Quelle épreuve ! Elle regrettait presque son choix, mais elle sentait que si elle s'était servie de ses dards, elle en aurait au moins perdu un. Elle voulait éviter la douleur que cela impliquerait... Pour au final souffrir de son acharnement avec la pierre. L'envie de mourir revenait ainsi que les larmes, en entendant Eliott une nouvelle fois lui demander de ses nouvelles. Elle n'était toujours pas décidée à répondre, il devrait déduire tout ce qu'il souhaiterait de ce qu'il voyait.

Ignorant les différentes douleurs qu'elle ressentait, elle attrapa la main du jumeau pour le mener à Théodose. Avant qu'il découvre son état, elle voulut le prévenir.

- Je vous préviens, c'est impressionnant.

Assister à ces retrouvailles lui fendit le cœur. Elliot avait beau être infecte depuis qu'il était obsédé par la baronnie, il aimait de tout cœur son frère jumeau. Suivant son exemple, la sorcière laissa de nouveau les larmes couler le long de ses joues, en silence. Elle fouilla une nouvelle fois ses poches et en extirpa son dernier onguent. Elle l'avait oublié. Pitié que cette énième erreur ne soit pas dramatique. Elle l'appliqua ici et là sur Théodose, selon les endroits lui semblant les plus critiques. Une fois sa tâche achevée, elle rappela à la raison Elliot.

- Elliot, il y a urgence. Nous devons porter votre frère au plus vite à un médecin compétent. Vous vous sentez de m'aider à le déplacer ?

En sentant quelque chose sous son pied, elle s'arrêta. Cela ne ressemblait qu'à un tas de miettes, mais elle se souvint avoir vu tout ceci dans les mains de Théodose. Elle fit signe à Elliot de marcher devant et, du mieux qu'elle le pouvait, rassembla un maximum de morceaux qu'elle emballa dans un mouchoir et fourra dans ses poches.

En revenant, ils attirèrent des regards et des cris d'effroi. Quant à la baronne, retrouver son fils dans cet état était un crève cœur. Athénaïs n'avait pas le cœur à inventer un mensonge, mais elle n'était pas capable d'être exacte dans ses propos, tant tout cette situation la dépassait elle-même.

- Je ne sais pas qui est cette personne qui a infligé ces blessures à votre fils. Il, elle, est dangereux.se. Nous devons l'allonger et un médecin doit l'examiner au plus vite.

Quant à sa condition à elle, elle n'en avait cure à ce stade. Peu lui importait son mal, seul Théodose importait. Que le Seigneur le sauve.

Durant l'examen de Théodose, elle sentit son cœur se serrer en voyant la gravité de ses blessures. Il était bien trop tôt pour savoir à quel point cela impacterait son avenir, pour savoir à quel point les erreurs d'Athénaïs auront ruiner sa vie.

Malgré ses protestations, ne méritant aucune attention ni même bon traitement, la sorcière n'avait pas le courage de repousser le médecin. Ainsi, elle se laissa examiner, si cela pouvait rassurer la baronne c'était déjà ça. Elle écouta d'une oreille seulement les dires du médecin à son propos. Il y avait un mal qu'il ne pourrait ni déceler, ni soigner : sa culpabilité.

Le médecin parti, Théodose alité, la baronne à ses côtés et Elliot prostré dans son coin, la sorcière prit la parole. Elle avait perdu sa fougue, toute sa superbe, son côté fantaisiste. Sa voix était enrayée, terne et au fur et à mesure qu'elle parlait, elle se mit à sangloter.

- Je vous demande pardon. J'étais venue ici pour régler vos soucis, je n'ai rien fait en ce sens. Je me sens terriblement coupable. Cela ne vaut peut-être rien à vos yeux, mais si vous l'acceptez, j'aimerais garder une place auprès de vous, pour Théodose, pour l'aider. Il en aura sûrement besoin. Vous aussi Madame, vous aussi Elliot. Je me suis attachée à votre famille et je n'ai pas le cœur de vous abandonner après ces événements.

Elle fouilla ses poches pour dénicher son mouchoir et essuyer ses larmes. Néanmoins, il contenait les miettes de l'étrange dent. Elle le posa donc auprès de Théodose, peut-être que tout ceci avait de la valeur à ses yeux et qu'à son réveil, s'il se réveillait, il voudrait retrouver les morceaux de cet objet.