Qu’y avait-il de plus beau que de tomber sur son pire cauchemar au détour d’une ruelle ?

Revenons un peu sur la situation, voulez-vous. Si Hermance était en train d’arpenter les petites rues de Paris la nuit, c’était par désespoir de cause. Elle avait tendance à abuser de la boisson en ce moment. Depuis qu’elle avait laissé échapper ce vampire de malheur. Si seulement elle n’avait pas eu les deux dernières danses… si seulement elle n’avait pas été obligée de le lâcher du regard…
Elle espérait sans vraiment y croire le croiser. Cette engeance du démon devait aller de maisonnée en maisonnée pour se repaître de massacre et de sang.

Comme elle aimerait arracher tout ce qu’elle pourrait arracher un par un. Le laisser se régénérer pour mieux recommencer après. Lui faire crier grâce encore et encore. Elle aimerait tant lui faire subir ce qu’elle avait subi. Remarque ! C’était sûrement faisable. Mais avant, il fallait le retrouver. Heureusement la chance était avec elle. En tournant à droite pour prendre une autre rue, elle se figeait sur place. Le revoir dans cette nuit sombre réanimait sa peur. Elle avait envie de hurler, mais trop effrayée pour le faire. C’était comme revivre un vieux traumatisme.

Cette stature imposante armée d’une épée couverte du sang des siens. Ce regard froid et ce sourire sanguinaire avant de tenter d’abattre son épée sur la petite fille qu’elle était.

En silence, Hermance s’en allait à reculons jusqu’à disparaître dans la ruelle d’où elle venait. Immobile, elle se posait mille et une questions. Comme quel était le meilleur moyen de le faire arrêter par la garde ? Y avait-il seulement des soldats qui faisaient leur ronde par ici ? Finalement elle se rappelait à l’ordre. Elle n’était plus cette enfant. C’était le moment et le lieu idéals pour se saisir de lui elle-même. Elle se penchait pour s’assurer qu’il était toujours là. Et c’était le cas.

Sans aucun mal, elle changeait de forme. Enfin… la seule douleur fut de voir sa robe finir en lambeaux. Mais c’était risible en comparaison de la proie qu’elle avait retrouvé de manière aussi hasardeuse qu’à leur première retrouvaille.
Le poil similaire au loup gris, une taille beaucoup plus grande, des yeux jaunes pâles. Voici à quoi elle ressemblait. Cependant sa fourrure était en mauvais état et son corps était maigre. Mais Hermance ignorait de quoi elle avait l’air. Elle ne savait pas que sa perception de sa nature se reflétait sur son apparence. Elle se maltraitait elle-même, si on pouvait dire, d’où son physique d’animal malade.
Encore un peu ivre de vin, elle revenait faire face au vampire. Très vite son impatience se faisait entendre. La louve grondait son excitation de le mettre en pièces. Planter ses crocs dans sa chair morte et la lui arracher. Son côté animal devenait fou. Il voulait chasser, traquer sa proie et sentir son désespoir. Oui, oui, oui, elle allait l’avoir.

Est-ce qu’elle bavait ? Oh oui. Ses idées n’étaient plus très claires au moment où elle bondissait en avant.

Vivre à Paris n’était pas la meilleure des décisions qu’il avait pris. La ville était étouffante et il s’y passait des choses auxquelles Vlad n’avait pas envie d’être mêlé. Il voulait seulement trouver un endroit paisible où installer ses camarades. Résultat : l’un d’eux a disparu sans laisser de trace. Et lui-même avait fait des rencontres désagréables. Une tempête se préparait et il aimerait en être loin avant qu’elle n’éclate. Il n’avait pas envie de se mêler des problèmes de ce pays.

Comme souvent en ce moment, Vlad n’arrivait pas à dormir la nuit. Il était déréglé. Son corps ne savait plus quand il devait se mettre au repos. C’était peut-être pour cette raison qu’il en avait oublié toute vigilance et était sorti se promener comme une fleur, sans arme.
Il évitait les rues trop bondées. Il n’avait pas envie de discuter. Seulement besoin de réfléchir à ce qu’il devait faire. Ses pensées le ramenaient auprès de June qui affectionnait la France (ou les français). Cela signifiait-il qu’ils allaient devoir se séparer prochainement ? Encore une fois ? Impossible, Vlad avait fait une promesse qu’il aimerait tenir pour une fois. Partir pour la Suède ? Au moins June saurait où le retrouver si le cœur lui en disait.

