silence.
-Comment vivez-vous désormais, Mademoiselle Botherel ? Vous ne semblez pas être spécialement dans le besoin. Avez-vous pu toucher un héritage de votre famille malgré la situation ? Exercez vous une profession sur la Capitale ?
Puisqu’elle n’avait pas l’air de savoir grand-chose sur sa famille, autant l’interroger sur sa propre personne.
Lun 3 Mai - 22:33
Nobody has ever seen his faceBut fear his smile
Un silence pensif tomba dans la pièce. Béatrice s’efforçait de rester droite, aussi impassible que possible, quand bien même l’envie de se replier sur elle-même la tiraillait, comme pour mieux protéger le cœur fragile qu’elle donnait en pâture au Duc. Rempli de souvenirs précieux, d’images éphémères, des yeux de sa mère à la couleur qui lui échappait encore. Et si elle ne bougeait pas, elle tenait pourtant d’une main solide la laisse de son pouvoir, comme un cerbère furieux qui souhaitait se repaître du Duc pour mieux protéger sa maîtresse. À quoi pensait-il ? Il était resté de marbre à tous ces prénoms. Est-ce que certains l’étonnaient ? D’autres, au contraire, ne le surprenaient pas ? Et surtout — que savait-il ?
Elle aurait tout à gagner à lui arracher ses secrets, à commencer par une longueur d’avance, mais la sorcière avait toujours tiré une grande fierté de ne pas abuser de son pouvoir ainsi. Sans doute était-ce bête, surtout dans une situation si épineuse : de cela, elle avait bien conscience. Mais le propre d’agir avec un honneur digne des Botherel, c’était de ne pas délaisser celui-ci à la première difficulté.
Béatrice risqua tout de même un regard, qu’elle maintenait jusque là à un point vague dans la direction de Monsieur d’Orléans : elle le regardait dans les yeux que pour que son vert bleu cristallin atteste de la véracité de ses dires, puis les baisser aussitôt, par respect.
Mais pas cette fois.
Bien sûr, elle ne trouva aucune réponse cachées derrière les traits délicats du noble. Elle osa tout de même y demeurer quelque instant, à presque le dévisager, même si elle trouvait l’expression ridicule — ça ne s'enlevait pas, un visage, ça s’oubliait seulement, et le sien lui resterait en mémoire un moment tant elle en analysait chaque minuscule mouvement pour pouvoir s’accrocher à quelque chose, n’importe quoi, dans cette mer d'incertitude.
Une réponse.
Un pourquoi, quoiqu’elle ne cracherait pas sur un où.
Puis il y eut cette autre question. Préparée à celle-ci sitôt que Charles l’avait invité dans son domaine, Béatrice dit le plus naturellement du monde :
— Non. J’ai perdu toute prétention à un quelconque héritage en même temps que mon titre. Tout au plus héritière de la mémoire des Botherel, et elle ne s’en sentait pas particulièrement à la hauteur. Je suis désormais au service et au bon soin de l’église.
Elle se tut un instant, des mots ancrés au fond de la gorge à la façon de rochers pointus. Peut-être qu’une gorgée de thé ou un morceau de biscuit les aideraient à passer, mais Béatrice rechignait encore à se servir, comme si, à l’instar des contes aux fées malicieuses, consommer quelque chose d'ici la forcerait à rester pendant une année encore.
Elle inspira longuement, et finit par demander, mélangeant les deux couleurs de leurs iris pour saisir le moindre tressaillement chez le Duc.
— Messire. J’aurais... J’aurais une question moi aussi. Les pierres s’escaladaient en montagne. Mais elle en gravirait le sentier, pour même la plus infime chance qu’il puisse lui répondre, qu’il le veuille seulement. Mes parents... Et mon frère, aussi. Sauriez-vous où... Elle palissait à vue d’oeil en approchant du houleux sujet de leur mort. Une nouvelle envie de fuir la prenait aux trippes, comme lorsque le Duc lui avait dit d’une façon si nonchalante que le nom de Botherel sonnait familier à son oreille — tout un tas d’angoisse qui lui tailladaient le dos. Mais elle persista. Où ils sont enterrés, Messire. S’ils le sont seulement, ajouta-t-elle d’une petite voix.
Elle aurait tout à gagner à lui arracher ses secrets, à commencer par une longueur d’avance, mais la sorcière avait toujours tiré une grande fierté de ne pas abuser de son pouvoir ainsi. Sans doute était-ce bête, surtout dans une situation si épineuse : de cela, elle avait bien conscience. Mais le propre d’agir avec un honneur digne des Botherel, c’était de ne pas délaisser celui-ci à la première difficulté.
Béatrice risqua tout de même un regard, qu’elle maintenait jusque là à un point vague dans la direction de Monsieur d’Orléans : elle le regardait dans les yeux que pour que son vert bleu cristallin atteste de la véracité de ses dires, puis les baisser aussitôt, par respect.
Mais pas cette fois.
Bien sûr, elle ne trouva aucune réponse cachées derrière les traits délicats du noble. Elle osa tout de même y demeurer quelque instant, à presque le dévisager, même si elle trouvait l’expression ridicule — ça ne s'enlevait pas, un visage, ça s’oubliait seulement, et le sien lui resterait en mémoire un moment tant elle en analysait chaque minuscule mouvement pour pouvoir s’accrocher à quelque chose, n’importe quoi, dans cette mer d'incertitude.
Une réponse.
Un pourquoi, quoiqu’elle ne cracherait pas sur un où.
Puis il y eut cette autre question. Préparée à celle-ci sitôt que Charles l’avait invité dans son domaine, Béatrice dit le plus naturellement du monde :
— Non. J’ai perdu toute prétention à un quelconque héritage en même temps que mon titre. Tout au plus héritière de la mémoire des Botherel, et elle ne s’en sentait pas particulièrement à la hauteur. Je suis désormais au service et au bon soin de l’église.
Elle se tut un instant, des mots ancrés au fond de la gorge à la façon de rochers pointus. Peut-être qu’une gorgée de thé ou un morceau de biscuit les aideraient à passer, mais Béatrice rechignait encore à se servir, comme si, à l’instar des contes aux fées malicieuses, consommer quelque chose d'ici la forcerait à rester pendant une année encore.
Elle inspira longuement, et finit par demander, mélangeant les deux couleurs de leurs iris pour saisir le moindre tressaillement chez le Duc.
— Messire. J’aurais... J’aurais une question moi aussi. Les pierres s’escaladaient en montagne. Mais elle en gravirait le sentier, pour même la plus infime chance qu’il puisse lui répondre, qu’il le veuille seulement. Mes parents... Et mon frère, aussi. Sauriez-vous où... Elle palissait à vue d’oeil en approchant du houleux sujet de leur mort. Une nouvelle envie de fuir la prenait aux trippes, comme lorsque le Duc lui avait dit d’une façon si nonchalante que le nom de Botherel sonnait familier à son oreille — tout un tas d’angoisse qui lui tailladaient le dos. Mais elle persista. Où ils sont enterrés, Messire. S’ils le sont seulement, ajouta-t-elle d’une petite voix.
Jeu 13 Mai - 16:19
Paint the roses in white
Béatrice & Charles
Sans héritage, la voilà désormais sous la coupe de l’Église. L’alternative la plus sûre pour elle, selon son humble avis. En tant qu’ancienne noble, issue d’une famille tombée en disgrâce pour lèse-majesté, il lui aurait été difficile, voir impossible de revenir dans la sphère de la noblesse. Beaucoup, pour ne pas dire tous, lui aurait claqué la porte au nez. Mais il doutait de toute façon qu’elle irait demander la charité auprès des nobles qu’elle avait connu. Sûrement pour une histoire de fierté et d’humiliation. Béatrice avait bien plus de mordant qu’on ne pourrait l’imaginer, Charles pouvait l’affirmer avec certitude malgré le peu de mot qu’ils avaient échangé jusqu’à présent.
Mais elle restait une jeune femme, un peu une enfant à ses yeux. Sans aucun doute encore affectée par cette histoire. Être arrachée de sa famille, en un clin d’oeil, du jour au lendemain, sans connaître les raisons avait de quoi vous marquer sur le long terme. Et à en juger par sa question, elle n’avait eu aucune nouvelle d’eux. Ne savait même pas où ils avaient été enterrés. Malheureusement pour elle…
-Pardonnez mon ignorance à ce sujet. Je ne saurais vous dire où votre famille a été enterrée. Je ne m’étais guère penché sur l’affaire à l’époque. Je venais tout juste d’être nommé Duc et je devais gérer au mieux mes terres avec la peste qui faisait des ravages…
Une période bien houleuse pour les d’Orléans. Avec une succession un peu précipité et une maladie qui faisait de plus de plus de malades, Charles avait fait tout ce qui lui était possible pour limiter les dégâts et soutenir sa sœur qui s’était sentie terriblement impuissante de ne pas avoir pu guérir Louis et Violette. Et lui qui devait également front avec les créatures de la nuit et veiller sur Iris. Se préoccuper d’une histoire de trahison envers la couronne française était passée en second plan. S’il s’était penché sur le sujet plus tôt… Non. À quoi bon revenir sur le sujet ? Ce qui est fait est fait. Mais maintenant que l’affaire refaisait surface, il pouvait s’y consacrer un peu.
-La vie sous la coupe de l’Église doit être un changement radical pour vous, j’imagine. Mais au moins avez-vous un toit au dessus de votre tête et de quoi vous remplir le ventre.
Ils étaient moins nombreux ces derniers mois mais les miséreux et les nécessiteux étaient encore présents. Charles faisait son possible pour améliorer les conditions de vie des habitants de son duché mais il n’avait malheureusement pas les yeux partout. Sans compter cette histoire de bandits sur les grandes routes. Ces gens là lui filaient entre les doigts et cela commençait sérieusement à l’agacer.
-Pour en revenir à votre famille… avez-vous remarqué un changement de comportement avant leur arrestation ? Semblaient-ils… nerveux ? Préoccupés, peut-être ?
Même si elle était ignorante de leurs intrigues, elle aurait peut-être pu apercevoir que quelque chose clochait, qu’ils leur arrivaient de ne pas être dans leurs états normaux. Comment pouvait-on rester irréprochable lorsque l’on fomentait un acte de trahison envers la royauté ? De toute évidence, les Botherel ne l’étaient pas puisqu’ils furent pris la main dans le sac.
Mais elle restait une jeune femme, un peu une enfant à ses yeux. Sans aucun doute encore affectée par cette histoire. Être arrachée de sa famille, en un clin d’oeil, du jour au lendemain, sans connaître les raisons avait de quoi vous marquer sur le long terme. Et à en juger par sa question, elle n’avait eu aucune nouvelle d’eux. Ne savait même pas où ils avaient été enterrés. Malheureusement pour elle…
-Pardonnez mon ignorance à ce sujet. Je ne saurais vous dire où votre famille a été enterrée. Je ne m’étais guère penché sur l’affaire à l’époque. Je venais tout juste d’être nommé Duc et je devais gérer au mieux mes terres avec la peste qui faisait des ravages…
Une période bien houleuse pour les d’Orléans. Avec une succession un peu précipité et une maladie qui faisait de plus de plus de malades, Charles avait fait tout ce qui lui était possible pour limiter les dégâts et soutenir sa sœur qui s’était sentie terriblement impuissante de ne pas avoir pu guérir Louis et Violette. Et lui qui devait également front avec les créatures de la nuit et veiller sur Iris. Se préoccuper d’une histoire de trahison envers la couronne française était passée en second plan. S’il s’était penché sur le sujet plus tôt… Non. À quoi bon revenir sur le sujet ? Ce qui est fait est fait. Mais maintenant que l’affaire refaisait surface, il pouvait s’y consacrer un peu.
-La vie sous la coupe de l’Église doit être un changement radical pour vous, j’imagine. Mais au moins avez-vous un toit au dessus de votre tête et de quoi vous remplir le ventre.
Ils étaient moins nombreux ces derniers mois mais les miséreux et les nécessiteux étaient encore présents. Charles faisait son possible pour améliorer les conditions de vie des habitants de son duché mais il n’avait malheureusement pas les yeux partout. Sans compter cette histoire de bandits sur les grandes routes. Ces gens là lui filaient entre les doigts et cela commençait sérieusement à l’agacer.
-Pour en revenir à votre famille… avez-vous remarqué un changement de comportement avant leur arrestation ? Semblaient-ils… nerveux ? Préoccupés, peut-être ?
Même si elle était ignorante de leurs intrigues, elle aurait peut-être pu apercevoir que quelque chose clochait, qu’ils leur arrivaient de ne pas être dans leurs états normaux. Comment pouvait-on rester irréprochable lorsque l’on fomentait un acte de trahison envers la royauté ? De toute évidence, les Botherel ne l’étaient pas puisqu’ils furent pris la main dans le sac.
Lun 31 Mai - 21:59
Nobody has ever seen his faceBut fear his smile
Elle se vida en un soupir attristé. Non, bien sûr, évidemment qu’il l’ignorait. La tombe de sa famille, pour peu qu’elle existait bel et bien, ne serait pas encore fleurie. La pensée la peina : L’image de cette pierre tombale laissée à l’abandon comme si elle les tuait deux fois.
— Je... Je comprends.
Quoiqu’elle ne comprenait rien. Que pouvait-elle bien connaître de la vie d’un Duc, après tout ? Le fait était qu’il ne savait rien, et c’était là le plus important de tous.
Béatrice releva ces yeux qu’elle avait abandonné au vide lorsque Charles poursuivit sur le sujet de l’église. Un mot, en particulier, la fit cligner des yeux un peu plus longtemps qu’à l’habituel, sans qu’elle ne sache quoi en tirer exactement : sous la coupe. Comme un insecte prisonnier de la curiosité de quelques enfants capricieux, bien ignorant ou désintéressé du bien être de l’animal. Exactement les mots qu’elle aurait employé pour parler de son expérience à un ami : or, elle n’aimait pas beaucoup l’église, là où le petit peuple comme la grande noblesse avait tout intérêt à l’adorer.
Sans doute se faisait-elle des idées.
Et puis qu’est-ce que cela changerait ?
— Le silence des religieux me tue, avoua-t-elle avec un sourire embarrassé. Mes frères et sœurs pouvaient se montrer très bruyants et il régnait toujours une sorte de vie chaotique à la maison.
C’était bien la seule foule que son pouvoir avait pleinement accepté, tout ce joli petit monde.
Du reste, elle avait déjà enterré l’idée des belles robes quand les fonds des Botherel s’étaient décimés en même temps que la santé de sa mère.
Quelques après midi en compagnie de Françoise,
à l’envier.
Des caprices.
— Mais comme vous le dites, mieux vaut cela aux rues mal famées de Paris...
Ou au silence mortel de son exécution.
Elle se redressa, gagna en prestance, lorsque le Duc jeta le sujet de sa famille sur la table, juste là, à côté des biscuits. La sorcière s’entêtait à leur résister : et avec son angoisse, sa tête légère, ses mains moites, ce ventre qui se serrait sur lui-même, elle n’était pas certaine de pouvoir pleinement les apprécier.
Elle hésita un instant, peinant encore à avoir gardé tout cela en elle pendant si longtemps pour ensuite tout régurgiter par une après midi trop douce, dans un endroit trop beau, là, dans la compagnie d'un inconnu trop sympathique. Tout lui paraissait étrange, incorrect. Trahir des morts, en parlant seulement d’eux. Que pourrait bien faire le Duc de telles informations ? Les réponses n'étaient-elles pas écrites quelque part, sur un parchemin qui l’attendait au château ?
Ce qu’elle devait avant tout garder en tête, c’était de pas s’incriminer : par chance et par malheur, ses parents l’avaient réellement laissé ignorante, un défaut qui marchait main dans la main avec son innocence.
— Je suppose, oui. Mais pas pour les raisons que vous devez imaginer. Un nouveau sourire nerveux. Quoique nerveux n’était pas le bon mot : un nouveau sourire pour ne pas céder aux larmes. C’était une période compliquée pour nous. Pas nous en tant que Botherel, mais nous en tant que famille. Ma mère était mourante malade et mon père dépensait ce qu’il nous restait de fortune pour ses soins. Ce n’était un secret pour personne que nous approchions la ruine.
Quand bien même ils s’efforçaient de garder la tête haute.
Si elle avait été une meilleure fille, sans doute Béatrice se serait-elle montrée humble, optimiste dans cette qualité de vie en déclin qui lui permettrait de retrouver les choses importantes, ou dieu sait quelle autre bêtise : la vérité c’est qu’elle aimait le luxe et que les regards en coin de ses amis plus riches lui pesaient en permanence.
— J’ai... Reçu une proposition du Vicomte de Bartels. Une demande en mariage. Puisque cela représentait une solution aux problèmes auxquelles nous faisions face, je pensais que mes parents seraient fiers, ou au moins rassurés. En tant que jeune fille de noble, la plus importante de mes tâches étaient d’obtenir un bon parti grâce à ma beauté et mon raffinement, et j’allais épouser un Vicomte, quelqu’un au dessus de ma position... J’avais rempli mon devoir. Elle dit ces derniers mots avec une certaine précipitation mélangée d'amertume, comme si elle cherchait encore à s’expliquer sous l’œil critique de son père.
Une époque révolue. Plus rien n’était grave, ici.
— Mais mes parents ne se sont pas montrés enthousiastes à l'idée. Cela a mis un certain froid entre nous, qui nous pesaient à tous, et rajouté un problème de plus à une liste déjà longue.
Elle serra les dents, les yeux blessés, avant de reprendre un peu de courage.
— Néanmoins, le mariage avec le Vicomte de Bartels devait bien avoir lieu. Je me préparais à celui-ci lorsque... Vous savez. C’est pour cette raison que le crime de lèse-majesté m’étonne, Messire. Je conçois que le besoin d’argent pourrait conduire à... un tel extrême — non pas que je l’excuse — mais la situation devait rentrer dans l’ordre sous peu.
Parce qu’elle l’avait réglé.
Alors pourquoi ? Son effort n’avait-il pas été suffisant ? L’idée qu’ils aient pu faire ça pour elle, pour l’empêcher de faire une erreur, de perdre une chance à l’amour, lui donnait la nausée.
— Je... Je comprends.
Quoiqu’elle ne comprenait rien. Que pouvait-elle bien connaître de la vie d’un Duc, après tout ? Le fait était qu’il ne savait rien, et c’était là le plus important de tous.
Béatrice releva ces yeux qu’elle avait abandonné au vide lorsque Charles poursuivit sur le sujet de l’église. Un mot, en particulier, la fit cligner des yeux un peu plus longtemps qu’à l’habituel, sans qu’elle ne sache quoi en tirer exactement : sous la coupe. Comme un insecte prisonnier de la curiosité de quelques enfants capricieux, bien ignorant ou désintéressé du bien être de l’animal. Exactement les mots qu’elle aurait employé pour parler de son expérience à un ami : or, elle n’aimait pas beaucoup l’église, là où le petit peuple comme la grande noblesse avait tout intérêt à l’adorer.
Sans doute se faisait-elle des idées.
Et puis qu’est-ce que cela changerait ?
— Le silence des religieux me tue, avoua-t-elle avec un sourire embarrassé. Mes frères et sœurs pouvaient se montrer très bruyants et il régnait toujours une sorte de vie chaotique à la maison.
C’était bien la seule foule que son pouvoir avait pleinement accepté, tout ce joli petit monde.
Du reste, elle avait déjà enterré l’idée des belles robes quand les fonds des Botherel s’étaient décimés en même temps que la santé de sa mère.
Quelques après midi en compagnie de Françoise,
à l’envier.
Des caprices.
— Mais comme vous le dites, mieux vaut cela aux rues mal famées de Paris...
Ou au silence mortel de son exécution.
Elle se redressa, gagna en prestance, lorsque le Duc jeta le sujet de sa famille sur la table, juste là, à côté des biscuits. La sorcière s’entêtait à leur résister : et avec son angoisse, sa tête légère, ses mains moites, ce ventre qui se serrait sur lui-même, elle n’était pas certaine de pouvoir pleinement les apprécier.
Elle hésita un instant, peinant encore à avoir gardé tout cela en elle pendant si longtemps pour ensuite tout régurgiter par une après midi trop douce, dans un endroit trop beau, là, dans la compagnie d'un inconnu trop sympathique. Tout lui paraissait étrange, incorrect. Trahir des morts, en parlant seulement d’eux. Que pourrait bien faire le Duc de telles informations ? Les réponses n'étaient-elles pas écrites quelque part, sur un parchemin qui l’attendait au château ?
Ce qu’elle devait avant tout garder en tête, c’était de pas s’incriminer : par chance et par malheur, ses parents l’avaient réellement laissé ignorante, un défaut qui marchait main dans la main avec son innocence.
— Je suppose, oui. Mais pas pour les raisons que vous devez imaginer. Un nouveau sourire nerveux. Quoique nerveux n’était pas le bon mot : un nouveau sourire pour ne pas céder aux larmes. C’était une période compliquée pour nous. Pas nous en tant que Botherel, mais nous en tant que famille. Ma mère était mourante malade et mon père dépensait ce qu’il nous restait de fortune pour ses soins. Ce n’était un secret pour personne que nous approchions la ruine.
Quand bien même ils s’efforçaient de garder la tête haute.
Si elle avait été une meilleure fille, sans doute Béatrice se serait-elle montrée humble, optimiste dans cette qualité de vie en déclin qui lui permettrait de retrouver les choses importantes, ou dieu sait quelle autre bêtise : la vérité c’est qu’elle aimait le luxe et que les regards en coin de ses amis plus riches lui pesaient en permanence.
— J’ai... Reçu une proposition du Vicomte de Bartels. Une demande en mariage. Puisque cela représentait une solution aux problèmes auxquelles nous faisions face, je pensais que mes parents seraient fiers, ou au moins rassurés. En tant que jeune fille de noble, la plus importante de mes tâches étaient d’obtenir un bon parti grâce à ma beauté et mon raffinement, et j’allais épouser un Vicomte, quelqu’un au dessus de ma position... J’avais rempli mon devoir. Elle dit ces derniers mots avec une certaine précipitation mélangée d'amertume, comme si elle cherchait encore à s’expliquer sous l’œil critique de son père.
Une époque révolue. Plus rien n’était grave, ici.
— Mais mes parents ne se sont pas montrés enthousiastes à l'idée. Cela a mis un certain froid entre nous, qui nous pesaient à tous, et rajouté un problème de plus à une liste déjà longue.
Elle serra les dents, les yeux blessés, avant de reprendre un peu de courage.
— Néanmoins, le mariage avec le Vicomte de Bartels devait bien avoir lieu. Je me préparais à celui-ci lorsque... Vous savez. C’est pour cette raison que le crime de lèse-majesté m’étonne, Messire. Je conçois que le besoin d’argent pourrait conduire à... un tel extrême — non pas que je l’excuse — mais la situation devait rentrer dans l’ordre sous peu.
Parce qu’elle l’avait réglé.