La tête ailleurs, la fatigue de ses heures de sommeil manquantes aussi, Vlad ne remarquait pas immédiatement le danger. Ce n’était qu’à quelques mètres de lui qu’il reconnut ce grondement caractéristique. Relevant enfin les yeux du sol, il vit ce monstre immense. Par sa taille et non par sa carrure, car l’animal semblait amaigrie. Malade. Les yeux glacés du vampire jaugeait la créature. Il ne pouvait pas se méprendre. C’était un loup-garou. Comment pouvait-il être en plein Paris ? D’où sortait-il ?
Portant la main à sa taille, Vlad se rappelait qu’il était désarmé. Puisque c’était ainsi, il n’y avait plus qu’une chose à faire. Il devait sortir de la ville, entraîner ce monstre loin de la populace. Et pour cela, il allait devoir courir.
Tandis que le loup bondissait, Vlad donnait un coup de pied dans un caillou. Il espérait l’énerver suffisamment pour qu’il ne voit plus que lui. Puis Vlad tournait les talons et fuyait au travers de rues étroites et peu fréquentées. Dès qu’il le pouvait, il envoyait ce qu’il pouvait au loup pour conserver son attention. L’animal ne devait pas le lâcher. Il devait le suivre à l’extérieur de Paris. Puis s’il voulait se battre, alors il en serait ainsi. Sans doute était-il fou de vouloir se battre à mains nues contre un tel monstre. Mais ce n’était pas la première fois qu’il menait un combat contre ce genre d’adversaires. L’absence de peur lui faisait défaut et il avait ce besoin irrépressible de jouer les héros.

Sortir de la ville n’était pas aussi aisé qu’il l’avait imaginé. Il y avait bien sûr des soldats qui montaient la garde. En approchant d’eux, il ne ralentit pas et leur criait de s’écarter parce qu’il était poursuivi par un chien fou. C’est lui qu’on prenait pour un fou au départ jusqu’à ce que les gardes virent l’animal. Vlad ne prenait pas le temps de s’arrêter, mais un coup d’œil en arrière le rassurait. Le loup le poursuivait toujours. Loin de tout regard innocent, le vampire pouvait se donner à fond. Il courait le plus vite possible, esquivait les obstacles avec une aisance sans pareille. Très vite, il atteignait un bois dans lequel il espérait prendre par surprise le loup. Il avait une dague, seulement il préférait la garder pour le moment opportun.

Lorsque la pluie s’invitait à leur petite course, Vlad comprenait que c’était à son désavantage. La violence de l’averse assombrissait le décor. Le vampire bifurquait soudain pour se cacher derrière un gros chêne. Cette pluie soudaine n’était pas prête de se calmer. Ce n’était que longtemps après le début de l’averse qu’il aperçut une ombre au loin. Il se collait contre le tronc pour espérer se fondre dans son ombre. Aucun bruit, aucun mouvement brusque, rien pour trahir sa présence. Les gouttes d’eau et la pénombre semblaient le couvrir. Tout irait bien.

Surprise par le projectile, elle avait dû l’esquiver au lieu d’achever son attaque. Il l’avait coupé dans son élan. Mais il n’y avait rien de tel que de la bonne provocation. Elle se mettait alors à lui courir après sans se soucier de où elle était, ni de où ils allaient. Elle se contentait de le pourchasser. Au début elle ne forçait pas trop l’allure pour lui faire croire qu’il la tenait à distance. Mais de temps en temps elle forçait le pas pour le rattraper et faire claquer sa mâchoire. Avait-il peur ? Pas assez, on dirait.
Le paysage défilait sans qu’elle ne s’en aperçoive. Et puis ils arrivaient aux portes de Paris. Espérait-il lui échapper dans la campagne. Quel idiot ! Les gardes avaient tenté de la transpercer de leurs lances. Mais leurs mouvements étaient trop prévisibles. Elle les esquivait sans aucun mal. De toute manière ils ne l’intéressaient pas. Voyant sa cible accélérer, elle faisait de même. Ses sens l’alertaient qu’il allait pleuvoir, elle n’en avait cure. Ça ne suffirait pas pour l’arrêter.