Alors pourquoi ? Son effort n’avait-il pas été suffisant ? L’idée qu’ils aient pu faire ça pour elle, pour l’empêcher de faire une erreur, de perdre une chance à l’amour, lui donnait la nausée.
Sam 5 Juin - 17:01
Paint the roses in white
Béatrice & Charles
En un sens, Charles comprenait Béatrice. Quand bien même ses journées étaient désormais remplis en raison de son nouveau titre, il lui arrivait parfois de ne pas du tout supporter le silence qui régnait dans son domaine. Il avait après tout grandi entre les murs de ce château entouré de ses grands-parents, de ses parents et de ses frères et sœurs. Les rires et les éclats de voix rebondissaient à toute heure de la journée sur les pierres de l’édifice. Mais ils s’étaient fait plus rares, au fil des années, et s’étaient presque brutalement arrêtés avec la peste emportant tout sur son passage. Seule Iris mettait encore un peu de vie en ces lieux. Mais pour combien de temps ? Hildegard l’avait conseillé de l’envoyer étudier ailleurs. Peut-être qu’au final, c’était lui qui n’allait pas supporter la solitude.
Il pourrait penser à l’inévitable lorsqu’il ne pourra plus esquiver la réponse. Il avait encore un peu de temps. Régler un problème à la fois était primordial. Enfin, l’affaire des Botherel n’était plus un réel problème à l’heure actuelle mais son instinct lui soufflait qu’il fallait qu’il creuse de ce côté. Son intuition lui avait fait rarement défaut jusqu’à présent. Il risquait peut-être beaucoup en enquêtant sur cette affaire. Mais il risquait de regretter s’il ne le faisait pas.
Aussi continua-t-il d’écouter l’histoire de Béatrice en silence, son thé désormais tiède entre ses mains. Ainsi donc elle devait épouser le Vicomte Bartels. Voilà pourquoi elle avait prononcer son nom en dernier. Une légère réticence à entacher le nom de son ex-fiancé, peut-être ? Mais ce qui l’étonna d’avantage, ce fut son récit sur la réaction de ses parents. Pourquoi être réticent face à telle proposition ? Une aubaine pour eux, pour régler déjà quelques soucis. Ou bien la proposition était peut-être trop belle ? Ou pas assez ? Le baron de Botherel cherchait-il à viser plus haut qu’un simple Vicomte ? Un comte ? Un Marquis, peut-être ?
-Voilà qui est fort étonnant. Je ne connais tous les détails de votre situation à cette époque mais une proposition de mariage avec un Vicomte était une bonne nouvelle. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi votre père – paix à son âme – et pardonnez-moi si cela risque de vous froisser, semblait faire la fine bouche. Il n’aurait pu espérer mieux, je pense.
S’associer à une famille de noble au bord de la ruine n’était pas spécialement un choix judicieux. À moins de jouer les bonnes cartes et réussir à remettre sur pied ladite famille, permettant ainsi d’avoir une main mise certaine sur des titres et des terres. Mais tout cela n’expliquait en rien ou n’éclaircissait en rien les raisons pour lesquelles ils furent pousser à commettre trahison envers la couronne française. A moins qu’ils n’aient servi d’appât pour couvrir quelqu’un d’autre. Un os à ronger, une distraction suffisante pour continuer leur dessein sombre.
Peut-être devrait-il se rendre sur Paris plus tôt que prévu.
-Enfin, je suppose que nous n’aurions pas de réponse en restant assis, conclut-il avec un mince sourire désolé.
Une invitation pour l’inciter à en faire de même ? Peut-être.
Son regard glissa rapidement vers l’horloge. Il était temps de conclure cette entrevue avant qu’une tornade au nom d’Iris ne vienne débouler dans la pièce.
-Je ne vais pas vous embêter d’avantage avec ce sujet. Et Iris a bientôt fini sa leçon. Pourquoi ne pas passer à la pièce d’à côté pour prendre vos mensurations ?
Il déposa enfin sa tasse, après l’avoir fini d’une traite non sans une discrète grimace, puis se leva et l’invita à la suivre vers une autre porte. La main sur la poignée, il s’arrêta cependant et l’observa quelques secondes.
-Y voyez-vous un inconvénient à ce que je les prenne ? Si vous n’êtes pas à l’aise, je peux demander à ma sœur de le faire.
Nulle doute que toute cette histoire l’avait déjà mis sur la défensive. Peut-être qu’une présence féminine la détendra un peu. Diane avait ce don particulier d’adoucir les coeurs, même les plus rustres, en tout cas.
Il pourrait penser à l’inévitable lorsqu’il ne pourra plus esquiver la réponse. Il avait encore un peu de temps. Régler un problème à la fois était primordial. Enfin, l’affaire des Botherel n’était plus un réel problème à l’heure actuelle mais son instinct lui soufflait qu’il fallait qu’il creuse de ce côté. Son intuition lui avait fait rarement défaut jusqu’à présent. Il risquait peut-être beaucoup en enquêtant sur cette affaire. Mais il risquait de regretter s’il ne le faisait pas.
Aussi continua-t-il d’écouter l’histoire de Béatrice en silence, son thé désormais tiède entre ses mains. Ainsi donc elle devait épouser le Vicomte Bartels. Voilà pourquoi elle avait prononcer son nom en dernier. Une légère réticence à entacher le nom de son ex-fiancé, peut-être ? Mais ce qui l’étonna d’avantage, ce fut son récit sur la réaction de ses parents. Pourquoi être réticent face à telle proposition ? Une aubaine pour eux, pour régler déjà quelques soucis. Ou bien la proposition était peut-être trop belle ? Ou pas assez ? Le baron de Botherel cherchait-il à viser plus haut qu’un simple Vicomte ? Un comte ? Un Marquis, peut-être ?
-Voilà qui est fort étonnant. Je ne connais tous les détails de votre situation à cette époque mais une proposition de mariage avec un Vicomte était une bonne nouvelle. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi votre père – paix à son âme – et pardonnez-moi si cela risque de vous froisser, semblait faire la fine bouche. Il n’aurait pu espérer mieux, je pense.
S’associer à une famille de noble au bord de la ruine n’était pas spécialement un choix judicieux. À moins de jouer les bonnes cartes et réussir à remettre sur pied ladite famille, permettant ainsi d’avoir une main mise certaine sur des titres et des terres. Mais tout cela n’expliquait en rien ou n’éclaircissait en rien les raisons pour lesquelles ils furent pousser à commettre trahison envers la couronne française. A moins qu’ils n’aient servi d’appât pour couvrir quelqu’un d’autre. Un os à ronger, une distraction suffisante pour continuer leur dessein sombre.
Peut-être devrait-il se rendre sur Paris plus tôt que prévu.
-Enfin, je suppose que nous n’aurions pas de réponse en restant assis, conclut-il avec un mince sourire désolé.
Une invitation pour l’inciter à en faire de même ? Peut-être.
Son regard glissa rapidement vers l’horloge. Il était temps de conclure cette entrevue avant qu’une tornade au nom d’Iris ne vienne débouler dans la pièce.
-Je ne vais pas vous embêter d’avantage avec ce sujet. Et Iris a bientôt fini sa leçon. Pourquoi ne pas passer à la pièce d’à côté pour prendre vos mensurations ?
Il déposa enfin sa tasse, après l’avoir fini d’une traite non sans une discrète grimace, puis se leva et l’invita à la suivre vers une autre porte. La main sur la poignée, il s’arrêta cependant et l’observa quelques secondes.
-Y voyez-vous un inconvénient à ce que je les prenne ? Si vous n’êtes pas à l’aise, je peux demander à ma sœur de le faire.
Nulle doute que toute cette histoire l’avait déjà mis sur la défensive. Peut-être qu’une présence féminine la détendra un peu. Diane avait ce don particulier d’adoucir les coeurs, même les plus rustres, en tout cas.
Mar 8 Juin - 0:29
Nobody has ever seen his faceBut fear his smile
Il n’y avait rien à pardonner : à l’époque déjà, la réticence de son père l’interloquait, mais elle trouvait le terme de fine bouche bien sympathique. Avec Belligrad Botherel, il n’était pas question de standard, mais d’entêtement et fierté. Des traits dont, maintenant qu’elle devait s’en parer sans cesse, elle se rendait bien compte avoir hérité, elle-aussi.
Dans tous les cas, l’histoire semblait intéresser le Duc. Pour quelles raisons, Béatrice l’ignorait : après tout, la couronne ne faisait pas d’erreur, n’est-ce pas ? Si ses parents avaient été exécutés, c’est qu’ils étaient coupables et s’ils étaient coupables, alors l’affaire était à close. Peut-être cherchait-il simplement à être parcimonieux, et ne pas ignorer les faits sordides qui s’étaient déroulés avant l’avènement de Victoire ?
Elle, en tout cas, avait déjà obtenu une réponse de ce petit entretien : le crime de lèse-majesté. La question, désormais, était de savoir ce qui avait été dérobé, et dans quel but.
Mais le Duc avait raison. Rester assis à regarder le jour défiler ne les avancerait à rien. Déposant sa tasse en imitation du noble, elle jeta un coup d’œil désolé à la multitude de gâteaux qu’elle n’avait même pas effleuré des doigts. Elle pourrait bien sourire en compagnie d’Iris, mais inutile de feindre l’appétit lorsque celui-ci avait été coupé par tous ces souvenirs : et contrairement à l’enfant, les biscuits n’en prendraient pas ombrage.
Gratifiant monsieur d’Orléans d’un hochement de tête, elle suivit celui-ci jusqu’à la porte, les mains croisées devant elle en enfant sage. Ah oui, la robe : elle l’avait presque oublié. Sitôt qu’il avait prononcé son nom dans le salon de thé, ce cadeau promis était devenu le cadet de ses soucis, et elle s’attendait presque à ce que le Duc l’ait utilisé comme prétexte pour l’inviter à sa demeure sans inquiéter la petite : sans doute ne serait-elle pas ravie d’apprendre que sa bienfaitrice s’était vue interroger en guise de remerciement.
Les mensurations, donc. Plus que la situation qui approchait, ce fut la question qui embarrassa Béatrice : si d’elle-même, elle n’aurait pas présenté une telle requête, répondre par la négative au Duc lui donnerait sans doute une piètre image de la fille de noble, même déchue, qu’elle était encore. Ce genre de choses ne se faisait pas, d’autant plus qu’il n’était pas réellement couturier... Mais la tournure de sa phrase, un inconvénient, n’arrangeait rien : ça ne se faisait pas non plus, de sous-entendre qu'une personne si éminente pourrait se montrer inconvenante !
— Oh, euh ... Elle voulut ajouter qu’elle n’était pas mal à l’aise, mais sa pudeur l’en empêcha. Ce serait sans doute préférable, oui. Merci de votre prévenance.
Dans tous les cas, l’histoire semblait intéresser le Duc. Pour quelles raisons, Béatrice l’ignorait : après tout, la couronne ne faisait pas d’erreur, n’est-ce pas ? Si ses parents avaient été exécutés, c’est qu’ils étaient coupables et s’ils étaient coupables, alors l’affaire était à close. Peut-être cherchait-il simplement à être parcimonieux, et ne pas ignorer les faits sordides qui s’étaient déroulés avant l’avènement de Victoire ?
Elle, en tout cas, avait déjà obtenu une réponse de ce petit entretien : le crime de lèse-majesté. La question, désormais, était de savoir ce qui avait été dérobé, et dans quel but.
Mais le Duc avait raison. Rester assis à regarder le jour défiler ne les avancerait à rien. Déposant sa tasse en imitation du noble, elle jeta un coup d’œil désolé à la multitude de gâteaux qu’elle n’avait même pas effleuré des doigts. Elle pourrait bien sourire en compagnie d’Iris, mais inutile de feindre l’appétit lorsque celui-ci avait été coupé par tous ces souvenirs : et contrairement à l’enfant, les biscuits n’en prendraient pas ombrage.
Gratifiant monsieur d’Orléans d’un hochement de tête, elle suivit celui-ci jusqu’à la porte, les mains croisées devant elle en enfant sage. Ah oui, la robe : elle l’avait presque oublié. Sitôt qu’il avait prononcé son nom dans le salon de thé, ce cadeau promis était devenu le cadet de ses soucis, et elle s’attendait presque à ce que le Duc l’ait utilisé comme prétexte pour l’inviter à sa demeure sans inquiéter la petite : sans doute ne serait-elle pas ravie d’apprendre que sa bienfaitrice s’était vue interroger en guise de remerciement.
Les mensurations, donc. Plus que la situation qui approchait, ce fut la question qui embarrassa Béatrice : si d’elle-même, elle n’aurait pas présenté une telle requête, répondre par la négative au Duc lui donnerait sans doute une piètre image de la fille de noble, même déchue, qu’elle était encore. Ce genre de choses ne se faisait pas, d’autant plus qu’il n’était pas réellement couturier... Mais la tournure de sa phrase, un inconvénient, n’arrangeait rien : ça ne se faisait pas non plus, de sous-entendre qu'une personne si éminente pourrait se montrer inconvenante !
— Oh, euh ... Elle voulut ajouter qu’elle n’était pas mal à l’aise, mais sa pudeur l’en empêcha. Ce serait sans doute préférable, oui. Merci de votre prévenance.
Sam 12 Juin - 15:47
@Diane d'Orléans [c'est donc à toi de jouer /o/ si tu as des questions, hésite pas ]
Paint the roses in white
Béatrice & Charles
Un nouveau sourire conciliant et Charles ouvrit la porte et laissa Béatrice entrer dans une grande pièce aménagée. Dans un coin de la pièce, on y trouvait plusieurs paravents pour offrir un peu d’intimité. Le mur du fond était rempli d’étagères d’où débordaient des rouleaux de tissus classés par couleur et par textile. Accolé à une fenêtre sur la gauche se trouvait une grande table en bois où on pouvait voir plusieurs feuillets ainsi que divers outils pour la couture. Au centre de la pièce se trouvait un petit piédestal et non loin deux canapés ainsi qu’une petite table basse, le tout richement décoré. L’endroit était impeccable et régulièrement rangé.
-Je vous laisse vous installer. Je vais chercher Diane et Iris également, ajouta-t-il d’un hochement de tête avant de s’éclipser.
Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour retrouver sa sœur dans la demeure.
-Diane, pardonne-moi de te déranger mais j’aurai besoin de ton aide pour prendre les mensurations de Béatrice. Elle se trouve dans mon atelier. Je vous rejoindrai avec Iris.
Il lui avait rapidement expliqué le pourquoi de sa venue mais il n’était pas spécialement entré dans les détails au sujet de lèse-majeté mais il devrait peut-être en rediscuter même si ce n’était pas un sujet des plus plaisants. Sa sœur était bien plus souvent aux côtés de Victoire que lui, ce qui le rassurait beaucoup. Quand même elle était sujette à de nombreux ragots, cela lui permettait quelque part d’observer les faits et gestes de la Cour. Il admirait beaucoup Diane pour cela. Rester la tête haute et ne pas flancher malgré toutes ses messes basses forçait le respect. Une preuve de plus de son abnégation pour aider les gens sans réellement se soucier du regard des autres. Au moins essayait-elle d’aider les gens et son entourage, voulait-il lancer parfois. Peut-être qu’il devrait le faire, tiens, à la prochaine soirée mondaine.
Une fois le message passé, il se dirigea donc vers la salle d’étude où devait se trouver sa progéniture. Il y entra sans faire de bruit et observa la fillette visiblement en pleine lecture d’un texte… très compliqué. Du moins pour son âge. Comprenait-elle un seul mot ? Il en doutait. Il n’avait pas souvenir d’avoir eu un exercice aussi difficile. La petite duchesse s’en sortait très bien en tout cas. Elle était certaine une boule d’énergie mais il ne pouvait pas lui retirer son assiduité et son désir de bien faire.
-Très bien, mademoiselle Iris. Ce sera tout pour aujourd’hui. Votre père monsieur le Duc vous attend.
À peine les mots furent-ils prononcés qu’une furie blonde se jeta sur lui. Charles, après des années d’expérience réussit à la rattraper et la prit dans ses bras, la félicita pour ses efforts. Après avoir salué et remercier la préceptrice, père et fille retournèrent à l’atelier, le premier faisant en sorte que la seconde ne tombe pas en s’agitant dans ses bras. Lorsqu’ils arrivèrent à destination, il posa Iris au sol et elle fila entre ses doigts pour se jeter sur leur invitée.
-Bonjour Béatrice ! Comment vas-tu ? Le voyage a pas été trop long ? Tu as été dans notre jardin ? Il est super beau ! Je te montrerais toutes les fleurs qu’on a planté! J’ai même aidé le jardinier ! Et puis, on mangera sous un arbre. Ou bien on peut manger près du lac aussi !
-Je vous laisse entre dames. Appelez-moi quand vous aurez fini.
Et Charles referma la porte derrière lui, laissant les adultes s’occuper de la tempête Iris pendant qu’il dégustait une nouvelle tasse de thé.
-Je vous laisse vous installer. Je vais chercher Diane et Iris également, ajouta-t-il d’un hochement de tête avant de s’éclipser.
Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour retrouver sa sœur dans la demeure.
-Diane, pardonne-moi de te déranger mais j’aurai besoin de ton aide pour prendre les mensurations de Béatrice. Elle se trouve dans mon atelier. Je vous rejoindrai avec Iris.
Il lui avait rapidement expliqué le pourquoi de sa venue mais il n’était pas spécialement entré dans les détails au sujet de lèse-majeté mais il devrait peut-être en rediscuter même si ce n’était pas un sujet des plus plaisants. Sa sœur était bien plus souvent aux côtés de Victoire que lui, ce qui le rassurait beaucoup. Quand même elle était sujette à de nombreux ragots, cela lui permettait quelque part d’observer les faits et gestes de la Cour. Il admirait beaucoup Diane pour cela. Rester la tête haute et ne pas flancher malgré toutes ses messes basses forçait le respect. Une preuve de plus de son abnégation pour aider les gens sans réellement se soucier du regard des autres. Au moins essayait-elle d’aider les gens et son entourage, voulait-il lancer parfois. Peut-être qu’il devrait le faire, tiens, à la prochaine soirée mondaine.
Une fois le message passé, il se dirigea donc vers la salle d’étude où devait se trouver sa progéniture. Il y entra sans faire de bruit et observa la fillette visiblement en pleine lecture d’un texte… très compliqué. Du moins pour son âge. Comprenait-elle un seul mot ? Il en doutait. Il n’avait pas souvenir d’avoir eu un exercice aussi difficile. La petite duchesse s’en sortait très bien en tout cas. Elle était certaine une boule d’énergie mais il ne pouvait pas lui retirer son assiduité et son désir de bien faire.
-Très bien, mademoiselle Iris. Ce sera tout pour aujourd’hui. Votre père monsieur le Duc vous attend.
À peine les mots furent-ils prononcés qu’une furie blonde se jeta sur lui. Charles, après des années d’expérience réussit à la rattraper et la prit dans ses bras, la félicita pour ses efforts. Après avoir salué et remercier la préceptrice, père et fille retournèrent à l’atelier, le premier faisant en sorte que la seconde ne tombe pas en s’agitant dans ses bras. Lorsqu’ils arrivèrent à destination, il posa Iris au sol et elle fila entre ses doigts pour se jeter sur leur invitée.
-Bonjour Béatrice ! Comment vas-tu ? Le voyage a pas été trop long ? Tu as été dans notre jardin ? Il est super beau ! Je te montrerais toutes les fleurs qu’on a planté! J’ai même aidé le jardinier ! Et puis, on mangera sous un arbre. Ou bien on peut manger près du lac aussi !
-Je vous laisse entre dames. Appelez-moi quand vous aurez fini.
Et Charles referma la porte derrière lui, laissant les adultes s’occuper de la tempête Iris pendant qu’il dégustait une nouvelle tasse de thé.
@Diane d'Orléans [c'est donc à toi de jouer /o/ si tu as des questions, hésite pas ]
Lun 14 Juin - 18:09
Paint the roses in white |
Ce n’était pas toujours facile d’être présente à la fois pour sa reine, à la fois pour son cher frère. Pourtant, dans ses journées bien chargées, Diane réussissait à passer un peu de temps seule pour s’éduquer au travers d’un ouvrage relié, ou pour s’exercer à l’art de l’aiguille. Le plus souvent, les motifs étaient plutôt un prétexte pour s’entraîner à faire des points très précis, s’imaginant plutôt panser une blessure, plutôt que de créer une jolie broderie, comme le font les autres femmes de son rang.
Lorsque son frère vint à sa rencontre, elle était assise près d’une fenêtre pour pleinement profiter de la lumière du jour et ne pas s’abîmer les prunelles en analysant son ouvrage. Ce dernier, tout droit venu d’Italie, décrivait les dernières trouvailles de son auteur, avec une précision presque dérangeante pour quiconque n’appréciant guère la vue du sang. Encore plongée dans ses réflexions, elle lui répondit d’une petite voix :
- Bien, je m’y rends tout de suite, mon frère.
Assuré qu’elle l’aiderait, Charles quitta la pièce pour rejoindre sa fille. Diane prit quelques instants pour vérifier l’allure de sa coiffure, bien que très simple. Ses joues avaient pris de jolies couleurs, ainsi exposées au soleil, derrière la vitre de sa fenêtre. Sans plus attendre, elle abandonna son livre et le petit salon pour se rendre à l’atelier de son frère.
Elle n’avait jamais eu l’honneur de rencontrer Béatrice Botherel en personne, mais son frère n’ayant pas tari d’éloge la sauveuse de sa fille, Diane s’imaginait sans peine s’entendre avec la jeune femme. En entrant dans la pièce, elle perçu la gêne de l’invitée. Elle s’était retrouvée seule dans cette pièce et avait peut-être imaginé toutes sortes de choses à son propos. Comme à son habitude, tel un soleil faisant disparaître l’obscurité, Diane apporta une bouffée de joie dans la pièce. Et avec un franc sourire, elle salua celle qui avait retrouvée sa petite chipie, Iris.
- Bonjour Béatrice, quel privilège de pouvoir enfin mettre un visage sur votre nom. Je ne saurais vous remercier pour ce que vous avez fait pour mon frère, pour ma petite Iris. Vous avez toute ma gratitude et j’espère que nous parviendrons à nous acquitter de cette dette.
La petite chipie arriva telle une tempête et elle attira toute l’attention sur elle, ce qui ne manqua pas de faire sourire sa tante. Elle était toute excitée à l’idée de retrouver Béatrice et elle ne lui laissa pas même une seconde pour répondre à ses nombreuses questions. En faisant signe à son frère pour lui signifier qu’elle l’avait entendu partir, Diane s’approcha de sa nièce et posa une main sur son épaule, comme pour canaliser tout cet afflux d’énergie soudain.
- Enfin Iris, respirez entre chaque question, vous êtes aussi rouge que les plants de tomates du potager. La fillette pris un air boudeur avant de finalement laisser échapper un rire. Vous aurez l’occasion de passer du temps ensemble, ne vous inquiétez pas. Avant, je dois rendre service à votre père et prendre les mesures de notre amie ici présente. Vous savez bien, votre père va créer une sublime robe pour remercier Béatrice d’avoir retrouvé notre chipie préférée.