Elle ne réfléchissait pas et s’engouffrait dans le bois à toute vitesse. La terre était fraîche et un peu humide, elle imprimait les empreintes du vampire facilement. Elle ne pouvait donc pas le perdre.
Avec la pluie, elle percevait les petits clapotis des pas du vampire bien qu’il essayait sûrement d’être discret. Hermance était amusée. Et lorsqu’elle le vit bifurquer brusquement, elle s’arrêtait. Elle ne tomberait pas dans un piège aussi grotesque. Sa respiration haletante par sa course et son excitation était couverte par l’averse. De son pas de velours, elle se faufilait en silence tel un vrai prédateur. Elle faisait un grand détour pour contourner sa proie, les sens aux aguets. Une fois pris à revers, elle fixait l’ombre parmi les ombres en se demandant s’il l’avait repéré ou s’il espérait encore qu’elle apparaisse là où il l’attendait. Se fondant dans le paysage, elle se rapprochait de lui.

Trop proche de sa proie, elle ne put empêcher un grondement lui échapper. Avant qu’il ne réagisse, elle bondissait sur lui comme montée sur ressort. La surprise n’était malheureusement pas totalement réussie. Elle se reculait pour éviter un mauvais coup et grognait à l’adresse de l’homme. Claquant de la mâchoire dans sa direction, elle grondait plus fort. Maintenant qu’il l’avait vu, elle n’allait plus se retenir.

Son attente était interminable. Il avait même que le loup-garou s’était déjà lassé et était parti. S’il était humain, la pluie le gênerait. Elle le gèlerait et il serait distrait d’être mouillé. Mais il ne ressentait pas le froid, seulement les gouttes qui coulaient sur sa peau et dans ses cheveux. Un nouveau grondement et il avait juste le temps d’esquiver l’attaque. Un autre ? La meute était-elle présente ? Mais il s’apercevait que c’était le même animal. Il s’était juste montré suffisamment intelligent pour le prendre à revers. S’il lui avait fallu plus pour comprendre que ce n’était pas qu’un loup, il en aurait la preuve maintenant. La vraie question était de savoir s’il avait faim au point d’attaquer n’importe qui et d’entrer dans une ville sans crainte ou si quelqu’un l’avait repéré. Impossible. À moins que ce soit son assaillant mystère. Il ne pouvait pas être qu’un loup-garou. C’était trop simple.

Vlad devrait plutôt se concentrer sur ce loup impatient et imprévisible. Tentant un pas sur le côté pour observer sa réaction, il cherchait un point faible. Le monstre lui faisait une magnifique démonstration de force avec son claquement de mâchoire. Il était évident qu’il ne fallait pas l’attaquer à la légère. Il ne tenait pas à se faire arracher une jambe. C’était donc en se concentrant sur l’esquive et l’analyse de son assaillant que Vlad essayait de construire une stratégie. Il pouvait jouer sur son impatience pour pouvoir l’approcher assez et lui planter sa dague en profondeur. La fin de la guerre inter-espèces ne signifiait pas qu’on ne devait plus s’entre-tuer, seulement qu’il ne fallait plus le faire en masse. Et un loup-garou aussi fou, il valait mieux l’achever…

Passant aux tentatives d’attaque, Vlad s’approchait puis s’écartait pour éviter les coups de griffes ou de dents. Pas facile. Il s’était mis dans un sacré pétrin, mais il avait connu pire situation. Donc il n’allait pas se laisser abattre. Il s’essayait finalement à des assauts plus audacieux, osant même donner des coups de pied quand l’occasion se présentait.

Il fallait seulement espérer que ce loup n’appelle pas sa meute.

Traîner de nuit était la meilleure façon d’obtenir des pistes concernant les monstres de la nuit. Alors Noah rôdait souvent dans les ténèbres. Et il aurait pu passer après  un petit détail s’il n’avait pas été là à ce moment. Des cris l’interpellèrent. Pensant que c’était peut-être des ivrognes, Noah alla voir sans grande conviction. Il arriva donc sur les lieux après les événements, mais écouta les soldats parlaient d’une chose énorme. « Beaucoup plus gros qu’un chien ». Ça pouvait être n’importe quoi. Dans le doute, Noah sortait de l’ombre pour aller inspecter ça de plus près. Il trouvait une trace de pas sur le sol, mais elle n’était que partielle. Il ne pouvait pas avoir la certitude que l’animal était aussi gros qu’il le prétendait. Mais Noah voulait voir, être sûr. Il n’avait rien de mieux à faire.