Elle lui pinça le bout du nez ce qui ne manqua pas de faire glousser l’enfant. Diane lui proposa de s’asseoir sur un fauteuil, pour rester en présence des femmes et les observer, pendant qu’elle se munissait d’un mètre et s’approchait de la jeune femme.
- Me permettez-vous de prendre vos mensurations Béatrice ?
Lorsque son frère vint à sa rencontre, elle était assise près d’une fenêtre pour pleinement profiter de la lumière du jour et ne pas s’abîmer les prunelles en analysant son ouvrage. Ce dernier, tout droit venu d’Italie, décrivait les dernières trouvailles de son auteur, avec une précision presque dérangeante pour quiconque n’appréciant guère la vue du sang. Encore plongée dans ses réflexions, elle lui répondit d’une petite voix :
- Bien, je m’y rends tout de suite, mon frère.
Assuré qu’elle l’aiderait, Charles quitta la pièce pour rejoindre sa fille. Diane prit quelques instants pour vérifier l’allure de sa coiffure, bien que très simple. Ses joues avaient pris de jolies couleurs, ainsi exposées au soleil, derrière la vitre de sa fenêtre. Sans plus attendre, elle abandonna son livre et le petit salon pour se rendre à l’atelier de son frère.
Elle n’avait jamais eu l’honneur de rencontrer Béatrice Botherel en personne, mais son frère n’ayant pas tari d’éloge la sauveuse de sa fille, Diane s’imaginait sans peine s’entendre avec la jeune femme. En entrant dans la pièce, elle perçu la gêne de l’invitée. Elle s’était retrouvée seule dans cette pièce et avait peut-être imaginé toutes sortes de choses à son propos. Comme à son habitude, tel un soleil faisant disparaître l’obscurité, Diane apporta une bouffée de joie dans la pièce. Et avec un franc sourire, elle salua celle qui avait retrouvée sa petite chipie, Iris.
- Bonjour Béatrice, quel privilège de pouvoir enfin mettre un visage sur votre nom. Je ne saurais vous remercier pour ce que vous avez fait pour mon frère, pour ma petite Iris. Vous avez toute ma gratitude et j’espère que nous parviendrons à nous acquitter de cette dette.
La petite chipie arriva telle une tempête et elle attira toute l’attention sur elle, ce qui ne manqua pas de faire sourire sa tante. Elle était toute excitée à l’idée de retrouver Béatrice et elle ne lui laissa pas même une seconde pour répondre à ses nombreuses questions. En faisant signe à son frère pour lui signifier qu’elle l’avait entendu partir, Diane s’approcha de sa nièce et posa une main sur son épaule, comme pour canaliser tout cet afflux d’énergie soudain.
- Enfin Iris, respirez entre chaque question, vous êtes aussi rouge que les plants de tomates du potager. La fillette pris un air boudeur avant de finalement laisser échapper un rire. Vous aurez l’occasion de passer du temps ensemble, ne vous inquiétez pas. Avant, je dois rendre service à votre père et prendre les mesures de notre amie ici présente. Vous savez bien, votre père va créer une sublime robe pour remercier Béatrice d’avoir retrouvé notre chipie préférée.
Elle lui pinça le bout du nez ce qui ne manqua pas de faire glousser l’enfant. Diane lui proposa de s’asseoir sur un fauteuil, pour rester en présence des femmes et les observer, pendant qu’elle se munissait d’un mètre et s’approchait de la jeune femme.
- Me permettez-vous de prendre vos mensurations Béatrice ?
Jeu 17 Juin - 0:51
Nobody has ever seen his faceBut fear his smile
Béatrice trouva vite sa juste place sur l’un des canapés de la grande pièce, jugeant de la décoration dans un silence admiratif. Toute habituée au luxe qu’elle avait été dans sa jeunesse, pour vivre dans des conditions pareilles, il lui aurait fallu rêver d'épouser un Duc, même lorsque tous les Botherel se portaient très bien. Maintenant qu’elle était dépossédée de toutes les fioritures, son regard avait changé, mais elle ne sut dire tout à fait si c’était en bien ou en mal : si désormais, elle enviait tant de faste ou trouvait la chose surfaite.
Elle n’eut pas le temps de pondérer la question qu’une tempête débarqua dans la pièce dans des petits pas excités.
— Iris ! la salua Béatrice en se levant, tendant les bras pour l’accueillir. La petite fille s’y jeta, tournant dans les airs sous milles questions et milles rires, et alors seulement la sorcière remarqua la présence d’un autre petit soleil près de la porte.
Déposant l’enfant, Béatrice présenta une courbette parfaite que les mois sans pratique n’avaient pas érodés.
— C’est un honneur Madame. Et je vous en prie : c’était la moindre des choses, ajouta-t-elle un peu empressée : les compliments d’une si éminente personne l’avait toujours embarrassé.
De toute façon, quel genre de personne abandonnerait une enfant qui lui demandait de l’aide ?
Regardant la scène entre tante et nièce qui se jouer sous ses yeux, elle pensa au reste de sa famille dont elle n’avait jamais été proche : sa mère en avait toujours voulu à ses parents de l’avoir marié ainsi...
— Bien sûr, répondit la jeune fille à la question de Diane.
Après un clin d’œil à la petite pour ne pas qu’elle s’impatiente, elle commença à se déshabiller, non sans une certaine prudence pour dissimuler le gros de ses cicatrices. Par chance, la longue chemise qu'elle portait sous sa robe cachait bras et épaules.
— Êtes vous couturière de profession, Madame ? finit par demander Béatrice pour combler le silence. Si le passe-temps de son frère l’avait surprise, elle imaginait sans mal que c'était d’elle que tout commence : il suffisait de regarder ses mains travailler en geste confiant et précis.
Elle n’eut pas le temps de pondérer la question qu’une tempête débarqua dans la pièce dans des petits pas excités.
— Iris ! la salua Béatrice en se levant, tendant les bras pour l’accueillir. La petite fille s’y jeta, tournant dans les airs sous milles questions et milles rires, et alors seulement la sorcière remarqua la présence d’un autre petit soleil près de la porte.
Déposant l’enfant, Béatrice présenta une courbette parfaite que les mois sans pratique n’avaient pas érodés.
— C’est un honneur Madame. Et je vous en prie : c’était la moindre des choses, ajouta-t-elle un peu empressée : les compliments d’une si éminente personne l’avait toujours embarrassé.
De toute façon, quel genre de personne abandonnerait une enfant qui lui demandait de l’aide ?
Regardant la scène entre tante et nièce qui se jouer sous ses yeux, elle pensa au reste de sa famille dont elle n’avait jamais été proche : sa mère en avait toujours voulu à ses parents de l’avoir marié ainsi...
— Bien sûr, répondit la jeune fille à la question de Diane.
Après un clin d’œil à la petite pour ne pas qu’elle s’impatiente, elle commença à se déshabiller, non sans une certaine prudence pour dissimuler le gros de ses cicatrices. Par chance, la longue chemise qu'elle portait sous sa robe cachait bras et épaules.
— Êtes vous couturière de profession, Madame ? finit par demander Béatrice pour combler le silence. Si le passe-temps de son frère l’avait surprise, elle imaginait sans mal que c'était d’elle que tout commence : il suffisait de regarder ses mains travailler en geste confiant et précis.
Mer 23 Juin - 10:08
Paint the roses in white |
La petite Iris ne perdait pas une miette de la conversation entre les deux femmes, attendant le bon moment pour intervenir ou montrer son impatience à passer à la suite du programme prévu notamment par son père, le Duc d’Orléans. Lorsque Béatrice posa la question quant à la profession de Diane, la jeune fille éclata d’un rire franc et lança sans réfléchir :
- Si tu voyais les motifs qu’elle brode parfois !
La physicienne qui agissait plutôt minutieusement jusqu’ici en prenant les mesures pour la future toilette, interrompit son ouvrage et rejoignit sa nièce en riant. Elle voyait parfaitement à quoi elle faisait allusion. En effet, Diane allouait de son temps à la broderie et la couture, mais certainement pas pour créer de jolis motifs floraux, comme la plupart des femmes de son rang pratiquant ce loisir. La plupart de ses œuvres ne ressemblaient pas à grand-chose objectivement parlant : c’était souvent une succession de points plus ou moins rapprochés, lui permettant de s’entraîner à la tâche difficile de recoudre les chaires humaines.
- On peut dire que je suis une couturière atypique. Contrairement à mon frère doué pour l’assemblage des tissus, je m’exerce pour réparer des blessures…
Devinant le trouble dans l’expression du visage de Béatrice, un air qu’elle voyait sur bien des visages d’ailleurs, elle précisa :
- Même si, en tant que femme de mon rang, je ne devrai pas avoir la prétention de m’avouer médecin, il n’est pas rare que l’on fasse appel à mes capacités de physicienne. Je m’exerce donc à la couture le plus souvent pour mieux accompagner la convalescence de mes patients, plutôt que pour créer des motifs à mes mouchoirs de soie.
- J’en ai un assez vilain mais je le garde juste parce que c’est un cadeau de ma tante… Commenta Iris, tout bas, bien que tout le monde eu l’occasion de l’entendre et de rire de sa remarque, ce qui ne vexa pas pour autant Diane.
Cette dernière mit sur papier les dernières mesures nécessaires à la confection de la toilette avant d’annoncer à sa petite chipie qu’elle pouvait prévenir le Duc que toutes les trois étaient prêtes à la rejoindre. La fillette, dont les jambes battaient le vent d’impatience, bondit de son fauteuil et partit en informer son père, laissant les deux femmes seules. Diane entreprit d’aider sa nouvelle amie à se rhabiller, bien que cette tâche ne soit pas digne de son rang. L’aide qu’elle avait apporté à Iris valait bien tous les services de ce genre et puis, très honnêtement, elle le fit tout naturellement sans même y songer.
- Rendez-vous dans les jardins ! Lâcha la fillette, les joues rouges après sa course folle.
- Iris, accompagnez notre amie. Je vais aller nous chercher des ombrelles pour nous abriter du soleil, il fait déjà si chaud.
La fillette attrapa la main de sa protectrice et elles prirent la direction des jardin. Diane, quant à elle retourna dans ses appartements et demanda à l’une des domestiques que l’on prépare trois ombrelles pour chacune d’elles. Un détail attira son regard et elle se pencha pour découvrir une lettre, non signée, déposer à son attention :
Je pense à vous.
J'ai beau chercher à vous oublier je ne puis le faire.
Vous hantez mon esprit dame d'Orléans.
Sachez que vous avez en ces lieux un ami.
Ses joues rosirent. Était-ce la chaleur ? Étaient-ce les mots couchés sur le papier ? Qui lui avait adressé ces mots ? Visiblement troublée, elle rangea en toute hâte dans son coffre la lettre et s’interrogea sur l’identité de son auteur. Elle demanda qui avait apporté cette lettre dans ses appartements, mais personne ne semblait savoir réellement. Il fallait qu’elle en parle à son frère dès que l’occasion se présenterait. Tandis qu’elle se rendait dans les jardins, munie de son ombrelle, il lui était impossible de ne pas faire une liste de potentiels auteurs...
- Si tu voyais les motifs qu’elle brode parfois !
La physicienne qui agissait plutôt minutieusement jusqu’ici en prenant les mesures pour la future toilette, interrompit son ouvrage et rejoignit sa nièce en riant. Elle voyait parfaitement à quoi elle faisait allusion. En effet, Diane allouait de son temps à la broderie et la couture, mais certainement pas pour créer de jolis motifs floraux, comme la plupart des femmes de son rang pratiquant ce loisir. La plupart de ses œuvres ne ressemblaient pas à grand-chose objectivement parlant : c’était souvent une succession de points plus ou moins rapprochés, lui permettant de s’entraîner à la tâche difficile de recoudre les chaires humaines.