Quittant la ville, il cherchait sur le sol des empreintes. Noah en trouvait plus loin. Que ce soit l’homme poursuivi et le « chien », ils avaient tous deux accélérer la cadence. Noah le voyait par la profondeur de leurs traces. Ils avaient pris de plus puissants appuis. Grâce à ça, il pouvait voir les empreintes de l’animal et c’était définitivement quelque chose de plus qu’un animal. Cette certitude en tête, il trottinait doucement en suivant la piste.
Lorsque la pluie s’invita, Noah maudissait le ciel. Il allait perdre leur trace. Heureusement il se rapprochait de l’endroit où ils étaient, car il entendait des grognements au travers de l’averse. Ne souhaitant pas débarquer en tant qu’« humain », il prit le temps de foutre ses vêtements à l’abri sur une branche d’arbre. Puis il se transformait.

Ses membres s’allongeant était une douleur qu’il connaissait. Il enviait presque Lys qui n’avait pas à subir ça à chaque fois qu’il avait recours à ses ailes. Créature sans poil, à la peau grise et au corps squelettique, Noah n’attendait pas de ne plus ressentir de douleur due à cette soudaine croissance pour se mettre à courir à quatre pattes. Il ne lui fallait pas longtemps pour rejoindre l’endroit où ils étaient. Il avait la preuve visuelle que c’était bien un loup-garou. Il n’était pas ignorant de la nature de l’autre homme puisqu’il le vit donner un coup de pied au loup suffisamment fort pour le faire reculer. Donc cet homme était lui aussi inhumain. Quelle belle brochette ils faisaient tous les trois !
Cependant Noah n’avait pas le temps de réfléchir. Il fonçait droit sur eux. Se servant de sa patte avant anormalement longue, il envoyait un coup sur les deux individus avec l’espoir de les toucher en même temps. Il voulait profiter de l’effet de surprise : de sa présence et de sa forme, qui leur était sans doute, inconnue.

Vlad n’avait pas vu son adversaire appeler du renfort. La pluie tombait si fort qu’il n’avait peut-être pas entendu l’appel lorsqu’ils s’étaient perdus de vue. Quoi qu’il en soit, il se retrouvait dans de beaux draps désormais. Contrairement à son premier adversaire, Vlad vit le second arriver. Juste assez tôt pour parvenir à esquiver le coup. Mais quand il vit enfin les deux bêtes l’une à côté de l’autre, il comprenait que quelque chose n’était pas normale avec la seconde. Elle était démesurée, affreusement laide et rachitique. Finalement le premier loup semblait en bien meilleur forme que celui-ci. Était-ce bien un loup ? Ses membres étaient trop longs, même sa tête semblait être restée en partie humaine.
Il n’avait malheureusement pas le temps de tergiverser. Les deux créatures s’en prenaient à lui, mais aussi entre elles. Ce ne serait pas la même meute. Définitivement une chose clochait. Et Vlad était persuadé qu’il n’en apprendrait pas plus aujourd’hui. Les deux bêtes n’allaient pas se comporter de manière civilisée en reprenant forme humaine pour discuter calmement. C’était évident. Vlad enrageait. Les loups-garous ne savaient pas se comporter en être humain. Ils n’étaient que des animaux. Malgré les années, son aversion pour eux n’avait pas faibli.

Dans ce combat rapproché, impossible pour Vlad d’atteindre le loup géant. L’allonge de leurs bras n’étaient pas du tout la même. Il devait donc rester éloigner de lui. Mais l’autre loup venait à sa rencontre, attirant donc l’autre. Tout ceci se compliquait beaucoup trop et réduisait ses chances de survie. Allait-il devoir… Rien que de penser au mot fuite le mettait en colère. Il refusait de fuir. Encore. D’autant que cette fois il se retrouvait face à un ennemi qu’il avait déjà combattu et vaincu un nombre incalculable de fois. Il tuerait au moins l’un des deux. Il se le jurait.