- On peut dire que je suis une couturière atypique. Contrairement à mon frère doué pour l’assemblage des tissus, je m’exerce pour réparer des blessures…
Devinant le trouble dans l’expression du visage de Béatrice, un air qu’elle voyait sur bien des visages d’ailleurs, elle précisa :
- Même si, en tant que femme de mon rang, je ne devrai pas avoir la prétention de m’avouer médecin, il n’est pas rare que l’on fasse appel à mes capacités de physicienne. Je m’exerce donc à la couture le plus souvent pour mieux accompagner la convalescence de mes patients, plutôt que pour créer des motifs à mes mouchoirs de soie.
- J’en ai un assez vilain mais je le garde juste parce que c’est un cadeau de ma tante… Commenta Iris, tout bas, bien que tout le monde eu l’occasion de l’entendre et de rire de sa remarque, ce qui ne vexa pas pour autant Diane.
Cette dernière mit sur papier les dernières mesures nécessaires à la confection de la toilette avant d’annoncer à sa petite chipie qu’elle pouvait prévenir le Duc que toutes les trois étaient prêtes à la rejoindre. La fillette, dont les jambes battaient le vent d’impatience, bondit de son fauteuil et partit en informer son père, laissant les deux femmes seules. Diane entreprit d’aider sa nouvelle amie à se rhabiller, bien que cette tâche ne soit pas digne de son rang. L’aide qu’elle avait apporté à Iris valait bien tous les services de ce genre et puis, très honnêtement, elle le fit tout naturellement sans même y songer.
- Rendez-vous dans les jardins ! Lâcha la fillette, les joues rouges après sa course folle.
- Iris, accompagnez notre amie. Je vais aller nous chercher des ombrelles pour nous abriter du soleil, il fait déjà si chaud.
La fillette attrapa la main de sa protectrice et elles prirent la direction des jardin. Diane, quant à elle retourna dans ses appartements et demanda à l’une des domestiques que l’on prépare trois ombrelles pour chacune d’elles. Un détail attira son regard et elle se pencha pour découvrir une lettre, non signée, déposer à son attention :
Je pense à vous.
J'ai beau chercher à vous oublier je ne puis le faire.
Vous hantez mon esprit dame d'Orléans.
Sachez que vous avez en ces lieux un ami.
Ses joues rosirent. Était-ce la chaleur ? Étaient-ce les mots couchés sur le papier ? Qui lui avait adressé ces mots ? Visiblement troublée, elle rangea en toute hâte dans son coffre la lettre et s’interrogea sur l’identité de son auteur. Elle demanda qui avait apporté cette lettre dans ses appartements, mais personne ne semblait savoir réellement. Il fallait qu’elle en parle à son frère dès que l’occasion se présenterait. Tandis qu’elle se rendait dans les jardins, munie de son ombrelle, il lui était impossible de ne pas faire une liste de potentiels auteurs...
Dim 27 Juin - 15:12
@Diane d'Orléans & @Béatrice Botherel [pardon pour le retard but i'm back ]
Paint the roses in white
Béatrice & Charles
Charles n’eut pas besoin de voir pour savoir que les dames avaient terminé dans l’atelier. Il entendit bien avant les bruits de pas effrénés d’Iris dans les couloirs avant qu’elle ne fonce bien évidemment dans ses jambes. Mais le Duc l’attrapa bien avant et la souleva, faisant glousser la petite fille.
-Tante Diane a fini de prendre les mesures de Béatrice, s’exclama la petite duchesse en agitant les bras et les jambes dans le vide.
-Très bien. Préviens les donc de se rendre dans le jardin pour le déjeuner.
Sitôt reposé sur le sol, la demoiselle fonça à nouveau à toute allure à travers le château pour rejoindre les deux jeunes femmes. Charles quant à lui pressa un peu les domestiques pour terminer les derniers détails. Dans le somptueux jardin tout en fleur et verdoyant sous un soleil éclatant avait été mis en place, à l’ombre d’un arbre non loin d’un étang, un grand drap plat où avait été posé divers mets comme du pain, diverses charcuteries et fromages, cadeau d’Hildegard, et une bouteille de vin et de quoi se désaltérer. On pouvait également y trouver un panier de fruit frais qui ajoutait une touche de couleur à tout cela.
Il attendit patiemment que ces demoiselles les rejoignent, et sourit en voyant sa progéniture avancer coquettement avec son ombrelle jusqu’à lui et de laisser tomber la comédie pour s’affaler sur le grand drap.
-J’ai si faim !
-Iris…
-Pardon, papa ! Viens voir, Béatrice, y’a pleins de bonnes choses à manger ! Tu veux commencer par quoi ? L’autre jour, Dame de Bayard, une amie de papa, a apporté du fromage, du tome, très bon !
Il couva la fillette qui embarqua son amie plus âgée d’une main et l’entraîner dans un coin près des fromages pour les lui montrer, lui expliquant même que la viande faisandée avait été chassé par son père également. Il aida Diane à s’installer en lui tenant la main et prit place également, commençant à servir une coupe de vin.
-As-tu une quelconque obligation, après le déjeuner, ma chère sœur ? J'ai promis aux filles une balade à cheval le long de la Loire. Nous serons ravis de te compter parmi nous, je pense.
Pour un peu, avec toutes leurs têtes blondes, on croirait presqu’ils sont de la même famille. Qu’il formait presque une famille heureuse et sans histoire. Mais tout n’était que façade. Ce qui rendait la scène d’autant plus amère, en quelque sorte.
-Tante Diane a fini de prendre les mesures de Béatrice, s’exclama la petite duchesse en agitant les bras et les jambes dans le vide.
-Très bien. Préviens les donc de se rendre dans le jardin pour le déjeuner.
Sitôt reposé sur le sol, la demoiselle fonça à nouveau à toute allure à travers le château pour rejoindre les deux jeunes femmes. Charles quant à lui pressa un peu les domestiques pour terminer les derniers détails. Dans le somptueux jardin tout en fleur et verdoyant sous un soleil éclatant avait été mis en place, à l’ombre d’un arbre non loin d’un étang, un grand drap plat où avait été posé divers mets comme du pain, diverses charcuteries et fromages, cadeau d’Hildegard, et une bouteille de vin et de quoi se désaltérer. On pouvait également y trouver un panier de fruit frais qui ajoutait une touche de couleur à tout cela.
Il attendit patiemment que ces demoiselles les rejoignent, et sourit en voyant sa progéniture avancer coquettement avec son ombrelle jusqu’à lui et de laisser tomber la comédie pour s’affaler sur le grand drap.
-J’ai si faim !
-Iris…
-Pardon, papa ! Viens voir, Béatrice, y’a pleins de bonnes choses à manger ! Tu veux commencer par quoi ? L’autre jour, Dame de Bayard, une amie de papa, a apporté du fromage, du tome, très bon !
Il couva la fillette qui embarqua son amie plus âgée d’une main et l’entraîner dans un coin près des fromages pour les lui montrer, lui expliquant même que la viande faisandée avait été chassé par son père également. Il aida Diane à s’installer en lui tenant la main et prit place également, commençant à servir une coupe de vin.
-As-tu une quelconque obligation, après le déjeuner, ma chère sœur ? J'ai promis aux filles une balade à cheval le long de la Loire. Nous serons ravis de te compter parmi nous, je pense.
Pour un peu, avec toutes leurs têtes blondes, on croirait presqu’ils sont de la même famille. Qu’il formait presque une famille heureuse et sans histoire. Mais tout n’était que façade. Ce qui rendait la scène d’autant plus amère, en quelque sorte.
@Diane d'Orléans & @Béatrice Botherel [pardon pour le retard but i'm back ]
Jeu 9 Sep - 22:56
Nobody has ever seen his faceBut fear his smile
Derrière son sourire aimable, Béatrice souhaitait que le sol s’ouvre en deux et que la terre l’engloutisse. Elle n’était certainement pas formée à la conversation avec une dame si éminente et cet état de fait tournait en boucle dans son esprit, transformant un échange tout ce qu’il y aurait dû avoir de plus banal en véritable supplice. Pourtant, Diane, solaire Diane, n’agissait pas non plus comme une demoiselle de son rang, s’efforçant de gommer leur différence de statut. En dépit de cela, alors même que l’interrogatoire s’était terminé, la sorcière ne pouvait s’empêcher de craindre un hypothétique faux pas qui achèverait de convaincre les d’Orléans à la condamner pour un quelconque crime odieux.
Elle assista en spectatrice à l’échange entre la fillette et sa tante, observant les choses derrière la sécurité de ses longs cils, du masque de son visage affable, de son crâne, de cet endroit où miroitait la conscience. Le désespoir de la petite quant au cadeau de sa tante n’en demeurait pas moins amusant, et Béatrice s’efforça de garder les commissures de ses lèvres bien immobiles, quand bien même celle-ci manquèrent de tressauter en un sourire.
Il disparut lorsque Diane se présenta comme physicienne pour laisser place à l’étonnement. En tant que chasseuse, elle était amené à côtoyer des femmes qui étaient — eh bien — un peu plus que des femmes, mais elle s’étonnait que la sœur d’un Duc se salisse les mains dans une entreprise pareille en dépit d’un chemin tout tracé.
— Je vois, dit lentement Béatrice, digérant encore l’information. Puis elle admit avec un rire cristallin en entendant la nouvelle critique de l’enfant : Ta tante sauve des vies, Iris. C’est un peu plus précieux qu’un joli mouchoir, tu ne penses pas ?
Elle peinerait presque à croire que c’était bien elle qui avait prononcé ces paroles : la chasse aux créatures l’avait véritablement changé. Si elle aurait aimé encore quelques années d’insouciance, comme la petite jeune fille qui suivait l’échange d’une oreille attentive, elle ne pouvait plus détourner les yeux.
L’instant d’après, la chipie disparut dans un concert de petits pas et Béatrice manqua la crise cardiaque en comprenant que Diane souhaitait l’aider à se revêtir.
— Grand Dieu ma dame, vous n’avez pas à... bredouilla-t-elle en s’empressant de revêtir sa robe. Difficile de se raccrocher à l’étiquette alors que le Duc et sa sœur n’avait cesse de la piétiner, et sans pouvoir se reposer sur elle, Béatrice était réduite à une jeune fille trop timide, bien incapable de se cacher derrière ses grands airs devant des gens de cette stature. Je vous remercie de votre prévenance, peina-t-elle à articuler, mais vos mains méritent meilleur emploi que cette tâche.
Par « chance », voilà qu’Iris était de retour pour la tirer de cette délicate situation. Préférant ne pas songer au fait qu’il lui fallait se reposer sur une enfant pour la sortir d’embarras, Béatrice s’empressa de la rejoindre, remerciant une dernière fois Diane avant qu’Iris ne lui saisisse la manche et l’attire dans les couloirs.
Elle se permit un « Phew » éloquent pour expier un peu de sa panique avant de retrouver son sérieux si tôt que la lumière lui frappa les yeux. S’abritant derrière sa main, elle aperçut Charles près d’un drap étalé sur l’herbe, dont elle comprit immédiatement l’utilité, et entendit par delà son épaule les pas de Diane, chargée de trois ombrelles.
Iris s’élança dans les bras de son père sitôt la sienne en main sous le regard amusé de Béatrice qui ouvrait tout juste la sienne pour s'abriter dessous. Jaugeant de la scène un instant, elle songea qu’avec toutes ces têtes blondes, dans ce grand jardin, elle pourrait presque changer les visages pour retrouver sa propre famille par un après-midi ensoleillé.
Elle secoua la tête.
Peu importait.
À son tour, elle s’installa gracieusement sur le drap, gardant tout de même une distance respectueuse avec les trois autres nobles de peur d’outrepasser ses droits. Iris, elle, n’en avait que faire, virevoltant comme un papillon d’un point à un autre pour lui montrer le pain, la charcuterie et le fromage — un cadeau d’une certaine de Bayard, disait-elle.
Un instant.
De Bayard ?
— Comme... Aimable de Bayard ? pensa-t-elle tout haut. Il était chevalier, n’est-ce pas ? Sans doute devait-il connaître des membres de la noblesse, et pourtant elle imaginait difficilement ce grand homme timide face à l’aisance des d’Orléans.
Quoique la question était sans doute bête. Aimable n’avait pas le monopole sur son nom de famille : elle regretta aussitôt de l’avoir posé. Bref, bref. Le fromage, donc.
— Comment ne pas être curieuse de cette tome, désormais ? admit-elle avec un sourire tranquille, malgré la panique qui lui collait à la peau. Iris lui tendit aussitôt un morceau de pain avec un morceau de tome et Béatrice songea qu’elle n’aurait jamais imaginé que la fille d’un Duc puisse la servir d’une quelconque façon. C'était le monde à l'envers.
Elle assista en spectatrice à l’échange entre la fillette et sa tante, observant les choses derrière la sécurité de ses longs cils, du masque de son visage affable, de son crâne, de cet endroit où miroitait la conscience. Le désespoir de la petite quant au cadeau de sa tante n’en demeurait pas moins amusant, et Béatrice s’efforça de garder les commissures de ses lèvres bien immobiles, quand bien même celle-ci manquèrent de tressauter en un sourire.
Il disparut lorsque Diane se présenta comme physicienne pour laisser place à l’étonnement. En tant que chasseuse, elle était amené à côtoyer des femmes qui étaient — eh bien — un peu plus que des femmes, mais elle s’étonnait que la sœur d’un Duc se salisse les mains dans une entreprise pareille en dépit d’un chemin tout tracé.
— Je vois, dit lentement Béatrice, digérant encore l’information. Puis elle admit avec un rire cristallin en entendant la nouvelle critique de l’enfant : Ta tante sauve des vies, Iris. C’est un peu plus précieux qu’un joli mouchoir, tu ne penses pas ?
Elle peinerait presque à croire que c’était bien elle qui avait prononcé ces paroles : la chasse aux créatures l’avait véritablement changé. Si elle aurait aimé encore quelques années d’insouciance, comme la petite jeune fille qui suivait l’échange d’une oreille attentive, elle ne pouvait plus détourner les yeux.
L’instant d’après, la chipie disparut dans un concert de petits pas et Béatrice manqua la crise cardiaque en comprenant que Diane souhaitait l’aider à se revêtir.
— Grand Dieu ma dame, vous n’avez pas à... bredouilla-t-elle en s’empressant de revêtir sa robe. Difficile de se raccrocher à l’étiquette alors que le Duc et sa sœur n’avait cesse de la piétiner, et sans pouvoir se reposer sur elle, Béatrice était réduite à une jeune fille trop timide, bien incapable de se cacher derrière ses grands airs devant des gens de cette stature. Je vous remercie de votre prévenance, peina-t-elle à articuler, mais vos mains méritent meilleur emploi que cette tâche.
Par « chance », voilà qu’Iris était de retour pour la tirer de cette délicate situation. Préférant ne pas songer au fait qu’il lui fallait se reposer sur une enfant pour la sortir d’embarras, Béatrice s’empressa de la rejoindre, remerciant une dernière fois Diane avant qu’Iris ne lui saisisse la manche et l’attire dans les couloirs.
Elle se permit un « Phew » éloquent pour expier un peu de sa panique avant de retrouver son sérieux si tôt que la lumière lui frappa les yeux. S’abritant derrière sa main, elle aperçut Charles près d’un drap étalé sur l’herbe, dont elle comprit immédiatement l’utilité, et entendit par delà son épaule les pas de Diane, chargée de trois ombrelles.
Iris s’élança dans les bras de son père sitôt la sienne en main sous le regard amusé de Béatrice qui ouvrait tout juste la sienne pour s'abriter dessous. Jaugeant de la scène un instant, elle songea qu’avec toutes ces têtes blondes, dans ce grand jardin, elle pourrait presque changer les visages pour retrouver sa propre famille par un après-midi ensoleillé.
Elle secoua la tête.
Peu importait.
À son tour, elle s’installa gracieusement sur le drap, gardant tout de même une distance respectueuse avec les trois autres nobles de peur d’outrepasser ses droits. Iris, elle, n’en avait que faire, virevoltant comme un papillon d’un point à un autre pour lui montrer le pain, la charcuterie et le fromage — un cadeau d’une certaine de Bayard, disait-elle.
Un instant.
De Bayard ?
— Comme... Aimable de Bayard ? pensa-t-elle tout haut. Il était chevalier, n’est-ce pas ? Sans doute devait-il connaître des membres de la noblesse, et pourtant elle imaginait difficilement ce grand homme timide face à l’aisance des d’Orléans.
Quoique la question était sans doute bête. Aimable n’avait pas le monopole sur son nom de famille : elle regretta aussitôt de l’avoir posé. Bref, bref. Le fromage, donc.
— Comment ne pas être curieuse de cette tome, désormais ? admit-elle avec un sourire tranquille, malgré la panique qui lui collait à la peau. Iris lui tendit aussitôt un morceau de pain avec un morceau de tome et Béatrice songea qu’elle n’aurait jamais imaginé que la fille d’un Duc puisse la servir d’une quelconque façon. C'était le monde à l'envers.
Ven 17 Sep - 10:25
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Les pensées encore obsédées par cette mystérieuse lettre, elle rejoignit, à l’ombre d’un arbre, sa petit famille et la Demoiselle Botherel. Le temps était exquis ce jour-là et tous allaient passer un excellent moment à profiter des jardins des Orléans. La physicienne proposa à l’amie de son frère l’une des ombrelles pour qu’elle puisse, au besoin, se protéger des rayons du soleil qui parvenaient à franchir les remparts du feuillage des arbres environnant. Bien évidemment, elle n’oublia pas d’en proposer une à son petit rayon de soleil, Iris, mais cette dernière était bien trop agitée par la présence de leur invité et la charcuterie disposée, sans oublier le délicieux fromage. Son frère ne manqua pas d’attention à son égard et, avec beaucoup de tendresse, elle glissa sa paume sur la sienne afin de prendre place sur le grand drap au sol.
Un instant, la Duchesse d’Orléans ferma ses paupières et se sentit revenir dans son propre passé, à une époque ou le domaine était peuplé par bien plus de membres de leur famille, avant la maladie…
La voix de Charles la rappela à la réalité. Fort heureusement, cette dernière était tout aussi douce. Bien différente, avec moins de personnes pour la peupler, mais surtout sa jolie petite nièce espiègle. Tout avait changé, mais elle représentait l’espoir et l’avenir pour elle et son frère. Son aîné lui demanda si son après-midi était libre pour qu’elle puisse se joindre à la balade à cheval. Jamais sûre de rien, elle lui répondit néanmoins :
- A moins qu’un billet me vienne de Sa Majesté de toute urgence, je n’ai pas d’obligation. Je me joindrai avec plaisir avec vous. Cela fait un moment déjà que nous n’avons pas eu l’occasion de faire une balade de ce genre tous ensemble. Vous verrez, Mademoiselle de Botherel, le parcours que prévoit mon frère est si agréable, comparable à une délicieuse sieste au soleil.
Elle couva Béatrice d’un regard solaire, typique venant de sa part. Et d’un sourire similaire pour son frère tant aimé, elle accepta une coupe de vin. Attendant que tous soit servis, Iris comprise, mais pas de vin pour elle, bien évidemment, elle leva ensuite légèrement son verre puis le porta à ses lèvres. Sa nièce présentait déjà la fabuleuse tomme offerte par la De Bayard, quand Diane songea à glisser un petit commentaire à son Charles à propos de sa mystérieuse lettre…
- As-tu vu quelqu’un apportant une lettre près de ma chambre ? C’est curieux, elle n’est pas signée, pourtant son contenu porte à croire que j’en connais l’auteur…
Sa voix n’était qu’un murmure. Ses joues avaient instantanément rosies, songeant une nouvelle fois à l’écriture et aux mots employés. Elle ne souhaitait pas que cela s’ébruite davantage, sa nièce pouvant parfois être narquoise. De plus, bien que Béatrice soit considérée comme une amie des Orléans, Diane n’aimait guère tutoyer sa famille en présence d’invités. Un réflexe bien curieux, lorsque l’on sait qu’elle est considérée comme à contre-courant sur bien des points !
Ne souhaitant pas non plus épiloguer sur cette lettre, ni exclure sa nièce et leur invité de la conversation, elle reporta bien vite son attention sur les mets disposés devant eux. En plaisantant, elle gronda sa nièce :
- Iris, laissez donc le loisir à Béatrice de goûter cette tomme. Vous la lui présentez comme si vous déteniez le Graal entre vos mains. Vous allez finir par la faire fondre !
Un instant, la Duchesse d’Orléans ferma ses paupières et se sentit revenir dans son propre passé, à une époque ou le domaine était peuplé par bien plus de membres de leur famille, avant la maladie…
La voix de Charles la rappela à la réalité. Fort heureusement, cette dernière était tout aussi douce. Bien différente, avec moins de personnes pour la peupler, mais surtout sa jolie petite nièce espiègle. Tout avait changé, mais elle représentait l’espoir et l’avenir pour elle et son frère. Son aîné lui demanda si son après-midi était libre pour qu’elle puisse se joindre à la balade à cheval. Jamais sûre de rien, elle lui répondit néanmoins :
- A moins qu’un billet me vienne de Sa Majesté de toute urgence, je n’ai pas d’obligation. Je me joindrai avec plaisir avec vous. Cela fait un moment déjà que nous n’avons pas eu l’occasion de faire une balade de ce genre tous ensemble. Vous verrez, Mademoiselle de Botherel, le parcours que prévoit mon frère est si agréable, comparable à une délicieuse sieste au soleil.
Elle couva Béatrice d’un regard solaire, typique venant de sa part. Et d’un sourire similaire pour son frère tant aimé, elle accepta une coupe de vin. Attendant que tous soit servis, Iris comprise, mais pas de vin pour elle, bien évidemment, elle leva ensuite légèrement son verre puis le porta à ses lèvres. Sa nièce présentait déjà la fabuleuse tomme offerte par la De Bayard, quand Diane songea à glisser un petit commentaire à son Charles à propos de sa mystérieuse lettre…
- As-tu vu quelqu’un apportant une lettre près de ma chambre ? C’est curieux, elle n’est pas signée, pourtant son contenu porte à croire que j’en connais l’auteur…
Sa voix n’était qu’un murmure. Ses joues avaient instantanément rosies, songeant une nouvelle fois à l’écriture et aux mots employés. Elle ne souhaitait pas que cela s’ébruite davantage, sa nièce pouvant parfois être narquoise. De plus, bien que Béatrice soit considérée comme une amie des Orléans, Diane n’aimait guère tutoyer sa famille en présence d’invités. Un réflexe bien curieux, lorsque l’on sait qu’elle est considérée comme à contre-courant sur bien des points !