Trop concentrée sur son adversaire, trop fermée au monde extérieur, la louve ignorait qu’un danger approché. Et lorsqu’un coup fut porté à leur intention à tous les deux, le vampire l’esquivait mais elle se le prit en pleine face. La force de la bête l’envoyait valser un peu plus loin. Elle s’était déjà pris un coup de pied par le vampire auparavant, alors elle se retrouvait un peu sonnée cette fois-ci. Le monde tanguait et elle avait l’impression que la créature qui les avait rejoint n’avait rien de connu. Se secouant la tête, Hermance reprenait ses esprits et posait les yeux sur le combat en cours. En voyant l’animal se levait sur ses pattes arrière et dépasser en hauteur le vampire de plusieurs têtes, Hermance sentit la peur faire dresser les poils de sa fourrure. Elle n’avait jamais entendu parler de loup-garou aux caractéristiques physiques si différentes. Ça n’existait pas. Alors qu’est-ce que c’était ? En plus il était en train de lui piquer sa proie ! C’était une blague ou quoi ?!
Se relevant, la louve prit son élan et bondit pour attraper la chose au niveau du mollet. Les dents fermement refermées, elle secouait un peu la tête. Prête à lui arracher la chair. Elle était cependant étonné par le goût infect qu’avait son sang. Hermance détestait le goût du sang de manière générale, mais celui de cette bête n’avait du sang que le nom. Cette mixture semblait tout droit sorti des enfers.
Finalement la chose reportait son attention sur elle. Elle la relâchait avant que le coup qu’elle lui porta l’atteigne. Faisant un petit bond vers l’arrière, elle s’écartait pour s’assurer que les longues pattes de cette chose ne puisse la toucher cette fois. Ayant créé une ouverture grâce à cette blessure, Hermance espérait pouvoir s’en servir. Cependant il ne semblait pas du tout affecter. N’avait-il donc pas mal ? C’était à n’y rien comprendre. Un bref regard vers le vampire et elle comprenait d’emblée qu’il envisageait de fuir. À sa place, c’était ce qu’elle penserait aussi. Mais impossible qu’elle le laisse faire. Bondissant à nouveau, elle se précipitait sur lui pour venir le mordre. Elle savait que l’autre bête était sur ses talons. Se retrouver au milieu de cette bagarre ne l’enchantait pas, alors elle s’écartait pour arriver sur le côté du vampire, la bête en face de lui. Pouvoir les garder tous les deux dans son champ de vision serait l’idéal.

Un moment à se regarder dans le blanc des yeux, à qui attaquerait en premier. Hermance devait tuer Vlad.  Elle retournait aussitôt à l’attaque. Lorsque sa mâchoire puissante se refermait sur son avant-bras, elle savait qu’elle tenait un début de victoire. Sentant un coup dans le ventre (elle ignorait de qui), elle refusait de faiblir. La chair fraîche, dans le sens de froid, avait un goût écœurant. Bien moins que le sang de l’autre animal. Ce n’était donc pas ses propres goûts qui étaient en cause, mais bel et bien l’individu mordu. En tout cas ça ne l’avait pas plus renseigné sur ce qu’était l’intrus.

La douleur était une vieille amie. Sa présence ne gênait pas Noah sans le rendre totalement idiot. Il frappa dans l’espoir que la louve le relâche. Elle n’avait pas mordu si férocement sûrement à cause du goût infect. Enfin libre, il chercha sur qui porter son regard. L’autre était un vampire. C’était certain. Mais il se battait à mains nues. Il tirait son assurance de son expérience. Le plus dangereux était donc la louve. Imprévisible et impulsive. Pourtant elle ne semblait lui prêter aucune attention. Ignorant leurs antécédents, Noah ne comprenait pas qu’elle préfère s’acharner sur le vampire plutôt que de s’allier temporairement pour se battre contre Noah. Peut-être que s’il la suivait pour s’en prendre au vampire, ils arriveraient à l’abattre rapidement. Ainsi il n’aurait plus qu’à la défaire. Il se jeta donc dans la mêlée avec cette nouvelle intention en espérant que ce combat ne serait pas trop long…