Ne souhaitant pas non plus épiloguer sur cette lettre, ni exclure sa nièce et leur invité de la conversation, elle reporta bien vite son attention sur les mets disposés devant eux. En plaisantant, elle gronda sa nièce :
- Iris, laissez donc le loisir à Béatrice de goûter cette tomme. Vous la lui présentez comme si vous déteniez le Graal entre vos mains. Vous allez finir par la faire fondre !
Sam 25 Sep - 14:16
@Diane d'Orléans & @Béatrice Botherel
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Béatrice & Charles
Charles fronça des sourcils face aux interrogations de Diane et d’une mystérieuse lettre. Quelqu’un qu’elle semblait connaître mais qui n’avait pas signé ? Pourquoi donc ne pas se révéler ? À moins qu’il ne s’agisse d’un contenu très privé… Le sujet n’avait pas l’air si grave. Diane aurait attendu le coucher des filles pour en discuter. Mais c’était quelque chose de suffisamment léger mais qu’il la gênait tout de même. Une lettre… d’amour, peut-être ? Tiens donc.
-Je n’ai rien vu… Tu devrais demander à un des domestiques. Elle n’est pas arrivé devant ta porte toute seule.
Iris, comme il s’y attendait, était tout excitée à l’idée de passer l’après-midi avec sa nouvelle amie. Il la regarda papillonner joyeusement autour de la demoiselle tout en brandissant fièrement la fameuse tomme comme si c’était elle qui l’avait fait elle-même. Mais la fillette se calma un peu lorsque Diane la rappela à l’ordre et cette dernière s’assit finalement sagement, attendant qu’on la serve, chose que Charles s’empressa de faire en lui coupant un morceau de pain, de fromage et de viande avant de lui tendre son assiette.
-Vous connaissez Aimable de Bayard ? Il s’agit bien de la même famille. Peut-être connaissez-vous Hildegard de Bayard, Abbesse de Bonlieu ? C’est sa sœur aînée. J’ai été dans l’armée au côté du chevalier pendant quelques années avant de reprendre les fonctions de mon frère aîné, Louis.
Une fonction qui lui était tombé sur les bras aussi soudainement que la peste avait emporté les membres de sa famille. Sans aucun doute, si Diane n’avait pas été là pour l’épauler pour élever Iris et s’occuper du domaine aurait-il brutalement craqué sous toute cette pression nouvelle. Sans compter ses obligations de milicien. Il n’allait pas mentir, il avait carrément délaissé cet aspect de sa vie durant sa première année. Les créatures avaient été calmes de toute façon, avec la peste et la guerre.
-Il y a longtemps que je ne l’avais pas vu. Diane, pourras-tu me rappeler de lui envoyer une lettre pour prendre de ses nouvelles ?
-Papa, est-ce qu’on pourra inviter Richard et Isabeau ? S’il te plaît !
-Bien sûr, mon ange. Pourquoi n’écrirais-tu pas une lettre pour eux également, que j’enverrai avec la mienne ?
L’idée plu immédiatement à la demoiselle aux boucles d’or dont les saphirs brillèrent de mille feux. C’était sans doute l’occasion pour elle de montrer les progrès qu’elle avait fait à ses petits camarades – surtout à Isabeau. Leurs domaines étaient certes éloignés mais lier ce genre de lien pouvait être bénéfique quelque part. Iris n’avait que cinq ans mais Charles devait tout de même commencer à songer à son avenir. Et à éplucher les possibles prétendants. Les prétendants pour épouser une duchesse allait pleuvoir d’ici quelques années. D’autres soucis en perspective, donc.
-Je n’ai rien vu… Tu devrais demander à un des domestiques. Elle n’est pas arrivé devant ta porte toute seule.
Iris, comme il s’y attendait, était tout excitée à l’idée de passer l’après-midi avec sa nouvelle amie. Il la regarda papillonner joyeusement autour de la demoiselle tout en brandissant fièrement la fameuse tomme comme si c’était elle qui l’avait fait elle-même. Mais la fillette se calma un peu lorsque Diane la rappela à l’ordre et cette dernière s’assit finalement sagement, attendant qu’on la serve, chose que Charles s’empressa de faire en lui coupant un morceau de pain, de fromage et de viande avant de lui tendre son assiette.
-Vous connaissez Aimable de Bayard ? Il s’agit bien de la même famille. Peut-être connaissez-vous Hildegard de Bayard, Abbesse de Bonlieu ? C’est sa sœur aînée. J’ai été dans l’armée au côté du chevalier pendant quelques années avant de reprendre les fonctions de mon frère aîné, Louis.
Une fonction qui lui était tombé sur les bras aussi soudainement que la peste avait emporté les membres de sa famille. Sans aucun doute, si Diane n’avait pas été là pour l’épauler pour élever Iris et s’occuper du domaine aurait-il brutalement craqué sous toute cette pression nouvelle. Sans compter ses obligations de milicien. Il n’allait pas mentir, il avait carrément délaissé cet aspect de sa vie durant sa première année. Les créatures avaient été calmes de toute façon, avec la peste et la guerre.
-Il y a longtemps que je ne l’avais pas vu. Diane, pourras-tu me rappeler de lui envoyer une lettre pour prendre de ses nouvelles ?
-Papa, est-ce qu’on pourra inviter Richard et Isabeau ? S’il te plaît !
-Bien sûr, mon ange. Pourquoi n’écrirais-tu pas une lettre pour eux également, que j’enverrai avec la mienne ?
L’idée plu immédiatement à la demoiselle aux boucles d’or dont les saphirs brillèrent de mille feux. C’était sans doute l’occasion pour elle de montrer les progrès qu’elle avait fait à ses petits camarades – surtout à Isabeau. Leurs domaines étaient certes éloignés mais lier ce genre de lien pouvait être bénéfique quelque part. Iris n’avait que cinq ans mais Charles devait tout de même commencer à songer à son avenir. Et à éplucher les possibles prétendants. Les prétendants pour épouser une duchesse allait pleuvoir d’ici quelques années. D’autres soucis en perspective, donc.
@Diane d'Orléans & @Béatrice Botherel
Sam 5 Fév - 21:39
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Son Charles n’était pas en mesure de répondre à sa question. Ainsi, elle devrait se contenter de ne pas connaître l’auteur de cette lettre, pour le moment. La dame d’Orléans ne tenait pas non plus à en parler trop longtemps, au risque de devoir divulguer le contenu, couché sur le papier. L’attention de la fratrie d’Orléans retourna donc tout naturellement vers Béatrice et Iris.
La petite demoiselle engloutissait avec beaucoup d’appétit les différents aliments que lui proposait son père à déjeuner. La discussion portait sur les De Bayard. Diane ne pouvait pas être plus d’accord avec son frère, cela faisait bien trop longtemps qu’ils n’avaient pas pu prendre des nouvelles d’Hildegard, une femme très respectable selon elle. Des simples échanges de lettres pourraient suffire, mais en constatant l’engouement d’Iris, sa tante se douta qu’elle désirait assurément voir Richard et Isabeau dès que possible. Amusée, elle en fit la remarque à son frère.
- Je crois qu’il sera impossible d’oublier de rédiger une missive, dorénavant. Notre chère Iris se chargera de nous le rappeler. Peut-être devrions-nous inviter les De Bayard à séjourner quelques jours parmi nous ?
Ne laissant guère le choix à son père, la jolie Iris l’implora de suivre l’idée de sa tante. Avec un petit rire coupable, Diane haussa les deux épaules. Elle savait fort bien qu’elle avait jeté un pavé dans la mare et que son Charles ne saurait refuser ceci à sa fille. Elle savait également que les De Bayard étaient très estimés dans sa famille et que les avoir parmi eux serait certainement un moyen de passer de bons moments et de construire de formidables souvenirs. Par les temps qui couraient, ce genre de moments doux et tendres n’étaient pas à ignorer ou à remettre à plus tard. On ne pouvait jamais être certain qu’une nouvelle occasion se présenterait un jour.
Le repas se déroula dans la bonne humeur, ponctué de remarques et autres jeux de mots d’Iris qui semblait absolument déchaînée par la présence de Béatrice, provoquant alors des éclats de rire de la part des trois adultes. Il était si bon de vivre cette après-midi que personne ne se priva pour en profiter pleinement !
Les victuailles englouties, ils prirent le temps de digérer en déambulant tantôt au soleil, tantôt à l’ombre, pour que ces dames ne prennent pas trop de couleurs et ne soient pas incommodées par ses puissants rayons. Lorsque l’envie de siester finit par s’estomper pour chacun, Charles rappela sa proposition de faire une balade à cheval – à dos de poney pour la jeune et jolie Iris – sur les bords de la Loire. Il n’était pas question de faire la course, mais tout simplement de profiter des paysages, de la présences des chevaux et de leur vertu apaisante, pour parler de choses et d’autres tout l’après-midi.
Vint le moment où chacun devait rentrer pour reprendre le court de sa vie. La petite Iris laissa sa grande amie s’éloigner du domaine des Orléans avec regret, mais surtout avec l’envie de l’inviter une nouvelle fois pour s’amuser jusqu’à bailler d’épuisement.
La petite demoiselle engloutissait avec beaucoup d’appétit les différents aliments que lui proposait son père à déjeuner. La discussion portait sur les De Bayard. Diane ne pouvait pas être plus d’accord avec son frère, cela faisait bien trop longtemps qu’ils n’avaient pas pu prendre des nouvelles d’Hildegard, une femme très respectable selon elle. Des simples échanges de lettres pourraient suffire, mais en constatant l’engouement d’Iris, sa tante se douta qu’elle désirait assurément voir Richard et Isabeau dès que possible. Amusée, elle en fit la remarque à son frère.
- Je crois qu’il sera impossible d’oublier de rédiger une missive, dorénavant. Notre chère Iris se chargera de nous le rappeler. Peut-être devrions-nous inviter les De Bayard à séjourner quelques jours parmi nous ?
Ne laissant guère le choix à son père, la jolie Iris l’implora de suivre l’idée de sa tante. Avec un petit rire coupable, Diane haussa les deux épaules. Elle savait fort bien qu’elle avait jeté un pavé dans la mare et que son Charles ne saurait refuser ceci à sa fille. Elle savait également que les De Bayard étaient très estimés dans sa famille et que les avoir parmi eux serait certainement un moyen de passer de bons moments et de construire de formidables souvenirs. Par les temps qui couraient, ce genre de moments doux et tendres n’étaient pas à ignorer ou à remettre à plus tard. On ne pouvait jamais être certain qu’une nouvelle occasion se présenterait un jour.
Le repas se déroula dans la bonne humeur, ponctué de remarques et autres jeux de mots d’Iris qui semblait absolument déchaînée par la présence de Béatrice, provoquant alors des éclats de rire de la part des trois adultes. Il était si bon de vivre cette après-midi que personne ne se priva pour en profiter pleinement !
Les victuailles englouties, ils prirent le temps de digérer en déambulant tantôt au soleil, tantôt à l’ombre, pour que ces dames ne prennent pas trop de couleurs et ne soient pas incommodées par ses puissants rayons. Lorsque l’envie de siester finit par s’estomper pour chacun, Charles rappela sa proposition de faire une balade à cheval – à dos de poney pour la jeune et jolie Iris – sur les bords de la Loire. Il n’était pas question de faire la course, mais tout simplement de profiter des paysages, de la présences des chevaux et de leur vertu apaisante, pour parler de choses et d’autres tout l’après-midi.
Vint le moment où chacun devait rentrer pour reprendre le court de sa vie. La petite Iris laissa sa grande amie s’éloigner du domaine des Orléans avec regret, mais surtout avec l’envie de l’inviter une nouvelle fois pour s’amuser jusqu’à bailler d’épuisement.